Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVANT-PROPOS

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À mes chers auditeurs de Chexbres.

Vous avez gagné votre procès: vos aimables et unanimes insistances ont eu raison de mes longues hésitations. Car, lorsque je vous ai donné ces six leçons sur l'homme, je n'avais nullement la pensée de les publier. Voyez-vous: autant, quand on est jeune, on est impatient de faire gémir les presses pour avoir la joie enfantine de voir son nom figurer sur un ouvrage... qui doit révolutionner le monde, autant, lorsqu'on est au terme de la carrière, et malgré l'extrême bienveillance de la critique, on devient plus timide, sinon plus humble, quand se pose la question de l'impression.

C'est que, à l'égal de ce vieux prédicateur qui disait un jour à ses auditeurs: «je vois très bien ceux d'entre vous qui ne sont pas là,» on ne sent que trop alors tout ce qui manque à un travail. Et s'il s'agit du sujet que je vous ai exposé, s'il s'agit de l'homme, que ne manque-t-il pas?

Car l'homme, c'est déjà l'infini, qui défie l'inscription célèbre de l'école de Platon. Oh! combien ne m'en suis-je pas aperçu alors que je vous parlais de nous, à Chexbres; et combien plus encore quand, pour vous complaire, j'ai travaillé à la rédaction finale de mes leçons! je vous assure que, sur la voie que vous m'avez un peu imposée, je me suis avancé en pensant souvent à ces braves vaches qui rapportaient l'arche de l'alliance du pays des Philistins dans celui de Juda. «Elles avançaient, nous est-il dit, mais en mugissant.» Que de fois n'ai-je pas été tenté de poser la plume en m'écriant comme Job: «J'ai parlé et je ne comprenais pas; ce sont des choses trop merveilleuses pour moi, et je ne les connais pas!»

Mais si «l'on est agréable selon ce que l'on a et non selon ce qu'on n'a pas,» acceptez mon offrande. Ces études sont de simples aperçus, quelques grandes lignes directrices pour vos propres méditations sur le sujet qui nous a occupés.

D'autres, je l'espère, feront mieux, et de fond et de forme, et donneront un jour, à notre monde évangélique de langue française, tout un ouvrage sur l'homme d'après la Bible, ouvrage qui nous fait encore défaut.

Nous avons tant besoin «d'ajouter à la foi la connaissance», si nous voulons que notre vie religieuse ait plus de consistance, de profondeur et d'équilibre que n'en peuvent donner les seules émotions vives et fugitives des réunions d'appel et d'édification. Ce mot d'édification avait primitivement un autre sens: revenons-y.

C'est bien un peu dans le but de faire de la «construction» plus solide, ou peut-être, du sous-oeuvre, que les cours de Chexbres ont été organisés. Leur succès encourageant, malgré de nombreuses imperfections, a prouvé qu'ils répondent à un besoin; et c'est là ce qui décide les promoteurs de l'entreprise à les renouveler cette année. Dès aujourd'hui, implorons sur ces efforts une bénédiction de Dieu, une grâce spirituelle encore plus intense que ce qui nous a déjà été si miséricordieusement accordé en 1907

Que ces cours réunissent des chrétiens de toute Église, même de l'Église romaine, comme l'an dernier; qu'au souci de l'affermissement dans la vérité se joigne étroitement celui d'un constant progrès dans l'amour. Étroits, ni plus ni moins ni autrement que l'Évangile, mais larges aussi, et de sa largeur, tels devons-nous être dans une époque où il faut, tout ensemble, sauvegarder le trésor de la vérité qui est en Christ et grouper ceux qui la proclament et la vivent, quelles que soient les divergences de second ordre qui les séparent encore les uns des autres. En théorie, le programme est sublime; en pratique, il présente de très grandes difficultés. Que Dieu nous aide à les surmonter toutes et au plus tôt! C'est là la continuelle et ardente prière de l'auteur de ces lignes.

8 février 1908.

G. TOPHEL.

P. S. Pour les lecteurs de ce volume qui ne connaissent pas Chexbres, disons que c'est, au-dessus de Vevey, une délicieuse station de mi-montagne, où ont été tenus, pendant trois semaines en septembre dernier, des cours bibliques suivis de réunions plus générales. Les cours ont réuni, dans une vaste galerie d'hôtel, environ 150 chrétiens et chrétiennes de divers pays; les réunions générales, jusqu'à 1000 auditeurs sous une grande tente au milieu d'un beau verger.


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