Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DIX-SEPTIÈME LEÇON

EXODE, VIII, 21-31


21 Si tu ne laisses pas aller mon peuple, je vais envoyer les mouches venimeuses contre toi, contre tes serviteurs, contre ton peuple et contre tes maisons; les maisons des Égyptiens seront remplies de mouches, et le sol en sera couvert.

22 Mais, en ce jour-là, je distinguerai le pays de Gosen où habite mon peuple, et là il n’y aura point de mouches, afin que tu saches que moi, l’Éternel, je suis au milieu de ce pays.

23 J’établirai une distinction entre mon peuple et ton peuple. Ce signe sera pour demain.

24 L’Éternel fit ainsi. Il vint une quantité de mouches venimeuses dans la maison de Pharaon et de ses serviteurs, et tout le pays d’Égypte fut dévasté par les mouches.

25 Pharaon appela Moïse et Aaron et dit: Allez, offrez des sacrifices à votre Dieu dans le pays.

26 Moïse répondit: Il n’est point convenable de faire ainsi; car nous offririons à l’Éternel, notre Dieu, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens. Et si nous offrons, sous leurs yeux, des sacrifices qui sont en abomination aux Égyptiens, ne nous lapideront-ils pas?

27 Nous ferons trois journées de marche dans le désert, et nous offrirons des sacrifices à l’Éternel, notre Dieu, selon ce qu’il nous dira.

28 Pharaon dit: Je vous laisserai aller, pour offrir à l’Éternel, votre Dieu, des sacrifices dans le désert: seulement, vous ne vous éloignerez pas, en y allant. Priez pour moi.

29 Moïse répondit: Je vais sortir de chez toi, et je prierai l’Éternel. Demain, les mouches s’éloigneront de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple. Mais, que Pharaon ne trompe plus, en refusant de laisser aller le peuple, pour offrir des sacrifices à l’éternel.

30 Moïse sortit de chez Pharaon, et il pria l’Éternel.

31 L’Éternel fit ce que demandait Moïse; et les mouches s’éloignèrent de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple. Il n’en resta pas une.


* * *

Avez-vous pris garde, chers enfants, à cette parole de Moïse à Pharaon, dans le verset 29 que vous venez de réciter: Je fléchirai par prières l'Éternel, mais que Pharaon ne continue plus à se moquer en ne laissant point aller le peuple?..

Ah! mes enfants, voilà bien le pécheur dans son impénitence: il se moque; mais «l’on ne se moque pas de Dieu,» a dit saint Paul; «ce que l’homme aura semé, il le moissonnera (Gal, VI, 7)

Il ne faut pourtant pas croire que Pharaon fût un homme absolument sans religion, et que lorsqu’il dit: Fléchissez pour moi l’Éternel, ou lorsqu'il s’écrie comme nous le verrons au chapitre suivant: J’ai péché! il fût un hypocrite conscient et volontaire. Non: Pharaon, le persécuteur des Israélites, comme Louis XIV, le persécuteur des protestants, avait une certaine religion; MAIS SON CŒUR ÉTAIT DUR ET S’ENDURCISSAIT TOUJOURS; son cœur était trompeur et le trompait toujours; son cœur était malin, désespérément malin (Jér., XVII, 9).

Sa religion ne consistait, hélas! qu’en observances et en superstitions; mais, devant les fléaux de Dieu et à l’ouïe des prédications de Moïse, il avait quelques bons mouvements: il s’humiliait, il était effrayé, il reconnaissait la puissance de Dieu.

Il suivait habituellement les ordonnances de sa religion, avons-nous dit. En effet, vous voyez, dans votre leçon de ce jour et dans les précédentes, que tous les matins il sortait de son palais pour aller avec ses prêtres au bord du Nil, sans doute pour faire ses ablutions et ses dévotions, comme Louis XIV allait à la messe et suivait ses rites et ses superstitions, tout en vivant publiquement dans l’adultère et en s’adonnant à des persécutions sanglantes; et comme font encore aujourd’hui les Hindous sur les rives du Gange.

Quand Pharaon, sous l’empire de la terreur, faisait demander auprès de lui Moïse et Aaron, C’ÉTAIT DE BONNE FOI, MAIS NON AVEC LA VRAIE REPENTANCE.

Quand il s’humiliait et disait: «J’ai péché! priez pour moi! je laisserai aller le peuple,» il ne mentait pas de propos délibéré; il désirait réellement qu’on priât pour lui, comme le font encore tant d’hommes et tant d'enfants inconvertis, qui, s’ils sont malades, ou dans quelque danger, ou dans l’affliction et le deuil, ou dans l’inquiétude au sujet d’un ami, appellent un ministre, demandent qu’on prie avec eux, forment des projets, font des promesses, veulent changer de vie... mais dès qu’ils ont du répit, recommencent comme auparavant.

Je vous le disais dimanche, chers amis, l’Écriture a voulu nous donner, dans l’histoire de Pharaon, une représentation effrayante et salutaire des ruses, des légèretés, des mensonges, des duretés du cœur de l’homme, afin que nous nous tenions en garde, que nous résistions au diable, et que nous recourions de toute notre âme à ce Jésus qui est venu pour ôter le péché, pour «enlever la souillure,» et pour donner «un cœur nouveau (Ezéch., XXXVI, 25-29.)» À CEUX QUI LE CHERCHENT ET QUI L’INVOQUENT EN SINCÉRITÉ.

Ceci est bien sérieux, mes enfants. C’est se moquer de Dieu, comme Pharaon, que de faire des projets de conversion et de ne pas les accomplir, que de renvoyer toujours, que de dire en son cœur:

«Oui, il faudra que je change; mais ce sera l’année prochaine, ou quand je ferai mon instruction religieuse, ou quand je serai malade, ou quand j’aurai quelque chagrin.»

Dans sa parabole du mauvais riche (Luc, XVI, 19-31), le Seigneur nous a dépeint un homme qui avait offensé Dieu, seulement en ne s’occupant que de lui-même et en oubliant ses frères malheureux.

Il mourut. On lui fit de belles funérailles.

Mais quelles sont les premières nouvelles que nous recevons de lui après sa mort?

«Le riche était dans les tourments,» nous dit le Seigneur Jésus-Christ lui-même.

Il s’était moqué de Dieu en l’oubliant... «On ne se moque pas de Dieu,» disions-nous il y a un moment; cet homme «moissonnait ce qu’il avait semé.»

Moïse donc reçut l’ordre d’aller de grand matin au bord du fleuve dire au roi:

«Ainsi a dit l’Éternel: Laisse aller mon peuple, car si tu ne le laisses pas aller, j’enverrai contre toi et contre ton peuple un mélange d’insectes, et les maisons des Égyptiens seront remplies de ce mélange et la terre aussi.

Mais je distinguerai en ce jour-là le pays de Gosen, où se tient mon peuple, tellement qu'il n’y aura nul mélange d'insectes, afin que tu saches que je suis l'Éternel au milieu de la terre.

Vous voyez que pour rendre cette quatrième plaie plus saisissante et l’endurcissement de Pharaon plus inexcusable, Dieu fait prédire le fléau avant de l’envoyer; il y aura ainsi deux appels: celui de la prophétie et celui de l’affliction.

Puis Dieu fait une distinction miraculeuse et frappante entre le pays de Gosen et le reste de l’Égypte, entre le peuple de Pharaon et le peuple de Dieu.

Oh! Pharaon tu es puissant et fier; tout ton peuple s’appuie sur toi. Eh bien! tu vas voir la différence qui existe entre ton peuple et le peuple de Dieu!

Les plaies précédentes avaient pu faire souffrir les Israélites comme les autres; le sang de la rivière, les grenouilles, la vermine les avaient peut-être tourmentés, eux et leurs troupeaux, au moins n’est-il pas dit qu’ils eussent été visiblement épargnés; mais la plaie nouvelle aura ce caractère miraculeux et saisissant que le peuple d’Israël et sa province seront entièrement garantis de cet horrible mélange d’insectes ailés, formé sans doute de hannetons, de mouches, de guêpes, de moustiques, etc., etc... Je les enverrai contre toi, contre tes serviteurs, contre ton peuple; mais je distinguerai, ajoute l’Éternel, en ce jour-là, le pays de Gosen, où se tient mon peuple. Et pourquoi? Afin que tu saches que je suis l’Éternel.

Mes amis, quand Dieu châtie les nations, il arrive souvent que ses enfants participent aux afflictions, non pas seulement par leur sympathie pour ceux qui souffrent, mais en étant frappés dans leurs propres personnes.

D’autres fois le peuple de Dieu est, au contraire, l’objet de protections toutes spéciales au milieu des calamités publiques, et je pourrais en citer des exemples frappants jusque dans l’histoire de notre petite République.

Mais, pour ne parler que de celle des Juifs, lorsque allait arriver l’effroyable destruction de Jérusalem, qui fut accompagnée de douleurs telles qu’on n’en vit jamais de semblables, notre Seigneur Jésus-Christ avait averti ses disciples de s’enfuir aux montagnes dès le début de la guerre.

Contre toute attente, une première attaque des Romains ayant été repoussée, les Juifs se crurent invincibles et reprirent courage; mais les chrétiens, avertis par leur Maître, profitèrent de ce moment pour s’enfuir, quoique les Romains eux-mêmes fussent alors en retraite; ils ne se donnèrent pas même le temps de rentrer dans la ville pour chercher leurs habits, et se réfugièrent à Pella, au delà du Jourdain: ce fut ainsi qu’ils échappèrent à l’affreux massacre de leurs concitoyens.

Il y a, eu en Europe des fléaux qui ont frappé les justes et les injustes; mais on a pu voir aussi quelquefois des dispensations toutes particulières préserver les peuples où l’Évangile était honoré et les Églises où cet Évangile était hautement proclamé.

Dans le chapitre XVIe de l’Apocalypse, qui décrit «les coupes de la colère de Dieu» versées sur la terre, il est dit de la première (que le plus grand nombre des interprètes regardent comme désignant la Révolution française, suite du voltairianisme), que cet «ulcère malin et dangereux attaquera surtout les hommes qui ont la marque de la bête et qui adorent son image.»

De quelque manière qu’on entende cette prophétie, il y a là une distinction entre ceux qui sont épargnés et ceux sur qui tombent les fléaux de Dieu, parce qu’ils se sont livrés aux superstitions décrites dans les versets précédents.

Mais revenons à Moïse. Remarquez que la nouvelle plaie qu’il annonce ne devait pas se faire attendre. Demain, s’écria Moïse au bord du fleuve, demain, ce signe se fera! Et l’Éternel fit ainsi, lisons-nous.

En effet, au verset 24e; et un grand mélange d’insectes entra dans la maison de Pharaon, et dans chaque maison de ses serviteurs et dans tout le pays d’Égypte, et la terre fut gâtée par ce mélange.

On était au mois de février, époque où mûrissent en Égypte le blé et l’orge, nous disent les voyageurs modernes; les eaux du Nil se retirent en novembre; on sème immédiatement et on moissonne en mars; en sorte qu’au moyen des bateaux à vapeur, le blé de l’Égypte arrive maintenant sur les marchés de Londres dès le mois d’avril.

Vous pouvez comprendre quel mal causaient ces insectes à un tel moment de l’année: l’Égypte était ruinée si ce fléau se prolongeait. Il n’y avait donc pas un instant à perdre. Le roi appelle Moïse et Aaron, ces deux vieillards si indignement outragés. Allez sacrifier à votre Dieu, leur dit-il, mais que ce soit dans ce pays. Il accorde la liberté religieuse; mais de force, de mauvaise grâce et avec entraves, comme tant d’autres princes.

Moïse est inflexible pour ce qui regarde le service de son Dieu; mais il est modéré et respectueux envers le roi; il ne lui reproche pas ses injustices et ses mensonges, et malgré la puissance dont il dispose, il ne se permet pas une parole de révolte. «II ne se peut faire ainsi,» dit-il seulement; «vous adorez des bœufs, et nous sacrifions des bœufs; le peuple d’Égypte se soulèverait et nous lapiderait. Non; il faut que nous allions à trois journées de distance.»

Si Pharaon avait accordé leur demande ils seraient sans doute revenus et Dieu les aurait envoyés en Canaan de quelque autre manière; mais, bien qu’aux abois, Pharaon parle encore en souverain maître: Je veux, je ne veux pas.

Bien qu’effrayé et brisé, il fait la loi: Allez au désert, j’y consens, mais à la condition que vous ne vous éloigniez pas. Seulement, fléchissez l'Éternel pour moi par vos prières.

Moïse lui répond avec l’autorité d’un prophète qui parle au nom de Dieu, mais encore avec la réserve et le respect d’un sujet qui parle à son roi.

Point de menaces, point de velléités d’indépendance, point de reproches, point de politique surtout! «Oui, je prierai pour vous; je fléchirai l'Éternel afin que le mélange d’insectes se retire demain.»

Avez-vous pris garde à ces paroles: Je fléchirai l’Éternel.

Oh! merveille! qu’un ver de terre fléchisse la volonté du Roi des rois, du Dieu des cieux, qui a fait la terre et le ciel, la lune et le soleil! Et comment la fléchit-il? En priant.

Oh! puissance glorieuse de la prière!

On l’a dit: «La prière remue la main qui remue le monde.»

Un Lazare sur son grabat, un vieillard dans un galetas peuvent servir mieux leur nation, en un temps de calamités, que les hommes les plus puissants selon la chair.

Un petit enfant qui sait prier peut faire plus pour son pays qu’un général d’armée.

Malheureux Pharaon! C’est bien de se recommander aux prières des autres; mais il est essentiel de prier nous-mêmes. C’est bien de croire à ce qu’on nous dit de l’Évangile; mais ceux qui ne croient que par procuration pourront bien n’être pas sauvés en personne...

Écoutez enfin cette parole solennelle de Moïse: «Prenez-y garde, Seigneur: il y va de votre salut éternel; vous êtes perdu si vous vous moquez! Que Pharaon ne continue plus à se moquer en ne tenant pas sa parole, et en ne laissant pas aller le peuple pour sacrifier à l’Éternel.»

Quand on lit de telles paroles, on tremble pour les gouvernements qui veulent empêcher les peuples de servir Dieu selon leur conscience. Que le Seigneur leur fasse miséricorde!

Alors Moïse sortit de devant Pharaon et il fléchit l'Éternel par prières, et le mélange d’insectes se retira, et il n’en resta pas un seul.

Le fléau n’avait duré qu’un jour, sans quoi le pays aurait été perdu: mais, hélas! Pharaon endurcit son cœur encore cette fois et ne laissa point aller le peuple. Il lui faudra une cinquième, une sixième, une septième, une huitième, une neuvième, une dixième plaie. Il cédera à chacune des plaies: «Allez, mais en Égypte dira-t-il; «allez, mais sans vous éloigner; allez, mais sans vos enfants; allez, mais sans vos troupeaux.»

Ô Dieu! fais-nous miséricorde, car nous portons tous naturellement un mauvais cœur et nous voyons dans Pharaon l’image de notre propre misère!



 

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