Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGT-QUATRIÈME LEÇON

EXODE, XII, 1-10


12:1 L’Éternel dit à Moïse et à Aaron dans le pays d’Égypte:

2 Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois; il sera pour vous le premier des mois de l’année.

3 Parlez à toute l’assemblée d’Israël, et dites: Le dixième jour de ce mois, on prendra un agneau pour chaque famille, un agneau pour chaque maison.

4 Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra avec son plus proche voisin, selon le nombre des personnes; vous compterez pour cet agneau d’après ce que chacun peut manger.

5 Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d’un an; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau.

6 Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour de ce mois; et toute l’assemblée d’Israël l’immolera entre les deux soirs.

7 On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera.

8 Cette même nuit, on en mangera la chair, rôtie au feu; on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères.

9 Vous ne le mangerez point à demi cuit et bouilli dans l’eau; mais il sera rôti au feu, avec la tête, les jambes et l’intérieur.

10 Vous n’en laisserez rien jusqu’au matin; et, s’il en reste quelque chose le matin, vous le brûlerez au feu.


* * *

Mes chers enfants, l’histoire, comme la prophétie se compose toujours de deux parties,

1. ce qui se passe dans le monde et ce qui se passe dans l’Église;

2. ce qui se rapporte aux empires et ce qui se rapporte aux événements religieux:

la Bible nous dit même que Dieu ne remue les empires qu’en vue de la religion.

Nous avons vu jusqu’ici dans l’Exode comment l’Éternel ébranla le puissant royaume d’Égypte par neuf fléaux successifs, en sorte que ce grand pays était comme une mer en tourmente.

Aujourd’hui nous allons étudier ce que Dieu fit pour son peuple, c’est-à-dire pour son Église.

En même temps que Moïse avait affaire à la cour de Pharaon, il avait aussi affaire au pays de Gosen. Il devait parler au nom de son Dieu:

à tout le peuple d’Israël,

à ses anciens,

à ses vieillards,

à ses femmes

et à ses petits enfants.

Parlez à toute la congrégation, est-il dit à Moïse et à Aaron, au verset 3e de notre leçon.

Il paraît que durant les tristes événements dont nous nous sommes occupés dans nos leçons précédentes, Moïse et Aaron avaient eu soin de rassembler autour de la ville de Ramsès (verset 3), la multitude des enfants d’Israël de tout le pays où elle était dispersée, afin qu’elle fût prête au départ dès le moment où la permission leur en serait donnée.

Il devait être très difficile de tenir longtemps réuni en un même lieu un aussi grand peuple; aussi les plaies durent-elles se suivre à la fin, coup sur coup, à de très courts intervalles.

Nous avons vu dimanche, Moïse sortir de chez le roi dans une ardente colère, après lui avoir annoncé qu’un dernier jugement de Dieu allait fondre sur lui:

Cette nuit même, à l'heure de minuit, je passerai à travers l’Égypte, avait dit l’Éternel, et tout premier-né mourra... Et il en fut ainsi!

À minuit l’Éternel frappa tous les premiers-nés d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon, qui devait être assis sur son trône, jusqu’aux premiers-nés des captifs qui étaient dans la prison, et tous les premiers-nés des bêtes; et Pharaon se leva de nuit, lui et ses serviteurs, et tous les Égyptiens, et il y eut un grand cri dans toute l’Égypte, parce qu’il n’y avait pas une maison où il n’y eût un mort; il appela donc Moïse et Aaron de nuit et leur dit:

Partez du milieu de mon peuple, et vous en allez, et servez l’Éternel! partez et bénissez-moi. Et les Égyptiens les forçaient départir...

Voilà, chers enfants, ce qui se passait au palais et chez le peuple d’Égypte: c’est l’histoire de l’empire.

Mais écoutez maintenant l’histoire de la religion.

Que se passait-il dans les tentes des Israélites, chez le peuple élu de Dieu, dont les anciens étaient rassemblés en sainte congrégation?

Une grande chose: l’institution de la Pâque.

Je vais en reprendre les détails en suivant nos versets.

Or, l’Éternel avait dit à Moïse (pendant les plaies probablement, mais avant la neuvième, puisque c’était avant le dixième jour du mois): ce mois-ci vous sera le commencement des mois.

Mes enfants, le ciel est une horloge; la grande aiguille, c’est le soleil; la petite, c’est la lune, qui marque les mois.

Le soleil marque les années, les saisons, les jours, les heures. Tous les jours, vous le voyez se lever sur les Alpes et se coucher sur le Jura; mais ce que vous n’avez peut-être pas remarqué, c’est que sa course s’accomplit plus ou moins haut dans le ciel.

En été, à midi, il est très élevé au-dessus de l’horizon; en hiver, il est très bas.

Je vous ai déjà expliqué précédemment (Dans les leçons sur la Genèse) comment les anciens marquaient les saisons; ils plantaient un bâton en terre et en mesuraient l’ombre à midi. Au milieu de l’été cette ombre était très courte; au milieu de l’hiver très longue; ces époques se nomment solstice.

Quand l’ombre n’est ni courte, ni longue, c’est le printemps ou l’automne, et on appelle ce moment équinoxe.

Eh bien, les anciens commençaient l’année à l’équinoxe d’automne, au mois de septembre; et dans nos versets, Dieu commande à son peuple de prendre désormais pour premier mois celui de mars, à l’équinoxe du printemps, et de célébrer alors une grande fête religieuse pour se rappeler et pour que NOUS NOUS RAPPELIONS QUE TOUT DOIT COMMENCER AVEC DIEU: — le jour, l’année, la vie...

Ce mois s’appelait nisan ou ahib qui signifie épis, parce que le blé commence alors à mûrir en Orient; et cette fête devant être la plus solennelle de toutes en Israël; elle devait durer jusqu’à la fin des temps, et se nommer la pâque ou le passage de l'Éternel.

Nous reviendrons sur ce mot en expliquant le verset 12*; mais il se trouve déjà au chapitre XI (verset 4).

Voici les divers commandements de Dieu touchant cette fête:

1. Au dixième jour de la lune de mars vous prendrez un petit agneau ou un petit chevreau.

2. Cet agneau sera sans défaut, âgé d'un an.

3. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour,

4 Vous l'égorgerez entre trois et six heures du soir.

5. Vous l'égorgerez dans toute la congrégation d’Israël.

6. Vous recueillerez de son sang pour en asperger vos portes avec un bouquet d’hysope.

7. Vous ferez rôtir sa chair; vous la mangerez avec des pains sans levain et des herbes amères.

8. Vous le ferez rôtir sans lui rompre les jambes.

9. Vous le mangerez en famille.

10. Vous le mangerez tout entier.

11. Vous aurez les reins ceints, vos souliers aux pieds, vos bâtons à la main; vous le mangerez à la hâte.

Cette fête, mes enfants, devait représenter à la fois, un événement passé et un événement à venir; elle rappelait que, SANS L’AGNEAU, ISRAËL AURAIT PÉRI EN ÉGYPTE;

elle préfigurait Jésus-Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache, qui devait venir pour délivrer son peuple, non pas de l’esclavage de Pharaon, mais de celui du péché, pour le faire passer par le pays de l’épreuve, et entrer à travers le fleuve de la mort dans la Canaan du ciel.

Étudions d’abord l’événement du passé, la première pâque des Hébreux.

Figurez-vous cette nuit terrible, cette heure de minuit, où, lorsque tout reposait en Égypte, l’ange exterminateur paraît soudain, et toute la nation, frappée d’un même coup, se réveille au milieu d’un grand cri, parce qu’il n’y avait pas une maison où il n’y eût un mort.

Quelle douleur, mes enfants! et quelle consternation!

Pendant que Pharaon pleure son premier-né, l’héritier de son trône, le pauvre sanglote dans sa cabane et le prisonnier dans son cachot.

Mais, durant ce deuil de toute l’Égypte, que faisaient les Israélites?

Rassemblés en famille dans leurs tranquilles demeures, ils mangeaient en paix le souper de la pâque; et leur sauvegarde contre les coups de l’ange exterminateur, quel était-il?... Un agneau, le sang d’un agneau.

Mais écoutez comment cette cérémonie est à la fois un sacrement ou une figure de la délivrance des Israélites dans le passé, et de la délivrance éternelle promise aux enfants de Dieu dès le premier jour du monde.

1° Par l’immolation de l’agneau, Israël fut mis à l’abri des jugements que Dieu exerçait sur toute l’Égypte, il fut racheté de la mort et de l’esclavage.

Ainsi, Christ, qui est appelé «notre Pâque (1 Cor., V, 7.)», a été «immolé pour nous» afin de nous racheter, de nous «faire passer de la mort à la vie (1 Jean, III, 14.)», «de l’esclavage de Satan à Dieu (Actes, XXVI, 18.)».

Puis la victime était un agneau, le plus innocent et le plus paisible de tous les animaux, qui souffre sans se plaindre et se laisse égorger sans résister.

Ainsi devait être représenté Celui que Jean-Baptiste a appelé «l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean, I, 29.)», ce Maître doux et humble de cœur, qui a été «mené à la tuerie comme un agneau muet (Ésaïe, LIII, 7.),» qui, «lorsqu’on lui disait des outrages n’en rendait point (1 Pierre, II, 23.),» qui s’est laissé lier, battre de verges, insulter, mettre à mort, et qui n’a point ouvert la bouche.

2° L’agneau devait être choisi sans défaut et sans tare, pour représenter la parfaite justice de Jésus-Christ.

«Nous n’avons point été rachetés par des choses périssables,» dit saint Pierre, «mais par le précieux sang de Christ, comme de l’agneau sans défaut et sans tache (1 Pierre, I, 19.).» «Le saint Enfant qui naîtra de toi sera appelé le Fils de Dieu,» dit l’ange à Marie, en lui annonçant la naissance de Jésus (Luc, 1,35.).

3° L’agneau devait être préparé dès le dixième jour de la lune de mars, c’est-à-dire cinq jours avant son immolation.

Jésus entra dans Jérusalem le dixième jour, et cette dernière semaine, toute différente du reste de sa vie, fut comme la préparation de son sacrifice (Jean, XII, 1,12.).

4° L’agneau devait être immolé le quatorzième jour, entre les deux vêpres (ou soirs).

Ce fut le quatorzième jour de la lune de mars, entre trois et six heures du soir, que notre Sauveur, ayant «jeté un grand cri, rendit l’esprit» sur la croix (Marc, XV, 33-37.).

5° L’agneau devait être immolé par toute la congrégation d'Israël.

Jésus a péri à la demande de toute la nation juive, ou plutôt il est mort «pour tous (I Tim., II, 6.)». Il a versé son sang pour «les péchés du monde (1 Jean, II, 2.),» afin que tous ses élus, se confiant en lui, eussent part au bénéfice de cette mort; il est mort pour l’humanité tout entière, qui a mérité, tout entière, la condamnation, et il y a assez de vertu dans son sang pour effacer les péchés de cette humanité tout entière.

6° On devait recueillir le sang de l’agneau et en asperger les portes avec un bouquet d’hysope.

Ceux-là seuls échappèrent aux coups de l’ange exterminateur qui avaient eu soin d’arroser de sang les linteaux de portes.

De même, si un homme, si un enfant, à Genève ou ailleurs, n’a pas son âme arrosée du sang de Christ par la foi, hélas! il périra; car Dieu doit passer sur tout le monde, comme il passa sur l’Égypte, en justice et en jugement. «Celui qui a le Fils a la vie; celui qui n’a pas le Fils n’a pas la vie (1 Jean, V, 12.)».

Si quelqu’un ne veut pas de Jésus-Christ, Jésus-Christ est anéanti pour lui, et quoique Jésus-Christ soit mort pour sauver tous les hommes, ceux-là seuls ont part au bénéfice de cette mort sur lesquels sera l’aspersion de son sang.

7° On devait faire rôtir au feu la chair de l’agneau pascal et la manger avec des pains sans levain et des herbes amères.

Jésus-Christ a dû passer par le feu de la colère de Dieu; il a «été fait malédiction pour nous (Gal., III, 13.),» il a crié: «Mon Dieu, mon Dieu? pourquoi m’as-tu abandonné (Marc, XV, 34.)

Le levain, dans l’Écriture, est l’emblème de l’hypocrisie: «Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie,» disait notre Seigneur à ses disciples (Luc, XII, 1.). «Ôtez le vieux levain,» disait saint Paul aux Galates; «Christ, notre pâque, a été immolé pour nous: c’est pourquoi faisons la fête, non point avec le vieux levain, mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité (1 Cor., V, 7-8.)

Jésus ne nous demande qu’une chose: c’est de croire, mais de croire de bonne foi, d’un cœur sincère.

Les herbes amères devaient rappeler aux Israélites les douleurs de l’esclavage. Nous aussi, mes enfants, nous devons nous rappeler les amertumes d’une vie passée loin de Dieu, dans l’esclavage du monde, et penser avec l’amertume d’une repentance sincère à nos nombreuses offenses envers le Dieu de notre délivrance.

Ah! quand nous réfléchissons à notre ingratitude, quand nous nous disons combien nous avons peu et mal répondu à la bonté et à la miséricorde de notre Dieu, nous sentons qu’en effet nous devons mêler les herbes amères de l’humiliation à la joie de notre salut.

8° On ne devait point rompre les os de l’agneau.

Le Saint-Esprit, par la bouche de Jean, nous dit que ce fut pour que cette parole fût accomplie que les soldats qui transpercèrent notre Sauveur, voyant qu’il était déjà mort, ne lui brisèrent point les jambes (Jean, XIX, 33-36.).

9° L’Agneau devait être mangé en famille, et si la famille était trop petite, on devait y adjoindre des amis et des voisins. C’était un repas d’amour.

Allons à Christ avec tous ceux qui nous appartiennent.

Allons-y comme une famille de frères.

Allons chercher ceux qui ont faim, qui ont froid, qui sont seuls.

Allons nous réconcilier avec ceux qui nous auraient offensés; vivons dans la charité. Le chrétien ne veut pas se sauver seul, glorifier Dieu seul, l’aimer seul.

10° L’agneau devait être mangé et mangé tout entier.

Oh! mes amis, Dieu nous appelle à manger la chair et à boire le sang du Fils de l’homme par la foi. «Je suis le pain de vie», disait Jésus: «le pain que je donnerai c’est ma chair, laquelle je donnerai pour la vie du monde. En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle (Jean, VI, 35, 54.)

Mais qu’est-ce donc que manger sa chair et boire son sang?

C’est que notre âme vive de la pensée de Jésus-Christ comme notre corps vit de pain. C’est qu’il soit notre nourriture, notre vie même, en sorte que nous soyons transformés à sa ressemblance, tellement que si l’on rencontre un enfant devenu chrétien et qu’on aille demander à sa famille s’il est le même qu’auparavant, on apprenne qu’il est humble, doux, aimable, qu’il est changé à l’image de son Sauveur, qu’il vit dans son obéissance, dans la joie de son service, et sous le gouvernement de son Esprit.

11° Enfin, on devait, pour manger l’agneau, être équipé pour le départ et la marche.

Voilà aussi l’attitude qui convient au chrétien quand il célèbre la pâque. «Seigneur,» doit-il s’écrier, «je veux te suivre; je veux sortir d’Égypte, traverser le désert, courir vers Canaan!»

La pâque, mes enfants, nous rappelle donc,

1. d’une part, une œuvre de justice et de sévérité,

2. de l’autre, une œuvre de pardon et de miséricorde.

Dieu passait alors par le pays d’Égypte pour les châtier; malheur à qui n’aurait pas arrosé sa maison! l’ange l’aurait frappé. Mais heureux celui qui était couvert du sang de l’agneau! l’ange «passait par-dessus ses péchés et ses iniquités (Michée, VII, 18.)

Encore un mot.

Mes enfants, vous avez vu que les Israélites devaient se préparer à la pâque en ôtant de leurs demeures tout levain, en mêlant à leurs aliments des herbes amères, et en se vêtant comme pour un long voyage.

Telle doit être, non seulement la pâque du chrétien, mais sa vie.

Il faut que son cœur soit «honnête et bon (Luc, VIII, 15.);» qu’il ait un souvenir douloureux de ses transgressions, et qu’il se mette en marche pour suivre Jésus en disant: «Me voici, ô Dieu! pour faire ta volonté (Hébr., X, 7.)



 

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