Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGT-HUITIÈME LEÇON

EXODE, XIII, 19-22; XIV, 1-8


19 Moïse prit avec lui les os de Joseph; car Joseph avait fait jurer les fils d’Israël, en disant: Dieu vous visitera, et vous ferez remonter avec vous mes os loin d’ici.

20 Ils partirent de Succoth, et ils campèrent à Etham, à l’extrémité du désert.

21 L’Éternel allait devant eux, le jour dans une colonne de nuée pour les guider dans leur chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils marchassent jour et nuit.

22 La colonne de nuée ne se retirait point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit.


14:1 L’Éternel parla à Moïse, et dit:

2 Parle aux enfants d’Israël; qu’ils se détournent, et qu’ils campent devant Pi-Hahiroth, entre Migdol et la mer, vis-à-vis de Baal-Tsephon; c’est en face de ce lieu que vous camperez, près de la mer.

3 Pharaon dira des enfants d’Israël: Ils sont égarés dans le pays; le désert les enferme.

4 J’endurcirai le coeur de Pharaon, et il les poursuivra; mais Pharaon et toute son armée serviront à faire éclater ma gloire, et les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel. Et les enfants d’Israël firent ainsi.

5 On annonça au roi d’Égypte que le peuple avait pris la fuite. Alors le coeur de Pharaon et celui de ses serviteurs furent changés à l’égard du peuple. Ils dirent: Qu’avons-nous fait, en laissant aller Israël, dont nous n’aurons plus les services?

6 Et Pharaon attela son char, et il prit son peuple avec lui.

7 Il prit six cents chars d’élite, et tous les chars de l’Égypte; il y avait sur tous des combattants.

8 L’Éternel endurcit le coeur de Pharaon, roi d’Égypte, et Pharaon poursuivit les enfants d’Israël. Les enfants d’Israël étaient sortis la main levée.


* * *

Chers enfants, j’espère que vous serez très attentifs à notre leçon de ce jour; plus j’avance dans l’explication de cette étonnante délivrance des Israélites hors d’Égypte, plus il me semble que ce sujet devrait nous remplir tous d’admiration et de foi.

L’ancienneté de ces faits n’en diminue point l’intérêt et la solennité, comme cela peut arriver pour les autres histoires.

Non! celle-ci est à cet égard l’inverse de toutes les autres, et il n’y en a point de pareilles.

Il ne s’agit pas, en effet, d’un peuple ancien, d’une nation morte, comme les Babyloniens, les Perses, les Romains, les Grecs, les Carthaginois, dont on vous parle dans vos collèges.

Non: c’est un peuple vivant, aussi vivant que le peuple suisse. Ce n’est pas non plus un peuple lointain, comme ces Babyloniens ou ces Grecs, dont vous n’avez peut-être jamais vu un seul représentant; non: il s’agit d’un peuple qui est ici, qui est partout. Vous le trouverez à Carouge (petit bourg voisin de Genève où était alors la synagogue) et il est sur toute la terre.

Il ne s’agit pas non plus d’un peuple inconnu; c’est, au contraire, le seul au monde dont on sache l’origine avec certitude; ce n’est pas seulement un peuple, c’est une famille, une seule famille dont nous pouvons dire la généalogie de fils en père, de Moïse jusqu’à Noé, et de Noé jusqu’à Adam.

Et enfin, remarquez bien que, si les miracles faits alors pour ce peuple sont admirables, ils se continuent de nos jours sous une autre forme, mais non moins étonnants.

Si la conservation de ce peuple en Égypte et sa délivrance sous la conduite du vieux et vénérable berger de Madian sont un miracle, n’est-il pas tout aussi merveilleux que Dieu l’ait conservé mille cinq cents années depuis ce temps-là jusqu’à Jésus-Christ, et mille huit cents autres années depuis Jésus-Christ jusqu’à nous? — et cela, au travers de tant de révolutions, et lorsque tant de nations qui ont voulu le détruire sont elles-mêmes détruites.

Ce peuple qui sortait d’Égypte quinze cents ans avant Jésus-Christ , subsistait encore quand Jésus-Christ est venu, il y a dix-huit cents ans, et il subsiste de même maintenant. On l’a trouvé au fond de l'Afrique, là où jamais Européen n’avait pénétré. Au centre de la Chine, en Amérique, partout, il existe des Juifs, toujours séparés des autres peuples, toujours méprisés, toujours persécutés, toujours riches, toujours dépouillés, ayant toujours la Bible dans leurs mains, la portant partout avec eux et ne la comprenant pas.

DEPUIS DIX-HUIT SIÈCLES ON CHERCHE À LES DÉTRUIRE, et on n’y a jamais réussi: ils sont gardés pour leur rétablissement à venir (Enseignement donné 1866), et, à l’heure qu’il est, s’ils retournaient dans leur pays comme leurs pères, ils formeraient, en marchant cinq de front, une colonne de 50 lieues de longueur; en sorte que, quand les premiers rangs seraient à Bâle, les derniers seraient encore à Genève; ou plutôt, quand l’arrière-garde serait à Bâle, l’avant-garde serait à Genève.

Ah! soyons attentifs à ces leçons de notre Dieu; car si nous fermions les yeux à ces miracles et à ces témoignages du Seigneur, il faudrait que notre cœur fut aussi dur que celui du malheureux Pharaon.

Nous avons quatre objets principaux à considérer aujourd’hui:

1. Moïse prenant avec lui les ossements du patriarche Joseph.

2. Dieu marchant avec son peuple dans une colonne de lumière.

3. Ce peuple placé par l’Éternel dans une position pleine d’effroi et de dangers.

4. Enfin la folie du malheureux Pharaon, qui, étonné, confus, irrité en voyant la promptitude et la résolution des Israélites, entreprend de les poursuivre et prétend écraser ceux que Dieu a si visiblement protégés.

Vous vous rappelez la description que nous fîmes dimanche du départ des enfants d’Israël. Moïse avait tout préparé pour qu’on ne perdît pas une heure; dès que Pharaon s’écria: «Partez, partez et bénissez-moi!» ils se mirent en route.

Il avait été prince et il s’entendait peut-être aux arrangements et à l’ordre d’une armée; il fit marcher son peuple par divisions, tribu par tribu, chacune sous sa bannière, à la clarté de la pleine lune, de Succoth jusqu’à Etham, qui est la frontière du désert.

Et qui avaient-ils à leur tête?

D’abord ce vénérable Moïse, ce cher vieillard! Il y a un an qu’il gardait les vaches et les chèvres de Madian; aujourd’hui le voilà berger d’Israël, conduisant plusieurs millions d’hommes.

Mais il n’était pas le seul en tête de ce grand peuple.

À côté de lui s’avançait un autre personnage qui n’était plus en état de marcher, mais qui, en son temps, avait été un plus grand prince encore que Moïse; un prince qu’on avait presque adoré, qui avait porté en public le collier du roi, qui allait dans les rues précédé de courriers criant: «Qu’on s’agenouille! qu’on s’agenouille!» — Et maintenant ce grand personnage sortait d’Égypte avec son peuple, mais enfermé dans une caisse, porté dans un cercueil: c’était l’aimable, le bon, le saint homme Joseph; ce généreux caractère, si bon frère, si bon fils, si sage, si pieux, si pur, si grand, si glorieux. S’il eût continué de vivre, il aurait eu, à l’époque de la sortie d’Égypte, trois cent sept ans; car il était mort cent quatre-vingt-dix-sept ans auparavant, à l’âge de cent dix ans.

On avait embaumé son corps; on avait rempli son crâne et ses viscères d’asphalte, de sel, de soude et d’aromates; on l’avait enveloppé de bandes et on l’avait enfermé dans un cercueil de sycomore verni, comme on l’avait fait pour cette femme qui vivait, à ce qu’on croit, dans un temps presque aussi reculé que celui de Joseph, et dont le corps, ou la momie, a été envoyé d’Égypte à notre musée. Les Israélites l’emportaient donc avec eux, et nous lisons, au livre de Josué (XXIV, 32), que, quarante ans après, leurs enfants le remirent à la tribu d’Ephraïm pour qu’il fut enseveli dans la caverne de Sichem.

Mais pourquoi Moïse emportait-il ces ossements?

La réponse à cette question se trouve au premier verset de notre leçon: c’est parce que Joseph avait fait expressément jurer les enfants d’Israël, disant: Dieu vous visitera très certainement; vous transporterez alors mes os d’ici. — Lisez-moi le récit de la mort du patriarche. (Un enfant lit Gen., L, 22-26.)

Eh bien! chers enfants, c’était ce cercueil, c’était ce corps embaumé que les Israélites emportaient et qui voyagea avec eux quarante ans dans le désert, de station en station, jusqu’à ce qu’on fut entré dans le pays de Canaan, et encore vingt-quatre années, jusqu’à ce qu’on eût fini toutes les guerres; ce fut seulement à la mort du saint homme Josué (Josué, XXIV, 32.), c’est-à-dire soixante-quatre ans après le départ d’Égypte, qu’on inhuma les os de Joseph à Sichem, en un endroit du champ que Jacob avait acheté des enfants de Hémor.

Vous savez aussi que le vénéré père de Joseph , le vieux patriarche Jacob, quand il vit approcher sa mort en Égypte, fit appeler son cher fils, qui était alors à la cour (Gen., XLVII, 29-31.); Joseph accourut, se jeta sur le visage de son père et pleura beaucoup; mais le vieillard lui dit: «Je te prie, si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, jure-moi que tu useras de gratuité envers moi.»

Et que lui voulait-il demander? «Je te prie qu’on ne m’enterre pas en Égypte, mais que je dorme avec mes pères. Tu me transporteras donc d’Égypte et m’enterreras dans leur sépulcre. — Et Joseph répondit: Je ferai selon ta parole.»

Aussi Joseph, quand son bon père eut été recueilli vers ses peuples, après s’être jeté sur son visage et avoir pleuré sur lui et l’avoir baisé, commanda à ceux de ses serviteurs qui étaient médecins d’embaumer son corps. Ils y avaient employé quarante jours, et ensuite, avec la permission du roi, Joseph avait conduit le corps de son père, avec une grande armée, des chariots de guerre et de la cavalerie, au pays de Canaan, et l’avait déposé dans la caverne de Macpéla (Gen., XLIX, 29-30. ; L, 1-13.).

Et maintenant c’est Joseph lui-même qu’on emporte, à son tour, au même pays, pour le placer dans la caverne de Sichem. Voilà donc pourquoi Moïse avait pris avec lui ses ossements.

Mais une autre question bien plus, intéressante encore se présente: Pourquoi Joseph avait-il si instamment demandé qu’on transportât son corps, et pourquoi son vénérable père avait-il déjà fait une demande semblable avec tant de solennité?

Pour vous répondre en peu de mots, je vous citerai deux passages du Nouveau Testament:

«Ce fut par la foi que Jacob mourant bénit tous ses fils et adora, appuyé sur le haut de son bâton. Ce fut par la foi que Joseph, en mourant, fit mention de la sortie d’Israël et donna un ordre touchant ses os...»

«Tous ces hommes sont morts dans la foi sans avoir reçu les choses promises; mais ils les ont vues de loin, crues et saluées, et ils ont fait profession qu’ils étaient étrangers et voyageurs... Et certes, s’ils eussent rappelé dans leur souvenir le pays dont ils étaient sortis, ils avaient du temps pour y retourner; mais ils en désiraient un meilleur, à savoir, le céleste (Héb., IX, 21-22, 13, 15.)...»

Vous le voyez, chers enfants, ces saints hommes, Jacob, Joseph , Abraham , désiraient une patrie; mais quelle patrie?

Était-ce la terre de Canaan?

Oh! non: ils avaient du temps pour y retourner, comme dit l’Apôtre; ils en désiraient une meilleure, la céleste.

Mais, alors, pourquoi tenaient-ils à être enterrés en Canaan?

Ah! ce n’était pas pour que leur poudre fût dans un lieu plutôt que dans un autre: C’ÉTAIT POUR FAIRE PROFESSION DE LEUR FOI devant leurs enfants et leurs petits-enfants; c’était pour que ceux-ci se, rappelassent que Dieu ne manquerait pas de les visiter; c’était pour qu’ils se dissent:

«Souvenons-nous de notre bon père; il a cru aux promesses de Dieu; il est mort en les embrassant, ou plutôt il n’est pas mort. C’est par la foi qu’il a parlé de ses os, et, par cette foi, quoique mort, il parle encore. Ces os, ce cercueil, ce tombeau qui les attend en Canaan nous crient: «Mes enfants, attachez-vous à l’Éternel; souvenez-vous du Dieu de vos pères.»

Aussi le vieux Jacob s’était-il interrompu tout d’un coup, pendant qu’il bénissait ses fils, pour s’écrier: «ÔDieu! j’ai attendu ton salut(Gen., XLIX, 18.)

Quelles douces pensées la vue du cercueil de Joseph ne devait-elle donc pas susciter dans les cœurs des Israélites! «O mon Dieu!» devaient-ils se dire, «tout n’est donc pas fini pour nos pères! Tu es leur Dieu; ils ne sont pas morts; tu les ressusciteras. Ils s’en sont allés en embrassant tes promesses; tu nous les rendras; ils sont vivants devant toi; et aussi vrai que nous allons vers Canaan, aussi vrai tu rassembleras dans ton paradis tous tes enfants dispersés.

O Joseph, notre bon frère! ô Jacob, vénéré patriarche! non, vous n’êtes pas morts, et vos os, que nous portons avec nous par vos ordres, nous attestent que vous avez saisi les promesses de Dieu; et, aussi vrai que nous vous portons dans Canaan, aussi vrai les anges vous ont portés dans le sein d’Abraham!»

Mais les os de Joseph n’attendirent pas moins de deux cents ans en Égypte; les nôtres, mes enfants, peuvent donc bien attendre quelques cents ans ici-bas dans la poussière du tombeau.

Les vôtres, ô notre père! ô notre mère! ô notre ami! attendent déjà depuis de longues années peut-être; mais quand nous irons «au-devant du Seigneur, en l’air,» nous vous emporterons aussi avec nous; «nous serons enlevés tous ensemble dans les nuées, et nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thes., IV, 17.)

Allons donc en avant, comme les Israélites; marchons avec confiance vers la Canaan des cieux; mais emportons avec nous la foi, les espérances de nos pères qui sont morts dans le Seigneur, et souvenons-nous de tous les actes de cette foi.

Surtout, comme Joseph, pensons à ce qui suivra notre propre mort, à ce qui suivra notre résurrection.

Ayons soin de nous assurer que, quand le peuple de Dieu entrera dans la vraie Canaan, nous aussi nous y serons. Pour cela, chers enfants, prenez Dieu pour votre portion, pour votre Sauveur, et alors vous serez bien conduits.

Si, par la foi, nous sommes, comme les Israélites, sauvés par le sang de l’Agneau, le Seigneur nous sera, comme à eux, une colonne de lumière. Oui, faisons de Jésus, de l’Agneau de Dieu, notre délivrance, et alors sa Parole sera notre lumière et sa grâce notre colonne, qui marchera devant nous et nous montrera notre chemin, soit dans la vie, soit dans la mort.

Un autre chef accompagnait aussi les Hébreux: c’était l’Éternel même.

Quelle joie, quand, après deux jours de marche, ils virent paraître de jour une grande colonne de nuée pour leur montrer le chemin, et, quand vint la nuit, une colonne de lumière pour les éclairer et les guider!...

Quelle joie pour ce peuple quand, après que Moïse l’eut conduit pendant deux jours, l’Éternel lui-même rendit sa présence visible au milieu d’eux! Et, certes, ils avaient besoin de ce secours à l’entrée d’un désert où il n’y avait ni routes, ni rivières, ni traces d’aucun genre, rien que des murs de cailloux et de rochers, et des sables brûlants où les voyageurs doivent mourir de soif lorsqu’ils s’y égarent.

Le désert ne fut-il pas pour eux changé, transformé?

Cette colonne les abritait, les éclairait, les conduisait; ce sont les trois choses nécessaires au voyageur, nécessaires aussi au chrétien qui traverse ce monde. Et Dieu les lui a promises, mes enfants!

Oui, il a promis de conduire ainsi, non pas les peuples seulement, mais un enfant, un homme, une femme, un vieillard qui aura cherché son refuge en lui comme en son unique Sauveur, ayant été lavé dans le sang de Jésus-Christ par le moyen de la foi.

Il l’a promis et il le fait par la Bible, par le Saint-Esprit, par les événements de la vie; et toutes les fois qu’un enfant même a une résolution à prendre et qu’il ne sait ce qu’il doit faire, s’il va se mettre à genoux dans sa chambre, s’il demande avec foi la direction de Dieu, elle ne lui manquera pas. «Tu es mon asile,» dit le fidèle à son Dieu. «Je t’enseignerai le chemin dans lequel tu dois marcher,» répond le Seigneur; «je te guiderai de mon œil; je te rendrai avisé (Ps., XXXII, 7-8.)

Mais voici, au chapitre XIVe, un grand sujet d’étonnement. Où Dieu mène-t-il ce peuple?

Au lieu de lui faire prendre le chemin de la Palestine, il le conduit vers la mer, là où il n’y a point de passage! Ils étaient au bord du désert; deux ou trois marches leur suffisaient pour arriver à Horeb... mais les voilà vers Pi-Hahiroth!

Ainsi, mes enfants, Dieu nous place souvent dans des positions difficiles et qui semblent sans espoir. Il conduit ses élus à l’épreuve, à la maladie, au deuil, à la mort; mais il se glorifie dans leur épreuve, dans leur maladie, dans leur deuil, dans leur mort.

Souvent, quand il veut bénir un de ses serviteurs, cet homme devient malade, ou pauvre, ou négligé par ses amis, ou mal vu de ceux qui avaient été jusque-là ses protecteurs. Pourquoi cela?

Ah! c’est pour qu’il comprenne qu’il ne peut rien et se mette à crier à l’Éternel, comme les Israélites.

Avant d’introduire son peuple en Canaan, DIEU VOULUT L’EXERCER À LA CONFIANCE EN LUI, à la défiance de soi-même, à la reconnaissance, au sentiment de son néant; en un mot, DIEU VOULAIT FAIRE SON ÉDUCATION; et, de même, il veut faire celle de ses élus avant de les emmener au ciel.

Voilà un homme dévoré de vives inquiétudes: il n’a plus de repos; il se trouve bien malheureux; mais, le voilà à genoux, le voilà qui pense à ses péchés et à la miséricorde de Dieu, et qui répand son cœur devant lui. Alors vient la délivrance; alors Dieu lui enseigne beaucoup de choses: il apprend à connaître son Rédempteur; Dieu le prépare pour son ciel.

Quand Lazare, son ami, mourut, Jésus dit à ses disciples: «Je me réjouis de ce que je n’y étais pas, afin que vous croyiez (Jean XI, 15.); «et à Pierre, il dit dans une autre occasion: «Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras plus tard (Jean XIII, 7.).» Allons donc avec confiance au-devant de tout ce que le Seigneur nous a préparé!

Notre quatrième objet, enfin, c’est Pharaon, oubliant la mort de son fils aîné, près duquel il était tout à l’heure, oubliant tous ses malheurs précédents, tous les jugements de Dieu, et préparant son armée pour poursuivre Israël.

On comprend sa colère, sa honte, son dépit; on comprend aussi sa surprise à la vue du courage, de la mâle résolution que déploie cette nation d’esclaves. Il entre en fureur, il veut les poursuivre, il pense avoir bon marché de ce peuple sans cavalerie, sans armes peut-être, enfermé par la mer, embarrassé de femmes, d’enfants et de troupeaux, et ignorant l’art de la guerre.

Ainsi, le diable ne laisse jamais une âme sortir en paix de ses domaines; mais, ayons bon courage: Dieu se glorifie même dans ses adversaires, et les événements qui paraissent devoir être la ruine de l’Église en sont souvent le salut.

Il nous est dit, au verset 5, que le cœur de Pharaon et de ses serviteurs fut changé à l’égard du peuple.

Vous vous rappelez qu’au moment du départ, les Israélites avaient été traités avec bienveillance par les Égyptiens, et cela parce que Dieu leur avait fait trouver grâce devant eux. Aujourd’hui ils sont changés.

Ah! mes enfants, il arrive souvent qu’à de certaines époques Dieu trouve convenable de disposer favorablement envers son Église le cœur d’un peuple qui ne le connaît pas; tandis qu’en d’autres temps, il trouve, au contraire, convenable que son Église soit persécutée par ses ennemis.

Le plus grand nombre de nos familles vient de France, où nos pères, étant poursuivis à cause de leur foi, durent tout abandonner pour venir vivre ici selon l’Évangile. Dieu inclina le cœur des magistrats de notre peuple à la justice à l’égard de ceux qui voulaient vivre selon la piété; il les incline encore à se conduire équitablement envers les chrétiens; il faut l’en bénir; mais ce sont là des circonstances qui peuvent changer, et il faut nous rappeler que la paix vient de Dieu.

Il nous la donne ou il nous l’ôte, selon qu’il le trouve convenable.

Ce qu’il nous faut, c’est de nous en remettre à Lui pour toutes choses,

et lui demander des cœurs qui l’adorent dans la reconnaissance.



 

- Table des matières -