Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


BÉTHEL

SERMON PRÊCHÉ À LA BRÉVINE


flam

Ce discours est publié pour répondre au désir de quelques-uns de mes paroissiens.


C'est ici la maison de Dieu,

C'est ici la porte des cieux

Genèse XXVIII 17.



Mes frères!


D'après la date inscrite (On trouve en plusieurs endroits sur les murs du temple la date de 1650) sur les murs extérieurs de ce temple, il y a maintenant tout près de 260 ans, que vos ancêtres, les anciens habitants de ces montagnes, élevèrent ce sanctuaire à l'Éternel. Jusque-là, paroissiens du Locle, c'est-à-dire séparés de leur temple par une distance de plus de trois lieues, ce fut avec joie et avec empressement, qu'ils concoururent tous par des sacrifices volontaires et par leur travail personnel, à la construction de ce nouveau lieu de culte; et telles étaient en ce temps-là la faim et la soif d'ouïr les paroles de l'Éternel, que pendant treize ans le culte se tint sans aucun concours de l'autorité, et le pasteur fut salarié par les habitants de ce lieu. (D'après les archives de la cure, ce ne fut qu'en 1617 que «le prince» accorda aux paroissiens des Chaux d'Estalières une pension pour leur ministre, que jusque-là ils avaient entretenu du leur.) 

Deux siècles et demi nous séparent de cette époque; de nombreux serviteurs de Jésus-Christ ont exercé dans cette enceinte les fonctions les plus solennelles de leur ministère; bien des générations de fidèles ont passé par ce sanctuaire; puis, après avoir, pendant quelques années, adoré l'Éternel dans ces lieux, les pasteurs et les troupeaux sont descendus dans le sépulcre; ce village lui-même a été plusieurs fois visité par des fléaux destructeurs (Surtout par le grand incendie de 1831); mais au milieu de tous ces changements, le temple de Dieu est resté debout; chaque génération a pu se contenter de l'entretenir et de le restaurer. Notre tour était venu, mes frères; dans l'intérêt de notre culte, certaines réparations, certains changements étaient devenus nécessaires; vous l'avez senti et vous vous êtes courageusement mis à l'œuvre; malgré la crise industrielle et financière que nous traversons encore, les matériaux et les fonds se sont promptement trouvés; et l'ouvrage s'est accompli dans l'espace de quelques mois.

Mais cette restauration de notre temple serait-elle complète, si elle n'était couronnée par une nouvelle consécration à l'Éternel? Si nous n'appelions sa bénédiction sur nous et sur l'œuvre de nos mains? Non, mes frères; vous l'avez senti comme moi; et répondant à mon appel, vous êtes venus en grand nombre dédier de nouveau au Seigneur son sanctuaire restauré. Soyez bénis, vous tous qui venez ici au nom de notre Dieu! Puisse notre culte de ce jour lui être agréable! Puisse-t-il produire des fruits nombreux de vie éternelle et de salut.

Dans ce but, je voudrais que cette prédication gravât d'une manière durable dans vos cœurs la parole que j'ai choisie pour texte: C'est ici la maison de Dieu; c'est ici la porte des cieux. Rapprochant d'abord les circonstances où elle fut prononcée par le patriarche Jacob des circonstances où nous nous trouvons; je grouperai ensuite autour de cette parole toutes les bénédictions célestes qui découlent du sanctuaire terrestre; enfin, je vous montrerai à quelles conditions ces bénédictions peuvent demeurer notre partage, et se répandre abondamment sur nous comme elles se sont répandues sur nos pères.

Seigneur! Que ton Esprit soit avec moi! Que ta force éclate dans ma faiblesse! Que, semblable à ton serviteur Jacob, beaucoup de membres de ce troupeau trouvent ici-bas leur Béthel, et là-haut la Canaan céleste! Amen.


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Jacob avait trompé son père, et par une ruse indigne il avait su enlever à son frère la bénédiction du premier-né. Dès lors, sa vie tout entière fut une longue suite de douleurs; trompé à son tour par Laban son oncle, puis plus tard. Par ses propres enfants, il semble que Dieu ait voulu constamment lui rappeler le péché de sa jeunesse et lui en faire goûter les fruits amers.

Cependant au milieu de toutes ces épreuves, la bénédiction de Dieu l'accompagne; l'Éternel ne veut punir en lui que le péché, mais il a compassion du pécheur; et dès l'entrée de ses tribulations, au moment où livré sans doute à ses remords, il s'enfuit loin de la maison de son père et quitte la terre de la promesse, Dieu lui apparaît à Béthel. C'est dans une vision magnifique que Jéhovah se montre à son serviteur. Pendant son sommeil, Jacob aperçoit une échelle qui s'élève de la terre vers les cieux.

Les anges de Dieu montent et descendent par cette échelle, comme pour porter ses prières au ciel et en faire descendre l'exaucement; et au sommet de l'échelle se tient l'Éternel lui-même, dont la bouche prononce les plus consolantes promesses.

Ainsi Jacob l'entend; malgré ses transgressions, son Dieu ne l'a point abandonné; ce n'est pas seulement dans la tente des patriarches, c'est en tout lieu que l'Éternel contemple le pécheur et qu'il est attentif à ses cris; Celui que ses pères ont adoré en Canaan, il pourra l'adorer encore sur la terre étrangère, il pourra encore s'approcher de Dieu, et Dieu s'approchera de lui; Dieu sera avec lui partout où il ira; dès lors, mes frères, Jacob se sent fort pour continuer son triste pèlerinage.

Certainement, s'écrie-t-il, dans son étonnement et dans sa joie, l'Éternel est en ce lieu-ci et je n'en savais rien.

Dieu est partout avec ceux qui le cherchent, et le pécheur repentant peut s'approcher sans crainte de son trône. Voilà la grande révélation que Jacob reçut à Béthel: et c'est à cause de la lumière toute nouvelle qui vient de se lever dans son âme, que ce lieu lui inspire une vénération profonde et qu'il s'écrie: C'est ici la maison de Dieu; c'est ici la porte des cieux!

D'après tout ce que nous venons de dire, mes frères, ce serait bien mal comprendre la pensée du patriarche, que de croire que désormais il ait restreint la présence de Dieu, au lieu où il venait d'avoir cette vision. Non, s'il dresse en Béthel une pierre monumentale, c'est pour consacrer tout particulièrement ce lieu, où pour la première fois il a appris la grande nouvelle que Jésus annonça plus tard à la pécheresse de Samarie: «Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité.»

Rapprochons maintenant, mes frères, les circonstances où se trouvait alors Jacob, des circonstances où nous nous trouvons nous-mêmes.

Ne sommes-nous pas comme lui des pèlerins engagés dans un long et pénible voyage, bien éloignés encore du but, emportant en tout lieu avec nous le souvenir de nos péchés et de la justice divine qui condamne le pécheur?
N'aurions-nous pas mérité comme lui que Dieu nous eût abandonnés, qu'il nous eût laissés traverser en gémissant toutes les épreuves, les misères, les angoisses de la vie, qui sont les fruits amers du péché?

Mais d'un autre côté, n'avons-nous pas vu aussi comme Jacob cette échelle qui s'élève de la terre souillée vers le séjour de la sainteté et de la gloire, cette échelle par laquelle nos prières peuvent monter devant l'Éternel et ses grâces descendre dans notre cœur? N'avons-nous pas entendu aussi, non point en vision, mais par la propre bouche du fils de Dieu, cette voix qui nous crie du ciel: Je serai avec toi partout où tu iras; malgré tes péchés, tu pourras t'approcher encore de moi, et je m'approcherai de toi?

Oui le temps est venu, où pour adorer le Père, il n'est plus besoin de monter à Garizim ou de se rendre à Jérusalem; le temps est venu, annoncé par le prophète, où Celui qui demeure dans l'éternité et duquel le nom est Saint, habite en tout lieu avec l'homme qui a le cœur brisé et qui est humble d'esprit; et cependant, adorateurs en esprit et en vérité, vous aussi vous avez votre Béthel; vous aussi vous connaissez un lieu tout particulièrement saint, à cause du souvenir de tant de grâces que Dieu vous y a données, à cause de tant de bénédictions célestes que vous y recevez encore.

Ce lieu, votre Béthel à vous, ce n'est point une pierre monumentale dressée au milieu de la campagne; c'est l'humble sanctuaire du lieu de votre naissance ou de votre habitation; c'est le temple où vous célébrez votre culte et dont vous ne devez pas craindre de dire, ce que Jacob dit de Béthel: C'est ici la maison de Dieu; c'est ici la porte des cieux.


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Avez-vous quelquefois pensé, mes frères, à cette bénédiction toute particulière, de posséder parmi les maisons de ce village une maison dont on puisse dire: c'est ici la maison de Dieu?

Sans doute que la maison de chaque chrétien devrait être une maison de Dieu, un sanctuaire à l'Éternel; mais hélas! que nous sommes loin encore du temps où il en sera ainsi. Il est vrai, dans nos maisons, le nom de Dieu est quelquefois invoqué; mais souvent aussi dans ces mêmes maisons, ce saint nom est oublié et profané; dans nos maisons la Parole de Dieu est quelquefois lue, mais plus souvent, je le crains, négligée; dans nos maisons on vit quelquefois dans la sainteté et dans la charité, mais que de fois aussi n'y vit-on pas dans la vanité mondaine et dans la discorde!

Nos maisons, des maisons de Dieu! des sanctuaires à l'Éternel! mes frères, que vous en semble? ne sont-elles pas plus souvent les demeures du péché, du monde et de Satan?...

Mais voici pour toute âme qui a faim et soif du salut, une vraie maison de Dieu, où tout lui rappelle la présence de son Créateur et de son Rédempteur; voici pour toute âme faible et menacée par les séductions du monde, un refuge salutaire où tout lui crie: Le monde passe avec sa convoitise; voici le lieu où peuvent s'abriter entre les bras de leur Père céleste, au pied de la croix de leur Sauveur, tous les pécheurs fatigués et angoissés, travaillés et chargés; voici une maison dont la simple présence nous dit, que malgré toutes nos infidélités, nous sommes encore le peuple de Dieu.

Sanctuaires de l'Éternel, refuges des pêcheurs, n'êtes-vous pas aussi une protestation solennelle contre le matérialisme et l'incrédulité, qui tendent à envahir nos sociétés modernes? Oui, aussi longtemps que vous ne serez renversés par aucun pouvoir hostile, aussi longtemps que vous serez entourés de quelque respect, les peuples chrétiens appartiendront encore à l'Éternel, et le temps de sa patience se prolongera encore pour nous et pour nos descendants! Cependant, ne l'oublions pas, mes frères: souvent déjà, soit pour éprouver son peuple, soit pour le châtier, l'Éternel a permis que ses autels fussent détruits et ses sanctuaires renversés! C'est alors que beaucoup de chrétiens ont appris à soupirer après les parvis de l'Éternel. Pour nous, qui n'avons point été appelés à passer par des épreuves pareilles, n'oublions pas que la conservation prolongée de cette maison de Dieu est une bénédiction de l'Éternel; et craignons que notre ingratitude ne nous rende indignes de ce bienfait!

Il y a une bénédiction toute spéciale dans le simple fait de posséder une maison de Dieu au milieu de nous; vous vous en convaincrez mieux encore, en appliquant à ce sanctuaire la seconde des paroles de notre texte: c'est ici la Porte des cieux.

Entrer dans le ciel, devenir des citoyens de la patrie céleste, hériter de l'héritage qui ne peut se souiller ni se flétrir; - mes frères, c'est là le but de notre existence et l'objet de nos plus ardents désirs. Mais si nous sommes sincères en disant que nous désirons entrer au ciel, passons par le parvis que Dieu nous ouvre, passons par le sanctuaire terrestre. Qu'il devienne pour nous la porte des cieux!

Je le sais, il est des circonstances exceptionnelles, où l'homme peut entrer dans le ciel, sans passer par cette porte. Ainsi le déserteur du temple, plongé pendant une vie entière dans l'incrédulité et la mondanité, peut être quelquefois sur son lit de mort converti par un miracle de la grâce; ainsi le chrétien, appelé à vivre en dehors de la communion de l'Église, peut trouver dans la Parole de Dieu toutes les forces qui lui sont nécessaires, pour continuer et achever son pèlerinage vers la Canaan céleste; ainsi le malade, le vieillard, peuvent demeurer unis au Sauveur, tout en restant longtemps privés des bénédictions du culte public; mais en dehors de ces cas exceptionnels, l'homme qui délaisse le temple, se prive volontairement des bénédictions les plus précieuses.

Quant à la piété de ceux qui prétendent chercher le ciel, sans passer par aucun sanctuaire terrestre, et qui peuvent se contenter, comme ils le disent, de s'édifier à la maison, l'expérience prouve que ce n'est point là la piété des vrais adorateurs en esprit et en vérité.

D'un autre côté, en affirmant que le temple est la porte naturelle que Dieu nous ouvre pour aller au ciel, nous ne disons point que tous ceux qui passent par cette porte entrent nécessairement dans le ciel.

Même dans l'enceinte du temple, le sentier de la vie demeure étroit, et c'est la voie large qui mène à la perdition. Que d'hommes, qui même en fréquentant le culte, n'apprennent jamais à voir le ciel ouvert! que d'hommes, qui ne franchissent le seuil du sanctuaire que pour obéir à un usage reçu, et qui, craignant sans doute d'avoir trop fait pour leur salut, se hâtent, avant la fin du dimanche, de se retourner vers le monde et vers ses convoitises! ainsi il en est qui passent leur vie dans un va-et-vient continuel; pendant une heure de la semaine ils cherchent à avancer vers le ciel; puis pendant sept jours entiers, ils se remettent en route pour l'enfer.

Pour ceux-là, je n'ai pas besoin de le prouver, le temple ne peut être la porte des cieux.


Mais tout malentendu sur ce point étant écarté, cherchons à comprendre comment et dans quel sens, le sanctuaire terrestre peut être appelé la Porte des cieux.

Suivons le chrétien dans sa course à travers la vie, depuis le départ jusqu'à l'arrivée, depuis le berceau jusqu'à la tombe. C'est ici, c'est dans ce sanctuaire, que tout jeune encore il est reçu dans l'alliance divine par le signe sacré du baptême; hélas, que de fois n'est-ce pas en tremblant que nous administrons ce saint sacrement, en pensant à la lutte difficile qui va commencer pour le jeune bourgeois des cieux, en pensant surtout au peu d'importance qu'un si grand nombre de parents attachent à leurs engagements, et aux exemples funestes qu'ils donneront bientôt à leurs enfants. Cependant, nous le sentons aussi, à côté des parents ou à défaut des parents, Jésus est là; dès maintenant il a marqué l'enfant de son sceau; et en franchissant pour la première fois le seuil du sanctuaire terrestre, l'enfant* chrétien a fait le premier pas dans la voie qui peut le conduire au ciel.

Les années se passent, et bientôt l'adolescent franchit de nouveau le seuil du temple, pour apprendre à connaître les sentiers du salut. À cet âge où semblable à un jeune arbre tendre et flexible, il écoute encore avec docilité les instructions de la Parole de Dieu, c'est ici qu'il se sent fortifié, si les pieuses exhortations de son père ou de sa mère sont confirmées par celles de son Dieu; c'est ici que le malheureux enfant, abandonné par ses parents ou entouré de mauvais exemples, peut apprendre à connaître le Dieu qu'il ignore et trouver la porte des cieux.

L'instruction religieuse est achevée; le jeune homme, la jeune fille, connaissant l'amour de leur Dieu et désirant l'aimer de retour, se présentent encore une fois dans le temple, pour confesser leur foi et y prendre les plus solennels engagements.

Vous tous qui avez passé par-là, s'il y a eu un moment dans votre vie où toutes choses vous semblaient comme de la boue en comparaison de l'excellence de la connaissance de Christ, en comparaison de la possession du ciel, dites, n'était-ce point ce moment-là, et ne l'avez-vous pas senti alors: C'est ici la porte des cieux?

Dès lors vous êtes revenus dans ce temple, en des temps et des circonstances bien diverses; mais y êtes-vous jamais revenus, sans que Dieu vous offrît quelque grâce nouvelle, quelque force nouvelle, pour marcher dans le chemin du ciel?

Combien de fois à sa table sainte, ne vous a-t-il pas donné les gages infaillibles de votre pardon et de votre adoption?
Combien de fois déjà, par sa Parole et par la voix de ses serviteurs, ne vous a-t-il pas réveillés quand vous étiez morts, réchauffés quand vous étiez tièdes, relevés quand vous étiez tombés, consolés quand vous étiez affligés, fortifiés quand vous étiez abattus?

Époux chrétiens, où avez-vous mieux senti qu'au pied de ces autels, que votre union devait avoir pour résultat de vous affermir l'un l'autre dans votre course vers le ciel?

Parents chrétiens, où avez-vous mieux compris la sainteté de votre tâche, et le devoir d'élever vos enfants pour l'éternité?

Maîtres, où avez-vous mieux appris à être justes et équitables envers vos serviteurs, en pensant que vous avez vous-mêmes un Maître dans le ciel?

Serviteurs, où avez-vous mieux appris à servir fidèlement vos maîtres, en attendant votre récompense du Dieu que vous servez?

Pauvres de la terre, où avez-vous mieux appris à vous confier en votre Père céleste?

Riches, où avez-vous mieux appris à ne point vous confier en vos richesses périssables?

Frères et sœurs de tout âge et de tout rang, où vous êtes-vous mieux sentis enfants du même Père, et partant plus unis par la charité?

Jeunes gens, où avez-vous mieux pu vous arracher aux soucis et aux folles pensées du monde, pour ne penser qu'à votre vraie patrie? Vieillards, où avez-vous mieux pu vous retremper dans la foi et dans l'espérance, pour regarder sans crainte la mort?

Magistrats, où avez-vous mieux senti l'importance des fonctions qui vous sont confiées? et nous-mêmes, pasteurs, où nous sommes-nous mieux souvenus que nous avions à conduire les âmes dans les sentiers de la vie éternelle ?...


Dites, n'est-ce pas ici notre Béthel? n'est-ce pas au sanctuaire terrestre que se rattachent nos meilleurs souvenirs et nos meilleures espérances?

Oui, l'Éternel veut que de ce lieu découlent pour nous tous, les bénédictions les plus précieuses. C'est ici que nous pouvons trouver l'entrée des tabernacles célestes, le parvis du temple éternel qu'habitent les saints et les chérubins.

C'est ici que nous pouvons connaître imparfaitement, pour connaître un jour là-haut comme nous avons été connus;

C'est ici que nous pouvons apprendre à obéir, et nous préparer à servir Dieu nuit et jour dans son temple céleste;

C'est ici que nous pouvons demander et recevoir des grâces, que là-haut nous posséderons dans toute leur plénitude;

C'est ici qu'en chantant les cantiques de la foi et de l'espérance, nous nous préparerons à chanter là-haut le grand cantique de la délivrance: à celui qui nous a sauvés et à l'Agneau soient honneur, louange, gloire, force, empire et magnificence aux siècles des siècles!

Sois donc béni, ô notre Dieu, toi qui nous as donné ce Béthel et qui nous l'as conservé!

Que par ta grâce, il demeure pour nous, pour nos enfants et pour nos descendants, ce qu'il a été pour nos pères, une maison de Dieu, une porte des cieux!


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Mais nous, de notre côté, mes frères, qu'avons-nous à faire? Et à quelles conditions les bénédictions qui découlent de ce sanctuaire, peuvent-elles devenir le partage de chacun de nous?

Et d'abord, à quoi nous servirait-il de posséder un temple, si nous n'en faisions point usage, si nous n'y paraissions que par exception, à propos d'un baptême ou d'un mariage, d'un jour de jeûne ou de communion, et si nos dimanches s'écoulaient loin des parvis de l'Éternel?

Oh! il est un spectacle plus désolant encore que celui de sanctuaires détruits et renversés; c'est celui de sanctuaires restés debout au milieu de populations qui les désertent; c'est le spectacle d'une maison de Dieu délaissée ou même méprisée par ceux qui l'entourent.

Ce n'est point là, mes bien-aimés frères, ce qui se passe au milieu de vous; tandis qu'ailleurs ce spectacle affligeant frappe trop souvent nos regards, cette paroisse se distingue par l'assiduité et la régularité, avec lesquelles beaucoup d'hommes et de femmes savent, malgré les grandes distances et les rigueurs de la saison, fréquenter le culte public; mais gardez-vous de vous en glorifier, et quand vous aurez fait à cet égard tout ce qui vous a été commandé de faire, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles.

Dieu n'a pas besoin de vous; c'est vous qui avez besoin de Dieu; et si vous avez connu jusqu'ici ce besoin de vous approcher de Dieu, souvenez-vous que les habitudes religieuses tombent plus vite qu'elles ne se prennent, et qu'il peut suffire de quelques années, pour déraciner du milieu de vous les pieuses traditions que vos pères vous ont léguées. Déjà il s'en trouve plusieurs qui désertent le sanctuaire! Que donc celui qui est encore debout prenne garde qu'il ne tombe! Que celui qui entend chaque dimanche une voix qui lui crie: Monte à Béthel, monte à la maison de ton Dieu, obéisse à la voix de sa conscience! et que jamais, non jamais, Seigneur, ce temple restauré ne devienne désert par notre tiédeur ou notre incrédulité!


Je suppose que vous soyez du nombre de ceux qui fréquentent régulièrement le culte; mais comment le fréquentez-vous?

Est-ce par routine ou en tressaillant de joie?

Est-ce avec attention ou avec distraction?

Est-ce en laissant le monde à la porte du temple, ou en lui ouvrant une place dans votre cœur?

Est-ce en écoutant avec recueillement et avec un saint respect, ou en fermant votre conscience aux appels de Dieu et de son Esprit?


Voilà, mes frères, des questions qui se posent, avant que vous puissiez savoir si cette maison de Dieu est pour vous une porte des cieux. Oh! puissent-ils être nombreux parmi nous et le devenir toujours plus, ceux qui disent du fond de leur cœur avec le Psalmiste: Éternel des armées, combien tes tabernacles sont aimables! Un jour vaut mieux en tes parvis que mille ailleurs!

Je suppose que vous connaissiez quelque chose de cette sainte joie; mais ce n'est pas encore tout. Le culte que vous devez à votre Dieu, le culte en esprit et en vérité, ne saurait se borner à l'enceinte de ce temple; il doit remplir votre vie tout entière. Jacob ne se contenta pas d'adorer l'Éternel à Béthel; il l'adora et le servit aussi sur la terre étrangère; Jésus ne se contenta pas de monter à Jérusalem aux fêtes solennelles; la salle du festin et la maison de deuil, les rives du lac et le sommet de la montagne, se transformaient pour lui en lieux de culte et d'adoration. Chrétiens qui désirez adorer Dieu en esprit et en vérité, qu'il en soit de même pour vous!

Que votre cœur devienne un autel, sur lequel vous offriez des sacrifices de reconnaissance à votre Dieu!

Ne soyez pas seulement chrétiens à l'église, devenez chrétiens dans la vie!

Que vos joies et vos deuils, votre repos et votre travail soient sanctifiés par la présence du Seigneur!

Que chacune de vos maisons se transforme en un Béthel!

Que chaque jour le chef de chaque famille lise avec les siens la Parole de Dieu, et implore avec eux son secours! Alors le culte public du temple deviendra le reflet fidèle du culte qui remplira notre vie entière; et cette enceinte se remplira de plus en plus, non pas seulement d'adorateurs, mais de véritables adorateurs, en esprit et en vérité.


Enfin, mes frères, à supposer même que vous remplissiez déjà toutes les conditions dont je viens de parler, il en reste une dernière plus difficile encore, sans laquelle ce temple ne peut être pour vous la porte des cieux.

Cette dernière condition c'est la conversion, la transformation de chaque pécheur en un enfant de Dieu.
«En vérité, en vérité
, disait Jésus à Nicodème, si quelqu'un ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu

Comment! je pourrais, pendant une vie entière, avoir entendu la prédication de l'Évangile, avoir assisté avec joie au culte public, avoir adoré le Seigneur dans ma maison et au sein de ma famille, et avec tout cela, si je ne suis pas né de nouveau, je n'entrerai point dans le ciel!

Pensée effrayante, mais qui n'en est pas moins vraie, et qui nous montre que sans la conversion, toutes les autres conditions ne sont rien. Hélas! répondez-vous, comment donc entrerons-nous dans le ciel? Il est si difficile de se convertir, et nos infidélités sont là qui rendent témoignage contre nous, et qui nous disent que notre conversion n'a point été ni sincère, ni profonde, ni durable!

Mes frères, cela ne vient point de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde!

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Fais-nous donc miséricorde, Seigneur!

Change nos cœurs et convertis-nous, afin que nous soyons véritablement convertis!

Baptise-nous toi-même du feu divin de ton Esprit!

Fais-nous entrer nous-mêmes comme des pierres vivantes dans l'édifice spirituel dont Jésus est la pierre angulaire, pour être une maison de saints sacrificateurs, et pour t'offrir des sacrifices spirituels qui te soient agréables!

Que dans ce temple restauré, l'on sente désormais toujours ta présence!

Que par le ministère de tes serviteurs, ton Esprit y fasse éclater sa force!

Que par nos cantiques et nos prières, cet Esprit s'y communique d'un membre à l'autre! Qu'ainsi nous puissions traverser le parvis terrestre pour atteindre un jour le temple de la gloire; et qu'en passant par ce Béthel, nous arrivions dans la Canaan céleste!

Amen.



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