Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !



L'ASSURANCE DU SALUT.

2 TIM., IV, 6-8.


Car, pour moi, je vais être immolé, et le temps de mon départ approche.

J'ai combattu le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi.

Au reste, la couronne de justice m'est réservée,

et le Seigneur, juste juge, me la donnera en ce jour-là,

et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront aimé son avènement.


Chers Frères Et Amis!

Remarquez que, dans ces paroles, l'apôtre Paul désigne trois chemins:


Au-dessous, le tombeau; derrière, son ministère, et devant, la grande journée, le jour du jugement. — Pesons attentivement les mots qu'il emploie. Heureuse l'âme qui arrête ses regards là où Paul a fixé les siens, et qui parle de ces choses comme il en a parlé!

J'ai dit d'abord qu'il voit au-dessous de lui le tombeau; il le regarde sans crainte. Écoutez-le; «Je vais être immolé,» c'est-à-dire: je suis semblable à un animal, conduit au lieu du sacrifice, lié de cordes et attaché aux cornes mêmes de l'autel. Le vin et l'huile ont été répandus sur ma tête, suivant l'usage; les derniers rites ont été célébrés, les préparatifs sont terminés, il ne reste plus qu'à recevoir le coup de mort, et tout sera dit. «Le temps de mon départ approche.» Je suis comme un navire prêt à démarrer et à partir. Tout est prêt à bord. Je n'attends plus que de voir détacher les amarres pour me rendre sur le rivage, et m'embarquer afin de commencer mon voyage.

Et ces glorieuses paroles, nous les entendons sortir de la bouche d'un enfant d'Adam, tel que nous. La mort est une chose solennelle, et d'autant plus solennelle qu'elle est plus près. La tombe est une demeure glacée et redoutable, et c'est en vain qu'on prétend la dépouiller de ses terreurs. — Cependant, voici un homme, un simple mortel, qui regarde avec calme l'étroite habitation destinée à tout être vivant, et qui peut dire pendant qu'il est penché sur ses bords: «Je la vois, et je n'en suis pas effrayé

Paul jette, en second lieu, son regard en arrière sur le temps de son ministère, et il le fait sans rougir. Écoutez-le:


Ainsi, comme soldat, comme athlète et comme gardien, il semble dire: «Je ne suis point confus.» Oh! qu'il est heureux le chrétien qui, en quittant ce monde, peut laisser derrière lui un tel témoignage! Une bonne conscience ne sauvera personne, — n'effacera aucun péché, — ne nous approchera pas du ciel de l'épaisseur d'un cheveu, nous le savons. Cependant, une bonne conscience sera trouvée un visiteur agréable auprès du lit d'un mourant.

Écoutons encore les paroles de l'Apôtre. Il porte ses regards en avant vers le grand jour des rétributions, et il le fait sans hésitation. Notez bien ces mots: «Au reste, la couronne de justice m'est réservée, et le Seigneur, juste juge, me la donnera en ce jour-là, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé son avènement.»


il connaissait parfaitement toutes ces choses, mais aucune d'elles ne l'inquiétait; par la fermeté de sa foi, il les dominait toutes. Il ne voyait que Jésus, son tout-puissant avocat, — le sang de l'expiation et le péché effacé. — «Une couronne, disait-il, m'est réservée, et le Seigneur lui-même me la donnera.» Il en parle comme s'il la voyait de ses yeux.


Telles sont les grandes choses contenues dans ces trois versets; le temps ne me permet pas de vous parler de toutes, je me bornerai à mettre devant vous un seul point de ce passage, c'est celui qui regarde l'assurance du salut, ou cette «espérance certaine» avec laquelle l'Apôtre envisage l'approche du jour du jugement.

L'importance du sujet et la faible attention qu'on lui donne aujourd'hui, me déterminent à m'en occuper avec un sérieux empressement, et j'espère aussi avec humilité. Mais je le ferai, en même temps, avec crainte et tremblement. Je sais que le chemin dans lequel je vais entrer est hérissé de difficultés, et qu'il est facile, en traitant ce sujet, de le faire d'une manière téméraire, et anti-scripturaire. La route entre l'erreur et la vérité est ici littéralement un sentier très étroit; et, si je peux faire du bien à quelques-uns sans faire du mal aux autres, j'en serai bien reconnaissant.

Je diviserai ce que j'ai à vous dire sur ce sujet en quatre points principaux, et je vais vous les indiquer ici tous à la fois, pensant qu'il en résultera plus de clarté dans l'exposition:

Une espérance certaine, telle que Paul l'exprime ici, est une vérité scripturaire;

Un homme peut n'arriver jamais à cette assurance, et cependant être sauvé;

Motifs destinés à vous faire envisager cette espérance certaine, comme très désirable;

Causes principales qui expliquent pourquoi cette assurance est si rarement obtenue.


I.

J'ai dit d'abord qu'une espérance certaine est une vérité scripturaire.

L'assurance, telle que Paul l'entend dans notre texte, n'est pas une simple idée ou une imagination. Elle n'est pas non plus le résultat d'une certaine exaltation de l'esprit ni d'un tempérament vif et ardent — C'est un don positif du Saint-Esprit accordé sans égard à la constitution physique ou morale des individus, et que chaque chrétien fidèle doit désirer et rechercher.

La Parole de Dieu me semble enseigner qu'un croyant peut parvenir à une confiance certaine dans la question de son propre salut.

Ce que je tiens à établir ici pleinement et largement, c'est qu'un vrai chrétien, un homme converti, peut atteindre un degré de foi en Christ tel, qu'il sente au-dedans de lui une entière confiance que ses péchés lui sont remis et que le salut de son âme est assuré, en sorte qu'il soit rarement troublé par des doutes, — rarement inquiété par des hésitations, — rarement angoissé par des questions embarrassantes, — qu'enfin, quoiqu'il soit encore tourmenté par beaucoup de luttes intérieures avec le péché, il puisse regarder les approches de la mort sans trembler, et le jugement qui doit suivre sans en être effrayé.

Telle est ma notion de l'assurance. Je vous prierai d'en prendre note, car je ne dis rien de moins ni rien de plus que ce que je viens d'exposer.

Maintenant, une telle notion est souvent contestée ou niée, et beaucoup de personnes ne la voient pas du tout.

L'Église de Rome condamne l'assurance dans les termes les plus explicites.

Le concile de Trente déclare formellement: «que l'assurance d'un croyant dans le pardon de ses péchés est une confiance vaine et impie;» et le cardinal Bellarmin, champion bien connu du romanisme, l'appelle l'erreur capitale des hérétiques.

La grande majorité des mondains parmi nous est opposée à la doctrine de l'assurance du salut. Ils sont ou choqués ou ennuyés quand on leur en parle. Ils ne peuvent pas souffrir que d'autres prétendent à une joie et à une sécurité dont ils ne trouvent en eux-mêmes aucune trace. Et on ne doit pas s'étonner de leur voir repousser cette doctrine.

Mais il y a, en outre, quelques vrais fidèles qui rejettent l'assurance et s'en éloignent comme d'une notion grosse de dangers; selon eux, elle n'est qu'une des formes de la présomption par laquelle on cherche à se faire illusion à soi-même, et ils regardent comme le propre de l'humilité de ne jamais s'y confier, et de vivre dans une espèce de doute à cet égard. C'est une idée regrettable et qui peut faire beaucoup de mal. J'accorde volontiers qu'il y a des personnes présomptueuses qui font profession de sentir une confiance qu'elles seraient embarrassées de justifier par l'Écriture.

On a de tout temps rencontré des personnes qui avaient d'elles-mêmes une bonne opinion quand Dieu en avait une mauvaise; comme aussi, on en a vu d'autres qui pensaient du mal d'elles-mêmes quand Dieu en pensait du bien. Cela s'est toujours vu, et cela se verra toujours.

Il n'y a jamais eu de vérité scripturaire dont on n'ait abusé, qu'on n'ait falsifiée ou dénaturée.


on a abusé de toutes ces doctrines. Il y aura des fanatiques et des enthousiastes aussi longtemps que le monde subsistera. Mais cela n'empêche pas que l'assurance du salut ne soit une chose réelle, sage et véritable; et les enfants de Dieu ne doivent pas se priver de l'usage d'une vérité salutaire, simplement parce qu'on en a abusé.

Ma réponse à ceux qui nient l'existence réelle et bien fondée de cette assurance est celle-ci: Qu'en dit l'Écriture? Si l'assurance n'y est pas, je n'ai plus un mot à dire. Voyons donc quel est son témoignage à cet égard.

Job a dit: «Je sais que mon Rédempteur est vivant et qu'il demeurera le dernier sur la terre; et lorsque après ma peau, ce corps aura été rongé des vers, je verrai Dieu de ma chair (Job, XIX, 25, 26)

David dit: «Même quand je marcherais dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal, car c'est ton bâton et ta houlette qui me consolent (Ps. XXIII, 4)

Et nous lisons dans Ésaïe: «Tu garderas dans une parfaite paix ceux qui se confient en toi (Ésaïe, XXVI, 3);» et ailleurs: «L'œuvre de la justice sera la paix, et l'effet de la justice sera le repos et l'assurance à toujours (Ésaïe, XXXII, 17)

Et saint Paul n'écrivait-il pas aux Romains: «Je suis persuadé que, ni la vie, ni la mort, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances ne pourront me séparer de l'amour que Dieu m'a témoigné en Jésus-Christ (Rom., VIII, 38, 39)

Il disait encore aux Corinthiens: «Nous savons que, si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle qui n'a point été faite par la main des hommes (2Cor., V, 1)

et à Timothée: «Je sais en qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là (2 Tim., I, 12)

Enfin, voyez encore Hébr:, VI, 11 Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance, en sorte que vous ne vous relâchiez point... ; X, 22. approchons-nous avec un coeur sincère, dans la plénitude de la foi, les coeurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. 2 Pierre, I, 10. C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. 1 Jean, III, 14 Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. V, 13, Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. 19 - Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier est sous la puissance du malin.

Frères, que répondrons-nous à ces déclarations? Je désire parler en toute humilité sur tout point controversé. Je sens que je ne suis qu'un pauvre enfant d'Adam, sujet à l'erreur; mais il m'est impossible de ne pas dire que je trouve, dans les passages que je viens de citer, quelque chose de plus que de simples espérances et que de simples motifs de confiance, dont un grand nombre de chrétiens semblent se contenter aujourd'hui. J'y vois le langage de la persuasion, de la confiance, de la connaissance, même, je dois presque dire, de la certitude, et je sens que, pour ma part, je peux accepter ces passages de l'Écriture dans leur signification simple et naturelle, savoir: «QUE L'ASSURANCE DU SALUT EST UNE VÉRITÉ.»

Mais je répondrai, en outre, à ceux à qui la doctrine de l'assurance déplaît comme frisant la présomption, qu'il est difficile de tomber dans ce défaut en suivant les traces de Pierre, de Paul, de Job et de Jean. Tous étaient des hommes éminemment humbles et modestes, si jamais il en fût; et, cependant, tous parlent de leur état comme d'une espérance certaine, et ceci nous montre qu'une profonde humilité et une ferme assurance sont parfaitement compatibles, et qu'il n'y a pas une connexion nécessaire entre la confiance spirituelle et l'orgueil.

Je répondrai encore qu'un grand nombre d'hommes, dans les temps modernes, ont obtenu cette espérance certaine dont parle notre texte. Je ne voudrais pas laisser croire que ce fût un privilège particulier des temps apostoliques. Il y a eu, dans divers pays, et dans le nôtre en particulier, beaucoup de fidèles qui ont paru marcher dans une union non interrompue avec le Père et le Fils, qui ont semblé jouir d'un sentiment presque incessant de la face lumineuse d'un Dieu réconcilié reposant sur eux, et qui nous ont légué en souvenir leur expérience. Je pourrais citer des noms bien connus, si le temps me le permettait. Mais le fait est certain, il a existé, il existe encore, et cela suffit.

Enfin, ma dernière réponse sera: qu'on ne saurait se tromper en se confiant sans réserve à une promesse que Dieu nous fait sans condition,


C'est une grave erreur de supposer que le fidèle qui sent celle assurance cesse de combattre ce qu'il voit de mal en lui. Mais il s'appuie avec simplicité sur le Médiateur de la nouvelle alliance et sur l'Écriture de vérité. IL CROIT QUE LE SEIGNEUR JÉSUS A PENSÉ CE QU'IL A DIT, ET IL LE PREND AU MOT.

L'assurance, après tout, n'est qu'une foi bien fondée, une foi mâle, robuste, qui saisit les promesses de Christ avec les deux mains, une foi qui tient le langage du bon centenier: «Si le Seigneur dit seulement une parole, mon serviteur sera guéri (Matth., VIII, 8).» Oh! pourquoi douterions-nous?

Chers frères, croyez-moi, Paul était le dernier homme du monde qui eût voulu bâtir son assurance sur quelque chose qui vînt de lui.

Celui qui pouvait dire, en parlant de lui-même, «qu'il était le premier des pécheurs,» avait un sentiment profond de son péché et de sa corruption, mais il avait un sentiment plus profond encore de la longueur et de la largeur de la justice de Christ qui lui était imputée.

Celui qui pouvait s'écrier: «Oh! misérable que je suis (Rom., VII, 24),» avait une vue claire de cette source de mal qui était en son cœur; mais il avait une vue plus claire encore de cette autre source qui peut laver de tout péché et de toute souillure.

Celui qui pensait de lui-même «qu'il était le moindre de tous les saints (Ephés, III, 8),» avait un sentiment vif et intime de sa faiblesse et de sa misère; mais il avait un sentiment plus vif et plus intime encore de cette promesse de Christ: «Mes brebis ne périront jamais (Jean, X, 28),» et rien ne pouvait l'ébranler.

Paul savait mieux que qui que ce soit qu'il n'était qu'un pauvre et frêle esquif flottant sur une mer orageuse. Il voyait aussi bien que personne la tempête grondant et les vagues écumantes qui l'entouraient; mais aussi, détournant ses regards de lui-même, il les portait sur Jésus et il n'était plus effrayé. Il se souvenait qu'il avait une ancre ferme et assurée qui pénétrait au-delà du voile (Héb., VI, 19). Il se rappelait la parole, l'œuvre, et la constante intercession de Celui qui l'avait aimé et qui s'était donné lui-même pour lui; et c'était cela, et rien que cela, qui le mettait en état de dire si hardiment: «Une couronne m'est réservée, et le Seigneur me la donnera,» et de conclure avec tant de certitude par ces mots: «Le Seigneur me gardera, et je ne serai jamais confondu

Je ne m'arrêterai pas plus longtemps sur cette partie de mon sujet. J'espère avoir établi suffisamment que mon assertion à l'égard de là confiance des fidèles était fondée, et que cette assurance est une vérité.


II

Je passe maintenant au second point, savoir: qu'un croyant peut n'arriver jamais à cette assurance dont parle Paul, et cependant être sauvé.

Je l'accorde pleinement, et n'admets pas qu'on puisse contester un seul instant cette assertion. Je ne voudrais pas attrister un cœur que Dieu n'a pas voulu affliger, ni décourager un timide enfant de Dieu, ni laisser personne sous cette impression qu'il n'est pas enfant de Dieu, parce qu'il n'a pas senti cette assurance. Un homme peut avoir la foi en Christ qui est à salut, et cependant ne jouir jamais de cette espérance certaine dont; parle saint Paul. Croire, et n'avoir qu'une espérance encore faible de son acceptation, est une chose. — Avoir la paix et la joie dans sa foi, et abonder en espérance, c'est une tout autre chose encore. Tous les enfants de Dieu ont la foi, mais tous n'ont pas l'assurance. Je crois qu'il ne faut jamais l'oublier.

Je connais plusieurs chrétiens avancés et respectables qui ont soutenu une opinion différente, et qui n'admettent pas la distinction que j'ai établie; mais je désire n'appeler aucun homme Maître (Matth., XXIII, 8).

Je tremble autant que personne à l'idée de panser à la légère les blessures de la conscience; mais je croirais éloigner pour longtemps des portes de la vie les âmes auxquelles je prêcherais un évangile peu consolant, si j'énonçais sur ce sujet une vue différente que celle que je viens d'indiquer.

Je ne crains pas d'avancer que, par grâce, on peut avoir une foi suffisante pour aller à Christ, — s'appuyer réellement sur lui, — se confier réellement en lui, — être réellement enfant de Dieu, — et réellement sauvé, et cependant, au dernier jour de sa vie, n'être pas à l'abri de beaucoup d'angoisses, de doutes et de terreurs.

«Une lettre, disait un ancien écrivain, peut être écrite et n'être pas scellée; ainsi, la grâce peut être écrite dans le cœur, sans que le Saint-Esprit y ait apposé le sceau de l'assurance.»

Un enfant peut être né héritier d'une grande fortune, et cependant n'avoir pas la conscience de ses richesses; — vivre en enfant, — mourir en enfant, et ne jamais connaître la grandeur de ses possessions.

Ainsi, un homme peut être un enfant de la famille de Christ, — penser comme un enfant, — parler comme un enfant, et, quoique sauvé, ne jouir jamais d'une espérance vivante, ni connaître les principes effectifs de son héritage.

Ne vous méprenez donc pas, chers amis, sur ma pensée, en m'entendant insister si fortement sur l'assurance; ne me faites pas l'injustice de me faire dire que personne ne peut être sauvé que celui qui peut répéter après saint Paul: «Je sais, je suis persuadé que la couronne m'est réservée.» Je n'ai pas tenu ce propos, ni rien affirmé de pareil.

Un homme doit avoir, indispensablement, la foi en Jésus-Christ pour être sauvé. Je ne connais aucun autre moyen d'avoir accès auprès du Père. — JE NE VOIS AUCUNE GARANTIE DE MISÉRICORDE SI CE N'EST EN CHRIST: un homme doit sentir ses péchés et son état de perdition, — il doit aller à Jésus pour être pardonné, — il doit mettre son espérance en lui et en lui seul; — mais s'il n'a tout juste de foi que pour aller jusque-là, quelque faible et chétive qu'elle soit, je promets, sous la caution de l'Écriture, qu'il ne sera point exclu du ciel.

Ne nous permettons jamais de restreindre la liberté du glorieux Évangile ni de rien retrancher de ses belles proportions.

Ne faisons pas la porte plus basse et le chemin plus étroit, que l'orgueil et l'amour du péché n'ont déjà tenté de le faire pour se dispenser d'y entrer. Le Seigneur Jésus est plein de miséricorde et d'une tendre compassion.


Oui, chers amis, quand la foi d'un homme ne serait pas plus grosse qu'un grain de moutarde, si elle l'amène à Christ et lui permet de toucher les bords de son vêtement, il sera sauvé, — sauvé aussi sûrement que le plus ancien des saints du paradis, — sauvé aussi complètement, aussi éternellement que Pierre, Paul et Jean.

Il y a des degrés dans notre sanctification; il n'y en a point dans notre justification.

Ce qui est écrit est écrit, et ne périra jamais. «Celui qui croit en lui, — et non pas, quiconque a une foi ferme et puissante, — quiconque croit en lui, dis-je, ne sera point confus (Rom., X, 11).» Et cependant, remarquez bien cela, une pauvre âme peut, avec cette foi, ne pas sentir la pleine assurance de son pardon et de son acceptation en grâce devant Dieu. Elle peut être inquiète et éprouver craintes sur craintes, doutes après doutes; elle peut rencontrer beaucoup de difficultés, d'angoisses et de luttes, beaucoup d'obscurités et de ténèbres, beaucoup d'orages et de tempêtes jusqu'à la fin.

Je tiens donc à établir qu'une foi simple sauvera un homme, quoiqu'il n'en obtienne jamais l'assurance; mais ce que je n'affirmerai pas, c'est qu'elle le conduise au ciel par une route semée de solides et abondantes consolations. J'ose assurer qu'il entrera dans le port sain et sauf, mais peut-être pas à pleines voiles, joyeux et confiant. Je ne serai pas surpris qu'il atteigne la rade désirée, après avoir été battu des vents et ballotté par la tempête, se croyant à peine réellement sauvé, jusqu'à ce qu'il ait ouvert les yeux dans le séjour de la gloire.

Mes frères, j'attache la plus grande importance à bien établir cette distinction entre la foi et l'assurance; elle explique bien des choses, que, sans cela, un homme qui s'occupe de sujets religieux trouve difficiles à comprendre.

Rappelons-nous que la foi est la racine, et l'assurance sa fleur. Sans doute, vous n'auriez jamais obtenu la fleur sans la racine, mais il est tout aussi certain que vous pouvez avoir la racine sans la fleur.

La foi, c'est cette femme pauvre et tremblante, qui vint derrière Jésus dans la foule et toucha les bords de son vêtement (Marc, V, 25). L'assurance, c'est Étienne restant calme au milieu de ses meurtriers et disant: «Je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme assis à la droite du Père (Actes, VII, 56)

La foi, c'est le voleur repentant qui crie: «Seigneur, souviens-toi de moi (Luc, XXIII, 42)

L'assurance, c'est Job assis dans la poussière, couvert de plaies et disant: «Je sais que mon Rédempteur est vivant (Job, XIX, 25). — Quand même il me tuerait, je ne laisserais pas d'espérer en lui (Job, XIII, 15).»

La foi, c'est Pierre enfonçant dans l'eau et criant: «Seigneur, sauve-moi».

L'assurance, c'est ce même Pierre , disant quelque temps après, devant le sanhédrin: «C'est cette pierre, qui a été rejetée par vous qui bâtissez, qui a été faite la principale pierre de l'angle: il n'y a point de salut en aucun autre, car aussi il n'y a, sous le ciel, aucun autre nom qui ait été donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés (Actes, IV, 11, 12)

La foi, c'est ce cri plein d'angoisse: «Seigneur, je crois, aide-moi dans mon incrédulité (Marc, IX, 23).

L'assurance, c'est ce défi plein de confiance: «Qui accusera les élus de Dieu? qui les condamnera (Rom., VIII, 33, 34)?»

La foi, c'est Paul priant dans la maison de Judas, à Damas, affligé, aveugle et solitaire.

L'assurance, c'est le même Paul, avancé en âge et prisonnier, envisageant avec calme sa mort prochaine, et disant: «Je sais en qui j'ai cru, et que la couronne m'est réservée (2 Tim., I, 12; IV, 8)

La foi, c'est la vie! Combien est grande cette bénédiction! qui peut dire l'abîme qui sépare la vie de la mort! Cependant, cette vie peut être faible, maladive, chancelante, angoissée, travaillée et chargée, sans joie ni sourire jusqu'à la fin;

mais l'assurance est plus que la vie: c'est la santé, la force, la puissance, la vigueur, l'activité, l'énergie, la vivacité et la beauté.

Mes frères, il ne s'agit pas, dans ce que je viens de dire, d'être sauvé ou de ne l'être pas; mais d'obtenir un privilège ou d'en être privé. Il ne s'agit pas d'avoir ou de n'avoir pas la paix; mais de l'avoir dans une petite ou dans une grande mesure. Il ne s'agit pas non plus d'une question à décider entre les amis du monde et les disciples de Christ; elle ne regarde absolument que ces derniers, les autres n'ont rien à y voir.

Celui qui a la foi fait bien. Je serais heureux si vous la possédiez tous. — Bénis, trois fois bénis ceux qui croient; car ils sont sauvés, ils sont lavés, ils sont justifiés, ils sont affranchis de la puissance de l'enfer! Satan , avec toute sa malice, ne les arrachera jamais de la main de Christ.

Mais si celui qui a la foi fait bien, CELUI QUI A L'ASSURANCE FAIT MIEUX. Il voit mieux et plus loin; il sent, il connaît, il jouit davantage; il a un plus grand nombre de ces jours, dont il est parlé dans le Deutéronome, XI, 21: «Les jours même du ciel sur la terre.».


III.

Je donnerai quelques raisons pour prouver combien une espérance certaine est désirable.

J'appelle tout spécialement votre attention sur ce point. L'assurance du salut n'est point désirée ni recherchée comme elle mérite de l'être. Beaucoup de chrétiens en doutent pendant leur vie, meurent en en doutant, et vont au ciel comme au travers d'un brouillard.

Il me conviendrait mal, après ce que j'ai dit plus haut, de parler à la légère de ceux qui en sont aux espérances; mais ce que je crains, c'est qu'ils ne s'en contentent, et ne cherchent pas à aller au-delà et à obtenir davantage, J'aimerais à voir dans la famille du Seigneur un plus grand nombre de ceux qui peuvent dire: «Je sais et je suis certain.» Je voudrais qu'ils ambitionnassent les dons les plus excellents, au lieu de se contenter des moindres. Ils perdent par là des torrents de bénédictions que l'Évangile leur avait préparées. Ils se tiennent dans un état d'âme desséché et affamé, quand le Seigneur leur dit: «Mangez et buvez abondamment. Demandez et recevez, afin que votre joie soit parfaite (Jean, XVI, 24)


1° — L'assurance est désirable à cause de la consolation précieuse et de la paix qu'elle procure.

Les doutes et les craintes sont propres à troubler le bonheur du chrétien. L'incertitude et l'irrésolution sont, dans tous les états, des dispositions fâcheuses, quand elles se rapportent à notre santé, à nos biens, à nos familles ou à nos vocations. Mais elles le sont davantage encore dans les affaires de l'âme; et aussi longtemps qu'un croyant ne peut pas dire quelque chose de plus que j'espère, il doit sentir manifestement, dans son état spirituel, un degré d'incertitude inquiétant. Le mot même qu'il emploie l'implique surabondamment; il dit: J'espère, parce qu'il n'ose pas dire: Je sais.

L'assurance tend fortement à délivrer l'enfant de Dieu de cette pénible servitude, et contribue ainsi puissamment à sa consolation. Elle lui fait sentir que, pour lui, la grande affaire de la vie est une affaire conclue; la grande dette, une dette acquittée; la grande maladie, une maladie guérie, et la grande tâche, une tâche achevée. Alors toutes les autres affaires de la vie, maladies, dettes et tâches, sont petites en les comparant aux premières.

Alors l'assurance le rend patient dans l'affliction, calme dans les épreuves, inébranlable dans la tribulation; les mauvaises nouvelles ne l'effraient plus; il est content dans toutes les positions, car elle lui donne une fermeté de cœur que rien ne peut ébranler. Elle adoucit les coupes amères, allége le fardeau de ses croix, et aplanit les chemins raboteux par lesquels il doit passer; elle éclaire la vallée de l'ombre de la mort. Elle lui fait sentir que ses pieds posent sur une base solide, qu'il tient dans ses mains quelque chose de ferme, qu'il a un ami sûr dans sa route, et une maison assurée à la fin du voyage.

L'assurance aidera un homme à supporter les pertes et la pauvreté; elle lui enseignera à dire: «Je sais que j'ai dans le ciel une meilleure et plus durable subsistance. Je n'ai ni or ni argent, mais je possède la grâce et la gloire, et ces biens-là ne prendront jamais des ailes pour s'envoler. Quoique le figuier ne fleurisse pas, cependant je me réjouirai dans l'Éternel (Hab., III, 17, 18)

L'assurance soutiendra le courage de l'enfant de Dieu au milieu des plus pressantes épreuves et l'aidera à dire: «Tout est bien;» il louera Dieu, sera reconnaissant, chantera ses louanges même en prison, comme Paul et Silas à Philippes. Il pourra dormir paisiblement à la veille même d'une exécution, comme Pierre dans le cachot d'Hérode. Elle lui enseignera à dire: «Je me coucherai et m'endormirai en paix, car c'est toi, Seigneur, qui me fais reposer en assurance (Ps. IV, 3)

L'assurance fait qu'un homme sera joyeux de souffrir l'opprobre pour l'amour de Christ, comme le firent les apôtres; elle le mettra en état d'aller sans terreur à la rencontre d'une mort cruelle et violente, comme le firent Étienne et tous les martyrs aux premiers siècles de l'Église chrétienne; elle lui mettra au cœur ce passage: «Ne craignez pas ceux qui peuvent ôter la vie du corps et qui après cela ne peuvent rien faire de plus (Luc, XII, 4),» et lui donnera la force de dire: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit (Actes, VII, 59)

L'assurance consolera un homme dans la douleur et dans la maladie; elle lui rendra douce sa couche mortuaire; il y répétera ces paroles: «Si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu (2 Cor., V. 1). — Je désire de déloger pour être avec Christ (Philip., I, 23). — Ma chair et mon cœur peuvent défaillir, mais Dieu est le rocher de mon cœur, et mon partage à toujours (Ps. LXXIII, 26)

Ah! frères, la consolation que donne l'assurance du salut, à l'heure de la mort, est une grande chose, soyez-en sûrs; et vous ne la trouverez jamais aussi grande que quand votre heure de mourir sera venue. Dans cette heure redoutable, il y a peu de fidèles qui ne sentent le prix et la valeur d'un semblable privilège. Quelque idée qu'ils s'en soient faite pendant leur vie, ils trouveront que de simples espérances et une certaine confiance ont bien pu suffire pendant la santé, quand le soleil brillait, et que le corps était fort; mais qu'à l'approche de la mort, il faut quelque chose de plus; il faut pouvoir dire: Je sais, je sens.


2° — L'assurance est encore désirable, parce qu'elle tend à rendre le croyant un chrétien vivant et agissant.

Généralement parlant, il n'est personne qui fasse autant pour Christ sur la terre que ceux qui jouissent d'une pleine assurance du salut et de leur libre admission dans le ciel. Cela paraîtra étonnant peut-être, et pourtant c'est la vérité.

Un croyant qui est privé de cette espérance certaine perdra un temps considérable à des recherches minutieuses et intérieures sur l'état de son cœur. Semblable à une personne nerveuse et hypocondriaque, il sera entièrement absorbé par ses malaises spirituels, par ses doutes et ses incertitudes, par ses luttes et sa corruption. Enfin, on le verra tellement préoccupé de cet état de guerre intérieure, qu'il aura peu de loisir pour d'autres choses, peu de temps pour travailler à l'œuvre de Dieu.

Maintenant, le fidèle qui, comme saint Paul, a une espérance certaine, est dégagé de ces préoccupations fatigantes. Il n'affligera pas son âme par des doutes sur son pardon et sur son acceptation. Il regardera à l'alliance éternelle scellée par le sang du Rédempteur, à l'œuvre parfaite de Christ, à la Parole de son Dieu sauveur qui n'a jamais menti; il contemplera son salut comme une chose acquise, et, par là, il sera mis en état de donner une attention sans partage à l'œuvre du Seigneur.

Prenez pour exemple à cet égard l'histoire de deux émigrants anglais; et supposez-les établis à côté l'un de l'autre dans la Nouvelle-Zélande ou dans l'Australie. On a donné à chacun d'eux une certaine étendue de terre à défricher et à cultiver. Les deux portions de terre qui leur ont été allouées sont égales en qualité et en quantité. Supposez que ces propriétés leur aient été assurées par tous les actes légaux, qu'elles leur aient été concédées libres de toutes charges pour eux et pour leurs héritiers, que la concession, faite en due forme, ait été publiquement enregistrée, et que la propriété leur en ait été assurée par tous les actes offrant toute la sécurité imaginable.

Supposez, après cela, que l'un des deux se mette à l'œuvre pour cultiver sa terre et qu'il travaille à cela, jour après jour, sans la moindre interruption.

Supposez, dans le même temps, que le second reste continuellement oisif, qu'il aille itérativement consulter les registres publics, pour s'assurer si la propriété est bien réellement à lui, et s'il n'y a point eu quelque méprise, si après tout il n'y aurait pas quelque formalité omise ou quelque défaut de légalité dans les actes qui lui ont été remis.

Le premier ne doutera jamais de son titre, mais il travaillera avec activité;

le second, ne se sentant point assuré de la validité du sien, perd la moitié de son temps à aller à Sidney ou Auckland, pour faire à ce sujet des recherches inutiles.


Vous le savez aussi bien que moi. Il n'y a qu'une réponse à faire: Une attention incessante et sans partage obtiendra toujours le succès le plus grand. Mes amis, il en sera de même quant à nos titres «aux demeures éternelles.» Nul ne fera autant pour le Seigneur qui l'a racheté, que le croyant qui voit son titre clair, et qui n'est distrait par aucun doute ni par aucune distraction méfiante; la joie du Seigneur sera la force de cet homme. «Rends-moi la joie de ton salut, disait David, alors j'enseignerai ta voie aux méchants (Ps. LI, 12, 13.)»

Vit-on jamais des chrétiens plus actifs dans leur œuvre que les apôtres? Ils semblaient ne vivre que pour travailler; l'œuvre de Christ était véritablement leur nourriture et leur breuvage. Leurs vies ne leur étaient point précieuses, il les prodiguaient pour lui, et les dépensaient à son service. Ils déposaient, aux pieds de sa croix, fortune, santé, douceurs terrestres, et la cause de ce dévouement était, selon moi, leur assurance. C'étaient des hommes qui pouvaient dire: «Nous savons que nous sommes de Dieu, et que tout le monde est plongé dans le mal (1 Jean, V, 19.)»


3° — L'assurance est encore désirable, parce qu'elle tend à rendre le chrétien un chrétien décidé.

L'indécision et le doute sur notre état devant Dieu est un mal grave et la source d'un grand nombre de maux. Elle rend souvent notre marche vers le Seigneur incertaine et chancelante. L'assurance aide à couper bien des liens et à rendre le sentier du devoir chrétien clair et uni.

Plusieurs de ceux que nous savons être des enfants de Dieu, et posséder sa grâce, quoique à un faible degré, sont dans une perplexité presque constante, par suite de leurs hésitations sur des sujets de vie pratique. — Ils se demandent:


C'est dans cet ordre de questions qu'ils trouvent d'abondants sujets de trouble et d'inquiétude. Et souvent, même très souvent, la cause de leur perplexité est simplement celle-ci: C'est qu'ils n'ont pas en eux-mêmes l'assurance qu'ils sont enfants de Dieu. Ils ne sont pas encore au clair, s'ils sont au-delà ou en deçà de la porte. — Ils ignorent eux-mêmes s'ils sont dans l'intérieur de l'arche ou s'ils en sont dehors.

Ils sentent parfaitement qu'un enfant de Dieu doit agir d'une manière décidée; mais la question qu'ils s'adressent est celle-ci: «Sommes-nous nous-mêmes des enfants de Dieu?»

S'ils étaient sûrs de l'être, leur allure serait franche, décidée; ils marcheraient droit en avant. Mais n'ayant à cet égard aucune certitude, leur conscience est toujours hésitante. Alors Satan murmure doucement à leur oreille et leur dit: «Peut-être, après tout, n'êtes-vous qu'un hypocrite? Quels sont vos titres pour prendre une position tranchée? Attendez pour cela que vous soyez décidément chrétien.» Et cette insinuation fait trop souvent pencher la balance et amène quelque misérable compromis ou quelque funeste conformité avec le monde.

Mes frères, je suis convaincu que c'est là une des principales raisons qui rendent de nos jours tant de gens inconséquents, nageant entre deux eaux, mécontents d'eux-mêmes et des autres, et indécis dans leur conduite à l'égard du monde.

Leur foi fait défaut. Ils ne sentent aucune certitude qu'ils sont à Christ, et éprouvent en même temps une grande hésitation à rompre avec le monde. Ils reculent devant l'idée de mettre de côté toutes les voies du vieil homme, parce qu'ils ne sont pas parfaitement sûrs d'avoir revêtu le nouveau. Voilà ce qui les maintient dans cet état de fluctuation entre-les deux opinions, c'est le manque d'assurance. Quand on peut dire: «C'est l'Éternel qui est Dieu (1 Rois, XVIII, 39),» alors le chemin devient parfaitement clair.


4° — L'assurance est désirable, parce qu'elle tend à rendre les chrétiens plus saints.

Ceci peut paraître étonnant et étrange, et cependant c'est la vérité. C'est un de ces paradoxes que présente l'Évangile, contraire à la première vue, à la raison et au sens commun; et, cependant, c'est un fait. Le cardinal Bellarmin était bien loin de la vérité quand il disait que «l'assurance du salut conduit à la nonchalance et à la paresse.»


C'est un passage bien vrai que celui-ci: «Celui qui a cette espérance en lui se purifie lui-même, comme Christ est pur. (1 Jean, V, 3).» Une espérance qui ne purifie pas est une dérision, une erreur ou un piège.

L'homme qui a goûté la consolation qu'on trouve dans la communion de Dieu est aussi celui qui veillera le plus attentivement sur son cœur et sur sa conduite. Il sentira la grandeur de son privilège et craindra de le perdre; il craindra de déchoir de sa haute position, de se priver de consolations précieuses, en élevant des nuages entre Christ et son âme.

Celui qui se met en voyage avec peu d'argent dans sa bourse s'inquiétera faiblement du danger des voleurs et de l'heure tardive pendant laquelle il sera en route; tandis que celui qui porte de l'or et des bijoux s'entourera de précautions en voyageant: il donnera une grande attention au chemin, aux auberges et à ses compagnons de route, pour ne courir aucun risque. Les étoiles fixes sont celles qui tremblent le plus, et l'homme qui jouit le plus pleinement de la face lumineuse d'un Dieu réconcilié, frémira avec tremblement à la crainte de perdre ses consolations bénies, et il redoutera de faire quoi que ce soit qui puisse contrister le Saint-Esprit.

Chers amis! je recommande ces quatre points à votre attention.

  1. Aimeriez-vous sentir les bras du Tout-Puissant vous entourer, et entendre la voix de Jésus, chaque jour plus rapprochée de votre âme, disant: «Je suis ton salut?»

  2. Aimeriez-vous être des ouvriers utiles dans sa vigne pendant les jours de votre pélerinage terrestre?

  3. Voudriez-vous être reconnus par tous les hommes comme des serviteurs de Christ, conséquents, courageux, fermes et déclarés?

  4. Voudriez-vous être des chrétiens éminemment spirituels et saints?

Quelques-uns d'entre vous répondront: «Sans doute, ce sont là les choses que nos cœurs désirent et après lesquelles ils languissent et soupirent. — Mais elles semblent si loin de nous!»

Maintenant, dites-moi si vous n'avez jamais.été frappés de cette idée: que votre négligence à chercher l'assurance du salut peut être l'unique secret de vos chutes? — que la petite dose de foi dont vous vous contentiez pouvait être la cause de la petite dose de paix dont, vous jouissiez? Est-il surprenant que vos grâces soient faibles et languissantes, quand la foi, qui en est la racine et la mère, reste par votre faute languissante et faible?


Plusieurs d'entre vous ont essayé d'autres méthodes et employé d'autres moyens; et ils se sont complètement trompés.


IV.

J'en viens maintenant à une dernière chose. Je vous ai promis de vous désigner les causes probables qui font qu'une espérance certaine est si rarement obtenue, et je le ferai très brièvement.

Celte question est des plus sérieuses, et bien propre à exciter de grandes angoisses de cœur. Il n'est que trop vrai que le nombre des serviteurs de Christ qui arrive à cette assurance bénie est petit. — Beaucoup ont la foi qui sauve, mais peu ont cette glorieuse assurance qui est mise en évidence dans notre texte. Je crois que c'est un fait généralement reconnu.

Maintenant, pourquoi les choses sont-elles ainsi? Comment se fait-il qu'une recherche, si fortement encouragée par deux apôtres, devienne un fait, une expérience acquise, pour un si petit nombre de croyants? Pourquoi l'assurance du salut est-elle une chose si rare?

Je viens donc, en toute humilité, offrir un petit nombre d'observations sur ce point. Je sais qu'il en est plusieurs qui n'ont jamais obtenu cette assurance, et aux pieds desquels je serais joyeux de m'asseoir sur la terre et dans le ciel.

  1. Peut-être le Seigneur aperçoit-il dans le caractère naturel de plusieurs de ses enfants quelque chose qui fait que l'assurance ne serait pas bonne pour eux.

  2. Peut-être que d'autres, pour être maintenus dans un état de santé spirituelle, ont besoin d'être tenus dans un certain abaissement.

Dieu seul le sait! — Toutefois, après ces concessions, je crains qu'il n'y ait encore un grand nombre de croyants privés de cette assurance, dont le cas peut s'expliquer par quelqu'une des causes suivantes:


1° — L'une des causes, selon moi, les plus communes, c'est une vue défectueuse de la doctrine de la justification.

Je suis porté à croire qu'il s'est peu à peu glissé, dans l'esprit de plusieurs croyants, une certaine confusion des doctrines de la justification et de la sanctification.

Ils reçoivent de l'Évangile cette vérité, savoir: que si nous sommes de vrais membres de Christ, il doit être produit quelque chose en nous, aussi bien que quelque chose pour nous! Jusque-là, ils ont raison. Mais alors (sans en avoir peut-être bien la conscience eux-mêmes), ils semblent être pénétrés de l'idée que leur justification est en quelque degré empêchée par ce qui se passe dans leur intérieur. — Ils ne voient pas clairement que l'œuvre de Christ, et non la leur propre, générale ou partielle, directe ou indirecte, est le seul fondement de notre acceptation devant Dieu; — que la justification est une chose entièrement en dehors de nous, pour laquelle rien absolument n'est exigé de nous que la simple foi; — et que le plus faible croyant est aussi pleinement justifié par elle que celui qui est le plus fort.

Plusieurs semblent avoir oublié que nous sommes sauvés et justifiés comme pécheurs, et seulement comme tels; et que nous n'atteindrons jamais au-delà, dussions-nous arriver à l'âge de Méthusela. — Sans doute, nous devons être des pécheurs rachetés, des pécheurs justifiés, des pécheurs renouvelés, mais pécheurs et toujours pécheurs jusqu'à la fin. — Ils ne paraissent pas comprendre qu'il y a une immense différence entre notre justification et notre sanctification.

Notre justification est une œuvre parfaite, accomplie, qui n'admet pas de gradation.

Notre sanctification est une oeuvre imparfaite, inachevée, et sera telle jusqu'au dernier jour de notre vie.

Ils ont l'air de penser qu'un croyant doit, à une certaine époque de sa vie, être en quelque sorte affranchi de la corruption et atteindre une certaine perfection intérieure. Or, ne trouvant pas que cet état séraphique soit celui de leurs cœurs, ils en concluent qu'ils sont dans une situation d'âme très mauvaise, et ils passent ainsi leur vie à s'affliger, oppressés par la crainte de n'avoir aucune part avec Christ, et ils refusent d'être consolés.

Mes chers frères, pensez à cela. — Si un croyant désire posséder l'assurance et ne l'a pas encore obtenue, qu'il se demande d'abord s'il est parfaitement sûr d'être sain dans la foi, — si ses reins sont entièrement ceints de vérité, — si sa vue est entièrement claire sur le sujet de la justification. Il doit savoir ce que c'est que de croire avec simplicité avant de pouvoir sentir l'assurance du salut.

Croyez-moi, l'ancienne hérésie des Galates est la source la plus fertile en erreurs, tant en doctrine qu'en pratique. — Cherchez à obtenir des vues plus claires sur Christ et sur ce qu'il a fait pour vous. Heureux est celui qui comprend réellement la justification par la foi sans les œuvres de la loi!


2° — Une autre cause du défaut d'assurance, c'est la négligence à chercher à croître dans la grâce.

Je soupçonne que beaucoup de vrais croyants ont sur ce sujet des vues dangereuses et anti-scripturaires. — Je n'accuse pas leurs intentions, mais je signale le fait. — Plusieurs semblent penser, qu'une fois convertis, ils n'ont rien à désirer au-delà, et que la conversion est une espèce de fauteuil commode, dans lequel ils peuvent rester tranquillement et nonchalamment couchés, et être heureux. — On dirait qu'ils s'imaginent que la grâce leur a été donnée uniquement pour qu'ils en jouissent, et ils oublient qu'elle leur a été accordée comme un talent, pour s'en servir, pour l'employer et pour se perfectionner. De telles personnes perdent de vue plusieurs injonctions précises de la Parole: de «croître, — d'augmenter, — d'abonder de plus en plus, — d'ajouter à notre foi, — etc.,» et dans leur quiétisme oisif, dans cette somnolence d'esprit, je ne m'étonne nullement qu'ils aient perdu l'assurance.

Je crois que notre but constant et notre désir doivent être de marcher en avant. Notre mot d'ordre, au commencement de chaque année, doit être cette parole de saint Paul: «Abondez de plus en plus (1 Thes., IV, 1).» Plus de connaissance, — plus de foi, — plus d'obéissance, — plus d'amour. —

Si votre grain a produit 30, il doit en produire 60. — S'il en a produit 60, nous devons nous efforcer de lui en faire produire 100. — «La volonté de Dieu, c'est votre sanctification (1 Thes., IV, 3),» et ce doit être aussi la nôtre.

Une chose, en tout cas, que vous devez reconnaître, c'est qu'il y a une inséparable relation entre l'activité et l'assurance. «Étudiez-vous, dit Pierre, à affermir votre vocation et votre élection (2 Pierre, I, 10).» — «Nous désirons, disait Paul, que chacun de vous fasse voir la même ardeur jusqu'à la fin, pour la pleine assurance de votre espérance (Héb., VI, 11).» — «L'âme des diligents sera engraissée (Prov., XIII, 4).» — Il y a beaucoup de vrai dans cette ancienne maxime des puritains: «La foi d'adhésion vient de l'ouïe, mais la foi de l'assurance vient de l'action.»

Que ceux parmi vous qui désirent l'assurance et qui ne l'ont pas encore obtenue, fassent attention à mes paroles. Quelque vif que soit votre désir, vous ne l'obtiendrez jamais sans agir. — Dans les choses spirituelles comme dans les temporelles, point de gain sans travail. «L'âme du paresseux désire et n'obtient rien (Prov., XIII, 4)


3° — Une autre cause ordinaire du manque d'assurance, c'est une marche inconséquente dans la vie.

C'est avec une profonde douleur que je me vois contraint de dire que rien, dans le temps où nous vivons, n'empêche autant que cela les hommes d'obtenir une espérance certaine. Si le courant du christianisme professé est plus large qu'autrefois, je crois devoir reconnaître aussi qu'il est moins profond.

L'inconséquence dans la vie est absolument subversive de toute paix de la conscience. Ce sont deux choses incompatibles: elles ne peuvent ni ne veulent marcher ensemble.


j'ose vous garantir que vous n'aurez aucune assurance. Une marche vacillante, — une lenteur à prendre un parti ferme et décidé, — un empressement à vous conformer au monde, — une hésitation à confesser Christ, — un ton léger et indifférent à parler de religion, — toutes ces dispositions sont autant de moyens destructifs de toute assurance.

Comment supposer que vous vous sentirez sûrs de votre pardon et de l'adoption de Dieu, si vous ne reconnaissez pas que tous ses commandements sur tous les sujets sont justes, — et si vous ne haïssez pas tout péché, grand ou petit! Un seul Hacan, toléré dans le camp de votre cœur, rendra vos mains faibles, et ruinera la source de vos plus pures consolations. Vous devez chaque jour semer à l'Esprit, si vous voulez recueillir le fruit de l'Esprit. Vous ne trouverez les chemins du Seigneur agréables qu'autant que vous chercherez à vous rendre vous-mêmes agréables au Seigneur dans toutes vos voies.

Je bénis Dieu chaque jour de ce que notre salut ne dépend en aucune manière de nos œuvres. Nous sommes sauvés par grâce, et non par les œuvres de justice; par la foi, sans les œuvres de la loi.

Mais je ne voudrais pas qu'un seul croyant oubliât un moment que l'assurance de notre salut dépend beaucoup de notre manière de vivre. — L'inconséquence obscurcira votre vie, et attirera des nuages entre le soleil et vous. Le soleil restera le même derrière les nuages, mais vous ne pourrez ni voir sa lumière ni jouir de sa chaleur, et votre âme restera engourdie dans une atmosphère froide et sombre. C'est dans ce sentier du bien faire que l'aurore de l'assurance vous visitera et brillera dans vos cœurs.


Paul était un homme qui s'exerçait à avoir toujours une conscience irrépréhensible devant Dieu et devant les hommes (Actes, XXIV, 16). Il pouvait dire avec assurance: «J'ai combattu le bon combat, et j'ai gardé la foi.» — Je ne m'étonne pas que le Seigneur l'ait mis en état d'ajouter avec confiance: «Au reste, la couronne de justice m'est réservée, et le Seigneur me la donnera en ce jour-là.»

Frères, si quelqu'un qui croit au Seigneur Jésus désire l'assurance et ne l'a point encore obtenue, qu'il réfléchisse à ceci, qu'il examine son propre cœur, sa conscience, sa vie, ses voies; — et quand il aura terminé cet examen, il sera peut-être en état de dire: Là est la cause pour laquelle je suis privé de l'assurance.

Et maintenant, je livre les trois points que je viens de traiter à vos propres réflexions. — Je suis certain qu'ils méritent bien d'être pesés. Puissiez-vous tous les examiner avec droiture, et veuille le Seigneur vous donner l'intelligence en toutes choses.


***

Et maintenant, en terminant cette enquête importante, permettez-moi de m'adresser d'abord à ceux d'entre vous qui ne se sont pas encore donnés au Seigneur, — qui ne se sont pas retirés du monde, — qui n'ont pas choisi la bonne part et suivi Christ. Apprenez, chers amis, par ce qui précède, quels sont les privilèges et les consolations du vrai chrétien.

Je ne voudrais pas que vous jugeassiez de ce qu'est Jésus-Christ d'après ce qu'est son peuple. Le meilleur de ses serviteurs ne peut donner qu'une faible et fausse idée de son glorieux Maître, et je ne voudrais pas non plus que vous mesurassiez les consolations de son royaume sur la consolation à laquelle beaucoup des siens parviennent.

Hélas! nous ne sommes pour la plupart que de pauvres créatures. Nous restons fort en arrière des bénédictions dont nous devrions jouir. Mais tenez pour certain qu'il y a dans la cité de notre Dieu des biens précieux que peuvent posséder déjà, dès cette vie, ceux qui ont une espérance assurée. Il s'y trouve une abondance de paix et de consolation que vous ne sauriez concevoir. — Il y a une grande provision de pain dans la maison de notre Père, et si vous voyez tant de gens qui restent faibles, c'est qu'ils se contentent de ne manger que des miettes. Mais cette faute ne doit pas être imputée à notre Maître, c'est la nôtre

Et, après tout, le plus faible des enfants de Dieu possède au-dedans de lui une mine de consolations — qui vous sont inconnues. — Vous voyez les combats et les agitations qui sont à la surface de son cœur; mais, ce que vous n'apercevez pas, ce sont les perles de grand prix cachées dans ses profondeurs. Le plus chétif des membres de Christ ne voudrait pas échanger sa condition avec la vôtre. Le fidèle qui possède la moindre assurance est bien mieux placé que vous. Il a une espérance, quelque faible qu'elle soit; mais vous, vous n'en possédez aucune. Il a une part qui ne lui sera jamais enlevée, — un Sauveur qui ne l'abandonnera jamais, — un trésor qui ne perdra jamais de sa valeur, quoiqu'il ne puisse pas le réaliser de suite. Mais, pour vous, si vous mourez dans l'état où vous êtes, — toutes vos espérances périssent. Oh! si vous pouviez être sages! si vous compreniez ces choses! Oh! si vous pouviez considérer votre fin dernière!

Si j'ai jamais tremblé pour quelqu'un, dans ces temps qui semblent annoncer l'approche des derniers jours, c'est pour vous, dont tous les trésors sont sur cette terre, dont les espérances sont toutes de ce côté-ci de la tombe.

Oui, quand je vois les plus anciens royaumes et les dynasties ébranlées jusque dans leurs fondements, — quand je vois les rois, les princes et les riches, fuyant pour sauver leur vie, et sachant à peine où ils pourront cacher leur tête, — quand je vois la propriété qui repose sur la foi publique se fondant comme la neige au printemps, — les fonds publics perdant de leur valeur, — quand je vois ces choses, je tremble pour ceux qui n'ont d'autre portion que celle que ce monde peut donner, et qui n'ont aucune place dans ce royaume qui ne peut être ébranlé.

Suivez aujourd'hui l'avis que vous donne un ministre de Christ; recherchez les richesses durables: — un trésor qui ne peut vous être ravi, — une cité qui a des fondements éternels. — Faites ce que fit saint Paul; donnez-vous au Seigneur Jésus-Christ, cherchez à obtenir cette couronne incorruptible qu'il est prêt à vous accorder. Prenez son joug et vous en chargez; soyez enseignés de Lui; retirez-vous d'un monde qui ne vous satisfera jamais réellement. — Allez au Seigneur Jésus comme d'humbles pécheurs, et il vous recevra, il vous pardonnera, il vous renouvellera par son Esprit, il vous remplira de sa paix. — Ceci vous donnera plus de consolations réelles que vous n'en avez jamais reçues du monde. Il y a dans votre cœur un abîme que la paix de Christ peut seule combler. Entrez-y, usez de vos privilèges, venez vous asseoir à nos côtés.


***

Enfin, je me tourne vers tous les fidèles qui ont lu ces pages, et je leur donnerai, en peu de mots, quelques conseils fraternels.

La seule chose sur laquelle j'insiste avec vous est celle-ci: Si vous n'avez pas encore obtenu une espérance certaine de votre réconciliation avec Dieu en Christ, prenez dès aujourd'hui la résolution de la chercher. Travaillez-y, faites des efforts, et priez pour l'obtenir. — Ne laissez à Dieu aucun repos, jusqu'à ce que vous connaissiez «Celui en qui vous avez cru

Je commencerai par reconnaître que le peu d'assurance du salut qu'on rencontre aujourd'hui parmi ceux qui sont reconnus pour des enfants de Dieu est un sujet d'humiliation et de reproche. «C'est une chose dont il faut s'affliger profondément, disait un ancien docteur, que beaucoup de chrétiens aient passé de vingt à quarante années depuis que Christ les a appelés par sa grâce, et cependant que leur vie s'écoule dans le doute à l'égard de leur salut.»

Mes frères, vous n'oserez sûrement pas dire que vous ne désireriez pas échanger des espérances contre une certitude, une simple croyance contre une persuasion; que parce qu'une foi faible peut vous sauver, vous êtes décidés à vous en contenter. Parce que l'assurance n'est pas indispensable pour votre entrée dans le ciel, croyez-vous pouvoir vous en passer pendant que vous êtes sur cette terre? — Hélas! il n'est pas sain pour une âme de rester dans cet état; ce n'est pas là l'esprit des jours apostoliques. Levez-vous donc et marchez en avant; ne vous arrêtez pas aux éléments fondamentaux de la religion; tendez à la perfection, ne vous contentez pas du jour des petits commencements; ne les méprisez jamais dans les autres; mais pour vous-mêmes, ambitionnez davantage.

Oh! croyez-moi, l'assurance du salut est bien digne d'être recherchée. En la négligeant, vous abandonnez votre part des miséricordes divines.

Les choses que je vous ai dites appartiennent à votre paix. Si la certitude est une.chose bonne dans nos affaires terrestres, combien plus dans celles qui sont célestes. — Votre salut est un fait assuré et certain. Dieu le sait. Pourquoi ne chercheriez-vous pas à le savoir aussi vous-mêmes? Il n'y a là-dedans rien de contraire à l'Écriture. Paul n'avait jamais lu dans le Livre de vie, et cependant il disait: «Je sais, je suis persuadé.»

Faites-en le sujet de votre prière de tous les jours, afin que vous obteniez une augmentation de foi, car votre paix sera toujours en proportion de votre foi. Cultivez avec soin cette plante précieuse, et tôt ou tard, sous la bénédiction de Dieu, vous pouvez espérer de la voir fleurir. Vous n'obtiendrez peut-être pas cette pleine assurance tout d'un coup, il est quelquefois à propos d'être tenu dans l'attente. Nous n'estimons souvent les choses qu'en proportion de ce qu'elles nous coûtent de peine à acquérir. «Mais, quoiqu'il tarde, attends-le.»Cherchez et vous trouverez.

Encore une recommandation. — Ne soyez pas surpris si vous êtes occasionnellement inquiétés par quelques doutes, après avoir acquis l'assurance de votre salut. Vous ne devez pas oublier que vous êtes encore sur la terre et non dans le ciel. — Vous êtes encore dans un corps où habite le péché. — La chair luttera contre l'esprit jusqu'à la fin. — La lèpre sera toujours dans les murailles de la vieille maison, jusqu'à ce qu'elle soit renversée.

Il y a, en outre, un démon, et un démon puissant: celui qui tenta le Seigneur Jésus et qui fit tomber Pierre; — il voudra aussi faire connaissance avec vous. Vous aurez donc toujours quelques doutes. Celui qui ne doute jamais n'a non plus rien à perdre. — Celui qui n'a jamais de craintes ne possède réellement aucun objet de prix. Celui qui n'est jamais jaloux connaît peu ce que c'est que l'amour profond. Mais ne perdez pas courage, vous serez plus que vainqueurs par Celui qui vous a aimés.

Enfin, n'oubliez pas que l'assurance est une chose qui peut se perdre pour un temps, même chez les chrétiens les plus avancés, à moins qu'ils n'y veillent constamment.

L'assurance est une plante des plus délicates: elle a besoin d'être chaque jour, à chaque heure, surveillée, arrosée, buttée, soignée; ainsi, veillez et priez plus que vous ne l'avez fait jusqu'ici. Soyez toujours sur vos gardes. Pendant son sommeil le chrétien (Voyage du Chrétien vers l'éternité bienheureuse) perdit le témoignage de son adoption. Faites-en votre profit.


Chacun d'eux la retrouva sans doute plus tard, mais seulement après avoir versé des larmes bien amères. L'obscurité spirituelle vient au galop et s'en retourne à pied. Elle est déjà sur nous, avant même que nous ne la sachions en route. Elle nous abandonne lentement, graduellement, et souvent après un temps très long. — Il est aisé de descendre une colline et difficile de la gravir. — Ainsi, rappelez-vous ma recommandation: quand vous possédez la joie du Seigneur, veillez et priez.

Par-dessus tout, ne contristez pas le Saint-Esprit, n'éteignez pas l'Esprit, n'outragez pas l'Esprit (1 Thes., V, 19. — Ésaïe, LXIII, 10. — 1Tim., V, 19). Ne le tenez pas à distance, en tolérant quelques petites habitudes mauvaises et quelques petits péchés. — Les petites querelles entre époux rendent l'intérieur de famille malheureux, — et de légères inconséquences, connues et consenties, établiront une sorte de froideur et de séparation entre vous et l'Esprit.

Prêtez enfin votre attention à la conclusion de cet écrit.


FIN.


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