Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGT-SIXIÈME LEÇON

EXODE, XII, 29-42


29 Au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison, et jusqu’à tous les premiers-nés des animaux.

30 Pharaon se leva de nuit, lui et tous ses serviteurs, et tous les Égyptiens; et il y eut de grands cris en Égypte, car il n’y avait point de maison où il n’y eût un mort.

31 Dans la nuit même, Pharaon appela Moïse et Aaron, et leur dit: Levez-vous, sortez du milieu de mon peuple, vous et les enfants d’Israël. Allez, servez l’Éternel, comme vous l’avez dit.

32 Prenez vos brebis et vos boeufs, comme vous l’avez dit; allez, et bénissez-moi.

33 Les Égyptiens pressaient le peuple, et avaient hâte de le renvoyer du pays, car ils disaient: Nous périrons tous.

34 Le peuple emporta sa pâte avant qu’elle fût levée. Ils enveloppèrent les pétrins dans leurs vêtements, et les mirent sur leurs épaules.

35 Les enfants d’Israël firent ce que Moïse avait dit, et ils demandèrent aux Égyptiens des vases d’argent, des vases d’or et des vêtements.

36 L’Éternel fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens, qui se rendirent à leur demande. Et ils dépouillèrent les Égyptiens.

37  Les enfants d’Israël partirent de Ramsès pour Succoth au nombre d’environ six cent mille hommes de pied, sans les enfants.

38 Une multitude de gens de toute espèce montèrent avec eux; ils avaient aussi des troupeaux considérables de brebis et de boeufs.

39 Ils firent des gâteaux cuits sans levain avec la pâte qu’ils avaient emportée d’Égypte, et qui n’était pas levée; car ils avaient été chassés d’Égypte, sans pouvoir tarder, et sans prendre des provisions avec eux.

40 Le séjour des enfants d’Israël en Égypte fut de quatre cent trente ans.

41 Et au bout de quatre cent trente ans, le jour même, toutes les armées de l’Éternel sortirent du pays d’Égypte.

42 Cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel, parce qu’il les fit sortir du pays d’Égypte; cette nuit sera célébrée en l’honneur de l’Éternel par tous les enfants d’Israël et par leurs descendants.


* * *

Chers enfants, vous la figurez-vous bien, cette célèbre nuit du passage de l’Éternel, cette nuit où s’accomplit la délivrance des enfants d’Israël, et le départ magnifique de ce grand peuple pour un pays inconnu et lointain?

Vous figurez-vous, au clair de la pleine lune, au milieu du deuil et des cris de douleur de toute l’Égypte, ces cent milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards se mettant en marche, ayant à leur tête le vénérable Moïse, le saint homme Aaron, Marie leur sœur, et tous les anciens d’Israël?

Et où vont-ils?

Ils vont au pays que Dieu, 430 ans auparavant, avait promis à leur père Abraham , lorsqu’il lui était apparu en Chaldée et lui avait dit: «Abraham, sors de ton pays et de ton parentage et va au pays que je te dirai. Je te ferai devenir une grande nation; je te bénirai, et en ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre.» (L'esclavage ne dura que deux cent quinze ans, mais la famille fut pendant quatre cent trente ans à la merci de peuples étrangers.)

Déjà, depuis la veille au soir, les Israélites étaient prêts; ils avaient leur bâton à la main, leurs souliers aux pieds, leur sac sur le dos.

Entre trois et six heures, ils avaient égorgé un agneau; ils avaient arrosé de sang leurs poteaux et leurs portes; et quand leurs petits-enfants leur demanderont plus tard: «Pourquoi cette cérémonie?» ils répondront: «C’est parce que l’Éternel, à la vue du sang de l’agneau, a passé par-dessus nous en miséricorde.»

Mais à l’heure de minuit, comme ils se réjouissaient ensemble, mangeant l’agneau en famille, comme ils chantaient peut-être des cantiques et qu’ils élevaient leurs âmes pleines d’une douce et profonde émotion, dans l’attente des grandes choses que l’Éternel allait faire, un cri épouvantable, tel qu’on n’en avait jamais entendu de pareil, retentit dans le pays!

Qu’était-il arrivé?

Un ange exterminateur avait traversé l’étendue des cieux, et dans chaque maison de l’Égypte il y avait un mort!

Mais, ô prodige! tandis que des milliers et des milliers de jeunes gens et d’enfants venaient d’expirer dans leurs lits, tandis qu’on se lamentait dans toute l’Égypte, les Israélites étaient en paix sous la bénédiction de Dieu.

L’Éternel avait passé! Il avait frappé; mais:

là où il avait vu le sang,

IL AVAIT PASSÉ EN MISÉRICORDE, IL AVAIT PASSÉ EN ÉPARGNANT!

Pharaon, au désespoir, se levant au milieu de la nuit, à côté du cadavre de son fils, l’héritier de son trône, avait fait mander Moïse: Partez! partez! s’était-il écrié, partez et bénissez-moi! Et en même temps les Égyptiens, sortant à la hâte de leurs maisons, criaient de toutes parts aux Israélites: Partez, partez; nous sommes tous morts! soit qu’ils voulussent dire: «Nous allons tous mourir,» ou: «Nous sommes comme morts de douleur et d’effroi.»

Les Hébreux étaient prêts, avons-nous dit. Ils n’attendaient que le signal de Dieu. Le signal est donné. Ô jour à jamais mémorable! ô nuit bienheureuse de délivrance et de liberté après tant d’années d’esclavage et de misère!

Et, remarquez-le bien (car c’est pour nous une leçon), ils partent sans aucun retard; leurs vêtements étaient déjà roulés sur leur dos comme la capote d’un soldat, mais leur pain n’était pas encore levé, c’est-à-dire que la pâte n’avait pas subi ce développement chimique, cette boursouflure qui s’opère par le moyen de ce qu’on appelle le levain ou le ferment. Ce travail, cette fermentation finit par produire la décomposition; mais si on l’arrête, à un certain moment, par la cuisson, elle sert, au contraire, à rendre le pain agréable et sain.

Les Israélites n’avaient pas eu le temps de laisser fermenter leur pâte jusqu’à ce point nécessaire; n’importe! ils ne diffèrent pas pour cela leur départ; ils prennent leur pain dans des vases qu’ils attachent sur leur dos, à peu près comme un soldat sa boîte de fer-blanc, et ainsi ils se mettent en route.

Ils ne perdent pas un moment, d’abord parce que Dieu l’ordonne, et qu’on n’ajourne pas l’accomplissement de ses commandements; en second lieu, parce que ce départ les comble de joie. On retarde volontiers les choses fâcheuses et funestes; mais sa liberté, mais sa délivrance, mais sa félicité et sa gloire, on veut bien plutôt en hâter la réalisation.

Puis, ils craignent peut-être que Pharaon ne se ravise et ne leur retire la permission qu’il vient de donner; on l’avait vu si souvent se repentir du bien et retourner au mal! Et, en effet, cette nuit même, avant qu’il eût fait embaumer son fils, selon la coutume des Égyptiens, il se repentait déjà et pensait à poursuivre les Hébreux. Il n’y avait donc pas, sous ce rapport, un seul moment à perdre.

Eh bien! mes chers enfants, c’est par trois raisons toutes semblables que tous ceux de vous qui ont entendu dans leur cœur Dieu leur dire: «Pauvre enfant, ton âme est-elle arrosée du sang de l’Agneau? As-tu cru en Jésus-Christ?» doivent se hâter et ne pas différer d’un jour.

Il faut qu’ils aillent dès aujourd’hui à leur Sauveur, et cela pour les trois mêmes raisons que nous venons de dire.

1. Parce que Dieu l’ordonne: il ne faut jamais raisonner quand il commande; et même si nous ne comprenons pas le pourquoi de certains ordres, IL FAUT COMMENCER PAR OBÉIR; autrement le diable pourrait nous tromper et nous séduire comme il le fit pour Adam et Ève.

2. Parce que c’est votre bonheur. Ah! différer d’être heureux n’est-ce pas une folie? Quand l’enfant prodigue vit les bras de son père ouverts pour le recevoir, ne croyez-vous pas qu’il courut pour s’y jeter?

3. Parce que si vous différiez, vous ne le pourriez peut-être plus. Le diable reviendrait et serait le plus fort; il ramènerait peut-être sept autres esprits plus méchants que le premier auxquels vous ne pourriez plus résister (Matth., XII, 45.).

D’ailleurs vous pouvez mourir, et mourir subitement, comme les fils aînés des Égyptiens.

David disait: «Je me suis hâté et je n’ai point différé à garder tes commandements (Ps. CXIX, 60.)

Zachée descendit promptement dès que le Seigneur l’appela; et, prenant une sainte résolution, il s’écria: «Dès à présent je donne la moitié de mon bien aux pauvres, et si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui en rends cent fois autant (Luc, XIX, 6, 8.)

Bartimée jeta son manteau pour courir plus vite quand le Seigneur l’appela (Marc, X, 50),

et c’est le Saint-Esprit lui-même qui nous dit: «Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur (Ps. XCV, 8. Héb., III, 7, 8.)

Je continue nos versets, mais je ne m’arrête pas sur le 35e et le 36e; car vous vous rappelez, j’espère, ce que je vous ai déjà dit à ce sujet, savoir, que les Israélites ne savaient point alors qu’ils ne reviendraient pas, mais que, d’ailleurs, le mot emprunter n’est nullement dans l’original hébreu; et que ce fut volontairement, par un effet de la bienveillance que Dieu avait mise dans leurs cœurs, que les Égyptiens apportèrent aux Hébreux leurs vases d’or et d’argent, et les vêtements dont ce pauvre peuple avait besoin.

Ils partirent donc de Ramsès et vinrent à Succoth. Ce fut leur première étape.

Je vous montrerai leur voyage sur la carte à la fin de la leçon.

Succoth n’était pas loin de Ramsès; car vous comprenez que cette immense multitude, avec son gros et son menu bétail, avec ses enfants et ses vieillards, ne pouvait faire que de très petites traites.

Il y avait six cent mille hommes en état de porter les armes, ce qui suppose autant de femmes du même âge, soit, douze cent mille personnes, plus les vieillards et les enfants; en sorte qu’ils étaient plus nombreux que ne le seraient les Suisses des vingt-deux cantons, s’ils se mettaient en marche tous ensemble en une même nuit.

Figurez-vous ce que ce serait, puisque Genève n’est qu’un des plus petits cantons, et jugez par là de ce que dut être ce magnifique départ d’Israël.

Et ce peuple immense était représenté, quatre cent trente ans auparavant, par un seul homme, par Abraham.

Deux cents ans plus tard, quand Jacob vint en Égypte, il se composait de soixante-dix hommes.

Maintenant, après deux cent trente années d’esclavage, les voilà près de deux millions; ce qui suppose qu’ils avaient doublé tous les seize ans.

Il s’en alla aussi avec eux un grand nombre de toutes sortes de gens, nous est-il dit au verset 38; c’étaient sans doute des Égyptiens que les miracles avaient frappés.

Arrivés à leur première station, ils firent cuire la pâte qu’ils avaient dû emporter sans lui laisser le temps de fermenter (verset 39).

Prévoyant cette circonstance, Dieu avait par avance ordonné que toutes les fois que, dans la suite des âges, on célébrerait le souvenir de cette bienheureuse nuit, le repas serait composé de pains sans levain; et c’est ce que font les Israélites depuis trois mille ans. Un de mes amis, qui a connu, l’hiver dernier, en Italie, une famille juive fort respectable, a été invité à leur fête de Pâque, et a pensé me faire plaisir en m’apportant un morceau de ce pain que les femmes préparent avec grand soin et avec certaines cérémonies, et que tout le peuple mange pendant sept jours. Je pourrai le montrer, après la leçon, à ceux de vous qui s’approcheront de moi.

Dans ce simple fait, nous avons un sérieux enseignement que les plus petits d’entre vous pourront comprendre s’ils m’écoutent bien.

Vous vous rappelez ce que représentent les pains sans levain. Saint Paul nous l’a dit: c’est «LA SINCÉRITÉ ET LA VÉRITÉ.»

Le Seigneur lui-même a enseigné que le levain représente l’hypocrisie, c’est-à-dire cette disposition d’un enfant

qui se donne un air pieux quand il ne l’est pas en réalité;

qui va au temple et qui ne pense pas à ce qu’il entend;

qui répète des prières et qui ne prie pas;

qui s’assied sur ces bancs avec l’apparence du recueillement et dont les pensées courent la campagne;

d’un enfant qui va s’agenouiller le soir près de son lit et répéter des mots sans que son cœur y soit pour rien;

d’un enfant qui dit après une faute: «J’en suis affligé, je ne le ferai plus,» et qui, au fond, est prêt à recommencer quand l’occasion s’en présenterait.

Voilà l’hypocrisie religieuse, mes enfants; il n’y a rien que Dieu ait plus en horreur.

Il la compare aux ossements d’un sépulcre (Luc, XI, 44.). C’est un levain qui gâte, qui aigrit, qui dénature à ses yeux toutes les actions, toute une vie. Il n’y a rien, au contraire, qui plaise à ses regards autant qu’un cœur droit, vrai, sincère, sans fraude, honnête et bon. Il sait bien que nous sommes pécheurs, mais il veut au moins que nous allions à lui en vérité.

Un enfant qui, à genoux dans sa chambre, seul avec son Dieu, lui raconte ses péchés de la journée et lui demande son pardon avec un cœur droit, cet enfant célèbre la pâque avec des pains sans levain.

Voulez-vous agir ainsi, mes enfants?

Imitez les Israélites dans leur promptitude à obéir aux ordres de Dieu; ils étaient trop pressés de quitter l’Égypte, trop désireux d’échapper à Pharaon et d’aller vers Canaan pour perdre un seul moment.

Ils partirent à l’instant où Dieu le leur dit.

Eh bien! si vous avez un devoir à accomplir, hâtez-vous de le faire.

Si une jeune fille a affligé sa mère ou quelque autre personne et se dit: «Je n’ai pas exprimé mon regret, mon repentir,» et qu’elle court le faire, cet acte est celui d’un cœur droit.

Si un autre dit: «J’ai commis une faute la semaine dernière et vous l’avez ignorée; je me suis laissé caresser et je ne le méritais pas; je viens aujourd’hui vous la confesser et vous prier de me pardonner; je n’ai pas un cœur sans péché, mais je veux avoir un cœur sans fraude,» cet enfant fait un acte de sincérité.

Ah! chers amis, hâtons-nous vers la Canaan céleste; soupirons pour être délivrés du Malin, désirons Dieu, pensons au ciel, à ce beau ciel où Dieu réunira ses enfants, où il les remplira de beauté et de bonté, où il les rendra semblables à lui, où il essuiera toutes larmes de leurs yeux. Alors nous ne penserons plus à mettre du levain dans notre vie; alors nous serons sincères; alors nous chercherons Dieu et nous le «trouverons, parce que nous l’aurons cherché de tout notre cœur (Jér., XXIX, 13.)

Quoique le pain que les Israélites mangèrent à Succoth ne fut pas levé, jamais, sans doute, ils n’en avaient goûté de si délicieux; car c’était un pain de liberté, d’espérance, de bonheur et de gloire! C’était pour eux le commencement d’une vie nouvelle. Ah! tout est bon, tout est joie quand on a la paix et la liberté, la vraie liberté, celle d’un enfant de Dieu (Rom., VIII, 2.)!

Chers enfants, j’espère que maintenant vous comprenez mieux ce que c’est que la pâque, que cette nuit mémorable qui fut dès lors célébrée d’âge en âge par les Israélites, d’abord dans le désert, ensuite dans Canaan même.

Nous aussi nous la célébrons, cette fête, en commémoration de la mort de l’Agneau de Dieu, et de la nuit de Gethsemané, où il nous racheta par son sang.

Nous devons la célébrer tous les jours de notre vie, PAR LA FOI, DANS NOTRE CŒUR; nous devons la célébrer souvent PAR LA SAINTE CÈNE; mais avec quelle joie nous la célébrerons quand nous serons dans la Canaan des cieux, quand nous verrons Jésus, quand nous chanterons «le cantique de Moïse et de l’Agneau (Apoc., XV, 3.)





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