ÉTUDES CHRÉTIENNES.

Le royaume des cieux sur la terre.

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En commençant à prêcher dans le désert de Judée, Jean-Baptiste dit au peuple: «Convertissez-vous, car le royaume des cieux est proche.»

Telles furent aussi les premières paroles de Jésus-Christ, lorsqu'il entra dans son ministère: «Convertissez-vous, car le royaume des cieux est proche.»

De même, lorsqu’il envoya les apôtres vers les brebis perdues de la maison d'Israël, il leur donna pour texte de leurs enseignements ces paroles: «Prêchez et dites que le royaume des cieux est proche.»

C’est là une coïncidence bien remarquable. Puisque le précurseur, le Christ et ses disciples annoncent, avant toute autre chose, L’ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME DES CIEUX, on en doit conclure que toute l’économie chrétienne est renfermée dans cette doctrine comme dans son germe, et qu’il nous importe infiniment de bien la comprendre.

Cependant on n’accorde pas, en général, à la grande idée du royaume des cieux la sérieuse attention qu’elle mérite; beaucoup de personnes qui font profession de piété ignorent même le vrai sens de cette expression.

Si l’on demandait à nos lecteurs: Qu’est-ce que le royaume des cieux?

Plusieurs d’entre eux répondraient sans doute: Le royaume des cieux, c’est le ciel; c’est, la demeure des anges et des élus: c’est la patrie éternelle où les chrétiens arrivent au sortir de la vie.

Or, on tombe ici dans une grave erreur. Le royaume des cieux n’existe pas seulement dans le ciel: il commence déjà sur la terre.

Ce n’est pas après la mort seulement que l’on peut y parvenir; c’est avant la mort qu’il faut y entrer. Quiconque n’est pas dans ce royaume en deçà du tombeau, n’y sera point au delà.

Le royaume des cieux, que l’Écriture nomme aussi royaume de Dieu ou règne de Dieu, est formé de la réunion des fidèles de tous les lieux et de tous les temps. Il renferme à la fois:

- ceux qui se reposent dans leur céleste demeure

- et ceux qui se préparent à y obtenir place.

Cette grande multitude que personne ne peut compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, de toute langue: les patriarches et les prophètes qui vivaient avant Jésus-Christ, les apôtres et les chrétiens qui vécurent après lui, les enfants de Dieu qui vivent encore; tous ensemble sont compris dans le royaume des cieux, ou plutôt ils sont le royaume lui-même: car il faut entendre ici, non un empire qui se mesure dans l’espace, mais un règne qui existe dans les âmes.

Il est nommé royaume des cieux, parce que tout ce qui s’y rapporte, son origine, son chef, ses membres, ses lois, ses privilèges, TOUT VIENT DU CIEL ET RAMÈNE AU CIEL.

Le fondateur du royaume des cieux, c'est Christ. Avant son avènement sur la terre, il y avait déjà des enfants du royaume; mais ils ne l’étaient que par lui, parce qu’ils voyaient son jour, parce qu’ils recevaient par avance une partie des bénédictions attachées à l'œuvre qu'il a accomplie.

La loi fondamentale du royaume des cieux, c'est l'amour.

Dans les royaumes de la terre, la crainte est le principale moyen de maintenir les sujets dans l'obéissance; mais Jésus-Christ n'accepte parmi les siens que ceux qui obéissent par amour,

quiconque ne l'aime pas

n'est pas de son royaume!

Les grâces accordées aux enfants du royaume des cieux sont de deux sortes:

- les unes, ils les obtiennent dans cette vie;

- les autres, ils les obtiendront dans la vie à venir,

- et l’on peut ajouter que les premières sont les avant-goûts des secondes.

Les grâces actuelles consistent dans:

- le pardon des péchés,

- la paix et la joie du cœur,

- la sanctification,

- la communion avec Dieu

- et l’assurance d’une bienheureuse éternité.

Les grâces futures seront pour tout vrai membre du royaume:

- la foi changée en vue,

- l’espérance changée en réalité,

- la contemplation de Dieu face à face,

- une pureté parfaite, un bonheur infini et impérissable.

Tel est le royaume des cieux.

* * *

Il y a dans ce monde et au delà de ce monde un autre royaume complètement opposé à celui-là: C’est LE ROYAUME DU PRINCE DES TÉNÈBRES, du Dieu de ce siècle, du grand Adversaire, le royaume de Satan.

Le Démon en est le fondateur et le roi. Ce royaume est composé de tous ceux qui suivent leurs passions déréglées, qui s’abandonnent à la convoitise de la chair, à la convoitise des yeux, à l’orgueil de la vie, et qui demeurent dans l'esclavage du péché.

Le royaume des cieux est lumière;

Le royaume de Satan est ténèbres.

Dans le royaume des cieux règne la vérité;

dans le royaume de Satan, le mensonge.

Dans le royaume des cieux agit le Saint-Esprit;

dans le royaume de Satan agissent des esprits malins et impurs.

La loi du royaume des cieux est l'amour;

la loi du royaume de Satan est la haine.

Les enfants du royaume des cieux ont la paix;

les enfants du royaume de Satan ont la guerre.

Le royaume des cieux est le ciel ici-bas,

le ciel après la mort; le royaume de Satan est l’enfer ici-bas, l’enfer après la mort.

On ne peut rien concevoir de plus éloigné l’un de l’autre, de plus opposé l’un à l’autre que ces deux royaumes. Il y a entre eux toute la distance qui sépare le vrai du faux, le bien du mal, le jour de la nuit, la vie de la mort, le bonheur du malheur.

Que chacun de nous se demande maintenant:

Suis-je dans le royaume des cieux? Suis-je dans le royaume des ténèbres?

Observez bien qu’il faut être dans l’un ou dans l’autre.

Il n’y a pas trois royaumes; il n’y en a que deux:

il n’y a pas trois états pour l’âme; il n’y en a que deux.

Nous sommes tous forcés de choisir la vérité ou le mensonge – Dieu ou Mammon – Christ ou Bélial – le royaume des cieux ou le royaume de Satan.

C’est en vain que l’on essaierait de s’établir sur une sorte de terrain neutre entre les deux royaumes: IL N’Y A PAS DE TERRAIN NEUTRE. Dès qu’on n’est pas dans l’un de ces deux royaumes, on est immanquablement dans l’autre.

- Il est impossible d’être tout à la fois en prison et en liberté; on est libre ou on ne l’est pas.

- Il est de même impossible d'être tout à la fois dans le royaume des cieux et dans le royaume de Satan; on est l’affranchi du Christ ou l’on est l’esclave du tentateur.

- On ne peut pas être tout ensemble vivant et mort; ces deux états s’excluent et se détruisent l’un l’autre. On ne peut pas non plus être tout ensemble vivant avec Christ et mort dans ses péchés.

Il est essentiel d'insister fortement sur ce point; car beaucoup de gens s'imaginent qu’il est possible d’occuper une position mitoyenne entre la foi et l’incrédulité, entre le service de Christ et le service du prince de ce monde.

Maxime commode, en effet, et qui a dû être admise avec empressement par la masse des hommes; car elle permet d’assouvir ses passions tout en conservant l’espoir du bonheur éternel. Mais la Bible n’autorise pas un tel accommodement; elle nous dit partout, et dans les termes les plus énergiques, qu’il n’y a que DEUX ROYAUMES, deux maîtres, deux chemins, deux peuples, deux cités, deux avenirs.

C’est à chacun de se décider!

Observez, de plus, que nous ne naissons point dans le royaume des cieux.

Ce qui est né de la chair est chair; ce qui est né de la corruption est corruption. Il y a entre les hommes des différences de caractère, de tempérament, d’intelligence, d’éducation; mais il n’y a pas cette différence radicale et absolue qui sépare le membre du royaume des cieux de l'enfant du royaume de Satan.

SI NOUS RESTONS CE QUE NOUS SOMMES PAR NOTRE NATURE, NOTRE CHOIX EST DÉJÀ FAIT,

et notre part est déjà fixée; c’est le choix du mensonge, c'est la part de la mort.

Aussi, lorsque Jésus-Christ et les apôtres annonçaient l’établissement du royaume des cieux, ils disaient en même temps: «Convertissez-vous;» en d’autres termes: «Il faut que vous soyez changés, il faut que vous soyez régénérés, il faut que vous deveniez de nouvelles créatures pour entrer dans le royaume des cieux.» Indiquant assez par là que TOUT HOMME INCONVERTI N’EST POINT DANS CE ROYAUME.

Observez enfin que notre âme reste après la mort ce qu’elle était avant.

C’est une illusion étrange, et pourtant bien répandue, de croire que notre âme, en quittant son enveloppe matérielle, change complètement de sentiments et d’affections.

- On suppose qu’une âme mondaine, par exemple, cesse d’être mondaine aussitôt qu’elle n’est plus attachée au corps;

- on suppose qu’une âme impie devient tout à coup pieuse;

- on suppose qu'une âme ennemie de Dieu se prend subitement à aimer Dieu;

- on suppose, en un mot, que l’âme, par le fait qu’elle est dégagée de ses liens terrestres, se transforme en une âme nouvelle. Et sur cette conjecture singulière, qui ne peut invoquer en sa faveur aucun passage de la Bible, on arrive à penser que, lors même qu’on n’aurait pas été dans le royaume des cieux sur la terre, on pourra y entrer dans le séjour de l’éternité.

À y réfléchir sérieusement, cette hypothèse renverserait la doctrine même de l’immortalité de l’âme; car ce qui fait qu’une âme est différente d’une autre, c’est qu’elle a des convictions, des sentiments, des espérances qui lui sont propres et inhérentes. Or, si l’on admettait que l’âme est complètement changée par le seul fait de la mort, autant vaudrait dire que Dieu anéantit notre âme et en crée une nouvelle; d’où il résulterait que notre continuité d'existence serait entièrement perdue.

Encore une fois, l’âme reste, après la mort, dans ses inclinations essentielles, ce qu’elle était avant.

Elle porte devant le tribunal de Christ les sentiments, les affections, les dispositions bonnes ou mauvaises qu’elle avait sur la terre.

- L’âme inconvertie reste inconvertie;

- l’âme impie reste impie;

- l’âme opposée à Dieu reste opposée;

- l’âme souillée reste souillée;

- l’âme qui n’était pas dans le royaume des cieux reste en dehors de ce royaume.

PESEZ BIEN CES GRAVES CONSIDÉRATIONS, et efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, avant qu'elle vous soit fermée pour jamais.

Travaillez pendant qu'il est jour, car la nuit vient dans laquelle personne ne peut travailler.

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