Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE ET UNIÈME LEÇON

EXODE, XV, 4-11


15:1 Alors Moïse et les enfants d’Israël chantèrent ce cantique à l’Éternel. Ils dirent: Je chanterai à l’Éternel, car il a fait éclater sa gloire; Il a précipité dans la mer le cheval et son cavalier.

2 L’Éternel est ma force et le sujet de mes louanges; C’est lui qui m’a sauvé. Il est mon Dieu: je le célèbrerai; Il est le Dieu de mon père: je l’exalterai.

3 L’Éternel est un vaillant guerrier; L’Éternel est son nom.

4 Il a lancé dans la mer les chars de Pharaon et son armée; Ses combattants d’élite ont été engloutis dans la mer Rouge.

5 Les flots les ont couverts: Ils sont descendus au fond des eaux, comme une pierre.

6 Ta droite, ô Éternel! a signalé sa force; Ta droite, ô Éternel! a écrasé l’ennemi.

7 Par la grandeur de ta majesté Tu renverses tes adversaires; Tu déchaînes ta colère: Elle les consume comme du chaume.

8 Au souffle de tes narines, les eaux se sont amoncelées, Les courants se sont dressés comme une muraille, Les flots se sont durcis au milieu de la mer.

9 L’ennemi disait: Je poursuivrai, j’atteindrai, Je partagerai le butin; Ma vengeance sera assouvie, Je tirerai l’épée, ma main les détruira.

10 Tu as soufflé de ton haleine: La mer les a couverts; Ils se sont enfoncés comme du plomb, Dans la profondeur des eaux.

11 Qui est comme toi parmi les dieux, ô Éternel? Qui est comme toi magnifique en sainteté, Digne de louanges, Opérant des prodiges?


* * *


Quelle douce instruction renferme ce chapitre, mes enfants, et quel contraste il présente avec les scènes qui précèdent!

Nous avons vu dimanche tout ce qu’il y a de plus terrible; nous allons voir aujourd’hui tout ce qu’il y a de plus beau et de plus touchant.

Dimanche c’était un spectacle grand et sublime sans doute, mais un spectacle de terreur et de mort; c’était une scène de nuit, et quelle nuit!

Un peuple immense qui fuyait devant la mort avec l’épouvante dans le coeur; une armée qui le poursuivait pour le détruire, une colonne de nuée et de feu, une effroyable tempête, une mer qui s’entr’ouvrait, des montagnes d’eau qui s’élevaient à droite et à gauche; un peuple entier qui descendait dans les abîmes; un autre peuple qui l’y poursuivait l’épée à la main; et enfin la terrible mer qui retombait avec violence et enfonçait toute cette «armée comme du plomb dans ses eaux magnifiques;» voilà ce que notre dernière leçon nous a fait contempler.

Aujourd’hui c’est une scène du matin, et quel matin! Les vents ont cessé; le soleil se lève resplendissant sur les montagnes d’Arabie et se réfléchit sur cette mer où vient de s’accomplir le plus étonnant miracle.

Voyez ce grand peuple sorti de l’Égypte et des gouffres de la mer; il n’en manque pas un seul homme, pas un seul enfant; ils se sont tenus tranquilles, mais l'Éternel a combattu pour eux.

Voyez-les répandus au bord de cette mer: ils ont le soleil devant eux, et derrière eux ces eaux encore agitées qui roulent au loin d’innombrables débris, et qui apportent jusque sur la rive les cadavres livides de leurs fiers ennemis, des malheureux guerriers de l’Égypte.

Les voilà libres; leur esclavage a fini, leurs périls sont passés, leur délivrance est accomplie, leurs persécuteurs ne sont plus.

Pharaon lui-même, le terrible Pharaon et son cheval sont descendus au fond des eaux comme une pierre. Ce malheureux, après avoir longtemps bravé Dieu dans ses palais et sur son trône, est maintenant couché dans le fond de l’abîme; les poissons vont le dévorer dans sa cuirasse d’or.

Oh! quel matin pour tout le peuple d’Israël, pour ces milliers d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants sauvés d’un si grand péril!

Mais que vont-ils faire?

Ah! sans doute, pénétrés des bontés de Dieu, ils pleurent de reconnaissance et de joie, ils se jettent à genoux, ils détestent leurs murmures de la veille et leurs défiances coupables; ils s’écrient que «l’Éternel est bon, et que sa bonté dure à toujours!»

Mais comment exprimeront-ils les uns aux autres, au milieu de cette foule immense, les émotions dont tous les cœurs sont pénétrés?

Moïse, inspiré par l’Esprit de Dieu, compose aussitôt un cantique; il le donne au peuple de la part de l’Éternel, et on le répète de rang en rang et de tribu en tribu.

Plus tard on le copiera dans toutes les familles; on le fera apprendre par cœur aux petits enfants; ils le réciteront comme vous venez de le faire ce matin; seulement ce sera en hébreu. Eux-mêmes le transmettront à leurs enfants, et ainsi, d’âge en âge, de siècle en siècle, il sera un monument de cette délivrance qui ne doit jamais être oubliée.

Mais voici qu’au matin de ce grand jour, sous la belle voûte des cieux, sur le rivage de cette mer rendue à jamais fameuse, le peuple d’Israël, rangé respectueusement sur le sable, entonne pour la première fois le cantique de Moïse.

Figurez-vous cette scène, chers enfants. N’y en eut-il jamais, dans aucune histoire, de plus grande et de plus imposante?

Représentez-vous ces chants d’adoration et de reconnaissance. Et puisqu’il y avait des chœurs de femmes sous la conduite de la vénérable Marie, on y entendait sans doute aussi la voix émue des chers enfants, de tous ces jeunes garçons, de toutes ces petites filles qui vendent d’échapper à l'ange destructeur et à la mer, et qui avaient vu les miracles du Tout-Puissant.

Si dans nos chants, dans notre beau cantique de Noël, par exemple (Allusion au cantique composé par M. Bost sur les paroles de Luc, II, 10-14.), la voix des enfants qui célèbrent avec nous les délivrances et les miséricordes de l’Éternel nous édifie et nous attendrit, jugez de ce que nous aurions éprouvé en ce grand jour sur les bords de la mer Rouge.

Quand nos pères furent délivrés lors de l’escalade (Attaque des Savoyards contre Genève en 1602.), Théodore de Bèze, qui était très vieux et très sourd, n’entendit rien pendant la nuit, quoique les armes et les cloches eussent fait grand bruit. Au matin il apprit ce qui s’était passé; il se rendit sur les remparts, étendit ses mains et s’écria: «Allons à Saint-Pierre (Nom du temple principal de Genève) remercier Dieu!»

Tout le peuple y courut et entonna le psaume CXXIV; plus tard on a composé un cantique tout exprès, qui se chante encore aujourd’hui, comme vous le savez.

Celui de Moïse n’a jamais été surpassé pour la beauté poétique des images et des expressions; il est, en outre, pénétré d’une sainteté et d’une adoration qui le rendent incomparable. Examinons tous les sujets de gratitude qui y sont exposés:

1. Les Israélites ont été délivrés d’un danger effroyable. L’ennemi disait: Je poursuivrai, l'atteindrai, je tuerai; mon épée, ma main les détruira.

2. Ils ont été délivrés d’un danger inévitable.

Personne au monde ne pouvait les sauver, si ce n’est Dieu. Devant eux était la mer, derrière eux Pharaon et son armée.

3. Ils ont été délivrés d’un danger universel.

Ce n’était pas la vie de mille, de dix mille d’entre eux qui était menacée; c’étaient tous, c’étaient les grands et les petits qui allaient être égorgés.

4. Ils ont été délivrés par les miracles les plus éclatants:

le vent d’Orient, la colonne de lumière, la mer changée comme en deux murailles de glace.

5. Ils ont été délivrés malgré leurs péchés. Oh! quelle gratuité de Dieu!

Ils l’avaient méprisé;

ils avaient dédaigné ses paroles,

ils avaient murmuré;

ils s’étaient plaints, la veille encore, de ce qu’on les avait tirés d’Égypte; c’est donc, pour ainsi dire, malgré eux que Dieu les a sauvés.

6. Ils ont été délivrés tous ensemble: il n’en manquait aucun; personne n’avait péri; pas même le plus petit enfant.

Aucun deuil ne venait troubler leur triomphe, comme il arrive trop souvent ici-bas aux nations qui célèbrent une victoire.

7. Ils ont été sauvés par la seule puissance de Dieu.

Ce n’était pas leur œuvre, c’était uniquement celle du Seigneur, qui leur avait dit: Vous demeurerez tranquilles et vous verrez la délivrance de l’Éternel; l’Éternel combattra pour vous. Eux, ils n’avaient fait, hélas! que se plaindre, que murmurer, que fuir...

8. Enfin leur délivrance était accompagnée de promesses pour l’avenir.

Dieu les avait retirés de l’Égypte; mais c’était pour les conduire en Canaan.

C’est le sens de ces mots touchants du cantique de Moïse: Il est le Dieu de mon père.

Cette délivrance était un gage de toutes les autres. Oui, les enfants d’Israël iront à la terre promise puisqu’ils ont traversé la mer à sec. C’est ce qu’ils disent encore dans notre dernier verset:

Tu conduiras par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté;

tu le conduiras par ta force à la demeure de ta sainteté.

Je vous le disais, mes enfants, jamais scène plus touchante, plus sublime n’eut lieu sur la terre; mais il y en aura d’autres bien plus grandes, bien plus sublimes, bien plus éclatantes...

Ah! figurez-vous ce que sera le grand jour du retour de Christ, de la délivrance des enfants de Dieu quand ils seront rassemblés au bord de l’océan de l’éternité;

quand ils seront revenus de la «grande tribulation

quand ils verront «la mort et Satan jetés dans l’étang de feu;»

quand ils auront de longues robes blanches et porteront des harpes à la main;

quand ils chanteront à leur tour «le cantique de Moïse et de l’Agneau;»

quand «la mort ne sera plus (Apoc., VII, 14, 9; XX, 14; XV, 3.), et qu’une joie éternelle sera sur leurs têtes (Ésaïe, XXXV, 10.)

Mais, chers amis, dès ici-bas, dès à présent les vrais croyants doivent imiter le peuple d’Israël au bord de la mer Rouge; dès à présent nous devons dire comme eux: L’Éternel est ma force et ma louange, et il a été mon Sauveur; je lui dresserai un tabernacle, je l'exalterai!

Toute cette délivrance d’Israël est merveilleuse; mais c’est peu de chose auprès de celle par laquelle nous espérons avoir part à la vie éternelle! Ah! plus nous y penserons, mes enfants, plus ce cantique nous touchera, en nous faisant songer à notre propre délivrance.

Et, chose remarquable, SI NOUS SOMMES DES CROYANTS, SI JÉSUS EST NOTRE SAUVEUR, nous avons les mêmes huit raisons qu’avaient les Israélites pour chanter un hymne de louanges.

1. Comme eux, nous avons été délivrés d’un danger effroyable. C’était la mort, non du corps (celle-là n’est rien en comparaison, Jésus l’a dit (Matth., X, 28.),

mais la mort de l’âme, c’est-à-dire la condamnation, l’éloignement de Dieu, une éternité passée tout entière dans «les ténèbres du dehors, dans le lieu où il y a des pleurs et des grincements de dents,» dans «le feu qui doit dévorer les adversaires (Héb., X, 27.)

2. Comme les Israélites, nous avons été délivrés d’un danger inévitable.

«Il n’y a point de salut par aucun autre» que Jésus;

«il n’y a point sous le ciel d’autre nom qui soit donné aux hommes par lequel il nous faille être sauvés (Actes, IV, 12.)

Lui seul a pu nous faire échapper à la ruine épouvantable qui allait fondre sur nous.

3. Nous avons été délivrés d’un danger universel. En effet, tous nous sommes sous la condamnation.

Il n’y a «nulle différence, vu que TOUS ont péché et qu’ils sont entièrement privés de la gloire de Dieu (Rom., III, 22.)

4. Nous avons été sauvés par les prodiges les plus éclatants. «

Voyez quel amour le Père nous a témoigné, que nous soyons appelés ses enfants (1 Jean, III, 1.)!» s’écrie l’apôtre saint Jean; ce sont des choses si belles et si merveilleuses que les «anges désirent de les voir jusqu’au fond (1 Pier.,I,12.)

5. Nous avons été délivrés malgré nos péchés.

«Quand nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous (Rom., V, 8.)

6. Comme Israël, nous avons été délivrés tous ensemble. En effet, il ne manquera pas un seul des élus.

Le plus petit enfant, le plus méconnu, le plus oublié des hommes, S’IL A MIS SON ESPÉRANCE DANS LE SEIGNEUR ne périra pas; les anges viendront le prendre pour l’emporter comme Lazare dans le sein d’Abraham (Luc, XVI, 22.).

7. Dieu nous a délivrés sans nous, car nous en étions incapables.

«J’ai été seul à fouler au pressoir,» dit le Sauveur par la bouche d’Ésaïe (Ésaïe, LXIII, 3.).

«Lorsque nous étions encore privés de toute force, Christ est mort pour nous,» dit saint Paul (Rom., V, 6.).

Il a obéi pour nous; il a porté nos péchés, il a accompli toute l’œuvre de notre rédemption.

8. Enfin, notre délivrance a été accompagnée comme celle des Israélites, de glorieuses promesses.

Il nous conduira par son conseil, puis il nous recevra dans sa gloire (Ps. LXXIII, 24.);

il sera «notre force, parce qu’il a été notre Sauveur. (Ésaïe, XII, 2.)» «Celui qui nous a donné son Fils nous donnera toutes choses avec lui (Rom., VIII, 31.).» Ô Éternel! tu conduiras par ta miséricorde ce peuple que tu as racheté.

SI QUELQU’UN EST EN CHRIST, Christ sera son gardien, son berger, son conducteur, son consolateur, son tout; ses prières seront entendues, ses peines seront soulagées, et le jour viendra où toutes «ses larmes seront essuyées (Apoc., VII, 11.)

N’est-il donc pas vrai, mes enfants, que nous avons autant de raisons que les Israélites et des raisons infiniment plus grandes pour répéter le cantique de Moïse?

Oh! chantons, oui, chantons de cœur les louanges de notre Dieu ici-bas; disons comme Israël: Je lui dresserai un tabernacle; c’est le Dieu de mon père: je l’exalterai!

Ainsi, nous serons en état de continuer avec courage et avec amour notre chemin à travers le désert, et ensuite nous serons de ceux qui chanteront des hymnes éternelles dans la Canaan des cieux.

Et ne croyez pas qu’en tirant ces leçons de ce cantique, je vous donne une explication arbitraire. Non: DIEU LUI-MÊME NOUS A ENSEIGNÉ que cette belle scène et ce chant de délivrance sont destinés à représenter notre rédemption par Jésus-Christ.

Dans les visions de l’avenir que Dieu a données à l’apôtre Jean et que celui-ci nous a racontées dans le livre de l’Apocalypse, les rachetés sont représentés comme se tenant debout au bord d’une mer de verre (pour exprimer qu’elle ne sera plus agitée par aucune tempête).

Dans leurs mains, ils ont une harpe d’or, et ils chantent le cantique de Moïse et de l’Agneau, disant:

«Que tes œuvres sont grandes et merveilleuses,

ô Seigneur Dieu tout-puissant!

Tes voies sont justes et véritables, ô Roi des saints

(Apoc., XV, 3.)



 

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