Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

Les visites du dimanche


***


De toutes les manières de profaner le jour du Seigneur, celle-ci est l’une des plus fréquentes, nous ne disons pas seulement parmi les gens du monde, mais parmi les personnes pieuses.

On ne se fait aucun scrupule d’aller visiter, le dimanche, ses parents, ses amis, ses voisins, pour s'entretenir avec eux des choses habituelles de la vie sociale et domestique. On emploie ainsi plusieurs heures à des objets complètement différents de ceux qui devraient nous occuper durant le saint jour; et cette coutume est si bien enracinée en beaucoup de lieux, elle prévaut si généralement, que les ministres de l’Évangile ne pensent pas devoir en faire un sujet de reproche ni d’exhortation.

Il y a pourtant dans cet usage une transgression formelle du commandement qui nous ordonne de nous souvenir du jour du repos et de le sanctifier.


II importe de distinguer entre deux espèces de visites que les personnes pieuses pourraient faire le dimanche.

S'il se trouve près de vous un pauvre malade à qui ses infirmités ne permettent pas d'assister au culte public; s’il vous est donné de suppléer à ce vide par votre présence, et de lui apporter la nourriture spirituelle dont il a besoin, vous ferez, en le visitant, non seulement une chose permise, mais une chose louable.

S'il y a une pauvre famille ignorante, dont aucun membre ne sache lire, mais ayant faim et soif de la justice qui est en Christ, et si l'occasion vous est offerte d’aller lire la Parole de Dieu dans cette maison, c’est encore une œuvre que vous ferez bien d’accomplir.

S’il existe un artisan ou tout autre, que vous ne rencontrez jamais chez lui pendant les jours de la semaine, et dont vous pouvez vous approcher le dimanche, pour l'avertir de ses devoirs religieux, pour l'affermir dans la bonne voie s'il y est entré, pour le consoler dans ses peines s’il est malheureux, tout vous appelle encore à l’aller visiter.

Il serait facile d'étendre le cercle de ces exceptions. Mais une âme fidèle saura bien les déterminer elle-même, en interrogeant sa conscience et l’Écriture.

La règle générale sur cette matière peut se résumer ainsi:

Toute visite qui a pour but l’avancement du règne de Christ ou l'accomplissement d’un devoir de charité doit être faite le dimanche comme les autres jours, et même, à certains égards, plutôt que les autres jours.

Le cas est tout différent, lorsqu’il s’agit d'une simple visite de bienséance, de politesse, disons plus, lorsqu’il s'agit d'une visite de famille, où l’objet principal n’est point la religion ni la charité, mais un autre objet, quel qu’il soit.

Observez, d’abord, que ces visites vous ôtent un temps précieux qui devrait être consacré à la lecture de la Bible, à la prière secrète, ou à des exercices publics de piété et d'instruction.


Est-ce donc trop qu’un seul jour sur sept qui appartienne au Seigneur,

et qui soit employé tout entier au travail du salut?


Agissez en cela comme pour les affaires temporelles.

Si, pendant la semaine, vous perdiez, chaque jour, trois ou quatre heures en visites frivoles et inutiles, ne serait-ce pas une faute, et une faute grave, en supposant que vous ayez besoin de tout votre temps pour procurer à votre famille et à vous-même les choses nécessaires?

Eh bien! il n’y a pas une seule âme qui n’ait besoin de tout son temps, le dimanche, pour acquérir les choses nécessaires à sa vie spirituelle. Comment, dès lors, vous croyez-vous autorisé à en perdre plusieurs heures dans des courses inutiles et de vaines conversations?

Ce qui serait mauvais, eu égard aux besoins du corps, n’est-il pas également mauvais, et plus mauvais, eu égard aux besoins de l'âme?

Dieu a consacré le jour du dimanche tout entier à son service, et il l'a fait, non pour lui, mais pour nous; car le sabbat a été fait pour l'homme.

Retrancher une partie de ce jour, et l’employer à des visites de convenance mondaine n'est-ce pas vouloir se faire plus sage que Dieu, et opposer à la volonté divine sa propre volonté?

N'est-ce pas aussi dérober au Seigneur une portion du temps qui lui est dû comme un serviteur déroberait le bien de son maître si après avoir été engagé pour toute la journée, il en passait la moitié ou le quart à se divertir?

Observez, en second lieu, que ces visites font perdre aux autres un temps dont ils doivent aussi rendre compte. Ce n’est pas vous seul qui en souffrez; c’est encore votre parent, votre voisin, votre ami.

De quel droit lui ôtez-vous des moments qu’il doit consacrer à servir le Seigneur?

Il vous reçoit, il vous accueille poliment, parce qu'il craint de paraître inhospitalier; mais ses devoirs religieux n’en sont pas moins interrompus, et il subit une perte que rien ne vous permet de lui faire supporter. Ou bien, si ce parent, cet ami n’est pas très scrupuleux sur l’emploi du jour du Seigneur, vous l'excitez, vous l’encouragez par votre exemple.

Observez enfin que ces inutiles visites des personnes pieuses fournissent aux gens du monde un facile prétexte pour oublier entièrement que le dimanche est le jour du Seigneur.

Vous allez voir vos amis, et causer avec eux de choses vaines et légères; pourquoi donc l'homme du monde n'irait-il pas, lui, dans les assemblées bruyantes, les spectacles, les danses, les festins?

Il se dira que, dans le fond, il ne fait pas autre chose que vous, et il aura parfaitement raison.

Vous élargissez donc devant lui le chemin de la mondanité, et vous êtes responsable des scandales qui arrivent par vous.

Nous opposer la coutume, l’usage, serait un faible et pauvre argument.


Lorsque la coutume est contraire à la loi de Dieu,

le choix, ne doit pas être douteux

pour les âmes qui désirent marcher avec le Seigneur.


Archives du christianisme 1836 06 11


 
- Table des matières -