Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIERS AVERTISSEMENTS

donnés aux Disciples du Sauveur, contre certaines opinions rationalistes 

sur l'Inspiration de la Sainte-Parole.


PAR L'AUTEUR DE:

LES SEMAILLES ÉVANGÉLIQUES, ETC.

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L'homme animal, ou naturel, dit l'Écriture, ne peut comprendre les choses de l'Esprit de Dieu (1 Cor. II.14 — l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.) Ce n'est donc pas à l'intelligence ou au savoir de ce monde qu'il faut demander un jugement correct sur les œuvres spirituelles du Seigneur. Une source terrestre, quelque profonde qu'elle soit, jaillit-elle d'un autre sol que de celui de la mort; et ainsi fournirait-elle jamais l'eau vivante du ciel?

Ne soyons donc point surpris que la science des Écoles du monde ne sache pas lire au Livre de l'Éternel; ni que toute sa pénétration n'y découvre que les fausses lueurs de vérité que l'œil si terne et si indécis de l'homme y peut apercevoir: et même encore à peine. On s'étonnerait plutôt du contraire, et l'on dirait alors: Saül aussi est-il entre les prophètes (1 Sam. X, 11)?

Quand donc il s'agit de l'Autorité de la Bible, — ce qui veut dire de son origine céleste et de son efficace vivifiante, — gardons-nous bien d'en attendre la démonstration d'ailleurs que du Saint-Esprit lui-même; ni de la rechercher avec une autre intelligence que celle de la foi: qu'avec cet entendement qui seul connaît le Véritable (1 Jean V, 20 — Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître le Véritable; et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus-Christ.).

La Bible, sans doute, se suffit à elle-même pour légitimer son origine, tout autant que le fait le soleil quant à son éclat. Mais cependant comme cet astre n'a de lumière que pour le voyant, et qu'il n'a de chaleur que pour l'être sensible; de même la Bible n'a-t-elle de vérité que pour la foi, ni d'efficace que pour un cœur que l'Esprit Saint a renouvelé.

Ici, l'homme animal, aveugle et insensible qu'il est, dit l'Écriture, quant aux choses du ciel (Ésaïe XLII, 6 – 7 — Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour le salut, Et je te prendrai par la main, Je te garderai, et je t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, Pour être la lumière des nations, Pour ouvrir les yeux des aveugles, Pour faire sortir de prison le captif, Et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres.), — fût-il même un Platon pour le génie et un Michaelis pour la science, — ne peut ni voir l'éclat le plus brillant, ni éprouver la moindre influence de la vie la plus énergique. La Bible n'est donc pour lui qu'obscurité: qu'inertie.

Mais l'Esprit Saint, qui la dicta, est aussi Celui qui la fait resplendir aux yeux ouverts des hommes spirituels; et qui en adresse et enseigne le langage aux cœurs où la Grâce a mis la pensée de Christ (1 Corinth. II, 16 — Qui a connu la pensée du Seigneur, Pour l’instruire? Or nous, nous avons la pensée de Christ.).

Et telle est aussi la lumière que nous cherchons à montrer. Désireux que nous sommes de rendre un témoignage à l'Autorité de la Bible, c'est à l'Esprit Saint lui-même que nous allons nous adresser, pour qu'il nous le donne le premier.

Nous éviterons donc, le plus possible, d'entrer dans les discussions matérielles du Rationalisme; de peur que si nous prenions les mêmes armes que les siennes, — et qu'un Apôtre nomme charnelles (2 Cor. X, 4 — Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses.), — nous ne fussions entraîné dans quelque vaine dispute, et dans les contradictions, ou les résistances, d'une science faussement ainsi nommée (1 Tim. VI, 20 — O Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, et les disputes de la fausse science dont font profession quelques-uns, qui se sont ainsi détournés de la foi.).

Ce n'est donc point dans une carrière académique que nous venons combattre aujourd'hui. La seule lice où nous entrerons, c'est le champ clos de la Parole de Dieu; et les seules armes que nous désirions y prendre, ce sont, dit le même Apôtre, les armes puissantes de Dieu: ces armes de vérité et de justice qui détruisent les forteresses, les conseils, et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et qui amènent toute âme captive à l'obéissance de Christ (2 Cor. VI, 7 — par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice...; X, 4-5 — Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ.).

L'École de ce monde, nous le savons, s'en rira; et plus d'une fois, sans doute, elle nous taxera d'ignorance. Mais c'est précisément cet éloge-là que nous ambitionnons: décidé que nous sommes de ne savoir, à cette heure, que ce qu'enseigne le Saint-Esprit lui-même, et de n'être réputé, par la sagesse de ce siècle, que le servile répétiteur des mots de cette sapience (sagesse) qui est scandale aux Juifs et folie aux Grecs, et que le disciple soumis, et même crédule, de cette Parole qui est appelée la faiblesse de Dieu, mais qui cependant est plus forte que les hommes (1 Corinth. I, 18, 25 — Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. — Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.).

«LA GLOIRE AU SAINT-ESPRIT!» prenons-nous donc pour notre unique symbole; et afin de laisser à ce vent du ciel, qui souffle où il lui plaît (Jean III, 8 — Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit.), d'agir librement dans les intelligences et les cœurs, s'il les veut ouvrir, nous ne produirons, si Dieu le permet, que les axiomes que cet Esprit nous aura lui-même enseignés, et qu'il nous montrera dans son Livre.

Qui s'agit-il, en effet, d'éclairer, de consoler, ou de défendre? Sont-ce les Scribes ou les Disputeurs de ce siècle, ou bien plutôt ne sont-ce pas ces âmes dociles à Jésus, ces fidèles, ces pauvres en esprit, ces élus, en un mot, qui quoi qu'il en soit de la superbe ou de la subtilité de l'Adversaire, cependant ne seront pas séduits (1 Corinth. I, 20 — Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde? — Matth. V, 3 — Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! — XXIV, 24 — Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. Voici, je vous l’ai annoncé d’avance.)?

Vous nous écouterez donc, Vous qui avez des oreilles pour entendre ce que le Saint-Esprit dit aux Églises (Apoc. II, 7 — Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises)! Et quant à Celui qui vous trouble, comme dit un Apôtre, et qui, certainement, en portera la peine (Gal. V, 10 — J’ai cette confiance en vous, dans le Seigneur, que vous ne penserez pas autrement. Mais celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera la peine.), vous ferez deux choses: l'une, de vous tenir éloignés de ses paroles: car elles rongent comme une gangrène (2 Tim. II, 17 — leur parole rongera comme la gangrène. De ce nombre sont Hyménée et Philète, qui se sont détournés de la vérité,); et l'autre, de prier Dieu pour lui, et souvent, afin que, s'il est possible, Dieu lui donne la repentance, pour reconnaître la vérité, et pour qu'il se réveille des pièges du Démon, par lequel il a été pris pour faire sa volonté (2 Tim. II, 25-26 — il doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté.).

Ce n'est donc point, répétons-nous, aux erreurs, (pour ne pas dire aux mensonges!) ni aux inconcevables et audacieuses affirmations, (pour ne pas dire aux blasphèmes!) qu'on vient de nous faire entendre, que nous voulons répondre. Ce qu'on ose avancer, et quelquefois presque d'un ton satyrique, sur la Sainte Bible et sur son Autorité; comme aussi ce qu'on s'est permis d'insinuer sur l'ignorance (et pis encore!) du Seigneur Jésus,.... nous le tairons.

Les noms des dieux étrangers ne devaient point être dans la bouche du peuple de Dieu (Ex. XXIII, 13 — Vous observerez tout ce que je vous ai dit, et vous ne prononcerez point le nom d’autres dieux: qu’on ne l’entende point sortir de votre bouche.); combien moins siérait-il aux Disciples du Sauveur de prendre sur leurs lèvres le ris (sourire plus ou moins moqueur) malin du philosophisme, ou les propos inconsidérés de l'École du monde!

Que la Parole de l'Éternel nous fasse donc entendre, et aussi toute seule, son auguste voix, et que notre foi s'en glorifie et s'y soumette!


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Or, d'entrée, cette Parole nous dit deux choses qui sont l'une et l'autre décisives:

L'une: L'Église est la colonne et l'appui de la vérité (1 Tim. II, 15 — mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité.);

L'autre, qui est la force de la première: Le Saint-Esprit est avec l'Église éternellement (Jean XIV, 16 — Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir).

Et par ces deux déclarations, elle pose la base aussi durable que ferme de tout le glorieux édifice de la foi: puisque, d'un côté, le Saint-Esprit ne peut pas quitter l'Église; et que de l'autre côté, l'Église, dirigée qu'elle est par le Saint-Esprit, ne peut cesser d'être cette colonne et cet appui sur lesquels toute la vérité de Dieu repose.

Supposer donc, ou bien que le Saint-Esprit peut abandonner l'Église à elle-même; ou bien que l'Église, présidée qu'elle est par le Saint-Esprit qui la maintient et l'enseigne, peut ne plus soutenir la vérité, c'est nier ce qu'affirme la Parole: c'est raisonner contre Dieu.

Nous affirmons donc que ces intelligences et ces volontés, qui, réunies par l'Esprit Saint, forment l'Église, possèdent alors, sous la présence immédiate et fidèle de cet Esprit, le discernement de sa pensée et le témoignage de son onction.

C'est donc lui, le Saint-Esprit lui-même, qui, après avoir formé et constitué cette Église par sa Parole créatrice, lui en adresse et remet toutes les Révélations, dont, par l'Église, il détermine le Recueil: c'est-à-dire ce Livre qu'il a nommé la Bible, (ou Livre par excellence,) la Sainte-Écriture et la Parole de Dieu.

Alors donc l'Assemblée des croyants, que cet Esprit nomme les saints et les sanctifiés en Jésus-Christ (1 Corinth. I, 1-3 — Paul, appelé à être apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, et le frère Sosthène, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ!), et qu'il appelle aussi l'Épouse du Fils de Dieu (Jean III, 29 — Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux; mais l’ami de l’époux, qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux: aussi cette joie, qui est la mienne, est parfaite.), qui la garde nuit et jour, afin que personne ne lui fasse du mal (Esa. XXVII, 3 — Moi l’Éternel, j’en suis le gardien, Je l’arrose à chaque instant; De peur qu’on ne l’attaque, Nuit et jour je la garde.); celte Église, qui est, avons-nous dit, la colonne et l'appui même de la vérité, reconnaît et sanctionne, sous la présidence infaillible de cet Esprit de vérité, dont elle est le Temple (1 Tim. III, 15 — afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité.), ces Écrits des Saints Hommes de Dieu (2 Pier. I, 20-21 — sachant tout d’abord vous-mêmes qu’aucune prophétie de l’Écriture ne peut être un objet d’interprétation particulière, car ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu.), qu'elle a si justement scellés du nom de Règle, ou Canon, des Écritures.

Ce principe fondamental de l'existence et de l'Autorité, de la Bible, ne peut donc absolument avoir de solidité que pour la foi.

Le Rationalisme, — c'est-à-dire l'intelligence que la Raison de l'homme, toute seule, veut avoir des choses du ciel, — ne peut donc que le méconnaître, et qu'en venir à dire que a l'évidence «que l'Église chrétienne se donne ainsi de la divinité de son livre, n'a pas plus de valeur que celle que les Lamas ou les Bonzes assignent aussi aux leurs.»

Mais il n'en est pas moins vrai que le Saint-Esprit est une Personne divine, le Consolateur et l'Esprit de vérité: que cet Esprit est le Dieu vivant et véritable: qu'il est avec l'Église éternellement (Jean XIV, 16-17 — Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.); que là sa lumière et son onction se communiquent aux âmes qu'il a vivifiées; et qu'il le fait toujours, et sans erreur, par la Parole de Dieu, et par elle uniquement.

Si donc cette question fondamentale est adressée à la foi du Chrétien: « Quelle est la preuve irrécusable «que la Bible est bien la Parole de Dieu, et qu'ainsi le Canon de ses divers livres est divin?» cette foi chrétienne (mais non pas le Rationalisme!) répond aussitôt: «S'il était nécessaire de vous montrer la sainteté, l'antiquité, la permanence, le style, l'harmonie, les prophéties, les miracles, la puissance et les victoires de la Bible, pour en démontrer la divinité, cela me serait facile:

Mais qu'il suffise ici de savoir, que, si dans un État bien ordonné, le Garde-des-sceaux n'appose le sceau du Souverain que sur ce que le Souverain sanctionne; à bien plus forte raison, dans la Maison de Dieu, l'Esprit Saint ne scelle aussi que l'Écrit que Dieu lui-même avoue.»

Ce n'est pas à dire qu'il ne puisse y avoir parmi les Disciples de la vérité, — car enfin, tout régénérés qu'ils sont, ne sont-ils pas cependant encore des hommes? — qu'il ne puisse donc y avoir entre eux de l'agitation et de l'incertitude sur la dignité céleste de tel Écrit, que l'Esprit Saint, toutefois, leur a donné. Mais le vent impétueux et le tourbillon des ignorances ou des passions humaines n'ont qu'un temps limité, et le son doux et subtil de l'Esprit Saint leur succède toujours, et toujours aussi les domine(1 Rois XIX, 11-12 — L’Éternel dit: Sors, et tiens-toi dans la montagne devant l’Éternel! Et voici, l’Éternel passa. Et devant l’Éternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers: l’Éternel n’était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre: l’Éternel n’était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu: l’Éternel n’était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger.).

Alors se fait sentir son onction, pleinement d'accord avec la Parole qu'elle accompagne; et alors aussi l'Église de Christ (mais non point les Conciles, ni les Académies, ni les Pères ou les Docteurs!) reçoit et bénit cette Parole; et cette voix de Dieu a son écho dans toute âme où la Grâce habite. Aussi ses accents du ciel ne peuvent-ils aussitôt qu'attirer, que sanctifier, que consoler et que préparer pour le séjour invisible ces cœurs, ces brebis de Jésus, qui connaissent la voix du Bon Berger, mais qui ne connaissent point et qui fuient celle d'un mercenaire ou d'un menteur (Jean X, 4-5 — Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.).

Ici, nous le savons encore, le Rationalisme reprendra ses objections ou ses blâmes, en nous disant, et même avec un certain sourire de pitié, que nous avons fait un sophisme, «vu, dira-t-il, qu'avant tout nous eussions dû lui prouver que les deux assertions que nous avons prises pour axiomes sont bien celles de Dieu; et, de plus, qu'elles s'appliquent, non point à une Église abstraite ou indéfinie, mais à la Bible, et très spécialement à telle portion de ce Livre. — Ce premier point donc n'étant pas prouvé, ajoutera-t-il, toutes vos déductions demeurent sans force.»

Mais à cela nous répondons, et sans hésiter, que s'il a, lui, Rationalisme, le malheur de ne pas discerner spirituellement les choses qui sont de Dieu, et ainsi de n'accorder à l'Esprit Saint que celles des œuvres que lui concède la Raison; nous, humble disciple de Jésus, nous ne sommes plus de cette École terrestre; mais que le sens que nous désirons avoir, c'est celui, dit l'Écriture, qui s'exerce à discerner le bien et le mal, le vrai et le faux, selon qu'il est écrit au Livre de Dieu (Hébr. V, 14 — Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal.): ce sens dont a parlé l'Éternel, quand il a dit: Je mettrai ma loi, — c'est-à-dire sa Parole, — dans leur entendement, et je l'écrirai dans leur cœur; et personne d'eux n'enseignera plus son prochain, disant: Connais le Seigneur (Hébr. VIII, 10-11 — Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, Après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur esprit, Je les écrirai dans leur coeur; Et je serai leur Dieu, Et ils seront mon peuple. Aucun n’enseignera plus son concitoyen, Ni aucun son frère, en disant: Connais le Seigneur! Car tous me connaîtront, Depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux;).

Telle est donc pour nous l'Autorité de la Bible. La Parole de Dieu, qui constitue ce Saint-Livre, est pour notre âme ce qu'est pour notre œil la clarté du jour, et pour nos os l'ardeur d'un brasier. De la Bible rayonne pour notre intelligence une splendeur éclatante, et pour notre cœur il en sort le feu le plus pénétrant.

Pour nous donc, comme cette Parole dit que les deux racontent la gloire du Dieu-Fort, et que, dépeignant alors le soleil, qui s'élance de l'Orient comme un guerrier, elle prononce que rien ne peut se soustraire à sa chaleur: cette Parole dit aussi ce que cette image renferme, et qui est cette réalité-ci, que la Loi de l'Éternel fait que les yeux voient, et que par elle une âme est éclairée (Ps. XIX - Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, Et qui la médite jour et nuit! Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu’il fait lui réussit. Il n’en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe. C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, Ni les pécheurs dans l’assemblée des justes; Car l’Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine......).

Nous croyons donc que cette Loi, ou Parole, de l'Éternel, est un soleil spirituel plus éclatant et plus ardent encore que celui qui a son pavillon dans les deux visibles; et que si cet astre sort et s'élance au matin comme un vaillant homme, et qu'il soumette alors toute chose à son efficace, beaucoup plutôt en est-il ainsi de la Parole vivante et parfaite du Seigneur, dont la splendeur et la puissance, dit la Bible, — et nous en sommes sûr! sont certainement la lumière de Dieu et son pouvoir créateur.

Afin que l'homme apprenne que l'Éternel n'est pas moins lui-même dans les choses invisibles que dans les visibles; et qu'ainsi de même que, pour resplendir, le soleil des cieux n'attend pas que le prisme du physicien en ait analysé les rayons; ni que pour réchauffer les terres, il ne demande pas d'abord que la science de l'homme lui ait reconnu son calorique; de même, et pas davantage, la Parole de Dieu n'attend pour illuminer une âme et pour la vivifier, ni que l'exégèse d'un érudit l'ait décomposée, ni que le sentiment d'un pécheur lui ait accordé d'être une vie.

La Parole de Dieu, disons-nous donc, est autocrate, dans tout le sens du mot. Si, au commencement, quand par elles toutes choses étaient faites (Ps XXXIII, 6 — Les cieux ont été faits par la parole de l’Éternel, Et toute leur armée par le souffle de sa bouche.), elle forma l'œil de l'homme pour voir et planta l'oreille pour qu'elle entendît, elle n'a rien perdu ni déposé de sa puissance, lorsqu'elle s'est manifestée à l'homme dans le langage de l'homme; et quand, au lieu de faire, par un acte de son pouvoir visible, que la lumière resplendit hors des ténèbres (2 Corinth. IV, 3-4 — Si notre Évangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne vissent pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu.), elle a dit, par la même autorité, mais invisible, que sa vérité brille pour une âme, et que par elle l'homme nouveau soit engendré pour la vie impérissable (Jean III, 3 — Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. — Jacq. I, 18 — Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures. — 1 Pier. I, 23 — aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre coeur, puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu.).


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Mais qu'il importe ici de bien comprendre l'Église, et ainsi de ne pas lui supposer ni la méprise, ni la superstition qui confondraient l'Autorité abstraite et toute idéale d'un Livre, avec l’Autorité vivante de la Parole!

Ce n'est pas de l'homme jusqu'à Dieu que se forme et s'élève l'Autorité de la Bible,

mais c'est de Dieu jusqu'à l'homme qu'elle descend et se manifeste.

Non, ce n'est pas parce que l'homme reconnaît à la Bible une autorité, que ce Livre en reçoit une pour l'homme; mais cette Parole de Dieu, laquelle, parce qu'elle l'a bien voulu, s'est renfermée dans la Bible, avait son autorité bien avant que l'homme fût, — puisque c'est elle qui l'a fait! — et c'est d'elle aussi que sort la démonstration souveraine de son indépendance et de sa primauté.

Que le Rationalisme est donc ignorant de ces choses, quand il vient nous dire que c'est «le besoin d'une autorité, en religion, qui a fait l'autorité de la Bible,» pour ces vrais Disciples qui ont replacé le Saint-Livre au-dessus des opinions des hommes! Quelle vue confuse et singulièrement bornée, que celle qui, se méprenant ainsi sur l'essence même des choses, ne discerne dans la Bible qu'un Livre sacré pour un Protestant, comme l'est pour un Hindou les Védas: et qu'il a peu su ce que c'est que penser, l'homme qui a pu concevoir que «la Réformation du XVIe siècle, pour former le Protestantisme, a substitué la Bible, comme autorité, à l'Infaillibilité que Rome s'attribue

Qu'ici vraiment se vérifie cette déclaration de la Parole, que l'entendement qui n'est pas éclairé d'en haut n'est qu'obscurité; puisque cet homme intelligent, comme parle un Apôtre (1 Corinth. I, 19 — Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et j’anéantirai l’intelligence des intelligents.), ne comprend ni ce qu'est la Bible, ni qu'elle en est l'Autorité! Puisque c'est un Sage, un Scribe, un Docteur en Israël, comme il est encore écrit, qui ne sait pas ces choses  (1 Corinth. I, 20 — Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde?)!

Hé bien! du moins qu'il apprenne de nous, Protestant, (car nous nous honorons de ce beau nom, nous qui protestons, et franchement, contre ce qui n'est pas la vérité: et tout autant contre le Rationalisme que contre Rome et ses fables!) oui, que Celui que ces mots concernent sache du moins ceci, que nous, Protestant et Réformé, nous n'avons besoin pour être tel d'aucune autorité que nous opposions à aucune autre; mais que le besoin que nous avons, — parce que Dieu, par sa grâce, nous l'a donné, — c'est que la Parole de l'Éternel se révèle de plus en plus à notre âme, et que par elle (mais non point par ses pages matérielles, ni par aucune dignité de son Livre!) nous puissions repousser, ou démentir, tout ce que leur oppose le monde.

Ce n'est donc pas nous que blesse le Rationalisme, lorsqu'il traite ainsi ceux que le Seigneur Jésus honora du glorieux emploi de Réformateurs: ces hommes, dans les cœurs et dans la bouche desquels il mit d'abord sa Parole et son Esprit; et qu'ensuite il fortifia jusque-là, qu'ils proclamèrent cette Parole et son Autorité, même en donnant leur vie. Non, ce n'est pas nous, Protestant, mais c'est la Parole même de l'Éternel, que frappe ou accuse cette ignorance du Rationalisme: cette méprise!

Comme si la foi du chrétien avait même la pensée de l'idolâtre ou du superstitieux pour qui les Védas ou le Missel ont une autorité suprême!

Comme si ce n'était pas la Parole même de Dieu que la foi reçût! Comme si la Bible n'était pas la voix, ou le son, de cette Parole!

Comme si ce Livre était Saint autrement que parce qu'il est la Sainte-Parole formulée et visible!

Comme si l'âme que cette Parole a vivifiée, par le Saint-Esprit, pouvait aussi se méprendre au point d'attribuer à la Bible, à un Recueil de doctrines ou de lois, ce qui n'appartient qu'à la Parole qui le constitue; et ainsi, en quelque sorte, prendre et manger le pain vivant que Dieu lui donne en elle, sans même y voir le froment céleste qui en est la substance; et surtout sans y discerner, avec adoration, cette puissante efficace du Saint-Esprit, qui, seule, en fait un aliment impérissable!

Non! non! ce n'est point «par aucun besoin d'une autorité qui nous étaie devant les hommes,» que nous, Disciples du Saint-Esprit dans la Parole, nous nous soumettons à la Bible, voix du Saint-Esprit. Non! disons-nous à tout esprit myope, comme parle un Apôtre, et qui pour cela même ne voit que confusément (2 Pier. I, 9 — Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés.), nous n'avons pas ici, nous, Chrétiens, une moindre prudence que les enfants du siècle (Luc XVI, 8 — Le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l’égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.).

Chez ceux-ci, dans leurs Écoles, ce n'est jamais devant l'autorité d'un livre, quelque supérieur qu'il soit, que se courbe avec respect l'étude: mais c'est toujours devant l'auteur de ces pages, qui ne sont que la pensée, la décision, le jugement et le verdict du Maître qui les a tracées. Hé bien! chez nous aussi, c'est-à-dire dans l'Église, ce n'est jamais non plus devant le Livre de Dieu, comme séparé et déjoint d'avec le Saint-Esprit, que notre foi s'humilie: mais c'est toujours devant cet Esprit même, toujours présent, toujours vivant et toujours infaillible, et dont la Bible n'est que la pensée, la décision, le jugement: la suprême sentence.

C'est pourquoi, si, dans l'École, le savant ou l'homme de génie auquel on se réfère, — et dont la science, et non point le nom seul, fait autorité, — a droit de dire: Il en est ainsi! et sans qu'alors on ait même l'idée de contrôler cette assertion par aucune opinion timide et incertaine d'un faible élève; si cela se passe dans l'École, disons-nous, que le Rationalisme apprenne et se rappelle que, pour l'Église de Jésus aussi, la Bible est une autorité, parce qu'en elle aussi le Saint-Esprit révèle et prononce, en Maître: il en est ainsi; et qu'alors aussi pas une seule âme n'a même l'idée qu'il soit besoin qu'un grammairien, qu'un linguiste, qu'un critique expert, ou que le professeur d'aucun collège, mette son visa ou son imprimatur au bas des sections ou des versets de la Bible, pour que ces pages acquièrent de la vérité: pour que l'Église ait enfin le droit de dire que ce Livre est en effet le Livre de Dieu.

Elle sait et croit, cette Église, — et nous le répétons à dessein! — que le Saint-Esprit, qui est Dieu, est une Personne vivante, et que cet Esprit est plus jaloux de la gloire de l'Éternel, et en même temps plus intéressé au bonheur des élus, que quelque Docteur de la terre que ce soit.

L'Église déclare donc que même supposer que l'Esprit Saint ait été absent de l'Église, ou bien — si nous osons le dire sans blasphème! — qu'il ait été distrait, indifférent, inhabile, quand l'Église a reçu, par exemple car c'est ici ce qu'on voudrait nous ôter! !....

Les Trois premiers Évangiles; le Livre des Actes; l'Épître aux Hébreux; celle de St-Jacques; la seconde de St-Pierre; celle de St-Jude, et les Révélations de St-Jean, comme la voix même de son Dieu et de son Époux; et qu'alors donc l'Église, délaissée du Seigneur, se soit méprise au point de dire: C'est Dieu qui parle! quand elle aurait dû dire: C'est le Prince de ce monde! — oui, l'Église déclare que même supposer cette sérieuse méprise, c'est déplorablement assimiler, mais dans un sens inverse, l'Église bien-aimée du Sauveur à cette troupe incrédule et stupide, qui dans le Temple de Jérusalem, quand la voix du Père glorifia Jésus, s'écria que c'était un coup de tonnerre (Jean XII, 29 — La foule qui était là, et qui avait entendu, disait que c’était un tonnerre. D’autres disaient: Un ange lui a parlé.).

Encore une fois donc ici, — comme en tout ce qui est du ciel de Dieu, — que le Rationalisme apprenne enfin, que, malgré ses cahiers, ses dictionnaires et ses journaux, il est forclos (débouter), de par le Saint-Esprit, de tout discernement d'une évidence incréée: et cela tout autant que le crétin des Alpes l'est d'une équation transcendante: oui, tout autant que le mort, en sa mort, l'est et le demeure de la moindre admiration d'une brillante aurore.

«Vous ne faites donc point de cas,» nous dit-on sans doute, «ni des études attentives et profondes, ni du «discernement que leurs travaux procurent?»

Tout au contraire, répondons-nous, et franchement. Nous honorons ces études et leur utile science; et personne plus que nous n'apprécie leur discernement et leur témoignage pour la vérité: persuadé que nous sommes que, si la piété et le zèle de la charité recommandent justement un disciple auprès d'une Église, cependant rien ne prépare plus sûrement l'affaiblissement d'abord, et bientôt ensuite les erreurs et les égarements, de cette Église, que de la soumettre à des esprits incapables de sonder les Écritures et d'y bien reconnaître la pensée du Seigneur (Jean V, 39 — Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: ce sont elles qui rendent témoignage de moi. — 1 Corinth II, 16 — Car Qui a connu la pensée du Seigneur, Pour l’instruire? Or nous, nous avons la pensée de Christ.): nous voulons dire que si ceux qui l'enseignent ou la dirigent, n'ayant que cette piété et ce zèle, sont ainsi dépourvus de la science matérielle et de la connaissance intime et plus approfondie du Livre de Dieu et de ses doctrines.

Mais cependant aussi, de même que ce n'est ni le télescope, ni le haut calcul de l'astronomie, qui agence les astres ou qui leur maintient leur éclat; et comme ce n'est ni le génie, ni le pur dessin de l'architecte, qui fait la fermeté des pierres et la souple ténacité des bois; de même sommes-nous certain que jamais aucune patiente recherche, ni aucune ingénieuse remarque, ou déduction savante, ou conclusion logique d'aucun philologue ou professeur de ce monde, ne constitua même un seul mot de la vérité divine, un seul point brillant du firmament éternel, ni n'en put affermir l'immuable édifice.

Qu'ici donc on nous comprenne bien. Nous avons, certainement, la plus vraie estime pour l'homme laborieux et prudent qui pénètre lentement et d'un pas sûr dans le mécanisme des langues de la Bible, et qui sait interroger l'histoire et comparer les témoignages du Livre Saint; et bien humblement alors nous venons nous asseoir à ses pieds: mais nous ne lui reconnaissons, toutefois, que ce qu'il a, que ce qu'il peut, et pas davantage.

Aussi, du moment que, par cette science, il prétend, au moindre degré, déterminer la Vérité divine, en disant, comme nous venons de l'indiquer: «Telle portion de la Bible est bien de Dieu; mais telle autre portion n'en est pas!» Ou bien encore, hélas! «Tel Écrit que n'admet pas le Canon de l'Évangile, a droit d'y être admis,» à l'instant nous nous relevons, pour lui dire en face:

«0 Gamaliel! sache et comprends que tout ce que Saul de Tarse apprit de toi, ne lui montra pas même le plus mince rayon de la lumière qui le renversait ensuite au chemin de Damas (Actes IX, 3 — Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. — XXII, 3 — je suis Juif, né à Tarse en Cilicie; mais j’ai été élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui.)! Sois donc savant pour ce monde, et qu'on l'écoute et même qu'on l'admire alors: mais ne t'ingère pas dans les choses du ciel. Ta chaire, ô Docteur! n'y peut pas entrer!»

C'est-à-dire que c'est au Saint-Esprit, et non point à aucun homme, quelque réputé qu'il soit par son savoir ou par ses qualités personnelles, que nous demandons quelle est l'Autorité de la Bible; que c'est lui, lui seul, que nous écoutons nous répondre qu'il est avec l'Église, qui, seule aussi, a des oreilles pour l'entendre (Apoc. III, 7 — Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre, et personne ne fermera, celui qui ferme, et personne n’ouvrira.....); et que si, aux jours d'un Apôtre, les généreux Disciples de la ville de Bérée purent discerner sûrement que c'était bien de la part de Dieu que leur parlait cet Apôtre (Actes XVII, 11 — Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact.)...,

en nos jours aussi tout vrai Disciple de la même vérité, peut par le même Esprit et en conférant les mêmes Écritures, se certifier que la voix qui lui parle dans le Livre de Dieu, est la voix de Dieu même:

tout aussi sûrement, que, si c'était possible, le caillou brisé saurait que c'est la masse du marteau qui le frappe; que le cœur percé saurait que c'est le tranchant de l'épée qui le pénètre; que le chaume flambant saurait que c'est le feu qui le dévore; et tout aussi puissamment que la fille de Jaïrus sut et sentit qu'elle était vivante, après que le Sauveur lui eut dit — . Talitha! cumi (Marc V, 35,41 — Comme il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue des gens qui dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le maître?... Il la saisit par la main, et lui dit: Talitha koumi, ce qui signifie: Jeune fille, lève-toi, je te le dis. Aussitôt la jeune fille se leva, et se mit à marcher)!

Et cette certitude, poursuivons-nous, est tellement étrangère à ce que le Rationalisme qualifie de fanatisme, ou d'illusion superstitieuse, que, tout au contraire, ce n'est qu'en nous humiliant devant le Tout-Puissant, et qu'après avoir fait taire notre intelligence et nos sentiments naturels pour n'approcher notre foi que de la seule déclaration de Dieu, que nous la recevons, et qu'aussi nous la laissons, plus d'une fois, contredire notre propre sagesse, et blâmer notre cœur et son désir.

«Mais qui ne sait,» reprend le Rationalisme, «combien d'illusions peut se faire l'esprit même le plus sobre et le mieux intentionné, et combien de fois encore on a pris pour la voix de l'Esprit Saint, ce qui n'était que de l'enthousiasme ou de l'exaltation!»

Eh! bien donc qu'on en juge! dirons-nous à tous ceux qui peuvent en effet juger cette cause et discerner l'action du Saint-Esprit (1 Jean IV, 1 — Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.). En voici quelques-unes de ces paroles qui nous disent qu'elles sont bien de Dieu. — Chrétiens! veuillez voir vous-mêmes si nous les sentons mal.


  1. Cieux, écoutez! et toi, Terre! prête l'oreille: car l'Éternel a parlé (Ésaïe I, 2).

  2. L'Enfant nous est né; le Fils nous a été donné, et l'empire a été posé sur son épaule; et on appellera son nom l'Admirable, le Conseiller, le Dieu fort et puissant, le Père d'éternité, le Prince de paix (Ésaïe IX, 5).

  3. Gloire soit à Dieu dans les lieux très-hauts; paix sur la terre, et bonne volonté envers les hommes (Luc II, 14)!

  4. Bienheureux sont les pauvres en esprit, car le royaume des deux est à eux (Matth. V, 3).

  5. Et Jésus étant sorti, vit là de grandes troupes, et il fut ému de compassion envers elles, de ce qu'elles étaient comme des brebis qui n'ont point de berger (Math. IX, 36)).

  6. Hommes frères! que faut-il que je fasse pour être sauvé? Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauté, toi et ta maison (Actes XIV, 30-31)).

  7. Craignons donc que quelqu'un d'entre vous, négligeant la promesse d'entrer en son repos, ne s'en trouve privé (Hébr. IV, 1).

  8. Hommes et femmes adultères! ne savez-vous pas que l'amour pour le monde est inimitié contre Dieu (Jacq. IV, 4)?

  9. Le Seigneur sait délivrer de la tentation ceux qui l'honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement (2 Pier. II, 9).

  10. Bien-aimés! vous appuyant vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le Saint-Esprit, conservez-vous les uns et les autres dans l'amour de Dieu, en attendant la miséricorde de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour la vie éternelle (Jude 20-21).

  11. Voici! il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux même qui l'ont percé: et toutes les tribus de la terre se lamenteront devant lui. Oui! Amen (Apoc. I, 7)! . .


Qu'en jugez-vous, Fidèles? Ces paroles-là vous semblent-elles, ou non, venir de Dieu, et ainsi nous avoir été transmises par son Esprit?

Ne sont-elles pas pures, comme un argent affiné sept fois (Ps. XII, 7 — Les paroles de l’Éternel sont des paroles pures, Un argent éprouvé sur terre au creuset, Et sept fois épuré.)? répond l'Église.

Ne font-elles pas que nos yeux voient, et que notre cœur en est réjoui?

Ne sont-elles pas une lampe à nos pieds et une lumière à notre sentier (Ps. XIX, 8-11 — Les ordonnances de l’Éternel sont droites, elles réjouissent le coeur; Les commandements de l’Éternel sont purs, ils éclairent les yeux. La crainte de l’Éternel est pure, elle subsiste à toujours; Les jugements de l’Éternel sont vrais, ils sont tous justes. Ils sont plus précieux que l’or, que beaucoup d’or fin; Ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons.)? Le Seigneur n'y montre-t-il pas la gloire de sa grâce et les richesses incompréhensibles de son amour (Eph. III, 8 — À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ.....)? Toutes donc, toutes ensemble, et chacune d'elles aussi, ne sont-elles pas la voix même de l'Esprit de consolation?

«Non pas toutes! insiste le Rationalisme. Les deux premières seules sont de Dieu! Le reste, je vous l'accorde, est historique, est pieux, est intéressant, est édifiant même; et... sous ce point de vue,... vous a faites bien de le recevoir et de vous y conformer, mais...»

Mais, quoi? demande une âme décidément intéressée à cette question. Voulez-vous dire, peut-être, qu'il me suffise, par exemple, qu'un Évangéliste n'ait pas voulu mentir, ou qu'il croie ne s'être pas trompé dans sa narration, pour que je m'en remette, touchant mon salut et mon éternité, à cette histoire, à ce récit? C'est-à-dire, me dites-vous, sérieusement, qu'une évidence historique,... et encore quelle évidence est-elle, puisqu'elle n'est pas inspirée? doive suffire à ma foi: et qu'ainsi, finalement, cette foi ne soit qu'un assentiment naturel au témoignage d'un homme intègre, je l'accorde, mais enfin faillible?

Le Rationalisme. Il le faudra bien, si... (Je le dirai, puisque vous m'y forcez!) si vous prenez enfin la peine de vous convaincre, matériellement et par quelque peu de lecture académique, que les trois premiers Évangiles et les Actes ne sont, au plus, que des récits arbitraires; et que quant à l'Apocalypse, en supposer l'inspiration, et....

Le Chrétien. C'est assez!... J'aurais dû, je le sens! vous épargner ce triste et honteux aveu, moi qui savais que l'Éternel a si peu besoin du savoir des entendus et des sages pour nous révéler sa Parole, qu'au contraire c'est à ces esprits-là qu'il l'a cachée (Luc X, 21 — En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi.). Je savais donc bien que loin que l'École ait à lui apporter la première quelque chose, pour qu'il lui soit ensuite rendu (Rom XI, 35 — Qui lui a donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour?), c'est au contraire l'Esprit du Seigneur et sa Parole, qui, du droit même de création, donnent l'entendement aux simples et qui font que les yeux des aveugles s'ouvrent et voient (Ps. XIX, 8-9 — La loi de l’Éternel est parfaite, elle restaure l’âme; Le témoignage de l’Éternel est véritable, il rend sage l’ignorant. Les ordonnances de l’Éternel sont droites, elles réjouissent le coeur; Les commandements de l’Éternel sont purs, ils éclairent les yeux. — Ps. CIX, 130 — La révélation de tes paroles éclaire, Elle donne de l’intelligence aux simples. — Ésaïe XXIX, 18 — En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre; Et, délivrés de l’obscurité et des ténèbres, Les yeux des aveugles verront. — XXXV, 5 — Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, S’ouvriront les oreilles des sourds;).

Le Rationalisme. Ce sont là, j'en conviens, de bons et pieux sentiments; mais enfin ils ne sont pas une preuve. Sur quoi reposent-ils, en effet? Si la dévotion se contente de ces vues-là, l'exégèse est plus sérieuse; et... en définitive, vos émotions ne sont pas de la science.

Non, redisons-nous, elles n'en sont pas, si par le mot science on entend le savoir des livres; et même un savoir tel, que la Parole ne sera de Dieu, pour mon âme, qu'autant qu'un érudit de ce monde y aura consenti. NON! NON! nous n'avons pas cette science-là, et aussi n'en voulons-nous pas. — Elle nous paraît... une audace! — Peut-être doit-on l'appeler une impiété?

Non pas, certainement, qu'ayant peur, en quelque sorte, pour la Bible, nous refusions qu'on l'analyse, qu'on la sonde et recherche dans tousses points, dans tous les sens, et par toute étude de travail possible. Si l'or de pur aloi ne craint pas le feu du creuset, l'or du sanctuaire redoutera-t-il le fourneau d'un exégète? Si le témoin fidèle ne se refuse pas aux questions croisées d'un juge, la Vérité de Dieu reculerait-elle devant l'examen de dix mille critiques?

Et si le soleil de notre terre n'appréhenda jamais qu'aucune chimie ne fit sortir d'un seul de ses rayons même un élément de ténèbres, le Soleil de la Vérité, la Parole du Dieu-Fort, demanderait-elle aux inquisiteurs de l'École de modérer la torture, de peur que de sa pureté ne sortît, peut-être hélas !... quelque involontaire aveu de mensonge?

D'autant plus, encore, que si une certaine et jeune science de l'École peut traiter à la légère ce sujet, et se permettre alors, dans sa néomathie, des allures téméraires, quant à la Bible; nous n'ignorons pas que la maturité de la science a, d'ordinaire, de tout autres gestes, et que les vrais savants, nous voulons dire ceux qui se sont assis aux pieds de Jésus et dont le cœur a été visité par la grâce, n'ont qu'un besoin, qui est de préférer un seul verset de la Parole de vie à tous les écrits des hommes, et de se prosterner devant le Livre de Dieu en répétant: Oh! profondeur!

Que le Rationalisme se calme donc ici, et qu'il devienne, prudemment, plus sobre en ses assertions, et surtout plus modeste dans ce qu'il appelle ses découvertes et son triomphe!

S'il a lu plusieurs livres, qu'il sache que des Chrétiens aussi en ont lu plusieurs. S'il a compulsé des manuscrits ou des commentaires, qu'il admette que des Chrétiens aussi l'ont fait. S'il se félicite de posséder les langues de la Bible, qu'il ne refuse pas à des Chrétiens de les posséder aussi. S'il a reconnu des difficultés, des obscurités, et même, dit-il, des contradictions, dans la Bible, qu'il n'ignore pas que des Chrétiens aussi les ont vues, et qu'ils les ont dissipées.

Et enfin, si, tout étonné qu'il est de ce qu'il croit voir, il s'écrie, comme ravi de sa découverte: «Un nouveau jour va luire pour les théologiens! Une nouvelle Bible va leur être donnée! Une nouvelle Église chrétienne va se former! Une nouvelle prédication va se faire! Bientôt, bientôt, un tout nouveau salut, et bien plus sûr, va se proclamer!»... Si c'est là ce que pense et dit le Rationalisme, qu'il apprenne et connaisse, toutefois, que si ce qu'il énonce et publie lui semble n'avoir encore jamais été, on peut cependant lui apporter par brassées, et dans bien des langues aussi, les livres qui, d'abord un par un, puis tous ensemble, lui répéteront et prouveront, à son grand ennui sans doute, qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, et que déjà les nombreux Rationalistes, ou Mystiques, qui avaient avancé les mêmes choses, avaient dû promptement en rougir.

Rationalisme! ne te glorifie donc pas! Ton procès fut commencé, par l'Esprit Saint, quand Moïse prit la plume; et quand St-Jean la posa, ce même Esprit jugeait et condamnait ta cause; et ce fut.... sans appel!

Et ce fut aussi votre sûreté, Chétifs du troupeau de Jésus, Vous pauvres et simples d'entre le peuple à qui l'Évangile est annoncé (Matth. XI, 5 — les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. — 1 Corinth. I, 26 — Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.), et qui formez si paisiblement l'Église de Dieu sur la terre!

Qu'en serait-il, en effet, de vous, Faibles et humbles brebis de Jésus! si la voix de votre Berger ne devait vous parvenir que par la bouche des savants du monde; ou s'il ne devait y avoir de puissance dans sa houlette, qu'autant que les sages d'ici-bas la lui communiqueraient?

Ainsi donc, Chrétien! quand cette Parole que vous avez la bénédiction de posséder et de lire, pénétrant votre âme comme un trait, ou brisant soudain la dureté de votre cœur, vous amenait aux pieds de Jésus, et qu'elle vous y souhaitait que la paix qui est dans la grâce de Dieu et de notre Seigneur Jésus-Christ, vous fût multipliée (2 Pier. I, 2 — que la grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur!):

Ou bien, quand cette Parole, ensuite, vous montrant le chemin où sont les traces du Sauveur, vous pressait d'ajouter à votre foi la force, et à la force la science, et la tempérance, et la patience, et la piété, et l'amour fraternel, et la charité (2 Pier. I, 5-7 — à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité.):

Ou bien aussi quand cette Parole fortifiant votre volonté contre les séductions du monde et de ses convoitises, vous disait, pour affermir votre foi: Croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (2 Pier. II, 17-18 — Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. À lui soit la gloire, maintenant et pour l’éternité! Amen!):

Ou bien encore quand cette même Parole, pour verser dans votre cœur souffrant le baume des consolations divines, vous assurait que le Seigneur sait délivrer de l'épreuve ceux qui l'honorent (2 Pier. II, 9 — Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.):

Ou bien enfin quand toujours cette Parole-là, pour élever votre espérance vers la possession de votre héritage céleste, vous disait, en vous rappelant la fragilité des grandeurs du monde: Puisque toutes ces choses doivent se dissoudre, quel ne devez-vous pas être par une sainte conduite et par des œuvres de piété (2 Pier. III, 11-13 — Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, tandis que vous attendez et hâtez l’avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront! Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera.)

Oui, Simple disciple de la Bible! quand de telles paroles vous avertissaient, ou consolaient, ou exhortaient ainsi, et qu'en les lisant et les méditant, et quelquefois avec une profonde édification, vous en receviez de la force, de l'encouragement et un nouveau zèle dans votre service du Seigneur; alors même tel homme intelligent de ce monde aurait eu, de la part de Dieu, le droit et la charge de vous prouver que tous ces sentiments pieux, ces affections saintes et ces célestes espérances, n'étaient que des méprises et des illusions!

« Hé! pourquoi, pourquoi? lui eussiez-vous demandé, plein d'angoisse.

Parce que, «vous eût-il répondu, toutes ces paroles que vous avez lues et méditées ne sont que des passages de la seconde Épître de St-Pierre, et que je sais, moi, que cette Épître ne fut pas inspirée.»

Ne fut pas inspirée! vous fussiez-vous écrié, tout surpris. Et cependant voyez ce qu'elle a produit en moi! N'a-t-elle pas recherché et saisi mon âme? N'y a-t-elle pas fait entendre une voix de persuasion, de consolation et de la plus vivante espérance? Et cela n'est-il pas de la sanctification? Et la Parole qui sanctifie, n'est-elle pas, a dit le Seigneur, la Parole même de Dieu (Jean XVII, 17 — SANCTIFIE-LES PAR TA VÉRITÉ: TA PAROLE EST LA VÉRITÉ)? Et cette efficace céleste n'est-elle pas la plus certaine et aussi la plus douce évidence de la présence du Saint-Esprit?

«Elle n'est pas inspirée, vous dis-je!» vous eût répété toujours plus décidément ce Sage. «Donc, et absolument, ce n'est pas le Saint-Esprit qui vous y a parlé. Donc, vous avez eu tort d'être ainsi touché et contrit. Donc, et sans réplique, toute votre consolation, et votre espérance, et votre joie, et votre désir de sainteté, tout cela, c'est une illusion de le croire venu du Saint-Esprit: vous l'eussiez trouvé de même dans tout autre écrit pieux,»

Ah bienheureuses êtes-vous donc, Simples brebis de Jésus! que ce soit le Saint-Esprit qui vous ait donné et qui vous ouvre la Parole du Seigneur!

Bienheureuses êtes-vous, Âmes humbles qui recherchez avant toute chose l'enseignement et l'onction du Saint! que ce ne soit pas des mains de l'École du monde que vous receviez le message de votre Père céleste!

Glorifiez donc ce bon Père, Famille de Dieu! de ce que c'est lui, lui-même, qui, par l'Esprit de vérité et de consolation, vous ouvre les sources vivantes et inépuisables de sa Parole, et qui vous appelle à boire, à longs traits, des eaux de joie à toutes les fontaines de son salut (Ésaïe XII, 3-4 — Vous puiserez de l’eau avec joie Aux sources du salut, Et vous direz en ce jour-là: Louez l’Éternel, invoquez son nom, Publiez ses oeuvres parmi les peuples, Rappelez la grandeur de son nom! : oui, à ces canaux mêmes que le froid Rationalisme voudrait vous fermer, et desquels aussi, à la honte de l'incrédulité et de tous les doutes de la chair, Dieu fait sortir pour vos âmes, et même en abondance, cette onde qui jaillit jusque dans la vie éternelle (Jean IV, 14 — celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle.).


***

Nous concluons donc ces Premiers Avertissements par la même parole qui les commençait:

L'homme animal ne comprend pas les choses qui sont de l'Esprit de Dieu,

parce qu'elles se discernent spirituellement.

D'où nous recueillons expressément, que si la science de ce monde est digne d'estime dans les choses du monde, lorsqu'elle est prudemment employée; jamais, et en aucune mesure, elle ne peut être utile dans celles du ciel: à moins qu'elle ne soit soumise au Saint-Esprit, et qu'elle n'en soit faite ainsi l'instrument.

Le Rationalisme, qui ne peut que méconnaître et fouler aux pieds les droits souverains de l'Esprit de Dieu, s'est approché de vous, Disciples de Jésus; et joignant à ses hardies attaques contre la Bible, les habiles insinuations du Mysticisme, il a osé parler avec orgueil sur l'inspiration de la Parole de Dieu, et ainsi renier, à plus d'un égard, l'œuvre même de l'Esprit éternel:

Ce n'est pas à nous à prononcer que le péché contre l'Esprit Saint est de la même nature que celui-là; quoique le péché irrémissible ose attribuer au Menteur, et avec une sorte de malice, l'opération de l'Esprit de vérité; et que le Rationalisme aussi ne craigne pas d'assigner à l'esprit de l'homme, (or tout homme est menteur (Rom. III, 4 — Que Dieu, au contraire, soit reconnu pour vrai, et tout homme pour menteur, selon qu’il est écrit: Afin que tu sois trouvé juste dans tes paroles, Et que tu triomphes lorsqu’on te juge.)), ce qu'a dit et dicté l'Esprit de l'Éternel...... Mais nous espérons que dans sa chute et sa résistance hautaine, si douce qu'elle est en apparence, celui qui commet ce déplorable péché, peut dire avec St-Paul: J'ai agi par ignorance: dans l'incrédulité (1 Tim. I, 13 — moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais j’ai obtenu miséricorde, parce que j’agissais par ignorance, dans l’incrédulité;). Et c'est pourquoi nous pouvons prier pour lui (1 Jean V, 16 — Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère, il la donnera à ceux qui commettent un péché qui ne mène point à la mort. Il y a un péché qui mène à la mort; ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier.).

Mais enfin, c'est une épaisse et fétide fumée qui vient de sortir contre vous du puits même de l'abîme (Apoc. IX, 2 — t elle ouvrit le puits de l’abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits.), Troupeau du Bon Berger! et nous avons compris, d'un côté, qu'il n'y a que le vent de l'Esprit Saint qui puisse la dissiper, et de l'autre côté que, la sagesse de Dieu, qui est infiniment diverse (Eph. III, 10 — afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu,), saura bien le faire souffler en temps utile, et dans la mesure convenable.

Pour nous, Nos Frères! nous n'avons eu en vue maintenant que cette seule vérité: Le Saint-Esprit Légitime Sa Parole; et aussi à la licence toute charnelle du Rationalisme, osant dire que «l'inspiration de la Bible a besoin, pour être reconnue, de l'aveu de la science humaine,» n'avons-nous opposé que la double permanence, de la Vérité avec l'Église, et du Saint-Esprit dans l'Église:

Prouvant ainsi, par la première, que la Parole de Dieu, — et cette Parole est la Vérité (Jean XVII, 17 — Sanctifie-les par ta vérité: ta parole est la vérité.)! — ne peut pas ne pas être avec l'Église, qui en est la colonne et l'appui; — et par la seconde, que le Saint-Esprit, qui préside l'Église, n'a pas besoin que l'homme l'assiste pour le maintien et l'efficace de cette Vérité.

Et cette seconde évidence a eu ceci de spécial, qu'elle a témoigné de la Personnalité divine du Saint-Esprit; laquelle, si elle n'est pas formellement niée par le Rationalisme, l'est implicitement néanmoins, à ces deux égards: soit quand il lui ôte la fidélité, en supposant que cet Esprit a laissé, pendant des siècles et en tous lieux, l'Épouse de Jésus contempler son Époux dans de faux miroirs: dans des écrits terrestres: Soit quand il le fait inconséquent, en supposant que, dans le Mysticisme, cet Esprit unit l'Église à son Époux par des communications qui ne viennent pas de la Parole: Comme si la Parole faite chair était manifestée au monde sans la Parole écrite; et comme si les richesses de la plénitude du Fils du Père pouvaient se puiser, par l'Église, ailleurs que dans les trésors de la science et de la connaissance (Col. III, 16 — Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l’inspiration de la grâce. — 2 Corinth. IV, 7 — Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. — Eph. III, 8 — À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ,) que cette même Parole renferme; et autrement encore que par le Saint-Esprit!!

Or, puisque St-Jean vous dit, Âmes scellées de cet Esprit de grâce! que nul mensonge n'est de la vérité, mais que l'onction du Saint qui est sur vous est véritable, et que c'est elle qui préserve une âme de toute séduction (1 Jean II, 21-27 — Je vous ai écrit, non que vous ne connaissiez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez, et parce qu’aucun mensonge ne vient de la vérité. Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père; quiconque confesse le Fils a aussi le Père. Que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père. Et la promesse qu’il nous a faite, c’est la vie éternelle. Je vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous égarent. Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est véritable et qu’elle n’est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés.), recherchez de plus en plus cette onction et sa pure sagesse auprès de ce Père des lumières, qui vous a engendrés par la Parole de la vérité, et qui veut que vous croissiez par le lait spirituel et sans fraude de cette Parole, afin que vous y soyez fondés et affermis (Jacq. I, 17-18 — toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures. — 1 Pier. II, 2 — désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon. — 2 Pier. I, 12 — Voilà pourquoi je prendrai soin de vous rappeler ces choses, bien que vous les sachiez et que vous soyez affermis dans la vérité présente.).

Ne clochez donc pas des deux côtés (1 Rois XVIII, 21 — Alors Élie s’approcha de tout le peuple, et dit: Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés? Si l’Éternel est Dieu, allez après lui; si c’est Baal, allez après lui! Le peuple ne lui répondit rien.)! ; mais, connaissant bien ici quel est le bon chemin, marchez-y (Jer. VI, 16 — Ainsi parle l’Éternel: Placez-vous sur les chemins, regardez, Et demandez quels sont les anciens sentiers, Quelle est la bonne voie; marchez-y, Et vous trouverez le repos de vos âmes! Mais ils répondent: Nous n’y marcherons pas.)!

Si l'Esprit Saint est avec toute la Bible, qu'il l'ait toute donnée, et qu'il l'enseigne et l'adresse toute à l'entendement et au cœur qu'il a renouvelés, placez-vous sous son efficace et restez-y. Mais alors ne permettez pas à quel adversaire que ce soit, et quelle forme attrayante que prenne sa ruse, même de toucher à l'Arche sainte de la Parole écrite. Ici ayez horreur de la sagesse du monde et de ses subtilités; et comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez selon lui (Col. II, 6-7 — Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi, d’après les instructions qui vous ont été données, et abondez en actions de grâces.).

Mais, au contraire, si c'est le Rationalisme qui soit du côté de Dieu, et qu'ainsi ce soit bien lui qui vous donne enfin la vraie Bible; enfin la pure et parfaite Parole de Dieu ;.. écoutez-le donc et le suivez franchement et sans réserve!

Que risquez-vous, s'il est, lui, la Vérité?

FIN


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