Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les commencements et les progrès du péché

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Lorsque notre Seigneur Jésus-Christ dit aux Juifs: «Si vous persistez dans ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira (Jean 8, 32),» ils furent choqués de cette expression; leur orgueil fut blessé de ce qu'on les regardait comme des esclaves. Ils l'étaient cependant! Et Jésus leur répondit: «En vérité, en vérité, je vous le dis: Quiconque s'adonne au péché est esclave du péché. (Jean 8, 34)»

Oui, qu'ils le sentent ou non, TOUS LES PÉCHEURS SONT ESCLAVES jusqu'à ce que Christ les affranchisse. Plus ils persévèrent, plus ils s'embarrassent de leurs liens, et plus aussi il devient difficile de les rompre.

Le péché est un maître qui ne laisse aucun repos à ses esclaves, mais qui les pousse toujours en avant, jusqu'à ce qu'il les ait précipités dans l'abîme. Une fois entré dans ce chemin, on ne s'arrête pas; il en est comme d'un enfant qui court sur le penchant d'une montagne, son mouvement devient toujours plus rapide jusqu'à ce qu'il arrive au pied.

L’esclavage du péché, telle est la triste condition de tous les pécheurs qui ne sont pas convertis.

Tous ne sont pas dominés par le même vice: il est des esclaves de l'intempérance, de l'impudicité, de l'avarice, de l'amour du monde, enfin de l'orgueil et de la propre justice; mais ce ne sont là que des formes de gouvernements différentes appropriées aux différents caractères et aux différentes positions.

TOUS sont esclaves du péché, et il oblige tous ceux qui demeurent sous sa dépendance à lui devenir toujours plus soumis. Les remarques suivantes prouveront la vérité de cette assertion.


1. Celui qui consent à être esclave du péché, sous une forme quelconque, admet un principe qui ouvre la porte au péché sous toutes ses autres formes.

Ce principe c'est que nous ne sommes pas obligés de nous soumettre à l'autorité de Dieu lorsqu'elle est en opposition avec nos inclinaisons.

Ce principe, une fois admis, vous ne commettrez peut-être pas toutes les espèces de péchés, mais tant que votre esprit sera dans cette disposition, ce ne sera pas la crainte de Dieu, mais celle des hommes, la considération de votre intérêt, de votre sûreté ou de votre réputation qui vous arrêtera.

Si vous vous permettez de vous approprier ce qui ne vous appartient pas, vous vous permettriez également de commettre un adultère ou même un meurtre, si votre passion vous y portait, ou que vous puissiez espérer d'échapper au châtiment. C'est sous ce rapport qu'il est dit que «Celui qui transgresse la loi en un seul point est coupable de tous (Jacques 2, 10)», car celui qui défend un péché les défend tous; et celui qui désobéit de propos délibéré en une seule chose, rejette son autorité aussi réellement que celui qui désobéit en plusieurs choses.

On peut ajouter que celui qui n'est pas retenu par la crainte de Dieu ne le sera pas longtemps par la crainte des hommes.

On commence par se permettre de commettre plusieurs péchés secrets, et bientôt on se livre ouvertement au vice; car il n'est pas au pouvoir de l'homme, malgré toutes ses ruses, de cacher longtemps les dispositions dominantes de son coeur.

Lorsque le roi Saül eut une fois méprisé les ordres que Dieu lui avait donnés par rapport aux Amalécites, il n'y eut plus de bornes aux mauvaises suggestions de son coeur: guidé par la jalousie, l'envie et la fureur, il fit périr tous les habitants de la ville de Nob qui n’avaient commis aucun crime; il consulta une sorcière, et termina enfin par un suicide sa misérable vie.


2. Chaque péché que nous commettons tend à détruire le principe de la résistance, et à produire une espèce d'insouciance qui tient du désespoir.

C'est un sentiment naturel chez celui qui mène encore une bonne conduite comme chez celui qui est accoutumé à la propreté que de craindre tout ce qui peut souiller; et la conscience, aidée par l'éducation et par l'exemple est un grand préservatif contre les habitudes immorales et dangereuses.

Mais, si on se met une fois au service du péché, l'émulation s'éteint et l'on devient semblable à ces enfants qui, accoutumés de bonne heure aux haillons et à la malpropreté, perdent toute honte et n'éprouvent pas l'ambition d'être propres et décemment vêtus.


La première fois que l'on cède à une tentation particulière, ce n'est peut-être pas sans avoir lutté avec sa conscience! Quand le péché est commis, l'âme est ordinairement troublée par le remords, et le pécheur se dit qu'il n'y retombera plus. Mais la tentation revient, le motif qui le portait à résister est affaibli et il devient alors une proie facile pour le tentateur. Ensuite les clameurs de sa conscience s'apaisent, son coeur s'endurcit, et il désespère de lui-même. «C'en est fait, dit-il, j'aime les étrangers et j'irai après eux (Jérémie11, 25)

Dans les premiers moments de la tentation, il s'imposait des bornes; il disait: «J'irai jusque-là et pas plus loin», mais maintenant il a oublié toutes ses promesses.

L'insecte qui s'est laissé prendre dans la toile d'araignée ne peut plus échapper: en se débattant, il resserre ses liens, et après quelques efforts inutiles, il devient la proie de son ennemi.


3. Chaque péché que nous commettons ne contribue pas seulement à détruire le principe de la résistance, mais il produit encore un désir ardent de s'y abandonner de nouveau; ainsi, comme un régiment qui passe à l'ennemi, il nous fait un double tort, puisqu'en affaiblissant nos scrupules, il fortifie nos mauvais penchants.

Et c'est manifestement ce qui arrive par rapport à l'intempérance, à la passion du jeu et au libertinage!

C'est une des ruses du péché. Que de promettre que si nous voulons seulement le satisfaire dans telle ou telle chose, il ne demandera rien de plus; ou de persuader aux malheureux qu'il entraîne, qu'un peu d'indulgence apaisera le tourment des désirs, mais s'il en est quelquefois ainsi, c'est pour un temps bien court, le péché revient bientôt avec une double violence.

Chacune des concessions que vous lui faites, le rend plus exigeant!

Celui qui est entré dans le chemin qui mène à la perdition peut dire par expérience qu'il est mille fois plus difficile de reculer que de s'abstenir de faire les premiers pas. La passion de la sangsue pour le sang n'est qu'une faible image de l'ardeur des désirs qui font avancer le pécheur dans la carrière du vice.


4. Si nous commettons un péché, nous nous verrons dans une sorte de nécessité d'en commettre d'autres pour le cacher ou l'excuser.

C'est une vérité si violente, qu'il suffit de l'exprimer pour l'admettre aussitôt. Les exemples abondent dans l'Écriture et dans la vie communes.

Quand le péché est commis, la première idée qui vient au pécheur est de le cacher s'il est possible, ou s'il ne peut, de l'excuser.

Adam chercha d'abord à se cacher parmi les arbres du jardin; et lorsque ce refuge lui manqua, il s'en prit à sa femme la femme que Dieu lui avait donnée et qui l'avait engagé à manger du fruit défendu.

Il en fut de même pour David. Lorsqu'il eut commis un crime odieux, il eut recours à la ruse, dans l'espoir de le cacher: lorsqu'il vit qu'il ne pouvait réussir par ce moyen, il en vînt au meurtre, et quand ce crime fut accompli, cet événement est alors attribué à la Providence avec un air de résignation affectée: «l'épée emporte autant l'un que l'autre. (2 Samuel 11, 24)»

Combien de péchés, tels que celui de David, ont eu des suites aussi déplorables?

Combien d'innocentes créatures ont été sacrifiées par de coupables parents qui ont ensuite subi le juste châtiment d'un crime qu'il n'avait commis que pour cacher leurs désordres!


5. Tout acte de péché tend à former une habitude coupable, ou, si elle est déjà formée, ces filets d'eau deviennent un torrent qui entraîne tout avec lui.

L'ivrogne n'a pas une soif naturelle pour les liqueurs fortes, il a peut-être été amené à en essayer par le désir d'écarter une pensée qui l'inquiétait, ou par le goût de la mauvaise compagnie, mais lorsqu'il en a une fois contracté l'habitude, bien qu'il sache qu'il dissipe son bien, qu'il abrège sa vie et qu'il perd son âme, il ne peut s'arrêter dans cette dangereuse carrière. Il est déjà ivre qu'il demande encore à boire; il trahit sa passion jusque dans ses rêves.

«On m'a battu, dit-il, et j'en ai point été malade; on m'a moulu de coups, et je ne l'ai point senti; quand me réveillerai-je? Je me remettrai encore à le chercher.» (Proverbes 23, 36)

Le joueur ne croyait guère en arriver au point où il en est aujourd'hui. Il se sera trouvé en société avec des joueurs; il aura entendu parlé d'un gain considérable à la loterie ou à la bourse, et il aura voulu lui-même faire une tentative.

Un premier succès l'aura engagé à hasarder davantage et toujours davantage avec des alternatives de pertes et de gains. Bientôt il se sera trouvé dans l'embarras; mais une fois qu'on a commencé on ne peut plus s'arrêter. Il hasarde plus qu'il n'a jamais fait, et s'il gagne...., il rattrapera tout et il sera hors de peine! Il perd..., sa famille est ruinée; il fait tort à ses créanciers et il est peut-être entraîné à des actions encore plus coupables qui mettent en danger sa vie et sa liberté.

Le libertin était peut-être dans sa jeunesse un homme d'une conduite exemplaire. Ce qu'il regardait d'abord comme d'innocentes familiarités a amené les liaisons les plus coupables. Une fois qu'il a méconnu les lois de la chasteté, ses désirs criminels ne connaissent plus de bornes; «ses yeux sont pleins d'adultères, il ne cesse jamais de pécher» (2 Pierre 3, 14).


6. Lorsque le pécheur s'est avancé aussi loin dans les voies de l'iniquité, il est généralement retenu par une multitude de circonstances et de considérations qui ajoutent de nouvelles forces à ses liens, et QUI RENDENT SA DÉLIVRANCE IMPOSSIBLE si la miséricorde de Dieu ne vient pas à son secours.

Il a formé des liaisons avec des pécheurs comme lui;

il nuirait à ses intérêts;

il s'attirerait les reproches de ses amis,

le monde le tournerait en ridicule.

On a vu des pécheurs qui ont eu de fortes convictions de leur état de péché et de misère, qui ont répandu des larmes et ont témoigné un grand désir de renoncer à leurs habitudes coupables, et CEPENDANT ILS N'ONT PAS EU LA FORCE D'EXÉCUTER CES SALUTAIRES RÉSOLUTIONS; une fois entré dans la carrière du vice, et arrivé si loin, ils n'ont pu l'abandonner bien qu'ils en connaissent les terribles conséquences.

Lecteur, si votre position a quelque rapport avec le tableau que je viens de vous présenter, permettez à un ami qui s'intéresse votre âme de vous parler librement.

Sachez qu'il faut revenir sur vos pas ou périr à jamais, et qu'il vous reste peu de temps!

Vous trouverez des incrédules qui vous diront que vous ne courrez aucun danger, mais lorsque l'heure de la mort arrive, ils montrent ordinairement qu'ils ne croient pas eux-mêmes ce qu'ils ont dit ou écrit.

«Il y a un Dieu qui juge» et il faudra bientôt comparaître devant lui.

Voulez-vous vous plonger dans l'abîme d'où l'on ne revient plus?

Ce châtiment terrible n'avait pas été préparé d'abord pour vous, mais pour le diable et pour ses anges (Matthieu 25, 41); êtes vous donc résolu à rendre par force le royaume des ténèbres?

J'ajouterai encore qu'il ne suffit pas que vous retourniez en arrière, mais qu'il faut retourner à Dieu. «Si tu te retournes, dit l'Éternel, retourne-toi à moi (Jérémie 4, 1)

Si je ne m'occupais que de votre réputation et des intérêts de cette vie, je pourrais me contenter de vous avertir à renoncer à vos vices extérieurs, et de vous garantir avec soins de nouvelles chutes. Les animaux privés de raison apprennent d'instinct à fuir un danger présent. «C'est en vain que le rets est étendu devant les yeux de tout ce qui a des ailes. (Proverbes 1, 17)»

Et l'homme ira-t-il, les yeux ouverts, se prendre dans les filets?

Ira-t-il, de gaîté de coeur, se plonger dans le gouffre où il va trouver la mort?

Mais le danger présent n'est pas ce qui m'effraie le plus pour vous. Le souhait de mon coeur et la prière que je fais à Dieu pour vous, c'est que vous échappiez la colère à venir!

Sachez donc que lors même vous vous abstiendriez des fautes grossières, vous pourriez «être encore dans vos péchés», et être exposé à un malheur éternel. «Ils se retournent, dit le Seigneur, mais non point au Souverain (Osée 7, 6)

Ce n'est pas dans les vices déclarés qu'est tout votre danger ou votre plus grand danger.

Vous pouvez résister aux attaques de Satan sous ce rapport et vous retirer dans la citadelle de l'orgueil et de la propre justice.

Ce n'est pas la souillure extérieure qui vous perdra, mais le mal intérieur qui l'a produit!

«Du dedans, c'est-à-dire du coeur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les larcins et les blasphèmes. (Matthieu 15, 19)»

Chacun des péchés EXTÉRIEURS de votre vie est une preuve de la corruption INTÉRIEURE de votre nature!

Si sa source demeure souillée, c'est en vain que vous voudrez purifier les ruisseaux.


Je n'ai pas l’intention de vous dissuader de renoncer au péché, mais de vous persuader d'y renoncer pour vous adonner à la justice; et il n'y a pas d'autre voie pour accomplir cette réforme salutaire que celle que nous a indiquée le Sauveur: «Repentez-vous et croyez à l'Évangile. (Marc 1, 15)»

De tout autres manières, vous ne ferez que changer de vices, mais quel coupable et quelque indigne de pardon que vous puissiez être, si vous renoncez à tout autre moyen et à toute autre espérance de salut que la foi en Christ, VOUS SEREZ SAUVÉ.

Son sang a été répandu pour les pécheurs, et même pour les premiers pécheurs.

Son obéissance jusqu'à la mort de la croix a été si agréable à Dieu, que, quelque ait été la conduite ou e caractère du pécheur qui vient à lui au nom de Christ, il sera accepté pour l'amour de lui.

Non seulement il a obéi et il est mort pour des pécheurs tels que vous, mais il est maintenant à la droite de Dieu, et il poursuit le grand but de son incarnation, de sa vie et de sa mort. «C'est pourquoi il peut sauver pour toujours ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux. (Hébreux 7, 25)»

Cher lecteur, si tu peux embrasser cette doctrine, elle guérira tous tes maux. Le salut t'appartient si tu le reçois du fond du coeur comme une pure grâce qui t'est offerte en Jésus-Christ.

Si tu peux confesser tes péchés sur cette victime expiatoire, «Dieu est FIDÈLE et JUSTE pour te pardonner tes péchés et te nettoyer de toute iniquité. (1 Jean 1, 9)»

Tes réformes, tes prières et tes larmes ne peuvent pas être aux yeux de Dieu les motifs de la rémission de tes péchés et de ton salut; le seul motif d'espérance qu'il nous ait présenté dans sa Parole, C'EST CE QUE SON FILS A FAIT ET SOUFFERT POUR NOUS.

Si tu peux te conformer à sa volonté et fonder toute ta confiance et toutes tes espérances sur le Sauveur, la vie éternelle t'est assurée.

Et, en même temps que cette doctrine donnera la paix à ton âme troublée; elle purifiera ton coeur, tes anciennes voies deviendront alors odieuses à tes yeux et tu feras tes délices de vivre selon la tempérance, la justice et la piété.

Mais si ton coeur est encore endurci dans le péché, si Jésus et le salut par grâce te révoltent au lieu de te toucher... sache qu'il n'y a «aucun autre Nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés. (Actes 4, 12)»

Prends garde que le souvenir de cette vérité qui t'aura été annoncé au moins une fois dans ta vie ne vienne pas augmenter l'amertume de tes derniers moments!

Heureux ceux qui retournent au Nom de Jésus-Christ à son Père et à leur Père, à son Dieu et à leur Dieu; ils «sont affranchis du péché, et ont pour fruit la sanctification! (Romains 6, 22)»

Eux aussi suivent une marche progressive, mais dans un sens opposé à celle que nous avons dépeinte. «Le juste se tiendra ferme dans sa voie, et celui qui a les mains nettes se renforcera. (Job 17, 9)»

Le service de Dieu lui deviendra toujours plus doux;

la vérité lui paraîtra toujours plus évidente;

les marques de sa conversion se multiplieront;

sa piété s'affermira;

ses espérances deviendront plus vives...

et alors la douleur et la joie, la retraite et la société, les dispensations de la Providence et les institutions chrétiennes, tout contribuera à le rendre toujours «plus capable de participer à l'héritage des saints dans la lumière. (Colossiens 1, 12)»


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