Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGTIÈME LEÇON

EXODE, IX, 23-35


23 Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l’Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L’Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d’Égypte.

24 Il tomba de la grêle, et le feu se mêlait avec la grêle; elle était tellement forte qu’il n’y en avait point eu de semblable dans tout le pays d’Égypte depuis qu’il existe comme nation.

25 La grêle frappa, dans tout le pays d’Égypte, tout ce qui était dans les champs, depuis les hommes jusqu’aux animaux; la grêle frappa aussi toutes les herbes des champs, et brisa tous les arbres des champs.

26 Ce fut seulement dans le pays de Gosen, où étaient les enfants d’Israël, qu’il n’y eut point de grêle.

27 Pharaon fit appeler Moïse et Aaron, et leur dit: Cette fois, j’ai péché; c’est l’Éternel qui est le juste, et moi et mon peuple nous sommes les coupables.

28 Priez l’Éternel, pour qu’il n’y ait plus de tonnerres et de grêle; et je vous laisserai aller, et l’on ne vous retiendra plus.

29 Moïse lui dit: Quand je sortirai de la ville, je lèverai mes mains vers l’Éternel, les tonnerres cesseront et il n’y aura plus de grêle, afin que tu saches que la terre est à l’Éternel.

30 Mais je sais que toi et tes serviteurs, vous ne craindrez pas encore l’Eternel Dieu.

31 Le lin et l’orge avaient été frappés, parce que l’orge était en épis et que c’était la floraison du lin;

32 le froment et l’épeautre n’avaient point été frappés, parce qu’ils sont tardifs.

33 Moïse sortit de chez Pharaon, pour aller hors de la ville; il leva ses mains vers l’Éternel, les tonnerres et la grêle cessèrent, et la pluie ne tomba plus sur la terre.

34 Pharaon, voyant que la pluie, la grêle et les tonnerres avaient cessé, continua de pécher, et il endurcit son coeur, lui et ses serviteurs.

35 Le coeur de Pharaon s’endurcit, et il ne laissa point aller les enfants d’Israël, selon ce que l’Éternel avait dit par l’intermédiaire de Moïse.


* * *

Les fléaux dont Dieu, dans sa patience, dirai-je, ou dans sa colère, frappait l’Égypte, allaient toujours grandissant et se rapprochant du cœur et de la conscience du malheureux Pharaon.

Représentez-vous ce que dut être le moment où Moïse étendit sa verge vers les cieux et où commença cette horrible tempête.

Vous êtes probablement trop jeunes pour avoir déjà vu quelque violent orage de tonnerres et de grêle, car il n’en arrive que de loin en loin dans nos régions tempérées: ils sont plus fréquents dans les climats chauds; cependant il y en a parfois dans nos contrées qui manifestent, d’une manière effrayante, la grandeur de Dieu et le néant de l’homme.

Je me rappelle qu’un matin, pendant que j’étais pasteur à la campagne, le ciel se couvrit de nuages d’un gris cendré, épais, mais déchirés sur les bords, et volant si près de terre que toute la vallée était sombre comme si c’eût été le soir; ils étaient poussés en des sens divers par un vent violent. J’entendis bientôt un bruit formidable, comme celui d’un long tonnerre: c’était un orage de grêle qui se dirigeait vers les campagnes de France, encore bien loin derrière la chaîne du Jura, mais qui nous menaçait aussi, semblable à une grande armée qui marche au son d’une quantité de tambours. Les habitants de la campagne connaissaient ce bruit sinistre; la terreur, mais aussi la soumission étaient peintes sur leurs visages. «Dieu va nous frapper,» disaient-ils: «nous sommes sous sa verge.»

On ne voit guère ordinairement des grêlons plus gros qu’un pois ou un gland tout au plus; mais il y a quelques années, au canton de Vaud, et cette année-ci en Italie, il en est tombé d’aussi gros que l’œuf d’une poule d’Inde.

En 1790, il y eut un orage effroyable qui partit du midi de la France et alla jusqu’en Hollande, c’est-à-dire dans une longueur de deux cents lieues sur une largeur de six; le pays fut donc ravagé sur un espace de douze cents lieues carrées; les grêlons pesaient deux onces, et plusieurs jusqu’à une demi-livre.

Ce n’est donc pas sans raison que l’Éternel disait à Job:

«As-tu vu les trésors de la grêle, laquelle je retiens pour le temps de l’affliction et pour le jour du choc et du combat?

Qui est-ce qui a ouvert les conduits aux inondations et le chemin à l’éclair des tonnerres pour faire pleuvoir sur une terre où il n’y a personne, et sur le désert où il ne demeure aucun homme, pour arroser abondamment les lieux solitaires et déserts et pour faire pousser le germe de l’herbe?

La pluie n’a-t-elle point de père?

Ou qui est-ce qui produit les gouttes de la rosée?

Du ventre de qui sort la glace? et qui est-ce qui engendre le frimas du ciel?

Les eaux se cachent, étant durcies comme une pierre, et le dessus de l’abîme se prend (Job, XXXVIII, 22-30.)

Ah! qu’elle est grande la puissance de Celui qui «sépara les eaux d’avec les eaux,» c’est-à-dire qui mit l’atmosphère entre nous et ces vastes réservoirs au-dessus de nos têtes, qui peuvent, tout à coup, répandre une montagne de glace sur la terre!

Combien l’homme est petit et combien Dieu est grand, même dans les phénomènes qui s’accomplissent chaque jour!

Un orage de grêle, accompagné de tonnerre et de feu, est toujours un sujet d’admiration et de recueillement; mais celui qui frappa l’Égypte à la voix de Moïse était bien plus terrible et tout miraculeux: car non seulement c’était un phénomène très rare dans le pays, mais il éclata à la parole de l’homme de Dieu, et s’enfuit de même, comme nous le lisons aux versets 29 et 33.

De plus, il fut si terrible que jamais, est-il dit, il n’y en avait eu de semblable sur l’Égypte depuis qu’elle était habitée.

Et maintenant voyez ce que devient cet orgueilleux Pharaon qui, dans sa prospérité, avait dit: Qui est l’Éternel? je ne laisserai point aller le peuple.

Le voilà tout tremblant sous le fléau de Dieu; le voilà plein d’effroi, gémissant, suppliant, humilié!

Ah! mes enfants, il viendra un moment où les plus fiers pleureront, où les plus moqueurs se lamenteront, où les plus impies se frapperont la poitrine, se cacheront dans les cavernes et entre les rochers des montagnes en s’écriant: «Tombez sur nous et couvrez-nous de devant la face de Celui qui est assis sur le trône et de devant la colère de l’Agneau (Apoc., VI, 15-16.)

Il vient même un moment, dès cette vie, où l’homme sent qu’il n’est qu’un vermisseau, que poudre et que cendre; s’il est couché sur un lit de maladie, s’il voit un mal dangereux saisir quelqu’un des siens, s’il se trouve, en un mot, atteint d’un des mille fléaux de Dieu, alors, en général, quelque fier qu’il ait été, il s’humilie, il reconnaît son indignité, il demande qu’on prie pour lui.

Chers enfants, nous ne verrons peut-être pas un effroyable orage comme celui dont nous venons de parler; mais nous verrons tous le grand jour de la colère de l’Éternel, nous verrons tous Jésus-Christ venir sur les nuées du ciel avec les anges de sa puissance, avec le cri d’exhortation, la voix de l’archange et la trompette de Dieu (2 Thes., I, 8; 1 Thes., IV, 16.)! Oh! pensons-y avant qu’il soit trop tard.

Le malheureux Pharaon envoie chercher Moïse et Aaron; il leur dit: J’ai péché cette fois; l’Éternel est juste; mais moi et mon peuple sommes méchants! Fléchissez par prières l’Éternel; que ce soit assez! qu’il ne fasse plus tonner et grêler; car je vous laisserai aller: on ne vous arrêtera plus.

Il reconnaît trois choses:

1. qu’il a péché;

2. que Dieu est juste, en le punissant;

3. Non seulement que lui et son peuple ont péché, mais qu’ils sont méchants et il supplie Moïse et Aaron de prier pour lui. C’est ce que feront les inconvertis au dernier jour.

J’ai entendu raconter, à des personnes maintenant âgées, que, dans leur jeunesse, il y eut, sur, la vallée du Léman, une effroyable nuit, demeurée célèbre sous le nom, de «la nuit des grands tonnerres

Le ciel était en feu, les éclairs, les roulements et les craquements de la foudre se succédaient sans intervalle; la terre tremblait, les maisons semblaient près de s’écrouler; les forces des cieux paraissaient ébranlées: on eût dit que toutes choses allaient se dissoudre.

On se réunissait en famille; les domestiques accouraient dans la chambre de leurs maîtres et tous ensemble se jetaient à genoux, croyant assister à la fin du monde.

Les plus impies: se mettaient en prières ou voulaient lire la Bible. Chacun, même parmi les plus endurcis, comme Pharaon, était disposé à dire: «J’ai péché! j’ai péché! L’Éternel est juste et moi méchant. Oh! priez, priez pour moi!»

Eh bien! mes enfants, il viendra un moment de la vie où les plus durs crieront chacun, à son Dieu, comme les mariniers de Tarsis (Jonas, I, 5.); il viendra pour vous, ce moment, et il faudra alors « être trouvé recevable (1 Cor., IX, 27.); il faudra être blanchi devant Dieu, il faudra que votre «iniquité soit pardonnée, que votre péché soit couvert (Ps. XXXII, 1.).», Il faudra que Jésus-Christ ait répondu: pour vous, et pour cela il faudra que vous lui ayez donné votre foi et votre cœur.

LUI SEUL PEUT NOUS METTRE À L’ABRI DE LA COLÈRE À VENIR;

LUI, il s’est placé sous le tonnerre et la grêle;

LUI, il a supporté les coups de la loi de Dieu;

LUI, il a été «fait malédiction pour nous,»

LUI SEUL EST NOTRE REFUGE.

L’enfant de Dieu doit toujours pouvoir dire:

«Quand la terre tremblerait, quand les montagnes se renverseraient dans la mer, je ne craindrais point;

l’Éternel est mon asile;

il est mon secours dans la détresse et fort aisé à trouver;

il m’environne de chants de triomphe à cause de son salut. Sélah (Ps., XLVI, 2,3,1; XXXII, 7.)

Voilà l’assurance du chrétien, mes enfants; il sait que le tonnerre doit venir, que les jugements de Dieu doivent éclater, que le grand jour est proche; mais il sait qu’il a un Rédempteur.

Ah! quelle folie que de passer un seul jour ici-bas dans le repos et l’indifférence, si nous n’avons pas cherché à fuir la colère à venir, et si nous ne pouvons pas attendre avec confiance le jour de Christ!

Je crois vous avoir déjà raconté qu’un soir, où le ciel se couvrait rapidement de nuages sombres qui hâtaient l’arrivée des ténèbres, je descendais une colline dans la compagnie d’un ministre qui ne croyait pas encore que l’homme est perdu par ses propres œuvres, et ne peut être sauvé que par grâce, par le sang de Christ, par le moyen de la foi.

Tout à coup, comme nous parlions ensemble de ces choses, un effrayant éclair vint éblouir nos yeux, et, au même instant, le tonnerre éclata. Nous sentîmes l’odeur du soufre, et nous vîmes tomber la foudre dans une vigne à cinquante pas de nous. Nous fûmes l’un et l’autre profondément émus.

«Ah!» lui dis-je, «si un seul tonnerre nous trouble ainsi, que sera-ce quand le Seigneur viendra avec des flammes de feu et qu’il s’assiéra sur le trône de sa gloire? Que deviendrez-vous alors et que deviendrai-je moi* même, si nous ne possédons pas Jésus-Christ pour Sauveur et si le sang de sa croix ne répond pas pour nous devant son Père?»

Il parut frappé de cette pensée.

Ainsi l’était le malheureux Pharaon, lorsqu’au bruit de la tempête, il envoya appeler Moïse et Aaron et leur dit encore une fois: Fléchissez par prières l’Éternel.

Pensez-vous, mes enfants, qu’il eut raison ou qu’il eut tort de faire cette demande?

II eut raison de se recommander aux prières du peuple de Dieu, mais il aurait dû prier lui-même.

Les prières de tous les hommes, de tous les ministres, de tous les saints, de tous les martyrs du monde ne nous serviront de rien si...

elles ne nous obtiennent pas la grâce de savoir prier pour nous-mêmes; car aucun homme, aucun enfant n’entrera au ciel s'il ne sait pas prier.

Nous faisons donc bien de demander aux gens que nous respectons, aux amis du Seigneur, de prier pour nous; mais ce qu’ils doivent demander c’est justement que Dieu nous enseigne à prier nous-mêmes.

Vous, vous rappelez Simon le Magicien, qui, disait à l’apôtre: «Prie pour moi!,», mais Pierre lui avait dit: «PRIE pour que la mauvaise pensée de ton coeur te soit pardonnée (Actes, VIII, 22-24.)»,

Si vous aviez rencontré Jésus-Christ sur la terre et qu’il eût prié pour vous, sa prière n’aurait certainement pu manquer d’être exaucée; mais elle l’aurait été en faisant de vous des hommes de prière des enfants, de prière.

Quand quelqu’un est né, il respire:

la respiration de la nouvelle vie, c’est la prière!

Si donc quelqu’un ne prie pas, c’est qu'il est mort:

s’il vivait, il respirerait, c’est-à-dire il prierait (Actes, IX, 11.).

Pharaon demandait, les prières de Moïse, mais il ne priait pas lui-même; il, reconnaissait bien qu'il était un pécheur; tous les hommes le reconnaissant, et s’ils ne l'avouent pas, ils le sentent au fond de leur coeur, au moins par moments.

Voyez Fieschi. Qui avait voulu tuer le roi Louis-Philippe et beaucoup d'autres avec lui; il n'était pas converti; mais au moment où la guillotine allait lui trancher la tête, il baisât avec ardeur un crucifix et reconnaissait qu’il était un criminel.

Rappelez-vous la parabole des dix Vierges. Elles avaient toutes des lampes, mais cinq d’entre elles manquaient d’huile dans ces lampes, c’est-à-dire qu’elles n’avaient pas le Saint-Esprit dans le cœur, qu’elles n’étaient pas nées de nouveau. Aussi leurs lampes s’éteignirent. «Donnez-nous de votre huile,» criaient-elles aux sages; mais il était trop tard (Matth., XXV.)!

Pour le malheureux Pharaon aussi, il était trop tard.

Il faisait de belles promesses, mais il n’était pas sincère. Je sais que toi et tes serviteurs vous ne craindrez pas encore l’Éternel, lui dit Moïse. N’importe! Pour montrer sa puissance, Dieu fera encore ce miracle de délivrance; il en fera même trois autres de châtiment; mais Pharaon continuera à s’endurcir.

Après le premier fléau, il avait tourné le dos (VII, 23), et Dieu avait pris patience.

Après le second, il avait demandé qu’on fléchit l’Éternel (VIII, 8).

Après le troisième, les magiciens eux-mêmes avaient reconnu le doigt de Dieu (VIII, 19).

Après les suivants, Pharaon continue à faire des réserves: Allez sacrifier à l’Éternel, mais dans ce pays. Allez, mais sans vos enfants. Allez, mais sans vos troupeaux.

Enfin il dira: NE PARAISSEZ PLUS DEVANT MA FACE!



 

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