Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TREIZIÈME LEÇON

EXODE, VII, 1-13


7:1 L’Éternel dit à Moïse: Vois, je te fais Dieu pour Pharaon: et Aaron, ton frère, sera ton prophète.

2 Toi, tu diras tout ce que je t’ordonnerai; et Aaron, ton frère, parlera à Pharaon, pour qu’il laisse aller les enfants d’Israël hors de son pays.

3 Et moi, j’endurcirai le coeur de Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes miracles dans le pays d’Égypte.

4 Pharaon ne vous écoutera point. Je mettrai ma main sur l’Égypte, et je ferai sortir du pays d’Égypte mes armées, mon peuple, les enfants d’Israël, par de grands jugements.

5 Les Égyptiens connaîtront que je suis l’Éternel, lorsque j’étendrai ma main sur l’Égypte, et que je ferai sortir du milieu d’eux les enfants d’Israël.

6 Moïse et Aaron firent ce que l’Éternel leur avait ordonné; ils firent ainsi.

7 Moïse était âgé de quatre-vingts ans, et Aaron de quatre-vingt-trois ans, lorsqu’ils parlèrent à Pharaon.

8 L’Éternel dit à Moïse et à Aaron:

9 Si Pharaon vous parle, et vous dit: Faites un miracle! tu diras à Aaron: Prends ta verge, et jette-la devant Pharaon. Elle deviendra un serpent.

10 Moïse et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce que l’Éternel avait ordonné. Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs; et elle devint un serpent.

11 Mais Pharaon appela des sages et des enchanteurs; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs enchantements.

12 Ils jetèrent tous leurs verges, et elles devinrent des serpents. Et la verge d’Aaron engloutit leurs verges.

13 Le coeur de Pharaon s’endurcit, et il n’écouta point Moïse et Aaron selon ce que l’Éternel avait dit.


* * *

Votre leçon d’aujourd’hui renferme deux parties très distinctes.

Dans la première, Dieu déclare ce qu’il se propose de faire;

dans la seconde, il commence à exécuter ses jugements.

Dans la première, il dit à Moïse et à Aaron: je vous enverrai dire à Pharaon qu’il laisse aller mon peuple. Il ne vous écoutera pas; mais je mettrai ma main sur l’Égypte; je délivrerai mon peuple et je ferai que les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel.

Dans la seconde, nous voyons les deux vieillards en présence du roi. «Faites un miracle, leur dit-il. Aaron, qui tenait en sa main la verge de Moïse, la jette, et elle devient un horrible serpent; mais les magiciens, par leurs artifices, imitent le prodige; et, bien que la verge d’Aaron engloutisse leurs verges, le cœur du malheureux Pharaon s’endurcit.

Voilà une grande leçon pour nous, mes enfants.

Dieu nous donne tous les jours, et en bien des manières, comme à Pharaon, des preuves éclatantes et manifestes de sa vérité;mais le diable cherche toujours à en affaiblir l’effet sur nos âmes par de petites et pâles imitations.

Je vous ai déjà dit que si nous négligions notre salut comme Pharaon;

si, comme lui, nous renvoyions à plus tard de nous en occuper,

si nous nous laissions distraire et dissiper,

si nous négligions la prière,

si nous nous abandonnions à quelque péché favori et dominant;

oh! alors nous nous exposerions au terrible jugement qui tomba sur lui: c’est-à-dire à ce que les preuves et les témoignages que Dieu nous donne pour nous attirer à lui ne fissent sur nous aucune impression durable et salutaire; à ce que les tromperies du diable nous entraînassent à notre ruine, et que notre coeur, comme celui de Pharaon, s’endurcît de plus en plus et sans remède.

Reprenons la suite de nos versets.

Ils commencent par deux promesses qui ont pu vous paraître étranges et que je vais vous expliquer.

Dimanche nous laissâmes Moïse disant à Dieu, dans son découragement profond: Les Israélites ne m’ont point écouté: comment Pharaon m’écouterait-il, moi qui suis un homme incirconcis de lèvres?

Aujourd’hui nous entendons Dieu lui répondre: Je t’ai établi pour être Dieu à Pharaon, et Aaron sera ton prophète.

La première de ces expressions signifie que Moïse est le représentant, l’ambassadeur de Dieu, parlant en son nom, exerçant son autorité, dénonçant ses menaces, appelant ses jugements et pouvant aussi les suspendre; en sorte qu’au lieu de trembler de terreur devant le puissant roi d’Égypte, ce sera lui, Moïse, qui le fera trembler.

La seconde vous la comprenez déjà: un prophète, vous le savez, est un homme par la bouche duquel Dieu parle.

En même temps donc que Moïse serait Dieu à Pharaon, il aurait un prophète, c’est-à-dire un homme qui serait sa bouche. «Je te dirai ce que tu auras à dire et il le répétera au peuple; c’est-à-dire, vous vous compléterez l’un l’autre.

Ne dis donc plus: je suis un homme incirconcis de lèvres; comme Dieu, tu infligeras et tu retireras à ton gré les plaies dont l’Égypte et son roi vont être frappés, et comme ton prophète, Aaron les annoncera et en menacera Pharaon.»

D’ailleurs, l’Éternel explique lui-même cette double parole: Toi tu diras (comme Dieu à Aaron ton frère) les choses que je t’aurai commandées, et Aaron (comme ton prophète) dira à Pharaon qu’il laisse aller les enfants d’Israël. Mais j'endurcirai le cœur de Pharaon.

Je vous ai déjà expliqué le sens moral de ces mots: je n’y reviens donc pas; c’est Pharaon qui s’endurcit lui-même, comme nous le voyons au verset 13e; mais DIEU, PAR UN JUSTE JUGEMENT, L’ABANDONNE À LA MAUVAISE DISPOSITION DE SON CŒUR.

Mais comprenez-vous pourquoi Dieu annonce ainsi d’avance l’opiniâtre dureté de Pharaon?

C’est afin que ses serviteurs ne se découragent pas lorsqu’ils la verront se reproduire sans cesse; et qu’au lieu de les effrayer, elle serve, au contraire, à affermir leur foi.

C’est ce que Dieu a fait par sa Parole, dans tous les temps, et en particulier pour nous à l’égard de la papauté, qui est le Pharaon du Nouveau Testament.

Certes, il y avait de quoi remplir de découragement le cœur de nos frères, aux premiers jours de la Réforme (C’était alors que, s’enfuyant de toutes parts, beaucoup d’entre eux arrivèrent à Genève pour y pouvoir vivre selon l’Évangile.). Quand le pape les faisait poursuivre, leur défendait de lire la Parole de Dieu, et, s’ils persévéraient, les faisait emprisonner, torturer, brûler vifs; et quand ils voyaient ce souverain de Rome, comme le roi d’Égypte ou de Babylone, régner et prospérer depuis plus de mille ans dans la ville des Césars, et tous les monarques de la terre lui baiser les pieds, il y avait là de quoi les désespérer.

Mais alors, quel encouragement, quel relèvement, quel affermissement, quelle joie, quand ils lisaient, dans Daniel, dans saint Paul et dans saint Jean, que Dieu lui-même avait dit de ce Pharaon:

«J’endurcirai son cœur! Il fera la guerre aux saints pendant 1260 années (Dan., VII, 21.);

il les détruira; il blasphémera (Apoc., XIII, 1.);

il prétendra changer les temps et la loi (Dan., VII, 25.);

il s’assiéra comme Dieu dans le temple de Dieu (2 Thes., II, 4.);

mais je le détruirai par le souffle de ma bouche et je ferai venir sur toute la terre le règne du peuple des saints du Souverain (Dan., VII, 25.)

Mais écoutez, comment Dieu décrit dans les versets suivants, l’ordre de ses voies pour la délivrance de son peuple:

Je multiplierai les signes et les miracles; malgré cela Pharaon ne vous écoutera pas. Alors je mettrai ma main sur le royaume d'Égypte;

je retirerai mes armées (il parle comme ferait un général, afin d’augmenter leur confiance);

je retirerai mes armées et mon peuple du pays d’Égypte par de grands jugements;

et enfin, voici ce qui arrivera à la louange et à la gloire de mon nom: C’est que les Égyptiens sauront que je suis l’Éternel, quand j’aurai étendu ma main sur l’Égypte et que j’aurai retiré du milieu d’eux les enfants d’Israël.

Mes chers enfants, il y a des temps où Dieu opère avec une telle puissance, où il manifeste si bien sa main aux yeux mêmes des nations, et où, pour parler avec l’Écriture, il découvre d’une manière si frappante «le bras de sa sainteté (Ésaïe, LII, 10.),» que, même les hommes inconvertis et irréligieux sont rendus attentif; ils sont obligés de reconnaître qu’il y a là une puissance au-dessus d’eux et de s'écrier, comme ces deux assassins milanais qu’on découvrit d’une manière extraordinaire: «C’est une providence! C’est une providence!»

Eh bien, mes enfants, on voit maintenant quelque chose de semblable sur la terre. Toutes ces révolutions, qui ébranlent le monde depuis six mois (Cette leçon se donnait en 1848.), ces guerres qui recommencent après quarante années de paix, ce choléra qui ravage l’Asie, l’Amérique, la Turquie, tous ces événements ont une marche si inattendue, si surprenante, si convergente; ils déjouent si complètement les prévisions et les probabilités, depuis la révolution de Genève et du Sonderbund jusqu’à celle de Paris, de Berlin, de Vienne, de Sicile, de Venise, de Naples, de Francfort, qu’on entend dire partout, comme on me l’écrivait de Paris cette semaine:

«Dieu s’en mêle! Sa main est là.

Cela ne vient pas des hommes.»

Si vous voyiez, chers enfants, un dé qui retomberait toujours sur la même face toutes les fois qu’on le jetterait en l’air, vous diriez: Il faut qu’on y ait fait quelque chose. Eh bien, c’est ce qu’on dit maintenant en voyant les événements de l’Europe; et nous savons, par les prophéties de sa Parole, que Dieu se propose de grandes choses, et en particulier le retour des Juifs dans leur pays (Israël redeviendra un état en mai 1948).

Il veut aussi châtier les nations et réduire peut-être son peuple chrétien aux abois pour lui apprendre à crier à lui.

Surtout il veut que partout on reconnaisse qu’il est Jéhovah;

il veut que ses élus soient amenés à la connaissance de ses voies;

il veut que l’Évangile couvre toute la terre, après qu’elle aura été réduite à cette grande détresse qui est prédite dans l’Écriture.

Les enfants de Dieu, connaissant ces prophéties, seront peut-être émus à la vue de ces bouleversements; mais pourtant ils sauront d’avance quelle en sera la fin, en sorte qu’ils pourront bénir Dieu, même au milieu des troubles et des tribulations.

Après avoir vu dans nos premiers versets ce que Dieu déclare à Moïse de ses desseins, voyons, dans les suivants, le commencement de leur exécution: Moïse et Aaron firent comme l‘Éternel leur avait commandé, ils firent ainsi.

Et remarquez que leur âge nous est donné ici, sans doute pour nous faire admirer par quels faibles instruments Dieu voulait accomplir ses magnifiques et terribles jugements. Ces deux pauvres vieillards étaient des ambassadeurs bien choisis; on ne pouvait les soupçonner d’ambition, d’effervescence, d’enthousiasme. Non! l’un était âgé de quatre-vingts et l’autre de quatre-vingt-trois ans.

Dieu avait prévu que Pharaon leur dirait: «Vous vous donnez pour des envoyés de l’Éternel; comment le prouvez-vous?»

Cette question était très naturelle, elle était même légitime, raisonnable.

On demande toujours à un ambassadeur ses lettres de créance.

Quelles peuvent être celles d’un ambassadeur du ciel?

Des miracles!

Oui, quand Dieu envoie un prophète, un apôtre, on a le droit de s’attendre à des signes qui attestent sa mission divine, c’est-à-dire à des signes que Dieu seul peut accomplir, et qui soient faits au grand soleil, à là vue de tous, amis et ennemis.

Tels furent ceux des prophètes et des apôtres que Dieu chargea d’annoncer pour la première fois la sainte vérité aux enfants des hommes.....

..... Voilà le livre qui nous enseigne la vérité de Dieu. Il a été scellé de ses miracles. Si quelqu’un veut apporter un autre livre, une autre doctrine, une autre source de vérité, il faut qu’il nous montre des miracles.

Quand donc Pharaon dit aux deux vieillards: Faites un miracle! Aaron, sur l’ordre de Dieu, jeta sa verge et elle devint un serpent. Qu’on juge de la frayeur du roi et de ses serviteurs! car vous savez que rien n’inspire tant de terreur à l’homme, en souvenir de sa chute, que la vue d’un serpent.

Remarquez ici les ménagements de Dieu pour ce méchant roi: il commence par lui faire présenter une requête, une simple requête, sans miracle. Aujourd’hui, il lui envoie un miracle, mais SANS fléau; et ce prodige, hélas! ne produit aucun effet, parce que les magiciens réussissent à l’imiter.

Avant d’aller plus loin, je dois vous dire un mot relativement à ces magiciens.

Il y avait alors en Égypte, mes enfants, un puissant clergé qui avait souvent tenu ce royaume sous sa dépendance. C’était une caste fort riche, qui possédait des temples et des villes, qui dominait sur l’éducation du peuple, qui avait beaucoup de science et jouissait d’une grande influence; en sorte qu’il lui importait beaucoup que le roi ne mît pas sa confiance en un autre Dieu que les siens; de son côté, Pharaon ne demandait qu’un prétexte pour demeurer dans son insouciance.

Ces prêtres avaient étudié ce que la Bible appelle «les arts secrets,» dont la puissance est probablement empruntée à celle du diable, puisque Dieu les condamne sévèrement (Deut., XVIII, 11.), et par lesquels s’accomplissent parfois, en petit et de loin, des œuvres qui ressemblent à celles que le Seigneur fait en grand avec puissance et sainteté.

L’Esprit de ténèbres, ayant une intelligence fort supérieure à la nôtre, peut sans doute faire des choses que nous ne comprenons point; tout comme si je vivais au milieu d’un peuple sans yeux je pourrais accomplir des actes qui leur paraîtraient miraculeux, simplement parce qu’ils ne connaîtraient pas le sens de la vue.

Il y a, en outre, vous le savez, des escamoteurs, des jongleurs qui font des tours d’adresse, et il est tel d’entre eux qui pourrait aisément faire croire à la foule qu’il agit par la puissance de Dieu ou par celle du diable.

Les magiciens d’Égypte purent donc faire, en réalité ou en apparence, en petit et pour un temps, des œuvres semblables, en quelque mesure, à celles de Dieu; leurs verges devinrent aussi des serpents; mais, pour montrer la faiblesse de ce signe, la verge d’Aaron les engloutit.

Cela suffit néanmoins à rassurer le malheureux Pharaon, qui ne demandait pas mieux que de se laisser tromper, PARCE QU’IL PRÉFÉRAIT SES ERREURS ET SES TÉNÈBRES À LA LUMIÈRE; c’est pourquoi son cœur s’endurcit selon que l’Éternel en avait parlé.



 

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