Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE-DEUXIÈME LEÇON

EXODE, XV, 12-27


12 Tu as étendu ta droite: La terre les a engloutis.

13 Par ta miséricorde tu as conduit, Tu as délivré ce peuple; Par ta puissance tu le diriges Vers la demeure de ta sainteté.

14 Les peuples l’apprennent, et ils tremblent: La terreur s’empare des Philistins;

15 Les chefs d’Edom s’épouvantent; Un tremblement saisit les guerriers de Moab; Tous les habitants de Canaan tombent en défaillance.

16 La crainte et la frayeur les surprendront; Par la grandeur de ton bras Ils deviendront muets comme une pierre, Jusqu’à ce que ton peuple soit passé, ô Éternel! Jusqu’à ce qu’il soit passé, Le peuple que tu as acquis.

17 Tu les amèneras et tu les établiras sur la montagne de ton héritage, Au lieu que tu as préparé pour ta demeure, ô Éternel! Au sanctuaire, Seigneur! que tes mains ont fondé.

18 L’Éternel régnera éternellement et à toujours.

19 Car les chevaux de Pharaon, ses chars et ses cavaliers sont entrés dans la mer, Et l’Éternel a ramené sur eux les eaux de la mer; Mais les enfants d’Israël ont marché à sec au milieu de la mer.

20 Marie, la prophétesse, soeur d’Aaron, prit à sa main un tambourin, et toutes les femmes vinrent après elle, avec des tambourins et en dansant.

21 Marie répondait aux enfants d’Israël: Chantez à l’Éternel, car il a fait éclater sa gloire; Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.

22 Moïse fit partir Israël de la mer Rouge. Ils prirent la direction du désert de Schur; et, après trois journées de marche dans le désert, ils ne trouvèrent point d’eau.

23 Ils arrivèrent à Mara; mais ils ne purent pas boire l’eau de Mara parce qu’elle était amère. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Mara.

24 Le peuple murmura contre Moïse, en disant: Que boirons-nous?

25 Moïse cria à l’Éternel; et l’Éternel lui indiqua un bois, qu’il jeta dans l’eau. Et l’eau devint douce. Ce fut là que l’Éternel donna au peuple des lois et des ordonnances, et ce fut là qu’il le mit à l’épreuve.

26 Il dit: Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel, ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l’oreille à ses commandements, et si tu observes toutes ses lois, je ne te frapperai d’aucune des maladies dont j’ai frappé les Égyptiens; car je suis l’Éternel, qui te guérit.

27 Ils arrivèrent à Elim, où il y avait douze sources d’eau et soixante-dix palmiers. Ils campèrent là, près de l’eau.


* * *

Nous avons laissé dimanche les Israélites au milieu de leur chant magnifique, au lever du soleil, au bord de la mer, dont les vagues jetaient sur le sable les cadavres des Égyptiens, leurs chevaux, leurs vêtements et leurs instruments de guerre.

Mais, hélas! dans quelle situation d’âme différente nous les laisserons aujourd’hui auprès des douze fontaines d’Elim et de ses soixante-dix palmiers, et quel triste spectacle ils vont nous présenter!

Dimanche dernier, toutes leurs voix retentissaient d’allégresse; tous leurs cœurs bondissaient de reconnaissance. Plus d’esclavage, plus de souffrances, plus de menaces, plus de violences, plus de meurtres, plus d’angoisses, plus de terreurs, plus de larmes! Qui n’eût pensé que leur gratitude serait immense?

Oh! comme ils iront loin avec cette joie, cette confiance, cet amour dans leurs cœurs! aurions-nous tous dit.

Hélas! voyez-les, quinze lieues plus loin, à Mara: ils n’ont eu que trois jours de marche et de souffrances, et:

déjà ils se sont défiés de la fidélité de Dieu;

déjà ils se sont plaints,

déjà ils se sont irrités,

déjà ils ont murmuré, non pas contre Dieu, il est vrai, mais contre Moïse; ce qui revenait au même.

Ah! c’est une grande leçon pour nous tous!

Mais n’anticipons pas: achevons d’abord le cantique; nous en restâmes dimanche au 13e verset; il nous en restait encore six.

Pour les bien comprendre, il faut se rappeler la suite des pensées qui y sont exprimées. Ce sont trois sentiments, trois saintes impressions:

1. Une sainte résolution:

L’Éternel est ma force: je lui dresserai un tabernacle: il a été mon Sauveur: je l’exalterai!

2. Une sainte admiration:

L’Éternel est mon Dieu fort; son nom est l’Éternel. Ta droite, ô Éternel! a été déclarée magnifique en puissance.

3. Une sainte confiance:

Qui est comme toi entre les forts? Qui est comme toi magnifique en sainteté? Tu conduiras, par ta miséricorde, ce peuple que tu as racheté; tu le conduiras, par ta force, à la demeure de ta sainteté.

Enfin, au verset 14e, les Israélites continuent à l’assurer qu’après une telle victoire ils n’ont plus rien à craindre. Dieu combattra pour eux; Dieu les conduira, de victoire en victoire, jusqu’à cette terre de Canaan qu’il a promise à leurs pères:

La douleur saisira les Philistins ou habitants de la Palestine;

Edom, ou les Iduméens, seront troublés;

le tremblement saisira les forts de Moab;

les Cananéens se fondront; tous les peuples qu’Israël doit combattre seront rendus impuissants.

La frayeur et l’épouvante tomberont sur eux; ils seront rendus stupides comme une pierre, jusqu’à ce que ce peuple que tu as acquis soit passé.

Et ce fut justement ce qui arriva, comme vous le verrez au livre de Josué.

Quarante ans plus tard, quand des espions envoyés par les tribus d’Israël furent venus à Jéricho, une hôtelière les cacha sur le toit de sa maison; et avant qu’ils fussent couchés, elle monta vers eux et leur dit: «Je connais que l’Éternel vous a donné le pays, et que la terreur de votre nom nous a saisis, et que tous les habitants du pays sont devenus lâches à cause de vous;car nous avons entendu comment l’Éternel a tari les eaux de là mer Rouge devant vous, quand vous sortiez d’Égypte (Josué, II, 9-10.)

Les Israélites s’assurent, en outre, non seulement que Dieu leur donnera victoire sur leurs ennemis, mais qu’il les introduira sur la montagne de son héritage, au sanctuaire que ses mains ont établi. Il leur était déjà révélé que Dieu préparait un lieu pour sa demeure, d’où il répandrait ses dons sur eux. Ils savaient que, les ayant délivrés d’Égypte, il les conduirait à travers le désert jusqu’au repos.

Comme je vous le disais dimanche, mes enfants, ce cantique est une magnifique poésie sur les merveilles de la rédemption.

La délivrance d’Israël dans la mer Rouge pour arriver en Canaan est un type de celle du peuple chrétien en général et de chacun de ses membres individuellement.

Le chrétien s’avance vers le ciel à travers la mort comme Israël à travers la mer Rouge; il sait que Jésus-Christ, qui l’a délivré du diable et de la mort, lui a préparé une place dans le ciel; il sait que son Dieu, qui l’a racheté, l’introduira et le plantera sur la montagne de son héritage, au lieu établi de sa demeure, au sanctuaire que ses mains ont établi, qui n’est pas fait de main d’homme, et dont «Dieu lui-même est l’architecte et le fondateur (Héb., XI, 10.)

Et il peut dire, comme le cher roi David: «Quand toute une armée se camperait contre moi, j’aurais confiance en ceci: j’ai demandé une chose à l’Éternel, et je la requerrai encore; c’est que j’habite en la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie pour contempler la présence ravissante de l’Éternel et pour visiter soigneusement son palais... O mon Dieu! tu me conduiras par ton conseil, et puis tu me recevras dans ta gloire (Ps. XXVII, 3, 4; LXXIII, 24.)

Et comme l’apôtre Paul: «Je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni aucune créature ne pourra me séparer de l’amour de Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. VIII, 37,38.)

Avec quelle joie le chrétien ne s’applique-t-il pas aussi cette parole de son Sauveur: «Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père; je m’en vais vous y préparer une place; et je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi (Jean, XIV, 2, 3.)

Il se dit, comme Israël dans notre verset 18e: L’Éternel, mon Dieu et mon Sauveur, règne à toujours et à perpétuité; et comme Job, qui se croyait mourant: «Je sais que mon Rédempteur est vivant... et que, lorsqu’après ma peau ceci aura été rongé, je verrai Dieu de ma chair; mes yeux le verront et non point un autre (Job, XIX, 25-27.)

Voilà ce que doit aussi aimer à se dire un enfant chrétien. Oui, il doit s’écrier, lui aussi:

«Ô mon Dieu, je veux te louer, je veux publier que tu es bon, je veux me confier en toi pour toujours. Tu m’as tant aimé, tu m’as fait tant de bien! tu es «ma force, car tu as été mon Sauveur.»

Quand je te vois sur la croix, quand je pense à tout ce que tu as fait pour me racheter et comment tu es descendu des cieux pour bénir un pécheur tel que moi, ne dirai-je pas: «Celui qui nous a donné son Fils ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui (Rom., VIII, 31.)

Je me représente un enfant de douze à treize ans: que de dangers, que de misères le menacent! que de choses fâcheuses peuvent lui arriver pendant les soixante années qu’il vivra peut-être encore!

Tous les jours il voit combien il a le cœur mauvais; il sent qu’il pourrait tomber dans l'abîme, qu’il pourrait s’éloigner de Dieu avant la fin de sa carrière. Mais s’il se tient fermement attaché à la croix de son Sauveur, il lui dira: «Tu m’as racheté, tu me conduiras au travers du désert de cette vie; tu éloigneras Satan; tu me garantiras de ses pièges, tu me garderas par la foi, tu me tiendras dans l’humilité, tu m’aideras à accomplir ta volonté.»

Revenons à la joie et la reconnaissance d’Israël.

Pour en compléter le tableau, voyez encore toutes les femmes sortir de leurs tentes et se rassembler, avec ordre et solennité, sous la conduite de Marie, la sœur d’Aaron (ainsi désignée, probablement, parce qu’elle avait demeuré avec lui pendant la longue absence de Moïse); Marie, qui devait avoir alors atteint l’âge de quatre-vingt-douze ou quatre-vingt-quinze ans, puisqu’elle en avait bien douze ou quinze quand elle sauva Moïse quatre-vingts ans auparavant; Marie, qui, à ce qu’il paraît, avait un ministère important comme prophétesse, et plus important qu’il n’est ici raconté, car dans le livre du prophète Michée nous entendons l’Éternel dire: «Mon peuple, que t’ai-je fait? En quoi t’ai-je fait de la peine? Réponds-moi; car je t’ai fait remonter hors du pays d’Égypte... et j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Marie (Michée, VI, 4.)

Les femmes, donc, sous la conduite de cette prophétesse vénérée, se joignirent au chant de tout leur peuple, accompagnant leurs voix de tambourins et de flûtes et se répondant par de saintes antiphonies, c’est-à-dire, comme je vous l’ai déjà expliqué au sujet des Psaumes, par des chants où des voix diverses se succèdent et s’entre-répondent.

Dieu, mes enfants, a créé l’homme de telle manière que, dans tous les pays et dans tous les temps, son âme est fortement ébranlée par le langage de la poésie comme par les accords de la musique, et cette émotion est un puissant moyen de ranimer chez lui, de prolonger et de rendre plus vives et plus profondes les impressions dont son cœur est pénétré.

Tout le monde n’a pas la faculté de chanter. Moi, par exemple, j’en suis privé, et je l’ai beaucoup regretté, surtout pendant que j’étais pasteur. Il faut que ceux qui ont reçu ce don l’emploient pour le service de Dieu. L’Écriture fait souvent mention des chants sacrés. Paul et Silas chantaient dans la prison quand leurs pieds étaient dans des ceps et leur dos meurtris de coups (Actes, XVI, 25.). Notre Seigneur lui-même chanta avec ses disciples au moment où il allait souffrir en Gethsemané (Marc, XIV, 26.).

Et Dieu ne nous a pas seulement enrichis de cette faculté ici-bas: il nous la conservera dans les cieux; il appelle les élus à chanter un jour autour de son trône; il leur donnera avec des robes blanches, avec des palmes et des couronnes, des harpes d’or pour accompagner les cantiques du ciel (Apoc., V, 8; VII, 9; XV, 2.).

C’est aussi l’occupation et la joie des anges et des séraphins qui se prosternent et qui l’adorent à cette heure dans le royaume de la lumière. Il faut donc l’employer, ce noble don, à chanter ses louanges et à ne chanter que ses louanges; il faut s’exercer à le bien faire; il faut «louer à jamais les bontés de l’Éternel (Ps. LXXXIX, 2.)

L’apôtre Paul ne nous en a pas donné seulement l’exemple; il nous a exhortés à plusieurs reprises à chercher dans cet exercice notre force et notre consolation. Lisez-moi Col., III, 16, et Ephés.,V, 19.

Malheur, trois fois malheur au jeune garçon, à la jeune fille, à l’homme fait ou à la femme qui emploierait ce beau don de Dieu

à chanter les choses du monde au lieu de celles de Dieu,

à caresser les mauvaises passions de l’homme au lieu de réveiller dans son cœur de saintes pensées,

à s’exciter soi-même ou à exciter les autres au mal,

à la mondanité, à la haine, à l’ivrognerie, à l’impureté, au lieu de s’exciter au bien, à l’amour de Dieu, à la reconnaissance, à la bonté, à la patience, à la sainteté;

à chanter le vice et les idoles du vice, au lieu de chanter la piété et le Dieu de la piété;

à se mettre, pour ainsi dire, en communion avec les méchants, avec le diable et les réprouvés, plutôt qu’avec les saints, les bienheureux et les anges de Dieu!

Nous avons vu la délivrance d’Israël; nous avons entendu ses chants; suivons-le maintenant dans le voyage du désert qui commence.

Voyons comment Dieu l’y conduira et comment il y marchera.

Ce n’est pas tout d’avoir traversé la mer Rouge, d’avoir passé sous la nuée: il s’agit de cheminer, d’obéir.

Ce n’est pas tout de faire partie du peuple chrétien, d’avoir été baptisé, d’avoir entendu la bonne nouvelle de la rédemption par Jésus-Christ; il faut avoir reçu cette bonne nouvelle dans son cœur, et, pour preuve qu’on l’a reçue, il faut «MARCHER DANS LA VOIE DES COMMANDEMENTS DE DIEU (Ps. CXIX, 35.);» il faut s’avancer d’un pas ferme vers la Canaan promise.

Nous en sommes donc au verset 22.

Il paraîtrait que ce ne fut pas sans quelques difficultés que Moïse décida le peuple à quitter les lieux où il venait d’éprouver de si grandes joies, pour s’enfoncer dans le désert. Charmés de leur délivrance, de leur victoire, de leur sécurité, de leur repos, les Israélites trouvaient dur de commencer ce rude voyage pour aller affronter des peuples guerriers, et chercher des ennemis plus terribles encore que ceux de l’Égypte. «D’ailleurs,» devaient penser quelques-uns, «ce Pharaon si méchant et si redoutable est mort et toute son armée avec lui; qui donc nous empêcherait maintenant de rentrer dans nos maisons, dans nos jardins, dans nos vergers, où nous avons vécu pendant des siècles? Nous serions bien accueillis par les habitants; pourquoi ne pas retourner en arrière?»

Ah! de même, mes enfants, il est doux de se dire: «J’ai un Rédempteur, je crois en Jésus-Christ, je suis sauvé, j’ai la vie éternelle!»

Mais ensuite il est dur de marcher, dur de se fatiguer, dur de souffrir, dur de combattre. Et cependant, quand on parle de foi et de reconnaissance:

ne faut-il pas montrer cette foi et cette reconnaissance en suivant le Sauveur, en affrontant courageusement toutes les difficultés qu’il peut vouloir mettre sur notre chemin?

Les Israélites partirent donc des rivages de la mer Rouge et ils marchèrent pendant trois jours dans le désert de Sur.

Depuis quelques, années beaucoup de chrétiens se sont fait une joie sérieuse et sainte d’aller visiter ces contrées, la Bible à la main, et plusieurs d’entre eux nous en ont donné des détails intéressants.

Un de mes amis m’a dit, entre autres, qu’en suivant le récit de Moïse il n’est pas difficile de retrouver la route des Israélites jusqu’à la montagne de Sinaï. Le désert de Sur, et en général toute la presqu’île au nord du Sinaï, est un pays sans eau, sans arbres et même sans sable. On y marche constamment sur des fragments aigus d’une roche noire ou de cette espèce de cailloux dont nous faisons la pierre à fusil. Les Israélites en avaient probablement les pieds déchirés.

Vous pouvez vous figurer les souffrances de ces cent milliers d’hommes, de femmes et de pauvres enfants, qui n’avaient quitté leurs maisons que depuis une vingtaine de jours, et qui se voyaient obligés de marcher à travers ce pays désert sans bien savoir où ils allaient. Ils ne pouvaient, en effet, le savoir que par la foi, et leur foi, si faible encore, se trouvait singulièrement éprouvée par les peines de la route sous le soleil brûlant de cette contrée.

Ils avaient sans doute, selon l’usage des voyageurs, pris dans des outres une provision d’eau pour eux et leurs troupeaux; mais depuis trois jours elle était épuisée. Il faut savoir ce que c’est que d’être sans ombrage et sans eau dans ces régions; il faut connaître les tourments de la soif pour mesurer la grandeur de l’épreuve à laquelle Dieu soumettait alors son peuple.

Je vous ai déjà raconté avec quelle impression profonde, je dirai presque avec quelle émotion, j’ai entendu mon ami, le cher missionnaire Gobât, me dire ce qu’il avait souffert sur la mer Rouge, lorsqu’il se rendait en Abyssinie. L’eau dont ses bateliers arabes avaient rempli leurs barriques à Elim, auprès des douze fontaines de Moïse, s’était corrompue; vous vous rappelez que sa soif devint, au bout de quelques jours, si intense, qu’il chercha à l’apaiser même avec cette eau fétide, et qu’on ne parvint à l’amener vivant jusqu’au port le plus prochain, qu’en jetant constamment de l’eau de mer sur son corps.

Les Israélites gémissaient donc, mais ils ne murmuraient point encore; ils désiraient de l’eau avec ardeur et la demandaient sans doute à Dieu.

Enfin ils arrivent à Mara; ils voient de l’eau; ils s’y précipitent; mais elle est amère: ils ne la peuvent point boire; elle embrase leur soif, elle accroît leurs souffrances au lieu de les soulager!


Ah! mes enfants, voilà ce que sont souvent pour nous les consolations de cette terre; nous les désirons avec ardeur, et quand nous les avons obtenues, elles sont amères! Les circonstances que nous avions le plus souhaitées deviennent de nouvelles douleurs, et CELA POUR NOUS ENSEIGNER À N’ATTENDRE QUE DE DIEU NOS VRAIES JOIES, pour nous déprendre du désert de ce monde et nous faire désirer la vie éternelle.

Un homme est pauvre; il gagne péniblement son pain; il ne pourvoit que difficilement à l’entretien de sa famille. «Ah!» se dit-il, «si j’étais comme tant de gens autour de moi à qui rien ne manque, qui sont si heureux en ce monde!» Cet homme devient riche, mais il est en butte à des soucis, à des tourments, à des fatigues, à des procès; il lui survient des ennemis, des envieux; ses enfants succombent à des tentations. Ah! voilà des amertumes! Il était dans le désert de Sur, maintenant il est aux eaux de Mara!

Une femme désire avec ardeur avoir des enfants. Elle le désire longtemps. Enfin, Dieu lui donne un fils. Hélas! ce fils devient pour elle une source de souffrance constante: il a une mauvaise santé ou un mauvais caractère; l’enfant est malade, ou l’enfant est méchant. Elle était à Sur, la voici à Mara!

Une autre personne se trouve seule, isolée; elle désire un protecteur, un ami: elle se marie. Son mari a un mauvais caractère ou une mauvaise conduite; il la rend la plus malheureuse des femmes. Elle était au désert, la voilà à Mara!

Un enfant désire une fête, un plaisir, certaines jouissances; il les obtient, et puis il lui survient des humiliations, des chagrins.

Dieu agit ainsi pour que nous ne devenions pas idolâtres, pour que nous n’adorions pas la terre, pour que les ardeurs du désert de ce monde, les besoins de la vie, les privations et les souffrances du voyage, nous apprennent à crier à lui;

pour que nous regardions à ses promesses

et que nous soyons exercés à la confiance et à la prière.

Il veut que nous nous rappelions que ce monde est un désert, que Dieu est notre protecteur, que le ciel est notre repos, et que, parce que nous sommes des pécheurs, toutes les consolations d’ici-bas sont mêlées de quelque amertume.

Ce n’est pas là ce que fit ce pauvre peuple d’Israël.

Il murmura, mais d’abord contre Moïse seulement. Nous aussi nous n’osons guère nous plaindre de Dieu lui-même, mais nous nous plaignons des hommes et des choses, ce qui revient presque au même.

Ah! qu’il vaut mieux faire ce que fit Moïse: crier à Dieu!

L’Éternel lui répondit par un miracle. Il lui enseigna un certain bois qu’il jeta dans les eaux, et elles devinrent douces.

Chers enfants, la croix de Christ adoucit les eaux amères de l’affliction, et nous rend capables de nous réjouir, même dans la douleur. Quand un chrétien contemple cette croix, quand il voit par où son Sauveur a passé pour lui acquérir l’héritage de la vie éternelle, alors il trouve, même au milieu des fatigues de son voyage, des eaux douces et rafraîchissantes, c’est-à-dire ces consolations ineffables que Jésus seul peut donner.



 

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