Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

PENSÉES DE PAYSON

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Edward Payson, ministre de l'Evangile à Portland, aux Etats-Unis, mourut en 1827, à l’âge de trente-cinq ans  ; ses travaux apostoliques portèrent des fruits remarquables, et l'histoire de sa vie si courte, mais si active et si dévouée au Seigneur, offre des détails pleins d’intérêt.

Payson unissait aux grâces chrétiennes les facultés d’un esprit orné d’une imagination vive et pittoresque. Nous croyons faire plaisir à nos lecteurs en leur présentant quelques pensées tirées de ses «Mémoires.»


* * * *

Lorsque l’univers sortit des mains de l’Être Suprême, lorsque tout fut trouvé très bon, la création entière était harmonieuse. Toutes ses parties, animées ou inanimées, s’unissaient, comme les voix et les instruments dans un concert, pour former un parfait ensemble ; et telle était l'harmonie ainsi produite, que dans toute l’étendue l’oreille même de l’Éternel n’entendait pas une note discordante ou un son faux. Les anges de lumière entrèrent les premiers dans le chœur universel, «quand les étoiles du matin se réjouissaient ensemble, et que les fils de Dieu chantaient en triomphe. (Job, XXXVIII, 7.)»

La musique des sphères retentit, et tout ce qui était exhala des louanges.

L’homme devint le chef terrestre de ce grand concert et fut doué de facultés morales admirablement adaptées à un emploi si saint et si glorieux.

Son corps, à l’abri de la dissolution, de la maladie et des souffrances, comme un instrument bien accordé, répondait toujours avec précision aux sentiments variés de l’âme qui l'inspirait.

Son cœur ne démentait pas alors les paroles de ses lèvres, quand il disait les louanges du Créateur; mais toutes les émotions qu’il éprouvait étaient fidèlement rendues, depuis les tons les plus hauts de l'admiration, de la joie et de la reconnaissance, jusqu’aux graves accents d’une humilité et d’une révérence profondes.


L’histoire nous parle d’une statue merveilleuse qui n’était jamais frappée des rayons du soleil levant sans exhaler les sons les plus mélodieux. C’est ainsi que l’homme fut originairement créé par la puissance divine ; chaque fois qu’il contemplait les rayons de sagesse, de puissance et de bonté, émanés du soleil glorieux qui brille au centre du système moral, les ardentes émotions de son âme éclataient soudain en accords ineffables d’adoration et d’amour.

Tel était le monde, tel était l’homme après la création, même aux regards du Créateur tout était bon, car il voyait son image réfléchie de tous côtés, et il entendait de toutes parts célébrer sa gloire ; l’affection brillait sur les visages ; l’harmonie régnait dans les cœurs et coulait des lèvres en ruisseaux de miel ; le grand concert de louanges, entonné autour de son trône par les séraphins, éveillait sur la terre un écho qui renvoyait les voix aux cieux, de sorte que les célestes accents s’étendaient rapidement et volaient d’un monde à l’autre jusqu’aux dernières limites de la création.

Mais quel déplorable contraste succéda à cette mélodie primitive, quand le péché vint jeter la confusion jusque dans le chœur des anges, et changer les hymnes saints en gémissements de douleur, en imprécations de haine, en cris de rage, en blasphèmes impies!

Les tempêtes, les tremblements de terre, les grandes convulsions de la nature, le feu céleste, les déluges, tout ce qui mit le désordre dans la création matérielle ne fut qu’un emblème imparfait du désordre introduit par le péché dans le monde moral.

Le corps humain, cette lyre accordée par les doigts du Créateur lui-même, et destiné à être l’instrument de l’âme louant le Seigneur, fut soudain brisé, ruiné et privé d’harmonie; l’âme, dont toutes les facultés, semblables aux cordes de la harpe éolienne, vibraient naguère pour ainsi dire à chaque souffle de l’Esprit-Saint, devint insensible et silencieuse, et ne trouva plus que des notes d’envie, de haine et de vengeance ; chaque voix, au lieu de se joindre aux autres pour chanter «gloire à Dieu dans les lieux très-hauts!» se trouva en désaccord avec elles, et dans des accents dissonants et barbares se chanta gloire à soi-même, murmura contre l'Éternel, répandit la médisance en tous lieux, exalta quelques monstrueuses idoles, ou célébra les triomphes de l'intempérance et de la débauche. Les cris des opprimés, les bravades des oppresseurs, les plaintes des malheureux, l’horrible tumulte de la guerre étouffèrent tous les sons de bienveillance, d’amour et de paix.

Mais au jour où le Sauveur vint rappeler l’harmonie au sein de cette confusion, on entendit ces anges, qui avaient célébré la création, s’unir dans un concert plus magnifique encore, bénissant Dieu de ce que la paix allait revenir sur la terre et la bonne volonté parmi les hommes, de ce que les choeurs célestes allaient recevoir dans leurs rangs, jadis envahis par le péché, des âmes élues parmi la race humaine et instruites par l’Esprit-Saint à chanter l'hymne de l’Agneau.


* * * *

Eh bien! c’est dès ici-bas que nous devons entonner ce chant qui résonnera à travers les âges de l’éternité, et que notre joie et notre privilège seront d’avoir sans cesse à la bouche ; rappelons-nous ce temps qui viendra bientôt où toute langue sera employée à louer ou à blasphémer, où nous serons tous anges ou démons!

Supposons tous les chrétiens rangés en différents cercles autour de Jésus-Christ, leur centre commun. Quelques-uns attachent tant de prix à la présence de leur Sauveur, qu'ils ne peuvent supporter d'en être le moins du monde éloignés ; ils apportent donc leur ouvrage avec eux, et travaillent à la clarté de sa face; mais tandis qu’ils sont occupés, on les voit constamment lever les yeux vers lui, comme pour ne pas perdre un rayon de sa gloire.

D’autres qui assurément ne pourraient pas vivre hors de sa présence, en sont cependant moins avides que les premiers ; ils se tiennent un peu plus loin, s’appliquant aux divers travaux de leurs vocations, et leurs regards généralement fixés sur ce qu’ils font, se lèvent fréquemment néanmoins pour chercher la lumière qui les réjouit.

Une troisième classe au-delà, mais toujours à portée de l’influence des rayons salutaires, renferme une multitude de gens incertains, dont plusieurs sont tellement préoccupés de leurs affaires temporelles qu‘on les voit aux côtés du Sauveur, dirigeant le plus souvent leurs regards sur d’autres points, et se tournant de temps en temps seulement vers la clarté divine.

Et cependant plus loin encore, épars au milieu des derniers rayons, et à une telle distance souvent que l’on ne sait s’ils en peuvent réellement sentir la chaleur, se trouve un assemblage confus de gens affairés, dont quelques-uns tournent le dos au soleil, et dont la plupart sont si inquiets et agités pour beaucoup de choses, qu’ils ne trouvent que peu de temps pour leur Sauveur.


La raison qui fait que les gens du monde n’ont pas plus d’amour pour Jésus,

C’EST QU’ILS NE LÈVENT PAS LES YEUX VERS LUI!


Comme ils tournent le dos au soleil, ILS NE PEUVENT VOIR QUE LEUR OMBRE,

ET C’EST POURQUOI ILS SONT SI OCCUPÉS D’EUX-MÊMES.


Mais le vrai disciple ne regarde qu’en haut, ne voit que son Sauveur, et apprend à se renoncer.


L’œuvre de la grâce dans le cœur peut se comparer au polissage des métaux. On n’a d’abord qu’une substance opaque et terne, qui ne possède et ne réfléchit aucune lumière; mais à mesure que l’ouvrier travaille, on aperçoit çà et là un point briller, puis un vif reflet se montrer, et le métal reproduit enfin une image parfaite du soleil, qui le frappe de ses rayons.

De même la grâce une fois produite dans le cœur doit s’étendre et avancer continuellement, et ne sera consommée que lorsque l’image de Dieu s’y réfléchira parfaitement.


Nous lisons dans l’Écriture que Nadab et Abihu, ayant pris pour brûler l’encens un feu étranger, au lieu du feu consacré, furent punis de leur témérité par une mort subite.

Leur péché nous paraît léger; nous pouvons nous imaginer qu’une espèce de feu est aussi bonne qu’une autre; mais notre Dieu est un Dieu jaloux, et


nous devons le servir de la manière qu’il nous a commandé,

sinon notre culte l’offensera et ne sera pas accepté.


Supposons un certain nombre d’hommes qui se tiennent au bord d’une rivière. Ils sont invités à boire; mais comme ils n'ont pas soif, ils n’en ont aucune envie. Lorsque enfin ils se sentent altérés, ils cherchent un vaisseau pour puiser de l'eau ; mais leurs vaisseaux sont tout remplis de bagatelles, dont ils ne veulent pas se défaire; cependant leur soif augmente de plus en plus, et ils finissent par jeter avec empressement ce qui leur semblait si précieux quelques instants auparavant: de sorte qu’ils puisent et se désaltèrent sans peine.


Il en est de même des pécheurs:

Jésus-Christ les invite à venir à lui, la fontaine des eaux vives; mais ils refusent son invitation, parce que leurs coeurs sont pleins des choses terrestres; ils n’ont pas soif, jusqu’à ce que Dieu leur ôte l’amour du monde et de ses vanités, et que le Saint-Esprit les remplisse du désir d’aller à lui ; mais alors ils deviennent affamés et altérés de justice, et sont tout prêts à recevoir le Sauveur.

Si un homme tombait soudain dans l’eau, et après de vains efforts pour se sauver, se regardait comme perdu ; et si alors il voyait une barque de secours s’approcher de lui et une main amie s’étendre pour le sauver, sans doute il en croirait à peine ses sens, et il serait entièrement absorbé dans les pensées de joie et de reconnaissance dont le remplirait une délivrance aussi inespérée.

Cependant après les premiers transports, et lorsqu’il serait tranquillement assis dans l’esquif libérateur, il pourrait réfléchir sur l’art apparent dans toute la construction de ce bâtiment et sur l’appareil ingénieux destiné à sauver ceux qui se noient, de telle sorte que la pensée du danger qu’il a couru lui-même et des moyens par lesquels il y a échappé, ferait place à des considérations plus générales.

C’est ainsi que le pécheur, quand il se sent d’abord sauvé de la perdition, éprouve beaucoup d’amour pour Christ à cause de la grâce qu’il a déployée à son égard,

mais à mesure qu’il fait des progrès dans la connaissance de l’Evangile et dans les vertus chrétiennes, il a des vues plus claires du caractère de Dieu, un sentiment plus vif de la sagesse et de la gloire du plan de la rédemption, et son amour devient pour ainsi dire moins égoïste.

Un oiseau qui serait attaché par un léger fil pourrait ne pas s’apercevoir de son esclavage tant qu’il resterait en place ; mais aussitôt qu’il voudra s’envoler, il sentira l’attache qui le retient, et plus son désir de s’échapper augmentera, plus sa captivité lui deviendra sensible.

Il en est de même du pécheur, qui peut avoir longtemps été esclave de ses péchés sans s’en douter, et qui n’éprouve la force du lien que lorsqu’il veut se lever pour aller à Jésus.

Archives du christianisme 1835 05 23





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