Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

QUARANTE-QUATRIÈME LEÇON

EXODE, XX, 13-17.


13 Tu ne tueras point.

14 Tu ne commettras point d’adultère.

15 Tu ne déroberas point.

16 Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.

17 Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.


* * *

Mes chers enfants, plus vous connaîtrez Dieu, plus, par cette connaissance, vous apprendrez à vous réjouir dans sa charité; mais plus aussi vous apprendrez à le servir avec crainte et respect à cause de sa grandeur et de sa sainteté.

Nous ne nous occupâmes dimanche que d’un seul commandement, et encore je n’eus pas le temps de vous dire tout ce que j’avais dans le cœur sur un sujet qui vous touche de si près.

Je voudrais cependant remercier Dieu de ce que la conscience de quelques-uns de vous en a été touchée, et je lui demande que, dans beaucoup de maisons, les pères et les mères puissent reconnaître à votre conduite que ce commandement vous a été rappelé.

Aujourd’hui, j’ai à vous parler des cinq derniers.

C’est beaucoup, et je n’aurai sûrement pas le temps de vous les expliquer en détail en une seule leçon, après que nous avons employé plusieurs semaines à l’exposition des cinq premiers.

Je voudrais au moins vous faire comprendre l’esprit dans lequel ils doivent être entendus, et je vais pour cela commencer par vous présenter, sur le dixième ou dernier, une réflexion générale qui les concerne tous également, qui les éclaire, qui les explique, et qui cependant est parfaitement simple. Elle est très importante et réclame toute votre attention; mais si vous voulez me l’accorder pendant quelques instants, je suis assuré que même les plus petits d’entre vous pourront la comprendre.

Cette réflexion est un commentaire du dernier des dix commandements, une déclaration importante que l’apôtre Paul a faite à l’occasion de celui-ci et qui s’applique à tous les autres. Lisez-la-moi dans le chapitre VII de l’épître aux Romains, versets 7 à 14.

Après avoir dit que c’est ce commandement qui l’a convaincu de son état de péché, Paul ajoute: «Car nous savons que la loi est spirituelle,» c’est-à-dire qu’elle regarde l’esprit, le cœur, l’intérieur de l’âme, les affections et les pensées, encore plus que le corps et que toutes les actions qui ne se rapportent qu’à la vie de la terre; en un mot que Dieu dans tous ses ordres regarde au cœur.

Le sommaire, la somme de toute la loi est:

«Tu aimeras Dieu de tout ton cœur (Deut., VI, 5.)

Dieu veut de «vrais adorateurs, qui l’adorent en esprit et en vérité (Jean, IV, 23-24.)

Il nous dit que lorsque nous «donnerions tous nos biens aux pauvres et même nos corps pour être brûlés, si nous n’avons pas l’amour, nous ne sommes rien (1 Cor., XIII, 3.)

Il nous dit que «l’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et l’homme méchant de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur (Matth., XII, 35.)

Il nous dit que c’est «du cœur que sortent les mauvaises pensées et tout ce qui souille l’homme (Matth., XV, 19.)

Et que la loi de Dieu est spirituelle, c’est-à-dire qu’elle a été donnée pour régler nos esprits, nos cœurs, et non pas seulement nos mains, nos pieds, nos yeux, notre langue, c’est ce que nous montre bien évidemment ce dixième commandement, puisqu’il ne se rapporte qu’à la pensée: Tu ne convoiteras point, c’est-à-dire tu n’auras pas de mauvais désirs.

Dieu ne veut pas plus permettre le mal dans nos cœurs que le mal dans nos mains et sur nos lèvres; ou plutôt il le hait bien plus quand il est dans nos cœurs que lorsqu’il n’est que dans nos mains, ou plutôt encore c’est là qu’il le voit, C’EST AU CŒUR QUE DIEU REGARDE.

Cela est si vrai, que s’il pouvait arriver qu’un homme fût bon comme père avec ses enfants, bon comme mari avec sa femme, bon comme citoyen dans ses actes envers sa patrie, et que cet homme pourtant ne craignît et n’aimât pas Dieu par-dessus tout dans son cœur, qu’il fût pieux des lèvres, mais indifférent ou impie au dedans, et qu’il mourût en cet état, — il vaudrait mieux pour cet homme de n’être pas né, car il n’a pas la vie de l’âme.

On ne demande à un esclave que de bien faire son service; mais Dieu veut LE SERVICE DE L’AMOUR.

Il est le maître du cœur; il dit: «Mon fils, donne-moi ton cœur;» il dit: «Tu m’aimeras de tout ton cœur.» — «Si quelqu’un n’aime point le Seigneur Jésus-Christ, il est anathème: Maranatha (1 Cor., XVI, 22.)

Si donc un homme livrait son corps aux flammes et donnait son bien pour la cause de sa religion, mais qu’en même temps cet homme n’eût pas l’amour du Seigneur, il ne serait rien: il serait anathème!

Voilà ce que doit enseigner ce dixième commandement; car, tandis que les autres donnent des ordres ou des défenses touchant des actes extérieurs, celui-ci porte ses sentences jusque sur l’intérieur.

Aussi Saint Paul dit-il, dans le chapitre que nous avons déjà cité, que c’est ce commandement qui lui a fait comprendre le sens spirituel de toute la loi, lui faisant par là reconnaître qu’il n’était devant Dieu qu’un pécheur et qu’il avait besoin de sa grâce journalière.

«Autrefois,» dit-il, «que j’étais sans loi,» c’est-à-dire que je ne comprenais point la loi, alors «je vivais,» c’est-à-dire je me croyais en droit de posséder la vie éternelle; mais «quand le commandement est venu,» c’est-à-dire quand j’ai compris le sens de la loi en lisant celui-ci, «alors je suis mort (Rom., VII, 9,10.),» c’est-à-dire j’ai compris que j’étais un homme mort devant Dieu, et que je ne pouvais subsister en sa présence que par le sang du Rédempteur.

Eh bien, mes chers enfants, étudions la loi tout entière avec les mêmes pensées; regardons tous les commandements comme s’adressant non pas seulement à nos mains, à nos pieds, à nos lèvres, mais comme s’adressant à notre cœur, à notre esprit; et rappelons-nous sans cesse ces déclarations du Seigneur: «Je ne juge pas à la manière des hommes; les hommes ont égard à ce qui est devant leurs yeux, mais, moi, l’Éternel, je regarde au cœur (1 Sam., XVI, 7.).» «Garde ton cœur de tout ce dont il faut le garder; car de lui procèdent les sources de la vie (Prov., IV, 23.)

Surtout, disons avec le Psalmiste: «Ô Dieu, crée en moi un cœur net et renouvelle au dedans de moi un esprit bien disposé (Ps. LI, 12.)

Maintenant, chers enfants, je vais reprendre avec vous les sixième, septième, huitième et neuvième commandements, et vous montrer comment le Seigneur Jésus, dans le discours qu’on appelle son Sermon sur la montagne, a voulu nous en faire comprendre le sens spirituel.

Il me semble difficile qu’en m’entendant vous expliquer le commencement du Décalogue, vous n’ayez pas senti combien la loi de Dieu est propre à nous convaincre de péché.

Il me semble difficile qu’en entendant ce premier commandement: «Tu n’auras point d’autre Dieu devant ma face,» plusieurs d’entre vous n’aient pas dit dans le secret de leur cœur: «O mon Dieu, combien moi ne suis-je pas porté à me faire un Dieu de la créature; à mettre dans les choses de la terre ma crainte, ma confiance, mon bonheur, mon appui, ma joie, au lieu de les mettre premièrement en Dieu!»

Il me semble difficile qu’en m’entendant expliquer ce second commandement: «Tu ne te feras point d’idoles,» vous n’ayez pas dit: «Ô mon Dieu, combien de temps et en combien d’occasions ne t’ai-je pas présenté un cœur rempli d’idoles!»

Et en entendant ce troisième: «Tu ne prendras point le nom de Dieu en vain,» ne vous êtes-vous pas dit: «Ô mon Dieu, combien j’ai prononcé ton nom avec légèreté! Hélas! j’ai parlé de toi comme on parlerait de tout autre être que de Dieu!»

Et en entendant le quatrième: «Tu travailleras six jours et tu feras toute ton œuvre; mais tu sanctifieras le septième;» votre conscience n’a-t-elle pas murmuré au dedans de vous: «Mon Dieu, que de temps j’ai perdu pendant les six jours de la semaine, et que je suis loin d’avoir, fait toute mon œuvre! Que de reproches j’ai mérité de mes parents ou de mes maîtres quant à mon travail, et que je suis loin aussi d’avoir mis à profit les saints jours de dimanche que tu m’as accordés! Que de fois, au contraire, je t’ai offensé ce jour-là plus encore que les autres!»

Enfin, je suis bien sûr qu’en entendant le cinquième, plusieurs de ces chères jeunes filles et de ces chers jeunes garçons que je vois sur ces bancs, même de ceux qui chérissent le plus leurs parents et qu’on pourrait citer comme faisant leur joie, je suis, dis-je, bien sûr que beaucoup se seront dit: «Oh! que de fois j’ai contristé le cœur de mon père ou de ma mère par dés négligences, par de mauvaises réponses, par des impatiences! Que de fois j’ai manqué envers eux de respect, ou d’égards, ou de la sérieuse et sainte politesse du cœur!»

Mais, d’un autre côté, je serais bien trompé si en entendant cette parole: «Tu ne tueras point,» la plupart d’entre vous ne se sont pas dit: «Ah! pour cette fois, du moins, voilà un commandement qui ne me regarde pas!»

Et pourtant, chers enfants, il n’en est peut-être pas un, dans tout le Décalogue, au sujet duquel il soit plus facile de vous convaincre de péché, et qui doive plus vous humilier devant Dieu. Vous allez le reconnaître par la Bible.

Vous vous rappelez qu’en nous occupant de ce sujet à propos de Caïn, nous avons reconnu que ce n’est pas la main, mais le coeur qui fait le meurtrier.

Je vous ai raconté l’histoire de ce médecin qui fît au roi de France une opération très dangereuse, laquelle réussit parfaitement, tandis que, la semaine suivante, il fit la même opération à son fils unique et le tua, tant sa main était tremblante d’émotion.

Je vous ai aussi rapporté l’histoire de cet Espagnol qui guérit son ennemi d’une maladie mortelle en lui donnant un coup de couteau par lequel il comptait le tuer.

Ce père était-il un meurtrier?

Oh! non; car tandis que sa main tuait, tout son coeur voulait guérir.

Mais l’Espagnol ne l'était-il pas?

Oh! oui; car tandis que sa main guérissait, son cœur voulait tuer.

Une mère de famille, entrant un jour dans la chambre de son enfant, vit ce pauvre petit monté sur la tablette de la fenêtre d’un troisième étage, et s’y promenant tranquillement. Elle poussa un cri et s’élança pour le saisir. L’enfant effrayé recula, mit le pied dans le vide et tomba dans la rue. Il était mort !...

Cette malheureuse mère était-elle un meurtrier?

Oh! non certes; car tout son cœur voulait sauver...

Un brigand m’attend au coin d’un bois pour me tuer: il a des pistolets sous son manteau; mais en me voyant armé et accompagné, ou en entendant du bruit, le courage lui manque, et, au lieu de tirer, il me salue avec les apparences de l’amitié ou du respect. Je lui rends son salut sans me douter du meurtre qui est dans son cœur. Dieu seul le sait. Moi, je le crois un homme bienveillant; sa main m’a salué, mais son cœur m’avait tué: IL EST UN MEURTRIER AUX YEUX DE DIEU.

Un autre homme désire ma mort, et n’ose me la donner parce qu’il craint la guillotine ou l’enfer, mais il se réjouit de mon mal: il est un meurtrier.

Un autre dit: «Si l’on m’insulte, je me battrai en duel,» et je tâcherai de tuer celui qui m’a insulté:» celui-là aussi est un meurtrier.

Qu’est-ce donc qui fait le meurtrier?

C’est le cœur, ce n’est pas la main!

Et que faut-il qu’il y ait dans le cœur pour faire le meurtrier, devant Dieu qui sonde les cœurs? De la haine!

Partout où il y a de la haine,

il y a donc du meurtre aux yeux de Dieu.

Lisez-moi ce que nous dit là-dessus la sainte Écriture. (Un enfant lit 1 Jean, III, 14, 15.)

Vous le voyez, chers amis, la loi est spirituelle. Maintenant j’espère que vous comprendrez pleinement l’explication que notre Seigneur a donnée de ce commandement dans son sermon sur la montagne, qui nous est, vous le savez, rapporté dans les chapitres V, VI et VII de l’évangile de Matthieu.

Notre Seigneur, dans ce discours, voulait enseigner aussi que la loi est spirituelle; et, pour cela, il a fait ce que je viens d’essayer: il a expliqué le Décalogue, et il a montré que les faux docteurs de son temps et les pharisiens en donnaient de fausses interprétations. «Si donc votre justice ne surpasse la leur,» disait-il à ses auditeurs, «vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.»

Ces docteurs ne voulaient voir dans le sixième commandement, par exemple, qu’une loi de code pénal, destinée aux juges des tribunaux et ordonnant de lapider l’homme qui en aurait tué un autre. «Mais moi je vous déclare,» dit Jésus-Christ:

1. «Que cette peine de mort est méritée par celui qui se met en colère sans cause;»

2. Que même celui qui insulte son prochain doit être cité devant le conseil chargé de juger les criminels et les blasphémateurs;

3. Que celui qui fait moins encore, qui seulement dit fou à son frère, mérite plus que la mort: il mérite le feu de la géhenne.

Vous commettez deux graves erreurs, parce que vous ne comprenez pas que la loi est spirituelle: d’abord, vous croyez que Dieu ne défend que le meurtre, tandis qu’il défend la colère et l’insulte; ensuite, vous croyez que le meurtre ne mérite que la mort, tandis qu’il mérite l’enfer. Bien plus, la colère, l’insulte, le mépris même méritent l’enfer. Celui qui hait est un meurtrier. Le diable hait, il est meurtrier; la haine est faite pour l’enfer...

Apprenons donc tous à mieux comprendre ce que c’est que la loi de Dieu, ce que c’est que la vie chrétienne, et ce que c’est que notre cœur naturel.

La loi de Dieu dit: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même;»

Mais la morale des hommes dit: «Tu aimeras ton ami et tu haïras ton ennemi.»

Jésus dit: «Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent (Matth., V, 43-44.)

La vie chrétienne est donc une vie d’amour, de support, de pardon, de bienveillance.

Et nous, nous sommes, hélas! par nature, des héritiers d’Adam, des enfants du diable. Tant qu’il n’a pas été converti, notre cœur devrait aimer Dieu, et il n’est plein que de lui-même!

C’est un cœur capable de haïr le monde entier et Dieu même par égoïsme.

C’est un cœur qui ne peut entrer dans le royaume de Dieu s’il n’est changé, transformé, né de nouveau.

Tous les commandements nous sont donnés pour nous humilier devant Dieu dans le sentiment de notre indignité.

Jésus déclare que le septième est violé, même par des REGARDS, des PENSÉES ou des PAROLES qui ne sont pas pures et honnêtes.

Il en est de même du huitième, qui le serait par tout acte d’indélicatesse ou d’injustice, et du neuvième, qui l’est par tout mensonge...

Ah! mes enfants, ne vous écrierez-vous pas encore une fois: «Seigneur, aie pitié de nous, et incline nos cœurs à observer ta loi?»

Et ne direz-vous pas, avec Saint Paul, que la loi est notre pédagogue, c’est-à-dire notre conducteur pour nous amener à Christ, parce qu’elle nous montre, comme au grand apôtre, que nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés, et que, sans l’aspersion du sang qui purifie et le baptême de l’Esprit qui renouvelle, nous n’aurions rien à attendre que la mort et la condamnation éternelles?

FIN.




- Table des matières -