Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE-TROISIÈME LEÇON

EXODE, XVI, 1-10


16:1 Toute l’assemblée des enfants d’Israël partit d’Elim, et ils arrivèrent au désert de Sin, qui est entre Elim et Sinaï, le quinzième jour du second mois après leur sortie du pays d’Égypte.

2 Et toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron.

3 Les enfants d’Israël leur dirent: Que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions du pain à satiété? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude.

4 L’Éternel dit à Moïse: Voici, je ferai pleuvoir pour vous du pain, du haut des cieux. Le peuple sortira, et en ramassera, jour par jour, la quantité nécessaire, afin que je le mette à l’épreuve, et que je voie s’il marchera, ou non, selon ma loi.

5 Le sixième jour, lorsqu’ils prépareront ce qu’ils auront apporté, il s’en trouvera le double de ce qu’ils ramasseront jour par jour.

6 Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d’Israël: Ce soir, vous comprendrez que c’est l’Éternel qui vous a fait sortir du pays d’Égypte.

7 Et, au matin, vous verrez la gloire de l’Éternel, parce qu’il a entendu vos murmures contre l’Éternel; car que sommes-nous, pour que vous murmuriez contre nous?

8 Moïse dit: L’Éternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et au matin du pain à satiété, parce que l’Éternel a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui; car que sommes-nous? Ce n’est pas contre nous que sont vos murmures, c’est contre l’Éternel.

9 Moïse dit à Aaron: Dis à toute l’assemblée des enfants d’Israël: Approchez-vous devant l’Éternel, car il a entendu vos murmures.

10 Et tandis qu’Aaron parlait à toute l’assemblée des enfants d’Israël, ils se tournèrent du côté du désert, et voici, la gloire de l’Éternel parut dans la nuée.


* * *

Chers enfants, il est dans le monde deux personnes qu’il nous importe avant tout de bien connaître, et ce sont précisément celles que, d’ordinaire, nous connaissons le moins et que nous désirons le moins connaître.

1. La première, c’est nous-mêmes;

2. La seconde, hélas! c’est Dieu.

On peut dire que toute la science de la religion consiste pour chacun de nous à bien savoir, d’une part, ce qu’est son propre cœur, et, de l’autre, ce qu’est le cœur de Dieu.

Quand un enfant vient à connaître son cœur, il sait déjà la moitié de la religion, et il saura bientôt le reste; et quand ce cher enfant vient à connaître, également par la Bible, le cœur de Jésus, oh! alors, il sait tout; mais il faut que cette étude se continue et se renouvelle tous les jours, tout comme notre repas d’hier ne nous nourrit pas aujourd’hui. «La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, seul vrai Dieu et Jésus-Christ que tu as envoyé,» disait notre Seigneur lui-même (Jean. XVII, 3.).

Et, au dernier jour, savez-vous ce qui distinguera les bienheureux d’avec les réprouvés?

C’est que les premiers connaîtront Dieu et que les autres ne le connaîtront pas.

Écoutez, en effet, saint Paul: «Le Seigneur Jésus viendra avec des flammes de feu pour exercer sa vengeance sur ceux qui ne connaissent pas Dieu (vous l’entendez, «qui ne connaissent pas Dieu)lesquels seront punis d’une peine éternelle par la présence du Seigneur et par la gloire de sa force, quand il viendra pour être glorifié en ses saints et rendu admirable dans tous ceux qui croient (2 Thes., I, 8-10.)

Eh bien! mes enfants, toute la Bible est destinée à nous donner cette double connaissance; c’est dans ses histoires surtout que nous la trouvons: les unes nous montrent ce qu’est l’homme, les autres nous montrent ce qu’est Dieu; et bon nombre d’entre elles nous donnent tout à la fois, dans un même récit, ces deux enseignements.

L’Exode et tout le voyage du peuple d’Israël appartiennent à cette dernière catégorie.

Aujourd’hui, par exemple, nous voyons les pauvres Israélites qui murmurent, qui se désespèrent; l’autre jour ils étaient dans la joie et la reconnaissance. Ils chantaient: L’Éternel est ma force; je lui dresserai un tabernacle. Il conduira par sa miséricorde ce peuple qu’il a racheté.

Aujourd’hui ils désirent la mort, ils regrettent l’Égypte, ils tournent leurs regards vers ce pays des idoles où ils avaient vécu si longtemps loin du Seigneur.

Et puis, dans cette même histoire, voyez Dieu, voyez sa bonté, voyez sa patience. Bientôt, hélas! il faudra, il est vrai, que sa colère s’embrase contre ces ingrats; bientôt il sera forcé de les punir et de les rejeter.

Mais ici quelle est encore sa douceur! Comme il est lent à la colère! comme il les supporte, comme il les attend!

Vous l’avez vu en Égypte pardonnant leurs défiances, leurs résistances, leurs infidélités, leur impiété même, et les délivrant par une suite de miracles; vous l’avez vu encore à Mara écouter les prières et les cris de Moïse, et rendre douces les eaux de la fontaine.

Et aujourd’hui, au désert de Sin, comment répondra-t-il aux coupables murmures des tribus?

Sera-ce par des sévérités?

Non; ce sera encore par des bienfaits! J’ai ouï leurs murmures, dit-il à Moïse; parle-leur et leur dis: Entre les deux soirs vous mangerez de la chair, et au matin vous serez rassasiés de pain et vous saurez que je suis l’Éternel votre Dieu.

Et n’est-ce pas ainsi, mes enfants, que notre Dieu nous a supportés nous-mêmes, qu’il nous a conduits, qu’il nous a bénis de jour en jour, qu’il nous a accordé grâce sur grâce?

Mais reprenons nos versets, les uns après les autres, pour y voir successivement, comme je vous le disais, le caractère de l’homme et le caractère de Dieu.

Il faut d’abord nous faire, au moyen de la carte, une idée nette de la direction et de la marche du peuple: Toute l’assemblée étant partie d’Elim, vint au désert de Sin, qui est entre Elim et Sinaï, le quinzième jour du second mois, après la fameuse nuit de la Pâque.

Je vous ai dit l’autre jour que beaucoup de savants voyageurs ont parcouru ce pays, la Bible à la main, et ont cru reconnaître la plupart des stations de Moïse jusqu’à la montagne de Sinaï.

La presqu’île porte aujourd’hui parmi les Arabes le nom de désert d’El-Djy, qui signifie contour, en souvenance de ce que Moïse dut la contourner avant d’entrer en Canaan.

Je vous ai dit aussi qu’au nord de la chaîne de montagnes qui la traverse, cette contrée est aride, désolée, sans arbres, sans herbe; mais aux environs de Sinaï se trouvent des vallées agréables et fertiles. De Suez au lieu où l’on suppose que le peuple passa la mer on compte quatre lieues. De cet endroit aux eaux de Mara quinze, de Mara à Elim trois, d’Elim à Sin (aujourd’hui Ouadi-el-Scheik) trois journées de chemin; et les voyageurs assurent que cette vallée de Sin, qui mène droit à Sinaï, est une des plus agréables de la péninsule. Elle est plantée de tamarins et n’a point le même air de désolation que les parties septentrionales de la contrée.

Ce fut là cependant que toute l’assemblée murmura contre Moïse et contre Aaron.

Vous l’entendez: ce ne furent pas seulement quelques tribus ou quelques hommes des tribus; hélas! ce fut toute l’assemblée, avec ses chefs, ses vieillards, ses anciens, toute cette nation qui, huit ou douze jours auparavant, chantait avec tant d’émotion: L’Éternel est ma force... etc.

Aujourd’hui ils se défient, ils se découragent, ils désespèrent; et, pour exprimer sans doute combien ces murmures étaient odieux et étranges, il est répété quatre fois que Dieu les entendit (versets 7, 8, 9, 12).

Les Égyptiens sont très accoutumés aux voyages à travers le désert, et vous savez qu’ils y transportent leur eau et leur vin à dos de mulet ou de chameau dans des outres, c’est-à-dire des vases faits de peaux de chèvres. Les Israélites en avaient sans doute pris avec eux aussi bien qu’une provision de pains sans levain pour huit jours de marche.

Les habitants se contentent d’ordinaire de grain rôti. M. Gobât m’a raconté que, dans ses voyages, il en remplissait un sac et en mangeait tout en marchant; cet aliment flatte peu le goût et ne nous paraît pas très fortifiant, mais c’est l’usage du pays.

Les Israélites avaient en outre leurs troupeaux, en sorte qu’ils ne risquaient pas d’être affamés; mais dès qu’ils virent leurs provisions près de leur terme, ils désespérèrent du secours de Dieu.

Ils avaient eu soif à Mara, mais ici ils n’avaient point encore faim; leurs murmures ne provenaient que d’inquiétude; ils oubliaient tous les miracles précédents, toutes les promesses de Dieu; ils n’écoutaient plus que leurs terreurs. Ces murmures renfermaient quatre ou cinq mauvais sentiments:

1. Le désir de la mort.

2. Le regret de n’avoir pu vivre et mourir en Égypte, le pays des ténèbres et du péché.

3. L’amour des objets les plus matériels, des joies les plus charnelles et les plus grossières, au lieu de la joie et de la reconnaissance d’être le peuple choisi de Dieu.

4. L’inquiétude sur l’avenir.

5. Des plaintes sur les hommes de Dieu.

Je dis d’abord que leur désir de la mort était coupable. Saint Paul, il est vrai, avait, lui aussi, un «désir qui tendait à déloger,», mais c’était «pour être avec Christ (Phil., I, 23.)

Ah! quand c’est pour être près du Sauveur, pour vivre dans la sainteté, pour ne plus pécher, pour être semblable à Dieu, pour le glorifier, que nous voulons partir, le désir est bon; mais alors celui qui l’éprouve attendra patiemment que son Maître lui dise: «Entre dans la joie de ton Seigneur (Matth., XXV, 21.);» et jusque-là il cherchera à accomplir son bon plaisir et à le glorifier sur la terre.

J’ai connu bien des personnes, qui, comme les Israélites, désiraient la mort, parce qu’elles avaient perdu ou leur fortune, ou leur mari, ou leur enfant, ou leurs amis; mais, il y a du péché dans ce souhait, et cela pour trois raisons.

D’abord, c’est dire à Dieu: «Je ne suis pas content du sort que tu m’as fait; je veux m’en aller...» T’en aller! mais où?... «Où iras-tu loin de son Esprit, où fuiras-tu loin de sa face (Ps., CXXXIX, 7.)

Vouloir s’en aller du poste où Dieu nous a mis, c’est en quelque sorte vouloir s’en aller de chez Dieu même.

En second lieu, c’est oublier que nous avons un compte à rendre.

Sommes-nous prêts?

Sommes-nous dans la foi?

Si nous n’y sommes pas, le plus grand malheur qui pourrait nous arriver serait de mourir; et c’était dans son infinie compassion que Dieu n’exauçait pas les Israélites qui voulaient mourir sans que leur âme fût en paix avec lui.

Quand nous désirons la mort parce que tout ne va pas ici-bas comme nous le voudrions, le plus grand des malheurs, je le répète, serait d’être exaucé; et la plus grande des miséricordes de Dieu est de nous laisser du temps pour que Christ devienne notre Sauveur et notre portion dans le temps et dans l’éternité.

Enfin, désirer la mort, c’est oublier que nous avons tous une tâche à accomplir, et que nous ne devons partir que quand elle sera achevée.

Mettons-nous bien dans l’esprit que nous ne sommes pas à nous-mêmes (Rom., XII, 1; 1 Cor., VI, 20; VII, 23.).

Que penserait un maître d’un jeune garçon auquel il aurait donné un travail à faire et qui lui dirait: «Monsieur, je m’en vais?» Non, si le devoir n’est pas fini, il devra attendre que le maître lui-même dise: «Je vous permets de partir.» Encore une fois, il est bon de déloger, SI c’est pour être avec Christ; autrement la mort serait le plus grand des malheurs.

Mais les Israélites ne désiraient pas seulement la mort: ils regrettaient l’Égypte, où ils vivaient au milieu des idolâtres, loin de Dieu, dans le pays du péché et de l’ignorance. Ils voudraient y retourner; et pourquoi? qu’y regrettent-ils?

Hélas! des mets, des viandes, du pain! c’est-à-dire une vie d’abondance, de jouissances toutes matérielles, les mêmes qu’ont les chiens et les chevaux...

Sans doute, il nous est permis, il nous est même ordonné de nous occuper des choses nécessaires à la vie; un père et une mère de famille doivent pourvoir de pain leur maison; mais il ne faut pas que l’amour de ces biens occupe une grande place dans le cœur et dans la vie; il ne faut pas surtout qu’on les préfère à son Dieu.

Cherchons premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et les autres choses qui nous sont nécessaires nous seront données par-dessus.

Enfin les Israélites se défiaient de l’avenir, et c’était là un des traits les plus graves de leurs murmures, parce qu’il dévoilait beaucoup d’ingratitude et d’incrédulité.

Dieu les avait-il jamais laissés?

Qui les avait délivrés d’Égypte?

Qui avait fendu pour eux la mer et durci ses abîmes?

Qui y avait précipité le cheval et le cavalier, les y faisant descendre comme du plomb?

Qui avait rendu douces les eaux de Mara?

Et maintenant, après tant de prodiges, les voilà qui crient, non plus: Que boirons-nous? mais: Que mangerons-nous?

Ont-ils faim? Non: ILS ONT PEUR D’AVOIR FAIM. Les ingrats! et on pourrait dire aussi: les insensés!

Eh bien! mes enfants,

quand vous seriez dans quelque détresse,

quand vous seriez très- pauvres, quand vous n’auriez pas plus de farine que n’en avait dans sa cruche la pauvre veuve de Sarepta (1 Rois, XVII, 12.);

quand il ne vous resterait, comme à celle du temple (Luc, XXI, 2.), que deux petites pièces de cuivre faisant ensemble le quart d’un sou;

ou quand vous seriez malades,

encore faudrait-il vous appuyer sur le Dieu qui vous a rachetés,

qui vous a bénis dans le passé

et qui vous a fait des promesses pour l’avenir.

La défiance est un des péchés qui l’offensent le plus, car elle est une ingratitude aussi bien qu’une folie. Notre Seigneur disait à ses disciples: «Ne vous mettez point en souci, disant: Que mangerons-nous ou que boirons-nous, ou de quoi serons-nous vêtus? Ce sont les païens qui ont ces inquiétudes (Matth., VI, 31,32.)

Notre Dieu ne nous a JAMAIS abandonnés; et quand nous nous tourmentons, n’est-ce pas le plus souvent, comme les Israélites, par la crainte de l’avenir beaucoup plus que par la souffrance du présent?

«Mais,» direz-vous, «Dieu n’a pas fait pour nous des miracles qui nous autorisent à avoir la même confiance que les Israélites.»

Pas de miracles! ô ingrats! s’il ne vous a pas donné Moïse, ne vous a-t-il pas donné son Fils?

Et s’il vous a donné son Fils, ne vous donnera-t-il pas toutes choses avec lui (Rom., VIII, 32.)?

Celui qui a fait le plus ne fera-t-il pas le moins?

Est-ce beaucoup qu’il vous donne de l’eau, du pain, des vêtements, et, s’il le faut, de l’argent, de la santé, des trésors?

Est-ce beaucoup qu’il vous donne même le paradis, après qu’il vous a donné son Fils?

Il ne vous a pas tirés de la mer Rouge et délivrés de la main de Pharaon, cela est vrai; mais IL VOUS A TIRÉS DES TOURMENTS DE L’ENFER ET DÉLIVRÉS DU DIABLE.

Il ne fait pas de miracles, dites-vous!

Et votre vie n’est-elle pas une sorte de miracle continuel?

Qui est-ce qui fait battre votre cœur quatre mille fois par heure?

Qui est-ce qui fait respirer votre poitrine?

Qui est-ce qui vous fait tenir debout à cette heure?

Qui est-ce qui fait que le jour et la nuit, depuis dix, douze, quinze ans que vous êtes dans le monde, votre sang coule, vos veines, vos artères, votre cœur, votre pouls travaillent la nuit et le jour dans votre petit corps, soit que vous dormiez ou que vous veilliez, soit que vous marchiez ou que vous vous reposiez, soit que vous y songiez ou que vous n’y songiez pas?

Qu’est-ce donc que l’inquiétude d’un être que Dieu soutient par des miracles de tous les instants, et qui imagine que Dieu va le laisser manquer du nécessaire?

C’est là le raisonnement que notre Seigneur employait avec ses disciples, et que je vous citais tout à l’heure.

Vous vous inquiétez de vos vêtements; mais le corps que Dieu vous a donné avec ses os, ses veines, ses artères, ses muscles, ses nerfs, ses mouvements, ce corps n’est-il pas plus que du tissu de lin ou de soie?

Vous vous inquiétez de la nourriture; mais la vie que Dieu vous maintient à cette heure, cette vie qui fait que vous pensez, que vous voulez, que vous sentez, que vous respirez, que votre cœur bat, que votre sang coule, la vie n’est-elle pas plus qu’un peu de pain?

Quant aux vêtements, considérez les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent; néanmoins la plus belle des impératrices a-t-elle une robe comme une rose ou comme un lis?

Et quant à la nourriture, considérez les oiseaux de l’air: ils ne sèment ni ne moissonnent; et cependant leur table n’est-elle pas bien dressée (Matth., VI, 25-34.)?

Un chrétien ne vaut-il pas mieux que beaucoup de petits oiseaux?

Celui qui compte vos cheveux (Matth., X, 30.), vos soupirs, vos larmes (Ps. LVI, 9.), va-t-il vous abandonner?

Mais voyez enfin le cinquième trait de l’ingratitude des Israélites: ils s’en prennent à Moïse et à Aaron; ils leur reprochent de les avoir fait sortir d’Égypte, et Moïse leur représente que ces murmures sont contre Dieu même.

Ceci est encore une leçon pour vous, mes enfants.

Quand Dieu juge à propos de vous envoyer quelque chagrin, ne vous en prenez pas aux hommes: ce serait une manière de vous plaindre de Dieu. Élevez bien plutôt votre cœur jusqu’à lui; voyez sa main dans tous les événements. Ne dites pas comme les Israélites: «C’est Moïse et Aaron qui nous ont conduits dans ce désert.»

S’il vous arrive quelque malheur, si quelqu’un a commis quelque imprudence ou vous a fait quelque méchanceté qui vous ait rendu malade, ou vous ait causé quelque perte ou quelque ennui, ne portez pas vos plaintes contre les instruments de ce chagrin, mais regardez à Dieu et dites: «Peut-être y a-t-il eu de la méchanceté, des fautes, des crimes même; mais Dieu l’a permis; c’est donc lui qui m’envoie cette affliction. Oh! qu’il me donne de la supporter en chrétien, en chrétienne, avec douceur, dans la confiance, comme son enfant, et alors elle sera bénie!»

Voyez encore combien il est important pour les serviteurs de Dieu de ne pas travailler en vue de la gloire et de la faveur qui viennent des hommes, et de ne pas compter sur leur reconnaissance.

Si Moïse et Aaron avaient agi en vue d’une récompense humaine, ils auraient été bien malheureux. Ceci encore nous est une leçon. Nous devons accomplir notre tâche; nous devons nous occuper de notre famille, de ceux qui nous entourent, des malheureux, de notre patrie, pour faire du bien, POUR SERVIR DIEU, MAIS NON POUR PLAIRE AUX HOMMES; autrement nous serions misérablement déçus.

D’ailleurs, si nous attendions l’amour et la gratitude des hommes, il en résulterait que, quand ils seraient méchants et mauvais, nous ne leur ferions plus de bien.

Ceci me rappelle une parole de l’excellent Calvin.

Quand il eut travaillé bien des années dans Genève, se dépensant jour et nuit pour la conversion des âmes, pour le bien des Églises, pour celui de sa patrie adoptive, et se rendant malade à force de fatigues et de peines, il reçut un jour la visite des syndics, qui venaient lui intimer l’ordre de quitter la ville. «Messieurs,» dit-il, «si j’avais servi les hommes, je serais bien mal récompensé; mais j’ai servi un Maître qui est toujours bon envers ses serviteurs et qui leur rend au centuple le peu qu’ils ont fait pour lui.»

Ah! ne cherchons pas la faveur des hommes, mais celle de Dieu: ceci regarde les grands et les petits.

Si l’on n’agit bien qu’en vue des hommes, on s’arrête ou on fait le mal lorsqu’ils sont méchants; mais si on agit en vue de Dieu, ah! on se sentira toujours en arrière de ce qu’on devrait faire et pressé de faire davantage. C’est pourquoi l’apôtre Paul et l’apôtre Pierre disaient même aux esclaves qui avaient des maîtres méchants de s’employer avec affection à leur devoir comme étant au service, non des hommes, mais de Dieu (1 Pierre, II,18,19; Ephés., VI, 5-7.).

Quand on ne veut faire son devoir qu’envers ceux qui sont bons, on ne le fait pas longtemps; mais il faut l’accomplir pour l’amour du Maître qui est toujours bon, et qui a même dit qu’il n’oublierait pas un verre d’eau froide donné en son nom.



 

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