Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHRIST EST MA VIE

César Malan (père)

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Si je n'avais que l'existence qui m'est commune avec tous les hommes, je n'aurais pour me guider ici-bas que la lumière de ma raison; pour me faire agir, que ma propre volonté; et pour issue, qu'une réussite terrestre.

Alors donc, me dit l'Écriture, «étant sans espérance et sans Dieu dans le monde,» je pourrais bien jouir des avantages du «siècle présent,», mais ceux du «siècle à venir» me seraient inconnus.

C'est ainsi que je pourrais bien être un homme supérieur par mon rang, mon intelligence, mon génie ou mon savoir; ou peut-être un homme utile par mes talents, ma force ou mon habileté; ou bien encore un homme honoré pour mes qualités et mes vertus; mais ainsi que les plus hardis sommets des plus hautes montagnes n'atteindront jamais l'étoile même la plus voisine, ainsi toute cette dignité de ma nature humaine ne serait jamais qu'à une distance infinie du ciel de Dieu.

Mon existence terrestre ne serait donc pas «la vie,» puisqu'elle demeurerait ce que dit l'Écriture qu'elle est, quand elle prononce que «de sa nature l'homme né de femme est enfant de colère;» ce qui veut dire qu'en venant au monde, il n'y est né que comme semence d'Adam déjà pécheur maudit et «mort,» et par cela même comme ayant «l'image et la ressemblance» d'un père qui ne l'engendra qu'après avoir été chassé d'Éden, et non point quand il portait encore «l'image de l'Éternel.» (Gen. V, 3 — Adam, âgé de cent trente ans, engendra un fils à sa ressemblance, selon son image, et il lui donna le nom de Seth.; Éph. II, 1, 2 — Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion..)

Que m'est donc précieux ce «second homme,» ce «dernier Adam,» qui, venu du ciel en «Esprit vivifiant,» a mis sur moi sa propre image, et par elle, à la place de ma souillure naturelle, sa céleste beauté, et à la place de ma «mort,» la vie impérissable: la vie même de Dieu!» (I Cor. XV, 45-50 — C’est pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est du ciel. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. Et de même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. Ce que je dis, frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite pas l’incorruptibilité..)

Je suis donc rétabli dans ma création première! Que dis-je? C'est une bien autre dignité que je possède maintenant. Dans le premier Adam, même avant qu'il eût péché, ce ne fut qu'en «âme vivante» que je fus fait, et je ne fus donc alors qu'une «créature» de Dieu. Mais dans le «dernier Adam,» en Jésus-Christ, le Fils même du Père, j'ai été fait «enfant de Dieu,» par la «puissance vivifiante du St-Esprit!»

Je le redirai donc: Oh! que m'est précieux Celui qui m'a révélé le Père, et qui, par l'Esprit éternel, m'a fait, en lui-même, «participant de la nature divine,» tellement qu'avec lui je puis m'écrier: «J'ai été mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles!» (Éph. II, 5, 6 — nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés); il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ,; Apoc. I, 18 — Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J’étais mort; et voici, je suis vivant aux siècles des siècles. Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts.; Rom. VI, 8 — si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,; Col. III, 3 — Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu..)

Mais quelle que soit l'excellence de ma nouvelle nature en Jésus, toutefois ce n'est encore qu' «en espérance que je suis sauvé;» et c'est sur la terre, dans une chair de péché et au travers de la lutte et du travail de ce monde que je dois me rendre au ciel.

Qu'en serait-il donc de moi si j'étais seul, et qu'ainsi Dieu, après m'avoir bien créé pour son ciel, mais enfin pour un ciel encore distant, m'eût abandonné, en me disant de marcher par ma propre force?

Mais ce n'est pas là ce qu'a fait la grâce du Seigneur. Quand le Père m'a voulu aimer en Jésus, c'est complètement qu'il l'a voulu; et aussi quand j'ai reçu mon Sauveur, ai-je avec lui reçu l'Esprit Saint; et cet Esprit, non seulement m'a fait connaître toujours plus abondamment cette grâce, mais chaque jour plus aussi il me fait sentir tout ce que Jésus est pour moi. En voici l'évidence:


I. Je suis connu de Jésus.

C'est la première chose que l'Esprit de vérité me révèle; et quelle dignité, quelle paix et quelle gloire aussi j'en reçois!

Dans un État de ce monde ce n'est pas un léger honneur que d'être connu personnellement de l'homme puissant qui le gouverne; et pour un tel privilège que de sacrifices se font, que de trésors se répandent!

Dans le ciel aussi c'est un ineffable honneur, par exemple pour un Ange Gabriel, que de s'entendre nommer par l'Éternel et que d'en recevoir un ordre. Quelle adoration remplit alors cet esprit de lumière, et quel indicible bonheur c'est pour lui que d'être ainsi «connu» du Seigneur!

Et cependant je possède beaucoup plus que tout cela en Jésus-Christ, puisque non seulement je suis «connu» du Fils de Dieu comme peut l'être une brebis de son berger, mais que je ne le suis que parce que le Père m'avait «préconnu» dans l'éternelle élection de son amour, et que parce que le St-Esprit m'a mis à part et consacré quand j'étais encore à naître; et que même il l'a fait pour toujours.

Je fus donc vu, discerné et «connu» personnellement, et même comme si j'eusse été seul l'objet de cette «préconnaissance» de Dieu, bien avant que pour moi n'existât ce monde; et ainsi ç’a été comme étant déjà «connu» de la grâce du Père en Jésus-Christ, que la puissance du St-Esprit m'a dominé l'être ici-bas.

L'Éternel donc me voyait, comme Sauveur autant que comme Créateur, lorsque j'étais au sein de ma mère; lorsque mon enfance se passait dans la faiblesse et ma jeunesse dans sa vanité!

Alors le Père me voyait dans Jésus, Jésus me voyait dans son sang, et le St-Esprit me voyait dans sa puissance de vie; et de même qu'en l'armée des cieux «chaque étoile est appelée par son nom, et qu'il n'en est aucune qui puisse se soustraire à la force de l'Éternel,» (Es. XL, 26 — Levez vos yeux en haut, et regardez! Qui a créé ces choses? Qui fait marcher en ordre leur armée? Il les appelle toutes par leur nom; Par son grand pouvoir et par sa force puissante, Il n’en est pas une qui fasse défaut.,) de même, moi qui étais un des élus du Père, j'avais mon nom nouveau en Jésus-Christ: le nom de «béni du Père.» J'étais donc compté dans cette immense armée des «rachetés de l'Agneau» que Dieu voyait briller au firmament de sa grâce; et «au jour de son pouvoir,» l'Esprit Saint devait m'appeler et me nommer, en me disant: «Non seulement tu es «connu» de Jésus, mais de plus tu en es «aimé.»


II. Je suis aimé de Jésus.

L'ai-je bien entendu? Est-ce en effet à moi, à moi-même, que l'Esprit Saint dit que Jésus m’«aime»? N'ai-je pas, tout au contraire, en moi l'évidence du déplaisir et du repoussement que le «Saint et le Juste» doit éprouver à ma vue?

«N'ai-je pas été formé dans l'iniquité et ma mère ne m'a-t-elle pas échauffé dans le péché?» (Ps. LI, 5 — Voici, je suis né dans l’iniquité, Et ma mère m’a conçu dans le péché.. ) La folie n'a-t-elle pas été liée à mon coeur durant toute mon enfance; l'amour du monde n'enveloppa-t-il pas ma jeunesse, et chacun de mes jours ne m'a-t-il pas vu boire le péché comme l'eau? Ne me suis-je donc pas rendu devant Dieu à la fois criminel et fétide? (Prov. XXII, 15 — La folie est attachée au coeur de l’enfant; La verge de la correction l’éloignera de lui. ; Eccl. XI, 9 — Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton coeur à la joie pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux; mais sache que pour tout cela Dieu t’appellera en jugement.; 1 Jean II, 16 — tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde.; Job XV, 16 — Combien moins l’être abominable et pervers, L’homme qui boit l’iniquité comme l’eau!; Ps. XIV, 3 — Tous sont égarés, tous sont pervertis; Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul..)

Tout cela, me dit Jésus, est vrai! Mais «où avait abondé le péché, ma grâce a surabondé;» et si, en Israël, le sang des taureaux et des boucs et la cendre de la génisse sanctifiaient quant à la pureté de la chair, combien plus mon sang purifie-t-il devant Dieu! (Rom. V, 20 — la loi est intervenue pour que l’offense abondât, mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé,; Hébr. IX, 14 — combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant!.)

Et moi, qui entends ces paroles, ne suis-je pas un de ceux pour qui fut répandu ce précieux sang, moi qui «de ma bouche confesse le Seigneur Jésus, et qui crois de cœur que Dieu l'a ressuscité? (Rom. X, 9-11 — Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du coeur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut,.)

De quel «amour» donc étais-je alors déjà et suis-je maintenant l'objet! Jésus eût-il pu m'en donner une preuve plus éclatante qu'en mettant sa vie pour moi; qu'en offrant pour moi son âme en sacrifice; et puisqu'il «demeure éternellement,» et qu'il est donc aujourd'hui pour moi ce qu'il fut en Gethsémané ou au Calvaire, ne me dit-il pas à cette heure ce qu'il déclarait au Père, quand il lui disait: «Me voici! Que je fasse, ô Dieu! ta volonté?» (Hébr. X, 7 — Alors j’ai dit: Voici, je viens Dans le rouleau du livre il est question de moi Pour faire, ô Dieu, ta volonté.; XIII, 8 — Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement..)

Oui, Jésus, à cette heure même, a pour moi le même amour qu'il eut quand il prit et but cette coupe d'amertume que moi j'eusse dû boire éternellement loin du ciel de Dieu; et ainsi quand pour m'ôter à la colère à venir, «il fut fait malédiction, et qu'il s'écria: Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu laissé!» (Gal. III, 10 — tous ceux qui s’attachent aux oeuvres de la loi sont sous la malédiction; car il est écrit: Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique.; Matth. XXVII, 46 — vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte: Eli, Eli, lama sabachthani? c’est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?) il ne m'aimait pas d'un autre amour que de celui dont il m'entoure à cette heure.

Cet «amour» de Jésus m'enveloppe donc plus fidèlement encore que l'air que je respire; puisque enfin cet air pourrait ou bien me manquer, ou bien me nuire par son excès, tandis que l'amour de mon Sauveur ne peut ni jamais défaillir, ni cesser d'être la force et la joie de mon âme. Si la toute-puissance de cet «amour» me sauva, n'est-ce pas la même énergie divine qui me soutient et qui «me garde?»


III. Je suis gardé par Jésus.

Non, ce n'est pas moi qui me conserve à Dieu: c'est lui qui par son immuable puissance nie soutient et me «garde.» Comme ce ne fut pas moi, brebis perdue, qui appelai Jésus, mais que ç’a été lui qui m'a cherché et levé en son sein, ce n'est pas moi non plus qui me maintiens sa brebis, mais c'est lui, mon Berger, qui me «garde» sous sa houlette.

C'est donc bien moi qui puis dire à Dieu: «Tu es ma retraite et ma forteresse, et mon Seigneur en qui je m'assure! Tu es mon ombre: je t'ai à ma main droite, et c'est toi, mon Sauveur! qui «gardes» mon issue et mon entrée. (Ps. XCI - Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut Repose à l’ombre du Tout Puissant. Je dis à l’Éternel: Mon refuge et ma forteresse, Mon Dieu en qui je me confie!.....;CXXI - Je lève mes yeux vers les montagnes... D’où me viendra le secours? Le secours me vient de l’Éternel, Qui a fait les cieux et la terre.......)

Et ce n'est pas une assurance imaginaire! Cette certitude, ce n'est pas moi qui me la donne: c'est Jésus lui-même qui me commande de l'avoir. Il me dit, — et même avec un serment, — que «mon espérance en lui est une ancre ferme, qui déjà pénètre au delà du voile, où lui-même est entré comme mon précurseur.» (Hébr. VI, 17-20 — C’est pourquoi Dieu, voulant montrer avec plus d’évidence aux héritiers de la promesse l’immutabilité de sa résolution, intervint par un serment, afin que, par deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous trouvions un puissant encouragement, nous dont le seul refuge a été de saisir l’espérance qui nous était proposée. Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et solide; elle pénètre au delà du voile, là où Jésus est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur pour toujours......) Je l'ai donc auprès du Père, et à cette heure même, comme mon Intercesseur, mon Avocat et mon Ami; et ce «Gardien-là» jamais ne s'endort ni ne sommeille; mais constamment, et sans aucune cesse, tenant sur moi le regard de son amour, il m'entoure de ses soins et de ses délivrances. (Es. XLIX, 16 — Voici, je t’ai gravée sur mes mains.....; Ps. XXIII - L’Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, À cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.....; Hébr. IV, 14,16 — Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacrificateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu, demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché..)

Est-il en effet un seul moment de mon existence où Jésus ne s'intéresse pas à ma personne; où il ne se soucie pas de connaître les détails de ma vie; où, par exemple, il ne tienne aucun compte ni de la santé de mon corps, ni de ma prospérité terrestre ou de ma situation domestique: en un mot de ma vie en ce monde?

Et si Jésus a cette sollicitude pour mon corps, en a-t-il une moindre pour mon âme; ou bien plutôt l'Esprit Saint, de sa part, n'agira-t-il pas en moi, soit pour m'unir toujours plus à mon Sauveur, par l'adoration et la prière; soit pour nourrir ma foi «du pain du ciel» par la parole de vérité; soit pour me tenir fidèlement au «chemin sacré,» ou pour m'y ramener si je m'en détourne?

Aie donc confiance, ô mon Âme! en ce «Gardien» céleste; et te plaçant ainsi sous les «ailes du Tout-Puissant,» sache, à toute heure, soit que tu agisses, soit que tu te recueilles, te laisser conserver et bénir par «Celui qui a toute puissance au ciel et dans la terre» et dont l'Esprit même est ta «force!»


IV. Je suis fortifié par Jésus.

Quand je n'étais encore qu'un «petit enfant en Christ, et que ma foi donc ne pouvait supporter que le lait de la parole,», ce n'était qu'en tremblant aussi que j'avançais au chemin céleste. Alors déjà mon Sauveur m'avait bien dit que par sou sang mes péchés étaient lavés, et qu'en Dieu je pouvais contempler mon Père; mais il ne me l'avait encore dit, en quelque sorte, qu'à demi-voix.

Et toutefois que furent heureux ces commencements de ma foi! Quelle joie eut mon âme à découvrir, à voir et à comprendre l'Évangile du salut! Avec quelle surprise, et en même temps avec quelle avidité, je reçus de Dieu cette vérité de la grâce: «que ce n'était pas par mes œuvres, mais par celles de Jésus, que j'avais accès auprès du Seigneur;» et de quelle paix fut comme inondé mon cœur, quand l'Esprit Saint me révéla que j'étais justifié devant Dieu par ma foi en son Fils!

Mais un plus grand bonheur que celui-là m'était réservé. De ces «rudiments de Christ», mon âme devait s'élever à la science des cieux; et pour cela même, au lait de la parole devait succéder pour elle la viande solide, afin que ma foi, «fortifiée» par cette nourriture divine, «comprît, avec tous les saints, quelle est la hauteur et la profondeur, la longueur et la largeur, et toute l'étendue du don de Dieu en Jésus-Christ.» (Éph. III, 18,19 — vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu..)

L'Esprit Saint l'a fait. Il a ouvert pour moi «les sens cachés des Écritures,» et en me révélant l'éternel amour du Père, il a mis devant les yeux de mon âme la vue sublime et sans bornes de cette charité qui glorifie l'Éternel, et qui, par le St-Esprit lui-même, est à la fois la «force» intérieure de l'enfant de Dieu, sa victoire sur le monde et son anticipation du ciel.

Je suis donc «fortifié» en Jésus; et comme ce n'a pas été «par mesure que l'Esprit a été donné à mon Sauveur,» de même aussi c'est en abondance qu'il me le communique, et c'est par des bienfaits accumulés qu'il me le témoigne.

N'est-ce pas lui, en effet, qui, par son Esprit, ramène sans se lasser mon âme à cette eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle: je veux dire à la lecture et a la méditation de la Parole de mon Dieu?

En aurais-je même la pensée, — et combien moins la soif! — si l'Esprit qui seul en est la source ne m'en donnait le désir?

Mais aussi plus mon âme s'y désaltère, plus aussi n'éprouve-t-elle pas, comme Jésus le dit à la Samaritaine, que «celui qui boit cette eau-là, n'a plus jamais d'autre soif?» Cette eau céleste, cette Parole de Jésus, n'est-elle pas la vie, la santé, la «vigueur» de mon âme, et dès que lui me la donne, par son Esprit, n'éprouvé-je pas en moi l'allégresse des cieux?

Alors à cette grâce s'ajoute un autre bienfait. Le même Esprit de Jésus qui me «fortifie» par la Sainte-Écriture, me restaure et me «renforce» aussi par la prière: par ces aspirations vers mon Dieu, ces désirs, ces requêtes, et en même temps ces actions-de-grâces et ces louanges qui déjà introduisent mon âme dans le ciel, et qui lui obtiennent, de la part du Père, ces secours, ces consolations et ces relèvements;— comme aussi ces espérances et ces avant-goûts de l'éternité;— qui font en effet de ma «foi une démonstration et une substance des choses invisibles et de leur gloire.» (Hébr. XI, 1 — la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas..)

0 mon Âme! qu'ici donc Christ soit vraiment ta vie, puisque, par son Esprit, il met devant toi la plénitude de ses dons, comme un riche festin t'offre ses mets! Assieds-toi donc à cette table de l'Évangile, où Jésus lui-même te dit: «Prends et mange ce pain vivifiant, et bois à longs traits ma coupe! Ne t'ai-je pas «fortifié?» «Lève-toi donc, et avec cette force-là, marche au chemin où moi-mêmes je te «conduirai!» (1 Rois XIX, 8 — Il (Élie) se leva, mangea et but; et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu, à Horeb..)


V. Je suis conduit par Jésus.

Qu'elles diffèrent entre elles, la marche de l'homme qui chemine sans Jésus, et celle du disciple que le Sauveur «conduit!»

C'est bien au milieu du même pays qu'ils font leurs routes, et c'est bien aussi, l'un et l'autre, dans une même nature visible: celle des enfants d'Adam.

L'un et l'autre, donc, nés de la même manière, se sont accrus et fortifiés par les mêmes moyens, pour un même monde, où les mêmes sens les dirigent, les mêmes obligations les maîtrisent, les mêmes dangers les entourent, et finalement la même conclusion terrestre leur est assignée.

Voilà donc devant eux ces 70 ou 80 années qui forment leur passage ici-bas, et tous deux vont les fournir en se hâtant, avec la même vitesse, de l'incurie de l'enfance à la gravité réfléchie de l'âge mûr, puis de cette sérieuse station à la lueur éteinte de leur dernier soir.

Mais s'ils ne sont qu'un seul et même voyageur aux yeux de la chair, qu'ils sont divers aux yeux de Jésus!

L'un d'eux, n'ayant dans celte nature humaine que le corps humain, que l'esprit humain, que l'âme humaine, et par cette âme donc que les désirs, que les espérances et que les anticipations humaines, n'avance qu'à leur lumière, que par leurs conseils et finalement que sous leur intendance. Né dans la nuit du monde, c'est dans cette nuit-là qu'il fait sa route, et que sans en jamais sortir, il poursuit et enfin termine sa carrière, ou bien comme un puissant, comme un génie, comme un savant, comme un héros; ou bien comme un laboureur, un artisan, un obscur et pauvre mercenaire.

Tandis que l'autre mortel, qui, dans cette nature humaine possède aussi la nature qu'en lui créa le St-Esprit, a par-dessus l'intelligence et la raison naturelle de l'homme, «un entendement nouveau, qu'éclaire la lumière véritable;» en même temps que dans son cœur, aussi «fait nouveau,» est une volonté, une espérance et un courage dont l'énergie tend invariablement au ciel, et qui, plus elle s'exerce, plus aussi reçoit-elle de l'Esprit Saint cette puissance, ce génie et cet héroïsme que la Bible nomme «la vie

Et cette vie, c'est Jésus lui-même: car «c'est en lui, — et en nul autre! — que Dieu a donné à ce monde sa propre vie: la vie impérissable!» (1 Jean V, 11 — Et voici ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils..)

Qu'il est donc sûr et vrai le chemin où je marche ici-bas, puisque non seulement il est ce Sauveur qui me dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie,», mais que sur cette voie céleste, loin d'être laissé à ma propre faiblesse, j'entends ce même Sauveur me dire: «Je te guiderai de mon œil! Mon regard est sur toi qui t'attends à ma gratuité!» et puisque alors je peux, de mon côté et en toute assurance, lui répondre: «Je suis donc toujours avec toi! Tu m'as pris par la main droite, tu me conduiras par ton conseil; puis tu me recevras dans la gloire!» (Ps. LXXIII, 23, 24 — Cependant je suis toujours avec toi, Tu m’as saisi la main droite; Tu me conduiras par ton conseil, Puis tu me recevras dans la gloire..)


VI. Je suis attendu au ciel par Jésus.

Et ce n'est pas en hésitant que je le prononce, puisque en le disant, je ne fais que répéter ce que déclare le «Témoin fidèle et véritable

«Amen! Amen! dit-il en effet, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Déjà il est passé de la mort à la vie; et comme je suis vivant, ainsi vivra-t-il aussi. Je l'attends dans cette bergerie glorieuse où, avec tout mon troupeau, il me verra tel que je suis, pour être rassasié des délices qui sont à ma droite.» (Jean VI, 47 — En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.; XIV, 19 — Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous me verrez, car je vis, et vous vivrez aussi.; 1 Jean III, 2 — Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.; Ps. XVI, 11 — Tu me feras connaître le sentier de la vie; Il y a d’abondantes joies devant ta face, Des délices éternelles à ta droite..)

Ainsi me parle Jésus: quel doute pourrais-je donc avoir sur ma bienheureuse éternité?

Il est vrai que si je me considère moi-même, et qu'aussi je n'arrête que mes yeux humains sur ma mort et sur mon avenir, je me sens comme saisi d'effroi; en même temps que j'entends plus d'une bouche, même chez ceux qui avec moi tiennent le chemin de l'Évangile, me reprocher, en me censurant, cette assurance de ma foi, et prononcer, avec une sorte d'autorité, que si je puis humblement espérer le ciel, toutefois il ne sied pas à un pauvre et faible pécheur, qui chaque jour se trouve en arrière de son amour pour Dieu, de se glorifier d'un salut que «nul ne verra sans la sanctification

Mais, ô Jésus! dis-moi qui possède, dès à présent, ce salut et cette vie, sinon cette «Épouse que tu as aimée, pour laquelle tu t'es livré, et pour laquelle aussi tu prépares les demeures célestes?» (Éph. V, 25 - Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle,; Jean XIV, 2 — Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place..)

Qui est assurée de paître au bercail éternel, si ce n'est la brebis que te donna le Père, et pour qui toi tu mis ta vie? Et qui est ta brebis, ô Bon Berger! sinon «l'âme qui connue de toi te connaît aussi, qui se plaît à ouïr ta voix et qui n'a point de plus grand désir que de suivre tes traces?» (Jean X, 27 — Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent..)

Et n'est-ce pas là, Fils de Dieu! ce que ta Parole et ton Esprit ont mis en moi? Ne suis-je donc pas de ton troupeau, de ton peuple, et l'un de ceux donc que tu présenteras au Père en lui disant: «Me voici, avec les enfants que tu m'as donnés?» (Es. VIII, 18 — Voici, moi et les enfants que l’Éternel m’a donnés, Nous sommes des signes et des présages en Israël, De la part de l’Éternel des armées, Qui habite sur la montagne de Sion..)

Non, il ne m'est pas permis à moi qui «contemple le Fils et qui crois au Père qui l'a envoyé, de ne pas savoir que j'ai la vie éternelle,» et dans cette assurance, de ne pas «me glorifier en Jésus, mon Seigneur.» (Jean V, 24 — En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.; VI, 40 — La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.; 1 Cor. I, 31 — comme il est écrit, Que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur.; I Jean V, 13 — Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu..)

Qui vois-je à mes côtés pendant ma route? N'est-ce pas Celui qui, «de la part de Dieu m'a été fait sagesse, justice, sanctification et rédemption?»

Qui vois-je encore au bout de cette route, au moment où elle aboutit au ciel? N'est-ce pas le même Seigneur, qui me dit: «Ne crains pas! Je t'ai racheté: tu es à moi! Même la mort ne peut te séparer de l'amour qu'eu moi Dieu t'a témoigné?»

Et qui vois-je, enfin, au delà du sépulcre, en ce grand jour où la terre et la mer rendront leurs morts, et où toute chair se tiendra devant son Juge? Qui est Celui qui va révéler les secrets desseins des cœurs et prononcer la sentence finale? N'est-ce pas toujours ce même Jésus, qui, pour moi «versa ce sang qui purifie de tout péché; «qui pour moi aussi ressuscita, remonta au Père, — devant qui, à cette heure même, il intercède; — en qui donc ma vie est renfermée, et qui, lorsqu'il reviendra, sera «rendu admirable en ceux qui l'attendent à salut?» (Apoc. XX, 13 — La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses oeuvres.; Es. XLIII, 1 — Ainsi parle maintenant l’Éternel, qui t’a créé, ô Jacob! Celui qui t’a formé, ô Israël! Ne crains rien, car je te rachète, Je t’appelle par ton nom: tu es à moi!; Rom. VIII, 37, 38 — mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, (8-39) ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur.; I Jean I, 7 — si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché.; Rom. VIII, 35 — Qui nous séparera de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée?; Col. III, 5 — Faites donc mourir les membres qui sont sur la terre, l’impudicité, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une idolâtrie.; 2 Thess. I, 10 — lorsqu’il viendra pour être, en ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru, car notre témoignage auprès de vous a été cru..)


Qui donc oserait intenter une accusation contre moi?

Dieu n'est-il pas celui qui me justifie?

Ou bien qui me condamnerait?

Christ n'est-il pas mort pour moi, et qui plus est, n'est-il pas ressuscité;

même n'est-il pas à la droite de Dieu, et n'y prie-t-il pas pour moi?


Et ce Fils de Dieu, ce Jésus, ne sera-t-il pas pour moi le même demain, dans un an, dans vingt ou trente années, — si je les vois en ce monde! — et enfin par lui, quand je traverserai le Jourdain de la mort, l'Arche de l'alliance n'y sera-t-elle pas; et par elle les eaux du fleuve ne seront-elles pas arrêtées; et la terre de la promesse ne m'ouvrira-t-elle pas son rivage; et le roi de Sion n'y viendra-t-il pas à ma rencontre, et même ne sera-ce pas en médisant: «Viens, béni de mon Père! Entre en mon repos! Je suis ta vie?»


***

Amen! donc, puisque telle est ma portion assurée! Puisque Jésus me «connaît,» puisqu'il m'«aime,» qu'il me «garde, «me «fortifie» et me «conduit,» et surtout puisqu'il m'appelle et qu'il «attend» mon âme, amen! que ma foi le célèbre et tressaille d'allégresse en sa présence!

Si le mondain poursuit en sa nuit son chemin de mort, et que n'«ayant point d'espérance, il soit sans Dieu sur la terre,» où il se repaît de mensonges jusqu'à ce qu'il soit sommé par son Créateur de comparaître en jugement; pour moi je dirai à mon âme: «Bénis ton Époux et te prosterne devant lui!» Tu le sais: l'onction du Saint est sur toi, et en toi cet Esprit loge comme dans son temple. Adore donc, en toute confiance, ton Dieu et ton Père; et te consacrant à lui, connais, ô mon Âme! ce qu'il veut de toi, et prends ton plaisir à le faire! Ne sera-ce pas toujours son amour qui te dira: «Ceins-toi et me sers?»

Sera-ce donc «l'épreuve de ta foi que tu devras rencontrer dans ces peines, ces afflictions et ce train de guerre qui est assigné à l'homme né de femme?» (Job VII, 1 Le sort de l’homme sur la terre est celui d’un soldat, Et ses jours sont ceux d’un mercenaire. ; XIV, 1 L’homme né de la femme! Sa vie est courte, sans cesse agitée..) — Eh bien! Jésus, lui-même te dit qu'il a été tenté comme toi, en toutes choses, mais sans péché; qu'il est donc pour toi un Souverain Sacrificateur bien propre à compatir à tes infirmités; et qu'ainsi pendant que l'Esprit Saint, rendant témoignage avec ton esprit que tu es un enfant de Dieu, crie en toi: Abba! Père! et soulage de la part de Jésus ta faiblesse, lui, ton Sauveur qui te connaît, qui t'aime, qui te garde, te fortifie et te conduit, fera lever dans ta nuit le jour de ses promesses, et par sa grâce tarira ses pleurs.

Ou bien, mon Âme! est-ce un sentier facile que tu traverses, et ta voie se déroule-t-elle donc devant toi comme le cours d'un ruisseau dans la prairie? À tes côtés marche Jésus. Il sourit à ta joie, car c'est lui-même qui te la donne, et c'est son Esprit qui en tempère l'ardeur et qui l'associe à la douce communion de ton Dieu.

Laisse-toi donc mener, toi qui sais que Celui qui te conduit est aussi Celui qui t'aime, et que dans cet amour, il te destine, auprès de lui, l'ineffable béatitude et la gloire de sa vie.

Mais aussi, me dirai-je encore à moi-même, puisque certainement je suis tout cela en Jésus, quel ne dois-je pas être devant lui par une sainte conduite et par des œuvres de piété, «en attendant, selon sa promesse, ces nouveaux cieux où habitera la justice; et en m'étudiant donc à être trouvé de lui sans tache et sans reproche, en paix!» (2 Pier. III, 13, 14 — nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix..)

Mon Âme! que telle soit ta marche ici-bas! Fais-la, comme Hénoc, avec ton Dieu, et ainsi va, pleine de force et d'espérance à la rencontre de ton départ de cette terre, puisque...

CE DÉPART SERA TON ARRIVÉE AUPRÈS DE JÉSUS.

Va donc, oui, va au ciel, ta patrie; mais tout en t'y rendant, sois constamment en communion avec ce bon Père qui te dit que» tout ce que tu lui demanderas, il te le donnera, puisque tu le demanderas au nom de son Bien-aimé, de ce Jésus qui pour toi prie, et, et par l'Esprit duquel tu peux et tu dois dire, en bénissant ton Dieu:

CHRIST EST MA VIE.



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