Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE BON GRAIN

SEMÉ DANS UNE BONNE TERRE

SERMON SUR CES PAROLES DU SEIGNEUR JÉSUS:


Ce qui est tombé dans une bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la Parole, avec un cœur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit avec patience. (Luc VIII, 5.)

***

De toutes les similitudes que le Seigneur Jésus a prononcées, il n'en est aucune, peut-être, qui soit d'une application plus directe aux diverses églises, que celle que nous entendons maintenant. — C'est un semeur qu'elle nous montre, et sous l'emblème du grain qu'il a répandu, elle nous enseigne de quelle manière «la semence incorruptible de la Parole de Dieu (Les mots renfermés entre des guillemets, ici et dans la suite de ce Discours, sont les citations expresses, ou approximatives, de la Parole de Dieu. Leurs indications quand elles seront nécessaires, seront mises à la fin du paragraphe, et dans leur ordre respectif.)» doit être reçue d'une âme, pour qu'elle y donne son fruit. — I Pierre I, 23-25.

Ce grain, nous dit-elle, passa par quatre circonstances, dont une seule fut prospère. Une de ses portions, jetée sur le sol durci d'un chemin, y fut écrasée par les passants, ou enlevée par les oiseaux. Une autre portion, étant tombée dans une terre peu profonde et sans eau, poussa bien son jet, mais cette herbe fut hâvie par le soleil brûlant de l'été. Une troisième portion, semée dans un terrain où croissaient encore les épines et les ronces, y fut étouffée et ne put mûrir. Mais la quatrième portion, ayant été reçue par une bonne terre, y parvint à maturité, et produisit une abondante récolte.

Ce qui signifie, reprend le Seigneur, que de tous ceux qui entendent la Parole de Dieu, les uns la perdent aussitôt: «le Diable la ravissant de leurs cœurs, de peur qu'ils ne soient sauvés;» d'autres, «ne croyant que pour un temps,» renient cette Parole au jour de l'épreuve; d'autres, encore, la resserrent et l'étouffent par les intérêts du monde; tandis que ceux chez lesquels «un cœur honnête et bon a reçu cette bonne semence, la retiennent et portent un fruit que leur patience voit mûrir.»

En sorte, nous est-il déclaré, que de tous ces pauvres pécheurs à qui parvient la prédication de l'Évangile, les uns le méprisent; les autres le rejettent, après l'avoir goûté; d'autres lui préfèrent les vanités d'ici-bas; et qu'il n'y en a, finalement, qu'une quatrième portion pour qui cette Parole soit «odeur de vie à la vie, tandis qu'à tous les autres elle est odeur de mort à la mort!» — Oh! que cette parabole est donc solennelle! Quelle sentence elle prononce sur l'indifférence et l'incrédulité; mais aussi, quelle magnifique promesse elle présente à la foi! — 2 Cor. II, 16.

Aussi, mon cher Troupeau! n'est-ce qu'avec sollicitude que, déjà souvent, ayant médité devant vous sur cette parabole, je vous ai suppliés d'examiner et de bien connaître, si vous appartenez, en effet, à cette bonne terre où le bon grain de la Parole fructifie à la gloire de Dieu; et c'est dans le même sentiment, qu'employant aujourd'hui les mêmes motifs et les mêmes instances, je désire rechercher plus particulièrement, Quelles sont les conditions que notre Sauveur détermine, pour que le bon grain de sa Parole ait toute son efficace en nos âmes, afin que vous puissiez voir jusqu'à quel point ces conditions se trouvent en vous, et que, si vous êtes sincères, l'amendement ou l'affermissement de vos voies soit l'heureux résultat de cet examen.

Ce sont trois conditions que le Seigneur établit, pour qu'une âme jouisse des bénédictions que renferme la Parole.

La première, que ce soit la Parole de Dieu que cette âme entende. — Il faut que le serviteur du métayer s'approche du champ avec la bonne semence que lui fournit son maître.

La seconde, que ce soit un cœur honnête et bon qui reçoive cette Parole, et que ce coeur la conserve. — Il faut que le bon grain que le laboureur va semer, tombe dans une terre bien préparée, et qu'elle y soit maintenue par de prudents travaux.

La troisième, enfin, que le fruit paraisse, et qu'il croisse et mûrisse, dans son temps et sa saison. — Il faut que le fermier et son serviteur, après avoir terminé leur œuvre, attendent que «Celui qui donne l'accroissement,» fasse paraître et jaunir les épis.

C'est tout cela que Dieu requiert, pour qu'il y ait dans une âme, dans une église, une moisson pour le ciel. Ah! veuille sa puissante grâce réaliser ces choses, et chez moi, le semeur qu'il vous envoie en ce moment, et chez vous, portion du champ que ses mains cultivent!


PREMIÈRE CONDITION.

C'est le bon grain que le semeur jette en terre.

C'est la Parole de Dieu qui doit être entendue.


«Ils entendent la Parole,» dit d'abord le Seigneur. Ils l'entendent donc; ils ne sont donc pas comme ces milliers, ces multitudes de chrétiens, ainsi nommés, qui, les uns, savent à peine qu'il existe une Parole de Dieu; les autres, dédaignent de l'entendre!

Oh! quelle apostasie de la foi dans ces peuples et ces nations! Oh! quelle déchéance des privilèges de la vie, dans ces églises, «où la vérité, telle qu'elle est en Jésus,» a vu fermer son Livre aux cris d'indignation des amis du monde! Oh! quelle calamité pour ces familles, chez lesquelles la Bible est raillée, ou n'est qu'un volume d'usage qui pare un salon comme un autre meuble, ou n'est qu'un moniteur qu'on est forcé de laisser parler, mais qu'on écartera bientôt!

Et ce qu'on fait pour le Livre de Dieu, on le répète pour la prédication de ses doctrines. L'homme qui, dans sa maison, n'aime pas la Bible, n'en aimera pas la voix dans un temple. Ce ne sont pas les lignes qu'il hait, mais c'est leur sens: il fuira donc ceux qui l'annoncent et l'exposent. Ou bien, s'il s'assied quelquefois devant eux, ce sera, peut-être, pour demander, avec les gens de Ramoth, «ce que sont ces fous et ce qu'ils savent dire,» ou pour entendre «comme une chanson profane d'une bouche qui résonne bien,» ou pour essayer si «les idoles qu'ils ont dressées en leurs cœurs devront céder la place à ce Jésus qu'on leur oppose. — Gen. III, 10; 2 Rois IX, 11;Ézéch. XXXIII, 31, 32; XIV, 3,4.

Qu'on s'étonne, après cela, des maux qui désolent une telle génération! Quel bien se trouverait dans des esprits qui sont vides de la connaissance de Dieu? «La plume de leurs scribes est une plume de fausseté: comment la vérité serait-elle en eux? Leurs sages mêmes ont rebuté la Parole; de quoi donc seraient-ils sages? Ce peuple abandonne la source des eaux vivantes, quelles eaux sortiraient donc des citernes crevassées qu'il se creuse?» Ces familles, ces sociétés, ces états, refusent de prêter l'oreille «aux messagers qui annoncent de bonnes nouvelles, d'où auraient-ils donc la foi?» Et si la foi leur manque, comment les fruits de la foi ne leur manqueraient-ils pas aussi; et qui s'étonnerait de leur esprit moqueur, de leur égoïsme, de leur sensualité, de leurs idolâtries détestables? — Ah! qu'on s'étonne, plutôt, des compassions prolongées de ce Jésus qu'ils méprisent! Qu'on s'étonne de cette inépuisable pitié de l'Éternel, qui a plaidé, a récidivé, la cause de leurs âmes, et qui suspend encore le coup qui doit «renverser, enfin, la tour de Siloé; qui doit enfin couper le figuier qui se refuse aux longs délais de sa miséricorde!» — Jérém. V, 8, 9; II, 13; Rom. X, 14-17; Lament. III, 58; Luc XIII, 1-9.

Ah! s'il est ici quelqu'un qui soit l'objet de cette patience, parce qu'il est coupable de ces fautes, qu'il considère, enfin, de quelle indigne manière il traite et la Parole du Seigneur, et le Seigneur lui-même; et qu'il comprenne, qu'en dédaignant ainsi le Livre qui lui parle de Dieu, et les ministres de ses vérités, il se montre envers le seul Bon et le Saint des Saints, plus dur et plus injuste qu'envers le dernier des hommes: car il écouterait celui-ci qui lui parlerait pour son bien, et il rebute l'Éternel qui l'entretient de sa grâce!

Mais cette incrédulité, ce fier mépris de la Bible, n'est pas le seul mal qui ravage l'Église appelée. Si la terre qui refuse qu'on l'ensemence, ne se couvrira que de chardons, la terre qui accueille le mauvais grain, porterait-elle de bons épis?

Non, dit le Seigneur; car, si «le maître du champ sème de bonne semence et en recueille du blé, l'ivraie qu'y sema l'ennemi ne donnera point de pain.» C'est la Parole de Dieu qui est la bonne semence: c'est elle, et nulle autre, qui doit être entendue. — Matth. XIII, 27.

Et c'est ici qu'une grande plaie afflige l'Église, «tandis qu'elle se mêle au monde! C'est ici qu'Éphraïm, comme une colombe niaise, donne sa force aux étrangers, et n'en sait rien, et que les cheveux blancs sont épars en lui, sans qu'il l'ait connu.»

Oui, c'est ici la chute et la langueur de ces âmes dévotes, «que le Seigneur se réserve en nos jours, et qui certainement sont pour l'Éternel et son Oint, mais qui, tout en refusant de fléchir le genou devant le dieu du monde, négligent d'interroger elles-mêmes la bouche du Très-Haut, et de s'enquérir avec soin des sentiers des siècles passés, afin de s'y tenir, et ne marchent qu'en tâtonnant, comme des aveugles, et bronchent en plein midi, comme s'il était nuit pour elles.» Ces disciples-là sont bien le champ du Seigneur, et leur désir est bien que sa main les sème...,

... mais, imprudents qu'ils sont! ils ne s'informent pas même de quelle maison viennent les semeurs, ni quel est le grain qu'on leur apporte; et ils se montrent ainsi moins sages pour leurs âmes, que le laboureur pour un peu de pain: car cet ouvrier prendra garde aux poignées de semence qu'il va répandre, tandis qu'eux ferment les yeux et sur l'homme qui parcourt leurs sillons, et sur ce qu'il vient y jeter! — Osée VII, 8-11; Es. XIX, 18; Ex. XXXII, 26; Es. XXX, 2; Josué IX, 14; Jérém. VI, 16; Es. LIX, 10.

Cependant, répondent-ils, quand on leur fait ce reproche, n'est-ce pas toujours la Parole de Dieu qu'un prédicateur annonce? Si les localités, si les formes, si la manière de s'exprimer, ne sont pas les mêmes, pour tous les ministres, ces nuances d'habitudes ou d'opinions ôteraient-elles à l'essentiel sa nature?

Ici je prie qu'on veuille redoubler d'attention et me bien comprendre: car le sujet est vraiment sérieux. Ce n'est ni de la nation du semeur, ni de son vêtement, ni de sa démarche, ni de son geste quand il sème, que je veux parler; mais de la semence, et seulement d'elle; et c'est là-dessus que je supplie «ceux qui ont des oreilles, d'écouter ce que l'Esprit dit aux églises.» Apoc. II, 7.

Or, il déclare, que loin que tous ceux qui se sont dits prophètes, apôtres ou ministres, aient été envoyés par l’Éternel, un grand nombre d'entre eux, au contraire, se sont trouvés être de faux ouvriers, apportant une fausse semence; et que les âmes qui les ont accueillis, par la même imprudence que je reprends à cette heure, n'ont été jamais que des terrains désolés, qui n'ont produit que des épines.

Moïse, «l'ami de Dieu,» en avait prévenu la maison du Seigneur. Il lui avait dit «qu'au milieu d'elle se lèveraient des prophètes et des songeurs de songes, qui, parlant au nom de l'Éternel, cependant ne seraient point envoyés par lui;» et ces séducteurs, «enseignant le mensonge, et faisant accroire aux âmes qu'elles étaient heureuses,» parurent en effet en Israël et en Juda, où le peuple aima leur vanité, malgré les remontrances d'un Ésaïe, d'un Jérémie, d'un Ézéchiel, d'un Michée, et de tous les autres hommes de Dieu, qui répétèrent tout ce qu'avait dit Moïse, et signalèrent aussi les mêmes dangers. — Ex. XXXIII, 11; Héb. III, 2-5; Deut, XIII, 1; XVIII, 20; Es. IX, 14, 15; 1 Rois XIII, 11; XVIII; XXII; Jér. II, 8; V, 31; Lam. II, 14.

De sa propre bouche, «notre grand Dieu et Sauveur, quand il fut manifesté en chair, et qu'il habita parmi nous,» tint le même discours à sa famille. II l'avertit aussi, que «plusieurs faux Christs et de faux prophètes devaient se lever aux derniers temps, pour séduire même les élus, s'il était possible, et que ces loups ravissants se montreraient sous les dehors de douces brebis; mais que son troupeau, docile à sa voix, ne suivrait pas ces mercenaires.» — Matth. XXIV, 11; VII, 15; Jean X, 1-13.

Et comme si de tels avis n'eussent pas été suffisants, le Saint-Esprit les reproduisit avec de nouvelles instances, et par plusieurs bouches.

Ainsi St. Pierre déclara, «que comme il y avait eu dans l'ancien peuple de faux prophètes, il y aurait pareillement, au milieu de l'Église, de faux docteurs, qui introduiraient couvertement des sectes de perdition, et qui rejetteraient le Seigneur.»

St. Jude parla d'eux comme de «gens sans piété, reniant le seul Dominateur, Jésus-Christ, notre Dieu et Seigneur;» et il les compara à des «vagues impétueuses et impures, et à des étoiles errantes, qu'une éternelle obscurité devait engloutir.» St. Jean, aussi, le doux et charitable disciple que Jésus aimait, stigmatisa du nom d'Antéchrists ces faux docteurs, et défendit aux fidèles de les recevoir en leurs maisons, de peur d'être souillés par eux.

Et St. Paul, enfin, usant d'un langage encore plus précis, désigna «les faux apôtres de son temps, et les faux ministres de tous les siècles, comme des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en envoyés de Christ,» et il ajouta, pour que chaque Chrétien y prît garde, que «puisque Satan même se transforme en ange de lumière, il n'est pas étonnant que ses ministres se déguisent en ministres de justice.» — 2 Pier. II, 1; Jude, 4, 13; 1 Jean IV, 1-3; 2 Jean, 9-11; 2 Cor. XI, 13-15.

C'est-à-dire, Chrétiens! que, «si vous voulez recevoir ce que Dieu dit,» loin de répéter cet adage de l'incrédulité, Toute religion est bonne, pourvu qu'on la suive; que loin de vous asseoir à la première table qu'on vous dresse, afin d'y prendre, sans examen, les mets qui vous sont offerts, vous devez, d'abord par honneur pour Dieu, puis, aussi, pour sauver, oui, pour sauver vos âmes, reconnaître et prononcer, que tous ceux qui sont ministres, ne sont pas, pour cela, ministres de Dieu; que tout semeur n'est pas au service du père de famille, et que tout ce qui est semé n'est pas le froment des cieux. D'où vous conclurez, si du moins votre esprit est sage, que ce n'est pas à l'aventure qu'un homme de sens fait à cet égard un choix qui intéresse ou l'éternel salut, ou l'éternelle mort de son âme.

Et si vous demandez comment vous pourrez discerner le serviteur de Christ, d'avec celui du monde, et le bon grain d'avec le mauvais, afin de savoir «quelle est la parole que l'Éternel n'aura pas dite;» voyez, vous répondra-t-on, ce que fait le laboureur, quand il se rend en nos marchés, pour y choisir le grain qu'il doit mettre en terre. S'il doute ici de son discernement, il prend en sa main le peu de grain qu'il avait en réserve, et lui comparant celui qu'on lui présente, il juge sans erreur, et il n'est pas trompé. — Deut. XVIII, 21.

«Allez donc, et faites de même,» et pour une empiète d'une telle importance, ayez tout au moins la même prudence que le laboureur pour la sienne. «À la loi et au témoignage de Dieu.» Ce sont là les sûrs échantillons de la vérité: comparez-leur ce qu'on vous dit, ce qu'on vous annonce, et que nul homme n'abuse ou ne domine ici votre conscience. — Es. LV, 1; VIII, 20; Luc XVI, 8; 1 Cor. X, 15.

C'est ce que firent les Juifs dévots de la ville de Bérée, et l'Esprit-Saint les en a loués. Paul et Silas, chassés de Thessalonique par des Juifs incrédules, s'étaient rendus à Bérée. Là ces Apôtres annoncèrent l'Évangile, à des Juifs aussi, mais qui, plus généreux que les premiers, d'un côté, ne repoussèrent pas, par préjugé, la doctrine nouvelle qu'on leur apportait, et, d'un autre côté, ne la reçurent qu'après examen. «Tous les jours, est-il écrit d'eux, sondant avec soin l'Écriture, ils s'assuraient que les prédications des Apôtres lui étaient conformes;» et pesant ainsi à la balance infaillible de la Parole de Dieu, les enseignements qu'on leur apportait, ils montrèrent deux dispositions excellentes: l'une, qu'ils n'avaient aucune confiance en leur propre sagesse; l'autre, qu'ils ne voulaient que celle du Seigneur. — Act. XVII, 10, 11.

Les blâmerez-vous pour une telle conduite, ou bien, regrettant, peut-être, de ne l'avoir pas imitée, sentirez-vous que l'homme qui, ayant accès au Livre même de Dieu, néglige de lui comparer le discours qu'on lui prêche, néglige d'honorer Dieu; et que, plus ou moins, mettant la main sur la bouche du Très-Haut, il dit à un autre homme, son semblable, Parle: voici ton disciple?

Car enfin, n'est-ce pas le résultat final de cette négligence? Si le disciple servile d'un philosophe, d'un prêtre ou d'un fakir, façonné sous les opinions de son maître, reçoit les formes de leurs mensonges; en quoi différera d'eux l'élève d'un ministre, si l'élève, laissant de côté la Bible, n'écoute, après tout, que cet homme? Ne sera-t-il pas, aussi, modelé sur ce maître-là; et peut-être, alors, n'appellera-t-il point religion de Dieu, ce que Dieu déteste et réprouve?

«Bien-Aimés donc, dit un Apôtre à l'Église, ne croyez pas à tout esprit, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Éprouvez donc les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu.»

Oui, éprouvez-les, Vous qui croyez la Bible! Vous avez le Livre de Dieu;... et quelle est la famille si malheureuse ou si coupable, qu'elle ne l'ait pas!... ouvrez donc, lisez, étudiez et sondez ces oracles de Dieu; et si l'homme le plus vénérable à vos yeux, et le plus cher à votre cœur; si le pasteur qui vous enseigna dès l'enfance; si votre ancien ami; si votre tendre père, vous parle d'un autre Christ, que de celui qu'enseigne le Livre de Dieu; d'une autre justice que de celle qu'enseigne le Livre de Dieu; d'une autre sainteté, d'une autre espérance, d'une autre gloire, que de celles qu'enseigne le Livre de Dieu; alors, «préférant perdre l'oeil droit et la main droite,» plutôt que de mentir à l'Éternel, rappelez sans faiblesse dans votre cœur, et gardez fidèlement cette parole, «Si quelque prophète, au milieu de toi, ou bien si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou ta femme bien-aimée, ou ton intime ami, lequel t'est comme ton âme, te dit, Allons et servons un autre dieu! ne lui complais point, et ne l'écoute point; que ton œil aussi ne l'épargne point, et n'use point de miséricorde, et ne le cache point, — mais que ta main soit la première contre lui, — parce qu'il a cherché à te pousser arrière de l'Éternel ton Dieu.» Qu'alors, ainsi, vous Chrétiens! vous «aimiez Jésus et ses paroles, plus que vos affections, votre repos et votre vie;» et que sa vérité, avec les renoncements et la croix qui l'accompagnent, vous soit préférable à des succès, à des éloges et à toutes les promesses de ce monde.

Ici, Chrétiens! point de timidité, point d'avarice ni de vaine gloire: que Jésus soit tout pour vous, de peur qu'il ne vous soit rien; et que l'exécration que son Esprit prononce et redouble contre un apôtre, et même contre un ange du ciel, si cette créature osait apporter au champ de l'Église une autre semence que celle de l'Évangile, que cette réprobation, cet anathème, sorte aussi de votre cœur et de vos démarches, premièrement contre le chétif ministre qui vous enseigne à cette heure, puis contre les colonnes mêmes de l'Église de Dieu, si nous commettons l'odieuse infidélité de prêcher autre chose que le Livre de l'Éternel, autre chose que les doctrines que vous y lisez vous-mêmes! Alors, laissez-nous et vous séparez de nous: car nous sommes de faux guides! — 1 Jean IV, 1, 2; Deut. XIII, 1-10; Matth. X, 37-39; Gal. I, 8, 9.

Et le vœu que j'ai fait! s'écrie peut-être une âme encore trop ignorante. Et le serment que j'ai prêté devant l'Église, faudra-t-il donc les enfreindre?

Quel vœu, quel serment, je vous prie? Seraient-ce ceux, peut-être, que vous avez faits devant nous, devant notre peuple, quand, pour la première fois, vous prîtes la Cène du Seigneur? Est-ce cet engagement-là que vous opposeriez à l'examen de nos doctrines, et à la fuite de nos convocations, si nous, ministres, nous ne sommes pas fidèles? — Ah! Dieu veuille, ô Chrétiens! que vous gardiez ces vœux et ces serments! Oui, Dieu veuille que, les comprenant bien, vous vous rappeliez aussi que, lorsque vous avez promis de ne jamais renoncer à la Religion chrétienne, et de tout souffrir, plutôt que d'en abandonner la profession, (Voyez ces mots dans la Liturgie de l'Église de Genève, pour la Réception des Catéchumènes à la Sainte Cène.) ce qui fut le vœu et le serment de votre admission à la Sainte Cène, ce fut alors que vous promîtes, et à Dieu même, non pas d'être nos sectateurs ou nos disciples; non pas de porter notre joug ou le joug d'aucun homme; non pas de croire ce que nous, ministres, vous dirions; ni d'être Chrétiens comme le seraient vos parents, vos amis, votre peuple; mais d'être les disciples du Seigneur Jésus; mais de porter son joug; mais de le croire lui, et lui seul; mais d'être Chrétiens comme le sont ceux que le Saint-Esprit enseigne.

Ce fut là votre promesse; ce fut votre serment: et c'est aussi sur cet engagement-là, qui fut pris devant Dieu, et qui n'est point annulé, que vous êtes requis de faire ce qu'il vous enjoint; et pour cela de vous assurer, avant tout, si c'est la Religion chrétienne que nous, ministres, nous prêchons; si c'est bien la vérité, la bonne semence du ciel, que nous, ouvriers, nous apportons dans les sillons de vos esprits et de vos cœurs. Ici donc, malheur, ah! grand malheur, à celui de vous qui fausserait cette promesse! Malheur au disciple indolent, qui, s'obstinant dans ses propres impressions, fuirait l'examen que son serment lui impose! Ah! qu'il y pense avec soin, et qu'il voie si ce refus d'obéir, de quelque prétexte de paix, de quelque illusion de charité, qu'il le revête, n'est pas, en définitive, ou le calcul commode de la paresse, ou la dureté d'un cœur qui n'aime pas Jésus, ou la honteuse servitude d'un esprit, qui, craignant les hommes et leur blâme, a moins peur d'être parjure à Dieu, que de s'exposer au mépris du beau monde et aux quolibets des impies!

Qu'on y pense donc; oui, qu'on y pense! — car elle viendra, elle vient et se hâte cette heure où, nous qui semons maintenant, nous ne sèmerons plus; où les cœurs qu'on ensemence aujourd'hui, ne seront plus ensemencés; où le ministre qui parle et ceux qui l'écoutent mourront; et où, par-dessus tout prétexte, toute illusion, toute controverse et toute crierie, cette déclaration restera vraie, pour le temps et pour l'éternité, Que la première condition que détermine le Sauveur, pour que le bon grain de sa Parole ait son efficace, c'est que ce soit cette Parole-là qui soit entendue, et nulle autre qu'elle.


SECONDE CONDITION.

Qu'un cœur honnête et bon entende cette Parole, et qu'il la retienne.


Vous le savez, laboureurs qui écoutez! ce n'est pas assez que vous ayez semé le meilleur froment: si le sol qui reçut ce grain n'est pas une bonne terre, et si plusieurs labours et de féconds engrais ne l'ont pas préparée, en vain la saison de moissonner viendra-t-elle: vous rougirez de l'avoir attendue. De même, nous dit le Souverain Seigneur de la métairie, pour que le champ d'une âme prospère, et qu'une riche moisson le couvre, il faut que la bonne semence de la Parole de Dieu soit reçue dans le cœur, et que ce cœur soit honnête et bon.

Ce qui signifie clairement, mes Frères, qu'en vain, — selon l'ordre que Dieu vous donne et le serment que vous avez prêté, — vous aurez recherché les ministres du Seigneur Jésus et leur fidèle message, si ce n'est pas votre cœur qui s'approche d'eux, et si ce cœur n'est pas le cœur honnête et bon dont parle le Sauveur. Vous aurez bien découvert, pour étancher votre soif, une source pure; vous vous en serez bien approchés; mais à quoi cette eau, toute vive et salubre qu'elle est, vous sera-t-elle utile, si vos dégoûts ou le désordre de vos membres la changent en poison?

II semblerait d'abord, qu'il doit suffire, qu'un ministre de l'Évangile fasse entendre sa voix, pour que la promesse de grâce qu'il proclame, ait un effet de salut, puisqu'elle est «la semence incorruptible de la vie.» Mais ici, comme en tous ses décrets, l'Éternel a nécessairement associé ses bénédictions aux moyens que sa sagesse leur prépare; et quant à la semence du salut, il a dit, qu'elle sera semée en mort aussi bien qu'en vie; en mort, pour les terres rebelles qui la refusent; en vie, pour les terres dociles qui la reçoivent; en mort, pour les cœurs superbes, incrédules, profanes, qui se jouent d'un tel bienfait; en vie, pour les cœurs humbles et soumis, qui écoulent, parce que c'est l'Éternel qui parle; qui croient, parce qu'il est vérité, et qui obéissent, parce qu'il est amour.

C'est pourquoi, tirer vanité du ministre qu'on entend, et se glorifier de la pureté de ses doctrines, comme si cela composait la foi, c'est dire qu'il suffit que le semeur ait un pas égal, et des mouvements réguliers, et que le froment seul s'échappe de ses mains, pour que la moisson soit assurée.

Répétons-le: si le sol est mauvais, le meilleur grain n'y fera pas de bon fruit. Si la prédication d'un ministre est la vérité, elle n'aura de succès pour le ciel, que si c'est un cœur honnête et bon qui l'écoute. En voici les preuves:

Nul ne dira sans doute, qu'un «Noé, qui fut à la fois un homme juste et intègre et un héraut de la justice,» n'ait pas été un prédicateur de vérité, au milieu de la génération devant laquelle «sa foi bâtissait l'arche.» Ce semeur-là, n'est-ce pas, eut la bonne semence, et il la répandit fidèlement: et cependant, quel fut le résultat de son œuvre? — Gen. VI, 8,9; 2 Pier.II, 5; Hébr. XI, 7.

Nul ne dira non plus, qu'un Moïse, qui reçut de la bouche même de l'Éternel les paroles de la vie, et qui fut le plus courageux, le plus persévérant, comme aussi le plus doux des serviteurs de Dieu, n'ait pas été, devant le peuple, un messager du témoignage et de la grâce du Très-Haut. Ce semeur-là, n'est-ce pas, eut aussi le bon grain et sut le répandre à propos; et cependant aussi, quel fut le succès de sa persévérance?

Nul ne dira encore, que les saints hommes que l'Esprit de Dieu fit parler en Israël et en Juda, qu'un Élie et un Élisée, et qu'un Ésaïe, un Jérémie , un Ézéchiel et tant d'autres, n'aient pas été Ministres de la vérité. Ces semeurs-là, n'est-ce pas encore, reçurent de Dieu le pur froment, et ne semèrent que cela: et cependant encore, quelle fut l'issue de leurs travaux?

Enfin, pour concentrer en une seule toutes les preuves, nul ne dira que «l'Héritier de toutes choses, que le Fils unique, qui est dans le sein du Père,» lorsqu'il nous apporta les paroles de la vie, n'ait pas été le Docteur de la Vérité et le Maître par excellence.

Ce semeur-là, n'est-ce pas, répandit le grain des cieux et en couvrit les sillons: et cependant, que produisit une semence si pure? Elle produisit par les mains du Maître, ce qu'elle avait déjà produit par celles des domestiques. Ce que la Parole de vérité avait rencontré sous le glorieux ministère de Noé, de Moïse et de tous les Prophètes, elle le rencontra sous «le ministère infiniment plus glorieux» du Seigneur qu'ils annonçaient. — Elle avait été presque sans résultat au prix de son excellence, lorsqu'elle était sortie de la bouche des hommes de Dieu; elle fut presque sans résultat, aussi, lorsque Dieu manifesté en chair la publia lui-même; et du cœur du Seigneur Jésus, du Fils même du Très-Haut, comme de celui de ses envoyés, durent sortir ce gémissement et cette plainte: «Qui a cru à notre publication, et à qui le bras de l'Éternel a-t-il été révélé!» — Hébr. I, 1-3; 2 Cor. III, 9; Es. LII, 1.

Et d'où vint ce désordre? Pourquoi la pure semence des cieux fut-elle ainsi nulle pour ces cœurs humains?

Manqua-t-il de force en ceux qui travaillèrent, où d'efficace dans la Parole que le champ reçut? — Ah! ce ne fut alors ni la vérité, ni les compassions de Dieu qui défaillirent, mais ce furent les cœurs des hommes qui se montrèrent déloyaux. «Les bras éternels qui, tout le jour, furent étendus avec miséricorde, et la voix bruyante des entrailles du Seigneur, qui ne cessa de répéter, Me voici! me voici!» ne manquèrent ni de sollicitude pour appeler, ni de puissance pour accueillir et sauver les âmes; mais alors on put voir, durant des siècles, ce qui se vit depuis durant d'autres siècles, et ce qui se voit aujourd'hui: «alors, un peuple rebelle, contredisant, et cheminant au mauvais chemin de ses propres pensées, dépita continuellement en face le Seigneur,» comme il le dépite encore en tant de lieux, où la Bonne-Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus, loin de trouver des cœurs honnêtes et bons, des cœurs heureux de l'entendre, ne rencontre, au contraire, qu'une dure incrédulité, de la malice ou du dédain. — Es. LXV, 1-3; Rom. X, 20, 21.

Qu'en sera-t-il de vous, si vous imitez ces exemples? Si, pendant que les prédicateurs du véritable Évangile accomplissent leur message, vous vous approchez d'eux, les uns, pour savoir «quelles sont ces choses étranges dont ils remplissent vos oreilles;» les autres, parce qu'ayant fait choix d'une certaine doctrine, vous aimez qu'on vous la répète; d'autres, par des convenances de famille, ou de parti; d'autres, enfin, par habitude, ou peut-être, pour de bas intérêts? Si c'est ainsi que vous accueillez cette semence; si c'est là le terrain qui la reçoit, quel «profit aurez-vous retiré de cette prédication?» Quel résultat final en aurez-vous? — Hélas! le résultat qui ne se montre que trop dans tant d'églises! Celui que tant d'âmes parmi vous présentent, même après de nombreuses années de culture, et malgré la profusion de la bonne semence de vérité que répandent les semeurs. — Act. XVII, 19-21; Ézéch. XXXIII, 30-32; Héb. IV, 2.

Si ces semeurs, participants à l'idolâtrie du monde, ne vous eussent apporté qu'une doctrine altérée, qu'un Évangile affaibli, voilé, lié de bandes; s'ils eussent craint les hommes, et que «les trompettes de la convocation qu'ils devaient sonner, n'eussent rendu par leur faute, qu'un son confus;» s'ils vous eussent ainsi flattés, et que «cherchant à vous plaire, ils eussent oublié qu'ils sont serviteurs de Christ,» ce résultat de leurs travaux n'aurait rien qui dût surprendre, et la stérilité du champ, ou le mauvais grain qu'il rapporte, ou la maigreur des bons épis, serait la conséquence toute naturelle du mauvais travail «de mauvais ouvriers.» — Nomb. X, 2, 3; 1 Cor. XIV, 8; Gal. I, 10; 2 Cor. XI, 3; Phi. III, 2.

Mais n'a-ce pas été le bon grain de la Parole que ces serviteurs de Jésus ont semé chez vous, et n'a-ce pas été fidèlement qu'ils l'ont fait? Si leur grande indignité devant leur Maître; si leurs erreurs, leurs fautes, et toute la misère de leur nature ont dû contraster mille fois avec la gloire de leur message, toujours, cependant ce message n'a-t-il pas été celui de la grâce et de la vérité?

Toujours ne s'est-il pas trouvé qu'ils ont été fidèles, lorsqu'ils vous ont déclaré,


Dites-le: quand les Ministres de Dieu vous ont annoncé ces choses, ne s'est-il pas trouvé que, malgré leur grande faiblesse, ç’a été la Parole de Dieu qu'ils vous ont prêchée, et qu'ainsi le bon grain, quelle qu'ait été la personne du semeur, a été jeté dans vos sillons?

Pourquoi donc, puisque telle a été l'œuvre du Maître de la métairie, les champs ont-ils rapporté si peu? — Ah! c'est que la terre, la terre, n'avait pas été préparée! C'est que le sillon est resté dur, maigre et sans labeur.

On est bien venu se placer devant le messager de l'Évangile; on a bien été en repos, pendant qu'il semait; on a bien été frappé de quelques-unes de ses paroles; on a bien retenu «les choses nouvelles» qu'il avait pu dire;

mais le cœur, oui, le cœur, a été tout étranger à ce message et à ces émotions; ce cœur est demeuré distrait, sec, ennuyé; ce cœur n'a su mêler ni foi, ni zèle, ni désir à ce qu'il entendait; et ainsi, dit l'Esprit-Saint, «la prédication ne lui a servi de rien,» et les ministres de la grâce ont dû s'écrier: «Nous avons travaillé pour néant: nous avons en vain appelé: personne n'a répondu; nous avons inutilement, et tout le jour, tendu nos bras vers un peuple rebelle ou indifférent!» — Matth. XIII, 52; Héb. IV, 2; 1 Cor. X, 5, 6; Es. XLIX, 4; Jér. XXXV, 17; Rom. X, 21.

Il fallait donc, vous le voyez,


«Ce que tu as dit est bon: tu nous as dit ce que l'Éternel notre Dieu t'a dit: nous l'avons entendu et nous le ferons!» C'est-à-dire, ô Créatures de Dieu! qu'il fallait d'abord, pour que sa Parole eût en vous son efficace, qu'elle y trouvât un cœur honnête et bon; c'est-à-dire la foi, la révérence et la docilité.

Il fallait aussi, dit le Seigneur, que ce cœur la retînt. Le diligent cultivateur, après avoir fini ses semailles, ne ploie pas encore ses bras. S'il «a mis prudemment le froment au meilleur endroit, l'orge en son lieu assigné, et l'épeautre à la place qui lui convenait, il poursuit son œuvre, en conduisant la herse et le rouleau sur les sillons; car il l'apprit ainsi de Celui qui est admirable en conseil et magnifique en moyens.»

Et ce même Dieu te l'enseigne aussi, ô champ de l'Évangile! ô terre de l'Église! ô cœur honnête et bon, ensemencé par sa Parole! Il te dit aussi de passer sur cette bonne semence la herse de la méditation et de là prière, et le pesant rouleau de la vigilance et de la fidélité; de peur que le grain précieux qui t'est confié, ne soit, ou enlevé par l'orage des tentations, ou hâvi par le soleil de l'épreuve, ou brûlé par la gelée de la paresse et de l'indifférence!

Autrement, à quoi servirait que d'abord votre cœur eût été bien disposé? Quelle puissance auraient cette foi et ce respect du premier moment, si l'inconstance de votre esprit les dissipait?


Ah plutôt! oubliez et abandonnez Dieu tout à fait, et sa Parole et son culte! «Il vaut mieux, beaucoup mieux, pour vous, ignorer ses voies, que de vous en détourner après les avoir connues!» Fermez donc pour toujours la Bible, et dites enfin à ses messagers de se taire, si ce n'est que par moments que votre âme sait l'écouter, et que votre cœur lui est ouvert! — Mais, si déjà vous ne le pouvez plus; si déjà la vérité, avant pénétré ce cœur, y a mis des désirs qui ne mourront jamais, et un «feu que beaucoup d'eaux ne sauraient éteindre,» obéissez donc à ces désirs; laissez donc ces flammes se répandre; et dans l'embrasement d'un tel amour, sachez donc dire au Bien-Aimé de l'Église, «Je suis à toi, et ton désir est vers moi: mets-moi comme un cachet sur ton cœur; car tous les biens ne valent pas ta tendresse, et ta gratuité est pour moi meilleure que la vie!» — 2 Pier. II, 20, 21; Cant. VII, 10; VIII, 6, 7;Ps. LXIII, 3.

Alors, je veux dire si votre cœur est ainsi touché, cette sincérité se montrera par sa persévérance. Il aimera ce que Dieu lui dit: il saura donc le garder. Une parole que Jésus vous aura donnée, comme en passant, deviendra, par son Esprit en vous, l'inépuisable sujet de votre admiration, de vos pensées, de votre grande joie. Un passage, un seul passage de la Bible, que vous aurez rencontré dans votre secrète lecture du matin, sera tout le long du jour, pour votre âme, comme «le gâteau d'Élie au désert;» l'Esprit de Dieu en nourrira votre méditation, en fera sortir pour vous une vigueur céleste, et vous le donnera comme un soutien, si vous êtes lassé!

Une promesse, une seule promesse, qu'aura publiée un messager de l'Évangile, liée, par ce même Esprit, autour de votre cœur, contemplée et sondée dans l'adoration et la paix, répandra sur une longue suite de vos jours, comme un suave parfum de consolation, et sera pour vous la voix toujours fidèle et toujours aimable d'un gardien aussi attentif que puissant.

Une seule déclaration de votre Dieu, une seule des doctrines de la vie, adressée, parce même Esprit, à votre âme, la remplira dé lumière; et la soutenant, comme par la main d'une espérance qui ne sera pas confuse, elle la rendra plus que victorieuse de ses ennemis. Alors vous apprendrez comment, dans l'humilité et le renoncement à lui-même, le disciple qui croit la Parole de Christ et qui la garde, surmonte finalement tout obstacle; et comment après avoir été planté par la grâce du Père, «il s'affermit et s'enracine en la connaissance de Jésus, étant fortifié en toute force, selon la puissance de sa gloire, et fructifiant à toute bonne œuvre, en toute patience et tranquillité d'esprit, dans la joie de Celui qui l'en a rendu capable.» — I Rois XIX, 6,8; Matth. XV, 13; Jean VI, 44; Col. I, 10-12.


TROISIÈME CONDITION.

La bonne semence, reçue et gardée dans un cœur honnête et bon,

y porte du fruit en son temps.


Car si c'est pour le jour de la moisson que le laboureur ensemence, c'est aussi pour la moisson du dernier jour que Jésus sème sa Parole. Le laboureur n'a point d'autre but, quand il travaille la terre, que d'en retirer du fruit: Dieu n'eut pas d'autre but, «en créant en Jésus l'Église,» que de recueillir en elle le fruit de «la louange de la gloire de sa grâce.» Ce n'est donc pas pour soi, mais pour son possesseur, que le champ existe et qu'il est cultivé; ce n'est donc pas pour vous, non plus, Chrétiens! mais c'est pour le Seigneur, que vous êtes vivants et que Dieu vous enseigne.

En serait-il autrement, Enfants de Dieu? Le laboureur, après avoir consumé ses forces à préparer une dure terre, y verserait-il les mesures de ses précieuses graines, dans le seul but de voir une herbe verdoyante parer quelques moments des guérets? Ni l'épi, ni le pain qu'il renferme ne seraient-ils dans ses pensées?

Et le Fils de Dieu, après avoir, pour vous, quitté le séjour des cieux; après s'être, pour vous anéanti jusqu'à la mort, jusqu'à la mort de la croix, ne sèmerait-il en vous les paroles d'une telle grâce, que pour vous voir, quelques moments ici-bas, vous réjouir d'être sauvés de l'enfer? Ce serait pour une telle fin, qu'il aurait consommé son sacrifice, et que l'Esprit vous l'aurait révélé! Ce serait là tout l'Évangile! La religion de Jésus ne serait que cela! On serait donc Chrétien, sans être saint! — On serait donc vivant, tout en restant mort!!

Ah! le Roi de l'Église y a pourvu. C'est un royaume de vie et de lumière que le sien: ce sont des enfants vivants et des enfants de lumière qui l'y servent; et la charte de son règne a, pour base, ces mots, «O vous qui invoquez le nom de l'Éternel! détournez-vous de l'iniquité. Sans la sanctification, nul ne verra le Seigneur.» — 2 Tim. II, 19; Héb. XII, 14.

Montrez donc vos fruits! montrez vos œuvres! crient de toutes parts, dans ce royaume, à quiconque y pénètre, les dix mille voix de la grâce éternelle de Dieu, de l'amour, des douleurs, du sacrifice de l'Agneau; des lois, des enseignements, des promesses de l'Esprit.

Où sont vos fruits? où sont vos œuvres? répètent aussi, et de tous côtés, les traces du Seigneur Jésus; les traces de ceux qui l'ont aimé; les châtiments de sa justice et les bienfaits de ses compassions.

Vos œuvres! vos œuvres! redisent encore, et publient sans se lasser, les serviteurs de ce Maître saint, en montrant à ceux qui les entendent, la mort qui les touche et le jugement qui la suit; l'enfer et ses éternels tourments; le ciel et son éternel bonheur.

Il s'agit donc d'être saint, quand on est Chrétien. Il s'agit de fructifier pour Dieu, quand on est semé en Jésus. C'est d'obéissance que parle l'Évangile de grâce, quand il a pénétré dans un cœur; et c'est votre amour, c'est ce cœur et toute sa puissance, que vous demande votre Dieu, en vous présentant les dix commandements de sa loi teints du sang de Jésus. — Cet acte de Dieu envers vous est solennel; et il attend votre réponse. Que lui direz-vous?... Écarterez-vous avec dédain cette loi et ce sang; et lui montrant le monde et le péché, lui ferez-vous comprendre que votre cœur est «celui d'Horpa,» et qu'ainsi, le peuple et les idoles de Moab, ont plus d'attraits pour vous que la terre de Juda, que l'Éternel et son service? — Ruth I, 14, 15.

Malheur à vous, si tel était votre choix! Vous ne seriez donc que des hypocrites, et votre vaine foi, simulacre mensonger de celle des élus, ne serait, devant le ciel, qu'une basse insulte à la vérité de Dieu, et qu'un mépris à sa toute-science; et devant les hommes, qu'un vil et honteux trafic de vos gestes et de vos phrases, contre les éloges ou le respect de quelques Chrétiens trompés! Et alors, malheur, malheur à vos âmes! car Dieu, «qui ne peut être joué, amenant au plein jour ces calculs cachés dans les ténèbres, et manifestant les conseils secrets de vos cœurs,» saurait bien, en son jour, dévoiler vos ruses, et prononcer contre elles la sentence d'une éternelle mort.

Faites-y donc attention, vous qui peut-être avez oublié ces choses, ou qui jamais ne les avez comprises; vous qui, dévots par habitude, religieux parce qu'il faut l'être, ne voyez, dans l'Évangile, qu'une opinion, et dans la foi des Chrétiens, qu'une religion comme une autre. — Non, qu'elle n'est pas comme une autre; car toute autre laissera le cœur dans le péché, et le péché sans salaire; mais ton Évangile, ô Jésus! mais ta grâce, ô mon Dieu, «maudissant tout péché, et purifiant le cœur par la foi,» fera porter au champ qu'il ensemence de riches moissons de sainteté, qui seront les fruits de ta justice!

Amen! répond l'Église; oui, qu'il en soit ainsi pour moi! Qu'elle soit bénie cette Parole que le Seigneur m'envoie! Et puisque «sa grâce salutaire m'est apparue, m'enseignant que je renonce à l'impiété et aux passions mondaines, et que je vive, en ce présent siècle, sobrement, justement et religieusement,» amen! Qu'il en soit ainsi! que j'attende, en ces œuvres-là, pour lesquelles je fus créée, la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de mon Dieu et Sauveur Jésus-Christ; car c'est pour moi qu'il s'est donné, pour me racheter de toute mauvaise œuvre, pour me purifier, pour se faire de moi un peuple qui lui appartienne, et qui soit zélé pour lui plaire! — Amen donc! Que sa puissance s'accomplisse en moi, et que tout en moi, qui suis son Épouse, l'esprit entier, l'âme et le corps, soit conservé pur et sans reproche, pour l'avènement de mon Bien-Aimé! — Tite ll, 11-14; Éph. II, 10; 1 Thess. V, 23.

Ainsi parle l'Église, c'est-à-dire tout enfant de Dieu. Tel est donc votre langage, mes Frères, «si du moins l'Esprit de Christ habite en vous.» La sainteté à l'Éternel! Tel est le mot d'ordre de la milice chrétienne, combattant sur la croix; et c'est la foi et la patience qui le lui donnent en même temps; la foi, qui lui montre son Roi; la patience, qui lui dit de l'attendre.

Il est vrai, Chrétiens, que cette dernière condition de l'œuvre parfaite de Dieu en vous, que cette patience, dans laquelle vous devez porter les fruits de la Parole, échappe facilement aux regards de la foi, qui, contemplant plutôt la couronne que tient notre Chef, que les dangers et l'épreuve qui la précèdent, avance bientôt la main pour la saisir, en fermant les yeux sur le travail qui l'en sépare. Mais cette erreur est trop dangereuse, pour que notre Roi nous y laisse; et s'il nous dit, Portez des fruits, il nous dit aussi, «Portez vos fruits avec patience.»

Car c'est par degrés que s'accroît «la Plante de renom; c'est par degrés que l'intérêt des talents s'augmente à la banque; c'est par degrés que le royaume de Dieu s'étend, que la vie de Jésus se développe en ses membres, que le vieil homme tombe et diminue, que le nouvel homme s'élève et s'affermit, que le fruit excellent du sarment vivifié, se gonfle et mûrit par la sève du cep qui l'alimente.» — Es. V, 7; Ézéch. XXXIV, 29; Matth. XXV, 16; XIII, 31, 33; Phil. III, 14; IV, 8; Rom. VII; Jean XV, 1-8.

Ici donc est l'œuvre de la foi: «celui qui a cru ne se hâtera pas,» ne se dépitera pas; ne sera ni lassé, ni découragé.

«Je suis avec toi, lui dit son Seigneur; je t'ai pris par la main droite, et nul ne te ravira de ma main; c'est en fermeté que je t'aime; c'est de tout mon cœur et de toute mon âme. Qu'une mère, s'il est possible, oublie et délaisse son petit enfant, et qu'elle se montre cruelle envers celui qu'elle allaite; pour moi, mon enfant, je ne te laisserai point, et ne t'oublierai point. J'ai plaidé la cause de ton âme, et tu m'appartiens pour toujours. Si donc tu passes par les eaux, même par les profondes eaux, elles ne te noieront point, et si tu passes par le feu, il ne te consumera point. Garde seulement la parole de ma patience, en sachant et croyant que moi, ton Sauveur et ton Dieu, qui ai commencé dans ma grâce cette bonne œuvre en toi, je l'achèverai, je la consommerai dans cette même grâce, afin que tu sois trouvé pur et sans reproche en ma grande journée; en ce jour, où tu seras parmi mes plus précieux joyaux.»

C'est là ce que dit l'Éternel à son enfant; et cet enfant, qui croit son Dieu, «l'attendra s'il tarde,», car Dieu lui a dit aussi «qu'il ne manquera pas de venir.» — Es. XXVIII, 16; Ps. XVIII, 35; LXXIII, 23; Jean X, 29; Jérém. XXXII, 41; Lam. III, 58; Es. XLIX, 15; XLIII, 2; Apoc. III, 10; 1 Cor. I, 8,9; 1 Thess. III, 13; Mal. III, 17.

Qu'il s'en faut donc qu'il ait reçu la bonne Parole et qu'il la garde, l'homme qui, se disant Chrétien, s'étonne de rencontrer des difficultés, des mécomptes, des sacrifices ou des délais sur le chemin de la foi! Qu'il serait ignorant ou dépourvu de sens, le semeur, qui, ayant terminé ses travaux, se lèverait au milieu des nuits, pour épier la sortie et les progrès du germe, et qui se lamenterait de ses lenteurs, ou du retard des saisons! Que cet homme-là serait irréligieux, et peut-être impie, s'il «s'en prenait au Dieu-Fort, et qu'il lui dit, Pourquoi l'as-tu fait ainsi!» Et le Chrétien, dans l'âme duquel les paroles et les promesses du Seigneur sont descendues, aurait-il plus de sagesse ou de piété, si, mécontent de ne pas obtenir d'une seule saison de sa vie, ce qui ne sera recueilli qu'à la fin de sa courte année, il disait à Jésus, qu'il «y a du retardement en ses promesses,» ou que son Esprit a défailli? Et ne serait-ce pas le lui dire, que de rejeter son joug et son fardeau, que de repousser la croix que le Sauveur a mise dans les tentations, dans les épreuves, dans les afflictions, les ennuis et les langueurs que son Épouse bien-aimée doit trouver au désert, en se rendant de l'Égypte du monde dans la Canaan des cieux?

Qui donc méconnaîtrais-tu, cher Enfant de Dieu! si, béni comme tu l'es déjà par la révélation de la volonté de ton Père en Jésus, tu te défiais, par impatience, de l'enseignement secret de son Esprit? Ne serait-ce pas cet Esprit même, que tu méconnaîtrais et dépiterais; et par cette grande faute, ne te priverais-tu pas, à la fois, des douceurs de la vérité que tu connais, et de cette «joie ineffable et glorieuse, dont se réjouit l'Église, lorsqu'elle est éprouvée?»

Ah! mes Frères, c'est ici plutôt qu'est la patience, qu'est la persévérance des saints et leur fidélité. C'est ici, que, «fortifiés en leur Seigneur et en la puissance de sa force, et revêtus de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister au mauvais jour et tout surmonter, ils veillent à la prière en tout temps, avec une entière persévérance.»

C'est ici que les athlètes spirituels, «pensant à la couronne de justice que leur juste Juge leur réserve, entourés qu'ils sont de la nuée des témoins qui les précédèrent, rejettent tout fardeau, repoussent tous les pièges du péché, et concentrant leurs regards sur Jésus le chef et le consommateur de leur foi, poursuivent vaillamment la course qui leur est assignée.» C'est donc ici, Bien-Aimés, que pour vous aussi, qui courez dans la même lice, la patience et la persévérance sont les premiers devoirs; et que porter votre fruit en attendant le Seigneur, est toute votre sagesse, comme c'est aussi votre sûreté. — Éph. VI, 10-18; 2 Tim. IV, 7,8; Héb. XII, 12.

Oui, mes Frères, c'est votre sagesse et votre sûreté. Car enfin, voyons ce qui vous est demandé. Vous convenez que c'est «la grâce et la vérité que le Seigneur Jésus a semées» en vos âmes, par sa Parole et son Esprit; et ces dons sont pour vous la semence du salut: le salut même.

Vous espérez aussi les avoir reçus dans un cœur que sa miséricorde avait préparé, et qu'il a rendu docile; et votre désir est d'en connaître toujours plus la puissance, et de les garder jusqu'à la fin. Certainement vous seriez affligés, si Dieu vous disait que sa Parole doit défaillir en vous, un mois, un jour avant votre départ d'ici-bas, et qu'ainsi ni sa grâce ni sa vérité ne vous accompagneront au-delà du tombeau. C'est-à-dire, mes Frères, que vous croyez que votre âme est ensemencée, par l'Esprit même de Jésus, pour le jour de l'éternité, et que vous adorez Dieu, en exaltant sa clémence et cet ineffable bienfait. C'est donc, non point de procurer à votre âme un tel trésor qu'il s'agit pour vous, puisque l'amour infini de Dieu vous l'a donné: mais ce dont il s'agit maintenant, c'est que le fruit de sainteté que sa Parole a fait naître en vous, s'y forme, s'y développe et s'y mûrisse, tellement, que toujours avec votre Dieu, enseignés par son Esprit, par lui placés sur le sentier qu'il vous trace, vous y receviez sans surprise et sans plainte, le travail ou le repos, les douceurs, ou les croix; et que, remplis d'amour, vous avanciez, d'un cœur soumis et d'un pas égal, vers la saison de maturité, vers cette heure où le fruit de votre constante foi sera recueilli pour les cieux.

Où est donc ici votre sagesse; où est ici votre sûreté? N'est-ce pas, Enfants chéris d'un tel Père! que vous soyez, sous son regard et dans ses mains, ce qu'est le grain qu'il a béni, dans le sillon qui le voit croître?

Or, ce grain, pût-il sentir et vouloir, aurait-il de la sagesse, s'il trouvait qu'il reste trop longtemps à germer, à s'accroître, à mûrir; et serait-ce pour sa prospérité, qu'il essaierait de se soustraire aux vents ou aux frimas, aux pluies ou aux orages, aux ténèbres des nuits, ou aux feux brûlants du jour?

Et vous, Chrétiens! qui pouvez sentir et vouloir en Jésus, seriez-vous sages, si vous trouviez qu'il vous laisse trop longtemps dans la faiblesse et l'humilité; qu'il diffère trop ses enseignements intérieurs, vos progrès, votre développement spirituel, le dépouillement de vos péchés, et les riches dons de ses grâces et de ses privilèges?

Et serait-ce votre sûreté, si «rebutant, ou tout au moins, méconnaissant la discipline du Seigneur,» vous pensiez qu'il serait meilleur pour vous d'être exemptés de l'épreuve, et que les fruits de foi, d'obéissance, de résignation, de douceur, de bonté, de renoncement, de courage et d'espérance doivent, ou manquer en vous, ou bien se produire en dehors des tentations et des combats, des prières et des secours, des humiliations et des délivrances que le Seigneur Jésus rencontra lui-même, et dont sa prudence et sa fidélité composent le chemin de son peuple?

Ne sentez-vous pas, au contraire, qu'ici votre sagesse et votre sûreté, c'est d'entrer simplement et de tout votre cœur dans ce sentier, quel qu'il soit à vos yeux, sachant qu'il n'est que ce que l'a fait Jésus; que c'est de vous tourner vers les combats et les épreuves, «d'un visage tout aussi résolu, qu'était celui de votre Sauveur, quand il se rendait à Jérusalem,» pour y mourir pour vous; que c'est de fermer les yeux de votre chair, de tendre les deux mains de votre âme, de les laisser lier par votre Père, et d'avancer sans résistance?

Car enfin, chers Enfants de Dieu, si c'est ce bon Père qui vous conduit, vous trompera-t-il, et sera-ce pour vous perdre, ou pour vous affliger à dessein, qu'il vous mènera dans l'épreuve? «Celui qui, pour vous, a donné son Fils unique, et qui ne l'a point épargné, mais qui l'a mis à mort et l'a maudit,» se jouera-t-il d'une âme qu'il racheta par une telle rançon; ou peut-être se méprendrait-il sur la manière dont il doit en elle consommer son amour? Ou bien plutôt, ce bon Père n'a-t-il pas déjà pesé le fardeau d'ennui ou de douleur que vous devez prendre, et mesuré le chemin où vous devez le porter? Comme aussi, ô gens de peu de foi! son Esprit, toujours puissant et toujours charitable, n'y a-t-il pas déjà placé, et ne vous y oftrira-t-il pas, chaque jour et à toute heure, les forces, les encouragements, les repos, les relèvements et l'espoir glorieux qui vous rendront «plus que vainqueurs en lui?»

Ne dites donc plus, ne dites jamais, ô cœurs ensemencés par l'Évangile! que la saison de votre Dieu tarde trop: encore moins, que la semence de la vérité croît au milieu de trop de douleurs.

Si vous ôtiez de votre vie un de ces jours d'épreuve qui vous paraissent si longs, une de ces intempéries qui vous semblent si funestes, vous ôteriez à l'épi de votre foi un de ses grains, et à votre âme, donc, une portion de sa vie. Ici n'est point d'erreur. La métairie est bien conduite: Jésus y règne et l'Esprit-Saint y agit: Qui de vous se lèvera pour leur enseigner leurs voies; pour mettre ce qu'il présume, ce qu'il désire, à la place de leurs décrets, et pour leur montrer de quelle manière, enfin, l'éternel fruit de la vie se forme et mûrit dans les élus du Père!

C'est à genoux, Chrétiens! c'est la face dans la poudre, qu'il nous faut ici rester, en adorant dans nos cœurs ce grand Dieu qui «nous a aimés le premier, quand nous étions sans force; qui nous a réconciliés avec lui-même, par la mort de Jésus, quand nous étions ses ennemis; et qui, beaucoup plutôt, maintenant que nous sommes réconciliés, nous sauvera, nous bénira, nous rendra saints et heureux en ce Fils, qui est vivant pour nous, et dont l'Esprit nous a scellés pour l'éternité.» 1Jean IV, 10,19; Rom. V, 6-10; VIII, 30-38; Eph. I, 13,14

.

***


Aussi, mes Frères, terminant ici cette exhortation, c'est à votre Sauveur lui-même et à sa fidélité que je vous adresse. Il vient de semer en vos cœurs la Parole de son amour: si vos cœurs, honnêtes et bons devant lui, l'ont reçue avec foi et la gardent avec vigilance, cette Parole, efficace par le Saint-Esprit, vous enseignera et vous rendra sages.

Elle vous a dit trois choses:


et ces trois choses, ces trois vérités, vous ont été données par le cœur même de votre Dieu, par ce bon et immuable Sauveur, qui a été présent, pendant qu'elles vous étaient rappelées, et qui tient en ce moment ses yeux arrêtés sur vous.

Parlez-lui donc, vous-mêmes, dans vos cœurs, car il entendra leur voix; et dites-lui, — si c'est en effet votre vœu! — que, désirant garder ses paroles, vous attendez, de son amour, qu'il vous dispense abondamment «le Consolateur qui vous est promis, et qui, par la puissance qui agit en nous avec efficace, peut faire infiniment plus que tout ce que demandent et pensent vos âmes.»

Heureux, oui, bienheureux serez-vous, si, «ayant reçu des oreilles pour entendre, vous avez en effet écouté la voix du Seigneur!»

FIN.



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