Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DIX-NEUVIÈME LEÇON

EXODE, IX, 13-23


13 L’Éternel dit à Moïse: Lève-toi de bon matin, et présente-toi devant Pharaon. Tu lui diras: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu des Hébreux: Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve.

14 Car, cette fois, je vais envoyer toutes mes plaies contre ton coeur, contre tes serviteurs et contre ton peuple, afin que tu saches que nul n’est semblable à moi sur toute la terre.

15 Si j’avais étendu ma main, et que je t’eusse frappé par la mortalité, toi et ton peuple, tu aurais disparu de la terre.

16 Mais, je t’ai laissé subsister, afin que tu voies ma puissance, et que l’on publie mon nom par toute la terre.

17 Si tu t’élèves encore contre mon peuple, et si tu ne le laisses point aller,

18 voici, je ferai pleuvoir demain, à cette heure, une grêle tellement forte, qu’il n’y en a point eu de semblable en Égypte depuis le jour où elle a été fondée jusqu’à présent.

19 Fais donc mettre en sûreté tes troupeaux et tout ce qui est à toi dans les champs. La grêle tombera sur tous les hommes et sur tous les animaux qui se trouveront dans les champs et qui n’auront pas été recueillis dans les maisons, et ils périront.

20 Ceux des serviteurs de Pharaon qui craignirent la parole de l’Éternel firent retirer dans les maisons leurs serviteurs et leurs troupeaux.

21 Mais ceux qui ne prirent point à coeur la parole de l’Éternel laissèrent leurs serviteurs et leurs troupeaux dans les champs.

22 L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main vers le ciel; et qu’il tombe de la grêle dans tout le pays d’Égypte sur les hommes, sur les animaux, et sur toutes les herbes des champs, dans le pays d’Égypte.

23 Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l’Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L’Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d’Égypte.


* * *

Nous avons à étudier aujourd’hui d’importantes déclarations de Dieu concernant ses jugements sur les hommes rebelles et impénitents. Il les adresse au coupable et malheureux Pharaon, et saint Paul les a citées dans son épître aux Romains.

Vous venez d’entendre ce fracas du tonnerre sur toute l’Égypte, ce terrible roulement de la grêle qui descend des nues comme une pluie de pierres, tuant hommes et bêtes, déchirant et brisant les arbres de la campagne; vous avez vu ce feu du ciel se promenant sur la terre, selon l’expression du verset 23 ces zigzags de foudre, ces flammes soudaines qui sillonnent les sombres nuages et brillent d’un horizon à l’autre; en un mot cette tempête, d’autant plus épouvantable pour l’Égypte qu’elle était presque inconnue dans ce pays, où il pleut rarement et où il ne grêle point.

C’était ainsi que l’Éternel continuait son œuvre, préparant,

d’un côté, la ruine très méritée du coupable Pharaon,

et de l’autre, la délivrance nullement méritée du peuple d’Israël;

et cela par des coups toujours plus éclatants et plus sévères; car nous voici arrivés à la septième plaie, sans compter le premier miracle du grand dragon.

Répétons-les dans leur ordre:

L’eau changée en sang,

les grenouilles,

les poux,

le mélange d’insectes,

la mortalité du bétail,

les ulcères sur les hommes et sur les bêtes.

Il semble qu’après de tels avertissements, le méchant cœur de Pharaon, de ses grands et de son peuple aurait dû s’assouplir et s’humilier. Ne voyaient-ils pas l’abattement de leurs prêtres et de leurs magiciens, qui les avaient si longtemps égarés et qui maintenant se courbaient eux-mêmes sous les jugements de l’Éternel? Vous vous rappelez que ces imposteurs, que saint Paul nomme «Jannès et Jambrès (2 Tim., III, 8.),» avaient déjà fléchi un moment, lorsque, infectés d’une honteuse vermine, et profondément confus, ils s’étaient écriés: «C’est ici le doigt de Dieu!»

Mais maintenant c’est plus encore: leur air hautain, leur regard audacieux ont disparu; ils sont couverts de boutons, d’ulcères et de pustules tellement «qu'ils ne peuvent plus même se tenir devant Moïse,» nous est-il dit au verset 11.

Ah I mes enfants, telle sera la confusion des méchants et des persécuteurs quand Jésus-Christ reviendra et que la lumière de Dieu les éclairera! Alors la laideur de leur âme inconvertie paraîtra au grand jour, et ils n’oseront se montrer devant les anges purs et devant les rachetés couverts du manteau de la justice de Christ (Apoc., VI, 16.).

Et que deviendriez-vous vous-mêmes ici-bas sur la terre, si, pour chaque mauvaise pensée, chaque parole malséante, chaque mensonge, chaque médisance, chaque propos méchant ou colère, il vous venait un ulcère ou une plaie sur le visage?

S’il vous arrivait; par exemple, comme à Marie, la sœur de Moïse, qui, pour s’être élevée par orgueil contre son frère, devint tout à coup blanche de lèpre, c’est-à-dire couverte d’une gale dégoûtante, «comme si son père lui eût craché à la figure,» nous dit l’Écriture (Nomb., XII, 10-15.)?

Ah! que deviendrions-nous tous, et que nous serions horribles si toutes les laideurs de notre âme apparaissaient sur notre figure!

Il est bon de nous livrer parfois à de telles pensées, pour être rendus humbles devant Dieu et pour sentir plus profondément le besoin d’être couverts du sang de Jésus-Christ qui «lave de tout péché (1 Jean, I, 7.),» et qui seul peut faire paraître son Église (l’assemblée de ses rachetés) devant lui, son céleste époux, «sainte et irrépréhensible, sans tache, ni ride, ni autre chose semblable,» selon l’expression de saint Paul (Eph., V, 27.).

Je vous disais tout à l’heure, à l’occasion du premier verset de notre leçon, qu'après de telles manifestations du jugement de Dieu, et devant les aveux des magiciens eux-mêmes, il semble que le cœur de Pharaon aurait dû être humilié et amolli; mais non!

Dieu voulait nous laisser voir en lui jusqu’où peut aller l’orgueil et la dureté de l’homme, et Pharaon endurcit encore son cœur, ou plutôt il nous est dit ici, pour la première fois, que L'ÉTERNEL L’ENDURCIT.

Remarquez bien que jusque-là, par sept ou huit fois, il nous était toujours dit que ce fut ce méchant lui-même qui s’endurcit (VII, 13, 14, 22; VIII, 15, 19, 32; IX, 7.); mais au verset 12e enfin nous trouvons ces mots terribles:

«Et l’Éternel endurcit le coeur de Pharaon.

Je vous les ai déjà expliqués plus d’une fois: Dieu ne communique jamais le mal au cœur de l’homme par un acte positif et une opération intérieure, comme il lui communique le bien. «Quand quelqu’un est tenté il ne peut pas dire: C’est Dieu qui me tente,» nous dit saint Jacques (Jacq., I, 13.).

Les méchants ne sont donc endurcis par Dieu qu’en tant qu’il les abandonne à eux-mêmes et aux mauvaises inclinations de leur propre cœur, et qu’il laisse agir sur eux les suggestions du monde, des impies et de Satan.

Mais, prenez-y bien garde!

Il arrive que si une personne est longtemps demeurée sourde aux avertissements de la Parole de Dieu et de sa Providence, le Seigneur dit enfin: «Eh bien, puisqu’il me résiste, puisqu’il veut périr, qu’il périsse!»

C’est peut-être un jeune homme à qui tout réussit; il est riche, il est bien portant, il est flatté dans le monde; alors il devient fier, moqueur, hautain; il néglige peu à peu la prière, la Bible, le culte public; il n’y prend plus de plaisir.

Ses parents l’avertissent, le supplient; sa mère le sollicite peut-être avec larmes, son père l’exhorte sur son lit de mort, les dispensations de Dieu lui parlent, la voix de l’Esprit l’appelle dans son cœur. Il résiste, il commence par l’indifférence envers la religion; puis il se joint aux moqueurs; peut-être qu’il se rit des jeunes gens qui ont la crainte de Dieu; ensuite il en vient même à chercher à leur faire de la peine, à les insulter, et, s’il en a l’occasion, à les persécuter.

Si Dieu lui envoyait quelque grande affliction, il s’arrêterait peut-être sur ce mauvais chemin. Eh bien! Dieu lui enlève son père ou sa mère; il est ému; il pense qu’il ne voudrait pas mourir tel qu’il est; mais il s’endurcit de nouveau.

Le Seigneur continuera-t-il à heurter à la porte de ce cœur?

C’est possible, car sa bonté est immense; mais il vient pourtant un moment où il dit:

«Retirez-vous de moi! Je ne vous connais pas (Matth., XXV, 41, 12.)

«Mon esprit ne contestera plus avec ces hommes, car ils ne sont que chair (Gen., VI, 3.)

Il se peut, je le répète, qu’il lui envoie encore un appel, une maladie, des ulcères qui lui couvrent la figure, ou quelque autre fléau qui l’humilie; mais il se peut aussi qu’il le laisse dans sa richesse, dans son bien-être, au milieu de ses flatteurs et de tout ce qu’il aime ici-bas, et qu’ainsi il l’endurcisse, non en mettant le mal dans son cœur, mais SEULEMENT EN L’ABANDONNANT À CELUI QUI Y EST; et alors ce jeune homme deviendra toujours plus insouciant, plus impénitent; il aura été d’abord NÉGLIGENT; plus tard il sera devenu MOQUEUR, ensuite IMPIE, puis BLASPHÉMATEUR et enfin PERSÉCUTEUR!

Les appels de Dieu, ses avertissements, ses bienfaits même et ses délivrances l’endurciront de plus en plus, et le rendront, comme Pharaon, plus ingrat et plus indomptable; et c’est ainsi que la bonté même de Dieu tourne à sa ruine à cause de la méchanceté de son cœur.

Que devons-nous conclure de tout ceci, chers enfants?

Qu’il faut:

1. Reconnaître notre méchanceté naturelle;

2. sentir le besoin que nous avons de pardon;

3. voir la nécessité absolue d’un changement;

4. recourir à Jésus,

5. et «ne pas endurcir notre cœur, si nous entendons sa voix (Héb., III, 7-8, 15; Ps., XCV, 8.)

Je recommande à votre attention les paroles du verset 15: Si j’eusse étendu ma main tu eusses été effacé de la terre; mais je t’ai fait subsister pour montrer en toi ma puissance et afin que mon nom soit célèbre sur toute la terre.

Remarquez d’abord que Dieu laisse vivre les méchants, et même le diable.

Le diable subsiste pour un temps; c’est un ennemi de Dieu comme les blasphémateurs, les jureurs, les imposteurs, les meurtriers et tous les hommes qui sont des fléaux sur la terre. Dieu les laisse faire pour un temps, et il leur adresse le même avertissement qu’à Pharaon.

Quelle folie, mes amis, que la révolte de l’homme contre Dieu!

On comprend qu’un homme marche contre un autre homme. Il espère être le plus fort; il fera la guerre à son souverain; il soulèvera la capitale; il réussira peut-être à renverser le gouvernement.

Mais un homme contre Dieu! quelle folie! et en même temps quelle méchanceté, puisque nous n’avons pas un souffle, pas un battement de cœur dans notre poitrine qui ne nous soit donné de Dieu.

Je vous disais l’autre jour que votre sang fait le tour de votre corps quatorze fois dans une heure; mais vous n’y êtes pour rien; cela se fait sans vous. Dieu n’a qu’à «retirer le souffle» de sa bouche et en un instant le monarque tombe de son trône dans la poussière.

Ah! sous quel aspect nous apparaissent l’orgueil, l’ingratitude, et, si j’ose le dire, la stupidité d’un pauvre cœur d’homme qui se révolte contre son Créateur, qui se croit indépendant, qui se rit de lui, de sa parole, de ses voies, de son peuple!

Dieu veut que sa gloire ressorte de tout, et il la tirera des méchants sans qu’ils le veuillent, comme de ses plus chers serviteurs et de ses anges qui l’adorent avec bonheur; aussi manifeste-t-il souvent sa puissance par le moyen de ses plus grands adversaires, et dans les jugements qu’il exerce sur les persécuteurs. «Je t’ai fait subsister afin de faire voir en toi ma puissance et afin que mon nom soit célèbre par toute la terre.

Voilà, ô Pharaon, ce qui t’expliquera pourquoi ton Créateur, que tu outrages, te laisse vivre au lieu de t’effacer de dessus la terre; ce n’est point par hasard que tu es assis sur ce trône d’Égypte. Non, non! c’est moi qui t’y ai mis; moi qui y compte les battements de ton cœur; moi «dans la main duquel est ton souffle et toutes tes voies (Dan., V, 23.);», mais j’ai voulu que, par ta perversité même, tu me donnasses une occasion de montrer au monde ma puissance, ma patience, ma miséricorde, toutes les perfections que mon saint nom rappelle à ceux qui me connaissent.»

Lisez-moi la citation que saint Paul a faite de ce passage dans le chapitre IXe de son épître aux Romains. (Un enfant lit Rom., IX, 15-23).

Pharaon sera donc à jamais dans l’histoire de l’humanité un exemple terrible et un monument de la puissance de l’Éternel pour humilier ceux qui s’élèvent contre lui, et pour délivrer les petits qui sont opprimés et qui tendent leurs mains suppliantes vers son trône de justice et de miséricorde.

Ceci me rappelle un discours qui a été prononcé dernièrement dans la séance annuelle de la grande Société des missions de Londres et que j’ai lu cette semaine. L’orateur y parlait de la protection merveilleuse de Dieu sur les chrétiens nègres de Madagascar.

Vous savez que la reine de cette île est un des plus cruels persécuteurs qui aient vécu depuis le temps des empereurs de Rome. Elle a fait poursuivre ses sujets jusque dans les montagnes, leur a enlevé leurs Bibles et les a fait mourir un grand nombre dans d’horribles tourments.

«Je me rappelle,» a dit l’orateur, «combien je fus frappé d’une réponse de l’un de ces pauvres frères nègres qui étaient venus se réfugier en Angleterre, il y a quelques années. «Pensez-vous que Dieu exauce vos prières en faveur de votre patrie et y ouvre de nouveau un chemin à l’Évangile?» lui demandai-je. Il hésita, réfléchit un moment, puis, tirant de sa poche un Nouveau Testament et, tournant les pages du livre (tous ces néophytes de Madagascar sont puissants dans les Écritures), il me montra ce verset: «Et Dieu ne vengera-t-il pas ses élus, qui crient à lui nuit et jour, quoiqu’il diffère de s’irriter pour l’amour d’eux? Je vous dis que bientôt il le fera (Luc, XVIII, 7-8.)

Eh bien, mes enfants, on a reçu dernièrement des nouvelles glorieuses de cette île, où la cause de l’Évangile avait un moment pu sembler perdue.

Le fils unique de cette cruelle reine, frappé de la mort triomphante des martyrs, a suivi les chrétiens dans les bois, ou les a fait venir de nuit dans son palais pour lui expliquer la Bible; et quand on l’a menacé il a répondu: «Je ne refuse pas de mourir.»

Sa mère n’a pas eu le courage de le condamner et Dieu dit sans doute d’elle comme de Pharaon: Je t’ai fait subsister afin de montrer ma puissance pour convertir et pour garder mes rachetés, et aussi peut-être pour te châtier quand l’heure en sera venue, afin que mon nom soit célébré par toute la terre.

T'élèves-tu encore contre mon peuple pour ne le laisser point aller? dit Moïse au roi, de la part de l’Éternel:

Voici, je m’en vais faire pleuvoir demain, à cette même heure, une grosse grêle à laquelle il n’y a point eu de semblable en Égypte depuis le jour qu’elle a été fondée jusqu’à maintenant.

Maintenant donc envoie rassembler ton bétail et tout ce que tu as, à la campagne; car tout ce qu’on n’aura pas renfermé mourra.

Celui des serviteurs de Pharaon qui craignit la parole de l'Éternel fit promptement retirer dans les maisons ses serviteurs et ses bêtes; mais celui qui n'appliqua point son cœur à la parole de l’Éternel laissa ses serviteurs et ses bêtes à la campagne.

Admirez ici, chers enfants, le soin que Dieu prit de distinguer, cette fois, pour l’instruction du peuple, non seulement entre Israélites et Égyptiens, mais entre Égyptiens et Égyptiens.

C’est une image de ce qu’il fait dans le monde:

IL AVERTIT; IL FAIT ANNONCER LE JUGEMENT, MAIS AUSSI L’ÉVANGILE.

Si quelqu'un veut croire, il craindra, il agira, il sera sauvé.

Ceux des Égyptiens qui crurent échappèrent à la destruction qui frappa les serviteurs et les bêtes des autres;

ceux qui ne crurent pas ne purent donc s’en prendre qu’à eux-mêmes de leur ruine.

Il en fut de même au temps de Noé (Héb., XI, 7.). Il en sera de même à la fin du monde (Matth., XXV; 2 Thes., I, 7-10.).

Il y eut donc un grand nombre d’Égyptiens qui furent épargnés parce qu’ils s’étaient réfugiés à temps dans leurs maisons. Hélas! les hommes de tous les temps se montrent beaucoup plus sages, plus prévoyants, plus prudents quand il s’agit de préserver leurs bêtes que quand il s’agit de sauver leurs âmes, et il y aurait beaucoup de gens sauvés s’ils prenaient autant de soin de leur salut que de leur fortune...

Voici enfin l’heure de l’exécution du septième et terrible jugement! L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main vers les cieux.

C’est lui qui envoie les plaies; mais pour honorer le ministère de sa parole, il veut qu’elles se fassent au signal de l’homme, son serviteur: tout comme les conversions s’accomplissent à la voix des prédicateurs de l’Évangile; elles ne viennent pas d’eux, mais par eux...



 

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