Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'incrédule ne périt que parce qu'il le veut

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Ce Discours, écrit en partie de souvenir, n'est que la substance de la Prédication, qui fut faite d'abondance.

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Vous ne voulez pas venir à moi, pour avoir la vie.

(Jean V, 40.)

Ce n'est pas aux élus, c'est à tous les pécheurs que l'Évangile s'adresse. C'est comme Sauveur, que «Celui qui est descendu des cieux (Les phrases renfermées entre des guillemets sont des passages de l'Écriture, cités expressément, ou seulement selon leur sens. L'indication, s'il le faut, en sera renvoyée à la fin du paragraphe.)» est venu jusqu'à l'homme, et c'est aux nations qu'il s'est présenté. Au-dessus de toutes les contrées du monde, le décret de la grâce infinie de Dieu a voulu que s'élevât la montagne du salut, que Jésus seul a gravie, et sur le haut de laquelle, à la vue du genre humain, après avoir lu de la part de son Père la charte de l'alliance de miséricorde, il a planté de ses propres mains une croix, s'y est offert en sacrifice, et y est mort maudit; afin que de ce gibet, teint du sang de l'Agneau, sortît une voix qui retentît sous tous les cieux, et qui dît par toute la terre, et dans tous les siècles, à toute langue, à tout peuple, à toute famille, et à toute âme: «Comme au désert Moïse éleva le serpent, ainsi le Fils de l'homme a été élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Regardez donc à Jésus, vous tous les bouts de la terre, et soyez sauvés!» — Jean III, 14,15; Es. XLV, 22.

Quelle œuvre au-dessus de toute pensée, qu'une telle action, faite pour une telle terre! C'est l'Éternel-Dieu, son Créateur, qui se tient devant elle; et c'est d'amour, de pardon, d'une grâce libre et entière, qu'il parle à un monde pécheur, idolâtre, et révolté contre lui!

«C'est pour sauver les âmes des hommes, et non pour les perdre, qu'il s'abaisse et s'anéantit jusqu'aux hommes; jusqu'à prendre à soi leur nature, jusqu'à se faire victime de propitiation, jusqu'à mourir sur une croix!» Et c'est à tout pécheur, c'est à tout homme vivant que cette œuvre de Dieu est par son ordre annoncée, afin que partout, dans toute cette race coupable, et de sa nature «fille de colère,» il soit notoire à toute oreille qui l'entend, que «quiconque invoquera le Nom du Seigneur Jésus sera sauvé;» qu'il n'est point de condition mise à cette grâce, mais qu'elle appartient, et pour toujours, à celui qui la croit et s'y confie. — Luc IX, 56; Phil. II, 6-8; Héb. II, 16, 17; Eph. II, 1-3; Rom. X, 11.

Oh! quelle proclamation! Oh! quelle nouvelle! Oh! quel message, de la part de Celui qui se nomme l'Éternel, qui est le Saint des saints, et loin duquel le genre humain gît dans la souillure et dans les ténèbres de la mort!

Quel envoi que celui de cette lumière des cieux, qui, tout à coup, perce la profonde nuit du monde! Quel solennel silence que celui que le Très-Haut impose à tous les peuples, et quel appel que ces mots qui s'y font seuls entendre, «Venez à moi, pour avoir la vie!»

Se trouvera-t-il parmi ceux des enfants des hommes qu'un tel amour appelle, un cœur, un seul cœur, qui ne tressaille aussitôt d'allégresse, et qui, dans la surprise de ce bienfait, ne se prosterne jusque dans la poudre, et n'y répande des larmes de repentance et d'adoration?

Hélas! ils ont bien ouï cette voix de grâce; ils ont bien vu cette croix, même cette croix ensanglantée, et le message de la charité de Dieu leur est bien parvenu; mais ils ont méprisé cet appel; ils ont tenu pour rien ce sacrifice; ils ont rebuté le Sauveur et lui ont déclaré que son sang ne leur pouvait être utile!

Et quand ce Sauveur a repris la parole, pour leur dire avec douleur, Vous ne voulez donc pas venir à moi, pour avoir la vie! ils lui ont répliqué, les uns: De quelle vie nous parles-tu? Ne sommes-nous pas vivants! — les autres: Nous l'achèterons, si elle nous manque: car pour la payer, nous avons nos œuvres!

Et ainsi la Grâce aurait dû se retirer, et le Sauveur eût été confus, si l'Éternel-Dieu eût attendu pour sauver l'homme, que l'homme y consentît!

Mais malheur à l'âme qui, ayant ouï ce message et vu le sacrifice du Fils de Dieu, a dédaigné ces gratuités du Souverain!

Malheur à toi, ô mon Semblable! qui, ayant ouï le son de la Parole du salut, ne t'approches pas pour la recueillir, pour la garder en ton cœur! Homme pécheur et mortel! malheureux, oh! bien à plaindre es-tu, si tu te tiens à l'écart de l'appel de Dieu; si, te retirant avec fierté, après avoir écouté quelques moments, tu t'enfonces de nouveau dans les ténèbres, et redis en ton cœur, Je n'ai pas besoin d'une telle vie: Qui est ce Jésus!

Et c'est lui-même qui te le fait dire? Oui, c'est ce Jésus qui, par un de ses serviteurs, s'adressant à cette heure à toi, vient, une fois de plus, et avec la même abondance et la même charité, te déclarer que tu es pécheur; que tu es donc mort dans ton âme; qu'en lui seul est la vie, et que, certainement, si tu crois en lui, tu seras fait vivant pour l'éternité.

Que répondras-tu, ce jour, à ce nouveau message?

Voudras-tu dire, comme tant de fois déjà, ou qu'il est faux, ou qu'il ne t'est pas nécessaire? Ou bien, croyant enfin, que devant Dieu tu es «mort en tes péchés,» et que c'est l'amour de ce grand Dieu qui le cherche et t'appelle, viendras-tu, pour avoir la vie, te soumettre au joug de Jésus, et réclamer ainsi pour toi sa suprême et riche clémence?



I. L'INCRÉDULE NE VEUT PAS CROIRE QUE LA VIE

ÉTERNELLE LUI SOIT NÉCESSAIRE.


Car tel sera le résultat final de l'existence de chacun de vous ici-bas: Ou bien «vous aurez cru le témoignage de Dieu sur Jésus, et vous ne serez pas condamnés; ou bien vous ne l'aurez pas cru, et vous périrez;» et cette «mort seconde» sera d'autant plus cruelle à votre âme, que vous connaîtrez alors, que si vous n'avez pas la vie c'est par votre propre, faute: parce que vous n'aurez voulu croire, ni qu'elle vous était nécessaire, ni qu'elle n'était qu'en Christ.

Terrible alternative! car c'est l'éternité même qui doit mesurer ou la vie de votre âme, avec Dieu, ou la mort de votre âme, loin du ciel et du repos!...

Est-ce donc pour vous peu de chose que l'avenir; et Dieu vous paraîtra-t-il exigeant, s'il vous demande d'écouter, du moins à cette heure, ce que sa Parole déclare, et sur vous, et sur votre éternité, qui est si prochaine?

Sans doute il n'est aucun homme tellement égaré dans ses pensées, ou tellement stupide en son cœur, qu'il s'imagine être sans péché. Si quelqu'un en vient là, dit l'Écriture, «il se séduit lui-même, et la vérité n'est point en lui.» Il se mentirait donc à lui-même l'homme qui dirait de soi: «Je suis net devant Celui qui m'a fait;» et sûrement, chacun de vous, repoussant ce langage, confesse «qu'il n'est personne qui ne fasse le mal,» et qu'il est pécheur, comme tout autre homme.

Mais qu'un tel aveu peut encore être loin de ce que Dieu dit du péché! Tel homme, il est vrai, se reconnaît pécheur: mais, comme il se compare à lui-même, ou à ses semblables, tout ce qu'il veut dire, c'est qu'il n'est pas meilleur qu'un autre mortel; qu'il a ses erreurs, ses faiblesses et ses fautes, et qu'ainsi la Loi de Dieu peut le reprendre en plus d'un point. À quelle distance donc, cette confession, toute sincère qu'on la suppose, n'est-elle pas de ce que Dieu prononce sur la condition du pécheur, quand il dit que «le péché est la mort de l'âme, et que le pécheur est maudit!»

Mon âme morte! Moi, maudit! reprend ce même homme qui vient de faire cet aveu. Eh! pourquoi, je vous prie? Qu'ai-je donc fait?

«Tu es pécheur! reprend la Parole. Tu as fait le mal, et Dieu le l'avait défendu.»

J'en conviens, réplique-t-il; mais cela veut-il dire que mon âme soit morte, et que je sois un maudit?

Des faiblesses, des erreurs, même des fautes, ont-elles donc mérité ce châtiment? Est-ce moi qui me suis fait; et si ma nature est fragile, est-ce la mort, est-ce la malédiction qui doit la punir? Non, je ne le crois pas: je ne l'admettrai jamais: Dieu est trop juste pour en user ainsi avec sa créature!...

Ne plaise au Seigneur que je sers, que je réponde à de telles paroles autrement que par celles de Dieu l Si l'homme qui s'irrite ainsi, veut croire la Bible, il sera bientôt éclairé, et bientôt repentant; et s'il ne croit pas ce que l'Éternel a dit, comment croirait-il le raisonnement d'un autre homme? Écoutez donc, ô Vous à qui la réponse est nécessaire! écoutez; et apprenez de la Bible, que quand Dieu dit que vous êtes pécheurs, il dit aussi que vous êtes morts et maudits.

«La mort est entrée dans le monde par le péché; et ainsi la mort est parvenue sur tous les hommes, parce que tous ont péché. Tu mourras de mort, avait dit l'Éternel au premier homme, si tu manges de ce fruit;» et l'homme, ayant forfait à l'obéissance, «reçut la rétribution de ses mains: Il mourut de mort. La mort fut le salaire de son œuvre.» — Rom. V, 12; VI, 23; Gen. II, 17; Es. III, 11.

De plus, ne pensez pas que cette mort ne fut que celle du corps de l'homme; que la séparation de l'âme d'avec la poudre qu'elle anime. «Tu mourras de mort,» fut dit à l'être qui pouvait comprendre et qui devait craindre cette menace. Ce ne fut pas à l'homme endormi, ce ne fut pas à son corps matériel, que la voix de Dieu s'adressa. Ce fut à l'homme vivant, intelligent et sensible; ce fut à son esprit et à son cœur, c'est-à-dire à son âme, que le Seigneur parla: et ce fut cette âme qui voulut pécher, et qui dut mourir. Alors donc, comme depuis, et toujours, «l'âme qui pécha fut celle qui mourut;» et cette mort de l'âme fut d'être «entièrement retranchée de la gloire de Dieu:» d'être maudite et sous l'éternelle condamnation de l'éternelle Loi du Seigneur.» — Ézéch. XVIII, 20; Rom. III, 22; Gal. III, 10; Jér. XI, 3; Matth. XXV, 41.

Tu n'es donc qu'un mort, devant Dieu, ô Homme! car tu n'es qu'un pécheur!

Tu n'es qu'un mort, enveloppé de la nuit de la mort, où tu agis, avec d'autres morts, tes semblables, loin de la lumière de Dieu, et sur le bord d'une éternité, dans laquelle, si tu ne te repens, tu vas continuer cette mort, dit l'Éternel: mais avec cette différence, qu'ici-bas, «durant la patience de Dieu,» tu t'abuses, tu te dépites, tu t'irrites encore, et que ton orgueil juge la vérité, tandis que dans l'éternité la vérité te jugera, et qu'alors tu souffriras les agonies sans repos et le désespoir sans fin de cette mort seconde.

Tu n'es qu'un mort: Ton corps se fatigue, s'use, dépérit, va se dissoudre; et ton esprit n'est que «ténèbres, mensonge et souillure, dit l'Éternel, et n'a point de part avec le Royaume des cieux, où rien de vicieux n'entrera.»

Tu n'es qu'un mort: «Esclave du péché, dans lequel tu naquis, toi l'enfant impur d'un père impur, tu es aussi le captif de Satan, auquel tu t'es asservi pour lui plaire; et c'est enchaîné par lui, que tu te promènes ici-bas parmi ce qui n'a que l'apparence!»

Voilà ce que dit Dieu, et du péché, et de toi, Pécheur! Et c'est parce que «la sentence prononcée contre les œuvres mauvaises ne s'exécute pas encore,» et que pendant ce sursis tu agis et te meus à ton gré sur la terre, que tu prétends n'être ni condamné, ni même coupable; te servant ainsi du délai que la patience de Dieu t'accorde, pour «nier son témoignage et le faire menteur!»

Voudrais-tu que ton fils ou ton serviteur, traitât tes paroles comme tu traites celles de Dieu? Quand tu dis au petit enfant que tes soins élèvent, que telle habitude est mauvaise et que tel malheur en sortira, trouveras-tu bien qu'il t'accuse d'ignorance, et qu'il prétende connaître mieux que toi ce qu'il en est du mal ou du bien? Et si l'homme qui te sert entend ta bouche lui dire qu'une infidélité de sa part rompra sans retour le lien qui l'unit à toi, trouveras-tu bon qu'il te contredise, et qu'il se vante avec fierté qu'il n'en sera rien?

Et l'Éternel, ô Créature de Dieu! serait-il moins vrai dans ses paroles que toi dans les tiennes? «Ce qu'il a dit ne le fera-t-il pas? Ce qu'il a déclaré ne l'accomplira-t-il pas?»

Et quand il te dit et déclare dans toute sa Parole, et dans toutes les formes du langage, que tu n'es qu'un pécheur; «qu'en toi n'habite aucun bien; que le péché est dans ton esprit, dans ton cœur, dans ton corps, en tout ton être; que tu le bois comme de l'eau;» et qu'en cette nature ténébreuse et souillée, qu'en cette volonté charnelle, qu'en ces habitudes et ces penchants terrestres, qu'en ces œuvres de désobéissance et de vanité, tu n'es, à ses yeux, qu'une créature déchue, «qu'un enfant de colère, qu'un vase déshonoré,» qu'il brisera sûrement, si lui-même ne le change, et dont il jettera les débris dans le séjour de l'infamie et de la réprobation;... quand Dieu le dit cela, t'approuvera-t-il si tu lui réponds que tu sais mieux que lui ce qu'il en est de toi-même, et que quant à cette mort éternelle et à cette malédiction, il doit bien savoir qu'il n'en sera rien?

Certes, ce n'est pas une légère offense faite à Dieu, qu'un tel démenti. Car, non seulement ou «s'y moque du Très-Haut, et non pas d'un homme, en le faisant menteur,» mais encore, par orgueil ou par malice, on méconnaît et calomnie la charité de l'Éternel.

Car enfin, pour juger droitement cette cause, recherchons dans quelle intention Dieu déclare au pécheur sa misère, et dans quel sentiment le pécheur refuse de le croire.

Est-ce pour mon mal, demanderai-je, que Dieu me montre mon mal?

Est-ce pour me perdre qu'il m'avertit d'une ruine qui me menace?

Si ce mal n'était pas en moi, Dieu l'y mettrait-il par le reproche qu'il m'en ferait?

Et puisqu'il s'y trouve, Dieu l'augmente-t-il en m'en avertissant?

Et quant aux suites de ce mal, deviennent-elles plus réelles ou plus funestes, parce qu'elles me sont dévoilées?

Ne serait-ce pas, au contraire, une chose excellente pour moi, si même le danger était moins grand qu'il ne l'est, que j'en fusse avisé?

Et comme il ne peut être ni plus voisin ni plus terrible, puisqu'il me touche et qu'il est infini, n'est-ce pas un immense bien pour moi que de savoir qu'il existe et qu'il s'approche?

Que fait donc Dieu, en me disant que je suis entièrement pécheur: que «du sommet de la tête à la plante des pieds, il n'est rien en moi de pur ni de sain,» et que dans cette triste condition, je ne puis ni lui être agréable ici-bas, ni voir sa face dans les deux?

Me nuit-il en quelque chose maintenant, ou me prive-t-il de quelque bien futur, en m'apprenant ce que je suis, ou en m'avertissant d'un avenir que j'ignore? N'est-ce pas, au contraire, en me faisant voir ma difformité, qu'il m'en fait sentir la honte; et n'est-ce pas en me révélant l'épouvantable séjour de la Géhenne, qu'il m'en donne la terreur et qu'il en détourne mes pas?

Qu'y a-t-il donc ici dans l'Éternel, sinon de l'intérêt pour mon bonheur présent, et pour mon repos à venir; et quelle autre intention est-il possible de voir en sa Parole, que celle de me découvrir des faits dont l'ignorance me serait à jamais fatale?

Si donc le Fils de Dieu, s'adressant à mon âme, lui dit qu'elle est «morte en ses péchés,» et que cette mort est la mort seconde, l'éternelle mort de l'enfer, que veut-il faire, en lui parlant ainsi, si ce n'est la tirer d'une sécurité qui va la perdre, et sans retour? — Je le demande donc à tout esprit judicieux, y a-t-il dans cette déclaration de Dieu quelque autre intention que mon bien, et peut-il en sortir autre chose pour moi, si je l'écoute, que la plus salutaire conséquence?

Telle étant donc l'intention de Dieu, quand il dénonce à l'homme ses péchés et leur salaire, je demande aussi quelle est celle de l'homme, quand il refuse de le croire; et je ne puis voir en lui que l'une de ces deux:

Ou bien, rempli qu'il est de l'amour de lui-même, et se complaisant en ses vertus et en sa gloire, il est indigné de se voir estimé si bas, et il n'hésite pas à préférer son propre jugement qui le relève, à celui de Dieu qui l'humilie: et dans ce premier cas, le pécheur, aimant mieux les illusions qui flattent son orgueil que la vérité qui les renverserait, ne balance pas à calomnier le témoignage de l'Éternel, en l'accusant de fausseté, plutôt que de l'admettre et de s'abaisser devant lui. — L'homme est donc ici sans droiture: et c'est parce qu' il le veut, qu'il ignore son état.

Ou bien le pécheur, s'occupant beaucoup moins de son mérite que de ses jouissances, et de la gloire du monde que de ses voluptés, «hait la lumière et redoute d'y venir, parce que ses œuvres sont mauvaises, et qu'il craint qu'elles ne soient censurées.» Et comme les idoles de son cœur lui sont beaucoup plus chères que la lumière de Dieu et que Dieu même, il n'hésite pas non plus à déshonorer le témoignage de l'Éternel, en le qualifiant de mille noms injurieux, plutôt que d'en reconnaître la pureté, et d'être contraint par elle de renoncer à ses convoitises. — En ce dernier cas, aussi, l'homme est sans droiture; et s'il ignore son état, c'est bien parce qu'il le veut.

C'est-à-dire que L'INTENTION DE DIEU, quand il avertit le pécheur, EST CELLE DE LA BONTÉ, et que la vôtre, ô Pécheurs! quand vous refusez cet avis, est celle d'un cœur superbe ou criminel; que quand Jésus, dans le message d'amour qu'il a reçu de Dieu, vous dit que vous n'avez pas en vous-mêmes la vie, c'est parce que votre cœur aime mieux les ténèbres du péché que la lumière des cieux, que vous fermez l'oreille à cette voix; en sorte que, loin que vous ayez le moindre droit de reprocher à Dieu que «ses voies ne sont pas bien réglées,» comme s'il vous condamnait pour un crime involontaire, vous n'avez qu'à rougir de vos propres voies, et qu'à confesser, dans votre conscience, que si vous demeurez dans la mort de votre âme, c'est, premièrement, parce que vous ne voulez croire, ni que vous soyez dans le péché, ni que le péché soit maudit.


II. L'INCRÉDULE NE VEUT PAS CROIRE NON PLUS

QUE LA VIE N'EST QU'EN JÉSUS-CHRIST.


Et cette première volonté mauvaise contre Dieu n'est que le prélude d'une plus mauvaise encore.

C'est de son plein gré que l'incrédule rejette les Écritures, quand elles lui parlent de sa ruine: il en fera de même, quand elles lui montreront la grâce.

Il ne veut pas les écouter quand elles lui dévoilent ses fautes, Il ne voudra pas non plus les accueillir quand elles publieront le salut. Il les renie quand il se cache son mal: il les reniera quand sa sécurité charnelle s'étant dissipée, son effroi sera survenu.

En effet, si l'insouciance ou la fierté de l'esprit de l'homme peut se jouer de l'avenir, et si la dureté de son cœur résiste même aux sommations de la charité de Dieu, ce n'est guère que pour un temps, et le jour arrive enfin où la Vérité fait sentir ses droits et la conscience ses craintes.

Ils sont peu nombreux, quoiqu'il en existe, ces hommes qui traversent toute leur carrière sans avoir été troublés sur leur état futur, et qui s'avancent ainsi vers l'éternel abîme et s'y précipitent, sans s'être même doutés de son approche. Si l'Éternel abandonne à un sens réprouvé quelques âmes impénitentes, et s'il les laisse descendre le courant de la mort, sans permettre que la voix du gouffre où il se plonge parvienne une seule fois à leurs oreilles, ce jugement est aussi rare qu'il est épouvantable; et d'ordinaire ce n'est pas sans être mécontent, inquiet et troublé sur ses péchés et sur le compte qu'il lui faudra rendre, que l'homme, en apparence le plus indifférent ou le plus assuré, voit ses jours s'accomplir, et ses contemporains se coucher tout autour de lui dans leurs tombes.

Ces sinistres mots, Il... faut... mou...rir! Après... la mort,... le jugement! malgré tout le bruit du monde où il se jette, et la distraction forcée qu'il s'y donne, se font entendre, un ici, l'autre là, quelquefois tous ensemble, comme un tocsin lugubre, dont les sons, vers la fin d'une longue nuit, harcèlent et tourmentent un malade qui prenait un peu de repos; et son âme qui les fuyait, se trouve tout à coup sommée par eux, au milieu de ses dissipations et de leur ivresse.

Et c'est alors que l'incrédulité volontaire du cœur de l'homme se montre dans sa ténacité. C'est alors que, sans pudeur et souvent avec audace, on nie et l'on rejette le témoignage de Dieu, et que des multitudes entières se raillent ou s'inquiètent fort peu des appels, des instances et des reproches du Sauveur, qui ne cesse de leur répéter, Vous ne voulez donc pas venir à moi pour avoir la vie!

Les uns, s'assimilant volontiers aux Gentils idolâtres, s'imaginent que le péché s'efface par des cérémonies et des superstitions: et leur religion expiatoire n'est qu'une suite de pratiques dont un Païen sensé rougirait. Ces disciples-là, s'ils invoquent le Seigneur Jésus, le changent en une idole, à laquelle ils associent celles des saints et des anges, et devant laquelle ils déposent quelques offrandes et quelques larmes, comme valeur d'un ciel qu'ils ne connaissent pas.

Les autres, et c'est Vous, qui vous nommez Protestants et Réformés! idolâtres aussi, non pas du bois ou de la pierre, mais des Bonnes-Œuvres, c'est-à-dire de leurs repentirs, de leurs charités, de leurs dévotions, de leur morale, font de ces choses comme un contrepoids à leurs péchés, et parviennent, par leurs vertus, à réduire Jésus et son sacrifice à la qualité d'un aide et d'un secours, qu'ils pourront accepter si leur propre force est insuffisante.

O Protestants déchus! qui protestez ainsi contre la Grâce de Dieu!

Réformés sans réforme! qui, comme les Juifs et les Papistes aussi, donnez à la justice de l'homme une dignité dans le salut! Pharisiens! Pharisiens! qui voulez mériter, qui voulez vous glorifier, qui voulez dire au Sauveur, Je te rends grâce des choses que j'ai faites pour me sauver moi-même!... Ah! quand enfin sortirez-vous de ce filet d'ignorance et d'orgueil; de cette religion du monde et de la chair, où vous reniez le Saint-Esprit, et où vous périssez, tout en tenant à la main un salut de clinquant qu'on vous a vendu dans les ténèbres, et que le feu va consumer!

Oui, consumer: et la Parole de Dieu vous le montrera. Cette Parole, écoutez-la! vous déclare ici deux choses: L'une, que «le feu doit éprouver votre œuvre,» votre religion, votre croyance; L'autre, que «le bois, le foin et le chaume» que vous aurez employés en bâtissant la maison de votre piété, «seront brûlés par l'ardeur de ce feu,» et que vous périrez avec eux, si c'est en eux que se confie votre âme. Ce qui veut dire, — et vous le sentez déjà! — que si vos vertus et vos Bonnes-Œuvres, si vos dévotions et vos pratiques ne sont devant Dieu que comme du bois, du foin et du chaume, loin de renfermer pour vous la vie, elles seront tout aussi mortes que les idoles des idolâtres, et seront réduites avec elles dans les mêmes cendres. Et malheur à vous, si elles se trouvent alors dans votre cœur, et qu'elles vous soient pour votre dieu!

Et ne vous méprenez pas sur le sens de ce mot, comme si je l'employais à la légère. Non, ce n'est pas trop dire, que d'affirmer que vos Œuvres sont votre dieu, SI C'EST LA PLACE DE JÉSUS QU'ELLES ONT PRISE EN VOTRE ÂME.

Et n'est-ce pas cette sainte place qu'elles occupent, si votre salut doit s'opérer par elles? Et en les retenant autour de vous, comme un cortège, ne dites-vous pas au Fils de l'homme, Je veux me sauver par elles: Je ne veux pas aller à toi pour avoir la vie: Tu n'es pas mon Dieu!...?

Certainement c'est vouloir s'abuser soi-même, et c'est aussi refuser aux mots leur sens, que de prétendre conserver au Seigneur Jésus sa qualité de Sauveur, tout en assignant aux Bonnes-Œuvres une efficace de salut; ou tout au moins, en inventant une double vie éternelle, dont la moitié ou quelque peu se trouve en Jésus, et dont tout le reste est dans les vertus de l'homme.

Dans l'un et l'autre cas, n'est-ce pas, d'intention et de fait, mettre Le Sauveur de côté, et faire avancer en triomphe vers les cieux cette «gloire de l'homme,» de laquelle Dieu dit qu'il «la méprise et la maudit?»

Il est vrai qu'on ne se sert pas du rude langage de dire à Dieu, qu'on veut se sauver par ses Œuvres; qu'on veut par elles avoir la vie: parce qu'ici l'incrédulité serait trop choquante; mais, en usant avec adresse, ou seulement par ignorance, de certains passages de l'Écriture qui condamnent la foi morte des hypocrites, on enseigne et l'on répète, que, si le salut n'est pas entièrement mérité par les vertus de l'homme, vu quelles sont défectueuses et imparfaites, et qu'elles n'ont aucune proportion avec une éternelle félicité, cependant Dieu qui est riche en miséricorde, veut bien se contenter de nos intentions et de nos efforts, et les récompenser par le magnifique don de la vie. (Voyez cette doctrine dans le Catéchisme que des générations entières apprennent et récitent: comme s'il était ce que dit la Parole!)

Or, qu'est cette doctrine-là, sinon le reniement le plus formel du Sauveur, et le refus le plus positif du don de la vie qui est en lui? Jugez-en vous-mêmes par une similitude:

Vous êtes sujets d'un roi puissant et bon; et, par la plus insigne révolte, vous avez tramé contre lui, avec haine et perfidie, une conspiration dans laquelle vous devez attenter à ses jours. Saisis et incarcérés avant l'achèvement de votre crime, vous avez été jugés par les lois du royaume, et l'échafaud vous attend.

Mais voici que votre roi, par une miséricorde inouïe, imputant votre forfait à son propre enfant, envoie à la mort celui-ci, dont le sang répandu à la place du vôtre, lave votre crime et vous justifie devant la loi.

Cette grâce vous est annoncée; vous paraissez reconnaissants, et même vous prenez pour vous, comme signe et souvenir d'un tel bienfait, le nom du prince qui s'est donné pour votre rançon.

Mais voilà que bientôt, au lieu de vous réjouir d'avoir été sauvés de la mort, et au lieu d'en rapporter tout le bienfait à l'amour suprême et sans bornes de votre rédempteur, d'un coté, vous conservez la crainte de l'échafaud, et de l'autre, vous parlez soit de votre repentir d'avoir été des traîtres, soit de vos résolutions d'être désormais soumis au roi, soit des supplications que vous lui adresserez, comme de moyens infaillibles d'obtenir votre pardon, et de ne pas mourir.

On vous montre votre méprise; on vous reprend de votre erreur; on vous rappelle que votre pardon a été la grâce même du roi, et que la mort sanglante de son fils l'a scellé: qu'ainsi donc vous n'avez qu'à le croire sincèrement, et qu'à reposer votre cœur sur cette grâce. Mais vous répondez qu'il n'en est point ainsi: que votre pardon fut conditionnel: qu'il doit donc dépendre de vous, et que vous voulez l'obtenir par vos Œuvres.

On insiste, en vous faisant considérer, Qu'une mort qui a eu lieu, qu'un sacrifice qui a été consommé, qu'une expiation qui a été faite, ne peut être conditionnelle; et que tout ce qu'elle suppose, c'est à la fois le bienfait souverain du sauveur qui s'est donné, et la reconnaissance des cœurs qui croient cette grâce. Mais vous vous irritez, et vous finissez par dire que vous ne voulez pas de ce pardon, si vos Œuvres n'y sont pas utiles. Vous ne voulez donc pas venir à moi, pour avoir la vie! vous dit alors votre roi: vous niez donc mon bienfait et vous me haïssez!

Et que faites-vous autre chose envers Dieu, lorsque vous pensez que vos Bonnes-Œuvres, que vos repentirs, vos résolutions, vos réformes, vos prières, vos lectures, vos jeûnes, vos communions, vos scrupules de conscience, vos pratiques dévotes, entreront, du moins à quelque égard, dans la rémission de vos péchés, dans la réparation de vos fautes, dans le bon accueil que Dieu doit vous faire, lorsque votre pauvre âme, toute craintive et tremblante, sortira de son corps, pour entrer dans l'éternité, dans cet avenir où se trouve le ciel, il est vrai, mais aussi l'effroyable enfer?

Dites, que faites-vous, en mettant ainsi vos Bonnes-Œuvres dans la balance, pour contre-peser, du moins en partie, vos transgressions et vos remords?

Ne dites-vous pas à Dieu y en tout autant de termes, qu'il n'a donné au monde qu'un Demi-Sauveur; que les souffrances du Christ ont été incomplètes; et que ce sang de l'alliance n'a pas été versé pour la rémission des péchés?

Et par ces opinions d'incrédulité, ne déclarez-vous pas tout ouvertement, que si vous êtes pécheurs, et qu'il vous faille obtenir un pardon, vous saurez le gagner, et finir ainsi, par vos vertus et vos Œuvres, ce que le Fils de Dieu n'avait pu qu'ébaucher?

Ainsi donc, si votre Religion est vraie, le sacrifice du Seigneur Jésus n'a pas été expiatoire, et c'est par erreur que les Prophètes ont dit, que «ce méprisé et ce rejeté des hommes, cet homme de douleurs et sachant ce que c'est que la langueur, a été navré pour les forfaits et froissé pour les iniquités de ceux qu'il sauvait; que le châtiment qui leur apporte la paix a été sur lui; que la plaie lui a été faite pour le péché de son peuple; que par ses meurtrissures, ce peuple a été guéri; que le Christ a été retranché, mais non pour soi, et qu'à cause du sang de l'alliance, les prisonniers ont été mis dehors?» — Es. LIII, 3-12; LXIII, 1-3; Dan. IX, 26,27; Zach. IX, 15.

C'est par erreur que le Sauveur a dit de lui-même , «qu'il venait donner sa vie en rançon pour plusieurs; qu'il mettait sa vie pour ses brebis, afin qu'elles eussent la vie; que son sang était le sang de la Nouvelle Alliance, répandu pour la rémission des péchés; qu'il se sanctifiait lui-même pour ceux que le Père lui a donnés; que sa chair était vraiment une nourriture, et son sang vraiment un breuvage?» — Marc X, 45; Jean X, 15-18; Matth. XXVI, 28; Jean XVII; VI, 55.

C'est par erreur, aussi, que les Apôtres, après l'effusion de l'Esprit-Saint, ont dit à l'Église, «quelle a été rachetée par le précieux sang de l'Agneau; que par ce sang elle a été lavée et purifiée de toutes ses souillures; qu'il n'y a plus pour elle ni condamnation ni crainte, parce que Christ, qui l'a aimée, s'est donné pour elle en victime de propitiation; et qu'ayant fait par lui-même la purification de tous les péchés de son Épouse, il se l'est acquise en propre, et l'a revêtue de sainteté?» — Éph. V, 25-27, 32; Col. III, 3; Pier. I, 18-20; Rom. VIII, 1, 28-38; Hébr. IX.

C'est par erreur, encore, que l'Esprit-Saint dit aux fidèles des sept Églises, et de la part de Jésus, qu'ils aient à «rendre gloire et force à Celui qui les a aimés et lavés de leurs péchés dans son sang;» et c'est par erreur, enfin, que, dans les cieux, «le Cantique nouveau de l'Église célèbre cet Agneau qui a été mis à mort pour elle, et qui l'a rachetée à Dieu par son sang?» — Apoc. I, 6; V, 9.

Ah! plutôt, puisque toutes ces paroles-là, étant celles de Dieu, sont «dignes d'une entière créance,» que vous disent-elles sur vos Œuvres, comme moyen de salut? Et si vous les croyez, quel usage ferez-vous de ces Œuvres devant le sang de l'Agneau? Toutes vos vertus et vos justices feront-elles que le sacrifice du Fils de Dieu n'ait pas eu lieu?

Et puisqu'elles n'y réussiront pas, ôteront-elles au sang du Souverain Sacrificateur son efficace expiatoire?

Et puisqu'elles ne le pourront jamais, qu'auront-elles jamais à faire pour le pardon de péchés, qui, s'ils n'ont été lavés déjà par ce sang, ne seront jamais lavés?

Quoi! le Seigneur Jésus, victime de propitiation, ayant offert son sacrifice, s'approche de vous, Pécheurs! et vous montrant ses pieds, ses mains et son côté percés, et la terre humide de son propre sang, vous dit, avec solennité, «J'ai été seul à fouler au pressoir;» — et vous lui répondez froidement, Non, mais j'y veux fouler avec toi!

Quoi! le Seigneur vous parle de son agonie en Gethsémané, de ses humiliations, de la malédiction qui s'est appesantie sur lui; de la colère de Dieu qu'il a supportée; de l'oblation qu'il a faite de son âme, lorsque l'épée du Tout-Puissant l'a mise à mort: — et à ce récit, vous ajoutez complaisamment celui de vos renoncements, de vos petites pratiques, de vos aumônes; et vous lui demandez si cela n'a pas le même prix!

Quoi! le Roi terrible et majestueux, sacré sur Sion, montagne de sa sainteté, paraît devant vous dans sa puissance et sa gloire: ses regards sont comme des flammes de feu, sa voix est comme le bruit des grosses eaux, et de sa bouche, «d'où, sort une épée à deux tranchants et qui transperce ses ennemis,» il vous déclare qu'il «a vaincu Satan, qu'il en a brisé la tête sous ses pieds, et que de sa droite invincible il a délivré les captifs et sauvé son peuple:» — et vous, Vermisseau impur, qui vous traînez, loin de lui, dans un peu de poussière, vous enflez votre petit et faible cœur, et de votre voix, qui n'est qu'un souffle, vous dites au Roi des rois, qu'il oublie que vous l'avez aidé, et qu'ainsi le diadème et la gloire ne sont pas à lui seul!

Oh! sotte et impie fatuité d'un être d'un jour, d'un atome d'existence, qui emploie la moitié de sa force éphémère à se glorifier, et l'autre moitié à fronder l'Éternel! O Homme! mon semblable! ô Homme, pécheur comme moi! que prétends-tu par cette folie? Que veux-tu faire, en refusant à Jésus d'avoir sauvé, complètement et en lui-même, son peuple, et en reniant, par tes pauvres Œuvres, tes Œuvres impures et mortes, l'expiation,... oui, entends-le bien!... l’expiation que le Christ de Dieu, qu'Emmanuel, Dieu manifesté en chair, a faite, par son propre sang, de tous les péchés de l'Église?

O Vermisseau! tu ne sais donc pas, ou tu veux oublier, que si même ce que tu nommes tes Œuvres était quelque chose de vivant qui sortit d'un cœur pur, et qui fût le service de ton amour pour Dieu, alors, alors même ces vertus et ces Œuvres, seraient si loin de mériter, et de refaire ainsi ce que Christ a déjà fait, qu'au contraire, si tu les eusses toutes faites, oui, que jamais tu n'eusses failli dans ton devoir, tu devrais dire, — et c'est Dieu qui le déclare! — que «tu n'es qu'un serviteur inutile; que tu n'as accompli que les obligations, et que Dieu ne te doit savoir aucun gré de toute ta peine?» — Tu oublies donc cela: tu ne veux donc pas le croire, puisque tu t'enorgueillis, et que même tu le fais pour des pensées et des œuvres qui, sorties de ton âme qui est morte, et de ton cœur qui est mort, ne sont, dit le Seigneur, que «les fruits morts d'un arbre mort pour le ciel, et des vertus humaines d'une si petite valeur devant sa face, qu'il dit des meilleures d'entre elles, qu'elles ne sont que comme le lambeau le plus souillé!»

Qu'en veux-tu donc faire, encore une fois, dans l'Alliance de la grâce? T'obstineras-tu à les prendre en tes deux mains, et à demander à Dieu, en les lui offrant, que, pour t'honorer, il les mette à la place de l'incarnation de son Fils, des langueurs de l'Agneau, du sang répandu sur la croix; et que le Saint des saints troque enfin son salut contre ta jactance?

Ah! Pécheur! sois-en sûr: Dieu ne détrônera pas Jésus, pour t'en donner le sceptre. Non, pauvre et ignorant Disciple, l'Éternel n'effacera pas de dessus le propitiatoire de l'arche le sang des expiations, pour y mettre tes soupirs et tes larmes. Non, «l'Esprit-Saint qui a ramené d'entre les morts le grand Pasteur des brebis, par le sang de l'Alliance éternelle,» ne l'y fera pas redescendre, pour élever, au lieu de lui, dans les cieux, et pour présenter à l'adoration des anges, tes vertus et tes Œuvres! Jésus sera toujours le premier et le dernier; son sang restera dans le vrai sanctuaire, avec l'abolition des péchés de son peuple; le Consolateur le témoignera dans le cœur des fidèles; ces cœurs en seront réjouis et purifiés, et toi, Vermisseau superbe! si tu ne te repens et ne t'amendes, si tu ne l'humilies devant Jésus, et ne crois son message, tu continueras à crier, au milieu d'autres vermisseaux, tout aussi fiers et tout aussi malheureux que toi, Mes vertus! mes Œuvres! mes mérites! et «le Témoin fidèle et véritable» te répondra: Tu ne veux donc pas venir à moi pour avoir la vie!


III. LA JUSTICE DE DIEU PUNIT L'INCRÉDULITÉ,

ET SA GRÂCE EN RACHÈTE L'ÉGLISE.


0 Vous donc! qui, jusqu'à ce jour, avez pu méconnaître le don de la vie que le Père a fait au monde en Jésus; vous qui n'avez voulu croire, ni que l'homme soit mort par le péché, ni qu'il soit, comme pécheur, sous la malédiction de la loi, ni que le pardon des péchés soit un don gratuit de la bonté de Dieu en son saint Fils, ne voyez-vous pas quelle a été votre erreur, et quelle serait votre incrédulité, si vous persévériez dans celle pensée?

N'avez-vous pas compris ces deux choses, qui sont tout le salut, savoir:

Qu'un pécheur reste pécheur si Dieu ne le sauve;

et que si Dieu l'a sauvé, ce n'est pas au pécheur à se sauver encore?

Ne sentez-vous donc pas que, si d'un côté vous dites du péché qu'il est peu de chose; que vous en parliez comme d'un mal qui n'est pas si sérieux que la Bible le dit, ou qu'il sera temps de guérir plus tard; et que, d'un autre côté, vous en cherchiez la guérison ailleurs que dans l'œuvre de Dieu; que dans ces grâces que la Cène du Seigneur vous rappelle; que dans l'incarnation du Fils, que dans ce corps rompu, que dans ce sang versé, que dans ce sacrifice expiatoire, que dans cet Agneau immolé, que dans la résurrection et l'intercession devant le Père de cet éternel et souverain Sacrificateur,... hélas! vous le méconnaissez, vous le méprisez, comme ont fait déjà les Juifs, vous ajoutez aux coups qu'il reçut d'eux, aux insultes dont il fut couvert; et qu'en vous détournant de la croix de ce Roi de justice et de ce Prince de paix, vous repoussez et perdez et la justice de Dieu, qui n'est que par la foi au sang du Rédempteur, et la paix de Dieu, qui est le don que l'Esprit fait au cœur qui a cru la Grâce?

Cela vous regarde donc! ô Enfants des hommes! Dieu ne peut faire plus qu'il n'a fait: il ne peut ni vous donner un meilleur et plus puissant Sauveur, ni vous le révéler plus évidemment. Ce Sauveur c'est son Fils, et son Fils abaissé jusqu'à la mort, et à la mort même de la croix; et ce Rédempteur vous «a été dépeint de telle sorte, que si Jésus eût été crucifié sous vos yeux, vous n'en seriez pas plus certains.»

De plus, Dieu n'a rien oublié, rien omis de tout ce qui pouvait vous intéresser à cette œuvre de son immense amour. Il vous a parlé de votre misère; il vous en a montré la profondeur, l'étendue, le danger, et il vous a conjurés de croire son témoignage, en vous assurant que c'est pour votre sûreté, pour votre bonheur présent, pour votre éternel salut, qu'il vous l'adresse.

Et pour vous tirer de cette ruine, en vous ôtant à vos illusions et à vos prétextes, il vous a dit ce que sont réellement vos Œuvres, ce qu'il en juge lui-même; ce qu'est leur vanité, leur nullité, pour la rédemption d'une âme; et alors, et par-dessus tout, il vous a parlé de grâce: d'un pardon complet, gratuit, sans condition quelconque; il vous a rappelé ses compassions et le caractère affable de son Fils; comme aussi la sainteté de ses lois et l'inviolable majesté de sa justice, «devant laquelle le coupable n'est point tenu pour innocent,» et qui jamais ne se contentera que d'une satisfaction aussi sainte qu'elle-même. Il vous l'a dit; il vous l'a répété; en vous sommant de penser à votre fragilité, à la brièveté, à l'inconstance de votre vie; à l'approche, si voisine, de l'éternité; à la rencontre que vous allez faire du «tribunal de Christ,» et au compte que vous y rendrez de tous les appels de son amour, et des réponses de votre âme; Dieu a fait tout cela: c'est-à-dire, — le nieriez-vous? — TOUT CE QU'IL POUVAIT FAIRE...

Que reste-t-il donc, devant lui? — Ah! il ne reste plus que cette inévitable, cette sainte et juste clause, Que, si vous, Pécheurs! vous ne faites pas ce que Dieu vous commande ici; ce que vous, aussi, vous devez faire: si vous ne voulez pas croire ce témoignage;... néanmoins, malgré votre dureté, votre impénitence et votre vanterie, ce Témoignage, qui «ne peut être anéanti,» sera vrai jusqu'au bout; et que comme il déclare que «l'homme qui ne l'aura pas cru,» et qui, par cette incrédulité volontaire, «aura rejeté le salut qui est dans le Fils, ne verra pas le Fils,» vous ne verrez pas ce salut, ô Rebelles! et «la colère de Dieu demeurera sur vous!»

Telle sera donc la fin du procès: «Dieu sera trouvé véritable en ses jugements, et l'homme menteur en ses finesses;» et ainsi pour vous, dès maintenant, demain, à votre lit de mort, et dans l'éternité, il sera de toute évidence, que si votre condamnation s'effectue, et qu'en quittant cette terre, votre âme rencontre «la mort seconde, les ténèbres du dehors, les pleurs et les grincements de dents de la Géhenne,» ce sera justement que de votre conscience convaincue et sans refuge ni soutien, sortira, et toujours, toujours! ce lamentable aveu: J'ai péri dans mon incrédulité, PARCE QUE JE L'AI VOULU!

Et ainsi, ô Éternel! souverain Juge des vivants et des morts! tu seras glorifié dans la perdition des «vaisseaux de colère,» comme tu le seras aussi dans ta charité!

Ainsi, saint et juste Dieu! toute ta Parole sera ferme, et ton salut sera magnifié!

Ainsi tout mensonge sera confondu, et jamais, ni sur la terre, ni dans le monde futur, aucune âme ne pourra dire, ni que ton Évangile n'ait pas été celui de la Grâce, ni que Jésus n'ait pas été prêché comme Sauveur, ni que ta colère et ton indignation aient injustement atteint le pécheur qui ne t'aura pas cru.

Et ta justice, ô Dieu! sera tellement exhaussée, qu'alors il sera vu, qu'eût-elle agi toute seule en tes décrets, et toute ta race humaine eût-elle dû s'enfoncer dans les ténèbres et y périr loin de loi, alors même, ô Saint des saints! tu aurais été adorable en tes œuvres, puisque toute cette race, depuis le premier des hommes jusqu'au dernier de ses descendons, tous les pécheurs, avertis et sommés par toi, ont renié ton Témoignage et méprisé ta Grâce!

Oui, tous!... Car nous aussi, Chrétiens! qui, maintenant nous réjouissons humblement en cette Grâce, ne l'avons-nous pas aussi méconnue et rejetée? Quel est celui de nous, qui lorsque, pour la première fois, la voix de l'Évangile nous parvint, et que le don gratuit de la vie de Dieu en Jésus nous fut annoncé, ne le dédaigna pas, et ne lui opposa pas aussitôt son orgueil, ses raisonnements, ses vertus et ses œuvres?

Lequel de nous, mes Frères, quand, pour la première fois, la Parole lui signala son état de corruption et de mort naturelle, ne lui répondit pas en son cœur par mille fausses prétentions; et qui, lorsque le, sang de Christ lui a été montré comme le seul moyen donné de Dieu à l'homme pour qu'il soit lavé de ses offenses, n'a pas souri de dédain, et n'a pas aussi parlé de ses vertus et de ses mérites? Qui de nous ne l'a pas fait? Qui?

Personne, ô Église de Dieu! Non, nul d'entre tes enfants n'a marché d'abord par un autre chemin que par celui de l'ignorance et de l'incrédulité. Non, aucun de ceux qui, au jour de l'Éternel, seront mis à la droite du Seigneur Jésus, n'aura sur la terre commencé par préférer cette place! Tous, absolument tous, l'auront d'abord méprisée, ou bien auront répondu, quand le Sauveur leur en parlait, Nous ne voulons pas y aller par ton chemin! nous avons notre route!

Il eût donc été juste, ce grand Dieu devant qui nous sommes et qui nous pèse en sa balance, s'il nous eût dit que nous étions légers, et que pour cela même il nous fermait son ciel. Oui, l'Éternel eût été juste, s'il nous eût aussi laissés à nous-mêmes, et qu'il nous eût pour toujours refusé ce salut que nous n'avions pas voulu!

Mais son Élection de Grâce était par-dessus nos crimes, et dès longtemps le pardon de nos péchés vivait dans les profondeurs mystérieuses de son amour! Il avait «ordonné l'Agneau avant la fondation des siècles;» il avait mis en son sang, avant qu'il créât les hommes, la rançon de l'Église, et au jour de son pouvoir, l'Esprit du Tout-Puissant devait souffler dans nos âmes, y créer le libre arbitre du ciel, vaincre notre incrédulité, nous révéler notre ruine, la plénitude et la gloire de la Grâce, et nous donner de croire que Jésus est le Fils de Dieu, et qu'en lui seul est la vie!

Oh! quelle gratitude ne devons-nous donc pas à notre Dieu! Oh! de quelle adoration, de quel amour nos cœurs ne doivent-ils pas être brûlants! Oh! quel dévouement d'obéissance ne doit pas régner en nos âmes envers ce Père, ce Sauveur, ce Consolateur que nous connaissons, maintenant, parce qu'il nous avait préconnus, et que déjà nous «commençons à aimer, parce que son immense amour nous a prévenus!»

C'est donc à nous, ô Enfants de Dieu! c'est à nous sa famille rachetée par son sang, qu'il appartient de le servir et sur la terre et dans les cieux!

C'est à nous qu'est l'humiliation à la vue de ce gouffre de péché et de colère d'où le bras puissant du Rédempteur nous a tirés; oui, c'est à nous qui ne subsistons que par cette Grâce infinie, à magnifier ce bienfait, en confessant devant les hommes et les anges, que nous étions des méchants, des impies, des maudits; que nous n'avions en nous-mêmes ni justice, ni force, ni lumière, et qu'ainsi, ce n'est pas parce que nous sommes meilleurs que nos compagnons de misère, mais parce que «miséricorde nous a été faite,» que nous ne périrons pas. Et dans cette humiliation de nos cœurs, c'est à nous qu'il est ordonné de nous confier en Dieu notre Sauveur, et de«célébrer avec chants d'allégresse la gloire de sa Grâce, qui a fait surabonder son pardon là où nos péchés avaient abondé, et qui nous a lavés et nettoyés dans la fontaine ouverte par elle pour nos péchés et nos souillures!»

Soyez donc humbles, ô Enfants de Dieu! soyez humbles devant lui, car vous étiez ses ennemis, et il vous a fait grâce. Soyez aussi humbles devant vos semblables, car vous étiez naguère, il y a quelques ans, il y a quelques jours, dans l'incrédulité, tout autant que le monde; et c'est la Grâce, La GRÂCE! qui vous en a tirés.

Soyez donc contrits pour vos péchés, car ils sont nombreux et profonds; mais soyez aussi pleins de confiance, et qu'un repentir filial vous amène chaque jour au pied du trône de votre Père, afin que chaque jour vous sentiez plus efficacement la vertu du sang de l'Agneau sur vos âmes, et que par l'Esprit de vie qui est en Christ, étant toujours plus affranchis de la loi du péché et de la mort, «vous abondiez dans les vertus et les œuvres pour lesquelles vous êtes créés en Jésus

Car c'est ici, «Race élue! Nation sainte! Peuple acheté par prix! Sacrificature royale!» oui, c'est ici le but et la fin de toute cette Grâce de l'Éternel envers vous: «c'est votre sanctification; c'est votre transformation à la ressemblance de Celui qui vous a aimés; c'est que le Saint-Esprit vous renouvelle entièrement, et que la Parole de votre Dieu vous fasse croître en toute sagesse et pureté, à sa gloire.»

Vous savez, Chrétiens! que parce que notre foi ne regarde qu'à Jésus et au don gratuit que Dieu nous a fait en lui de la vie, le monde nous accuse de mépriser les Bonnes-Œuvres, et d'enseigner qu'il n'en faut point faire: eh bien! montrez à ces incrédules, hélas! à ces hommes ignorants! qu'il en est de la métairie de Dieu, comme il en est des leurs: que là, ce ne sont pas les fruits qui plantent l'arbre, mais que l'arbre, quand il est planté et qu'il s'est accru, produit les fruits qui l'ornent et qui l'enrichissent. — Montrez-leur cela, et qu'ils apprennent ainsi de vos exemples que, si c'est «la Grâce seule du Père, qui vous a plantés en Jésus, c'est aussi l'Esprit et la Parole de cette Grâce, qui vous font fructifier en Jésus:» Qu'ainsi «ceux qui voudraient dire du mal de vous, comme de malfaiteurs, aient la bouche fermée et soient confus,» en voyant que, si le Pharisien, ne connaissant qu'à demi son péché, s'efforce péniblement de l'effacer par des œuvres et des œuvres mortes, le Chrétien, humilié qu'il est de ses fautes, mais réjoui qu'il est aussi de son salut, s'égaie dans les Saintes Œuvres que son amour adresse à son Père, par le doux Esprit de son Sauveur.

Vous êtes vivants, vrais Disciples de Christ! que votre foi saisisse donc de plus en plus la vie! Par grâce, vous avez repoussé l'incrédulité, et vous croyez au «don que Dieu vous a fait de l'héritage éternel:» que votre foi, donc, contemple et recherche, avec un zèle, avec une ardeur toujours plus grande, cet inépuisable trésor de vie et de bonheur que Jésus vous a mérité, que le Père vous donne en lui, et que l'Esprit d'adoption vous ouvre et vous présente!

Ici, Frères bien-aimés! point de lâcheté, point de mollesse et point d'indifférence! Ah! l'indifférence est une insulte à Jésus: c'est un mépris de l'Esprit du Père! c'est une incrédulité tout aussi funeste à l'accroissement d'une âme, que l'ignorance du salut l'est à sa vie. Craignez donc cette honteuse langueur dans laquelle un enfant de Dieu dégénère jusqu'à ressembler au mondain, jusqu'à se traîner en gémissant dans des sentiers où son cœur devrait courir avec allégresse.

Soyez donc, ah! soyez ici, pour les biens de la vie, tout au moins ce que vous êtes encore pour de la terre. Si, au sortir de ce temple, on vous annonçait que vous faites aujourd'hui un héritage, et qu'on vous en remît le titre, diriez-vous, C'est assez que je le sache, et laisseriez-vous ce papier à l'écart, après l'avoir à peine ouvert? Ou bien le liriez-vous avec avidité, pour savoir combien d'or, combien de maisons, combien de terres vous appartiennent, et vous glorifieriez-vous du rang ou du pouvoir que vous en auriez devant les hommes?

Et l'héritage des cieux, Chrétiens! Et le don de la vie éternelle qui est en Jésus, a-t-il pour vous moins d'importance, moins de valeur, moins de gloire?

Et ce titre qui en est remis à votre foi; cette Parole de vérité scellée du sceau de Dieu et du sang de l'Agneau, serait-elle par vous à peine ouverte; et après y avoir appris de Dieu, qu'il vous a donné sa vie en Jésus, et que sa Grâce vous a conduits à ce riche Sauveur, diriez-vous: C'est assez que je le sache! — Ou bien plutôt, redoublant de foi et de zèle, direz-vous à ce bien-aimé Seigneur de vos âmes:


Mon Dieu! montre-moi tout ce qu'est ta vie:

car elle m'appartient, et JE VEUX la posséder?


FIN.


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