Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE

Le voyageur sur un chemin de fer.


***

Le récit que l’on va lire confirme d’une manière éclatante cette déclaration du sage, «qu’une parole dite à propos est bonne» (Prov. XV, 23).


C’était vers la fin de l’année 1854.

Un pasteur avait pris place, avec d’autres voyageurs, dans l’un des fourgons établis sur le chemin de fer qui conduit à la ville voisine. On était au moment de partir, lorsqu’on vit arriver un homme qui paraissait avoir trente-cinq à quarante ans, et dont les vêtements annonçaient un cultivateur aisé. Sa figure était maigre et pâle, sa démarche était chancelante, et le pasteur lui tendit la main pour le faire monter dans la voiture.

On apprit bientôt que ce voyageur se rendait dans une grande ville pour y consulter les principaux médecins. Le ministre de Jésus-Christ s’empressa de saisir cette occasion pour lui parler des intérêts de son âme, et il eut la joie de remarquer que ses paroles, prononcées avec amour, étaient reçues avec intérêt.

Je m’afflige beaucoup, lui dit-il, de vous voir si malade; vous m’avez effrayé en entrant dans le fourgon; y a-t-il longtemps que vous êtes atteint de cette maladie?

Oui, répondit le fermier, il y a déjà plusieurs mois, et je me trouve de plus en plus mal. Je vais consulter M***; mais je crains bien que tous ses avis ne soient inutiles.

Peut-être, continua le pasteur, mais lorsque les remèdes humains sont impuissants, il nous reste un grand Médecin qui ne manque pas de guérir tous ceux qui viennent sincèrement à lui.


L’entretien fut amené de cette manière sur les vérités du Christianisme.

Le pasteur exhorta sérieusement et affectueusement son compagnon de voyage à recourir sans délai au Médecin des âmes. Il lui expliqua dans les termes les plus simples comment l'homme pécheur est réconcilié avec Dieu par le sang de Jésus-Christ, et cita, entre autres, ce passage:


«Il n’y a point de salut en aucun autre;

car aussi il n’v a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes,

par lequel nous devions être sauvés» (Act IV, 12).


Il lui annonça, de la part de Dieu, que le salut est une œuvre de grâce depuis le commencement jusqu’à la fin, et que cette grâce est également nécessaire à tous les êtres humains, non seulement aux hommes ouvertement scandaleux et criminels, mais encore à ceux qui ont mené une conduite décente et morale, parce que nous sommes tous des créatures déchues, digues de condamnation devant la face d’un Dieu parfaitement saint.


«Tous ont péché, lui dit-il dans le langage de Saint-Paul, et sont privés de la gloire de Dieu» (Rom. III, 23)


Il le pressa d’accepter lui-même et pour son propre salut la miséricorde de Dieu en Christ, et de l’accepter immédiatement.

Il lui rappela enfin que son cœur devait être changé par l’influence régénératrice du Saint-Esprit, qu’il recevrait toutes les bénédictions qui lui étaient nécessaires par l’intercession de Jésus-Christ, et que s’il croyait au Rédempteur, il serait sauvé.

Le voyageur montra dans cette conversation une grande ignorance de l’Évangile, mais il parut écouter avec une attention sérieuse et soutenue.

Cet entretien dura jusqu’à ce qu’on fut arrivé au terme du voyage. Les deux interlocuteurs se séparèrent avec les démonstrations d’un attachement mutuel, ils n’espéraient guère se retrouver encore dans ce monde; niais le pasteur avait une humble espérance que ses exhortations seraient bénies, et qu’il reverrait ce voyageur dans le monde à venir.

Le malade raconta à sa famille, quelques jours après, qu’il avait eu une conversation bien intéressante avec un étranger, pendant qu’il se rendait à ***, et manifesta le désir de s’entretenir encore avec lui.

Quel homme était-ce? demanda quelqu’un.

Ah! c’était un homme d’un certain âge, d’une contenance grave, tout vêtu de noir.

Bien, poursuivit le premier, j’oserais garantir que cet homme est M*, qui est venu prêcher dans notre village précisément à cette époque. Il retournait probablement chez lui par le chemin de fer quand vous l’avez vu. Nous le reverrons peut-être encore; je vais m’en informer.

Ces détails furent communiqués au pasteur qui, voyant que la Providence lui offrait une occasion favorable de visiter le malade, la saisit avec empressement.


Le pauvre cultivateur s’était de plus en plus affaibli, et paraissait n’avoir que bien peu de temps à vivre. Il était étendu sur une chaise longue quand le pasteur entra, et relevant la tête, il parut surpris de le voir.

Ses yeux témoignèrent une vive joie, pendant qu’il exprimait les sentiments dont son cœur était rempli. Il tendit les deux mains au pasteur qui lui demanda: Me reconnaissez-vous?

Oh! oui, je vous reconnais, et je n’ai pas oublié les excellentes choses que vous m’avez dites. Oh! que je suis heureux de vous revoir! vous m’avez appris ce qui m’était inconnu jusqu’ici. Oh! combien j’étais ignorant! Vous m’avez montré le chemin....

Dieu en soit loué! C’est le chemin qui nous a été enseigné par Jésus-Christ lui-même; et c’est lui qui est «LE CHEMIN, LA VÉRITÉ, LA VIE.»

Voilà vos propres paroles; j’y ai souvent pensé depuis lors, et elles ont beaucoup servi à me consoler.

Alors eut lieu un sérieux entretien, dans lequel le malade confessa ouvertement qu’il se sentait justement condamné à cause de ses mauvaises œuvres, qu'il renonçait à toute propre justice, et n'attendait le salut de son âme que par la grâce qui est en Jésus-Christ.

Après avoir longtemps médité sur le sacrifice du Dieu-Sauveur , et expliqué plusieurs passages qui montrent quel est le moyen de réconciliation entre le Créateur et ses coupables créatures, les deux amis prièrent ensemble et le pasteur offrit de ferventes actions de grâces au Père des miséricordes pour l’œuvre excellente qu’il venait d’accomplir.

La prière achevée, le malade s’écria dans un transport de joie: Oh! que je suis heureux! que je me sens fortifié et consolé! Vous reviendrez encore, je l'espère, et nous continuerons à parler des compassions de Dieu.

Le pasteur fit plusieurs visites au malade, et le trouva toujours plus mûr pour le ciel. Évidemment le nouveau converti avançait dans la voie du salut.

Il comprenait:

que la justice de Dieu est satisfaite,

sa sainteté maintenue,

sa fidélité clairement manifestée dans le sacrifice de Jésus-Christ.

Il sentait que le pécheur ne reçoit pas seulement l’invitation, mais le commandement exprès de croire à Celui qui «nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption» (1 Cor. I, 30).

Ces vérités glorieuses et vivifiantes, étant gravées dans le cœur du malade par le Saint-Esprit, paraissaient produire sur lui une impression de jour en jour plus profonde.

Cependant l'heure vint où le pasteur fut appelé par des fonctions urgentes à quitter son ami chrétien. Leurs derniers adieux furent remplis d’actions de grâces et de prières, et leur séparation fut accompagnée des émotions les plus vives. Moment solennel que celui où ils se séparèrent pour ne plus se rencontrer ici-bas! Mais ils avaient l’un et l’autre la douce espérance d’être un jour réunis dans le ciel, pour chanter ensemble éternellement les louanges de l’Agneau immolé pour nous.

Quelques semaines s’étant écoulées, le pasteur apprit, par une lettre d’un de ses frères en Jésus, que le malade avait achevé sa carrière en paix, et qu’il était mort avec la joie d’un enfant de Dieu. Voici quelques fragments de cette lettre:

«Vous apprendrez sans doute avec un profond intérêt que le villageois que vous avez rencontré sur le chemin de fer, il y a quelques mois, et visité plus tard dans sa maison, vient d’entrer dans le séjour éternel. Je suis également certain que vous aimerez à lire les principaux détails de ses derniers moments, puisque vous avez été, sous la bénédiction de Dieu, l’instrument de sa conversion.

«Quinze jours environ avant sa mort, il me fit appeler près de lui. Je lui adressai diverses questions sur son état religieux, et il y répondit d'une manière satisfaisante, chose bien remarquable, si l’on considère la grande ignorance où il était auparavant.

Il m’assura qu’il s’appuyait uniquement et simplement sur la justice de Christ pour être sauvé, que par lui même il se sentait indigne et incapable de ne rien mériter, mais qu’il croyait à l’expiation accomplie par Celui dont le sang purifie de tout péché.

«La simplicité de sa foi aussi bien que la fermeté de son espérance me réjouirent beaucoup, et me prouvèrent qu’il avait reçu l’enseignement du Saint-Esprit comme un petit enfant.

Quelle leçon pour ceux qui enveloppent de difficultés et couvrent de ténèbres l'importante doctrine de la foi en notre Seigneur Jésus-Christ!

Voici un exemple de l’humble confiance du pieux villageois.

Qu’est-ce qui vous fait penser, lui demandai-je, que Christ vous a pardonné vos péchés, et qu’il vous donnera une place dans le ciel?

Comment pourrais-je en douter? me répondit-il aussitôt d'une voix solennelle; Jésus-Christ n’est-il pas venu dans le monde pour sauver les pécheurs? n’a-t-il pas promis de recevoir tous ceux qui viendraient à lui? Je sais qu’il peut nous sauver; car il est tout-puissant; je sais aussi qu’il le veut; car sa Parole nous l’atteste.

Vous avez raison, mon digne ami, lui dis-je, mais vous devez vous souvenir qu’il ne sauve que ceux qui rejettent entièrement leurs prétendus mérites, et viennent à lui pour se reposer uniquement sur lui.

Oh! je ne l’oublie pas, s’écria- t-il; je sens toujours mieux que je suis un misérable pécheur, qu’il n’y a rien de bon en moi; mais je sens en même temps que Christ ne me mettra point dehors. Non, il ne me mettra point dehors! J’en suis assuré, car il ne peut se renier lui-même.

Cher frère, je me réjouis de voir que vous ayez une si ferme espérance dans la grâce de Dieu. Ne craignez donc rien; ne craignez pas votre dernier ennemi, car Jésus-Christ vous fortifiera.

Oh! non, s’écria-t-il avec joie, je n’ai aucune crainte; la mort m’ouvrira la porte des cieux; je ne m’effraie pas de la mort, puisque j’ai un tel Sauveur. Mais combien mes idées et mes espérances sont aujourd’hui différentes de ce qu’elles étaient il y a quelques mois!

«Et alors il se mit à me raconter l'histoire de sa vie.

Il n’avait pas affiché des opinions incrédules, ni donné des scandales publics par une conduite déboutée; mais il n’avait jamais connu jusque-là le prix de son âme ni la nécessité d’aller à Christ.

Le monde était tout son trésor et toute son espérance; il se concentrait dans la pensée de ses affaires temporelles et dans le désir d’augmenter sa fortune.

«Quand il plut à Dieu, ajouta-t-il, de me visiter par une grave maladie qui menaçait de me faire descendre au tombeau, je reconnus bien que la mort était imminente, mais jamais je ne songeai à me demander si j'étais prêt à paraître devant Dieu. Que serais-je devenu, hélas! si j’étais mort dans cette malheureuse incrédulité d’esprit et de cœur! moi qui avais tant de fois repoussé les appels de Dieu et fatigué sa patience?»

«Vous connaissez le reste de son récit. Il m’exprima pour vous la plus vive reconnaissance et le plus tendre attachement.

Jamais, disait-il, je n’oublierai les pieuses exhortations de ce digne pasteur. C’est lui qui a été l'instrument choisi d’en haut pour m’ouvrir les yeux, pour me montrer la lumière de l’Évangile, et me préparer à la mort qui s’approche maintenant de moi. Grâces en soient rendues à Dieu! il a daigné m’appeler à la dernière heure, et me retirer de la voie du péché comme on arrache un tison du feu.

Oui, lui répondis-je avec l'émotion que m’inspiraient ces détails si simples et qui sortaient si évidemment de son cœur; oui, vous êtes un tison arraché du feu; vous êtes immensément redevable aux richesses de la patience et de la grâce du Seigneur.

«J’allai depuis lors le visiter encore plusieurs fois, et je le trouvai, à chaque entrevue, fermement appuyé sur les mérites de Jésus-Christ, ayant les reins ceints, sa lampe allumée, se réjouissant des promesses faites aux pécheurs, et n’éprouvant qu’un seul désir, celui de mourir de la mort des justes.

La dernière fois que je l'ai vu, son âme était, si l’on peut parler ainsi, délicieusement calme. Satan avait essayé de l’ébranler, et ses efforts lui avaient fait passer quelques moments pénibles; mais LA FOI AVAIT REMPORTÉ LA VICTOIRE, et il s’appuyait de toutes ses forces sur le rocher des siècles.

Il me reçut avec joie, et dit:

Je vais entrer dans la gloire; priez avec moi et pour moi. Oh! bénissons Dieu de nous avoir donné un Sauveur tel que Jésus-Christ! Que ferais-je, que deviendrais-je maintenant sans ce bien-aime Sauveur?....

La main de la mort était empreinte sur tous ses traits, et il me fut facile de voir que nous étions réunis pour la dernière fois dans ce monde. Je le recommandai à Dieu, et le suppliai de le recevoir dans ses tabernacles éternels. Le malade me serra la main avec une grande affection:

certainement, murmura-t-il, nous nous reverrons dans le ciel! La gloire et la louange en soient à notre divin Rédempteur!

«Deux jours après il était entré dans son repos.

Sa femme me dit qu’il avait eu plusieurs accès de délire, mais que, dans ses moments lucides, il reprenait toute sa sérénité, et s’écriait en paroles entrecoupées: O mon Sauveur! mon adorable Sauveur! Il mourut en prononçant le nom de Christ.

«Rendons grâces à Dieu pour toutes ces choses, cher frère; l'Évangile est toujours la puissance de Dieu à salut pour tous ceux qui croient.

Je ne doute en aucune manière que cet homme ne chante aujourd’hui, dans l’assemblée des premiers-nés, le cantique de Moïse et de l’Agneau.»


* * *


Lecteur, ce récit dont tous les détails sont exactement vrais renferme plusieurs instructions importantes.

Persuadons-nous bien, d’abord, que l’on s’expose au péril d'une misère éternelle, en vivant dans l’ignorance et dans l’indifférence.

Il est des hommes qui proclament par d’énormes scandales leur propre condamnation; car «le salaire du péché, c’est la mort» (Rom. VI, 25).

Mais il en est d’autres qui, pareils à ce villageois, ont des mœurs extérieurement honnêtes et décentes, beaucoup de droiture dans le maniement de leurs affaires, et qui à cause de cela se séduisent eux-mêmes.

- Ils oublient qu’une seule chose est nécessaire;

- ils oublient que la moralité sociale, recommandable sans doute et indispensable dans les relations humaines, ne peut pourtant pas sauver leur âme.

Nous devons tous avoir quelque chose de plus.

Dans la Bible, Dieu nous a manifesté la seule voie du salut.

TOUS CEUX QUI NÉGLIGENT ET IGNORENT CETTE RÉVÉLATION S’EXPOSENT À PÉRIR ÉTERNELLEMENT.

Notre villageois le reconnut, et vous, lecteur, en êtes-vous persuadé?

Rappelez-vous qu’au jour du jugement le «juge exercera la vengeance, avec des flammes de feu,*contre ceux qui ne connaissent point Dieu, et qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ!» (2 Thess. I, 8).

Apprenons, en second lieu, que:


Le seul moyen d'être pardonné, de mourir en paix et d’obtenir le salut,

c’est d'aller humblement à Christ.


Aussitôt que le villageois dont nous parlons eut compris qu’il avait besoin d'un Sauveur, il ne mit aucun retard à le chercher. Il lut la Bible, il pria, il demanda la bénédiction de Dieu en Christ.

Dès que le Sauveur lui fut révélé dans toute la plénitude de sa grâce, il le reçut avec transport.

Il abandonna tout sentiment de justice propre;

il crut au témoignage que Dieu a rendu à son fils, que:


«Quiconque croit en lui ne périra point,

mais qu’il a la vie éternelle.»


Lecteur, vous avez peut-être dit souvent en vous-même: «Que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur! «(Nomb. XXIII, 10.)

Mais pour que votre vœu soit accompli, il faut que vous connaissiez et que vous possédiez Christ.

CHERCHEZ-LE DONC SANS DÉLAI.

Ne dites pas: il sera temps encore une autre fois; car vous ne savez point ce qu’un jour, une heure, ce qu’un moment peut amener. N'ayez aucun repos jusqu’à ce que vous receviez Christ comme votre Sauveur. Car:


«celui qui croit au Fils a la vie éternelle;

mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie,

mais la colore de Dieu DEMEURE sur lui.» (Jean III, 18).


Enfin, que le lecteur pieux se souvienne qu'il doit profiter avec empressement de toute occasion favorable pour parler des choses du Seigneur, avec prudence, charité, fidélité à ceux qu’il rencontre, et spécialement aux malades et aux affligés.

Ce récit peut l’encouragera semer, en toute conjoncture, la semence de la vérité divine. Le pasteur qui ouvrit une conversation sérieuse avec ce voyageur sur le chemin de fer, espérait peu qu’il en résulterait les heureuses suites qu’on a vues.

Nous pouvons y observer une marque éclatante de la souveraineté et de la bonté de Dieu.

Le Seigneur est toujours le même pour bénir les travaux de ceux qui coopèrent avec foi à l’avancement de son règne.

Attachons-nous donc à confesser fidèlement, chaque fois qu’il nous est possible, le nom du Seigneur Jésus-Christ. Et qui sait si nous n’aurons pas à raconter de semblables effets de sa grâce, ou peut-être même des effets plus grands encore!


Archives du christianisme 1836 10 22


 
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