Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

QUARANTE-TROISIÈME LEÇON

EXODE, XX, 12.


12 Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne.


* * *

Nous voici parvenus, chers enfants, à ce qu’on nomme la seconde table de la Loi.

La première est composée des quatre commandements qui ne se rapportent qu’à Dieu:

Tu n’auras pas d’autre Dieu.

Tu ne te feras pas d’images.

Tu ne prendras point le nom de Dieu en vain.

Tu travailleras six jours et tu sanctifieras le septième.

Nous aurions à observer ces commandements quand nous serions seuls sur la terre. Mais les suivants se rapportent non seulement à Dieu, mais aussi à notre prochain:

Tu honoreras tes parents;

Tu ne tueras point;

Tu ne déroberas point; etc.

Je me propose de vous parler aujourd’hui de ceux-ci ou plutôt du premier de ceux-ci, du cinquième:

HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE.

Remarquez d’abord la place qu’il occupe dans le Décalogue; c’est le premier de la seconde Table, comme pour nous enseigner qu’on est encore plus coupable aux yeux de Dieu de manquer de respect à ses parents que de dérober ou de tuer.

C’est aussi le premier qui soit accompagné d’une promesse; et cette promesse c’est de vivre longtemps, non pas sur la terre seulement, mais avec Abraham, Isaac et Jacob, c’est-à-dire d’avoir part à la première résurrection, de passer l’éternité avec le Seigneur.

Remarquez ensuite, chers enfants, que LA BIBLE NE DIT PAS ICI: Aime ton père et ta mère, mais: «Honore ton père et ta mère;» et cela, peut-être, parce qu’il est superflu d’ordonner aux enfants d’aimer leurs parents, la seule voix de la nature le criant au fond du cœur des païens eux-mêmes et des peuples les plus sauvages.

Qui aimerait-on sur la terre, je vous le demande, si l’on n’aimait son père et sa mère?

Qui a droit à nos affections, si ce n’est eux?

Si l’on vous parlait d’une jeune fille qui soigne son vieux père, ou sa mère avancée en âge;

si l’on vous disait qu’elle veille auprès de leur lit la nuit et le jour;

qu’elle travaille du matin au soir pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins;

qu’elle en oublie le sommeil;

que c’est le sujet toujours renaissant de ses préoccupations et de ses sollicitudes, sa première pensée en se levant et sa dernière en se couchant;

si l’on vous disait que la pauvre mère est si faible qu’elle ne peut ni marcher, ni se nourrir seule, ni même parler;

si l’on ajoutait qu’elle est dans cet état qu’on appelle la seconde enfance, mais que cette chère jeune fille pourvoit à tout, ne la quitte jamais, se tient tendrement auprès d’elle et travaille sans cesse, sans jamais se faire valoir, parce qu’elle y met sa joie et son bonheur; qu’on la voit même se réveiller à tout instant au milieu des nuits pour obéir au moindre signe de cette mère chérie;

comme vous aimeriez cette chère enfant, n’est-ce pas? Vous voudriez la voir, la connaître, en faire votre amie.

Eh bien, mes enfants, qu’est-ce que tout cela auprès de ce qu’une mère est pour son petit enfant, auprès de ce que vos parents ont été pour vous lorsque vous étiez vous-mêmes dans l’état de cette pauvre mère de famille?

Il fallait qu’on vous portât, qu’on vous nourrît, qu’on vous surveillât constamment la nuit et le jour.

Vous ne saviez ni parler, ni marcher, ni manger; et, tandis que votre père travaillait pour vous du matin au soir, votre mère ne vous quittait pas un instant; elle vous soignait comme la prunelle de son œil; elle se levait au milieu des nuits pour s’assurer que votre sommeil était tranquille; et quand vous paraissiez malade elle ne goûtait plus aucun repos jusqu’à ce que vous fussiez guéri.

Elle se fatiguait, elle se harassait, elle se dépensait tout entière pour votre service!

Voilà, chers enfants, pourquoi LA BIBLE NE NOUS DIT PAS: «Aime tes parents!» C’est la voix de la nature.

Les péagers et les gens de mauvaise vie, dirions-nous volontiers, n’en font-ils pas autant?

Nous devons aimer tous les hommes; il nous est ordonné même d’aimer nos ennemis, de prier pour ceux qui nous maltraitent; comment donc n’aimerions-nous pas notre père et notre mère?

Mais le Seigneur, sur le Sinaï, vous a dit plus que cela, mes enfants; il vous a dit:

TU HONORERAS TON PÈRE ET TA MÈRE.

Il ne suffît pas de les aimer: il faut les honorer comme des représentants de Dieu auprès de vous, comme les supérieurs sous lesquels Dieu lui-même a voulu vous placer.

Et je tiens à vous entretenir sérieusement de cette obligation, parce qu’elle n’est pas assez comprise parmi nous, même dans les familles pieuses. Les étrangers ont souvent fait cette triste remarque, quand ils ont eu l’occasion de voir l’intérieur de nos maisons: c’est que beaucoup d’enfants qui chérissent leurs parents savent peu leur témoigner cet amour en les honorant comme l’ordonne la Bible.

Beaucoup d’entre eux manquent d’égards de politesse, de prévenances;

ils prennent un ton d’humeur ou d’irrévérence;

en un mot, ils oublient le cinquième commandement, et peuvent par là faire blasphémer le nom de l’Éternel.

Je m’adresse aussi aux parents qui sont dans cet auditoire, et je les supplie, au nom de Dieu, d’exiger l’honneur qui leur est dû.

Mes enfants, le Seigneur attend de vous cette obéissance.

Une des premières preuves qu’un enfant chrétien pourra donner d’une vraie conversion de cœur, c’est qu’il honorera son père et sa mère, et cet honneur se manifestera principalement par quatre caractères que je vais vous rappeler l’un après l’autre.

1 Il respectera leurs personnes.

Ce sont ses supérieurs de la part de Dieu. À ce titre, il les honore parce qu’il craint Dieu, comme on honore un ambassadeur parce qu’il représente son roi. Si je me rendais tel que je suis dans une ville étrangère, on ne prendrait pas garde à moi; mais si le roi de Prusse ou la reine d’Angleterre, ou tel autre gouvernement, m’avait chargé de quelque message, on me recevrait avec toute sorte d’honneur, non pas à cause de moi personnellement, mais à cause de mon roi.

Eh bien, votre père représente votre Dieu; et cela est si vrai, que la Bible va quelquefois jusqu’à ordonner aux enfants de craindre leurs parents; mot qui signifie un respect de cœur et de conscience aussi bien que les égards extérieurs. «Soyez saints, car je suis saint, moi l’Éternel votre Dieu. Vous craindrez chacun sa mère et son père (Lév., XIX, 3.),» disait l’Éternel à toute l’assemblée des enfants d’Israël.

Nous aurions là-dessus des leçons à recevoir des juifs. Par l’effet des enseignements de la Parole de Dieu, ils ont un grand respect pour leurs parents. Un savant israélite, avec lequel j’ai voyagé, m’a raconté que jamais, quoique lui et ses frères soient depuis longtemps parvenus à l’âge d’homme, ils ne manquent d’aller chaque semaine se placer devant leur père et leur mère pour recevoir d’eux la bénédiction du sabbat; et que jamais ils n’entreprennent quelque affaire importante, ou même un simple voyage, sans obtenir l’assentiment de leur père.

C’est par l’observation du cinquième commandement, vous disais-je, que doit se manifester tout d’abord la piété d’un enfant. Aussi Saint-Paul écrivait-il à Timothée que les enfants d’une veuve chrétienne doivent «montrer leur foi dans leur propre maison en rendant la pareille à celle dont ils sont descendus; car cela est bon et agréable à Dieu (1 Tim., V, 4.)

Dieu, qui vous ordonne de «rendre honneur à tous (1 Pierre, II, 17.),» vous le commande à plus forte raison envers vos parents.

Vous devez leur parler avec égards, avec respect, sans impatiences, sans vivacités irrévérencieuses, sans brusquerie, sans humeur; vous devez vous «lever devant leurs cheveux blancs (Lév., XIX, 32.)» et avoir pour eux ces égards et ces attentions de politesse que vous savez montrer aux étrangers que vous respectez. Vous devez aussi avoir à cœur de les faire honorer de toutes les personnes qui vous entourent.

Il y a malheureusement deux circonstances qui font trop souvent oublier aux enfants l’honneur qu’ils doivent à la personne de leur père et de leur mère, ou de leur aïeul. La première, c’est qu’il peut arriver que des parents, en avançant en âge, aient quelques infirmités et quelques misères. Il en est qui deviennent malades, sourds, impotents, aveugles; il en est d’autres qui, en perdant leur santé, peuvent devenir plus impatients, moins disposés au support, plus exigeants, plus sévères. On a vu même des parents avoir des défauts plus fâcheux encore et des torts plus graves.

Eh bien, que doit faire alors un enfant qui craint Dieu?

Il doit respecter encore la personne de ses parents; il doit être le dernier à voir leurs défauts, s’ils en ont; il doit travailler à les cacher aux autres, à se les cacher à lui-même; il doit se rappeler le touchant exemple de Sem et de Japhet, que nous avons étudié ensemble il y a quelque temps. Vous savez qu’ils eurent un jour la douleur de voir leur père Noé enivré, probablement par mégarde ou par ignorance; leur frère Cam, avec son fils Canaan, se permirent d’en rire, au lieu d’en verser plutôt des larmes, et vinrent les appeler pour qu’ils joignissent leurs moqueries aux leurs. Dieu maudit alors Cam et Canaan, comme il maudira les enfants qui s’occupent avec légèreté et irrévérence des défauts de leur père ou de leur grand-père.

Mais que firent Sem et Japhet?

Ah! vous vous le rappelez: ils furent pénétrés de douleur, et non seulement ils voulurent cacher la honte de leur père, mais ils ne voulurent pas la voir eux-mêmes. Et Dieu les bénit, comme il bénira ceux qui respectent leurs parents; car c’est lui-même qui a dit: Tu honoreras ton père et ta mère. Il n’a pas dit: «Tu honoreras le père qui est parfait et la mère qui est sans défaut,», mais: Tu honoreras ton père et ta mère.

Aussi le Sage nous a dit dès longtemps: «Écoute ton père comme étant celui qui t’a engendré, et ne méprise point ta mère quand elle sera devenue vieille; mais que ton père se réjouisse et que celle qui t’a enfanté s’égaie (Prov., XXIII, 22.)

Remarquez, chers enfants, que:

TOUS NOS DEVOIRS ENVERS NOS SUPÉRIEURS DOIVENT ÊTRE ACCOMPLIS EN VUE DE DIEU ET POUR LUI;

en sorte que notre obéissance ne dépend pas de ce qu’ils sont, mais de ce qu’est notre Dieu.

C’est ainsi que la Bible ordonne aux sujets d’être soumis à leur gouvernement, et aux esclaves de l’être à leurs maîtres, qu’ils soient bons ou qu’ils soient méchants; et elle ajoute: «Obéissez comme pour le Seigneur, et non pour les hommes (Col., III, 23.)

Quand Dieu nous donne un mauvais roi ou un mauvais maître,

il sait bien qu’il nous le donne,

et il le fait justement pour éprouver notre obéissance.

2 La seconde circonstance qui fait quelquefois oublier l’honneur qu’on doit à ses parents, c’est un changement de condition.

Le père est peut-être un simple domestique ou un humble artisan. L’enfant a reçu une éducation plus relevée: il a fait fortune; il se croit un grand personnage, et le malheureux rougit peut-être en secret de son père et de sa mère; il n’a plus pour eux les mêmes égards; il est assez ingrat, assez dénaturé pour les contrister par ses négligences, peut-être même par ses mépris.

Un enfant pieux, au contraire, se fera un bonheur de profiter de son élévation pour honorer ses parents, et ce qui lui plaira le plus dans sa nouvelle position sera de pouvoir leur témoigner mieux le respect et l’amour dont il est pénétré.

Je vous citerai deux exemples qui peuvent servir de modèle à tous les enfants. Le roi Salomon, si grand en éclat, en science, en richesse, en grandeur de tous genres, se lève pour aller au-devant de sa mère lorsqu’elle vient chez lui, et se prosterne selon l’usage du temps (1 Rois II, 19.).

Le cher et glorieux Joseph également, assis presque sur le trône d’Égypte, Joseph, devant qui tout un grand peuple fléchissait le genou, entoure d’égards et de tendresse son père, qui n’était qu’un vieux berger, état que les Égyptiens avaient en abomination! Voyez comme il le vénère quand il le présente au roi! Voyez comme il pleure sur son cou, comme il se prosterne devant lui, lorsque Jacob est près de mourir, et comment ensuite il pleure sur lui et le baise (Gen., XLVI, 29; XLVII, 7; XLVIII, 12; L, 1)!

Il y aurait bien d’autres exemples à citer; mais je préfère vous rappeler celui devant lequel tous les autres ne sont rien.

Voyez un homme qui était plus qu’un roi, plus qu’un ange, plus qu’un archange; voyez Celui qui était «la Parole faite chair,» Celui que «les anges adorent,» et qui «soutient toutes choses par la parole de sa puissance.»

Quand il s’est fait homme, qui a-t-il pris pour mère?

Une pauvre jeune paysanne des montagnes, la fiancée d’un charpentier; et parce que Joseph était le mari de sa mère, il «lui était soumis,» ainsi qu’à elle (Luc, II, 51-52.); il a manié avec lui pendant vingt années la hache et le rabot, attendant humblement et patiemment le moment d’être manifesté.

Mais venons-en au second caractère de l’honneur qu’un enfant doit à ses parents.

Le premier, nous l’avons vu, est de respecter leur personne; le second est de respecter leurs ordres. Lisez-moi là-dessus deux passages bien connus, Ephés., VI, 1-3: «Enfants, obéissez à vos pères et à vos mères selon le Seigneur; car cela est juste;» et Col., III, 20: «Enfants, obéissez à vos pères et à vos mères en toutes choses; car cela est agréable au Seigneur.» Remarquez bien ces derniers mots. Voilà le grand motif, le motif des motifs...

3 Le troisième caractère de l’honneur que tout enfant doit à ses parents, c’est l’attention donnée non seulement à leurs ordres, mais à leurs répréhensions et à leurs instructions.

Lisez-moi là-dessus Prov., I, 8, 9.

4 Enfin, le quatrième caractère, dont j’ai hâte de vous parler en terminant, c’est l'assistance qu’un enfant doit à ses parents.

Je vous citerai encore, sur ce point particulier, un passage que je vous ai déjà indiqué. Il y est question des veuves que leurs enfants ne doivent pas, dit l’apôtre Saint Paul, laisser à la charge de l’Église: «Si une veuve a des enfants, qu’ils apprennent premièrement à montrer leur piété envers leur propre maison, et qu’ils rendent la pareille à ceux dont ils sont descendus (1 Tim., V, 4.)

Remarquez que c’est justement là un des sens que notre Seigneur se plaît à donner à notre cinquième commandement.

Il y avait en Israël des docteurs de mensonge, qui prétendaient qu’un enfant pouvait se dispenser d’assister ses parents de ses biens, pourvu qu’il promît de léguer sa fortune à la synagogue et aux prêtres; mais Jésus déclare à ceux qui l’écoutent qu’on n’honore pas ses parents si l’on néglige ce premier des devoirs (Matth., XV, 3-6.); il les reprend avec une grande sévérité, et leur dit qu’ils «anéantissent les commandements de Dieu,» en les tordant par leurs explications.

Mes enfants, quand vous avez manqué à quelqu’un de vos semblables, c’est toujours bien triste et bien fâcheux; mais enfin vous pouvez espérer de lui en témoigner votre regret et de réparer votre tort.

Réfléchissez, au contraire, que si vous avez manqué à votre père ou à votre mère, il pourrait arriver que vous n’eussiez plus le moyen de le réparer; car on ne conserve pas toujours ses parents.

Il est, dans l’ordre de choses que Dieu a établi sur la terre, qu’un père et une mère quittent ce monde avant leurs enfants; et alors, je vous le demande, quelle douleur, quel remords, quelle affliction irréparable pour un enfant que de se dire: «J’ai contristé mon père, j’ai contristé ma mère. Oh! si je pouvais les revoir seulement pendant un mois de ma vie, leur témoigner mon repentir, réparer ma négligence! mais il est trop tard!... »

Jésus disait à ses disciples: «Vous aurez toujours des pauvres avec vous, et vous pourrez leur faire du bien; mais vous ne m’aurez pas toujours.»

Les parents peuvent dire de même à leurs enfants.

Ah! si vous avez la douceur de pouvoir encore commencer la journée en embrassant les vôtres et en recevant leurs caresses, que chacun de vous se dise: «O mon Dieu! que je profite du temps où tu me conserves cette bénédiction pour réjouir le cœur de mon père et de ma mère, par ma tendresse, par mes égards, par mes attentions, par mon respect!»

Je ne vous recommande pas d’aimer vos parents; je ne crois pas que cela puisse être nécessaire; mais je vous exhorte à les aimer en les honorant, en leur parlant toujours avec le ton de la déférence, en donnant à toute la maison l’exemple du respect dû aux chefs de la famille; en étant très attentifs à leurs ordres et à leurs enseignements, et en cherchant à mettre à profit le privilège que Dieu vous accorde de pouvoir traverser une portion du pèlerinage de cette vie dans la douce compagnie d’un père et d’une mère. Que Dieu bénisse vos rapports avec eux, et leurs rapports avec vous, chers enfants!

Mais je ne me contente pas de vous exhorter, jeunes garçons et jeunes filles: j’exhorte aussi vos parents; et, comme ministre de la Parole de Dieu, je leur rappelle que leur devoir envers le Seigneur les oblige à se faire honorer de leurs enfants.

Je les engage à ne pas oublier qu’ils sont dans leurs maisons les représentants de Dieu, et que par conséquent ils doivent s’appliquer à y faire régner cet ordre et cette obéissance a la loi de l’Éternel qui attirent sa bénédiction sur une famille.




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