Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SITUATION RELIGIEUSE EXTÉRIEURE.

Persécutions religieuses en Hollande (2)

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Nous avons déjà publié des détails sur les persécutions exercées en Hollande contre les chrétiens qui ont pris une position indépendante de l’État. Il nous est doux de pouvoir apprendre aujourd’hui à nos lecteurs que, comme on devait s’y attendre, ces persécutions ont excité une vive sympathie parmi les chrétiens, et que de nombreuses marques d’intérêt ont été données aux frères qui souffrent à cause de leur foi.

Tandis que la presse hollandaise garde un profond silence sur les événements que nous déplorons, et qu’elle semble ne pas oser attaquer les mesures du gouvernement qu’elle aurait peut-être honte de défendre, un homme, à qui son caractère, sa piété, ses travaux littéraires et sa haute position sociale assurent le respect et la confiance, M. Groen de Prinsterer, chargé par le roi des Pays-Bas de la publication des Archives de la maison d’Orange-Nassau , vient de faire paraître, dans la langue de sa patrie, une brochure où il se prononce avec énergie contre l’intolérance et l’injustice des actes du pouvoir.

L’appel que les Hollandais persécutés ont adressé aux chrétiens pour leur demander le secours de leurs prières a été entendu. Une réunion extraordinaire, à laquelle assistaient des pasteurs et des laïques des diverses dénominations, a eu lieu à cet effet à Paris, le 20 septembre, à la chapelle Taitbout, et nous ne doutons pas que dans beaucoup d’églises on n’ait répondu également à l’invitation pressante de nos frères.

Ils viennent en outre de recevoir d’une quarantaine de communautés formées hors des églises légalement constituées en Suisse, en France et en Piémont, une lettre pleine de sympathie et de consolation, datée de Nyon, du 3 juillet 1837. Cette lettre a été insérée dans le journal hollandais la Réformation, où M. le pasteur Scholte l’a accompagnée des réflexions suivantes:

«Bien-aimés frères en Jésus-Christ notre Seigneur, venant de recevoir la lettre précédente, je m’empresse de vous en faire part, au moyen de ce journal. Dans le dernier numéro il a été question de la persévérance dans la communion des saints. En même temps qu’on écrivait cet article pour vous instruire, vous diriger et vous exhorter, l’Éternel notre Dieu vous faisait parvenir des preuves de sa réalité. Oui, mes frères! ce n’est pas en vain que nous croyons encore une communion des saints. Des hommes que nous n’avons jamais vus, dont la plupart d’entre vous n’ont jamais entendu parler, vous envoient leurs salutations fraternelles, leurs directions, leurs exhortations et leurs consolations par la Parole de Dieu, parce qu’ils sont devenus avec nous participant d’une même vie, par la puissance régénérante de Dieu parce qu’ils aiment en nous l’image rétablie de Dieu, et qu’ils ont avec nous la même espérance de l’avénement du royaume de Dieu.C’est ainsi que la vérité contenue dans notre confession de foi (art. 27) est pratiquement réalisée.

Bien-aimés frères! quelle consolation dans notre croix que de savoir qu’en des pays lointains la prière des fidèles monte pour nous jusqu’au trône de la grâce; mais plus grande encore est la consolation pour les fidèles opprimés, lorsqu’il leur est donné par la foi de savoir que notre Garant et notre Médiateur, glorifié à la droite du Père, prie pour nous, et cela est aussi certain, oui, bien plus certain encore de sa part que de celle de ces frères qui nous envoient cette lettre; car il l’a fait déclarer dans sa Parole sous la conduite infaillible du Saint-Esprit. (Rom. VIII, 34; Hébr. VII, 25.)

Mais de même que ces frères ne nous aiment que parce qu’ils nous regardent comme des frères en Christ, de même le Seigneur ne prie pas pour le monde, mais pour ceux qui croient en lui, comme lui ayant été donnés du Père (Jean XVII, 9, 20), pour ceux qui s’approchent de Dieu par lui (Hébr. VII, 25). Que sa grâce soit avec vous!»

D’autres preuves d’intérêt fraternel ont encore été données aux chrétiens persécutés de la Hollande; mais nous ne pouvons pas actuellement en faire mention. Puissent d’ardentes prières en leur faveur s’élever de toutes parts au trône de la grâce. C’est dans le but de les provoquer que nous empruntons au journal la Réformation les nouvelles qui suivent:

Loosdrecht, 2 juillet. — Un des garnisaires a troublé la réunion, quoiqu’elle ne fut pas au-dessus du nombre de vingt personnes, en s’emparant de la boîte qui renfermait l’argent collecté pour les pauvres. Les frères ne s’y sont pas opposés, mais les soldats leur ayant dit qu’ils agissaient en conséquence d’un ordre du bourgmestre, ils se sont rendus le lendemain chez celui-ci, qui avait reçu la boîte des militaires. Sur leurs Instances réitérées, le bourgmestre en a dressé procès-verbal.

Villemslad , 21 juin. — M le pasteur F.-G Gezelle-Meerburg arriva dans cette ville vers le soir: au bout de quelques instants le bruit se répandit qu’on avait convoqué une assemblée extraordinaire à l'Hôtel-de-Ville; à dix heures et demie on lui fit savoir qu’il devait s’y rendre. Les membres présents témoignèrent la crainte qu’ils avaient d'une sédition; ils regardaient M. Meerburg comme un séducteur, un homme dangereux, qui cherchait à plaire aux hommes, etc. On lui ôta son passeport qui venait d’être visé par le commandant, et qui l'avait été plusieurs fois à Bois-le-Duc. Il ne lui fut pas permis de loger chez ses amis. On lui accorda seulement de demeurer la nuit dans un hôtel, mais sous surveillance. Il préféra s’en aller, quoiqu’il fut minuit, et quitta la ville, accompagné de deux de ses amis, aux cris de joie de la populace.

Bois-le-Duc, juillet. — M.G. Pellikaan d’Emmichoven, prisonnier à Bois-le-Duc, a reçu chez lui trois frères qui devaient subir le même sort que lui. Le premier est M. J. de Jong, diacre à Atmkerk, dont les amendes s’élèvent probablement à cette heure à 2,000 fr., parce qu’il n’a pas discontinué de prier, de chanter et de lire des sermons avec plus de vingt personnes. Cité devant le tribunal, on ne lui a pas permis de parler; assigné de nouveau le 30 juin, au lieu de le laisser retourner chez lui, on l’a conduit en prison.

La même chose est arrivée, huit jours après, à M. Van Giessen, pauvre selon le monde, mais riche en Dieu, qui avait cédé sa demeure pour des réunions religieuses.

Le troisième frère, ouvrier indigent, a été transporté, le 9 juillet, à Woudrichem , et de là on l’a conduit garrotté à Bois-le-Duc. Étant ailleurs le jour de la réunion, et ignorant même qu’elle aurait lieu, il avait été absous par le tribunal de Bois-le-Duc; mais il a été condamné en appel à Middelbourg.

À Emmichoven on a logé des garnisaires dans un grand nombre de maisons.

À O'Idrichem le peuple s’est porté, contre les personnes qui assistaient aux réunions religieuses, à des actes de violence, et contre plusieurs femmes à d’ignobles outrages. Sans que la police soit intervenue ni pour protéger les victimes, ni pour châtier les bourreaux. Nous continuerons à instruire nos lecteurs des événements qui auront lieu.

Archives du christianisme 1837 09 23

 
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