Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE-CINQUIEME LEÇON

EXODE, XVI, 25-36


25 Moïse dit: Mangez-le aujourd’hui, car c’est le jour du sabbat; aujourd’hui vous n’en trouverez point dans la campagne.

26 Pendant six jours vous en ramasserez; mais le septième jour, qui est le sabbat, il n’y en aura point.

27 Le septième jour, quelques-uns du peuple sortirent pour en ramasser, et ils n’en trouvèrent point.

28 Alors l’Éternel dit à Moïse: Jusques à quand refuserez-vous d’observer mes commandements et mes lois?

29 Considérez que l’Éternel vous a donné le sabbat; c’est pourquoi il vous donne au sixième jour de la nourriture pour deux jours. Que chacun reste à sa place, et que personne ne sorte du lieu où il est au septième jour.

30 Et le peuple se reposa le septième jour.

31 La maison d’Israël donna à cette nourriture le nom de manne. Elle ressemblait à de la graine de coriandre; elle était blanche, et avait le goût d’un gâteau au miel.

32 Moïse dit: Voici ce que l’Éternel a ordonné: Qu’un omer rempli de manne soit conservé pour vos descendants, afin qu’ils voient le pain que je vous ai fait manger dans le désert, après vous avoir fait sortir du pays d’Égypte.

33 Et Moïse dit à Aaron: Prends un vase, mets-y de la manne plein un omer, et dépose-le devant l’Éternel, afin qu’il soit conservé pour vos descendants.

34 Suivant l’ordre donné par l’Éternel à Moïse, Aaron le déposa devant le témoignage, afin qu’il fût conservé.

35 Les enfants d’Israël mangèrent la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité; ils mangèrent la manne jusqu’à leur arrivée aux frontières du pays de Canaan.

36 L’omer est la dixième partie de l’épha.


* * *


Quelle intéressante leçon que celle d’aujourd’hui!

Vous avez dû remarquer en apprenant vos versets qu’ils nous présentent deux objets singulièrement importants, et qui, l’un et l’autre, demanderaient plus de temps que nous n’en avons pour les étudier.

C’est d’abord l’institution du sabbat et la première célébration de ce jour du Seigneur;

puis, c’est encore cette manne merveilleuse dont nous avons déjà parlé dimanche, mais sur laquelle nous aurons à revenir.

Reprenons nos versets les uns après les autres pour n’en oublier aucun pendant la leçon, et pour que vous puissiez vous rappeler plus facilement les instructions qu’ils vous donnent, quand vous relirez plus tard ce chapitre.

On était au samedi. Dieu avait annoncé la veille que le pain miraculeux continuerait de tomber pendant six jours, et qu’au sixième, c’est-à-dire le vendredi suivant, il faudrait en recueillir et en apprêter une double portion; mais il n’avait jusque-là rien dit de plus; aussi, lorsque, le vendredi matin, les Israélites se furent mis à en ramasser chacun deux homers par tête au lieu d’un, les anciens du peuple en furent à la fois étonnés et inquiets; car les jours précédents, ils avaient vu Moïse se mettre en grande colère contre quelques-uns qui en avaient pris plus que leur portion, en sorte qu’il s’y était engendré des vers et qu’elle puait. «Que va-t-il arriver,» se dirent-ils, «si on en recueille le double?» Et ils le rapportèrent à Moïse. «C’est que demain est le repos, le sabbat sanctifié,» c’est-à-dire mis à part pour le service de Dieu, leur répondit-il.

On serra donc ce qu’on avait recueilli jusqu’au matin, et il ne pua point, et il n’y eut point de vers dedans.

Alors Moïse dit au peuple, le samedi matin:

Mangez-le aujourd’hui, car c’est le repos de l’Éternel; aujourd’hui vous n’en trouverez point aux champs.

Durant six jours vous le recueillerez, mais le septième est le sabbat; il n’y en aura point en ce jour-là. Et au septième quelques-uns sortirent pour en recueillir; mais ils n’en trouvèrent point.

Et l’Éternel, irrité de cette nouvelle désobéissance, dit à Moïse:

Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois? Considérez que l’Éternel vous a ordonné le repos du sabbat, et c’est pour cela qu’il vous donne au sixième jour le pain pour deux jours. Que chacun demeure au lieu où il sera, et qu’aucun ne sorte du lieu où il sera le septième jour. Le peuple donc se reposa le septième jour.

Ce fut ainsi qu’on célébra pour la première fois le saint jour du sabbat; car on n’en voit pas trace jusque-là, ni avant ni après le déluge, ni durant la vie des patriarches.

Tâchez maintenant de me bien comprendre; car je désire pouvoir vous expliquer clairement en peu de mots cette sainte institution.

D’abord le mot sabbat veut dire en hébreu cessation ou repos. Ainsi, quand il est dit, au second chapitre de la Genèse, que Dieu se reposa au septième jour, le même mot sabbat est employé, et cette expression veut dire que Dieu se reposa de créer, c’est-à-dire cessa de créer, et qu’alors commença le saint et éternel repos des cieux dans lequel il fera entrer avec lui pour toujours ses anges, ses saints et ses bienheureux, et où ils jouiront de sa présence et de la lumière de sa face à jamais.

C’est de ce repos, comme nous l’apprenons par l’épître aux Hébreux, que parle le psaume XCV lorsque Dieu dit des Israélites rebelles: «J’ai juré en ma colère si jamais ils entrent dans mon repos.»

L’Apôtre établit avec soin que les paroles de ce psaume ne peuvent se rapporter au repos de Canaan, puisque les Israélites y étaient entrés depuis quatre cents ans, mais à celui dont la Genèse a dit: L’Éternel se reposa le septième jour (Héb., IV, 1-4.).

Quant au but de cette institution, il est triple:

1. Un but d’humanité.

2. Un but de piété.

3. Un but d’instruction.

De ce triple but résultent trois lois:

1. une loi civile,

2. une loi morale

3. et une loi cérémonielle.

La loi civile du sabbat avait un but d’humanité; les maîtres étaient obligés de laisser un jour de repos et de relâche à leurs fils et à leurs filles, à leurs serviteurs, à leurs esclaves, à leur bœuf, à leur âne, et à l’étranger qui était dans leurs portes (Exode XX, 10.).

La loi morale avait un but de piété: Dieu permettait, voulait même qu’il y eût des temps fixes où ses créatures interrompissent toute autre affaire pour s’occuper de leurs âmes, pour instruire les enfants, pour étudier la Parole de Dieu, pour entendre prêcher ses bontés, pour le prier; il voulait qu’il y eût un jour où nous ne fussions pas tout envahis par les choses du monde, où il nous fût permis de ne pas travailler, afin de pouvoir penser à notre avenir, à la gloire éternelle, à ce beau ciel que le Seigneur nous a promis, au besoin que nous avons de son pardon, au devoir de lui confesser nos péchés, et de repasser nos voies devant lui en lisant et en écoutant sa précieuse parole.

Et remarquez que cette loi était un grand adoucissement à la première qui avait dit à l’homme, en le chassant du paradis: «Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage tous les jours de ta vie (Gen., III, 19, 17.)

Maintenant Dieu dit: «Tu travailleras six jours et tu feras toute ton œuvre; mais je te permets et je t’ordonne de te reposer le septième.»

Cette loi était donc destinée à entretenir la piété parmi les hommes, et elle est un grand bienfait; car les choses de la terre nous absorbent si aisément qu’il faut être déjà très avancé dans la piété pour savoir penser à Dieu tout en se livrant aux occupations ordinaires.

Enfin, la loi cérémonielle du sabbat avait un but d’enseignement, c’est-à-dire qu’elle devait être un type et une figure qui rappelât aux fidèles le repos de Dieu et le repos de l’âme.

Je dis d’abord le repos de Dieu, c’est-à-dire le bonheur du ciel, le repos auquel il est fait allusion au psaume XCV, ce repos éternel et bienheureux des anges et des élus dont nous parlent les chapitres III et IV de l’épître aux Hébreux.

Je dis en second lieu le repos de l’âme. L’âme doit se reposer de ses propres œuvres pour laisser agir en elle la grâce de Dieu, tellement que le fidèle puisse dire: «Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; et ce que je vis, je le vis en la foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi (Gal. II, 20.)

C’est parce que le sabbat est une image de ce repos-là que Dieu disait: «C’est un signe entre moi et vous que je suis l’Éternel qui vous sanctifie (Exode, XXXI, 13.)

Quand donc revient le dimanche, cherchez à en profiter sous ces divers rapports, et dites:

«Ô mon Dieu, voici un jour qui est mis à part pour me rappeler ton repos, ton beau ciel, ta belle et chère éternité, dimanche sans soir, dimanche sans fatigue, dimanche éternel et bienheureux où il n’y aura plus de péché, plus de travail, plus de deuil, plus de larmes, où l’on sera avec tes anges et tes élus parvenus à la perfection, où tu rempliras l’âme de tes rachetés!»

Dites aussi: «Ô mon Dieu, voici le jour où tu veux que mon âme se rappelle qu’elle doit se reposer de ses propres œuvres comme tu te reposas des tiennes (Héb., IV 10.)

Tes œuvres sont des œuvres de sainteté et de bonté, et les miennes sont des œuvres de péché, de souillure, de méchanceté, d’égoïsme, d’impureté, de mondanité. Ah! il faut que je m’en repose, que je m’en abstienne (1 Pierre, II, 11.); il faut qu’il y ait sabbat, cessation du péché, non pas un jour seulement, mais toute ma vie; il faut que ce ne «soit plus moi qui vive, mais Christ qui vive en moi (Gal., II, 20.)

Mais il nous faut quitter cet intéressant sujet, sur lequel il y aurait encore tant à dire, et revenir à celui de la manne. Vous vous rappelez que nous avons remarqué dimanche dernier qu’elle était envoyée pour être un type de la vraie nourriture qui doit soutenir la vie spirituelle des enfants de Dieu pendant leur marche à travers le désert de ce monde jusqu’à la Canaan des cieux.

Comment, Dieu pouvait-il conduire ce grand peuple des Israélites pendant quarante années dans cette terre brûlante et aride, où l’on trouvait tout au plus un peu d’herbe au milieu d’immenses plaines de sable, infestées de serpents, et que Moïse lui-même décrit en ces termes: «Désert grand et terrible, désert de serpents, même de serpents brûlants, de scorpions, désert où il n’y a point d’eau (Deut., VIII, 15.)

Il fallait bien que l’Éternel lui-même fournît du pain à cette multitude, autrement elle y aurait péri.

Eh bien, de la même manière, comment le grand peuple de ses élus pourrait-il aller au ciel au travers de ce monde de péché, de ce monde où règne le Serpent ancien, c’est-à-dire le diable, où l’on ne trouve que des exemples mauvais, des tentations et des dangers, si Dieu lui-même ne soutenait ses enfants, ne les nourrissait de jour en jour, et ne leur conservait, par un pain céleste, cette vie éternelle qu’il leur a donnée?

Ce pain c’est Jésus-Christ; mais qu’est-ce que cela signifie?

Cela signifie qu’un enfant, par exemple, n’a la vie de l’âme, la vie de la charité, la vie de la prière, la vie de l’obéissance, que lorsqu’il connaît Jésus-Christ et se nourrit de sa chair, c’est-à-dire lorsqu’il lui a donné son cœur, lorsqu’il pense sans cesse à lui, lorsqu’il dit chaque matin dans ses prières: «Mon Dieu, je suis un pauvre pécheur, mais je sais que tu as donné ton Fils; pour l’amour de lui, donne-moi ton Saint-Esprit afin que je l’aime, que je l’imite, que je le suive! Tu le feras, ô mon Dieu, parce que tu m’as sauvé!»

Voilà la manne que le cher enfant va prendre tous les matins dans ses prières, au milieu des sables du désert de ce monde, et voilà comment il en est nourri, suivant cette promesse de Jésus-Christ: «Si un père parmi vous ne donne pas une pierre à son enfant qui lui demande du pain..., combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent (Luc, XI, 11.);» et suivant cette autre: «Si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui la donne à tous libéralement, et elle lui sera donnée (Jacq., I, 5.)

C’est parce que la manne était une figure que saint Paul l’appelle un pain spirituel, et que notre Seigneur dit: «Moïse ne vous a pas donné le vrai pain: je suis le pain de vie (Jean, VI, 35.)

Étudions maintenant les rapports de ces deux mannes:

1. Comme celle des Hébreux descendait du ciel (mais seulement du ciel des nuages),

Jésus-Christ, le vrai pain de vie, descend du ciel, du vrai ciel, du ciel des anges, du ciel de Dieu, du troisième ciel.

2. Comme la manne soutint la pauvre vie mortelle des Israélites pendant quarante années de voyage,

Jésus-Christ, le vrai pain, la manne excellente, soutient la vraie vie, la vie de l’âme, non seulement pendant les années du court voyage de notre vie ici-bas, mais dans l’éternité des éternités; car «ceux qui mangèrent la manne au désert sont morts,» dit Jésus-Christ; mais celui qui mange de la vraie manne ne mourra jamais. «Celui qui croit en lui vivra, quand même il serait mort (Jean, VI, 50; XI, 25-26.)».

3. Comme la manne n’était envoyée sur la terre qu’à la seule nation d’Israël, qui avait été délivrée par la main de Dieu et qui suivait au désert la colonne de lumière,

ainsi Jésus-Christ, le vrai pain de vie, n’est envoyé qu’à ceux qui, ayant été convertis, suivent l’Esprit de Dieu, la vraie colonne de lumière, pour être conduits par elle vers la Canaan des cieux.

4. Comme il fallait recueillir cette manne avec soin au matin de chaque jour,

ainsi, chers enfants, il faut aller chercher Jésus-Christ au matin de chacun de vos jours, au matin de la vie, au matin de chaque occasion favorable que Dieu vous donne, et sans perdre de temps.

5. Comme la manne abondait pour tous ceux qui allaient la récolter,

ainsi Jésus-Christ est abondant en grâce pour tous ceux qui le recherchent; «il ne repousse aucun de ceux qui viennent à lui (Jean, VI, 37.)».

6. Comme la manne ne tombait point au septième jour, et comme ceux qui avaient négligé d’en prendre le sixième n’en trouvaient point,

dites-vous bien que pour aller à Jésus, il faut profiter des occasions favorables; il ne faut pas négliger «les jours de notre visitation (Luc, XIX, 44.)

Oh! chers enfants, le Seigneur frappe aujourd’hui: hâtez-vous de lui ouvrir. Il vous appelle:

C’EST LE TEMPS FAVORABLE; NE NÉGLIGEZ PAS UN SI GRAND SALUT!

Que voyons-nous, en effet, au verset 28 de votre leçon?

La colère de Dieu s’embrase contre les malheureux Israélites. Écoutez ces paroles sévères: Jusques à quand refuserez-vous de garder mes commandements et mes lois?

Ils avaient désobéi dans les premiers six jours en amassant de la manne pour essayer de la garder;

ils avaient désobéi le septième en voulant en recueillir le jour du sabbat;

ils avaient murmuré en Égypte,

murmuré sur le bord de la mer,

murmuré à Mara,

murmuré au désert de Sin,

et cependant Dieu leur envoya sa manne, sans y manquer chaque matin.

Eh bien, de même que l’Éternel usa envers ce peuple ingrat de tant de bonté, de patience et de fidélité, de même admirez, chers enfants, la bonté, la patience, la fidélité avec lesquelles il daigne nous envoyer la bien plus précieuse manne de sa Parole, à l’égard de laquelle nous avons été si souvent négligents, ingrats, rebelles!

Et la manne n’était pas seulement une nourriture qui conservait la vie: elle était agréable, excellente, ayant le goût du miel, de l’huile fraîche, des olives, mets si connus et aimés des Israélites.

Eh bien, il en est ainsi de la manne céleste: elle ne donne pas seulement la vie, elle donne le bonheur.

Oh! qu’on est heureux quand on la reçoit, quand on s’en nourrit, quand on sent dans son âme que cette parole est plus douce que le miel ne l’est à la bouche (Ps., CXIX, 103.) !... Dieu m’a tant aimé, Dieu m’aime, Dieu est avec moi!

Voyez, dans les Psaumes, quelle joie remplit l’âme du fidèle:

«Tu dresses la table devant moi; ma coupe est comble (Ps., XXIII, 5.)

«notre âme est rassasiée comme de moelle et de graisse (Ps., LXIII, 6.),», etc., etc...

Quand il en serait autrement, nous devrions encore chanter de joie. Si les hommes sont pressés de la faim, ils mangent de tout: dans un siège, dans un naufrage, dans une famine, ils s’estiment heureux de trouver l’animal le plus dégoûtant; ils ont même été jusqu’à se manger les uns les autres. Mais Dieu, dans sa bonté, daigna donner aux Israélites une nourriture agréable au goût.

Eh bien! quand nous devrions souffrir ici-bas; quand notre vie se passerait sans joie, sans bonheur, pourvu que notre âme fût sauvée, nous devrions encore nous estimer infiniment heureux, nous souvenant qu’il viendra un temps où nous n’aurons plus ni faim ni soif, où nous ne mourrons plus, où tout deuil sera passé (Apoc., VII, 16; XXI, 4.)!

Oh! disons donc, comme les Juifs:

«SEIGNEUR, DONNE-NOUS TOUJOURS DE CE PAIN-LÀ!»



 

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