Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE-NEUVIÈME LEÇON

EXODE, XIX, 14-25.


14 Moïse descendit de la montagne vers le peuple; il sanctifia le peuple, et ils lavèrent leurs vêtements.

15 Et il dit au peuple: Soyez prêts dans trois jours; ne vous approchez d’aucune femme.

16 Le troisième jour au matin, il y eut des tonnerres, des éclairs, et une épaisse nuée sur la montagne; le son de la trompette retentit fortement; et tout le peuple qui était dans le camp fut saisi d’épouvante.

17 Moïse fit sortir le peuple du camp, à la rencontre de Dieu; et ils se placèrent au bas de la montagne.

18 La montagne de Sinaï était toute en fumée, parce que l’Éternel y était descendu au milieu du feu; cette fumée s’élevait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence.

19 Le son de la trompette retentissait de plus en plus fortement. Moïse parlait, et Dieu lui répondait à haute voix.

20 Ainsi l’Éternel descendit sur la montagne de Sinaï, sur le sommet de la montagne; l’Éternel appela Moïse sur le sommet de la montagne. Et Moïse monta.

21 L’Éternel dit à Moïse: Descends, fais au peuple la défense expresse de se précipiter vers l’Éternel, pour regarder, de peur qu’un grand nombre d’entre eux ne périssent.

22 Que les sacrificateurs, qui s’approchent de l’Éternel, se sanctifient aussi, de peur que l’Éternel ne les frappe de mort.

23 Moïse dit à l’Éternel: Le peuple ne pourra pas monter sur la montagne de Sinaï, car tu nous en as fait la défense expresse, en disant: Fixe des limites autour de la montagne, et sanctifie-la.

24 L’Éternel lui dit: Va, descends; tu monteras ensuite avec Aaron; mais que les sacrificateurs et le peuple ne se précipitent point pour monter vers l’Éternel, de peur qu’il ne les frappe de mort.

25 Moïse descendit vers le peuple, et lui dit ces choses.


* * *

Vous vous rappelez, j’espère, les scènes de notre dernière leçon.

Nous avons laissé tout Israël au pied du Sinaï, Moïse montant seul sur la montagne, puis, en redescendant avec un message de Dieu et y retournant plein de joie avec cette réponse du peuple ému: Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit.

Aujourd’hui nous voyons un spectacle plus grand encore.

Tout dans ce récit est évidemment destiné à pénétrer nos pensées de la majesté de Dieu, de sa colère contre le péché, de ses droits sur nous, du devoir de la sainteté; à nous apprendre:

Que l’Éternel est «un feu consumant (Héb., XII, 29.)

Que «c’est une chose terrible de tomber dans les mains du Dieu vivant (Héb., X, 31.)

et à nous faire dire avec David: «Ô mon Dieu, je t’invoque du fond d’un abîme. Si tu prends garde aux iniquités, qui est-ce qui subsistera (Ps. CXXX, 1-3.)

Voyez d’abord les préparatifs, et voyez ensuite l’événement de ce grand jour.

En premier lieu, il avait été ordonné aux Israélites de se tenir prêts pour le troisième jour (le troisième du mois, le cinquantième depuis la sortie d’Égypte), parce que l’Éternel descendrait sur la montagne de Sinaï à la vue de tout le peuple: c’était trois jours d’une attente pleine d’émotion.

Puis, on avait dû planter des barrières tout autour de la montagne, et Moïse, en les plaçant, avait dit de la part de l’Éternel: Donnez-vous garde de monter SUR la montagne et de toucher aucune de ses extrémités. Quiconque touchera la montagne sera puni de mort, lapidé ou percé de flèches; soit homme, soit bête, il ne vivra point. Mais quand le cor sonnera en long, ils monteront VERS la montagne.

Enfin, Moïse avait sanctifié le peuple, c’est-à-dire il avait mis à part les enfants d’Israël par le recueillement et la prière, et il leur avait aussi fait laver leurs vêtements afin de présenter aux regards de Dieu et des hommes un aspect plus respectueux, et de témoigner la révérence avec laquelle ils s’approchaient de lui.

Le dimanche, chers enfants, on vous revêt avec plus de soin pour vous rappeler, même par les objets du dehors, que c’est le jour de Dieu, comme on ferme les magasins et on sonne les cloches dès le matin, afin que tous pensent de bonne heure à laisser les choses du monde pour s’occuper de celles de l’éternité.

Mais c’était peu que tous ces préparatifs en comparaison des scènes de la journée et de leur majesté terrible.

Il se lève enfin ce jour si respectueusement attendu, ce jour, image du grand jour du jugement de Dieu! À peine l’aurore eut-elle commencé à paraître, qu’il y eut des éclairs et des tonnerres, une grande nuée, un son puissant de la trompette, une fumée épaisse, et tout le peuple fut effrayé.

Ce fut alors, je veux dire quand le son de la trompette se fit entendre, que Moïse fit sortir le peuple du camp pour aller au-devant de Dieu, et ils s’arrêtèrent au pied de la montagne. Et la montagne était toute couverte parce que l’Éternel y était descendu dans un feu, et sa fumée montait au ciel comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait fort.

Ah! je vous le demande, y eut-il jamais un tel dimanche, une telle cérémonie religieuse, une telle prédication, depuis qu’il y a un monde et des hommes dans ce monde?

Quel prédicateur! quelle chaire! quel auditoire! quelle assistance! quel temple! quelle musique sacrée!

Le prédicateur, c’était Dieu lui-même, descendu dans le feu sur la montagne.

La chaire, c’était la montagne de Sinaï, cette haute et majestueuse sommité de huit mille pieds qui tremblait tout entière, couverte de fumée.

L’auditoire, c’était le peuple immense qui écoutait tout effrayé ce que Dieu allait dire; hommes, femmes, enfants, convoqués à cet effet par l’ordre du Tout-Puissant.

Les aides et les messagers, c’étaient les anges dont il nous est dit que Dieu leur fit remplir de grandes fonctions dans les scènes de Sinaï (Actes, VII, 53.).

Le temple, c’était le désert, sous la voûte des cieux.

L’harmonie sacrée, c’était le tonnerre, c’était «le feu, le tourbillon, la tempête,» dit saint Paul (Héb., XII, 18.).

C’était surtout ce son terrible, prolongé et toujours croissant de la trompette de Dieu, cette même trompette, mes enfants, que nous entendrons tous au jour du jugement; car l’Écriture nous enseigne que c’est à ce son-là que le Fils de l’homme rassemblera ses élus des quatre vents et que le Seigneur descendra du ciel pour les tirer du tombeau (1 Thes., IV, 16.); aussi, quand saint Paul fait la description du jugement, il s’interrompt pour dire en parenthèse, comme une circonstance grave: «La trompette sonnera (1 Cor., XV, 52.)

Qui peut se faire une juste idée de ce moment où Moïse fit sortir tout Israël du camp pour aller au-devant de Dieu?

Qui peut se représenter cette solennelle procession de tout un peuple?

Je ne connais rien de comparable dans l’histoire de l’humanité, sinon ce jour où les anges appelleront toutes les nations, au nombre de plusieurs milliers de millions, pour aller au-devant de Dieu; lorsque «les cieux et la terre passeront avec un bruit sifflant de tempête,» lorsque «Jésus venant sur les nuées avec des flammes de feu et avec tous les anges de sa gloire,» s’assiéra sur le trône de son Père pour «juger les vivants et les morts (2 Pierre, III, 10; 2 Thes., I, 7,8; 2 Tim., IV, 1.)

Ce sera la même scène, mes enfants, seulement l’une était en petit ce que l’autre sera en grand;

l’une s’est passée quand la loi a été donnée,

l’autre se passera quand la loi s’exécutera.

Mais suivons jusqu’au bout les versets de notre leçon.

Voyez avec quel soin toutes les mesures étaient prises pour pénétrer le peuple de la sainteté de Dieu et de l’indignité de l’homme.

Au milieu du fracas épouvantable du tonnerre et de la tempête, tout d’un coup le son puissant et terrible de la trompette de Dieu se fit entendre avec une inexprimable majesté, sonnant par intervalles et par des éclats longtemps soutenus qui excitaient dans tous les cœurs les émotions et les tressaillements d’une indicible terreur.

Ce fut alors que Moïse, se mettant à la tête du peuple, le fit sortir du camp pour aller au-devant de l’Éternel; mais tel était l’effroi universel, que dans les intervalles des éclats de la trompette un silence immense régnait sur cette multitude. Alors Moïse parla et Dieu lui répondit par une voix.

Il ne nous est point dit ici ce que fut cette conversation solennelle; mais ce que l’Ancien Testament ne nous a pas révélé, le Nouveau nous en a raconté au moins quelques traits. Nous apprenons dans l’épître aux Hébreux que Moïse lui-même, l’ami de Dieu, «tant était terrible ce qui apparaissait, s’écria: Je suis épouvanté et tout tremblant (Héb., XII, 21.)

Dieu l’appelle donc, et Moïse, malgré sa terreur, n’hésite pas à monter; puis il redescend avec les ordres de l’Éternel: Que le peuple ne rompe point les barrières vers l’Éternel afin de regarder, de peur qu’un grand nombre d'entre eux ne périsse, et même que les sacrificateurs (c’est-à-dire les chefs de famille ou de tribu qui, jusqu’à l’institution du sacerdoce d’Aaron, pourvurent au culte), s’approchant de l'Éternel se sanctifient, de peur qu’il n’arrive que l’Éternel se jette sur eux.

Remarquez encore ici, je le répète, combien Dieu voulait pénétrer les Israélites de la sainteté de sa loi, du danger de la violer, et de notre indignité devant lui.

Le peuple hébreu était le seul de la terre qu’il eût choisi; tous les autres étaient abandonnés à leurs mauvaises voies; et cependant ce peuple ne peut s’approcher; il y a peine de mort contre quiconque touchera seulement de la main cette montagne du haut de laquelle le Seigneur va parler; si un seul Israélite violait cet ordre, il périrait, et si un grand nombre le violaient, un grand nombre périraient! Les sacrificateurs même doivent se préparer, se disposer, se mettre à part avant de s’approcher de l’Éternel; autrement il se jettera sur eux.

Tandis que le peuple demeurait ainsi éloigné, Moïse monta de nouveau, mais cette fois avec Aaron , qui complétait, en tant qu’il devait être un jour sacrificateur, le type du grand Médiateur (Moïse étant déjà prophète et roi); en sorte qu’entre eux les deux frères représentaient notre Seigneur Jésus-Christ, qui seul peut monter pour nous vers l’Éternel, ainsi que je vous l’ai expliqué dans notre dernière leçon.

Que de choses, chers enfants, vous avez à apprendre au pied de cette montagne de Sinaï!

Et d’abord, COMBIEN IL EST GRAVE DE S’APPROCHER DE DIEU SANS RESPECT, SANS RECUEILLEMENT!

Voyez l’Éternel déclarant qu'il se jettera sur ceux qui prétendraient venir sans être sanctifiés, c’est-à-dire mis à part, séparés des pécheurs et du péché; sur ceux qui franchiraient les bornes de la montagne pour regarder, c’est-à-dire qui iraient à Dieu avec des pensées de curiosité plutôt que de crainte et de révérence.

Voyez Moïse, le médiateur, tombant à genoux; et voyez Jésus, le vrai médiateur, priant à genoux en Gethsemané, la face contre terre, «avec des cris et des larmes (Luc XXII, 41; Matth., XXVI, 39; Héb., V, 7.)

Demandez-vous alors ce qu’il faut penser de ces pauvres enfants qui viennent à une école du dimanche sans préparation; qui, pendant qu’on chante ou qu’on prie, pensent à tout autre chose; qui, pendant qu’on explique la Parole, chuchotent ou sourient avec leurs voisins.

Ah! vous pouvez comprendre combien cela m’afflige; et encore je ne m’en afflige pas assez. Les anges, qui sont purs et fervents, ne s’approchent de Dieu qu’avec respect et crainte.

Ésaïe, dans une de ses visions, nous les a dépeints ayant six ailes:

de deux ils cachent leurs pieds, pour exprimer que leur obéissance, quelque prompte qu’elle soit, n’est pas digne d’être présentée au Seigneur;

de deux ils cachent leur visage

et de deux ils volent (Ésaïe, VI, 2, 3.).

Comment donc un pauvre enfant pécheur, misérable, mortel, malade à «la rencontre d’un vermisseau,» exposé à mille maux, perdu par lui-même, qui ne voudrait pas qu’un autre enfant connût tout ce qu’il a fait ou pensé de mal en sa vie, ose-t-il venir à Dieu avec tant d’irrévérence? «Quand tu vas dans la maison de Dieu, prends garde à ton pied,» dit le Sage (EccIés., V, 1, 2.).

Ah! nous mériterions tous les jugements de Dieu, quand ce ne serait que pour les péchés commis dans le temple, dans la prière, dans le culte public, domestique ou secret!

Quand Dieu ne nous jugerait que là-dessus, il devrait nous rejeter comme des profanes; et si nous traitions un roi de la terre comme nous traitons le Roi des rois, il nous chasserait à jamais de sa présence.

Voyez, en second lieu, combien sera terrible, au dernier jour, le jugement éternel.

Voyez cette obscurité, cette montagne fumante, ces éclairs; écoutez ces tonnerres, ces tourbillons, cette voix de la trompette; sentez cette terre qui tremble jusque dans les fondements des montagnes, et jugez de ce que sera ce jour où le Seigneur viendra avec des flammes de feu, une voix d’archange et la trompette de Dieu; où les éléments embrasés se fondront, où les vertus des cieux seront ébranlées, où la terre brûlera avec tout ce qui est en elle (2 Pierre, III, 10.).

Si la promulgation de la loi devant une seule nation fut accompagnée de tels ébranlements et de telles terreurs:

Que sera-ce du jour où cette même loi jugera tous les peuples et toutes les générations des peuples!

Et si un seul tonnerre qui tombe à côté d’un homme le pénètre de terreur et du sentiment de son indignité:

Que sera-ce du dernier jour, où le ciel et la terre passeront «avec un bruit sifflant de tempête !... »

Ah! que deviendrions-nous, en ce jour terrible, si nous n’avions que la loi et notre observation de la loi pour répondre pour nous?

cette loi que nous avons si souvent violée,

cette loi qui nous défend d’aimer quelque chose plus que Dieu,

qui défend de prendre son nom en vain,

qui nous ordonne de ne jamais manquer ni à notre père ni à notre mère;

cette loi qui nous défend d’avoir aucune haine,

qui nous interdit tout mensonge, toute parole ou pensée malhonnête, tout mauvais désir?

Si vous aviez été au désert de Sinaï et au milieu de ses terreurs, vous auriez regardé à ce Moïse qui se mettait entre Dieu et vous.

Eh bien, il n’était là que pour en représenter un autre, pour représenter ce Jésus qui a accompli la loi, qui a porté la malédiction à notre place, et dont l’âme a été transpercée de douleur afin de nous acquérir la vie.

Lui, «le Saint et le Juste,» a traversé pour nous les barrières de Sinaï; il a passé pour nous par le feu, mais il a fallu qu’il y laissât sa vie; il a fallu qu’il souffrit et qu’il mourût, et sa mort nous en dit plus que le feu, le tonnerre, la tempête et la voix de la trompette.

Que serait-ce de nous, si nous n’avions pas ce puissant Sauveur?

HEUREUX donc, heureux mille fois ceux qui ont trouvé le vrai Médiateur, et qui le suivent du cœur sur la sainte montagne où il est monté pour eux!

HEUREUX l’homme, HEUREUX l’enfant «dont les péchés sont couverts, dont les transgressions sont pardonnées, et à qui Dieu n’impute point son iniquité (Ps. XXXII, 1.)

HEUREUX celui qui, à côté de cette terreur qu’inspire la loi, a trouvé le secret de cette confiance avec laquelle un racheté s’approche de son Dieu!

HEUREUX ceux qui, tout en tremblant à la voix de l’Éternel, tout en disant: «Qui ne te craindrait, ô Éternel! Dieu saint, Roi des nations (Jér., X, 7.)?» tout en étant humiliés et affligés à cause de leurs péchés, s’avancent avec joie vers Dieu leur Sauveur, et montent à la montagne de l’Éternel comme Moïse et Aaron.

Ils connaissent les terreurs de «la sentence prononcée contre les œuvres mauvaises (Ecclés., VIII, 11.);» ils savent que leur «Dieu est un Sinaï en sainteté (Ps. LXVIII,18.)

ils comprennent combien c’est une «chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant (Héb.,X, 31.)


Cependant ils ne craignent plus la condamnation,

parce qu’ils s’appuient sur leur Sauveur,

qui est monté avant eux et qui a dépouillé la loi de ses terreurs,

l’ayant accomplie pour eux.



 

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