Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DIX-HUITIÈME LEÇON

EXODE, IX, 1-12


9:1 L’Éternel dit à Moïse: Va vers Pharaon, et tu lui diras: Ainsi parle l’Éternel, le Dieu des Hébreux: Laisse aller mon peuple, afin qu’il me serve.

2 Si tu refuses de le laisser aller, et si tu le retiens encore,

3 voici, la main de l’Éternel sera sur tes troupeaux qui sont dans les champs, sur les chevaux, sur les ânes, sur les chameaux, sur les boeufs et sur les brebis; il y aura une mortalité très grande.

4 L’Éternel distinguera entre les troupeaux d’Israël et les troupeaux des Égyptiens, et il ne périra rien de tout ce qui est aux enfants d’Israël.

5 L’Éternel fixa le temps, et dit: Demain, l’Éternel fera cela dans le pays.

6 Et l’Éternel fit ainsi, dès le lendemain. Tous les troupeaux des Égyptiens périrent, et il ne périt pas une bête des troupeaux des enfants d’Israël.

7 Pharaon s’informa de ce qui était arrivé; et voici, pas une bête des troupeaux d’Israël n’avait péri. Mais le coeur de Pharaon s’endurcit, et il ne laissa point aller le peuple.

8 L’Éternel dit à Moïse et à Aaron: Remplissez vos mains de cendre de fournaise, et que Moïse la jette vers le ciel, sous les yeux de Pharaon.

9 Elle deviendra une poussière qui couvrira tout le pays d’Égypte; et elle produira, dans tout le pays d’Égypte, sur les hommes et sur les animaux, des ulcères formés par une éruption de pustules.

10 Ils prirent de la cendre de fournaise, et se présentèrent devant Pharaon; Moïse la jeta vers le ciel, et elle produisit sur les hommes et sur les animaux des ulcères formés par une éruption de pustules.

11 Les magiciens ne purent paraître devant Moïse, à cause des ulcères; car les ulcères étaient sur les magiciens, comme sur tous les Égyptiens.

12 L’Éternel endurcit le coeur de Pharaon, et Pharaon n’écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l’Éternel avait dit à Moïse.

* * *

Reprenons la suite de nos versets, en demandant à Dieu des cœurs attentifs et sérieux, en sorte que nous puissions recueillir une bonne et sainte leçon, qui nous prépare un heureux dimanche et une semaine d’obéissance et de paix.

Et l’Éternel dit à Moïse: Va vers Pharaon, et lui dis: Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu des Hébreux...

Il fallait que cet h0mme eût reçu du Seigneur un courage tout miraculeux pour oser se présenter encore une fois devant la face du terrible Pharaon. Ce n’est certes plus là le même Moïse qui disait à l’Éternel sur la montagne: «Qui suis-je, moi, pour aller vers Pharaon? Envoie celui que tu dois envoyer.»

Maintenant il est plein de foi et par conséquent de courage. «Il est comme voyant Celui qui est invisible,» nous dit saint Paul (Héb., XI, 27.). L’Éternel se nomme LE DIEU DES HÉBREUX, il est donc son Dieu.

Que craindrait-il alors? «L’Éternel est avec lui, qui lui ferait l’homme (Ps. LVI, 5.)?» Le roi le mettra peut-être à mort. C’est égal! Il sait que «les cheveux même de sa tête sont comptés (Matth., X, 30.)

Ce courage, chers enfants, Dieu veut le voir, non pas seulement chez les prophètes et les conducteurs des peuples, mais chez tous ses fidèles.

«Oh! vous qui savez ce que c’est que la justice,» leur dit-il, «peuple dans le cœur duquel est ma loi, ne craignez point l’opprobre des hommes et ne soyez point honteux de leurs reproches; car la teigne les rongera comme un vêtement, et le ver les dévorera; mais ma justice demeurera à toujours et mon salut dans tous les âges (Esaïe, Ll, 7.)

«Ne craignez point ce que les autres craignent et ne vous en épouvantez point (Ésaïe, VIII, 12.)

«Je vous dis, à vous qui êtes mes amis (c’est Jésus qui parle): Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent faire davantage; mais je vous montrerai qui vous devez craindre; craignez Celui qui a la puissance, après qu’il a tué, d’envoyer dans la géhenne. Oui, vous dis-je, craignez celui-là (Luc, XII. 4, 5.)

Ce courage, c’est celui avec lequel, je ne dis pas seulement tous les ministres, mais tous les chrétiens, hommes, femmes, vieux, jeunes, enfants même, doivent accomplir leur œuvre de chrétiens, et parler de Jésus-Christ et de son précieux Évangile.

Oui, nous devrions être remplis de ce saint courage, même si nous avions affaire à des rois, à des persécuteurs, à des bourreaux qui tueraient notre corps; combien ne devons-nous donc pas être honteux et repentants lorsque nous nous surprenons à avoir peur des hommes, des femmes, des petits enfants, de celle-ci, de celui-là, quelquefois des gens que nous estimons le moins!

Lorsque nous nous laissons intimider par ce qu’on pourra dire de nous dans notre école, dans notre pension, dans notre atelier, dans notre quartier, dans notre village! — Ah! encore quelques jours et nous serons tous devant Jésus-Christ, et alors de quelle terrible confusion serons-nous couverts, je vous le demande, si nous avons «eu honte de lui et de ses paroles (Marc VIII, 38.)

L'Éternel dit à Moïse: Va vers Pharaon et lui dis: Ainsi a dit l'Éternel.

Nous aussi, mes enfants, quand nous rendons témoignage de notre espérance et du cher Évangile de notre Dieu et Père, nous parlons au nom de Celui qui est notre Créateur, notre Dieu.

Que veut dire, en effet, le Seigneur, quand il se plaît à se nommer le Dieu des Hébreux? N’est-il donc que le Dieu des Hébreux? «Certes il l’est aussi des gentils,» nous dit saint Paul répondant à cette même question; non pas toutefois de tous les gentils, mais de ceux qu’il a justifiés par la foi (Rom., III, 28, 29.).

Quant à l’âme qui n’est pas encore convertie, c’est le diable qui en est maître; car le diable est dieu de ce monde; mais si cette âme reçoit Jésus-Christ par la foi et se convertit au Dieu vivant et vrai, oh! alors Dieu dit d’elle: «Je serai son Dieu et elle sera mon peuple (Jér., XXX, 22.),» et il lui dit, à elle, comme à Abraham: «Ne crains point: je suis ton bouclier et ta grande récompense (Gen., XV, 1.)

Quand Dieu est notre Dieu, que craindrions-nous?

La mort?

Oui, elle serait terrible, si Dieu n’était pas notre Dieu, car alors il faudrait aller vers «le diable et ses anges (Matth., XXV, 41.);», mais elle est bonne, si Dieu est notre Dieu, car «il n’est pas le Dieu des morts,» et par conséquent il nous ressuscitera.

S’il a dit d’Abraham, après quatre cents ans: «Je suis le Dieu d’Abraham c’est qu’Abraham est vivant par lui et pour lui; car il n’est pas le Dieu de quelques ossements, de quelques poignées de poussière.

C’est là le raisonnement de Jésus-Christ lui-même (Marc, XII, 26-27.), comme je vous le rappelais il y a quelques semaines.

Voilà donc ce que c’est que d’avoir Dieu pour Dieu, et voilà pourquoi ceux qui le possèdent ainsi ne doivent rien craindre. Aussi, ai-je vu bien souvent, pendant que j’étais pasteur d’une église de campagne, et aussi depuis que je suis à Genève, de chers enfants et de grandes personnes qui savaient très bien qu’elles étaient sur le point de mourir, qui en parlaient eux-mêmes, et qui, loin de craindre la mort, se réjouissaient d’aller «vers leur Dieu et notre Dieu, vers leur Père et notre Père (Jean, XX, 17.)

Appellerez-vous cela du courage? Non; c’est mieux que cela: C’EST DE LA FOI!

Que Dieu daigne nous l’accorder ou nous l’augmenter à tous!

Je continue: Va vers Pharaon et dis-lui: Ainsi a dit l’Éternel: Laisse aller mon peuple afin qu’ils me servent!

C’est là l’ordre de Dieu à tous les rois, à tous les princes, à tous les magistrats, à tous les gouvernements, à tous les hommes de la terre. Il faut que le peuple de Dieu le serve, et malheur à ceux qui voudraient l’en empêcher! Aussi devons-nous prier «pour les rois et pour tous ceux qui sont constitués en dignité, non seulement afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté (1 Tim., Il, 2.);», mais aussi afin que la «Parole de Dieu ait un libre cours et soit glorifiée (2 Thes., III, I.)

Et quoique nous ne nous mêlions nullement de politique, nous devons être reconnaissants que, dans notre patrie, Dieu ait mis au cœur du gouvernement de respecter les consciences et de laisser au peuple de Dieu toute liberté de le servir; nous devons prier pour nos magistrats et demander à Dieu de les bénir pour avoir été fidèles aux principes de la justice à cet égard. Prions aussi pour les gouvernements et pour les magistrats, quels qu’ils soient, qui empêchent les serviteurs de Dieu de se réunir pour prier. Tremblons à la pensée de la responsabilité qu’ils assument, et demandons au Seigneur de leur changer l’esprit et le cœur afin qu’ils sortent de la voie où ils se sont engagés; car c’est Jésus-Christ lui-même qui a dit:

«Malheur à celui par qui le scandale arrive! Malheur à celui qui est une occasion de chute au plus petit, au plus faible chrétien! il vaudrait mieux pour lui qu’on lui passât une corde autour du cou avec une grosse pierre au bout et qu’on le jetât dans la mer (Marc, IX, 42.)

Oui, malheur à ceux qui s’opposent au règne de l’Éternel; car sa main sera sur eux, comme le dit le verset troisième de notre leçon.

Et ceci ne s’adresse pas seulement aux princes et aux magistrats, mais, malheur aussi aux hommes, malheur aux enfants, qui, par de mauvaises paroles, par de mauvais exemples, par des moqueries, des sobriquets ou des plaisanteries, voudraient empêcher les autres de servir Dieu!

Malheur à ceux qui, comme Elymas, tâchent de les détourner de la foi! Vous rappelez-vous cette histoire?

Lisez-la-moi dans le chapitre XIIIe des Actes des apôtres.

Ce malheureux Elymas disait au proconsul Serge-Paul beaucoup de mauvaises paroles, probablement telles que celle-ci: «Voulez-vous croire ces gens-là? Voulez-vous devenir un Nazaréen? (comme qui dirait maintenant un méthodiste, un momier). Ne les écoutez pas.»

Mais voici la sentence terrible du serviteur de Dieu:

«Ô homme plein de toute fraude et de toute ruse, fils du diable, ennemi de toute justice; ne cesseras-tu pas de renverser les voies du Seigneur qui sont droites?

C’est pourquoi, voici, la main du Seigneur va être sur toi et tu seras aveugle, sans voir le soleil jusqu’à un certain temps.»

C’est là même expression que Moïse, emploie avec Pharaon: La main du Seigneur sera sur toi.

Mais remarquez encore ici la patience étonnante de Dieu. Ah! certes, nous n’aurions pas été aussi lents à la colère. On parle toujours de la sévérité de Dieu à l’égard de Pharaon; et, depuis que j’étudie cette histoire pour vous l’expliquer chaque dimanche, je suis, au contraire, toujours plus frappé de sa patience et de sa bonté.

Vous avez vu les mépris de Pharaon: «Qui est l’Éternel? je ne connais pas l’Éternel;»

Vous avez vu ses endurcissements répétés; Dieu aurait pu le renverser, le frapper de mort à l’instant même, «l’effacer de la terre», comme il le dit aux versets 10 et 16; car chaque battement de son coeur dépendait de lui.

Mais non! Dieu, qui avait commencé à lui parler par un miracle inoffensif, celui des serpents, change ensuite en sang les eaux du Nil; il ne le frappe pas dans sa personne, pas même encore dans ses biens, du moins par un dommage permanent; plus tard il lui envoie des grenouilles, des insectes humiliants, puis un mélange d’insectes qui gâte la terre; maintenant il pourrait le réduire à souffrir cruellement et à crier miséricorde dans l’angoisse, dans la douleur.

Mais non! il ne le frappera encore cette fois qu’en dehors de lui, dans ses biens, dans sa fortune, dans la mortalité de ses chevaux, de ses ânes, de ses chameaux et de ses bœufs; puis, quand Pharaon aura rejeté cet avertissement nouveau, alors, alors enfin Dieu le frappera dans son corps; une maladie, des ulcères, des pustules, arriveront jusque dans son palais et sur son trône.

Il y eut, nous est-il dit, une très grande mortalité dans les troupeaux de l’Égypte; mais du bétail des enfants d'Israël il n’en mourut pas une seule bête.

Chacun des fléaux fut très court; s’il avait duré, la nation aurait été détruite; ce mot: tout le bétail des Égyptiens mourut, ne veut pas dire qu’il n’en restât pas un individu, puisque nous voyons, plus tard, que les autres périrent par la grêle, mais seulement que des animaux de toutes races furent frappés.

Pharaon envoya visiter les pâturages des Israélites et s’assura que leurs troupeaux avaient été épargnés. Il aurait dû rentrer alors en lui-même, et rendre grâce de ce que ce Dieu, qui se montrait si puissant, n’avait encore frappé de mort que ses bestiaux sans toucher à la vie de son peuple ni à la sienne propre.

Mais non: ce malheureux s’endurcit de plus en plus et réalisa à la lettre cette terrible parole qu’a prononcée plus tard la sagesse de l’Esprit et que nous lisions dimanche: «Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécute pas incontinent, à cause de cela le cœur des hommes est plein au dedans d’eux d’envie de mal faire.»

Il crut avoir du temps; il se dit sans doute: «Quand je serai plus frappé je me convertirai; il le faudra bien, car l’Éternel est plus fort que moi!» comme il dit plus tard: j'ai péché! mais sans que son cœur fût changé.

Alors parut une nouvelle plaie, par laquelle finit notre leçon.

Dieu dit aux deux frères d’aller encore devant Pharaon, non plus cette fois avec leur verge, mais avec de la poussière seulement dans leurs mains; et quelle poussière? Des cendres de ces fournaises auprès desquelles on faisait travailler à coups de bâtons les malheureux Israélites; et c’est avec ces quatre poignées de cendres que Dieu va maintenant réduire à l’état le plus humiliant le grand Pharaon, ses orgueilleux magiciens et tout son peuple. Moïse les jette vers les deux et aussitôt il en tombe une fine poussière.

On l’avale avec l’air qu’on respire; comme au temps du choléra, de la peste ou de la fièvre jaune on respirait des animaux pestilentiels qui produisaient des rougeurs, des bubons ou des abcès mortels.

Voilà tous les Égyptiens, voilà le grand Pharaon sur son trône frappés d’ulcères!

Et que vont faire cette fois les magiciens?

Imiteront-ils encore Moïse?

Non: ils ne purent se tenir devant lui, nous est-il dit. Ils étaient eux-mêmes couverts d’une gale repoussante, obligés de s’humilier et de reconnaître devant Dieu leur néant!

Chers enfants, on m’a répété cette semaine une objection à laquelle j’ai déjà répondu: je n’y reviendrai donc qu’un moment en finissant.

«Était-il juste,» demande-t-on, «que toute l’Égypte fût punie pour les péchés de son roi?»

Je vous ai dit que le peuple avait pris une grande part à ces péchés, entre autres lorsqu’on avait jeté les pauvres petits enfants dans le fleuve; et que, par conséquent, il était juste que le fleuve se changeât pour eux en sang, puisqu’ils y avaient eux-mêmes versé du sang.

Je vous ai dit aussi qu’au lieu du vrai Dieu, ils adoraient le Nil, les bœufs, les chiens et d’autres animaux; en sorte qu’il était juste que Dieu changeât en corruption ce fleuve qu’ils changeaient en Dieu et qu’il frappât de mort ces animaux dont ils faisaient leurs dieux.

Ah! chers enfants, il nous faut tous, grands et petits, prendre garde à ceci: Quand nous nous faisons des idoles des créatures, de notre argent, de notre réputation, de la faveur des hommes, de notre mari, de notre femme, de notre enfant; c’est-à-dire quand nous y mettons tout notre bonheur, toute notre affection, alors il est juste que Dieu frappe ces êtres dont nous faisons nos dieux; il est juste qu’il nous les ôte, qu’il nous les change, ou qu’il nous les rende amers!



 

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