Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EXPÉRIENCES PASTORALES

NOUS MOISSONNERONS EN SON TEMPS

SI NOUS NE NOUS RELÂCHONS PAS.

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Une feuille religieuse étrangère, The Pastor's Journal, publie l’article suivant que nous nous contentons d’abréger dans quelques-uns de ses détails.


Depuis plusieurs années, les ténèbres spirituelles semblaient s'amonceler sur le troupeau dont je suis le pasteur; les iniquités se multipliaient, et la charité des plus fidèles se trouvait refroidie.

Beaucoup de personnes s’étaient éloignées de la maison de Dieu; d’autres la fréquentaient sans paraître n’en retirer aucun profit. Rien n'indiquait, ni en public ni en particulier, que mon ministère fût accompagné d’aucune bénédiction. Je sentis mon cœur défaillir au dedans de moi, et j’étais près de m’écrier: «Qui a cru à notre prédication? J’ai travaillé en vain, et usé mes forces pour des choses de néant.»

Un jour, c’était un dimanche du mois de novembre, et le temps était pluvieux, je regardais de la fenêtre de mon cabinet la maison du Seigneur, et l’âme saisie d'un profond découragement, je dis à ma femme:

«Je me sens comme empêché d’aller au temple aujourd’hui, pour prêcher devant des bancs vides, ou devant quelques auditeurs inattentifs auxquels je ne pourrai rien dire de plus propre à les réveiller que ce que je leur ai dit déjà sans aucun fruit

L’heure du culte public sonna.

Je me rendis à la maison de Dieu, l’esprit abattu, et j’essayai d’annoncer l'Évangile à mon petit auditoire. Cependant, lorsque j’allais sortir, un vieillard qui avait fait une longue route pour m’entendre, s’approcha de moi et me dit:

«Mon fils O... et sa femme souhaitent vous voir aussitôt que vous le pourrez; ils éprouvent une grande agitation d’esprit, et connue ils sont l’un et l’autre d'une santé très-faible, il n’ont pu venir au service religieux.»

Je m’en retournai chez moi, et j’annonçai à ma famille que Dieu ne nous avait pas complètement délaissés, puisque j’avais reçu un message tel qu’on ne m'en avait pas apporté depuis deux ans.

Le lendemain je me hâtai de répondre à cette invitation.

Les deux jeunes époux m'accueillirent avec une grande joie. Ils me dirent que, bien que mes visites leur fussent toujours agréables auparavant, ils éprouvaient une espèce de crainte en me voyant arriver, parce qu’ils ne savaient que me répondre sur mes entretiens de religion, mais qu’ils désiraient maintenant de m’ouvrir entièrement leur cœur.

Ils avaient été amenés l’un et l’autre à chercher en Jésus-Christ le pardon de leurs péchés.

Après une réjouissante conversation avec ces époux, je me rendis à la maison du père qui n'était qu'à quelques pas de là. Je trouvai le père et la mère occupés de choses sérieuses, profondément humiliés et bien résolus de vivre d’une vie nouvelle.

Un gendre et sa femme qui habitaient la même maison éprouvaient aussi des convictions de péché.

Après leur avoir donné les conseils et les directions qui me parurent convenables en cette circonstance, je montai, selon mon habitude, dans l’appartement de la vénérable grand-mère, qui comptait près de quatre-vingt-dix années pour le nombre des jours de ses pèlerinages, et qui, depuis longtemps, ne pouvait plus sortir de sa chambre.

Lorsque j’entrai, elle éleva ses mains tremblantes, et s’écria, les yeux humides:

Oh! je bénis Dieu de m’avoir laissé vivre pour voir ce jour.

Oui, lui répondis-je, c'est un jour pour lequel vous avez prié depuis bien longtemps.

Oh! oui; et me montrant un coin de sa chambre: Combien de nuits j’ai passées sur cette couche sans dormir, demandant et priant que le salut vînt dans cette maison; et il est venu; et j’en bénis le Seigneur. Maintenant je puis mourir en paix.

Maintenant aussi, lui dis-je, elle doit être clairement expliquée pour vous cette Providence mystérieuse, comme vous la nommiez. Souvent vous m’avez dit que vous ne saviez pas pourquoi le Seigneur prolongeait votre vie, une vie qui vous semblait un inutile fardeau pour vous-même et pour les autres. Il vous a gardée ici bas, afin que vous puissiez prier pour ces précieuses âmes, et leur rendre témoignage des miséricordes de Dieu.

Notre entretien dura longtemps, et lorsque nous eûmes prié, je m’en allai, m'accusant d'avoir été incrédule et d’avoir douté des compassions de Dieu, admirant les voies de la Providence dans cette manifestation de sa grâce, et pensant combien il est encourageant pour un pasteur abattu de savoir qu’il y a dans son église des âmes fidèles qui prient, et implorent chaque jour le Père des miséricordes en faveur du troupeau.

Ce fut le commencement d’un réveil qui ajouta cinquante personnes à l’église.

La vénérable aïeule vécut assez pour connaître ces heureux résultats, et puis elle s’endormit en paix.

Lorsque le Seigneur paraît, pendant un temps, détourner sa face d’un de ses héritages et que le jour devient sombre, l’ambassadeur de Christ ne doit pas se livrer au découragement, tant qu’il reste une seule âme fidèle pour lui soutenir les mains et pour s’approcher avec lui du trône de la grâce.

De pareilles âmes valent une armée, et sont puissantes pour combattre l’Esprit des ténèbres.

Archives du christianisme 1836 01 23


 

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