Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DOUZIÈME LEÇON

V, 12-23; VI, 1-13


11 allez vous-mêmes vous procurer de la paille où vous en trouverez, car l’on ne retranche rien de votre travail.

12 Le peuple se répandit dans tout le pays d’Égypte, pour ramasser du chaume au lieu de paille.

13 Les inspecteurs les pressaient, en disant: Achevez votre tâche, jour par jour, comme quand il y avait de la paille.

14 On battit même les commissaires des enfants d’Israël, établis sur eux par les inspecteurs de Pharaon: Pourquoi, disait-on, n’avez-vous pas achevé hier et aujourd’hui, comme auparavant, la quantité de briques qui vous avait été fixée?

15 Les commissaires des enfants d’Israël allèrent se plaindre à Pharaon, et lui dirent: Pourquoi traites-tu ainsi tes serviteurs?

16 On ne donne point de paille à tes serviteurs, et l’on nous dit: Faites des briques! Et voici, tes serviteurs sont battus, comme si ton peuple était coupable.

17 Pharaon répondit: Vous êtes des paresseux, des paresseux! Voilà pourquoi vous dites: Allons offrir des sacrifices à l’Éternel!

18 Maintenant, allez travailler; on ne vous donnera point de paille, et vous livrerez la même quantité de briques.

19 Les commissaires des enfants d’Israël virent qu’on les rendait malheureux, en disant: Vous ne retrancherez rien de vos briques; chaque jour la tâche du jour.

20 En sortant de chez Pharaon, ils rencontrèrent Moïse et Aaron qui les attendaient.

21 Ils leur dirent: Que l’Éternel vous regarde, et qu’il juge! Vous nous avez rendus odieux à Pharaon et à ses serviteurs, vous avez mis une épée dans leurs mains pour nous faire périr.

22 Moïse retourna vers l’Éternel, et dit: Seigneur, pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple? pourquoi m’as-tu envoyé?

23 Depuis que je suis allé vers Pharaon pour parler en ton nom, il fait du mal à ce peuple, et tu n’as point délivré ton peuple.


6:1 L’Éternel dit à Moïse: Tu verras maintenant ce que je ferai à Pharaon; une main puissante le forcera à les laisser aller, une main puissante le forcera à les chasser de son pays.

2 Dieu parla encore à Moïse, et lui dit: Je suis l’Éternel.

3 Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu tout-puissant; mais je n’ai pas été connu d’eux sous mon nom, l’Éternel.

4 J’ai aussi établi mon alliance avec eux, pour leur donner le pays de Canaan, le pays de leurs pèlerinages, dans lequel ils ont séjourné.

5 J’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël, que les Égyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance.

6 C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël: Je suis l’Éternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Égyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu et par de grands jugements.

7 Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu, et vous saurez que c’est moi, l’Éternel, votre Dieu, qui vous affranchis des travaux dont vous chargent les Égyptiens.

8 Je vous ferai entrer dans le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob; je vous le donnerai en possession, moi l’Éternel.

9 Ainsi parla Moïse aux enfants d’Israël. Mais l’angoisse et la dure servitude les empêchèrent d’écouter Moïse.

10 L’Éternel parla à Moïse, et dit:

11 Va, parle à Pharaon, roi d’Égypte, pour qu’il laisse aller les enfants d’Israël hors de son pays.

12 Moïse répondit en présence de l’Éternel: Voici, les enfants d’Israël ne m’ont point écouté; comment Pharaon m’écouterait-il, moi qui n’ai pas la parole facile?

13 L’Éternel parla à Moïse et à Aaron, et leur donna des ordres au sujet des enfants d’Israël et au sujet de Pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir du pays d’Égypte les enfants d’Israël.


* * *

Chers enfants, Dieu nous donne deux leçons importantes dans nos versets de ce jour.

1. Il nous montre, par l’exemple des pauvres Israélites opprimés en Égypte, comment il veut souvent, avant de nous délivrer de quelque affliction, nous faire sentir toute notre impuissance et toute notre misère;

2. il nous montre aussi, par l’exemple de Moïse, comment il veut qu’en toutes nos détresses nous allions à lui pour être délivrés.

Qu’il nous accorde la grâce de bien comprendre cette double instruction et de la serrer sur notre cœur! Oh! oui, qu’il nous l’accordé, cette grâce; car elle vient de lui et de lui seul.

Sans elle nous avons beau recevoir les avertissements les plus solennels, entendre les exhortations les plus vives et les plus pénétrantes: nous ne sentons rien; nous nous endurcissons plutôt comme Pharaon.

Au contraire, lorsque notre bon Dieu daigne les accompagner de son puissant secours, les plus faibles paroles, quelquefois celles d’un ignorant ou d’un enfant, peuvent nous pénétrer de part en part, et nous amener à la vie éternelle, ou bien nous fortifier et nous consoler dans la douleur.

Je veux vous raconter un trait que me rappelle l’histoire des Israélites et de Moïse.

Dans une paroisse de l’Angleterre une femme pauvre, mais pieuse, venait de perdre, par une maladie violente et rapide, son mari qui était son seul soutien et celui de ses trois enfants. Elle fut si admirablement courageuse dans son deuil qu’un de ses amis lui en fit la remarque en présence de ses petits enfants.

«Quoique mon cher mari ne soit plus,» répondit-elle, «mon Père n’est pas mort.» —

Quant cet ami fut parti, le plus jeune des enfants lui demanda ce que signifiaient ces paroles. «J’ai voulu,» lui dit-elle, «parler du bon Dieu, qui est mon Père dans le ciel.» — Comme il arrive souvent, la force extraordinaire de la pauvre femme ne dura pas toujours, et quelques semaines plus tard, se trouvant dans les grands embarras de l’indigence, elle passait des nuits sans sommeil. Un matin le petit garçon voyant les yeux de sa mère rouges et encore pleins de larmes, lui dit: «Maman, vous avez pleuré?

Oui, cher enfant, je suis accablée par la détresse et le chagrin, et je ne sais plus où trouver du secours et des consolations

Aussitôt l’enfant lui dit: «Votre Père est donc mort?»

Ce mot eut son effet, et bientôt une paix douce et profonde, cette paix que le monde ne peut ni donner, ni ravir, rentra dans le cœur de la pauvre femme.

Eh bien! Dieu affligeait les Israélites et les réduisait à la plus extrême détresse pour les ramener, eux aussi, à la pensée que leur Père n’était pas mort, et qu’il fallait le chercher comme celui qui seul pouvait les délivrer.

On augmentait leur travail, et on redoublait de rigueur envers eux; nous avons vu dimanche qu’on leur retrancha la paille que le gouvernement leur avait fournie jusque-là, et qu’on exigea d’eux en même temps une aussi grande quantité de briques; aujourd’hui nous les voyons obligés de promener par tout le royaume leur misère et leur désespoir; ils courent sans doute de tous côtés avec leurs femmes et leurs enfants, pour chercher du chaume à défaut de paille, c’est-à-dire la tige restée debout dans le champ après la moisson, ou l’herbe qui croît sur un sol en friche.

Ce détail nous montre comment Dieu fait tourner toutes choses au bien de ses enfants, même les persécutions de leurs ennemis.

Cette exigence du roi, cette oppression fit parcourir aux Israélites tout le pays; le peuple égyptien tout entier devint ainsi témoin de leurs souffrances et de l’injustice du roi, et fut sans doute plus disposé à avoir compassion d’eux et à seconder leur sortie en leur fournissant des vêtements et des vases d’or et d’argent.

Mais si le peuple prenait pitié d’eux, Pharaon redoublait ses rigueurs; et les exacteurs établis sur eux voulurent les presser, c’est-à-dire qu’ils imaginèrent de prendre parmi les principaux d’entre eux des hommes qui, jusque-là avaient sans doute été libres, et ils en firent des «commissaires» qui devaient les aider à opprimer le reste de la nation et qui furent eux-mêmes exposés au fouet (verset 14).

Quelle position pour ces malheureux!

II fallait qu’ils maltraitassent leurs frères ou qu’ils fussent eux-mêmes maltraités, et ils préférèrent, à ce qu’il paraît, cette dernière alternative. Dans leur angoisse ils auraient dû recourir d’abord à l’Éternel comme Moïse; mais ce pauvre peuple n’avait pas encore appris tout ce que son Dieu voulait lui enseigner par l’épreuve; les commissaires s’adressèrent donc au roi, moyen permis, sans doute, mais insuffisant; ils pensaient probablement que les exacteurs ne leur avaient pas transmis exactement la pensée de Pharaon, ou que celui-ci ne connaissait pas toute leur détresse. Hélas! il se rit de leur calamité; il les traita comme des imposteurs; soit qu’il voulût leur rendre leur religion odieuse ou Moïse suspect, il usa du plus cruel sarcasme, et à ces malheureux, battus pour n’avoir pas fait assez d’ouvrage, il dit: Vous êtes de loisir!

Ah! mes enfants, quelle bénédiction qu’un gouvernement équitable, sage, paternel, où chacun vit «sans épouvante sous sa vigne et sous son figuier (Michée, IV, 4.)

Aussi nous est-il ordonné de prier pour les magistrats afin que nous puissions «mener une vie paisible et tranquille en toute piété et honnêteté (1 Tim., II,1,2.)

C’est Dieu qui «tient les cœurs en sa main (Jér., XVIII, 6.),

qui «fait régner les rois et qui les détrône (Prov., VIII, 15.)

c’est lui qui «apaise le bruit de la mer, le bruit de ses ondes et l’émotion des peuples (Ps. LXV, 8.)

Quand donc vous lisez l’histoire des malheurs de tant de pays, remerciez Dieu de ce que depuis longtemps le nôtre jouit de la tranquillité et de la paix; il faut en profiter pour le servir, et il faut reconnaître que cela vient de lui; car nous vivons en des temps de troubles, et d’un instant à l’autre le volcan pourrait éclater et renverser l’ordre établi.

Mais revenons aux commissaires de Pharaon.

Troublés par le malheur, aveuglés par l’affliction, ils s’en prennent à leurs meilleurs amis; ils rencontrent Moïse et Aaron qui, inquiets de leur démarche, venaient au-devant d’eux, sans doute, pour en apprendre plus tôt le résultat, et ils les accablent de leurs plaintes et de leurs reproches, comme si ces deux hommes de Dieu étaient la cause de leur affliction.

Bien plus: ils prennent Dieu à témoin contre eux et semblent appeler sur eux ses châtiments: Que l’Éternel vous regarde et vous juge, vu que vous nous avez mis en mauvaise odeur devant Pharaon et ses serviteurs.

Ah! voilà qui est dur, mais utile aussi!

Ceux qui veulent servir Dieu peuvent être exposés, non seulement aux oppositions ardentes des adversaires, mais aux reproches même de leurs frères. Un ministre, un missionnaire, un simple chrétien se dit: «Je vais faire mon devoir; je sais bien que le monde me blâmera, m’attaquera peut-être; mais les enfants de Dieu, mes frères, m’approuveront.»

Eh bien, non, mes enfants, pas toujours: pour que ses serviteurs fassent tout en vue de lui et non des hommes:

DIEU PERMET QUELQUEFOIS QU’ILS AIENT CONTRE EUX, NON SEULEMENT LES MÉCHANTS, MAIS AUSSI LES GENS PIEUX.

Il veut qu’ils soient prêts à renoncer même à l’approbation de leurs meilleurs amis, s’il le faut, pour accomplir la volonté de Dieu. Il veut quelquefois que, par l’abandon de nos frères ou l’isolement de notre position, nous soyons dépourvus de tout appui humain, afin que nous apprenions à dire, avec un de nos cantiques:

L’Éternel SEUL est ma lumière,

Ma délivrance et mon appui.

Qu'aurais-je à craindre sur la terre,

Puisque ma force est toute en lui?

En entendant les durs reproches des commissaires, que fit Moïse?

Il recourut à Dieu et éleva son âme à lui, comme il le fit en bien d’autres occasions (Exode, XIV, 15; XXXII, 11.); il lui exposa son extrême détresse et il eut raison; seulement, hélas! il y mêla un peu de murmure; il manqua de foi; il parut oublier que l’Éternel avait prédit l’opposition de Pharaon et promis son secours; il sembla désespérer du succès.

Oh! mes enfants, allons à Dieu dans nos difficultés et nos douleurs, et racontons-les-lui comme s’il ne les savait pas; exposons-lui toutes nos angoisses.

Vous rappelez-vous l’histoire du roi Ezéchias?

Il était dans la dernière détresse: une armée immense assiégeait Jérusalem, et le général de cette armée lui envoya une lettre insolente, qui lui causa d’autant plus de douleur qu’elle ne l’insultait pas, lui seulement, mais, aussi son Dieu.

Que fit-il en la recevant?

Il se couvrit de cendres en signe de deuil; puis il sortit de son palais et se rendit dans le temple en tenant cette lettre dans ses mains, et il la déploya devant l’Éternel en s’écriant:

«Ô Dieu d’Israël, qui es assis entre les chérubins; toi seul es le Dieu de tous les royaumes; tu as fait les cieux et la terre. Ô Éternel! incline ton oreille et écoute. Ouvre tes yeux et regarde toutes les paroles de Sennachérib (Ésaïe, XXXVII.).

Lisez-moi aussi le psaume LXXVII, 7-13, et le LXXXV, de 6-9, où nous trouvons des exemples de prière et de supplication dans la détresse. (Un enfant les lit.)

Moïse, dans sa douleur extrême, alla donc se jeter à genoux devant l’Éternel. Quelle épreuve, en effet, pour lui et pour Aaron!

À quoi servait leur venue? devaient-ils se dire. Pharaon, plus méchant que jamais, brave avec éclat, du haut de son trône, le Dieu des cieux et de la terre. Et le peuple aussi est plus malheureux que jamais; il est lâche et avili, et, dans son aveugle ingratitude, il s’en prend à ses libérateurs.

Pourquoi m’as-tu envoyé? dit Moïse au Seigneur, car depuis que je suis venu vers Pharaon parler en ton nom, il a maltraité le peuple et tu ne l’as point délivré.

Tu verras maintenant ce que je ferai à Pharaon, répond l’Éternel.

Pourquoi te hâtes-tu dans tes jugements, dans tes craintes, dans tes murmures?

Tu verras ce que je ferai. Il faut nous répéter cette parole quand nous avons du trouble et du chagrin. Dieu ne veut pas que nous nous hâtions de nous lamenter et de désespérer.

Il est écrit:

«S’il tarde, attends-le; car il ne manquera pas de venir (Hab., Il, 3.)

«Attends-toi à l’Éternel; attends-toi, dis-je, à l’Éternel (Ps. XXVII, 14.)

«Celui qui croit ne se hâtera point (Es., XXVIII, 16.)

«Tu ne comprends pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras ci-après (Jean, XIII, 7.)

Dieu a fait des promesses, il ne peut y manquer; aussi David disait: «Mon âme attend le Seigneur plus que les sentinelles n’attendent le matin (Ps. CXXX, 6.)

Les gardes qui veillent pendant une longue et froide nuit soupirent après le matin; mais ils sont sûrs qu’il viendra. Il doit en être ainsi pour le chrétien:

«ATTENDS, MON ÂME, ATTENDS DIEU CONSTAMMENT.»

«Et non seulement Pharaon laissera aller le peuple, car je l’ai promis, mais cela se fera par Pharaon lui-même avec éclat, à ma gloire, à main-forte,» dit l’Éternel.

Voilà une première révélation; mais il y en eut une seconde qui nous est rapportée au verset 2 du chapitre VIe, sans que nous sachions de quelle manière Dieu se manifesta à son serviteur.

Dieu parla encore à Moïse et lui dit: JE SUIS L’ÉTERNEL. Cette parole, dans sa bouche, équivaut à un serment (Héb., VI, 13, 16.): c’est comme son sceau, comme sa signature.

«Aussi vrai que je suis Jéhovah, le Dieu qui s’appelle je suis, le Dieu existant par lui-même, le tout-puissant, le tout vrai, le tout juste, le tout-bon, le Dieu immuable, aussi vrai ferai-je ce que j’ai promis,» semble-t-il dire.

Et qu’avait-il promis?

Il va le répéter; mais écoutez d’abord le verset 3: «J’apparus autrefois (il y a 400ans), à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu fort, tout-puissant.»

C’est comme s’il avait dit: «Ô Moïse, souviens-toi qui je suis

C’est dans le même sens que Jésus disait à Marthe: «Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu (Jean, XI, 40.)

Mais l’Éternel ajoute un mot qui demande une petite explication: «Je suis apparu à vos pères... mais je n’ai point été connu d’eux par mon nom de Jéhovah.» C’est ainsi que vous lisez dans vos versions; mais en hébreu et en grec les interrogations et les négations ne se distinguent que par le ton en parlant, et quelquefois par la ponctuation en écrivant; de même que si je dis en français: pas venu, cela peut, suivant le ton ou suivant la ponctuation, exprimer une négation, pas venu! ou une interrogation, pas venu?

Eh bien, la phrase que nous expliquons peut être lue des deux manières, et beaucoup d’interprètes pensent devoir y mettre le ton de l’interrogation: «N’ai-je point été connu d’eux par mon nom de Jéhovah?», car, disent-ils, Dieu veut rappeler que les anciens patriarches ont espéré en lui, et d’ailleurs ils ont beaucoup parlé de lui.

Quand, par exemple, Abraham conduisit son fils en Morija pour le sacrifier, il appela ce lieu: «Jéhovah-Jireh, l’Éternel y pourvoira (Gen., XXII, 14.)

Quand Jacob eut sa fameuse vision à Béthel, Dieu lui dit: «Je suis Jéhovah, le Dieu d’Abraham (Gen., XXVIII, 13.).

Dieu donc rappelle ici sa fidélité et ses promesses aux patriarches: J’ai fait avec eux cette alliance que je leur donnerai le pays de Canaan où ils ont habité comme étrangers. Ils y étaient sous des tentes, sans posséder un pouce de terrain; dès lors, ils l’ont quitté; maintenant il faut qu’ils y rentrent; il faut que la promesse s’accomplisse; et c’est pour cela que le Seigneur se souvient de son alliance et veut les tirer de l’Égypte.

J’ai entendu les sanglots du peuple.

Quelle tendresse divine dans cette parole!

«Ce n’est pas volontiers que Dieu afflige les enfants des hommes,» il l’a dit (Lam., III, 33.).

C’est pour «leur profit, c’est pour les rendre participants de sa sainteté (Héb., XII, 10.)

c’est par «plusieurs afflictions» qu’il a jugé nécessaire de «les faire entrer dans son royaume (Actes, XIV, 22.)

mais quand il châtie, il y a en lui beaucoup de compassion, beaucoup plus que chez les meilleurs des hommes. «Dans toute leur angoisse, il a été en angoisse,» est-il dit dans Ésaïe (Ésaïe, LXIII,9.).

Les douleurs sont nécessaires; certaines maladies ne se guérissent que par des opérations douloureuses; une mère ne met son enfant au monde qu’avec de grandes souffrances: de même une âme ne vient ordinairement à la vie nouvelle qu’en passant par des afflictions; il faut qu’il y ait des larmes, souvent des sanglots; mais le Seigneur compte nos soupirs, dit le Psalmiste; et quant à nos larmes, il les recueille dans ses vaisseaux (Ps. LVI, 9.).

Quelle parole, mes enfants! y en eût-il jamais d’aussi tendre de la part des hommes?

Je suis l’Éternel;

je vous retirerai de dessous les charges des Égyptiens,

et je vous délivrerai,

et je vous rachèterai à bras étendu, et par de grands jugements,

et je vous prendrai pour être mon peuple,

et je vous serai Dieu...

Quelle bonté de Dieu pour ses pauvres serviteurs Moïse et Aaron! Il accumule les promesses et les encouragements; pour les encourager, il leur présente:

1. Son nom et l’exemple de leurs pères;

2. Son alliance;

3. Ses compassions;

4. Ses résolutions dans le temps présent;

5. Ses intentions pour l’avenir.

«Je vous prendrai pour moi, peuple ingrat, idolâtre, dégénéré,» semble-t-il leur dire; «je vous changerai, je vous rachèterai, et vous connaîtrez alors que je suis l’Éternel, votre Dieu, qui vous délivre. Bien plus, je vous ferai entrer au pays touchant lequel j’ai levé ma main, que je le donnerais à Abraham, à Isaac et à Jacob, et je vous le donnerai en héritage. Je suis l’Éternel.»

Quand vous lisez la Bible, mes enfants, il faut vous rappeler ce mot: Je suis Jéhovah, c’est-à-dire: «CE N’EST PAS ICI UNE PAROLE D’HOMME.»

Alors quand vous aurez du chagrin, de l’inquiétude, du trouble, vous direz: «VOICI LA PAROLE DE MON DIEU,» et elle vous fortifiera et vous consolera.

Moïse, encouragé, sans doute, par cette admirable révélation, alla porter aux Israélites les magnifiques promesses qu’il venait de recevoir. Mais jugez de sa douleur! Il n’est point écouté par ses malheureux compatriotes; et cela pour deux causes qui nous sont expliquées dans nos versets.

1. La première, c’est l'angoisse de leur esprit. En effet, mes enfants, un homme qui souffre d’atroces douleurs en son corps pousse des gémissements. «Mon Dieu, mon Dieu, aie pitié!» s’écrie-t-il; mais il ne peut rien écouter, ce qui montre, pour le dire en passant, la nécessité de ne pas attendre la dernière maladie pour s’occuper de Dieu et de son Évangile.

2. La seconde est la dure servitude des Israélites. On ne leur laissait pas le temps de réfléchir, ils étaient esclaves, c’est-à-dire qu’ils ne s’appartenaient pas plus à eux-mêmes qu’un bœuf ou un cheval; ils étaient traités comme le sont encore aujourd’hui, en tant de lieux, les pauvres nègres sous le fouet de leurs exacteurs.

Que fait alors Moïse?

Hélas! il retombe dans son découragement, il est désolé; et voici que Dieu lui parle encore, mais pour lui donner un ordre bien autrement difficile que l’autre: «Le peuple ne t’écoute pas; eh bien, va maintenant vers Pharaon et dis-lui qu’il laisse sortir les enfants d’Israël de son pays.»

«Il m’écrasera,» pense Moïse.

Sa réponse est très naturelle, mais très coupable; naturelle au cœur de l’homme, mais coupable après que Dieu lui a fait des promesses si belles et si positives.

Moïse parla devant! Éternel. Il paraît, d’après ces mots, que Dieu avait manifesté sa présence d’une manière sensible; et cependant tel était le découragement et l’affaiblissement de son serviteur qu’il osa lui répondre encore: «Tu m’as envoyé à mes frères et ils ne m’ont point écouté. Comment puis-je croire que le terrible Pharaon, mon ennemi et l’ennemi de mon Dieu , veuille m’entendre, moi surtout qui suis incirconcis de lèvres?»

Moïse fait ici allusion, d’un côté à une infirmité dont il était affligé quant à la parole (Exode, IV, 10.); de l’autre, à la cérémonie de la circoncision, qui représentait le changement que Dieu opère dans ses élus par son Saint-Esprit quand ils ont cru.

«Or, ce changement dont le cœur de l’homme a besoin pour le servir,» semble dire Moïse, «mes lèvres en auraient besoin pour parler en ton nom, et tu ne l’as point accompli, Seigneur!»

Mais l’Éternel n’admit point cette excuse.

Au contraire, il insista et commanda à Moïse et à Aaron de retourner remplir leur mission, soit auprès des Israélites, bien qu’ils n’en eussent point été écoutés, soit auprès de Pharaon, bien qu’il eût dit: «JE NE CONNAIS POINT L’ÉTERNEL



 

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