Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SIXIÈME LEÇON

EXODE, III, 4-12.


L’Éternel vit qu’il se détournait pour voir; et Dieu l’appela du milieu du buisson, et dit: Moïse! Moïse! Et il répondit: Me voici!

5 Dieu dit: N’approche pas d’ici, ôte tes souliers de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte.

6 Et il ajouta: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu.

7 L’Éternel dit: J’ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs.

8 Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays dans un bon et vaste pays, dans un pays où coulent le lait et le miel, dans les lieux qu’habitent les Cananéens, les Héthiens, les Amoréens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens.

9 Voici, les cris d’Israël sont venus jusqu’à moi, et j’ai vu l’oppression que leur font souffrir les Égyptiens.

10 Maintenant, va, je t’enverrai auprès de Pharaon, et tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les enfants d’Israël.

11 Moïse dit à Dieu: Qui suis-je, pour aller vers Pharaon, et pour faire sortir d’Égypte les enfants d’Israël?

12 Dieu dit: Je serai avec toi; et ceci sera pour toi le signe que c’est moi qui t’envoie: quand tu auras fait sortir d’Égypte le peuple, vous servirez Dieu sur cette montagne.


* * *

Vous rappelez-vous, chers enfants, où nous en sommes restés?

Le saint homme Moïse avait fait, avec les troupeaux de son beau-père, le tour de la montagne d’Horeb et de Sinaï, quand tout à coup il vit un feu... Il n’y avait rien sur la terre ni dans le ciel pour l’allumer; et ce feu ne brûlait pas; il ne consumait pas; la flamme était très ardente et s’élevait vers le ciel; mais le buisson du milieu duquel elle s’élançait demeurait intact...

Qu’est-ce donc? s’écrie Moïse: je me détournerai et je regarderai cette grande vision!

Alors, plein d’un saint recueillement, il s’approche, et voici une voix puissante qui lui crie: Moïse! Moïse!

En voyant le feu il avait dit: Je me détournerai et je regarderai cette grande vision; il ne s’était pas enfui, il n’avait pas été effrayé. Pourquoi? Parce qu’il avait envers Dieu la confiance d’un fils envers son père; aussi quand la voix se fait entendre du milieu même du buisson enflammé, et l’appelle par son nom, il répond: Me voici!

Ah! mes enfants, voilà à quoi nous devons toujours être prêts! Un jour viendra où Dieu nous appellera nous aussi; puissions-nous alors lui répondre avec confiance: «Me voici, Seigneur! Christ est ma vie et la mort m’est un gain.»

Mais quelle était donc cette voix?

Celle de l’ange de Dieu, est-il dit ici, mais de l’ange par excellence, «l’ange de la face,» que le verset 4e appelle l'Éternel Dieu, comme le fait aussi Étienne en racontant ce fait devant le conseil des Juifs (Actes, VII, 32).

Et au verset 6e, celui qui apparaît à Moïse lui dit: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob; et Moïse cacha son visage parce qu’il craignait de regarder vers Dieu.

Comme «personne ne vit jamais Dieu et que le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui nous l’a révélé (Jean, I, 18),» il est évident que c’est lui qui est appelé l’ange de la face dans les chapitres que nous allons étudier, et dans tout l’Ancien Testament.

C’est donc «la Parole faite chair» qui préludait à son incarnation par ces manifestations divines.

Qu’on se figure l’émotion de Moïse!

Il y avait deux à trois cents ans qu’on n’avait vu d’apparition du Seigneur; au moins ne nous en est-il raconté aucune depuis celle de Jacob. Moïse était loin, sans doute, de s’attendre à une telle grâce, à un tel prodige; mais pourtant il répondit: Me voici!

Et l’Éternel lui cria: N’approche point d’ici; déchausse les souliers de tes pieds, car le lieu où tu l’es arrêté est une terre sainte.

Vous savez qu’en Orient au lieu de découvrir sa tête pour exprimer son obéissance ou son respect, on découvre ses pieds. Cet ordre voulait donc dire: «Révère celui qui te parle, et ne le fais pas seulement dans ton cœur, mais témoigne cette révérence au-dehors.»

Un lieu est saint, mes enfants, non en lui-même, mais quand Dieu y parle, fût-ce dans une étable comme celle de Bethléem. La montagne d’Horeb n’était pas plus sainte qu’une autre; la terrasse où est bâti cet oratoire n’est pas plus sainte que tout le reste de la ville de Genève; mais elle le devient pour vous quand vous vous y rassemblez pour entendre la parole du Seigneur.

Moïse, pénétré d’une sainte terreur, non seulement déchaussa les souliers de ses pieds, mais couvrit son visage.

Dieu l’appelait: Moïse! Moïse! et en même temps il lui disait: N’approche pas!

Oh! mes chers enfants, voilà déjà pour nous une grande leçon, et j’aime à commencer par là ce que j’ai à vous dire aujourd’hui.

Il faut que vous vous exerciez à n’approcher qu’avec révérence de ce Dieu tout-puissant qui vous appelle.

Oui, Dieu vous appelle et il faut aller à lui; mais, PRENEZ-Y GARDE: il faut y aller avec respect, avec recueillement, avec crainte; il faut y aller comme en déchaussant les souliers de vos pieds et en couvrant votre face, c’est-à-dire en vous rappelant que VOUS VOUS APPROCHEZ DE TOUT CE QU’IL Y A DE PLUS GRAND ET DE PLUS SAINT.

Oh! comme ce trait de votre leçon nous montre le déplaisir, l’indignation que doit causer au Seigneur la légèreté, l’insouciance, la distraction, la langueur et souvent même l’irrévérence avec lesquelles des hommes, des femmes, des enfants, osent trop souvent se présenter devant lui.

Les anges eux-mêmes se voilent la face devant Dieu, nous est-il dit, et dans une des visions d’Ésaïe, ils sont représentés comme ayant six ailes: de deux ils couvraient leur face, de deux ils couvraient leurs pieds et de deux ils volaient (Ésaïe, VI, 2).

Ah! si vous pouviez contempler le moindre rayon de la gloire du Seigneur, vous tomberiez morts d’émotion. Quand l’apôtre Jean, qui, au souper de la Pâque, avait appuyé sa tête sur le sein de Jésus, le vit dans sa gloire à Patmos, il tomba comme mort à ses pieds (Apoc., I, 17).

Quand les inconvertis le verront au dernier jour, ils crieront aux montagnes: «Tombez sur nous et cachez-nous (Apoc., VI, 16)

Ils peuvent être ici-bas profanes, insouciants, moqueurs; mais s’ils voulaient penser sérieusement qu’il leur faudra comparaître devant ce Dieu qui doit juger les vivants et les morts, ah! ils voudraient, à tout prix, se convertir avant qu’il soit trop tard.

Il faut donc venir ici respectueusement puisque vous y venez écouter la Parole du Seigneur;

il faut prier en chemin;

il faut penser que vous êtes pécheurs, mortels, petits, faibles, impurs;

il faut vous présenter avec les signes extérieurs du recueillement, non seulement pour exprimer au-dehors votre respect, mais pour disposer vos pensées les plus intérieures à la crainte de l’Éternel.

Rappelez-vous comment Jacob s’écriait quand Dieu lui fut apparu à Béthel: «Que ce lieu-ci est effrayant (Gen., XXVIII, 12-19)

Lisez-moi aussi ce que disait Salomon sur la manière de s’approcher de Dieu. (Un enfant lit Ecclés., V, 1, 2.)

Écoutez maintenant ce qu’entendit Moïse lorsqu’il eut déchaussé les souliers de ses pieds, et tandis qu’il cachait son visage de ses mains ou de son manteau, parce qu’il craignait de regarder vers Dieu: L’Éternel ne lui dit pas seulement: Je suis le Dieu de ton père Hamram, mais le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, c’est-à-dire le Dieu qui a fait à tes pères les promesses de la vie éternelle.

Cette parole voulait dire, en outre, ainsi que nous l’apprend notre Seigneur lui-même en la citant, qu’Abraham n’était pas mort, ou plutôt qu’il ressusciterait, car il était dans le tombeau depuis quatre cents ans.

DIEU NE VOULAIT PAS SE DIRE LE DIEU DE QUELQUES OS OU DE DEUX POIGNÉES DE TERRE; OH! NON! «il n’est pas le Dieu des morts,» par conséquent Abraham , Isaac , Jacob sont vivants (Matth., XXII, 31.).

D’ailleurs, quand Dieu daigne s’appeler d’avance le Dieu d’un homme, il est clair qu’un si beau titre emporte la promesse de lui donner plus que cette courte et pauvre vie, de lui préparer une cité éternelle; c’est le raisonnement de saint Paul. Lisez-le-moi. (Un enfant lit Héb., XI, 16.)

Moïse était donc tremblant et prosterné, craignant de regarder vers Dieu.

Mes enfants, plus un être est pur, plus il se sent impur; plus il est digne, plus il se sent indigne; plus il est grand, plus il se sent petit; aussi les hommes de Dieu sont beaucoup, plus pénétrés de sa sainteté que ne le sont les autres. Voyez Abraham , voyez Daniel, voyez saint Jean! Et les anges le sont beaucoup plus encore que les meilleurs chrétiens, comme nous le disions il y a un moment.

Pendant que Moïse était là, le visage voilé, les pieds nus, à genoux sans doute, Dieu lui dit: J’ai très bien vu l’affliction de mon peuple, j’ai ouï leur cri, j’ai connu leurs douleurs.

Il y a trois choses à observer dans ces douces paroles:

1. Dieu voyait l’affliction des Israélites.

Hélas! elle leur semblait n’être vue de personne; ils n’osaient pas en parler à Pharaon, qui, d'ailleurs, était inabordable; ils n’osaient pas se plaindre des exacteurs devant les hommes, mais Dieu les voyait. Dieu voit tout. «Ses yeux sont en tous lieux (2 Chron., XVI, 9; Prov., XV, 3; Zach., IV, 10)

2. Il entendait leur cri.

Les Israélites commençaient à demander grâce; et, malgré leur ignorance, leur méchanceté, leur idolâtrie, le Seigneur voulait les exaucer.

3. Il connaissait leurs douleurs.

Non seulement il voyait, mais il savait tout, bien mieux que les hommes; il sympathisait à leur misère.

Oui, Dieu voit l’affliction et entend le cri de ses créatures qui souffrent: ne l’oubliez pas, mes amis, quand vous serez dans le chagrin, comme cela peut arriver même à de jeunes enfants.

Il y en a qui perdent de bonne heure leur père ou leur mère, quelquefois tous des deux; il y en a qui passent des mois, des années dans un lit de souffrance, comme je l’ai vu encore récemment.

Il y en a qui ont des peines secrètes, des chagrins qu’ils n’osent pas dire;

il y en a qui se croient abandonnés, négligés ou moins aimés que d’autres;

il y en a qui sont ou qui croient être l’objet d’injustices;

je le répète, on a souvent de grandes peines, même à votre âge, mes enfants.

Eh bien! il faut alors se rappeler les compassions de Dieu et ses promesses; il a dit:

«Celui qui croit en moi vivra quand même il serait mort (Jean, XI, 25.)

Il a dit aussi:

«Je ne te laisserai point et je ne t’abandonnerai point (Héb., XIII, 5.)

Il a dit:

«Il recueille les larmes» de ses enfants (Ps. LVI, 8.).

Il a dit à Nathanaël:

«Je te voyais sous le figuier (Jean, I, 48.)

J’ai vu leur oppression: c'est pourquoi je suis descendu pour les délivrer. Cette expression énergique est empruntée au langage des hommes; nous savons bien que Dieu n’a pas à se transporter d’un lieu dans un autre.

«Les cieux sont mon trône et la terre est le marchepied de mes pieds,» a-t-il dit; «ne remplis-je pas, moi, la terre et les cieux (Ésaïe, LXVI, 1; Jér., XXIII, 24.)

«Qui est semblable à l’Éternel notre Dieu lequel habite aux lieux très-hauts et s’abaisse pour regarder aux deux et en la terre (Ps. CXIII, 5, 6.)

Mais il parle à la manière des hommes; d’ailleurs, cette expression nous fait comprendre quelle est la condescendance de Dieu; il descend quand il s’approche de nous; il est descendu en envoyant son Fils, et notre Seigneur lui-même se nomme «Celui qui est descendu du ciel (Jean, III, 13.)

Je suis descendu pour les délivrer et les faire remonter en un pays bon et spacieux, découlant de lait et de miel. Admirez, ici, chers enfants, la fidélité de Dieu, c’est-à-dire cette perfection de son caractère par laquelle nous savons qu’il accomplira toujours ce qu’il a promis.

Il avait dit à Abraham que quand ses descendants auraient passé quatre cents ans sous une dépendance étrangère, il leur donnerait la terre de Canaan, et il en ferait un peuple consacré à son nom.

Eh bien, il faut que cette promesse s’accomplisse; ce peuple est esclave; il est abruti, il est méchant, il est ingrat, il a repoussé Moïse, il a oublié Dieu; il désespère, il est tout à la terre. N’importe: Dieu changera ce peuple; il suscitera Moïse; il le préparera; il le conservera dans un panier de joncs; il lui donnera pour nourrice une tendre et pieuse mère; il le fera instruire à la cour dans toutes les sciences humaines; il le convertira au bout de quarante années; il le mettra à part pendant quarante autres.

Mais il y a plus: aujourd’hui il l’appelle à être, non seulement un prophète, mais un sauveur, un roi «pour paître Israël son peuple;» il prépare aussi Aaron et Marie pour en faire ses aides, et il prépare en même temps le peuple, par ces quarante ans de misère, à le recevoir comme un libérateur.

Oh! mes enfants, vous voyez la fidélité de Dieu; ATTACHEZ-VOUS DONC À SES PROMESSES, CAR ELLES SONT SÛRES; et puisqu’il a dit que «celui qui croit sera sauvé et verra la gloire de Dieu (Jean, XI, 40.),» croyez et vous la verrez.

Mais quel ordre reçoit Moïse?

Viens, je t’enverrai vers Pharaon et tu retireras mon peuple hors d’Égypte. Voilà ce vieux berger appelé à retourner dans ce pays d’où il s’est enfui autrefois, et à y retourner, pour quoi faire?

Est-ce pour prêcher aux Israélites?

Est-ce pour leur dire l’amour du Seigneur envers eux?

Ah! cette tâche eût déjà été difficile. Mais non! il s’agit de bien autre chose: il s’agit de les faire sortir d’Égypte!

Et remarquez ici, je vous prie, la sagesse de Dieu.

Il n’avait pas voulu de Moïse pour délivrer Israël quand il était un prince, mais il en veut maintenant qu’il est un berger;

il n’a pas voulu le prendre riche, grand, jeune, dans un palais, mais il le prend dans une étable, à l’âge de quatre-vingts ans, sans crédit, sans parenté, devenu étranger au pays d’Égypte, n’ayant plus rien pour le recommander aux yeux des hommes.

Et pourquoi cela?

Pour la même raison qu’il prit plus tard des bateliers, des paysans, pour annoncer l’Évangile au monde, c’est-à-dire afin que toute la gloire en revint à lui, et à lui seul. «Il a choisi les choses folles pour confondre les sages (1 Cor., I, 27.)

Il a mis le trésor de son Évangile dans «des vases de terre, afin que l’excellence de la force soit de lui et non pas de nous (2 Cor., IV, 7.)

Il va prendre un vieux berger sur les montagnes de Madian et lui dit: Je t’envoie pour délivrer mon peuple.

Aussi Moïse s’écrie-t-il: Qui suis-je, moi, pour aller vers Pharaon et pour retirer d’Égypte les enfants d’Israël?

Que ses craintes étaient naturelles!

Il avait été repoussé au temps de sa force et de sa puissance, à cette époque qui lui apparaissait sans doute, maintenant, comme un rêve de sa jeunesse; aujourd’hui, il est oublié; et le peuple est lâche, désarmé, incrédule, matériel, abruti.

La princesse, sa bienfaitrice, est morte; c’est un autre Pharaon qui règne; il faut s’exposer à la colère du roi au péril de sa propre vie, et surtout il faut aller auprès de ces Israélites qui l’ont si mal reçu autrefois.

Croiront-ils un pauvre berger, eux qui ont résisté à un fils de roi et qui lui ont crié: «Qui t’a établi juge sur nous?»

Leur incrédulité ne se sera-t-elle pas encore augmentée? et toute force morale n’aura- t-elle pas été éteinte en eux par quarante nouvelles années d’esclavage?

Ah! il n’est pas étonnant que Moïse s’écrie: QUI SUIS-JE, MOI?

Mes enfants, avant de faire faire son œuvre par quelqu’un de ses serviteurs, Dieu aime voir en lui ce sentiment d’humilité et de défiance de soi-même.

Il aime, en particulier, que les ministres qui veulent prêcher sa Parole, soit aux grands, soit aux petits de ce monde, se disent:

«Qui suis-je, moi, pour faire passer une seule âme de la mort à la vie? Qui suis-je, moi, qui ai tant de peine à me gouverner moi-même et à prendre le dessus sur mes mauvais penchants? qui suis-je pour exhorter les autres?»

Dieu veut qu’on se rappelle que toute l’œuvre est DE LUI, et que nous ne servons qu’à montrer «l’Agneau qui ôte le péché du monde.»

Les serviteurs de Dieu ne peuvent pas plus vous convertir que Moïse ne pouvait faire sortir d’Égypte ces quatre millions d’hommes; mais Dieu leur dit comme à lui: VA, CAR JE SERAI AVEC TOI.



 

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