Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE DANGER DES MAUVAIS LIVRES

ou

SERMON SUR

L’APOCALYPSE. X, 10

* * *

1806.



Note de la bibliothèque «Regard»:

Nous pourrions ajouter à ce titre: «Le danger des mauvais films, des mauvaises vidéos, des mauvaises musiques...»

Prenons le temps de réfléchir et essayons de comprendre que notre «évolution» nous a conduits à la «décadence» à tel point que de plus en plus de personnes ne savent plus faire la différence entre le bien et le mal tandis que d'autres arrivent à en intervertir le sens, appelant «mal» ce qui est «bien» et inversement.


Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal,

Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres,

Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume!

(Ésaïe 5: 20)


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AVERTISSEMENT.


Le Comité des Souscripteurs pour l'instruction des Catéchumènes ne se borne pas à procurer à la jeunesse tous les secours nécessaires pour son instruction; il donne aussi une grande attention à ce qui concerne les mœurs.

Il s'est occupé avec sollicitude des moyens de la préserver du danger de ces ouvrages licencieux qui ne respectent rien, et infectent les âmes du poison de l'impiété et du vice; et pour mieux assurer le succès de ses efforts, il avait désiré de renouveler et perpétuer l’impression qu’avait fait un sermon sur le danger des mauvais livres, prononcé, il y a peu de temps dans nos chaires; en le mettant entre les mains des jeunes gens, et des pères et mères de famille, afin d’exciter la vigilance de ceux-ci, et de servir aux premiers de préservatif.

Ce sont ces puissants motifs qui ont engagé l'auteur de ce sermon à céder aux instances du Comité, qui l'empresse de le publier. On a regretté de ne pouvoir réunir ceux que le même prédicateur a prononcés sur la lecture de l'Écriture Sainte, si propre à élever l'esprit et l'imagination par les grandes beautés qu'elle renferme, à fortifier la foi, à donner à l'âme sa vraie nourriture, et ouvrir à l’homme une source abondante de consolation, de courage et d’espérances dans toutes les circonstances de la vie.

Le Comité ne doute pas que les amis de la jeunesse et toutes les personnes qui ont à cœur la conservation des mœurs, ne secondent de toute leur influence, des vues qui intéressent aussi essentiellement le bonheur des familles et l'honneur de cette Église.


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Je pris le livre. . . . et je le dévorai; il était doux dans ma bouche comme du miel, mais. ... il me causa de l'amertume dans les entrailles. (Apoc. X., 10)

Mes Frères, l'Apocalypse d'où sont tirées les paroles de mon texte, est remarquable par un caractère de grandeur et d’énergie qui saisit le cœur, jette dans l'imagination une terreur religieuse, et fait sentir l’inspiration divine.

Elle renferme des prédictions relatives aux destinées de l’Église que l’événement seul expliquera pleinement, dont le sens peut-être ne sera dévoilé que dans une autre économie.

On y trouve aussi de graves et solennelles exhortations adressées aux premiers fidèles, applicables aux Chrétiens de tous les temps: et comme c’est un attribut des Écrits divins d’offrir le plus souvent un sens moral, indépendamment du sens propre, cet ouvrage dans ses parties mêmes les plus obscures, nous fournit de grandes et nobles sujets de méditation.

Ainsi, par exemple, ce livre dont parle l’Apôtre, ce livre doux au palais, mais qui déchire les entrailles, n’est-il pas un emblème frappant de ces lectures séductrices qui empoisonnent tant d’âmes?

Cette idée, Chrétiens, ne s’est-elle pas offerte à votre esprit?

Pour moi j’en ai été vivement ému: j’ai formé le projet de réveiller votre sollicitude: je voudrais vous inspirer une sage, une profonde défiance de cette arme fatale que le prince des ténèbres emploie avec tant de succès, de nos jours, pour étendre son empire.

Puissent nos réflexions accompagnées du secours de l’Esprit Divin, produire en vous ces heureux effets!

Pour vous donner quelque idée des maux que peuvent causer des lectures mal choisies, nous examinerons d’abord l’impression qu’elles laissent dans les esprits et les cœurs; nous envisagerons ensuite diverses circonstances qui en augmentent le danger, et nous vous présenterons quelques traits du tableau de leurs ravages. Tel est le plan de ce discours.


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Première Partie.

C’est par la communication des idées et des sentiments que les hommes exercent le plus d’influence les uns sur les autres; mais à plusieurs égards la parole écrite, si je puis m’exprimer ainsi, a de grands avantages sur les conversations ordinaires.

St. Paul disait des entretiens profanes: ils rongent comme la gangrène.

De mauvais livres font une impression plus profonde encore, et laissent des traces plus durables.

C’est là que le poison de l’immoralité, de l’erreur, se trouve préparé avec plus d’art, présenté sous un jour plus spécieux avec la mesure, les nuances, le coloris qui peuvent en assurer l’efficace.

Seuls, avec l’auteur, nous lui prêtons sans défiance une oreille attentive; de gradation en gradation, nous nous sentons entraînés où il veut nous conduire; notre âme se meût à son gré, et comme une glace fidèle, réfléchit les sentiments qu’il exprime.

Mais pour mieux comprendre quelles sont les conséquences d’une telle séduction, parcourons les divers genres de livres le plus à redouter.

Commençons par jeter un regard sur l’espèce la moins dangereuse, sur ces ouvrages d’imagination où la décence est du moins respectée, qui souvent même prétendent à la gloire de faire aimer la vertu, mais (à un très petit nombre d’exceptions près) en offrent un modèle faux et trompeur, n’ont d’autre but que, de plaire et d’émouvoir.

Ils sont doux au palais.... En nous transportant dans un monde idéal où figurent des personnages distingués et brillants:

ils flattent ce goût que nous avons pour le merveilleux;

ils flattent cette paresse, naturelle qui nous fait aimer un spectacle dont nous sommes amusés sans effort;

ils flattent notre cœur qui jouit de ses propres émotions, sans qu’il lui en coûte de sacrifice;

ils flattent notre amour propre qui nous égale à ces héros imaginaires ou nous en rapproche, et nous, fait espérer en secret un sort semblable au leur.

Et quel est le fruit de ces impressions?

J’avouerai qu’il est des personnes qui, par leur âge, leur position, la trempe de leur esprit, peuvent s’occuper de ces lectures avec moins d’inconvénients. Mais en général, et dès qu’on s’y livre avec passion, quel en est le fruit?...

1. Le goût se corrompt,

2. le jugement se fausse,

3. la sensibilité prend une direction fatale;

4. les liens du devoir se relâchent, la moralité s’altère.

Leur premier effet c’est d’ôter le goût de ce qui est solide et vrai; la vérité paraît froide et insipide auprès de l’éclat de la fiction, elle perd bientôt son attrait pour un esprit qui s’accoutume à cette dangereuse pâture. Avide d’émotions, de scènes extraordinaires et touchantes, il ne goûte plus les leçons de l’histoire, les conseils de la morale, les douces exhortations de la piété.

Ce n’est pas tout; à force de s’occuper d’illusions et de chimériques désirs, il croit les voir se réaliser, en se transportant dans un autre univers, il devient étranger à celui où il vit.

Ainsi commence à s’altérer cette faculté de se faire une juste idée des objets qui nous entourent, et de leurs rapports avec nous; cette faculté précieuse, plus nécessaire peut-être que la vertu même à notre bonheur temporel, du moins à notre sort extérieur.

On vit, on agit en aveugle, au hasard d’être trompé; il même bien vraisemblable qu’on le sera.

Un esprit de cette trempe a un secret penchant pour le faux, les formes simples de la droiture et de la franchise, lui plaisent moins que le langage emphatique et apprêté de l’imposture.

Un séducteur lui paraîtra un homme honnête et sensible, il croira voir un ami délicat, généreux dans un trompeur qui veut le surprendre. ... Eh! qui osera calculer les conséquences de telles méprises, surtout à l’entrée de la vie?

Ajoutons que le cœur prend une fausse route à mesure que le jugement se dégrade; aux sentiments naturels et vrais il substitue des raffinements dangereux: de fausses délicatesses remplacent des devoirs positifs; la compassion s’exerce et s’épuise sur de feintes infortunes; et satisfait d’avoir payé ce tribut, on s’endurcit quelquefois pour les vrais malheureux qui s’offrent à nous sous des traits moins aimables.

On s’accoutume à ne plaindre l’humanité souffrante que sous ces formes intéressantes qui ne sont point dans la nature; les douces affections d’enfant, d’époux, de fils et de frère, dont la vie commune de tous les hommes se compose, ne suffisent plus à une âme gâtée par ces lectures romanesques.

Elle a besoin d’être occupée plus vivement; elle se retire peu à peu de ce qu’elle devait aimer, pour s’ouvrir à des sentiments exaltés et funestes. Cette sensibilité qui, comme une source précieuse divisée en plusieurs ruisseaux, devait fertiliser le champ de la vertu, devient quelquefois un torrent qui rompt toutes les digues.

Bientôt on se dégoûte de la vie active, qui interrompt par des soins fastidieux cette espèce d'enchantement auquel on aime à se livrer.

On se dégoûte trop souvent de ceux qui nous entourent, et auxquels on est uni par les liens les plus étroits.

On les compare avec désavantage à des personnages imaginaires: en considérant le tableau d’une félicité chimérique, on devient plus exigeant, plus susceptible.

Par degrés enfin, l’âme perd sa délicatesse, on prend l'habitude de ces rêveries dangereuses qui portent toujours quelque atteinte à sa pureté, et sont plus à craindre pour elle que les transports passagers de la passion, parce qu’elles pénètrent sa substance, l'énervent, l’amollissent et préparent sa chute.

Le sens moral, ce tact précieux du bien et du mal, n’a plus la même intégrité.

On en vient à excuser sous le nom de faiblesses, les égarements de ces personnages pour lesquels le cœur s'émeut, et qu’il choisit souvent pour son modèle.

Le talent, le triomphe de l’auteur est d’adoucir tout par les détails, d’attendrir sur ce qui révoltait, quelquefois même d'embellir les monstres; ou bien, par un art plus funeste, prêtant à ses héros une force qui lui coûte peu, et les peignant invulnérables dans les périls, il accoutume à séparer l’idée des bienséances de celles de la vertu, renverse cette barrière protectrice, détruit la crainte des occasions, enseigne à mépriser cette maxime profonde de la sagesse: celui qui aime le danger, périra dans le danger.

Je ne prétends point M. F., et je l’ai déjà dit, que tous ceux qui lisent ces ouvrages, passent par tous ces degrés, mais je crois pouvoir assurer qu’il est bien peu de personnes qui ne reçoivent au moins quelques-unes de ces impressions fâcheuses.

Combien de jeunes gens séduits par l'attrait de ces lectures, ont perdu l’âge précieux de s’instruire, et n’ont porté dans la société que leur ignorance, un goût, un jugement faux, une malheureuse disposition à être dupes!

Combien d’épouses, de mères, en voulant tromper par ces ouvrages le sentiment de leurs peines secrètes, ont envenimé ce sentiment, sont devenues plus sensibles à des torts qu'elles devaient supporter, moins indulgentes pour des défauts qu’elles doivent dissimuler, et négligeant peut-être le soin de leur maison, de leurs enfants, ont fermé pour elles une source de consolations plus réelles et plus touchantes!

Combien de jeunes personnes en cherchant à se distraire, à se dédommager des privations, que leur impose une fortune étroite, une situation obscure, ont rendu ces privations plus cruelles, se sont retrouvées après avoir considéré ces brillants tableaux, plus mécontentes de leur état, moins propres à en remplir les devoirs!

Elles ont perdu cette paix, cette tranquillité de l’âme, fruit de l’harmonie de nos désirs avec notre sort!

Elles ont cherché à sortir de leur sphère, à fixer les regards par de frivoles agréments.

Elles ont négligé cette parure intérieure des vertus qui rend la femme semblable à l’Ange, et fait sa gloire dans toutes les conditions.

Que serait-ce, M. F., après vous avoir fait redouter ce qu’il y a de plus innocent dans ce genre d’ouvrages!

Que serait-ce, si je pouvais vous montrer dans toute leur étendue les déplorables effets de ceux qui bravent toute pudeur! De CES OUVRAGES LICENCIEUX QUI NE RESPECTENT RIEN , détruisent l’innocence, cette sauvegarde naturelle du premier âge; allument une curiosité fatale, présentent à l’imagination ardente et aux vagues rêveries du jeune homme; un point fixe et dangereux, dont les peintures exagérées et trompeuses prêtent à la volupté un attrait mensonger; donnent à l’imagination et aux sens une énergie, une activité qu’ils n’avaient point reçue de la nature!

Il semble d’abord que cet écueil ne soit pas à craindre pour des enfants bien nés et qui ne sont pas livrés à eux-mêmes: mais en est-il beaucoup qui en soient à l’abri, DANS UN TEMPS OÙ DE FAUSSES IDÉES ONT AVANCÉ POUR EUX L’ÂGE DE L’INDÉPENDANCE, où une molle indulgence sert trop souvent de voile à une négligence coupable, où la vigilance, et l’autorité paternelle sont si fort relâchées?

Le hasard, l’occasion, pour la première fois, font jeter les yeux sur un livre de ce genre; on le ferme, on le rouvre après l’avoir fermé... par degrés on se familiarise avec ce qui révoltait;

on devient avide de ces honteuses émotions; l’âme est souillée; le cœur est corrompu; on est perdu même avant l’occasion de se perdre... car on n'attend plus qu’elle....

Et compteriez-vous le nombre des jeunes gens des deux sexes qui suivent cette route, parmi ceux mêmes dont le cœur était naturellement bien placé; que la Providence avait doués, peut-être, des qualités les plus heureuses?

Les uns, dès qu’ils seront maîtres d’eux-mêmes, se livreront aux plus affreux excès et dévoreront leur vie en peu d’années: les autres offriront une proie facile aux séducteurs....

Et je n’ai point parlé de CES LIVRES IMPIES, DONT LES DANGERS SONT PLUS GRANDS ENCORE, s’il est possible; ils en auraient peu, je le sais, si tous ceux qui les lisent étaient capables de les apprécier.

Oui, si la droiture du cœur, la solidité du jugement, la maturité, la sûreté du goût, une connaissance approfondie de nos Écritures, étaient le partage du grand nombre; loin de craindre qu’on lût ces ouvrages, nous oserions le conseiller.

Les inconséquences, les contradictions, les faussetés, les maximes pernicieuses qu’ils renferment, sont ce qu’il y a de plus propre à repousser un esprit bien fait, à dévoiler la vanité, l’impuissance, la honte de leurs auteurs, et l’on ne peut rien lire de plus fort, de plus persuasif contre eux que leurs propres écrits.

Mais un tel remède convient à peu de personnes: il est peu fait surtout pour la jeunesse, dont l’imagination mobile reçoit une trop vive impression du ridicule, à qui en impose, naturellement un ton décisif et emphatique; et qu’il est peu d’hommes à cet égard qui ne soient pas enfants!

D’ailleurs, l’effet de ces ouvrages n’est pas seulement d’embarrasser la raison par des sophismes et d’obscurcir l’instinct moral; ils séduisent encore le cœur.

Hélas! il est trop vrai, en arrachant du cœur de l’homme le principe de toutes les vertus, de toutes les consolations, ils le séduisent pourtant aussi par un funeste attrait.

Leurs auteurs s'annoncent comme des libérateurs.

Ils viennent rompre nos fers; rendre à la raison, à la nature leurs droits méconnus;

ils nous disent: Vous êtes des Dieux.

Ils flattent l’orgueil de cette raison qu’ils exaltent,

ils flattent ce goût secret que nous avons surtout dans la jeunesse pour les idées nouvelles et hardies:

ils flattent les passions qu’ils savent parer de belles couleurs, transformer en penchants légitimes et naturels:

ils flattent le cœur, dans lequel ils insinuent l’espoir de l’impunité; qu’ils affranchissent du frein gênant du devoir.

Ils sont doux au palais, mais ce sont eux, ce sont eux surtout qui dessèchent, qui brûlent les entrailles!...

Ô Dieu! sans la protection, sans l’amour duquel nous ne pouvons vivre! Toi, qui ne peux retirer ton souffle, sans que tes créatures défaillent! (Ps., CIV, 29.) Seigneur, à qui nous appartenons comme à notre Créateur, au Maître de nos destinées et qui daignas nous unir à Toi par Jésus des liens plus intimes et plus tendres!

Ils brisent ces liens puissants et doux: ils nous séparent de Toi: ils séparent l’homme de son Dieu, de son Sauveur. Ils lui cachent cet avenir dont la perspective radieuse animait son courage: ils voilent cette Providence maternelle, qui veille sur son sort et le porte dans ses bras.

Lors même, que retenus par un respect involontaire, ils n’osent détrôner ce grand Être qui régit l’Univers, lors même qu’ils daignent le reconnaître encore; QUEL EST DONC CE DIEU QU’ILS; NOUS LAISSENT?

Un vain simulacre, indifférent pour l’ordre, indifférent pour ses créatures, qui ne se rend point témoignage, qui ne nous donne ni protection, ni lois, ni espoir. Tel que ces idoles muettes dont parle le Prophète: Il a des yeux sans voir, et des oreilles sans entendre (Ps., CXV, 6.). ; il ne délivre point le faible et le malheureux: il ne sauve point l’homme de la mort: il ne saurait punir ni récompenser.

Ce Dieu n’est plus que conjecture, L’HOMME PEUT SE LE FIGURER À SON GRÉ, LE FORMER À SON IMAGE, SOUS LES TRAITS LES PLUS COMMODES À SES PASSIONS.

Il ne tient plus à lui par aucun sentiment, aucun rapport, aucun devoir; par degrés il le perd de vue, il en vient à le rejeter.

Dès lors, que devient l’homme, et que devient la vie?

Les vertus semblables à des rayons séparés de leur centre, n’offrent plus que débris;

les idées morales perdent leur fondement, leur sanction;

les sentiments heureux perdent ce caractère céleste et touchant que leur donnait la pensée du Dieu qui les imprima dans notre âme;

les délations les plus douces ne sont plus qu’un rapprochement de hasard, d’instinct, d'intérêt;

l’amitié n’est plus qu’une affaire de convenance ou de calcul;

la compassion, un mouvement machinal, une faiblesse;

la pudeur, une fausse honte;

l’amour de la Patrie, une chimère;

le respect filial, la conscience elle-même, une habitude d’enfance, un préjugé.

Tout est désenchanté pour l’homme, car c’était la pensée de Dieu, c’était la pensée de Dieu et de l’immortalité, secrètement associée à ses affections, qui faisait leur charme et leur puissance.

Infortuné! qui avez abandonné la Foi, en vous séparant de votre Dieu, vous vous êtes séparé de toutes les créatures; vous êtes seul sur la terre.

Pour vous, la nature est morte, elle est sans âme et sans langage: le monde n’est plus qu’un désert où sous des apparences flatteuses votre âme flétrie sent partout l’affreux néant qui la repousse:

IL NE RESTE PLUS DANS L’UNIVERS QUE LE MOI, AUQUEL IL EST JUSTE ET NATUREL DE TOUT IMMOLER POUR LE FAIRE JOUIR, LE DISTRAIRE, L’AMUSER du moins en attendant que le néant l’engloutisse.

Voilà le fruit de l’incrédulité!

Voilà où conduisent les leçons de ces hommes qui, pour acquérir une célébrité malheureuse, ne craignent pas de nous ravir tout ce qui fait le prix de la vie.


* * *

Seconde Partie.


Ce qui aggrave un danger qui semble ne pouvoir être aggravé, c’est le nombre infini des occasions;

La multitude de ceux qui y sont exposés;

L’extrême facilité d’y succomber.

1°. Je dis le nombre infini des occasions.

Autrefois, les auteurs moins nombreux étaient soumis à une règle plus sévère; il en était peu d’assez téméraires pour attaquer la Religion de leur pays. Celui qui osait se le permettre, était noté; son nom tout seul avertissait du danger de parcourir ses ouvrages.

Aujourd’hui, non seulement nous sommes inondés d’un débordement d’écrits; mais dans ces écrits de tout genre on est exposé à rencontrer des principes dangereux.

C’est dans un livre d'arts, de sciences; c’est dans une histoire, dans un poème, dans un voyage, dans un roman, que l’impiété dépose son venin, qu’on en respire la contagion sans s’y attendre, sans en être prévenu, sans y être préparé.

Presque tous les ouvrages du XVIIIe siècle portent sa livrée, sont marqués de son sceau (que dire de notre 21e siècle!).

C’est un hommage que la lâcheté s’empressait de payer à l’incrédulité triomphante.

Là, se trouvent des maximes destructives de tout ordre, réunies à des peintures lascives.

Doublement ministre du Prince du mal, ces docteurs orgueilleux, qui se paraient du beau nom de philosophes, se disaient les précepteurs des peuples, et regardaient les Monarques comme leurs disciples, n’ont, pas rougi (par un mélange aussi affreux que ridicule) de placer à côté de leurs maximes pompeuses et de leurs déclamations ampoulées (plein d'emphase et d'exagération), les tableaux les plus licencieux. C’est ainsi qu’ils jettent dans le cœur de l’homme deux semences, de mort à la fois!

Qui ne frémirait à l’idée de ces périls?

Je ne puis les dépeindre sans en être profondément ému, et ce trouble s’augmente en considérant le grand nombre de ceux qui y sont exposés.

2°. Le goût de la lecture, est le goût général, le besoin de notre siècle.

Cette classe même de la société qui, dans son heureuse ignorance, ne connaissait jadis, que nos Livres Saints; séduite aujourd’hui par l’envie de raisonner, de briller; se livre à cet attrait d’autant plus dangereux pour elle, qu’elle est moins capable de choix et de discernement. Il se fait sentir dans toutes les situations, à tous les caractères.

Il n’en est point qui n’ait quelque penchant; pour tel ou tel genre de lecture et ne trouve dans sa position, si vous en excepté l’extrême indigence qui commande un travail forcé, quelque circonstance qui l’invite à s’y livrer.

Les esprits paresseux, aiment les ouvrages d’imagination;

les esprits actifs, curieux, raisonneurs, les ouvrages hardis et systématiques;

les caractères ardents et passionnés, ceux qui remuent le cœur et les sens.

Ce délassement s’accorde avec les loisirs de la prospérité; il semble propre à faire couler plus doucement les jours de l’infortune.

Vit-on dans la retraite? C’est une distraction nécessaire.

Est-on dissipé? Les plaisirs ont des intervalles; on est devenu plus susceptible de ce vide, de cet ennui qu’il faut tromper.

3°. Et que de facilité pour satisfaire ce goût dangereux!

Non seulement le poison se trouve dans presque tous les livres, mais ces livres se trouvent partout. La multiplication des bibliothèques, l’invention des cabinets de lecture tend le piège sur toutes les routes: on ne peut faire un pas sans le rencontrer.

Un jeune homme peut être séduit par des sociétés corrompues, des liaisons imprudentes, je le sais: mais ce n’est point l’affaire d’un jour ou d’un moment. Il est retenu par la surveillance de ses parents qui ne pourraient l’ignorer, par la censure et l’œil du public, par cette timidité qui fait reculer, hésiter du moins, quand il s’agit d’une démarche ostensible et décisive!

Mais ici, pour une modique rétribution, il achète le dangereux plaisir de se transporter dans un monde idéal, d’éprouver des émotions fatales, de recevoir des principes également commodes et funestes.

Pour une modique rétribution, sous le voile du mystère, sans autre témoin qu’un Dieu, qui est loin de ses pensées, il emporte le livre fatal, il va dans la solitude s’abreuver à la coupe mortelle; ainsi périt dans sa fleur l’espérance de la Patrie! AINSI S’EMPOISONNE UNE GÉNÉRATION NAISSANTE !...

Chrétiens! je le sens, tout ce que je puis vous dire sur un pareil malheur est trop faible, trop au-dessous de la vérité: mais:

si je pouvais, au lieu de froids raisonnements, si je pouvais vous présenter le tableau des faits qui attestent le danger des mauvais livres;

si tirant le rideau qui vous cache les plaies de la société|, je pouvais vous dévoiler l’histoire secrète des familles;

si je vous montrais ici, un père, un époux, détaché peu à peu de ce qui l’entoure, des objets qui devaient lui être les plus chers; les sacrifiant à ses propres jouissances, et pensant ne plus leur devoir des soins qui lui coûteraient son repos ou ses plaisirs;

si je vous montrais là, un jeune homme encouragé à secouer le joug de l’autorité paternelle, à suivre la voix des passions, sans craindre d’affliger des parents auxquels on lui a prouvé qu’il ne devait point de reconnaissance, puisqu’ils furent inspirés dans ce qu’ils ont fait pour lui par l’intérêt et l’amour propre;

si je vous montrais ailleurs une épouse, une mère, apprenant à regarder comme de vains scrupules, la fidélité aux devoirs les plus saints;

partout, enfin où furent semés ces principes désastreux, le désordre, le trouble, les divisions domestiques, des cœurs livrés au désespoir et peut-être, ce triste suicide, le crime de notre siècle... vous reculeriez, saisis de douleur et d’effroi!

Mais s’il ne nous est pas permis de suivre ce feu dévastateur dans ses routes souterraines, n’avons-nous pas vu son explosion?

N’avons -nous pas été ébranlés par les secousses de ce volcan qui portait au loin la mort et la terreur?

L’Europe entière, n’a-t-elle pas cru toucher au moment de sa ruine? Déplorable effet de la corruption des principes, poussée au dernier terme par des écrits incendiaires.

Vainement l'incrédulité voudrait aujourd’hui se laver de cette honte. Telle fut la suite naturelle de ses opinions destructives et leur conséquence rigoureuse. Plusieurs de ses Apôtres ont osé s’en applaudir d’avance.

La lumière, disait le plus célèbre d'entre eux (Voltaire dans ses lettres) leur délire, ils appelaient les ténèbres, lumière; et la lumière, ténèbres. (Ésaïe V, 20.) La lumière se répand de proche en proche: on éclatera à la première occasion: les jeunes gens verront de belles choses!

Ô Dieu! quand je porte ma pensée sur ces terribles événements dont nous fûmes les témoins et que préparèrent des écrits corrupteurs, il me semble y voir l’explication des paroles de mon texte: je crois en lire la prédiction dans ces mots de l’Apocalypse: Ce livre était doux au palais, mais il me causa une vive douleur dans les entrailles.


* * *


ÉPILOGUE.

Chrétiens! ce n’est pas une émotion passagère, un effroi stérile, que j’ai prétendu exciter dans votre âme; je voudrais, je voudrais que profondément pénétrés de ces dangers, tous les membres de l’Église, toutes les classes de la société se réunissent pour nous en préserver, pour en préserver notre Jeunesse.

Je m’adresserai d’abord à ceux qui fournissent des livres au public. Ils doivent sentir quelle extrême circonspection, quel scrupule leur impose une profession si délicate.

IL EST DES OUVRAGES QU’ON NE DOIT POINT TROUVER CHEZ EUX. Il en est d’autres qui ne doivent être remis qu’à des personnes d’un âge mûr.

Remèdes pour l'âme: Voilà le beau titre qu’un Roi d’Égypte avait placé sur le frontispice de sa bibliothèque. Il conviendrait sans doute à des livres bien choisis. Mais, hélas! combien de ceux de nos jours seraient mieux désignés par celui de POISONS!

Et ces poisons, il se trouverait des hommes assez inconsidérés pour les confier à de jeunes imprudents, qui ne sont point sur leurs gardes, qui n’en connaissent point le danger!

Ils frémiraient sans doute de vendre un breuvage mortel;

ils ne voudraient, pour aucun prix, donner à un infortuné lassé des orages et des amertumes de la vie, les moyens de s’en affranchir par un crime;

et ils ne craindraient pas d’infecter une âme jeune et novice, à qui la nature et la société peut-être promettent un long et riche avenir, qui pouvait être si heureuse pour le temps et l’éternité!

Ils frémiraient de tuer le corps, et ils ne craindraient pas de tuer l’âme, de se charger d’une responsabilité terrible!

Ah! plutôt nous les en conjurons et nous osons l’espérer, ils s’efforceront de diriger le choix incertain des jeunes gens qui s’adressent à eux, de les déterminer pour des ouvrages utiles et instructifs, DU MOINS QUI NE SOIENT PAS NUISIBLES.

L’honnêteté de cette conduite, jointe à un esprit, à un jugement éclairé, indispensable dans cette profession, l’honnêteté de cette conduite, (indépendamment de la bénédiction du Seigneur qu’elle fera descendre sur leur maison) les servira mieux qu’une facilité coupable.

Pères et mères! c’est à vous surtout qu’il appartient de préserver vos enfants de la contagion des mauvais livres.

Après les considérations que nous vous avons présentées, après les tableaux que nous vous avons offerts, des instances outrageraient votre tendresse. Vous devez le comprendre; si votre inspection se relâchait sur ce seul objet, tout le fruit de vos soins, de vos exhortations, de votre exemple même, serait perdu.

Mais il ne suffirait pas d'interdire des lectures dangereuses, de veiller à ce qu’elles ne se fassent point en secret; il faut en prévenir le goût; il faut, durant le cours de l’éducation, ne permettre à vos enfants qu’avec une extrême réserve les ouvrages d’imagination: peut-être même serait-il à désirer qu’ils ne leur fussent pas connus, car le penchant de cet âge pour le merveilleux est si vif, que dès qu’il en a goûté, le vrai cesse de l’intéresser.

Évitez avec soin d’éveiller leur curiosité sur ce qu’il ne leur convient pas de lire, ou par des conversations indiscrètes, ou, ce qui serait bien plus à craindre, par votre exemple.

Malheur à la mère imprudente qui laisse voir en ses mains, à sa fille, un livre qu’une jeune personne ne doit pas ouvrir!

Gardez-vous surtout de penser, qu’arrivés au terme de l’adolescence, à cette époque où l’enfant semble se changer en homme, vos fils puissent tout lire: ce n’est pas au moment où la liqueur s’enfle et bouillonne qu’il faut attiser le feu: ce n'est pas quand le fleuve élève ses vagues qu’il faut arracher les digues.

N’attendez-pas ce temps de crise pour les prévenir sur le danger des mauvaises lectures. Inspirez-leur d’avance une crainte salutaire, une sage défiance d’eux-mêmes: si vous avez su maintenir la dignité de l’autorité paternelle et la faire aimer, ils conserveront alors l’heureuse habitude de se diriger par votre choix, de ne pas ouvrir un livre sans y être autorisés par vos avis.

Heureux le jeune homme qui s’entretient d’ouvrages utiles avec un père sage et religieux, qui se plaît à lui rendre compte des impressions qu’il a reçues, à rectifier son jugement par le sien!

Heureuse la jeune personne qui mêle aux ouvrages de son sexe des lectures choisies par une mère éclairée et vertueuse, qui les fait avec elle, lui communique ses pensées, ses réflexions naïves, et confond avec les siens les mouvements de son âme! Ce même plaisir qui, pris sans guide, lui offrirait un piège dangereux, servira à orner son esprit, étendre ses idées, former son jugement: il nourrira son cœur des précieuses émotions de la vertu, et du feu divin de la piété.

Jeunes gens! c’est vous maintenant que je conjure au nom de vos intérêts présents et éternels; c’est vous que je conjure de ne pas courir à votre perte, d’avoir pitié de vous-mêmes.

Vous êtes l’espoir de la Patrie: vous êtes plus précieux encore aux yeux de la Religion.... Ah! respectez-la, cette âme pure que le Créateur vous confia, qu’il se plût à parer d’heureuses facultés: amour du beau, désir de connaître la vérité; chaleur de l’âme, énergie, sensibilité première, affections douces et expansives, voilà les dons qu’il vous a faits; il les destina à vous rendre heureux, vous et ceux avec qui vous serez appelés à vivre.

Voudriez-vous les tourner à votre perte?

Voudriez-vous, dès vos premières années, donner au tentateur sur votre âme, une honteuse prise qu’il conserverait malgré vous peut-être, dont vous ne pourriez vous affranchir même aux jours de la vieillesse?...

Voudriez-vous porter à celui ou à celle à qui vous lierez votre sort, une imagination souillée, un cœur corrompu, une âme dégradée, incapable de goûter les plaisirs purs, et un attachement vertueux?

Voudriez-vous la perdre, cette âme immortelle?

Voudriez-vous entendre un jour cette voix redoutable, cette voix terrible? Malheureux serviteur! qu'as-tu fait du talent que je t’avais confié?

Grand Dieu! quel tableau que celui d’un jeune homme déjà corrompu à l’âge de l’innocence, d’un jeune homme qui est son propre séducteur; qui même avant de connaître les pures jouissances de la vie, se rend inhabile à les goûter, et fait périr dans leur germe ses plus précieuses facultés.

Hélas! il se réalise parmi nous cet affreux tableau: il se réalise dans toutes les classes, même dans cette classe moins favorisée de la société et de la fortune à qui seraient plus nécessaires les consolations et les espérances de la piété. Il est des enfants malheureux qui, pour se distraire d’un travail mécanique et assidu, au lieu de lire ces divines Ecritures qui montrent à l’orphelin, à l’enfant délaissé, un Père, un Protecteur, une Providence qui veille sur son sort; au lieu de se rendre présents ces grands objets de la Foi, dont la pensée éclairait la prison de Joseph, et peut faire descendre le Ciel dans le plus sombre réduit; en lisent l’affreuse parodie, et se nourrissent des blasphèmes de cet écrivain trop fameux, si connu par ses profanations infâmes et ses plaisanteries sacrilèges.

Il en est de ces enfants malheureux qui ne connaissent d’autres dédommagements aux peines, aux privations de leur état, que les horribles joies du cynisme et de l’impiété!

Je l’ai entendu dire, et j’en ai été pénétré de douleur et d’effroi: j’ai senti le besoin de confier mes alarmes à tous les membres de l’Église, de répandre mon cœur dans l’assemblée de mes Frères.

J’ai espéré que peut-être quelqu’un de ces jeunes infortunés, se trouverait dans le sanctuaire; que le Seigneur bénirait mes exhortations, et les accompagnerait de l’onction de son esprit

Arrêtez-vous donc, arrêtez-vous, ô vous qui courez dans cette affreuse carrière!

C’est vers vous que m’envoie le grand Pasteur des âmes.

C’est vous qu’il m’ordonne de chercher.

C’est pour vous, qu’il a mis dans ma bouche ces paroles que je vous adresse; frémissez à la vue du précipice où vous allez tomber. N’empoisonnez pas votre existence à peine commencée: hélas! la plupart d’entre nous sont déjà flétris par la main du temps, et l’empreinte des peines de la vie.

Mais vous, votre destinée est encore entière; dans quelque situation que vous soyez placés, avec un corps sain, une âme saine, un esprit animé, des espérances religieuses, et la bénédiction du Seigneur, vous pouvez vous promettre un avenir fortuné.

Prenez donc ici, en présence du ciel, l’inébranlable résolution de renoncer à ces lectures fatales.

Qu'aucun ouvrage licencieux ou impie ne souille désormais vos regards.

Imitez ces généreux Chrétiens d’Éphèse qui, touchés de la grâce, brûlèrent aux pieds des Apôtres les livres pernicieux qu’ils avaient prisés jusqu’alors (Actes, XIX, 19).

Allez, allez au sortir de ce Temple, remettre à vos Pasteurs ceux que vous possédez: donnez-leur cette joie.

Consolez ces Pères spirituels dont les entrailles s’émeuvent pour vous, qui n’ont point cessé de vous porter dans leur cœur et qui méritent si bien votre confiance.

Demandez-leur des directions qu’ils seront heureux de vous donner: mieux que d’autres, ils vous indiqueront le remède au poison que vous ayez déjà respiré.

Les uns et les autres, Chrétiens! concourez avec nous pour garantir la société d’une contagion qui n’est pas moins à redouter que les plus terribles épidémies.

Faites servir à ce noble but et vos droits et votre influence sur ceux qui vous entourent.

Vous-mêmes ne vous croyez pas trop légèrement à l’abri du danger; ne comptez pas trop sur la fermeté de vos principes et de vos vertus;

SONGEZ QUE L’ÂME SE NOURRIT COMME LE CORPS D’ALIMENTS

QU’ELLE CHANGE ENSUITE EN SA PROPRE SUBSTANCE.

La lecture est cet aliment spirituel, aliment salutaire, ou empoisonné, suivant le choix qu’on en fait.

Envisagez donc un ouvrage dangereux qui se lit autour de vos foyers, du même oeil que vous verriez des mets corrompus servis sur votre table.

Et ce n’est pas seulement ceux qui attaquent grossièrement la décence, ou la foi, que vous devez ranger dans cette classe, mais tous ceux qui leur portent une atteinte plus ou moins déguisée, tous ceux où vous trouverez un autre esprit que celui de l’Évangile. Prenez garde, dit l’Apôtre (Col., II, 8.), de ne pas vous laisser séduire par de vaines subtilités fondées sur les principes d’une science toute humaine et non sur Jésus-Christ.

Faites plus encore; en choisissant dans les divers Auteurs ce qu’ils ont de plus estimable et de plus sain, ne perdez jamais de vue que tout ce qui vient de l’homme est mêlé d’alliage, d’erreurs, d’imperfections; et pour entretenir ou réveiller en vous le sentiment du vrai, du beau, du bon, lisez habituellement, lisez de préférence ce LIVRE trop oublié qui porte l'empreinte majestueuse de son Auteur, ce LIVRE qui est une lumière pour nos sentiers (Ps., CXIX, 105.), ce LIVRE qui instruit l’ignorant, le simple, et fournit au savant des méditations sublimes, ce LIVRE oh nous trouvons tout ce qui peut nourrir notre cœur, élever notre âme, éclairer notre esprit, qui nous apprend la seule chose nécessaire.

Mes chers Frères! si j'ai été assez heureux pour faire sur vous quelque impression, conservez-la cette impression, je vous en conjure;

qu’elle serve à vous rendre attentifs

et scrupuleux dans le choix de vos lectures!

Puisse cet emploi de vos loisirs contribuer à votre vrai bonheur dès ici-bas, et vous préparer à une vie meilleure!

Puissions-nous désormais nous éloigner des citernes crevassées qui ne contiennent point d'eau (Jér.,II, 13), de ces marais fangeux qui répandent une mortelle infection, et nous abreuver aux sources divines qui jaillissent en vie éternelle (Jean IV, 14.)!

Ainsi soit-il.



 

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