Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

VRAIE ET FAUSSE DÉVOTION.

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Les mots dévotion et dévouement ont la même origine et doivent avoir le même sens; ils diffèrent seulement en ceci, que:

L’un s’applique aux choses saintes,

et l’autre aux choses profanes

Or le dévouement selon la définition du dictionnaire de l’Académie, est L’ABANDON ENTIER AUX VOLONTÉS D’UN AUTRE.


La vraie dévotion est donc aussi l’abandon entier à la volonté de Dieu.

Celui-là est vraiment dévot qui cesse de faire CE QU’IL VEUT ou CE QUE VEUT LE MONDE, ET QUI ACCOMPLIT CE QUE DIEU VEUT.

Une vie dévote est celle où l’on s’applique à glorifier Dieu et à lui obéir en tout point et en toute circonstance.


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La prière publique ou privée n’est qu’une partie de la dévotion; la conduite en est une autre non moins essentielle.

Prier Dieu et ne pas se dévouer au service de Dieu,

ce n’est plus être dévot; c’est être INCONSÉQUENT ou HYPOCRITE.

Il faut soigneusement distinguer entre la vraie et la fausse dévotion. Car:

1. d’un côté, les gens du monde, ayant négligé de faire cette distinction importante, poursuivent des mêmes sarcasmes les vrais et les faux dévots,

2. et de l’autre côté, il y a beaucoup de personnes qui s’attribuent une véritable dévotion par qu'elles pratiquent seulement les devoirs extérieurs de la piété.

Voici un membre de l’église, par exemple, qui serait profondément affligé de manquer à une seule assemblée religieuse; quand il n'est pas au temple, chacun suppose qu’il est malade.

Mais que fait-il hors du temple?

Précisément tout ce que fait le monde!

L’emploi de son temps et de ses biens, les conversations et les divertissements auxquels il se livre, les objets qu’il poursuit, les lieux qu’il fréquente, tout cela ressemble trait pour trait à la manière d’être et d’agir des incrédules.

Et pourtant il se croit dévot!

Si quelqu’un venait lui dire qu’il n’a pas besoin de mettre tant d’exactitude dans ses prières, il crierait à l’impiété. Mais si l’on vient lui dire que ses prières une fois faites, il peut employer son temps et son argent comme le fait la majorité des hommes, vivre et s'amuser comme le monde, participer aux passions et aux folies du siècle, il trouvera la chose toute simple, toute naturelle, et ne soupçonnera pas que celui qui s’exprime ainsi est un messager de Satan.


Mais de bonne foi, peut-on rien imaginer de plus absurde que de prier d’une façon et d’agir d’une autre?

Vous allez chaque dimanche, confesser que vous avez mérité, par vos mauvaises œuvres la condamnation et la mort,

vous allez déclarer que vous avez une vive douleur d’avoir offensé Dieu, et que vous vous condamnez, vous et vos vices, avec une sérieuse repentance;

vous suppliez Dieu de vous pardonner vos péchés à cause de son Fils Jésus-Christ, et de vous accorder les grâces de son Saint-Esprit, afin que vous puissiez faire des œuvres qui lui soient agréables...

Et au sortir du temple, vous retournez à votre mauvais train habituel, sans vous souvenir seulement de ce que vous avez dit et demandé au Seigneur!

De deux choses l’une, ou la religion vous prescrit des règles de conduite, ou elle ne vous en prescrit pas!

Si elle vous donne des règles de conduite, il est aussi nécessaire d’y conformer toutes vos actions que de fréquenter les assemblées religieuses. II est même bien remarquable que la Parole de Dieu nous entretient des devoirs de la vie habituelle beaucoup plus souvent que de l’obligation d’observer les formes du culte public.

Le Sauveur et ses apôtres nous enseignent partout que nous devons

RENONCER AU MONDE ET À SES IDOLES,

VIVRE comme de nouvelles créatures et des enfants de lumière,

ASPIRER aux choses qui sont en haut,

PORTER notre croix,

NE PAS NOUS INQUIÉTER du lendemain,

ABANDONNER l'orgueil et la vanité des richesses,

CHERCHER notre joie dans la pauvreté et l'humilité,

NOUS RÉJOUIR dans les souffrances,

CRUCIFIER la convoitise de la chair et la convoitise des yeux,

AIMER DIEU de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes,

PARDONNER les injures,

NOUS EFFORCER enfin d’entrer par la porte étroite qui mène à la vie.

Parmi ces milliers de préceptes qui se rapportent tous au cours habituel de notre existence, à peine en trouverait-on deux ou trois qui concernent la fréquentation du culte public.

N’est-il donc pas fort étrange que l’on mette tant de valeur à ces derniers préceptes, tandis qu’on néglige habituellement tous les autres?

Mais non, après tout, cela n’est pas étrange: l'homme essaie de se persuader que ce qui lui coûte le moins de peine est l’essentiel de la dévotion; et comment ne réussirait-il pas à tromper sa conscience, lorsque toutes ses passions se liguent pour y parvenir?

Aussi personne ne ressemble mieux qu’en faux dévot, je ne dis pas à un misérable sans pudeur, mais à un mondain qui garde les bienséances et les dehors de l'honnêteté.

Comparez-les l’un à l’autre dans toutes les circonstances de la vie commune, et vous n'apercevrez rien qui les distingue.

Leurs manières, leurs passions, les objets de leurs plaisirs et de leurs déplaisirs, leurs inquiétudes, leurs entretiens, leurs amusements, ne sont-ils pas absolument les mêmes?

Ils ne se séparent que sur un seul point:

c'est que le premier pratique les formes du culte,

et que l’autre les regarde comme inutiles.

Mais si le Christianisme n’a rien changé dans l’esprit ni dans le cœur du prétendu dévot, s'il lui laissé employer son temps, son argent, ses travaux, ses facultés intellectuelles, ses affections de la même manière que le monde:


QU’EST-CE DONC QUE LE CHRISTIANISME A FAIT POUR CET HOMME?

C’est une pauvre chose, on doit l'avouer, que de prier en chrétien et de vivre en païen.

Ne nous abusons pas:

il doit y avoir toute la différence des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du sommeil au réveil entre un MONDAIN et un CHRÉTIEN, entre un FAUX et un VRAI DÉVOT.

Ces deux êtres doivent appartenir à deux mondes ici-bas,

de même qu’ils seront dans DEUX MONDES BIEN OPPOSÉS au-delà du tombeau.

Que chacun y réfléchisse donc sérieusement, et qu’il examine s'il porte en lui et manifeste au-dehors les caractères de la vraie dévotion!

Archives du christianisme 1836 01 23


 

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