PARTICIPATION DES CHRÉTIENS

AUX

DISSIPATIONS DU MONDE

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M. Sprague, ministre de l’Évangile à Albany, est déjà connu de nos lecteurs par l’analyse que nous leur avons présentée de son ouvrage sur les Revivals en Amérique (Archives, 1834. 9 pages 34 et 42.)

Le même auteur a publié récemment un petit écrit sur les relations des chrétiens entre eux et avec le monde, dont l’extrait suivant nous a paru digne d’une sérieuse méditation.

Après avoir parlé de l'influence qu’exercent les personnes distinguées par leur fortune ou le rang qu’elles occupent, il ajoute:

«Je ne puis quitter ce sujet sans m’adresser aux chrétiens qui appartiennent aux classes supérieures de la société et qui jusqu’ici ne se sont pas fait scrupule de participer, soit habituellement, soit occasionnellement, aux dissipations du monde, et sans les exhorter à peser solennellement leur responsabilité à cet égard.

MA CONSCIENCE NE SERAIT POINT NETTE DEVANT DIEU si je ne leur déclarais sincèrement ici la conviction où je suis qu’une semblable conduite entraîne un degré de culpabilité qu'ils ne sauraient considérer sans frémir, et de si désastreuses conséquences pour la cause de Christ qu'ils devraient, au souvenir du passé, se prosterner à genoux dans l’humiliation et la repentance.

Je ne saurais dire jusqu’à quel point Dieu peut intervenir par sa Providence pour contrarier l’influence funeste de ces exemples; mais si les personnes auxquelles je m’adresse persévèrent dans une semblable conduite, il faudra bien qu’elles en reconnaissent les conséquences naturelles,

- lorsqu’elles verront de toute part la nature de la vocation chrétienne tristement méconnue,

- lorsque la foule paraîtra assoupie dans les bras de la mort spirituelle,

- lorsque la pluie et la rosée de la grâce céleste seront retenues,

- et qu’il ne restera que peu de champions de la vérité pour gémir sur la désolation qui les environne.

Si vos actions, chrétiens abusés, n’avaient pas de portée au-delà de vous-mêmes, le mal serait beaucoup moins grand; mais leur influence s’étend sur tous ceux qui vous entourent, et particulièrement sur ceux qui se trouvent au-dessous de vous.

Vous contribuez directement et efficacement à rabaisser l’idéal du sentiment religieux et de la vie chrétienne, et à rendre incertaine et confuse cette profonde ligne de démarcation qui sépare l’Église d’avec le monde.

Il y a plus: votre influence sert à transmettre ce déplorable résultat jusqu’aux générations futures, puisque le caractère religieux d’un siècle, quel qu’il puisse être d’ailleurs, s’étend en grande partie au siècle suivant, de telle sorte que

le disciple infidèle et le chrétien de nom se perpétuent, pour ainsi dire, sinon dans la mémoire, du moins dans le caractère moral de beaucoup de ceux qui viendront après eux.

Persévérez dans cette voie de conformité au monde, et vous ne pourrez vous étonner si, à votre lit de mort, ces pensées surviennent pour vous accabler, et si vous sentez, aux portes de l’éternité,

qu’ayant eu place dans la vigne du Seigneur,

vous avez fait pire que d’occuper le terrain inutilement,

QUE VOUS AVEZ ENCORE CONTRIBUÉ

À LA RUINE D’UNE MULTITUDE D’ÂMES IMMORTELLES.»

Archives du christianisme 1835 08 08