L'institution
de
la Semaine a-t-elle été continuée par la Loi de Sinaï?
L'homme
donc devenu pécheur et chassé d'Éden n'habitait plus la terre que
sous la malédiction prononcée contre le péché; et ce péché, que
l'Écriture appelle «l'asservissement à Satan (Éphésiens
II,
1-2),» s'était bientôt manifesté par l'abandon du vrai
Dieu:
par l'idolâtrie.
Mais l'élection de la grâce de Dieu dominait cette apostasie de sa créature; et ce fut cette grâce qui, d'abord dans la famille de Seth, conserva la connaissance de la SEMAINE et de «son Jour;» puis ensuite qui la proclama, soit par la bouche d'Hénoc, soit par la prédication de Noé; puis après Noé, ce fut par Sem, son fils, — peut-être le Melchisédec de Salem (Genèse XIV, 18; Hébreux VII, 1)? — que toujours la grâce de Dieu maintint cette vérité primitive, laquelle Dieu rendit comme vivante dans un des descendants de Sem, dans Abram, jusqu'à ce que de ce croyant sortit ce peuple hébreu, qui devait être le dépositaire privilégié de la SEMAINE; et qui le devint en effet, lorsqu'il en reçut de Dieu la sommation, par la publication de la Loi.
Ce
fut
donc pour Israël un bien beau jour, que celui où Dieu donna
l'ordre à Moïse de préparer ce peuple à recevoir, de la bouche
même de son Dieu, la Loi qui devait renfermer, avec tant d'autres
bienfaits de l’Éternel, celui de la confirmation de la SEMAINE et
du «Jour sanctifié» qui la constitue.
Ce
ne fut donc pas contre l'Église de Dieu, mais bien pour elle, que
se
prononça le Décalogue, — quelque majestueuse et terrible qu'en
fut la, publication, — puisque les premières paroles en furent
qu'Israël «écoutât par elle Celui même qui venait de le délivrer
de l'esclavage.»
Aussi
dans quels termes ce Souverain Bienfaiteur enjoignit-il à son
peuple
de garder la SEMAINE et son «saint Jour!» — Quelle voix
bienfaisante que celle de ce Commandement!
Souviens-toi,
lui dit Dieu, du Jour du Repos, pour le
sanctifier.
Tu
travailleras six jours, et tu feras toute ton oeuvre; mais le
septième jour est le repos de l'Éternel, ton Dieu.
Tu
ne feras aucune oeuvre en ce jour-là; ni toi, ni ton fils, ni ta
fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne,
ni ton étranger qui est dans tes portes.
Car
l'Éternel a fait en six jours, les cieux, la terre, la
mer,
et tout ce qui est en eux, et il s'est reposé au septième jour:
c'est pourquoi l'Éternel a béni le Jour du Repos et l'a sanctifié
(Exode
XX, 8-11).
C'est donc uniquement d'une bénédiction que cette Loi parle; c'est d'un bienfait de l'Éternel; puisque c'est d'appeler l'homme, chaque SEMAINE, à s'approcher de son Créateur et de son Dieu, pour lui consacrer une de ces journées dont la convoitise du monde s'empare si facilement.
Mais aussi l'Éternel connaît le coeur de l'homme. Il sait donc que la SEMAINE, et avec elle le «Jour béni de son Repos,» ne sera reçue des mondains, et même de certains de ses adorateurs qu'avec repoussement et défiance, et qu'il faut donc qu'iI commande, en Maître souverain, l'observation de cette SEMAINE et de «son Jour;» comme aussi que comme son amour envers son Église demeure permanent, l'observation de la SEMAINE y soit perpétuée. — Et aussi l'y fut-elle, et même quand il le fallut, par des châtiments.
D'abord donc, ce fut sous l'emblème d'une institution aussi durable que souveraine, que Dieu donna le Commandement de «sanctifier le Jour du Repos;» puisque ce fut lui-même qui l'écrivit, et que même il y grava de son doigt; bien loin de le mettre seulement sur la feuille périssable d'un livre
Et
de
plus, remarquons comment agit alors l'Éternel.
Les
«Dix Paroles (Exode
XXXIV, 28),» — comme dit
l'Écriture,
— et par cela même la Quatrième, avaient donc été prononcées
par la voix même de Dieu, et non point, comme le furent ensuite
les
Ordonnances lévitiques, par la bouche intermédiaire de Moïse; et
cette première circonstance avait ainsi déclaré que le Décalogue
ne fut pas une dispensation accidentelle et passagère, mais qu'il
fut, et qu'il est et sera toujours, l'énoncé même de la nature
morale de l'Éternel quant a l'homme, et de sa volonté positive
quant à l'Église.
De
plus
encore, non seulement le Seigneur avait prononcé les «Dix
Paroles» de sa propre voix, mais quand il les avait remises à
Moise, c'était le Seigneur lui-même qui les avait «écrites, de
son doigt, sur les deux Tables de pierre du Témoignage (Exode
XXXI,
18)»
Et
même ce ne fut pas tout; car alors eurent lieu deux dispensations
qu'il nous importe de remarquer
La
première, ce fut qu'il y eut «deux paires de
Tables,» qui,
si toutes deux elles furent semblables en ceci qu'elles furent
l'une
et l’autre écrites du doigt même de Dieu, cependant elles
différent grandement entre elles, quant à leur substance.
En
effet, les «deux premières Tables» furent l'ouvrage même de Dieu,
quant à leur substance ou matière; tandis que les «secondes
Tables» furent, à cet égard-là, l'ouvrage de Moïse (Exode
XXXII,
16; XXXIV,
1).
Ces
«premières
Tables,» donc, ouvrage parfait de Dieu même, et dans
leur substance et dans leur gravure ne représentèrent-elles pas le
cœur de l'homme primitif, créé directement de Dieu, dont il
portait l'image; et qui ainsi possédait en son «âme vivante» la
connaissance intime et «gravée» par l'Éternel même, de cette
nature et de cette volonté de Dieu qui sont révélées dans les
«Dix Paroles:» connaissance dont il reste encore un témoignage
dans la «conscience» naturelle de l'homme (Romains.
II,
15)?
Or,
les «premières Tables,» celles dont Dieu lui-même avait fait la
pierre, furent brisées à l'occasion de l'idolâtrie du Veau d'or
(Exode
XXXII, 19).
De
même aussi, les «premières Tables humaines,» — si cela se peut
dire, — «l'âme vivant» d'Adam,
— ne furent-elles pas rompues et détruites par l'idolâtrie de ce
premier homme, quand il se préféra lui-même à Dieu, en aimant sa
propre volonté plus que celle de son Créateur?
Ces
«premières
Tables» ayant donc été rompues, il fallut que
d'autres Tables fussent données à Moïse; — mais qu'on remarque
attentivement combien celles-ci différèrent des premières.
Si
la substance, la pierre même, des «premières Tables» avait été
l'ouvrage et la création directe de Dieu, les «secondes Tables» ne
furent plus que l'ouvrage de Moise, «qui se les était aplanies
(Exode
XXXIV, 1).» Circonstance qui
signifie, sans doute, que
maintenant ce n'est plus dans l'âme primitive de l'homme, — dans
cette âme qui, avant le péché, avait en elle l'image de Dieu, —
que la loi de Dieu se grave, mais que c'est dans une âme «portant
la ressemblance de l'homme déchu, et ainsi sortie de la carrière
d'Adam pécheur (Genèse
V, 3; Ésaïe
LI,
1),» que cette loi
va s'inscrire.
Mais alors même aussi, — tout comme lorsque le cœur humain sorti pur des mains de l'Éternel, — c'est le doigt de Dieu, «son Esprit,» et lui seul, qui écrit sur ces «Tables de chair» la loi de l'Éternel; et alors donc «l'homme spirituel,» — ce qui veut dire le cœur créé de nouveau par l'Esprit Saint, — reçoit et porte «l'Épître de Christ (1 Corinthiens II, 14-15; Jean III, 3, 6; 2 Corinthiens II, 3)» `
La seconde chose que nous remarquerons encore, quant aux Tables de la Loi, c'est que les «Dix Paroles» qu'elles portaient, — et par conséquent la Quatrième, — celle de la SEMAINE, — furent si peu des commandements cérémoniels et des ordonnances purement légales, que loin de n'être placées qu'à côté de l'Arche de l'alliance, — comme le fut le rouleau des lois lévitiques, ce fut dans l'Arche même que ces Tables furent déposées.
La
«Parole
de la SEMAINE,» le Quatrième Commandement, ne fut donc pas
plus alors une loi cérémonielle, que ne le furent les
Commandements
soit de ne pas «jurer faussement au Nom de l'Éternel;» soit
d'«honorer son père et sa mère;» soit «de ne pas voler ou de ne
pas mentir.»
Et
cette remarque, nous la faisons, afin de répondre à ceux qui ne
veulent voir dans la «sanctification du Septième Jour,» du «Jour
du Repos,» du «Jour du Seigneur ou Dimanche,» qu'une obligation
légale et de contrainte; et de fait qu'un joug pesant imposé.
Quoi
de
plus moral, en effet, et de moins cérémoniel, pour tout homme,
que l'ordre donné de
Dieu, a quiconque le craint et l'aime, de lui consacrer une
portion
de sa vie; et cela même régulièrement, chaque SEMAINE?
Quoi
de plus moral, aussi, pour la société humaine en général, qu'une
Ordonnance qui l'appelle, chaque SEMAINE, à se replacer sous le
regard immédiat de Celui qui veut tout autant qu'on soit soumis à
Dieu et dans sa crainte, que tempérant, juste et charitable?
Otez
le
Commandement de la SEMMNE, du «Jour du Repos,» et voyez aussitôt
ce que devient dans un peuple toute la Loi de Dieu; soit quant à
son
culte, soit quant aux devoirs personnels ou réciproques des
hommes.
Dès
lors, dans ce peuple sans «Jour du Seigneur,» ne se trouve plus ni
aucune crainte du seul vrai Dieu, créateur et conservateur du
monde;
ni de soumission à ce Sauveur qui seul unit l'âme au Père céleste;
ni par conséquent de cœurs pieux, qui conduits par l'Esprit Saint,
veuillent accomplir envers le prochain les devoirs de la charité
sincère; et dès lors donc, ni les familles, ni l'ensemble de cette
nation, ne glorifient Dieu et ne prennent plaisir à ses
témoignages.
Privée de la connaissance, ou du respect, du
«Jour
du Repos,» du «Sabbat de l'Éternel,» cette maison, ou cette
société, se livre sans scrupule aux mêmes impiétés et aux mêmes
souillures que les païens les plus impurs tellement, qu'il suffit
de
savoir de quelle manière est comprise la SEMAINE et «son saint
Jour,» soit dans cette maison, soit chez ce peuple, pour qu'en
même
temps l'on sache quel honneur ou quel mépris y reçoit l'Éternel;
comme aussi de quelle manière s'y pratiquent où s'y négligent les
devoirs de la morale et de l'intégrité.
Est-ce
donc
de la légalité, ou de la pratique cérémonielle, que ce beau
Commandement de la SEMAINE et de son «Repos;» ou bien plutôt
n'est-il pas la main qu'un bon père tend à son faible enfant, pour
l'élever au-dessus d'un bourbier, ou pour lui faire franchir un
dangereux passage?
Si
donc ce Commandement-la, cet ordre de garder la SEMAINE et son
«Jour
sanctifié,» fut imposé de Dieu au peuple d'Israël, ne fut-ce pas
à la fois pour que ce peuple demeurât sous la lumière qui vient de
l'Éternel, et aussi qu'en y vivant, il y connût et pût accomplir
les devoirs dont la pratique assure à l'homme la condition
terrestre
la plus heureuse, tout en le remplissant, par la foi, de la plus
glorieuse espérance?
Aussi, ne fut-ce jamais qu'en ce sens-là, que d'abord Moïse et Josué, puis successivement tous les Prophètes de l'Éternel, parlèrent du «Jour du Repos,» ou «Sabbat,» soit quand ils en rappelèrent les privilèges, soit quand ils reprochèrent au peuple d'Israël de ne l'avoir pas gardé. Ce ne fut jamais comme d'une observance précaire, ou seulement cérémonielle, qu'ils en représentèrent l'Ordonnance, mais toujours, au contraire, ce fut comme d'une institution à la fois fondamentale et d'une éternelle moralité, en ce qu'elle renfermait, avec la révélation du seul vrai Dieu, la seule manière de le servir: savoir le culte solennel de chaque SEMAINE.
Sans
doute
cette Institution, — de même que tout le Décalogue, — dut
recevoir les modifications lévitiques qui appartenaient à la
pédagogie de la Loi: à ses ombres et à ses figures; et ainsi la
célébration du «Jour du Sabbat,» — et précisément parce que
plus que tous les autres Commandements, elle dessinait et
déterminait
au milieu des peuples idolâtres la position civile et religieuse
d'Israël, — cette célébration dut être comme entourée de la
haie des ordonnances lévitiques.
Il
faut donc que nous trouvions dans le service du Tabernacle, ou du
Temple, des formes particulières à ce type du vrai Tabernacle,
c'est-à-dire de
l'incarnation du Verbe et de son «habitation au milieu de nous
(Nombres
XXXV, 34; Jean
I,
14),» et qu'ainsi, dans beaucoup
de choses, l'Institution primitive du «Jour du Repos» s'associe
aux
«éléments périssables» de la Loi lévitique (Galates
III,
24; Hébreux
VIII, 13).
Mais ici toujours les Prophètes ont soin de bien distinguer dans le «Sabbat,» ce qui se rapporte à son essence même, d'avec ce qui n'intéresse que la position momentanée du peuple juif; par exemple lorsque, «d'un côté, ils louent et célèbrent le «Sabbat,» comme étant le «Jour de l'Éternel,» et en quelque sorte-l'entrée et le parvis du ciel et de sa gloire; et que, d'un autre côté, ils blâment et censurent le peuple pour son mépris de cette Ordonnance.
Il est vrai que, pour soutenir encore que là SEMAINE avec son «Jour sanctifié» n'appartint qu'au seul peuple juif, on a cité ces paroles de Néhémie: «Tu leur enseignas ton saint Sabbat;» et celles-ci d'Ézéchiel: «Je leur donnai, dit l'Éternel, mes Sabbats, pour être un signe entre eux et moi, afin qu'ils connussent que je suis l'Éternel qui les sanctifie (Néhémie IX, 14; Ézéchiel XX, 12);» paroles dont on a tiré la conclusion que le «Jour du Repos» n'avait jamais été connu de l'Église avant la publication du Décalogue, et que par conséquent il avait dû prendre fin avec tout le reste de l'économie mosaïque.
Mais qui ne sait que si Dieu honore et bénit un peuple, ou même une seule âme, en lui révélant ses lois ou en l'y soumettant, cela ne veut pas dire que ces lois n'existaient pas encore; mais que cela signifie que le «don» que le Seigneur fait alors à ce peuple d'une loi qui lui était jusqu'alors inconnue, ou qui chez lui fut négligée, est le moyen qu'il emploie, ou pour s'attacher ce peuple par un privilège, ou pour le tenir plus sûrement sous une discipline alors nécessaire?
La «circoncision» n'en fut-elle pas un exemple, puisque, «quoiqu'elle fût des pères, dit le Seigneur Jésus, toutefois elle fut donnée à Israël par Moïse?» (Jean VII, 22.) Ce qui veut bien dire certainement qu'elle fut imposée au peuple juif comme un sacrement qui le mettait à part.
De même donc, parce que Dieu, pour conserver la vérité de la création du monde et de l'unité de Dieu, plante et fixe, en quelque sorte, en Israël l'étendard de cette vérité, afin que la SEMAINE primitive y soit de nouveau et toujours proclamée; et qu'en même temps, cet étendard qui flotte sur Israël, y soit aux yeux de toutes les nations le témoin de la présence de l'Éternel; — parce que Dieu fait cela dans son «peuple,» en inférera-t-on que jamais jusqu'alors la SEMAINE n'avait existé; comme aussi qu'avec la constitution temporaire de ce peuple qui la proclama dans le Décalogue, cette SEMAINE, et avec elle donc le «Jour du Repos» qui la forme, a dû cesser et périr?
Encore s'il se fût agi d'une institution en quelque sorte accessoire et toute cérémonielle, — telle, par exemple, que celle de la «cendre de la génisse, ou du bouc Hazazel (Nombres XIX, 1; Lévitique XVI, 10),» — puisqu'alors il serait évident que Dieu ne donna de telles ordonnances qu'au seul peuple qui les pratiquait, et qu'il ne le fit donc que pour un temps.
Mais comment assimiler à ce qui ne fut que l'ombre passagère de deux types évangéliques, la lumière et l'éclat même de leur réalité? Comme si, de nouveau, quand le Seigneur fit «lever le soleil de justice sur la Galilée des Gentils, et qu'alors il en «donna,» pour la première fois, la lumière au peuple qui avait été jusqu'alors assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort (Malachie IV, 2; Matthieu IV, 14, 16,») cela voulut dire que jusqu'alors le soleil céleste n'avait pas resplendi, ou bien que sa splendeur ne brillait que pour la seule Galilée, et devait donc s'éteindre avec les populations de ce petit pays!
Est-ce
donc
ainsi que nous parlons aujourd'hui, quand nous voyons la Bible
s'introduire, ou dans la Chine, ou dans le Japon?
Si
nous disons alors que Dieu «donne» sa Parole à ces deux royaumes,
entendons-nous ou bien qu'elle n'appartint jusqu'à maintenant à
aucune autre nation, ou bien qu'elle n'est, absolument, que pour
eux,
et que si donc ces empires prennent fin, la Bible aussi cessera
d'exister?
De même donc, quand l'Éternel «donna son Sabbat,» et par lui sa SEMAINE, au peuple d'Israël, le fit-il pour que ce peuple connût, et connût a jamais tout seul, soit cette SEMAINE primitive, soit par elle le «Jour sanctifié» ou bien le fit-il plutôt, et seulement, pour que, par ce grand bienfait, l'Éternel s'unit et se consacrât plus intimement Israël; qui, précisément par le Quatrième statut du Décalogue, devait comprendre et réaliser ce qu'oubliaient toutes les autres nations, savoir qu'il n'y a qu'un seul Éternel, créateur du ciel et de la terre, et que son Église doit l'adorer et le servir, de SEMAINE en SEMAINE, en lui consacrant un des sept jours qui la constituent?
Et ce fut tellement ainsi, répétons-nous, que, l'Esprit Saint le fit voir aux Prophètes et à tous les fidèles de l'Ancienne Alliance, que par exemple David, quand il composa son «Cantique pour le Jour du Sabbat, (Psaume XCII)» bien loin d'y renfermer, selon qu'il le fait dans un si grand nombre de psaumes, — l'histoire ou les privilèges du peuple d'Israël, tout au contraire n'y fait aucune mention de ce peuple, et ne s'y attache qu'à la contemplation de la création du monde, qu'aux louanges de l'Éternel, et qu'aux bénédictions que Dieu fait reposer sur l'Église.
Ainsi parlent aussi, par exemple encore, un Ésaïe, un Jérémie et un Ézéchiel: le premier, quand il exalte le bonheur de tout homme, qui, «lorsque le salut de Dieu sera venu, et même tout étranger à Israël que cet homme avait jusqu'alors été, observera le Sabbat, et viendra s'y prosterner devant la face de l'Éternel;» Jérémie, quand il se lamente de ce que «l'Éternel a fait oublier le Sabbat» dans son Église; et enfin Ézéchiel, quand il dépeint les abominations des sacrificateurs par ce seul trait, «qu'ils ont caché leurs yeux des Sabbats de l'Éternel (Ésaïe I, 2; LXVI, 23; Lamentations II, 6; Ézéchiel XXII, 24-26).»
Évidemment ce n'est pas de la constitution du seul peuple juif qu'il s'agit ici, — comme si le «Jour du Repos» n'eût tenu qu'a la forme nationale ou à la durée temporaire de la religion de ce peuple, et qu'ainsi ce «Jour sanctifié» n'eût eu que l'importance d'une cérémonie civile; — mais c'est bien comme d'une Institution primitive et souveraine, et comme d'une Ordonnance appartenant à l'homme, — et non pas seulement à l'Israélite, — qu'en parlent ces Hommes inspirés.
Il fallut donc que cette Ordonnance, déjà maintenue dans l'Église de Dieu depuis l'origine du monde, eût sa place et sa dignité dans cette Économie de la Grâce qui allait étendre sur toutes les nations la même lumière qui ne s'était encore levée que sur le peuple soumis aux «Dix Paroles»
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |