Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

LA NATURE HUMAINE.

(Un si paisible village!)


***


Il s’est élevé dans tous les temps de vives discussions sur le caractère moral de l’homme. Les uns ont prétendu que l'homme est bon par sa nature; les autres, qu’il est mauvais! Ces contradictions s’expliquent quand on se représente les différentes faces sous lesquelles la nature humaine peut être considérée.

Prenons pour exemple l'un de ces paisibles villages comme on en trouve par milliers dans le monde dit chrétien.

La population est groupée par familles selon le commandement de Dieu, et chaque famille repose en paix sous son toit. Au point du jour, lorsque les rayons du soleil commencent à peine à colorer l’horizon, je vois dans chacune de ces demeures une femme, une mère déjà levée, et qui s’occupe avec la plus grande activité à pourvoir aux besoins de ceux qui l’entourent. Les devoirs qu’elle remplit ce matin, elle les a déjà remplis durant beaucoup d’années, depuis un demi-siècle peut-être, et elle s’en acquitte toujours avec zèle, souvent même avec joie. Quelle patience! quelle persévérance! quel dévouement! car c’est pour les autres qu’elle travaille bien plus que pour elle-même; ses propres besoins l'occupent moins que ceux de sa famille.

L’heure du repas sonne, et l'on se réunit d’un commun accord. Les membres de la famille se témoignent l'un à l’autre des sentiments d’affection et de prévenance.

Ensuite vient l’heure du travail. Nos villageois sortent de leurs maisons, et chacun se rend à son poste avec une parfaite régularité.

L’artisan va dans son atelier, le marchand dans sa boutique, le laboureur dans le champ qu’il cultive. S'ils se rencontrent sur la voie commune, ils se font pour la plupart un salut cordial, et s’informent affectueusement de leur santé. S’ils peuvent se rendre quelques bons offices dans leurs occupations respectives, ils se montrent habituellement disposés à le faire. Tous mettent du zèle et de l'ardeur à travailler, bien que beaucoup d’entre eux soient maîtres de leurs actions. Ils en agissent ainsi jour après jour, année après année, et ce n’est pas pour eux seulement qu’ils s’appliquent si régulièrement à leur tâche, mais pour quatre ou cinq personnes qui leur sont confiées, et qui dépendent de ce travail.


Il y a sans doute des exceptions.

Çà et là se rencontre un homme oisif, un père dénaturé, un mauvais mari, un enfant ingrat qui négligent d'accomplir leurs devoirs. Mais ces exceptions sont peu nombreuses, et, dans le plus grand nombre des cas de ce genre, les personnes qui souffrent trouvent une sincère compassion chez les habitants du voisinage.

On plaint le vieillard délaissé, la femme abandonnée, et l'on s’efforce d’alléger leurs peines.

Le jour se passe de cette manière dans notre tranquille village. Le soir amène des récréations de diverses espèces. Quelques individus, il est vrai, cherchent des plaisirs honteux, et coupables; mais la plupart des habitants viennent s’asseoir avec joie au coin de leur foyer.

La nuit apporte le repos dans toutes les maisons; chacun s’endort paisiblement sous l’abri du toit domestique; et s’il y a un être isolé qui rode à l’heure de minuit pour commettre quelque crime, c’est une exception rare et abhorrée.

Entrons, toutefois, dans cette chambre ou brille une lumière pâle et vacillante. Là est un pauvre enfant qui a causé de perpétuelles inquiétudes à ses parents depuis le jour de sa naissance, et qui est étendu dans sa couche sous l’accès d’une fièvre aiguë.

Si l’étranger disait:

«Bonne mère, votre sommeil a été assez longtemps suspendu par les cris de cet enfant; allez enfin vous reposer. S'il meurt avant le matin, vous serez délivrée d’un lourd fardeau. Et vous, son père, vous qui avez tant travaillé aujourd’hui et qui devrez supporter demain les mêmes fatigues, pourquoi rester dans cette chambre de douleur? Pourquoi épuiser vos forces dans des veilles pénibles?»

Si, dis-je, un étranger tenait ce langage, il ne ferait que retenir encore mieux les parents auprès de leur enfant malade.

Cette pauvre mère, elle veille avec une patience que rien ne peut abattre, avec un amour que rien ne peut épuiser. Elle semble d’autant plus s’attacher à son enfant qu’il exige plus de soins et de sacrifices; elle mourra, s’il le faut, de fatigue et d’insomnie pour l’arracher à la mort.

N’existe-t-il pas, dans les scènes que nous venons de peindre, une grande beauté morale?

Et celui qui se contenterait d’observer cette partie de la nature humaine, n’aurait-il pas quelque droit d'en conclure que l’homme est essentiellement bon?


* * *

Mais pénétrons plus avant; examinons les sources de cette beauté morale; considérons l’autre côté du tableau, et la nature humaine se montrera à nos yeux sous un point de vue tout différent.

Quels sont les principes d’après lesquels agissent les habitants de ce village (nous parlons de ceux qui ne sont point convertis)?

Ces principes se réduisent à deux:

1. l’affection naturelle

2. le respect de l’ordre social.

Les neuf dixièmes des actes auxquels on donne le nom de vertu dans le monde découlent de ces deux principes.

L’accomplissement régulier des devoirs domestiques,

l’activité au travail, la frugalité dans la manière de vivre,

l’honnêteté dans les transactions réciproques des hommes,

l’ensemble de la conduite appelée morale;

tout a sa source dans les instincts ou les affections de la famille et dans la force des lois.


Les résultats sont beaux; ils sont nécessaires au bien-être des individus, à l’existence de l’ordre social; mais quand nous en cherchons les causes, nous trouvons un sentiment que l'homme partage avec les animaux, un instinct d'attachement naturel, puis une organisation civile qui est en dehors de l’homme.

Dieu a constitué l’individu et la société de telle sorte que les deux principes dont nous parlons suffisent, dans les cas ordinaires, à la conservation de l'humanité. C’est un appareil extérieur qui se soutient et se maintient admirablement.

Le reste,

c’est-à-dire ce qui est dans le cœur,

c’est-à-dire ce que la créature doit à son Créateur,

c’est-à-dire ce qui fait l'amour religieux et vertueux;

Le reste manque.

La loi de Dieu est violée, son autorité méprisée, son nom outragé, et tandis que la machine sociale et domestique présente un aspect imposant, L’INTÉRIEUR EST PLEIN DES PLUS HORRIBLES SOUILLURES.

On a vu que notre village est beau quand on le considère du dehors.

Tout y marche avec ordre et harmonie. Eh bien! on détournerait les yeux avec terreur, avec dégoût, si j'essayais maintenant de peindre, sous des traits fidèles, les sentiments, les passions, les convoitises, qui règnent habituellement au fond du cœur de ces villageois.

Quels mouvements de jalousie et d’envie, que de haines cachées!

Que de vengeances qui s’arrêtent dans ces abîmes secrets, mais qui n’y font pas moins d’effroyables ravages!

Combien de pensées impures, arrogantes, iniques, impies!

Cette mère qui veille près de son enfant malade, et qui témoigne pour lui une si vive tendresse, a peut-être un cœur qui se révolte contre Dieu et qui blasphème intérieurement contre les afflictions qu'il lui envoie!

Cet homme qui tend une main secourable aux mendiants du village, il éprouve un plaisir cruel, une joie atroce, à entendre déchirer son égal ou son supérieur par des calomnies!


Le village est honnête, car les habitants ne se volent ni ne se tuent les uns les autres à la faveur des ténèbres de la nuit.

Honnête, soit; et cependant il n’y a peut-être pas un individu qui ferait quelque marché avec son voisin, sans prendre les plus minutieuses précautions, sans veiller sur ses intérêts avec la plus défiante sollicitude.

Ils sont bienfaisants; oui, en cela que, lorsqu’ils sont témoins d’une très grande souffrance physique, ils prennent des mesures pour la soulager ou pour l’éloigner de leur vue.

Bienveillants! bienfaisants! mais on peut apprécier ce qu'ils pensent eux-mêmes de leur bienfaisance par ce fait: c’est que si quelqu'un manifeste l’intention d'accomplir une bonne œuvre, et qu’il demande la coopération de ses voisins, neuf sur dix soupçonneront que son intérêt personnel y est attaché d’une manière directe ou indirecte, et ils se tromperont à peine une fois sur cent!

On se récrie contre le dogme de la dépravation de l’homme; mais on agit, dans la réalité, conformément à cette doctrine; on règle d’après elle ses rapports avec ses semblables; on la prend pour point de départ dans ses transactions, surtout quand il s’agit d’affaires importantes, d’objets où il est essentiel de se placer dans le vrai.

Un poète, un orateur pourra tracer un magnifique tableau des beautés morales de l’humanité; mais ceux-là mêmes qui ont, en théorie, les idées les plus romanesques sur la bonté de l’homme, se tiennent scrupuleusement sur leurs gardes dans la pratique; ils savent être aussi défiants que les autres; ou bien, s’ils agissent d’une façon différente, ils se voient bientôt inévitablement trompés, et tandis qu’ils louent l'humanité en masse, ils sont contraints de l’accuser avec amertume en détail.

C’est peu, et le plus hideux côté de la nature humaine nous reste à observer.


IL S’AGIT DU DROIT DE DIEU SUR NOUS,

DE NOS DEVOIRS ENVERS DIEU,

DE NOS ACTES RELATIVEMENT AU JUGEMENT DE DIEU. 


La fausseté des vertus naturelles qui ont la famille ou la société pour objet, l’hypocrisie et les vices du cœur dans nos rapports avec les autres hommes ne forment que la moindre partie de notre état de péché.

Revenons encore une fois à notre paisible village.

Qui est-ce qui reconnaît le droit absolu de Dieu sur lui, sur ses actions, ses paroles, ses pensées, ses affections?

De la bouche on l’avouera peut-être, mais on le dénie dans le fait.

Cette négation est signalée dans la Bible sous les noms divers de rébellion, incrédulité, impiété, inimitié contre Dieu.

1. Le Seigneur a promulgué une loi, elle n’est pas obéie.

Si l’on en observe quelques articles, ce n’est point parce que Dieu l’a commandé, mais parce que ces articles répondent aux intérêts ou aux convenances du temps présent.

2. Le Seigneur veut que nous vivions pour lui, pour sa gloire, non pour nous ni pour notre gloire.

Qui est-ce qui respecte cette auguste volonté?

3. Il nous apprend que nous comparaîtrons dans peu de jours devant son tribunal pour y être irrévocablement jugés.

Qui est-ce qui accepte cette déclaration comme la règle principale de sa conduite?

4. Il nous enseigne que les riches ne sont que ses économes, et qu’il les a fait dépositaires des biens du monde; charge de les distribuer aux pauvres.

Qui est-ce qui agit selon cette divine ordonnance?

5. Il semble qu’il y ait un accord tacite entre les hommes pour CHASSER DIEU de toutes les conversations, de toutes les relations, de toutes les affaires d’ici-bas.

6. Ce complot n’est pas authentiquement avoué,

MAIS IL EST GÉNÉRALEMENT SUIVI.


Supposez que quelqu’un vienne dans ce village rappeler aux habitants le droit de Dieu; il sera moqué, raillé, honni, persécuté par le plus grand nombre. On le traitera de fanatique et d'insensé; on le calomniera pour se donner des prétextes de le haïr.

Voilà l’homme naturel considéré sous une autre face; et l'on ne s’étonne plus que ceux qui l’examinent avec le flambeau de la Bible s'unissent aux écrivains sacrés pour attester que l’homme est mauvais:


«L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme,

Pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent,

Qui cherche Dieu.


Tous sont égarés, tous sont pervertis;

Il n’en est aucun qui fasse le bien,

Pas même un seul.»

Psaume 14


Archives du christianisme 1835 03 28


 


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