Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EXPLICATION DE LA PARABOLE DES DIX VIERGES


EXPLICATION DE LA PARABOLE DES DIX VIERGES

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Matthieu XXV 1-13


25:1 Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l’époux.

2 Cinq d’entre elles étaient folles, et cinq sages.

3 Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d’huile avec elles;

4 mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l’huile dans des vases.

5 Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent.

6 Au milieu de la nuit, on cria: Voici l’époux, allez à sa rencontre!

7 Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes.

8 Les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.

9 Les sages répondirent: Non; il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous.

10 Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.

11 Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous.

12 Mais il répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas.

13 Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure. (V. Segond)


Christ est l'Époux de son Église: telle est l'image touchante sous laquelle l'Esprit Saint se plaît à nous représenter l'amour du Sauveur pour ses fidèles, et les circonstances de son dernier avènement.

Il est l'Époux de son Église, il l'a aimée le premier; il a pour elle un amour gratuit, constant, inaltérable. Il est venu d'abord dans une chair semblable à celle qui est assujettie au péché, sous la forme d'un serviteur, en des vêtements teints de sang, souffrant, persécuté, mis à peine au rang des hommes (Ésaïe LIII. Héb. II.), la fiancer dans la douleur, au milieu des larmes, sous l'orage de la justice divine; mais il doit revenir au dernier jour, comme le Roi de gloire, célébrer ses fêtes nuptiales, juger, les vivants et les morts, et faire entrer son Épouse dans les palais éternels.

Or, comme l'usage voulait, chez les anciens peuples de l'Orient, dans la célébration des noces, que l'époux, à la lueur des flambeaux, et suivi de ses amis, allât chercher son épouse, dans l'appareil de la joie et du triomphe, tandis que les amies de l'épouse, ordinairement au nombre de dix, portant à la main des flambeaux, et magnifiquement parées, allaient au-devant de l'époux, pour se joindre à son cortège, et pour en accroître la joie et la solennité, notre Seigneur a souvent emprunté cette image et ses différents traits pour peindre son second avènement.


L'Époux, c'est lui-même;

l'Épouse, c'est l'Église, c'est l'assemblée des vrais croyants;

l'arrivée de l'Époux, c'est le retour du Christ, au jour du jugement;

les amis de l’Époux, ce sont les anges de sa puissance;

les vierges, amies de l'Épouse, ce sont les saints et les fidèles, ou plutôt ce sont ici tous ceux qui passent pour être saints et fidèles, tous ceux qui réclament le nom de chrétiens;

leurs lampes, c'est la profession qu'ils font de la religion de Christ;

l'huile et la lumière qu'elle produit, c'est la Grâce du Saint-Esprit dans le cœur; c'est la foi qui opère, qui se manifeste par l'amour, par la charité, par la lumière des bonnes œuvres;

l'heure de minuit représente ce qu'il y aura de soudain et d'inattendu dans l'arrivée de notre Maître;

le palais de l'Époux enfin, c'est le royaume des Cieux, c'est le séjour de la sainteté, de la paix, des consolations et des joies éternelles.


O Souverain? disait le Psalmiste, en parlant du Messie, ton Épouse est à ta droite, parée d’or d’Ophir; elle est intérieurement toute pleine de gloire. Les Vierges qui la suivent et qui sont ses compagnes te seront présentées avec réjouissance et avec allégresse; elles entreront dans le palais du Souverain (Ps. XLV. 1016.).

Tel est l'emblème touchant et solennel sous lequel nous est représenté l'avènement du Seigneur. Voilà les grandes scènes auxquelles, vous qui m'écoutez, mes Frères, et moi qui vous parle, nous devons tous assister un jour. Cela est certain, comme il est certain que l'Évangile est la Parole de Dieu, comme il est certain que l'Église de Christ s'est établie sur la terre, comme il est certain que nous sommes ici rassemblés en son nom. Ces paroles, dit l'Esprit Saint, sont les vraies paroles de Dieu. (2)

- Quel rôle jouerons-nous donc en ce grand jour?

- Que deviendrons-nous en ce moment solennel?

Oh! qu'il est important de résoudre dès ici-bas une telle question!

Combien toute autre recherche paraît frivole et superflue quand on la compare à celle-là?

Combien les beaucoup de choses dont s'occupe (Luc X. 41.) Marthe sur la terre semblent vaines et souvent funestes! Combien il est frappant qu'une seule chose soit nécessaire!

Suivez donc le développement simple et familier d'une parabole où le Seigneur se plaît à se mettre à la portée de tous, et puisse cette méditation porter dans vos cœurs le désir et le besoin de la vigilance, la connaissance de votre véritable condition, la pensée sérieuse de l'avenir, la faim et la soif de la justice! Ainsi soit-il.

Le royaume des cieux au dernier jour sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, s'en étaient allées au-devant de l'Époux.

Le royaume des cieux désigne ici, comme souvent ailleurs, l'ensemble des hommes qui portent le nom de chrétiens; c'est l'Église visible, en tant qu'elle se compose de vrais fidèles et de chrétiens apparents.

Le royaume des deux sera semblable à dix vierges.

À dix vierges. — par cette expression, le Seigneur nous donne à connaître dès l'abord, à quelle classe d'hommes la leçon de cette parabole est surtout adressée. Nous voyons qu'il y veut désigner des personnes dont la vie apparente est régulière, et dont la conduite extérieure est décente et paisible. Par les vierges folles, il ne faut donc pas entendre des personnes qui vivent dans le dérèglement: il ne s'agit pas ici de ces hommes avec lesquels l'Apôtre Paul (1 Corth. XV. 33.) défend aux Chrétiens d'entretenir aucune familiarité des larrons, des impudiques, des profanateurs, des médisants, des hommes outrageux, des intempérants.

Le Seigneur désigne ici des personnes qui, par la décence extérieure de leur conduite, sont mises au rang des vrais chrétiens par les hommes, qui ne peuvent connaître les secrets des consciences, et qui ne peuvent juger que sur de lointaines apparences.

Non seulement leur conduite extérieure est régulière et décente; non seulement ce sont dix vierges; mais encore elles sont allées au-devant de l’Époux; — elles font toute profession d'attendre Jésus, et de mettre en lui quelque espèce de confiance, quoiqu'une partie d'entre elles ne l'aient point connu, et qu'elles ne soient point connues de lui, comme il le leur déclarera bientôt lui-même, parce qu'elles s'appuient sur: leurs propres mérites, et qu'elles n'ont point senti qu'elles avaient besoin d'acheter de l'huile pour leurs lampes.

Ce sont des chrétiens de nom: on les voit dans les temples; ils prennent part à la Sainte Cène; ils font profession d'espérer en Christ, qui les introduira sûrement, pensent-ils, dans les demeures éternelles, dès qu'il aura vu les lampes qu'ils portent devant eux.

Mais il est encore un caractère qui est commun aux dix vierges, ce sont ces lampes mêmes qu'elles portent à la main. Les chrétiens, en effet, doivent briller comme des flambeaux, dans le monde; ils doivent porter devant eux la parole de vie et faire luire leur lumière devant les hommes, afin qu'en voyant leurs bonnes œuvres, on glorifie leur Père qui est dans le Ciel (Math. V. 16.). Car, la Grâce qui donne le salut à tous les hommes, a été manifestée, afin que, renonçant à l'impiété et aux passions mondaines, nous vivions dans le présent siècle, selon la tempérance, la justice et la piété (Tite II. 11.). C'est ainsi que les chrétiens doivent aller au-devant de leur céleste Époux; c'est ainsi qu'ils doivent lui faire honneur et proclamer ses louanges, en attendant qu'arrivés avec lui dans le royaume des Cieux, ils soient complètement transformés à son image, de gloire en gloire, par l’Esprit du Seigneur (2 Corth. III. 18.), pour parler avec l'Écriture.

Les dix vierges, quoiqu'il y ait entre elles une énorme différence....

- les dix vierges ont donc toutes le même nom;

- elles vont toutes au-devant de l'Époux;

- elles portent toutes également des lampes à la main;

- elles font toutes la même profession;

- elles obtiennent tout crédit auprès du monde, qui ne peut juger de la différence qui les sépare;

- elles se distinguent peu les unes des autres aux yeux des hommes qui ne voient pas que la lumière de plusieurs de ces lampes est vacillante et passagère, et qui ne peuvent point connaître les motifs secrets des actions humaines.

Vous voyez donc clairement, ô vous qui m'écoutez, combien cette parabole vous est applicable, et combien elle peut vous être utile, si vous vous en servez pour vous examiner vous-mêmes, comme en la présence du Seigneur.

Or, comme l'Époux tardait à venir, les dix vierges s'assoupirent toutes et s'endormirent, dit notre Seigneur; c'est-à-dire, que toutes également s'étaient livrées à la sécurité la plus profonde, quoique les unes eussent dans leur cœur un fondement solide à leurs espérances, comme nous ne tarderons pas à le voir, tandis que les autres n'avaient, pour les asseoir, qu'une présomption fatale qu'elles appuyaient sur leurs propres mérites, sur leurs lampes, sur leur profession du christianisme, et sur le nom qu'elles portaient. Toutes attendaient l'avenir sans aucune inquiétude; mais tandis que la sécurité des unes était fondée, celle des autres ne reposait que sur les illusions les plus funestes et les plus trompeuses. Or, comme l'Époux tardait à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.

Hélas! que nous trouverons encore cette image, fidèle, si nous voulons reporter ici nos regards sur l'Église!

Combien cet assoupissement et ce sommeil des dix vierges, nous représente, d'une manière frappante, l'indifférence et l'inconcevable sécurité avec laquelle tant de personnes attendent la mort, le jugement, l'éternité, sans avoir reçu dans leur cœur les arrhes de l'héritage éternel, sans avoir éprouvé l'opération de cet Esprit Saint qui témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom. VIII. 16.), pour parler avec l'Apôtre Paul; sans avoir, comme les vierges sages aucun fondement sur lequel elles puissent appuyer leur fatale tranquillité!

En effet, comme le déclare notre Seigneur, il y en avait cinq qui étaient sages, et cinq qui étaient folles.

Le vrai sage aux yeux de Dieu, c'est celui:

1. qui pense aux jours éternels,

2. qui s'occupe des intérêts de son âme,

3. qui s'attache aux choses d'en haut,

4. qui aime et qui craint Dieu.

La vraie folie aux yeux de Dieu,

c'est celle qui néglige la seule chose nécessaire, quelque habile qu'elle puisse être d'ailleurs dans la poursuite des vanités de la terre.

Or la folie des vierges folles consistait en ce qu'en prenant leurs lampes, elles ne prirent point d'huile avec elles; tandis que les sages, avec leurs lampes, prirent de l'huile dans leurs vases.

Ce vase c'est le coeur, du bon trésor duquel l'homme de bien tire de bonnes choses (Matth. XII. 35.).

C'est du cœur que procèdent les œuvres que Dieu doit juger au dernier jour;

c'est aux motifs et aux affections du cœur qu'il regarde;

c'est le cœur qu'il faut changer.

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur (Matth. XXII. 37.). Mon enfant, donne-moi ton cœur. — Et quand je donnerais tout mon bien aux pauvres, quand je livrerais mon corps aux flammes pour ma religion, si je n'ai pas l'amour dans le cœur, je ne suis rien (1. Cor. XIII. 3.).

L’huile qui doit remplir nos vases pour entretenir dans nos lampes une lumière qui puisse subsister en la présence du Seigneur,

- c'est la Grâce de Dieu dans le cœur;

- c'est l'onction de l'Esprit Saint dans le cœur (1. Jean II. 20.);

- c'est la foi dans le cœur; et la lumière que produit cette huile sainte,

- c'est la charité, c'est-à-dire, l’amour soit de Dieu, soit du prochain;

- ce sont les œuvres de l'amour;

- c'est la vraie charité qui procède d'un cœur pur et d'une foi non feinte (1 Tim. 1. 5.).

L'huile, chez les Hébreux, était l'emblème de la Grâce du Seigneur, et de l'onction de son Esprit Saint; on devait oindre d'une huile sainte tous les vases du sanctuaire, tous les rois, tous les sacrificateurs, tous les prophètes; l'on devait avoir constamment dans le tabernacle une provision d'une huile pure pour y entretenir les lampes du chandelier d'or; et le prophète Zacharie, en nous expliquant tous ces emblèmes, nous apprend que Christ est l'olivier d'où procède celte huile spirituelle qui doit remplir le cœur des vrais chrétiens. C'est lui qui nous oint, dit l'Écriture; c'est lui qui nous baptise du Saint-Esprit et de feu (Luc III. 16.).

Nous n'entrons dans ces détails que pour vous faire comprendre ce que notre Seigneur veut signifier ici. Pour nous expliquer sans figure:

cinq des vierges étaient converties et régénérées par le Saint-Esprit,

et les cinq autres ne l'étaient pas.

Les unes avaient le cœur purifié par la foi, et les autres n'étaient point nées de nouveau, selon ce qui est écrit: Nul, s'il n'est né de nouveau d'eau et d'esprit, ne peut entrer dans le Royaume des cieux (Jean III); elles étaient toujours au monde, au péché, à elles-mêmes.

Les unes, formées pour l'éternité, avaient reçu l'Esprit Saint dans leur cœur, pour arrhes de leur héritage (1 Cor. II. 12.), comme le dit Saint Paul aux Corinthiens; et comme il le dit aux Romains, elles avaient reçu cet Esprit qui témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu; tandis que les autres n'avaient point l'Esprit d'adoption, et n'avaient rien qui pût autoriser leur funeste confiance.

Les unes avaient cette vraie foi, par laquelle Dieu purifie le cœur des fidèles (Act. XV. 9.), pour me servir de l'expression de saint Pierre; et les autres, s'appuyant sur leur propre justice, ne connaissaient pas Christ, et n'étaient pas connues de lui, comme il le leur déclarera bientôt après lui-même.

Tel était donc l'état des vierges sages et des vierges folles, lorsque, voyant que l'Époux tardait à venir, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent. Mais, sur le minuit il se fit un cri, disant: voici, l'Époux vient; sortez à sa rencontre.

Ce cri se fit entendre à minuit, c'est-à-dire, au moment où l'on s'y attendait le moins, c'est-à-dire, au moment du sommeil le plus profond, c'est-à-dire, au milieu de la plus complète sécurité.

Quelle image imposante de l'avènement du Seigneur Jésus en la grande journée! Quelle image faite pour nous frapper salutairement, et pour réveiller dès à présent de leur sommeil, tant d'âmes endormies! Et nous aussi, nous l'entendrons tous au dernier jour, cette voix solennelle qui portera l'effroi dans les consciences: Voici, l'époux vient;  sortez au-devant de lui.

Oh! combien sera terrible et majestueux ce moment où le Fils de l'homme viendra avec des flammes de feu, suivi de ses saints anges, précédé de la trompette de Dieu; lorsque le cri d’en haut et la voix de l’archange se feront entendre à toute la terre, lorsque tous les morts sortiront de leurs tombeaux; et que toutes les nations comparaîtront en sa présence! Quel réveil que celui de l'univers en ce moment solennel! Quel réveil que celui qui sera causé par ce cri pénétrant: Morts, réveillez-vous, et comparaissez en jugement!

Ici, mes frères, avant d'aller plus loin, disons-nous bien une chose: c'est que, pour chacun de nous, ce jour est très proche, et que nous en sommes tout au plus à quelques années.

Le jour où la maladie viendra nous apprendre que le temps de notre délogement est arrivé; le jour où elle nous dira, comme au roi de Juda: Prépare ta maison, car tu t'en vas mourir (Ésaïe XXXVIII. 1.) ce jour-là sera pour chacun de nous, le jour où commenceront les scènes de l'éternité; le jour après lequel il n'y aura plus de temps; le jour enfin où nous entendrons, avec la trompette du jugement, ce grand cri dont parle le Seigneur dans sa parabole: Voici, l'Époux vient; sortez au-devant de lui.

Puisque la fin de toutes choses est si proche de chacun de nous, soyons attentifs à la suite de cette parabole.

Quand ce cri se fut fait entendre aux dix vierges, alors elles se levèrent toutes, dit le Seigneur;  elles apprêtèrent leurs lampes, et les sages le firent aussi bien que leurs compagnes; car les hommes les mieux préparés à la mort par une vie toute consacrée au Seigneur ont encore besoin de se disposer à la rencontre de leur Dieu, afin qu'ils soient trouvés vêtus, et non pas nus (2. Cor. V. 3.), pour parler avec Saint Paul. ?

Cependant, les vierges folles se levèrent aussi, nous dit Jésus, et voulurent apprêter leurs lampes; mais à l'approche de l'Époux et de son cortège, elles virent avec terreur que leur lumière s'éteignait.

Ces lampes sans huile ont pu donner quelque temps une lueur passagère et trompeuse aux regards des hommes; mais, quand la mort est là, quand le Seigneur est proche, quand l'éternité s'avance,

- alors les vierges folles reconnaissent leur imprudence et la vanité des appuis qu'elles s'étaient donnés;

- alors on distingue mieux les vrais motifs des actions par lesquelles on avait jusqu'alors recherché l'approbation des hommes;

- alors on reconnaît qu'elles n'ont pas procédé d'un cœur dévoué sans partage au Seigneur, qu'elles n'ont pas été faites avec un désir simple et pur de plaire à Dieu;

- alors on voit s'éteindre dans les sombres vapeurs de la vallée de l'ombre de la mort, cette lampe sur laquelle on avait cru pouvoir fonder une confiance présomptueuse.

Cependant, les vierges folles, saisies d'effroi, s'adressèrent à leurs compagnes, et, dans le trouble de leur âme, elles leur dirent: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent.

C'est ainsi qu'on voit aux approches de la mort ces chrétiens de nom, qui, pendant le reste de leur vie, voulurent servir à la fois Dieu et le monde; (Matth. VI. 24.) c'est ainsi, dis-je, qu'on les voit envier le sort des humbles chrétiens qu'ils méprisaient naguère; c'est ainsi qu'après avoir raillé, comme exagération et comme folie, la sagesse des sages, leur détachement du monde et leur soumission profonde aux préceptes de leur Maître, ils voudraient maintenant changer de sort avec eux; ils s'écrient, comme Balaam: que je meurs de la mort des justes, et que ma fin est semblable à la leur (Nombres XXIII. 10.)! Ils dire avec eux: Toute mon espérance est au Seigneur, et cette espérance ne confond point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné (Rom. V. 2-5).

Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent!

Mais les sages répondirent: de peur que nous n'en ayons pas assez pour nous et pour vous, allez plutôt vers ceux qui en vendent.

Remarquez bien ici la douceur et la sage réserve de cette réponse. Elles ne veulent, elles n'osent, elles ne peuvent satisfaire le vœu de leurs compagnes, mais elles n'ajoutent aucun reproche à leur refus; elles ne se vantent point de leur prévoyance; elles évitent tout ce qui pourrait ajouter quelque douleur à leur détresse; et tout en leur disant que leur demande est vaine;que le juste lui-même ne se sauve qu'avec peine (1 Pierre IV. 18.) et que chacun doit porter son propre fardeau, elles s'empressent de leur donner le seul conseil qui puisse encore les sauver.

- «Tandis qu'il en est temps, allez plutôt vers ceux qui en vendent;

- Ne perdez pas un instant, nous n'avons nous-mêmes rien que nous n'avons reçu.

- Allez promptement au Père de tout don parfait;

- Allez à Christ, de la plénitude de qui nous avons toutes reçu grâce pour grâce;

- Allez à l'Esprit Saint qui distribue ses dons comme il lui plaît;

- Priez avec ardeur; demandez et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez (Matth. VII. 7-11.),

Allez à ce Dieu de bonté, qui vous crie dans sa Parole: Si quelqu'un manque de sagesse, qu'il la demande à celui qui la donne à tous libéralement, et elle lui sera donnée. (Jacques I. 5.) vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux! 0 vous qui n'avez point d'argent, venez, achetez sans argent et sans aucun prix, du vin et du lait. Pourquoi employez-vous l'argent pour ce qui ne rassasie point? Prêtez l'oreille, et venez à moi. Écoutez, et votre âme vivra; et je traiterai avec vous une alliance éternelle (Ésaïe LV. 1-3.). Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, je vous soulagerai, et vous trouverez du Repos pour vos âmes (Math. XI. 28.).»

Mais il n'est pas facile, au moment de sa vie de savoir chercher et se procurer cette huile précieuse, lorsqu'on a longtemps mis toute sa confiance:

- dans sa lampe,

- dans ses propres forces,

- dans sa profession extérieure de christianisme,

- dans ses propres œuvres,

- dans sa propre justice.

Il n'est pas facile de se repentir, de se jeter dans les bras de la miséricorde divine avec un abandon complet, lorsqu'on s'est endormi jusqu'à l'arrivée de l'Époux dans une sécurité fatale, dans une orgueilleuse confiance.

En effet, ajoute notre texte: Pendant que les vierges folles, dans leur détresse, en allaient acheter, l’Époux arriva dans sa pompe majestueuse et terrible, et celles qui étaient prêtes, c'est-à-dire, les vierges sages, couvertes de la robe de noces, revêtues (selon l'expression d'Ésaïe) du manteau de la justice (Ésaïe LIX. 17.), et portant dans leurs cœurs la foi, l'espérance et l'amour; les vierges sages entrèrent avec l'Époux dans la salle des noces, dans le repos éternel, dans la société des saints et des anges, avec les Abraham, les Moïse, les David, les St Jean, les St Paul, et toutes ces belles âmes que l'Esprit Saint a purifiées, et que le Seigneur s'est acquises pour toujours. L'Époux vint, dit notre texte, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée.

O bonheur des vierges sages! O repos éternel! O sûreté parfaite! O transports de joie! La porte fut fermée derrière les vierges sages, elle fut fermée pour toujours! Le paradis céleste ne sera donc plus ouvert comme l'était celui d'Éden, d'où notre premier père a pu sortir!

Quand les fidèles seront entrés au royaume des Cieux, la porte sera fermée; aucun ennemi ne pourra plus les séparer de l'amour du Seigneur; Satan sera lié de chaînes éternelles; toute larme sera essuyée de leurs yeux (Ap. VII. 17.) pour toujours; ils ne pécheront plus; ils ne se sépareront plus; ils vivront dans l'éternel repos des bienheureux! Celui qui vaincra, a dit notre Maître, j'en ferai une colonne dans le temple  de mon Dieu, et il n'en sortira jamais (Ap. III. 12.)

Mais si c'est un jour de triomphe et de bonheur pour les vierges sages, quel épouvantable moment pour les folles!

LA PORTE EST FERMÉE, FERMÉE POUR TOUJOURS! Il y avait un temps pour l'épreuve, et maintenant l'épreuve a cessé: il y avait un temps pour remplir ses lampes, et maintenant il n'y a plus de temps; elles sont laissées dans les ténèbres du dehors, loin de la face du  Seigneur, là où il y a des pleurs et des grincements de dents (Ap. X. 6; Math. VIII. 12.).

Après cela, les autres vierges vinrent aussi, et dirent: SEIGNEUR, SEIGNEUR, OUVRE-NOUS!

Mais leurs instances furent vaines, et le Seigneur ne répondit à leurs cris que par ces mots terribles: EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ, JE VOUS LE DIS, JE NE VOUS CONNAIS PAS.

Sentence accompagnée d'une affirmation solennelle, et qui revient à celle-ci qu'il prononce ailleurs: J'ai juré dans ma colère que jamais ils n'entreront dans mon repos (Héb. IV. 3.).

Ici, mes frères, replions-nous sur nous-mêmes. Hélas! que de personnes parmi nous reconnaissent vaguement qu'il leur manque un principe de vie, que leur cœur n'est point encore changé; qu'elles ont la même tiédeur pour le service de Dieu, la même langueur dans leurs prières, la même passion pour le monde, et cependant renvoient à la fin de leur vie un recours à Christ, une conversion d'où dépend leur sort éternel!

Elles se bercent dans une fatale confiance; elles se rassurent contre la pensée de l'avenir, par la considération de leur sainteté négative, de leur assiduité au culte, de la décence de leur conduite extérieure, et par le vain espoir que, tôt ou tard, elles seront à temps de fournir leurs lampes, et d'acheter cette huile précieuse sans laquelle nul ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

Oh! combien de vierges folles attendent ainsi les derniers jours pour aller vers ceux qui en vendent! Mais nous vous en conjurons, écoutez, écoutez notre Juge qui nous déclare ici que si nous différons encore, nous n'en aurons pas le temps, nous ne le pourrons pas, et qui termine sa parabole, en nous disant: Veillez, veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure à laquelle le fils de l'homme doit venir!

Vos jours s'envolent et ne reviennent plus; vos années s'enfuient, emportées comme par une ravine d'eau (Ps. XC. 5.); vous avancez à grands pas vers le grand jour de Christ, vous tous, qui que vous soyez, à quelque âge que vous soyez dans la vie, bientôt, bientôt, vous entendrez annoncer que l'Époux arrive, qu'il vous rappelle, et qu'il faut aller au-devant de lui.

Ah! n'attendez donc pas ces derniers et vains avertissements que donne l'approche de la mort; n'attendez pas que ce cri se fasse entendre: voici l'Époux; n'attendez pas, comme les vierges folles, votre dernière maladie.

Si vous appelez alors un ministre de Christ auprès de votre lit de mort,

- il vous dira bien sans doute, comme les vierges sages: Allez vers ceux qui en vendent;

- il vous dira bien que si la conversion est sincère et chrétienne, quoique tardive, elle est encore efficace;

- il vous dira bien que, jusqu'à la dernière heure de cette vie de patience et d'épreuve, vous pouvez recourir au Seigneur Jésus, qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Matth. XVIII. 11.)

- il vous dira bien avec l'Apôtre, que Christ est puissant pour sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui (Hébr. VII. 25.).

Mais ce que personne ne pourra vous dire, c'est que si vous différez encore, vous en aurez le temps; mais ce que personne ne pourra vous dire, c'est que vous ne trouverez pas la porte fermée, avant que vous ayez acquis ce qui vous manque.

Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il faut des occasions favorables, c'est qu'il faut des appels de l'Esprit Saint, pour faire cette emplette.

Ce qu'il y a de certain, c'est que si le Seigneur, le Tout-Puissant, pour nous faire mieux connaître que c'est lui qui change les cœurs, et que sa Grâce est souveraine, a voulu quelquefois opérer, sur un lit de mort, ou dans le cachot d'un criminel, des conversions véritables, et amener à la foi d'une manière soudaine l'âme de quelques pécheurs, CES EXEMPLES SONT TRÈS RARES.

Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au contraire le temps de l'approche de la mort et d'une dernière maladie, bien loin d'être le plus favorable pour leur conversion, comme se l'imaginent les vierges folles, est précisément celui qui est le plus contraire.

Ce qu'il y a de certain, hélas! c'est que sur un millier d'entre celles qui renvoient à ce dernier moment, À PEINE EN EST-IL UNE SEULE qui puisse mettre à profit un temps si précieux.

Pendant que cette pauvre âme, réveillée pour un moment de son assoupissement, s'adresse à son Juge sur son lit de mort;

Pendant qu'elle s'efforce de recueillir ses pensées pour recourir à notre grand Dieu et Sauveur J.C;

Pendant qu'elle s'efforce d'oublier ses maux pour élever au Ciel ses regards et ses affections;

Pendant que, dans ce trouble qui la possède, elle ne sait par où commencer, et que mille pensées confuses viennent distraire sa dévotion...

... la mort arrive; l'Époux arrive; le jugement arrive,

ET CE PAUVRE PÉCHEUR EST PERDU, ET LA PORTE EST FERMÉE POUR TOUJOURS.

Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure à laquelle le Fils de l’homme doit venir


***

Oh! que chacun de nous, après cette instruction, se demande donc à lui-même:

- Ai-je pris de l'huile dans mon vase?

- Est-ce que j'aime réellement Dieu?

- Est-ce que j’ai de la joie dans son service?

- Suis-je converti?

- Mon cœur est-il changé?

- Puis-je dire que je marche selon l'Esprit, et que si je mourais cette semaine, je mourrais au Seigneur, et que je ne trouverais pas la porte formée?

Il est temps encore; vous pouvez aller encore vers ceux qui en vendent; la porte étroite vous est ouverte encore; la Parole de la réconciliation vous est annoncée encore; Jésus vous tend encore les bras, et vous crie encore: ne voulez-vous pas venir à moi pour avoir la vie (Jean V. 40.)?

Ah! Cherchez donc l’Éternel, pendant qu'il se trouve;  invoquez-le, tandis qu'il est près. (Ésaïe LV. 6.),

Dieu veuille donner efficace à sa Parole, et répandre sur vous l'Esprit de grâce et de supplication, afin que vous regardiez vers lui, et que vous êtes sauvés!

Amen.


***

CANTIQUE

Fidèles! éveillez-vous,

Soyons en prière;

Recueillons,

ranimons-nous

Dans notre carrière:

Du malin,

Qui sans fin.

Nos âmes assiège

Évitons le piège.


D'un pernicieux sommeil

Détestons le charme,

Craignons d'un fatal réveil

L'horreur et l'alarme;

Qui s'endort,

De la mort,

Au fond de l'abîme,

Devient la victime.


Veillons, ne comptons jamais

Sur nos propres forces;

De la chair, de ses attraits,

Fuyons les amorces.

Notre coeur

Est menteur,

Il cause lui-même

Son malheur extrême.



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