Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

HUITIÈME LEÇON

EXODE, IV, 1-12.


4:1 Moïse répondit, et dit: Voici, ils ne me croiront point, et ils n’écouteront point ma voix. Mais ils diront: L’Éternel ne t’est point apparu.

2 L’Éternel lui dit: Qu’y a-t-il dans ta main? Il répondit: Une verge.

3 L’Éternel dit: Jette-la par terre. Il la jeta par terre, et elle devint un serpent. Moïse fuyait devant lui.

4 L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main, et saisis-le par la queue. Il étendit la main et le saisit et le serpent redevint une verge dans sa main.

5 C’est là, dit l’Éternel, ce que tu feras, afin qu’ils croient que l’Éternel, le Dieu de leurs pères, t’est apparu, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.

6 L’Éternel lui dit encore: Mets ta main dans ton sein. Il mit sa main dans son sein; puis il la retira, et voici, sa main était couverte de lèpre, blanche comme la neige.

7 L’Éternel dit: Remets ta main dans ton sein. Il remit sa main dans son sein; puis il la retira de son sein, et voici, elle était redevenue comme sa chair.

8 S’ils ne te croient pas, dit l’Éternel, et n’écoutent pas la voix du premier signe, ils croiront à la voix du dernier signe.

9 S’ils ne croient pas même à ces deux signes, et n’écoutent pas ta voix, tu prendras de l’eau du fleuve, tu la répandras sur la terre, et l’eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur la terre.

10 Moïse dit à l’Éternel: Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce n’est ni d’hier ni d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur; car j’ai la bouche et la langue embarrassées.

11 L’Éternel lui dit: Qui a fait la bouche de l’homme? et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel?

12 Va donc, je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire.


* * *

Nous reprenons l’histoire à la fois admirable, étonnante et émouvante de l’apparition de l’Ange de la Face, du Fils de l’homme, de l’Éternel Jéhovah à son serviteur Moïse, sur la montagne de Sinaï.

Je dis étonnante, admirable, profondément touchante, non seulement parce que c’est toujours une bonté merveilleuse que l’Éternel Dieu daigne se manifester à l’une de ses créatures, mais encore plus particulièrement parce que nous voyons, dans tout le cours de cette apparition, la divine mansuétude du Très-Haut et son inexprimable patience envers son serviteur.

Remarquez, en effet, avec quelle bonté il entend ses objections, avec quelle douceur il lui répond, et surtout avec quelle longanimité il supporte cinq fois ses résistances.

Moïse, vous vous le rappelez, avait dit: Qui suis-je, moi? et l’Éternel lui avait répondu: Va, car je serai avec toi et tu en auras un signe....

Moïse avait répliqué encore: Mais s’ils me disent: Quel est son nom? que leur dirai-je?

Puis il avait exprimé quatre craintes auxquelles Dieu avait répondu par quatre promesses.

Aujourd’hui le voilà qui résiste encore en disant: Ils ne me croiront point; ils n’obéiront point à ma parole; et Dieu lui répond par de nouvelles bontés.

Il lui donne deux signes éclatants et il lui en promet un troisième; mais Moïse objecte encore: Hélas! Seigneur, je ne suis point un homme éloquent!

Alors l’Éternel, dans son infinie condescendance, répond une quatrième fois par une promesse; c’est seulement à la cinquième réplique de Moïse que la colère de l’Éternel s’allumera contre son serviteur.

Il pourrait sembler d’abord assez naturel qu’à cet ordre: Va! Moïse répondit: Hélas! ils ne me croiront pas; ils me diront: L’Éternel ne t’est point apparu. — Oui, c’était naturel; peut-être même la première fois, cette réponse était-elle légitime.

Quarante ans auparavant les Israélites n’avaient pas voulu l’écouter; ils avaient refusé de croire aux antiques promesses de l’Éternel; maintenant ils verront Moïse reparaître, vieux arabe, à la barbe blanche, pauvre berger, chétivement vêtu, n’ayant que son bâton à la main, sa femme et ses deux fils sur un âne, et ne connaissant, pour ainsi dire, plus personne dans la contrée. Comment espérer que ce peuple incrédule et de col roide voudra le recevoir?

Mais il y avait déjà du mal dans la troisième réplique de Moïse, puisque Dieu lui avait dit: JE SERAI AVEC TOI.

Et quant à sa crainte de n’être pas cru, Dieu ne lui avait-il pas déclaré expressément, au verset 18e, qu’ils obéiraient à sa parole?

Combien n’était-il donc pas déraisonnable et irrévérencieux d’argumenter encore?

Combien n’y avait-il pas d’ingratitude et de mépris de la parole du Seigneur dans ces doutes et ces objections?

Comprenez, par de tels exemples, chers enfants, que LES MANQUES DE FOI NE SONT PAS SEULEMENT UNE GRANDE MISÈRE POUR NOUS: ils sont une grave offense envers Dieu; car c’est lui dire, en quelque sorte: «Tu n’es point apparu; tu n’as point parlé;» c’est, en un mot, «le faire menteur (1 Jean, V, 10.)

Ne nous a-il pas dit:

«Invoque-moi au jour de ta détresse; je t’en retirerai et tu me glorifieras (Ps. L, 15.);

Demandez et vous recevrez (Matth., VII, 7.);

Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi (Jean, VI, 37.), etc., etc.»

Maintenant Dieu va indiquer à Moïse trois miracles qu’il pourra accomplir devant le peuple; et pour l’encourager, dès à présent, il lui en fait opérer immédiatement deux de ces trois.

Tu feras des miracles, lui dit-il: c’est la preuve d’une mission divine. Jésus-Christ disait: Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi (Jean, X, 25, 37, 38.)

Quand un roi députe à un autre roi ou à un peuple un officier ou un ambassadeur, il lui donne un diplôme, des lettres de créance, un signe enfin, pour montrer que c’est lui qui l’envoie.

Eh bien! le Seigneur en fait de même pour son pauvre Moïse: «Tu feras des miracles,» voilà tes lettres patentes. «Qu’as-tu en ta main?» ajoute l’Éternel. «Une verge,» répond Moïse. C’était sa houlette et son soutien; car il faut se rappeler qu’il avait quatre-vingts ans, quoiqu’il fût, sans doute, un beau vieillard, puisqu’il était «divinement beau» dans son enfance, et que, d’ailleurs, il devait vivre encore quarante ans. Ce n’était donc qu’un bâton, une gaule de berger, un morceau de bois. Dieu aurait pu lui donner du ciel un sceptre d’or; mais non! il veut, avec le plus vil instrument, accomplir les plus grandes choses.

Chers enfants, ceci est une leçon importante.

Dieu employait ce bâton afin de bien montrer que toute l’œuvre viendrait de sa propre puissance; et c’est pour ce même motif qu’il aime à se servir de faibles instruments pour la grande œuvre du salut du monde.

C’est pour cela qu’au lieu de convertir d’abord des rois, des princes, l’empereur romain, ou les sacrificateurs d’Israël et les savants des synagogues, il a été prendre en Galilée des hommes des montagnes, qui, même lorsqu’ils savaient lire, parlaient si mal la langue de leur pays, qu’on les reconnaissait dans Jérusalem à leur accent (Matth., XXVI, 73.).

C’étaient de pauvres villageois, des pécheurs, qui gagnaient péniblement leur vie en cherchant du poisson dans le lac de Génézareth; et c’est avec de tels hommes qu’il a envoyé sa Parole jusqu’aux bouts de la terre.

Avec une paille, s’il le voulait, il remuerait le monde.

Avec le bâton de Moïse, il va bouleverser l’Égypte, répandre la terreur sur ce vaste et puissant royaume et engloutir dans la mer Pharaon, sa cavalerie et ses chariots de guerre.

Dieu, je le répète, aime à se servir de petits moyens afin de montrer sa puissance.

Quelquefois Jésus-Christ guérissait d’un seul mot et à distance.

Un jour, un esclave se mourait dans son lit; un capitaine à qui il était cher vint implorer le Seigneur en sa faveur. «Va,» lui fut-il répondu, «qu’il te soit fait selon ta foi (Matth., VIII, 5.)!» et le jeune homme fut guéri à l’heure même.

Un autre jour, pour rendre la vue à un aveugle, il voulut employer de la boue (Jean, IX, 6.), afin de montrer mieux encore que tout peut servir ses desseins, et que nous ne devons jamais nous effrayer de notre incapacité et de notre faiblesse, pourvu que Dieu soit avec nous et que nous agissions par sa volonté.

Cette verge de Moïse ne devait pas être un instrument de miracles seulement à ce moment-là, et sur la montagne de Sinaï. Dieu ordonne à son serviteur de la prendre avec lui en Égypte, et lui déclare qu’il s’en servira pour y faire de grandes choses: Tu prendras aussi en ta main cette verge avec laquelle tu as fait ces signes-là. Et Moïse prit sa femme et ses fils et les mit sur un âne; il prit aussi la verge de Dieu en sa main (17 et 20).

Elle est donc la verge de Moïse, et elle est aussi la verge de Dieu, parce qu’elle est un gage de son secours et un instrument de sa puissance. C’est ainsi que la voix d’un prophète ou celle d’un ministre est bien sa voix, mais que, dans un autre sens, elle est celle de Dieu.

Et Moïse reçut cet ordre: Jette-la par terre!

Mais jugez de son étonnement et de sa terreur! Voilà un énorme serpent qui s’avance, qui se tord, qui lève la tête, puis le cou, puis ses premiers replis; qui siffle, qui darde des feux de ses yeux étincelants, et qui est prêt à s’élancer sur lui.

À cette vue inattendue et formidable, Moïse, bien qu’il fut en présence de l’Éternel, tourna le dos et prit la fuite. Il fallait que ce serpent fût bien terrible pour effrayer ainsi le vieux berger qui avait dû en voir si souvent dans le désert de Madian; mais vous savez la terreur instinctive et étrange qu’inspire cet animal en tout temps et en tout pays. Dieu a dit: «Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et la semence de la femme.» Il s’agit, dans ces paroles, de la postérité du démon.

Mais, en signe de cette inimitié Dieu a mis en nous, pour le serpent, une aversion inexplicable, une crainte mystérieuse, et chaque fois que vous voyez cet animal, il faut vous rappeler qu’il est un mémorial du péché et de la chute de l’homme.

Le venin dont il est pourvu est, en outre, l’objet d’une juste épouvante; ses dents de devant sont percées pour laisser passer le poison subtil renfermé dans une vessie sous la gencive; quand elles s’enfoncent dans la chair, cette vessie, pressée par elles, lance le venin au fond de la plaie; et, dans les pays chauds, la mort suit presque immédiatement la morsure. Il y a quelques années qu’un monsieur débarqua à Calais avec trois serpents à sonnettes qu’il venait montrer en France pour de l’argent; le froid les avait engourdis et ils étaient comme morts; mais la chambre étant chauffée, ils se réveillèrent au moment où leur maître voulait les changer de cage, et l’un d’eux le mordit à la main. Il courut chez un maréchal pour se faire cautériser, mais il était déjà trop malade et mourut dans la journée.

Moïse prenait la fuite quand la voix de Dieu le rappela en lui disant: Etends ta main! Alors Moïse, dont la foi s’était fortifiée par ce grand miracle, Moïse, malgré sa première terreur, n’hésite plus. Il avance sa main vers le terrible reptile, sans craindre qu’il ne se replie comme font les serpents; il le saisit par l’extrémité de son corps, et, jugez de son admiration! au même instant, le serpent redevient verge en sa main.

Quoi que Dieu nous ordonne, il faut le faire, mes enfants, fut-ce même de saisir un serpent!

Vous comprenez tous que cet éclatant miracle avait au moins deux buts dans l’intention de Dieu:

1° Il voulait montrer à Moïse de quelle puissance merveilleuse il allait être accompagné, en sorte que le peuple d’Israël, en voyant de tels signes, ne pourrait pas mettre en doute sa mission.

2° Dieu ne voulait pas seulement lui promettre, il voulait lui faire voir de ses yeux qu’avec son secours il accomplirait des œuvres plus belles encore dont celle-là n’était que le type; il ferait la guerre à l’ancien serpent; il attaquerait courageusement le mal, il remplirait le monde de la connaissance de Dieu jusqu’à ce que «Satan soit écrasé sous les pieds des serviteurs du Seigneur (Rom., XVI, 20.)

Il ne faut pas que j’oublie de vous faire remarquer ici que quand Jésus envoya dans le monde ses apôtres et ses évangélistes pour délivrer son nouveau peuple de l’Égypte de la corruption, et de la tyrannie du diable, plus redoutable que celle de Pharaon, il eut soin, pour leur donner les mêmes espérances, de leur accorder des signes analogues à celui que reçut Moïse sur la montagne de Sinaï. Lisez-moi ces promesses. (Un enfant lit Marc, XVI, 17, 18; Luc, X, 19, etc.)

Aussi, vous vous rappelez le sang-froid de l’apôtre Paul, lorsque après son naufrage, une vipère gelée dans les sarments se réveilla au feu et se suspendit à sa main (Actes, XXVII.).

Mais Dieu ne s’en tient pas là; il donne encore un signe: Mets ta main dans ton sein, dit-il à Moïse. Et Moïse la mit dans son sein et la retira blanche de lèpre, comme le fut Marie au désert (Nomb., XII, 10.), et plus tard Guéhazi, le serviteur du prophète (2 Rois, V, 27.).

Vous ne savez peut-être pas, chers enfants, ce qu’était la lèpre dans les temps anciens. Il suffisait de toucher quelqu’un qui en fût atteint pour contracter cette horrible maladie, qui vous couvrait d’une croûte rongeante et brûlante; la langue s’épaississait, les yeux sortaient de leurs orbites, la voix devenait rauque, et Dieu avait commandé aux lépreux de vivre seuls, loin des hommes, et de crier, dès qu’ils verraient approcher quelqu’un: «Je suis souillé! je suis souillé!»

Ce second miracle avait donc deux buts comme le premier. Il était un signe et un type de l’action puissante et seule puissante de Dieu pour accomplir ce dont l’homme est incapable; car la lèpre est un mal incurable.

Je ferai même un troisième miracle, dit l’Éternel: Je changerai l’eau en sang. Celui-là il l’annonce seulement, il ne le fait pas sur la montagne. À quoi bon? Moïse en a vu assez; il ne doute plus.

Ce nouveau signe était un grand prodige, mais, chers enfants, vous ne réfléchissez pas que Dieu le renouvelle de nos jours et sans cesse en chacun de nous; il le fait dans votre corps d’heure en heure; il le fait avec puissance, avec régularité, avec abondance; il le fait dans un petit enfant de deux jours; il le fait dans un mulot ou une souris qui court dans les champs.

Tous les jours vos aliments se changent, dans votre corps, en un sang qui circule de votre cœur dans vos artères et vos veines jusqu’aux extrémités de vos bras et de vos jambes. Je vous le demande, n’est-ce pas là un miracle? Seulement comme il s’accomplit depuis six mille ans, on ne l’appelle pas de ce nom et on n’y pense plus.

Je vous ai dit que Dieu ne fit pas immédiatement le troisième miracle, mais qu’il le promit seulement à Moïse.

À nous aussi, chers enfants, la Parole de Dieu promet des miracles, et le plus grand de tous c’est celui qui doit s’accomplir pour chacun de nous quand nous aurons été déposés dans une bière, portés en terre et réduits en poussière.

Il y a un germe dans cette poussière, mais un germe si petit qu’on ne le voit pas, un germe dont Dieu a déclaré qu’il le développera comme il développe celui d’un grain de blé ou d’une pomme qui pourrit en terre: «L’heure viendra,» a dit Jésus, «où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront (Jean, V, 28.)

Mais en attendant l’accomplissement de ce miracle, il y en a bien d’autres que nous voyons de nos yeux; celui du peuple juif, par exemple, toujours conservé depuis le temps de Moïse, c’est-à-dire depuis trois mille cinq cents ans, et toujours incrédule depuis dix-huit cents ans, toujours persécuté, toujours errant sur la terre, jamais converti et jamais anéanti, ayant la Bible, la lisant dans ses synagogues, ne se confondant jamais avec d’autres peuples. — Ah! quand on l’examine, ce prodige-là est aussi éclatant que le serait celui d’un mort se relevant du cimetière!

Mais l’auriez-vous cru? Voilà Moïse qui, malgré des signes aussi éclatants, objecte encore: Hélas! Seigneur, je ne suis point un homme qui ait la parole aisée, ni d'hier ni d’avant-hier, ni même depuis que tu as parlé à ton serviteur. Probablement il était bègue, malgré toute sa science, et quoiqu’il fût, nous dit Étienne (Actes, VII, 22.), «puissant en paroles et en actions.» — On peut être philosophe, homme d’État, avoir la tête forte, la volonté ferme, le jugement solide, les pensées grandes, et être pourtant dépourvu de talent pour la parole.

Il en était ainsi de l’apôtre Paul, si plein de belles facultés et de science, mais privé d’éloquence; «sa présence était même méprisable,» nous dit-il, «bien que ses lettres fussent graves et fortes, et il était comme quelqu’un du vulgaire quant au langage, bien qu’il ne le fut pas en connaissance (1 Cor., II, 1, 4; 2 Cor., X, 10; XI, 6.)

Il était probablement d’une petite taille et d’un extérieur chétif; outre cela, il avait une infirmité (peut-être dans les yeux, puisqu’il dictait ses lettres) (Rom., XVI, 22.), qui ajoutait encore à sa faiblesse; néanmoins il était rendu fort par la vertu de Dieu.

Il est ordinairement nécessaire d’être éloquent pour conduire les hommes; cependant Moïse et Paul, qui semblent avoir été dépourvus des grâces du langage, furent certes puissants sur leur génération.

Moïse craignait que son infirmité ne nuisît à sa tâche, et l’Éternel, quoique hautement mécontent de ses résistances, daigna lui répondre encore par des arguments et des encouragements: «Tu te plains de n’avoir pas de bouche,» semble-t-il lui dire; «mais si je suis avec toi, que te faut-il de plus?» — «Je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle personne ne pourra résister (Luc, XXI, 15.),» disait Jésus à ses apôtres.

Qui est-ce qui a fait la bouche de l’homme? dit l’Éternel. Qui lui a donné l’inexplicable faculté de prononcer des paroles articulées?

Eh bien, c’est celui-là qui sera avec toi, et qui t’enseignera ce que tu auras à dire. Qui a fait le muet, le sourd et l’aveugle, comme il a fait celui qui a des oreilles, des yeux, une voix?

Toutes nos facultés sont son œuvre, et nos imperfections se changent en perfections quand il le veut; car il a fait les unes et les autres.

Je serai avec ta bouche. Quelle promesse pour les ministres, mes enfants! Il leur faut, en effet, deux choses: d'abord que Dieu leur donne de dire ce qu’ils doivent dire, car il ne suffit pas que ce soient des choses bonnes; il faut qu’elles soient appropriées à ceux qui les entendent et convenablement exprimées.

Mais il faut encore que les cœurs soient ouverts pour les recevoir.

Or, ces deux choses ne peuvent venir que de Dieu; mais il les a promises, et il les accomplit. Saint Paul demandait aux Éphésiens et aux Colossiens de «prier pour lui, afin qu’il lui fût donné de parler en toute liberté et avec hardiesse comme il fallait qu’il parlât (Ephés., VI, 19, 20.);» et afin que «la porte de la parole lui fût ouverte (Col., IV, 3.),» dans les cœurs sans doute.

Eh bien, chers enfants, c’est là ce qu’il faut demander pour vous et pour moi.

Que Dieu m’accorde de vous adresser la parole comme il faut que je le fasse, et qu’il ouvre en vous la porte à cette parole, c’est-à-dire qu’il vous dispose à l’écouter, à la comprendre, à vous y ranger, à l’aimer, à la suivre!





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