Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGT ET UNIÈME LEÇON

EXODE, X, 1-11


10:1 L’Éternel dit à Moïse: Va vers Pharaon, car j’ai endurci son coeur et le coeur de ses serviteurs, pour faire éclater mes signes au milieu d’eux.

2 C’est aussi pour que tu racontes à ton fils et au fils de ton fils comment j’ai traité les Égyptiens, et quels signes j’ai fait éclater au milieu d’eux. Et vous saurez que je suis l’Éternel.

3 Moïse et Aaron allèrent vers Pharaon, et lui dirent: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu des Hébreux: Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant moi? Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve.

4 Si tu refuses de laisser aller mon peuple, voici, je ferai venir demain des sauterelles dans toute l’étendue de ton pays.

5 Elles couvriront la surface de la terre, et l’on ne pourra plus voir la terre; elles dévoreront le reste de ce qui est échappé, ce que vous a laissé la grêle, elles dévoreront tous les arbres qui croissent dans vos champs;

6 elles rempliront tes maisons, les maisons de tous tes serviteurs et les maisons de tous les Égyptiens. Tes pères et les pères de tes pères n’auront rien vu de pareil depuis qu’ils existent sur la terre jusqu’à ce jour. Moïse se retira, et sortit de chez Pharaon.

7 Les serviteurs de Pharaon lui dirent: Jusqu’à quand cet homme sera-t-il pour nous un piège? Laisse aller ces gens, et qu’ils servent l’Éternel, leur Dieu. Ne vois-tu pas encore que l’Égypte périt?

8 On fit revenir vers Pharaon Moïse et Aaron: Allez, leur dit-il, servez l’Éternel, votre Dieu. Qui sont ceux qui iront?

9 Moïse répondit: Nous irons avec nos enfants et nos vieillards, avec nos fils et nos filles, avec nos brebis et nos boeufs; car c’est pour nous une fête en l’honneur de l’Éternel.

10 Pharaon leur dit: Que l’Éternel soit avec vous, tout comme je vais vous laisser aller, vous et vos enfants! Prenez garde, car le malheur est devant vous!

11 Non, non: allez, vous les hommes, et servez l’Éternel, car c’est là ce que vous avez demandé. Et on les chassa de la présence de Pharaon.


* * *

Nous avons à considérer aujourd'hui deux luttes de l’homme avec Dieu sur d'eux sujets en apparence très-différents l’un de l’autre:

1. Moïse demandant à Pharaon de la part de l’Éternel, d’humilier son cœur devant son Créateur et son juge, et Pharaon s’y refusant;

2. Pharaon demandant à Moïse de laisser en Égypte, les petits enfants pendant que les parents iront adorer au désert, et Moïse s’y refusant de la part de Dieu.

D’un côté, Pharaon qui refuse, de s’humilier et de l'autre Moïse qui refuse de laisser les enfants en Égypte: c’est là tout le sujet de notre leçon. Il renferme une grande instruction Que Dieu. nous donne des cœurs attentifs et recueillis!

Et d’abord, quelle, parole étonnante et terrible: Va vers Pharaon, car j’ai endurci son cœur!

On comprendrait que Dieu dit à quelqu’un de ses serviteurs: «Ministre de l’Evangile, va parler à cet homme, car j’ai amolli son cœur!» Mais «va, car j’ai endurci!» C’est un ordre étrange.

Je vous ai déjà expliqué six ou sept fois cette expression: j’ai endurci; mais les bonnes choses sont utiles à répéter; et comme il existe des gens en ce monde qui osent élever leur parole contre la Parole de Dieu, et qui s’étonnent de ces mots, vous ne pouvez en savoir trop bien le véritable sens pour vous tenir en garde contre les suggestions des méchants ou contre celles de votre mauvais cœur.

Moïse devait avoir une grande répugnance à retourner chez Pharaon; la pitié, le dégoût et la crainte devaient également l’en détourner.

La pitié: «Ah! malheureux prince, malheureuse Égypte,» pouvait-il se dire, «allez-vous attirer de nouveaux jugements de Dieu? Allez-vous faire que «sa colère arrive contre vous jusqu’à son comble (1 Thes., II, 16.)

Le dégoût: «Quoi! retournerai-je vers cet homme impie et trompeur, qui, tantôt parle contre mon Dieu, tantôt demande qu’on le prie et ne fait des promesses que pour les violer?»

Enfin, la crainte: «Ce roi puissant et ses officiers sont irrités: irai-je braver leur indignation?»

Mais Dieu l’ordonne, et Moïse retourne cette fois encore au palais du roi. Va, dit l'Éternel, car j’ai endurci son cœur et le cœur de ses serviteurs, c’est-à-dire, comme je vous l’ai déjà expliqué:

«J’ai abandonné ces méchants aux méchantes pensées de leur cœur méchant; et voici les trois raisons de ce juste jugement:

1. Afin que je mette au dedans de lui les signes que je m’en vais faire;

2. afin que tu racontes, ton fils et le fils de ton fils l’entendant, ce que j’aurai fait en Égypte, et mes signes que j’aurai fait contre eux;

3. et afin que vous connaissiez que je suis l’Éternel.»

Expliquons ces trois idées:

Afin que je mette au dedans de lui ces signes.

Oui, au dedans de lui, afin qu’on voie jusqu’où peut aller, jusqu’où va la révolte, la dureté, la méchanceté du cœur de l’homme.

Afin que tu racontes à tes enfants ces grandes marques de ma protection sur mon peuple, de ma puissance et de ma colère contre le mal, c’est-à-dire afin que, dans tes écrits sacrés, qui dureront jusqu’à la fin du monde, tu puisses raconter ces signes de mon pouvoir et de ma bonté à toutes les générations à venir.

Ce mot doit vous aller au cœur, mes enfants: tes fils et les fils de tes fils l’entendant.

Dès le commencement des siècles, Dieu a voulu que les jeunes gens fussent instruits de ses voies et connussent ses œuvres, tout comme les grandes personnes.

Il veut vos cœurs, mes amis, tout autant que celui de votre père et de votre mère; il veut que la Bible soit votre livre tout autant que le leur.

«Mettez dans vos cœurs mes paroles,» disait-il aux Israélites, «et enseignez-les soigneusement à vos enfants (Deut., VI, 7; XI, 19.)

«Instruis le jeune enfant dès l’entrée de sa voie,» dit-il par la bouche de Salomon (Prov., XXII, 6.),

et par celle du sage: «Souviens-toi de ton Créateur dès les jours de ta jeunesse (Ecclés., XII, 3.)

«Laissez venir à moi les petits enfants (Matth., XIX, 14.),» disait Jésus lui-même, indigné que ses disciples voulussent les repousser; et dans sa première prédication après l’ascension de son Maître, l’apôtre Pierre disait au peuple: «Ces promesses sont faites à vous et à vos enfants, autant que Dieu en appellera (Actes, II, 39.)

Rappelez-vous aussi les premiers chrétiens de Tyr qui conduisaient leurs enfants avec eux pour accompagner l’apôtre Paul et pour prier avec lui avant de le quitter (Actes, XXI, 5); et chez les Juifs dispersés, voyez cette famille de Derbe en Asie Mineure, dont le père était païen, mais où le petit garçon était élevé dans la connaissance de la Parole de Dieu par sa mère et son aïeule. Vous vous rappelez comment s’appelaient ces deux saintes femmes et ce que devint ce petit garçon (Actes, XVI, 1; 2 Tim., I, 5; 14-15.).

Afin que vous connaissiez que je suis l'Éternel.

Cette raison est très importante; Dieu fait tout pour sa gloire, tout pour l’enseignement de son Église, et il permet souvent certains développements des puissances du mal afin de donner instruction à son peuple.

Pourquoi a-t-il permis, par exemple, les horreurs de l’Inquisition, ce tribunal qui prétendait punir, au nom du pape, tous ceux qu’il appelait hérétiques?

Pourquoi le massacre de la Saint-Barthélemy?

Afin qu’on connût jusqu’où va l’iniquité de l’homme, et jusqu’où va la puissance de Dieu pour sauver, pour garder et pour punir.

De même ces dix plaies de l’Égypte révèlent le caractère du Dieu des Hébreux, de ce Dieu que Pharaon outrage et qui l’a déjà sept fois châtié et sept fois épargné.

Jusqu’à quand refuseras-tu de t’humilier devant ma face? dit l’Éternel à Pharaon.

Chers enfants, voilà toute la question entre Dieu et le pécheur: «T’humilieras-tu devant moi, oui ou non?»

Quand un enfant se convertit, c’est le moment où il cesse de refuser de s’humilier.

Quand une personne quelconque refuse ou retarde de se convertir et demeure loin de Dieu, c’est qu’elle ne veut pas s’humilier.

C’est par l’orgueil que l’homme s’est perdu; c’est par l’humilité qu’il se relève. «J’ai dit: je ferai confession de mon péché,» disait David en racontant sa conversion (Ps. XXXII), et Dieu lui donna l’assurance de son pardon, et il devint un nouvel homme.

Tout pécheur qui a donné son cœur à Dieu, le geôlier de Philippes comme la marchande de pourpre Lydie, le petit Timothée, ou Samuel, ou Josias, ou David, comme le vieux pécheur le plus endurci, tous ceux, en un mot, qui se sont convertis, ont dû commencer par là. Tous, ils ont crié comme Luther: «Mes péchés! mes péchés!» et comme le Psalmiste:

«Miséricorde et grâce, ô Dieu des cieux!

Un grand pécheur implore ta clémence.»

Ils ont pleuré, ils se sont condamnés, ils ont confessé leurs fautes, ils ont senti, non seulement leur indignité, mais leur impuissance; ils ont reconnu qu’ils ont formé sans cesse des résolutions qu’ils n’ont pas tenues, et qu’ils sont incapables de faire le bien.

Ils se sont jetés au pied de la croix, ils ont crié: «Seigneur, sauve-moi ou je péris; efface mes péchés, prends-moi par la main, tire-moi comme un tison hors du feu!» Alors ils ont été sauvés, ils ont été heureux, ils ont trouvé tout en Jésus.

C’est cette humiliation que Moïse venait demander à Pharaon, mes enfants, et c’est aussi ce que Dieu demande aux hommes qu’il visite de quelque fléau, et à vous, lorsqu’il vous appelle par sa Parole et par quelque dispensation douloureuse ou quelque peine.

Si vous avez encouru le déplaisir de vos parents, si vous voyez le mécontentement sur leur front, ou bien s’il vous arrive quelque accident, ou que votre père ou votre mère soient très malades, n’entendez-vous pas alors une voix intérieure qui vous dit: «Jusques à quand refuseras-tu de t’humilier devant moi? Donne-moi ton cœur.»

Je veux vous faire lire là-dessus deux passages dans le Nouveau Testament. (Un enfant lit Jacq., IV, 6-10; 1 Pierre, V, 5, 6.)

Continuons au verset 4: Car si tu refuses, voici, je vais faire venir demain des sauterelles en tes contrées.

Il y avait à la fois une bonté et une sévérité particulières dans la rapidité des jugements de Dieu sur Pharaon. S’il lui avait dit: «Tu seras puni dans dix ans,» cette menace ne lui aurait fait presque aucune impression; les fléaux, au contraire, et les délivrances se succédaient avec une promptitude prodigieuse: Aussitôt que je serai sorti de la ville, les tonnerres cesseront, avait dit Moïse au chapitre précédent (IX, 29); et aujourd’hui il annonce les sauterelles pour demain.

Le fléau des sauterelles est fort connu en Orient; mais celui-ci devait être sans exemple pour l’abondance des insectes comme pour leur grosseur, ainsi que nous le verrons dans les versets suivants.

Moïse était tellement affligé et indigné de l’endurcissement du roi et de son irrévérence envers l’Éternel, qu’après avoir délivré ce dernier message, il tourna le dos à Pharaon.

Je voudrais pourtant, mes enfants, vous faire encore ici une remarque importante que je vous ai déjà présentée précédemment, et qui s’adresse surtout aux jeunes garçons dans les temps où nous sommes.

Moïse est très ferme avec Pharaon; mais jamais il ne prononce un mot de révolte, jamais il ne parle des droits de l’homme, comme on le fait aujourd’hui dans toutes les villes de l’Europe; IL NE PARLE QUE DES DROITS DE DIEU, et, tout en gardant la dignité d’un envoyé du Seigneur, il observe toujours le respect dû aux princes. «L’Éternel veut que nous allions lui rendre un culte au désert,» dit-il au roi; «je viens t’en demander la permission. Tant que tu la refuseras tu seras frappé de Dieu, mais ce ne sera pas moi qui mettrai la main sur toi.»

Remarquez maintenant un progrès dans les dispositions des Égyptiens envers les Israélites; ils commencent à croire aux dénonciations du prophète, et, entre la menace et son exécution, des serviteurs de Pharaon, moins endurcis que les autres, tiennent lui dire: «Jusqu'à quand, celui-ci nous tiendra-t-il enlacés? Laisse aller ces gens. Attendras-tu que l’Égypte soit perdue? Fais quelques concessions; consens à un arrangement,», etc., etc.

Alors on fit ce qui ne s’était pas vu encore: on rappela Moïse et Aaron auprès du roi, et celui-ci, bien à contrecoeur, leur dit: Allez, servez l’Éternel. Toutefois il s’empressa d'ajouter: Qui sont ceux qui iront? Et Moïse de répondre: Nous irons tous, avec nos jeunes gens, nos vieillards, avec nos fils et nos filles, avec notre gros et menu bétail; car nous avons à célébrer une fête solennelle à l’Éternel.

Vous le voyez:

TOUJOURS LES DROITS DE DIEU, JAMAIS CEUX DE L’HOMME.

Mais quelle réponse, que celle du malheureux Pharaon! Que l’Éternel soit avec vous, comme je laisserai aller vos petits enfants! Prenez garde! le mal est devant vous. Il n’en sera point ainsi. Allez, maintenant, et servez l’Éternel, car c’est ce que vous demandez; et on les chassa de devant Pharaon.

Il croit toujours qu’il y a là quelque feinte, qu’ils veulent le tromper, qu’ils s’enfuiront quand ils se trouveront seuls dans le désert.

Les hommes rusés supposent toujours la ruse; ils ne comprennent pas les honnêtes gens, et de là vient qu’ils font souvent de grandes erreurs et de grandes méprises. Ainsi beaucoup d’hommes du monde, en voyant des chrétiens s’assembler pour lire la Bible et prier, imaginent qu’il y a là-dessous des intentions cachées; qu’on veut faire de la politique, des complots, que sais-je!

Les gens qui n’ont pas la crainte de Dieu ne croient pas aux motifs désintéressés; ils jugent les autres d’après eux-mêmes, et c’est ainsi que les plus habiles se trompent souvent grossièrement.

Si Pharaon avait laissé aller les Israélites, ceux-ci seraient revenus chez lui. Jamais l’Éternel ne leur avait dit de résister à leur roi; ce fut donc lui qui se perdit en faisant la guerre à Dieu.

Mais, écoutez ce malheureux. Il jure, il prend Dieu à témoin. Quelle audace étrange!... Hélas non! pas si étrange. Que de fois des impies qui prétendent ne pas croire en Dieu lui demandent, dans leurs imprécations, de les damner si telle ou telle chose n’a pas lieu, ou au diable de les emporter, si telle ou telle autre n’est pas vraie!

Pharaon dit: Que l’Éternel soit avec nous, comme je vous laisserai aller!

De plus, il menace comme s’il était un Dieu et non un ver de terre: Prenez garde, car le mal est devant vous!

Ah! c’est devant toi qu’est le mal, misérable Pharaon!... Hélas! dans trois ou quatre jours, il pleurera son premier-né, et dans huit ou dix jours il sera enseveli dans les eaux profondes de la mer Rouge!

Mais remarquez avec soin l’objet de ce débat, mes amis.

De qui s’agissait-il dans cette affaire?

De jeunes garçons et de jeunes filles de votre âge. Pharaon voulait qu’ils n’accompagnassent pas leurs parents pour célébrer la fête à l’Éternel, et qu’ils demeurassent à la maison comme otage. Moïse se refuse.

Eh bien, chers enfants, il y a souvent des débats semblables de nos jours, à votre occasion, entre le diable et les serviteurs de Dieu. Le diable dit et fait dire aux gens du monde comme Pharaon:

«Pourquoi occupez-vous les enfants de religion? Ils sont trop petits.

Comment comprendraient-ils la Bible, puisque moi, qui suis un homme fait, et peut-être un savant, je ne la comprends pas? Ils n’y peuvent prendre aucun plaisir; c’est trop sérieux pour eux, puisque moi je n’y trouve que de l’ennui; leur âge est celui des jeux et non des études profondes.

Laissez-les courir après les distractions; laissez-leur le dimanche pour s’amuser.»

C’est ainsi que le prince de ce monde, le grand Pharaon des ténèbres de ce siècle, voudrait vous retenir pour otages afin de regagner aussi plus tard vos parents.

Eh! mes enfants, si votre maison prenait feu, que penseriez-vous d’une personne qui dirait à votre père: «Sortez, sortez, vous; mais laissez vos jeunes enfants dans leurs petits lits!»

Ou, si vous étiez en pension ou en apprentissage, que penseriez-vous d’un homme qui dirait à votre père: «Votre fils a un jour de congé, mais ne le faites pas venir chez vous; car il est à l’âge de s’amuser. Ne lui apprenez pas à vous aimer et à vous obéir; car cela l’ennuierait!»

Oh! mes enfants, vous avez le même besoin que nous d’échapper à la colère à venir et d’aimer Dieu. Demandez-lui donc la grâce de l’aimer! La prière d’un enfant qui recherche un cœur nouveau monte toujours vers le ciel.





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