Il y a plus de cinquante ans de cela, une jeune personne s’apprêtait à prendre part à un grand bal, dont on parlait beaucoup. Comme elle se rendait chez sa tailleuse pour essayer la toilette qu’on lui préparait, elle rencontra sur son chemin le pasteur de son église. Surexcitée par ses anticipations de plaisir, elle ne put s’empêcher de lui en parler.
L’homme de Dieu, zélé et fidèle, lui montra quels dangers allait courir son âme dans la voie de mondanité où elle s’engageait; il la pressa de renoncer à son projet et de ne pas se rendre à ce bal.
Vivement contrariée, vexée même, elle finit par lui dire: «Je voudrais bien que vous vous mêlassiez de vos affaires et non des miennes.» Et elle alla son chemin.
Le jour du bal arriva; notre jeune fille se montra la plus gaie de la compagnie. Elle fut entourée, flattée; mais quand, sur le matin, elle rentra chez elle, elle s’aperçut qu’elle était loin d’être heureuse. Au milieu du plaisir elle avait senti comme une épine, qui secrètement la blessait; maintenant la conscience reprenait tous ses droits et parlait haut.
Le pasteur avait toujours été pour elle un ami précieux. Le propos méchant qu’elle lui avait adressé lui était à charge. Bien plus encore, la vérité des paroles d’avertissement contre lesquelles elle s’était révoltée, se révélait à son cœur et ne lui laissait aucun repos.
Après trois jours de douloureux remords, elle s’en alla droit à son pasteur et lui dit:
«Je suis la plus misérable des créatures! Oh! que ne suis-je une chrétienne! Dites-moi, que faut-il que je lasse?
— Ma fille, donnez-vous au Sauveur. Allez à lui telle que vous êtes.
— Quoi! telle que je suis! Mon cœur est mauvais, plein de méchanceté! Comment Dieu m’accepterait-il telle que je suis?
— C’est pourtant la seule chose que vous puissiez faire. Vous devez aller à lui tout de suite et telle que vous êtes.
La jeune fille finit par comprendre que c’était là ce que Dieu demandait d’elle, comme de tout pécheur.
Rentrée dans sa chambre, elle se jette à genoux. Le sentiment de la miséricorde immense de Dieu, prêt à l’accueillir et à lui pardonner, s’était emparé de son âme avec puissance.
Humiliée profondément, tout à la fois, et pleine de reconnaissance, en présence de tant d’amour, elle donne son cœur à Dieu, afin qu’il le purifie, qu’il le rende capable de s’attacher à lui. Aussitôt Dieu répond à sa foi, à sa prière: il remplit son âme de paix.
Sous l’empire de sa joie en se voyant réconciliée avec Dieu, en possession désormais d’un salut assuré, elle écrivit un cantique qui a été plus tard, traduit en diverses langues; c’est le cantique bien connu:
Tel que je suis, pécheur rebelle.
Au nom du sang verse pour moi.
Au nom de Ta voix qui m'appelle,
Jésus, je viens à Toi!
Longtemps cette production resta dans ses papiers, mais la jeune fille, dont le nom était Charlotte Elliott, avait des talents et une éducation qui firent d’elle un écrivain distingué. Toute jeune encore, elle fut chargée de la rédaction d’un journal. Elle y fit paraître diverses poésies de sa plume et parmi les premières, le cantique dont nous venons de faire l’histoire.
Aussitôt le cantique attira l’attention. Bientôt il fut chanté partout, inséré dans divers recueils, et aujourd’hui il est connu dans tous les pays chrétiens.
(Chrétien Belge). A. B.
* * *
FRAGMENT
Si l’on me demandait quel est, à mon avis, l’obstacle qui, pendant de longues années, a empêché le plus grand nombre de chrétiens d’avancer dans la vie spirituelle, je répondrais sans hésiter:
«C’est probablement la tentation, à laquelle ils ont succombé, de ne pas endosser leur armure, aussi bien que leurs vêtements, avant de quitter leur chambre le matin pour rentrer dans la vie active.»
Dix minutes de recueillement, est-ce là une préparation suffisante pour le combat, une suffisante provision pour les nécessités de la journée?
Cela nous permet-il de répandre devant le Seigneur tous nos besoins, toutes nos difficultés, tous les détails de notre œuvre; de chercher à connaître sa pensée et sa volonté à notre égard; de nous nourrir de sa Parole et de la serrer dans notre cœur; de recevoir la semence qu’il nous faudra répandre, et d’aiguiser notre faucille pour la moisson?
Est-ce assez de temps pour la confession, la supplication, l’intercession, et surtout pour l’adoration et pour l’action de grâces?
Dix minutes, un quart d’heure à la hâte, est-ce assez pour toutes les choses que le Seigneur a à nous dire, pour le paisible enseignement de son Esprit, illuminant les paroles anciennes d’une lumière nouvelle, les faisant rayonner de sa gloire, les pénétrant de sa vie?
Est-ce assez de temps pour nous entretenir avec l’Ami par excellence?
Cela indique-t-il que nous tenons véritablement à sa société?
Et si même c’était assez pour le pauvre amour que nous lui portons, pensez-vous que ce soit assez pour son grand amour envers nous, assez pour satisfaire ce cœur qui attend de pouvoir se communiquer au notre?
Il nous aime tant qu’il veut nous avoir près de Lui pour l’éternité et nous l’aimons si peu, que nous n’avons pas le courage de sortir du lit en temps utile pour avoir avec Lui un entretien d’une demi-heure: «AVEC LUI,» oui; car Il était le premier au rendez-vous.
Il ne sommeillait pas; il ne nous a pas fait défaut, Lui: mais NOUS lui avons fait défaut.
Ce que nous avons manqué ce matin, qui le dira?
Qui peut savoir les grâces que le Seigneur nous tenait en réserve?
Et, de matin en matin, pendant les 365 jours d’une année écoulée, que de trésors n'avons-nous point laissés échapper!
F. Havergal.
* * *
Nous
n’avons
de temps et de force que pour une seule chose:
apprendre du Seigneur et Le faire connaître.
Géraldine Guiness
* * *
Si
ce
n’est pas l’obéissance que vous avez apprise au pied de la
croix,
qu’êtes-vous donc venu y faire?
E. Bersier.
Organe des Unions chrétiennes de jeunes filles – 20 mars 1893
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