Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Introduction

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Nos églises ne sont plus soutenues que de Dieu. Jusqu'à ces dernières années elles avaient l'appui officiel de l'État. Désormais, si elles veulent vivre, elles ont besoin de se ressaisir, de faire leur propre examen de rallumer le don qui est en elles et de réveiller le sentiment religieux qu'elles possèdent certainement encore. Les ossements desséchés comme dans la vision d'Ezéchiel peuvent se couvrir de chair et revivre sous l'action de l'Esprit de Dieu. Ils revivent déjà dans plusieurs églises.
Il faut que toutes se mettent ou se remettent à l'école des prophètes, des apôtres et des grands prophètes qui, au cours des siècles, ont annoncé avec hardiesse la parole de vie. Elles doivent surtout se mettre à l'école de Jésus-Christ.

La question du Réveil est particulièrement actuelle, car un grand nombre d'églises sont assoupies. L'esprit du Tout-Puissant a soufflé au siècle dernier et on sait tous les bienfaits moraux et spirituels qui en ont découlé. Il peut souffler encore au vingtième.
Parmi les agents de ce grand Réveil du siècle passé, Dieu avait, en particulier, choisi un homme dont le dévouement et la piété restent en exemple pour nous. Cet homme était Félix Neff, né à Genève le 8 Octobre 1797 et mort dans cette même ville le 12 Avril 1829, après avoir exercé une activité bénie d'évangéliste, pendant sept années, soit dans sa propre patrie, soit dans les départements de l'Isère et des Hautes-Alpes.

Sa biographie étant très connue, nous ne la referons pas, mais nous parlerons de sa conversion dans un chapitre spécial parce qu'elle a été l'origine, la cause directe de son oeuvre de Réveil.
Notre but a été de retracer brièvement l'oeuvre et le caractère de Félix Neff, d'étudier enfin le Réveil dont il a été l'organe.
Notre travail se divisera en quatre parties principales qui seront tout autant de chapitres

1°) Conversion de F. Neff
2°) Le Réveil à Mens.
3°) Le Réveil dans les Hautes-Alpes.
4°) Les moyens de Réveil de F. Neff.

 




CHAPITRE I

CONVERSION DE FÉLIX NEFF

Félix Neff avait reçu du Ciel des dons précieux : une excellente mémoire et une intelligence au-dessus de la moyenne lui rendaient l'étude facile et lui permettaient de s'exprimer d'une manière brève et pleine de justesse. Il disait beaucoup très bien et en peu de mots.

Dans sa jeunesse, ses lectures favorites furent les Pensées de Rousseau et les « Vies des hommes illustres » de Plutarque. Ces auteurs eurent certainement une influence sur lui. Plutarque lui inspira l'amour des grandes actions qu'il conserva toujours. Et Rousseau lui légua l'esprit d'analyse. À force de s'analyser et, guidé par son esprit de justesse, Félix Neff découvrit le fond de ses propres actions et les aperçut dans toute leur nudité. Ayant un coeur droit et un esprit naturellement sérieux, il apprit à reconnaître que ses meilleures oeuvres et toute leur morale n'avaient pour cause et pour but que le « moi ». Aussi se troublait-il, angoissé. Consciemment, il se sentait mauvais et malheureux. Et son angoisse augmentait encore par son incrédulité. Le travail de la conversion se faisait lentement dans son coeur.

Croire et s'humilier devint un besoin pressant : « O Dieu, s'écriait-il, si tu existes, sauve mon âme si j'ai une âme ! Aie pitié de moi ! Viens à mon secours ! Fais-moi connaître ta vérité, daigne te manifester à mon coeur ! »
Mais déjà, il était exaucé : cette soif de vérité et de réalité n'était qu'un appel de Celui qui a dit : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive... - « L'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle. »
Le Christ lui disait comme à Pascal : « Console-toi : tu ne chercherais pas, si tu ne m'avais trouvé ».

Félix Neff était sur le chemin de la vérité. Il se mit à lire la Bible et ne tarda pas à reconnaître que c'était le seul livre qui lui peignit le véritable état de son âme. Cependant il n'y voyait encore Dieu que comme un juge : ne connaissant pas le pardon, il n'avait pas la paix.
C'est à ce moment qu'un pasteur lui remit un livre intitulé : « Le Miel découlant du Rocher ». Cet excellent ouvrage répandit comme un torrent de lumière dans l'esprit de F. Neff.

Voici quelques-uns de ses passages qui lui donnèrent la paix et la joie. Il les relisait et les soulignait son lit de mort :
« Si vous connaissiez Jésus-Christ, vous ne voudriez pas pour tout au monde faire une bonne oeuvre sans Lui (2 Corinthiens III : 5).
« Si jamais vous l'avez connu, vous savez qu'Il est le Rocher du Salut, infiniment élevé au-dessus de toute propre justice (Ps. LXI : 3).

« Voulez-vous aller à Jésus ? Laissez en arrière toute propre justice ; ne lui portez que votre péché votre misère.

« Voulez-vous connaître toute l'horreur du péché ? Ne vous arrêtez pas à l'examiner en vous : approchez-vous de Jésus en croix, contemplez le dans sa forme souffrante et vous frémirez. Laissez-vous conduire par l'Esprit de Dieu toujours plus avant dans l'intelligence de l'Écriture-Sainte. C'est la vraie mine où vous trouverez le plus précieux des trésors : vous y découvrirez le coeur de Christ ».

Il sera intéressant maintenant de savoir ce que pensait Neff lui-même du « Miel découlant du Rocher » :
« C'est un ouvrage peu intéressant pour quiconque veut lire pour se recréer ou orner son esprit. Tout ce qu'il contient est folie pour la sagesse humaine, et cependant nulle part je n'ai vu la doctrine évangélique présentée d'une manière plus franche, plus entière.
« ... Il fut un temps où j'eusse peut-être jeté ce livre avec indignation... méconnaissant la ruse et profonde malice de mon coeur orgueilleux et rebelle ; je n'eusse pu supporter une doctrine qui abaisse l'homme au-dessous du néant et veut qu'il regarde comme de l'ordure ce qu'il trouve de plus estimable en lui. Mais lorsqu'une longue et triste expérience m'eût, appris à connaître ma faiblesse et mon indignité ; lorsqu'après mille voeux inutiles et mille efforts infructueux je sentis enfin qu'en moi n'habite aucun bien (Romains VII : 18) et que, malgré ma résistance, je n'étais au fond qu'un vil esclave du péché, un enfant de colère et de rébellion aussi indigne qu'incapable de goûter les délices du royaume de Dieu, je m'estimai bienheureux de trouver un livre qui, dépeignant avec la plus exacte vérité le misérable état de mon coeur, m'indiquait un remède gratuit et le seul efficace.
« Je reçus avec joie la bonne nouvelle qu'il annonçait, savoir que nous devons aller à Christ avec toutes nos souillures, toute notre incrédulité et notre impénitence. je me hâtai de suivre ce salutaire conseil et, dès la première fois, j'en éprouvai toute l'excellence... » (1).

Félix Neff était donc arrivé à la connaissance du salut. Il avait remporté la victoire dans ce combat où l'homme se sentant pêcheur, condamné, perdu, s'abandonne tout entier à Jésus-Christ qui pardonne et fait vivre, qui délivre l'âme du joug des passions et donne la liberté.

Cela se passait en 1818, à Genève, au début du Réveil dans cette ville. Neff avait alors 21 ans. Il s'unit plus particulièrement à l'église de Bourg-de-Four qui était un fruit du Réveil et entendait maintenir les doctrines du pur Évangile que prêchaient alors les Bost, les Pyt, les Gonthier, les Guers. Au, contact de ces hommes de Dieu, la foi de Félix Neff ne pouvait que se fortifier.

Il résolut de consacrer sa vie à son Sauveur et d'annoncer l'Évangile. Il voulut convertir les âmes à Jésus-Christ. Et comme chez lui l'action suivait de près la pensée, il fit entendre, dès ce moment, la prédication de la croix dans la caserne (il était sergent d'artillerie à Genève), l'hôpital et les prisons.

En 1819, il quitta l'habit militaire, à la grande satisfaction de ses officiers, mécontents de l'influence que ses principes religieux et son caractère particulier lui donnaient sur ses camarades. Et, une fois délivré de ces liens, il s'adonna entièrement à la vocation à laquelle il se sentait appelé.


(1) L. Brunel : « Les Vaudois des Alpes françaises et de Freissinières en particulier, leur passé, leur présent, leur avenir », p. 171, 172.
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