Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE.

Samuel Kilpin, pasteur anglais.

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(1774-1830)


Les Archives du Christianisme ont annoncé dernièrement la publication de la biographie de Samuel Kilpin. Cet ouvrage renferme un grand nombre de choses édifiantes, et nous sommes persuadés que nos lecteurs en liront avec intérêt quelques fragments. Nous choisirons ça et là, sans nous astreindre à suivre l’ordre biographique, les extraits qu’il nous paraîtra le plus utile de faire connaître.


Samuel Kilpin naquit à Bedford (Angleterre) en 1774. Ses parents étaient pieux, et l’instruisirent dans la crainte du Seigneur. Dès ses plus jeunes années, Samuel éprouva des convictions religieuses; il apprit à aimer le Dieu et le Sauveur de l’Évangile, et bientôt il se sentit pressé du désir d'annoncer cet Évangile qu’il avait reconnu être la puissance de Dieu pour le salut de son âme. Cette pensée l’occupa tellement que sa santé en souffrit. Il considérait de la manière la plus sérieuse la responsabilité du saint ministère, et pensait qu’on ne devait y entrer qu’avec une vocation bien clairement manifestée.


Après plusieurs mois passés en prières ferventes et en combats, il était tellement agité qu’il lui arrivait, comme il l’a raconté lui-même, de se prosterner sous des arbres, et de prier Dieu avec larmes de le délivrer de son désir. Mais il croyait toujours recevoir pour réponse: «Malheur à moi si je n’évangélise pas! c’est la charge qui m’a été commise» (1 Cor. IX, 16, 17).

Enfin, avec une profonde humilité et un entier renoncement à lui-même, se reposant sur la force du Seigneur, il se mit à examiner le sujet avec calme, il désirait avec ardeur le salut des âmes. L’Église l’encouragea, et l'invita à faire usage des dons qu’il avait reçus pour le saint ministère.


Il entra au collège de Bristol, et étudia cinq ans sous la direction du célèbre docteur Ryland. Il venait d’être admis dans la carrière pastorale, lorsque des circonstances peu importantes en apparence, changèrent entièrement la manière de prêcher qu’il avait adoptée au collège.

Il avait l’habitude d’écrire en entier ses sermons, et, en les débitant, il consultait son manuscrit. Il visita quelques parties du pays de Galles, emportant avec lui plusieurs de ses sermons; des réunions immenses se formaient pour l’entendre. On lui dit qu’on n'aimait que les prédications faites d’abondance. Il n’y était pas préparé; en les resserrant, il parvint à diminuer le nombre de ses notes. Il les plaça adroitement dans la bible, mais un fort accès de toux vint, à son grand désappointement, agiter la feuille qu'il voulait cacher, et un courant d’air l’envoya voltiger sur les têtes de ses auditeurs.

Après une courte prière, il dit d’un ton calme: «Eh bien! nous implorerons un secours plus puissant.» Ceci plut tellement à l’assemblée qu’il s’en fallut peu qu’elle ne fit entendre un cri de joie.


M. Kilpin recueillit ses pensées, et prononça un discours qui fut béni. Le souvenir de cette scène servit à lui prouver qu’il ne devait pas laisser échapper l’occasion de gagner des âmes, sous prétexte qu’il n’était pas préparé. Quand Dieu nous appelle à remplir un devoir, il nous rend capables de nous en acquitter.

Samuel Kilpin devait prêcher quelques dimanches de suite à ce qu’on appelle communément un auditoire de gens comme il faut. Une dame de haut rang dit qu’elle pensait que M. Kilpin changerait son style ordinaire. Il répondit immédiatement:

«Changer mon style pour plaire à des pécheurs du monde! à Dieu ne plaise que je fasse une pareille injure au Saint-EspritI C’est sur le Saint-Esprit seul que je compte pour voir mon ministère accompagné de bénédiction.»


Ce fidèle serviteur de Christ fut visité par de grandes épreuves.

Il perdit en peu de temps ses trois enfants aînés, et voici comment il racontait à un ami, quelques années plus tard, les détails de ces tristes événements:

«À mon premier mariage je désirais avoir des enfants: j’en eus quatre. Le premier ne vécut que quelques instants. Pendant les premiers jours qui suivirent cette perte, je n’étais plus un homme; j'étais comme un insensé, et je ressemblais bien peu à un chrétien. Le quatrième jour, pendant que je pleurais, j’eus l'esprit frappé de ce passage de l’Écriture: «Pourquoi pleures-tu? pourquoi ne manges-tu pas? Et pourquoi ton cœur est-il si triste? Ne te vaux-je pas mieux que dix fils?»(1 Sam. I, 8).

Je me prosternai devant Dieu, et je revins à la raison. Notre Sauveur me pardonna. Je prêchai le lendemain sur ce texte, et depuis lors il ne m’arriva jamais plus de murmurer. En moins d'un an, j'eus une petite fille; elle mourut au bout d’un mois. Je craignais pour la mère; mais ce passage de Job: «L’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté; que le nom de l'Éternel soit béni,» me revint, et me consola, et je ne poussai pas une plainte.

Environ un an après nous eûmes une autre fille; elle vécut assez pour nous réjouir par son joli babil. Un jour qu’elle courait à la porte du salon au-devant d’une personne qui l’aimait beaucoup, la porte s’ouvrit au même instant, et la renversa en arrière. L’épine du dos fut froissée par la chute. Les remèdes employés pour la guérir furent inutiles. Le lendemain je la trouvai changée; je la montai dans sa chambre et la posai sur son lit; elle me repoussa, détourna la tête et expira. Nous fûmes presque anéantis par ce coup; ma chère femme ne s’en remit jamais. Je prêchai sur 1 Sam. III, 18: «C'est le Seigneur; qu'il fasse ce qui lui semblera bon!» Je pleurais souvent; mais je pus ne pas murmurer. Les épreuves me donnèrent des années d'expérience pour la prédication, et furent plus bénies pour moi que toutes mes études.»

Ce n’étaient pas les dernières épreuves de M. Kilpin, ni les plus cruelles peut-être. Il eut la douleur de perdre sa femme, et un fils, son dernier enfant, âgé de douze ans, qui marchait déjà avec zèle dans les voies du Seigneur.

Voici encore quelques mots d’une lettre qu'il écrivait à un ami pour lui annoncer cette double perte:

«Ah! mon cher Monsieur, comment vous instruire de mon malheur? Mon cher Samuel, qui m’aidait à bâtir la chapelle, et qui prenait une part si active à cette œuvre, vient de m'être enlevé! Sa pauvre mère aussi a été frappée, et maintenant, cher Monsieur, elle n’est plus! je suis seul. Celui qui pleura pendant qu’il était sur la terre, me dit que je puis pleurer puisque je les aimais. Mon âme est soumise; je ne voudrais pas les rappeler à la vie. Trois choses me consolent: je n’ai aucun doute sur leur salut; je n'en ai aucun sur le mien, et je suis sûr que tout est pour notre bien; mais, mon cher Monsieur, priez pour moi.»

M. Kilpin chercha d'efficaces et abondantes consolations dans un redoublement de zèle pour le Seigneur. On jugera de son activité par les détails qu'il donne sur l'emploi du temps qu'il donne sur l'un de ses jours du dimanche:

«Hier, j'étais dans mon cabinet à 6 heures; je tins une réunion à sept. Je prêchai à dix heures à South-Street. À deux heures, je prêchai pour la seconde fois. Je distribuai la cène, puis je congédiai l'auditoire, et je tins une assemblée d’église. Je prêchai à six heures à un auditoire tout aussi nombreux et aussi attentif. J’eus ensuite un entretien particulier avec un jeune homme. Grâces à Dieu! je me sentais aussi bien portant le soir que le matin».

Il s’occupait beaucoup des écoles, des salles d’asile et de tout ce qui concerne l’éducation; il aimait les enfants, et savait s'en faire aimer. Une partie de sa correspondance est adressée à plusieurs jeunes gens, qu’il accompagnait de ses pieux avertissements dans le cours de leur carrière.

La Société des Traités religieux trouva également en lui un ami sincère et dévoué. Une grande partie de son temps était consacrée enfin à des entretiens d’édification. Il venait chez M. Kilpin des visiteurs de pays, de caractères et de rangs divers, qui tous étaient l'objet de ses prières et de sa tendre sollicitude.

Sa maison était sanctifiée par la lecture de la Parole de Dieu et par la prière; il consacrait des jours entiers au jeune et à l'oraison et il avait fait une liste de ses amis et de leurs familles afin de les recommander journellement à son Dieu. Souvent il y ajoutait un nouveau nom; mais il n’en effaçait aucun. Quand M. Kilpin avait formé une liaison intime avec quelqu’un, il n’était pas probable qu’elle dut jamais être rompue; il fut fidèle à ce plan jusqu’à la fin de sa vie.....

Son cabinet était ouvert de onze heures à une heure pour tous ceux qui avaient à lui parler. Il portait une attention constante aux besoins temporels des pauvres; car il savait que c'était un moyen de leur communiquer aussi des biens spirituels.

Il était rare que M. Kilpin fit une visite de cérémonie; mais il regrettait beaucoup qu'on manifestait si peu le désir des visites pastorales. Quelquefois, au moment d’aller chez quelqu’un pour la première fois, il gémissait sur la difficulté qu'il y avait à entamer un sujet de conversation qui eut rapport à la religion.

C’était le goût constant de M. Kilpin de passer de la retraite du cabinet à la chaire: «Il faut, disait-il, que mon propre cœur soit réchauffé par le soleil de justice, avant que je m’adresse aux autres.» — Il disait souvent: «J’ai prêché aujourd’hui en m’appliquant à moi-même ce que je disais, et j’ai été humilié jusque dans la poussière. J’ai trouvé une divine lumière dans le sujet que j’ai traité, quel que soit le profit qu’en aient tiré les autres.»

Il s’écriait fréquemment le dimanche, après quatre ou cinq services publics: «Jamais le sang du Seigneur ne me paraît si précieux qu’à la fin d’un tel sabbat. Je me baigne dans cette fontaine. Seigneur, pardonne-moi les péchés mêlés à mes saints travaux! Ah! comme j’aime travailler pour toi, mon bien-aimé Sauveur!»

Après avoir entendu un respectable ministre prêcher sur les récompenses du Ciel, il fit cette observation: «Mon Père céleste me récompense si largement sur la terre de l’exercice de mes humbles fonctions que je ne puis m’attendre à aucune autre récompense. Je trouve tant de bonheur dans l’accomplissement de ma tâche que je crois devoir remercier celui qui m'emploie ainsi.»

Alors, s’arrêtant sur le mot récompense, il disait que ce mot était en désaccord avec ses sentiments. — «J’ai prêché ce soir, écrivait-il dans son journal, à un auditoire intéressant ; je ne me rappelle pas avoir éprouvé autant d’amour pour les âmes auxquelles je parlais, ni avoir autant senti le secours immédiat de Dieu. Comme nous retournions à la maison, je dis à ma femme, dont le cœur soupire comme le mien pour le salut des âmes: il n'y a pas de rois sur la terre ni de nobles dans le pays, dont le cœur ait de pareils festins. Je ne voudrais changer de place avec aucun seigneur du monde ou de l’église.»


M. Kilpin regardait comme une chose importante d’étudier attentivement les détours du cœur humain. II prenait plaisir à mettre au jour les véritables sentiments des personnes qui causaient avec lui, et y trouvait du profit pour lui-même. Lorsqu’il s’adressait aux jeunes gens, il fixait leur attention d’une manière irrésistible par le récit de faits pris de la vie habituelle.

Un jour il devait visiter une petite église nouvellement bâtie à huit milles de la ville. Quoique le temps fût affreux, il monta à cheval et partit. L’orage augmenta au point de devenir un ouragan; il était fatigué et tourmenté par la violence du vent. Perdant de vue, en quelque sorte, l'important objet pour lequel il était parti, il éprouvait un peu d’impatience, lorsqu’il entendit chanter et siffler près de lui. Il vit bientôt un pauvre garçon qui avait l’air tout joyeux quoiqu'il eut besoin de toutes ses forces pour lutter contre l'orage. Ils eurent ensemble à peu près la conversation suivante:

Eh bien! mon garçon, tu parais content ce matin, et tu chantes bien gaiement.

Sans doute, Monsieur; pourquoi ne le ferais-je pas?

Je pensais que cet orage aurait pu te faire baisser le ton, mon ami.

Si peu de chose m’empêcher de siffler! Croyez-vous donc que je suis assez bon pour m’effrayer de quelques gouttes de pluie et d’une bouffée de vent? Non, non, je ne suis pas si sot.

Mais c'est que le vent et la pluie te donnent droit dans la figure.

Qu’est-ce que cela fait? Je m’essuie, et j'en ai la figure plus propre, dit-il en s’essuyant avec la manche grossière et déchirée de sa veste.

Regarde tes souliers.

Je le vois, ils sont pleins d’eau: eh bien! je les ôte et je les vide. (En disant cela il le fit, et les remit aussitôt.) Quand je serai à la maison, continua-t-il, j’oterai mes bas, je les tordrai, et les pendrai à la cheminée pour qu'ils sèchent, et j’aurai les pieds et les jambes propres par-dessus le marché. Nous ne sommes pas si sots dans ce pays-ci que de nous attrister pour si peu de chose. Et il recommença à chanter.

Eh! mon garçon, tu vis dans un heureux pays; je suis bien l’un de ces sots dont tu parles, venu d'un autre pays, à quelques milles de distance.

Tout ce que je puis vous dire alors, c'est que vous êtes tous des nigauds, si vous vous chagrinez pour de petites choses comme celle-là.

Il en avait dit assez pour que M. Kilpin se sentit repris, et, retrouvant toute sa bonne humeur, il commença à chanter pour louer son Dieu.


Nous terminerons ces extraits par la citation d'une lettre que M. Kilpin adressa à un jeune homme qui désirait se vouer à la carrière pastorale:

«Je pense que nul n'est propre pour le ministère, s’il n'y est appelé par le Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui est le Chef de l’Église, et comme c’est lui qui, par sa grâce, forme les membres de l’Église, c’est lui aussi qui met à part ses ministres par le Saint-Esprit. «Mettez à part Barnabas et Saul,»» dit le Saint-Esprit (Act. XIII).

Je ne crois pas qu’il ait jamais donné pouvoir à aucun ministre ou à aucune Église de dévouer un individu à cette sainte charge. Mais il peut se servir d’hommes comme instruments pour amener une personne à travailler à l’œuvre de Dieu.

Une académie ou un lieu d'études ne peut pas former un ministre. Quelque nécessaires que puissent être de semblables établissements pour préparer des ministres à un service public, ces ministres doivent, avant d'être admis, avoir été appelés de Dieu. Mais vous demandez quels sont les signes de l’appel au ministère?

Je réponds: la piété.

1° Ceux que le Saint-Esprit choisit pour cette œuvre si importante ont un vif désir d'avancer le règne de Dieu, et de contribuer au bonheur des âmes;

2° ils doivent être propres à enseigner, c'est-à-dire qu’il faut qu’ils aient reçu le don de parler aux autres des choses qui appartiennent au royaume de Dieu.»

Samuel Kilpin s'endormit au Seigneur le 17 septembre 1830.

Archives du christianisme 1837 02 25

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Biogaphie de la vie de Samuel Kilpin, pasteur - Document pdf de 72 pages ICI

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