Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

Quelques mots à ceux qui fréquentent le culte public.

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Nous avons souvent donné des conseils aux pasteurs. Pour cette fois, c’est aux auditeurs que nous venons nous adresser.

L’habitude existe, même parmi d’excellents chrétiens, de faire peser toute la responsabilité du culte public sur le prédicateur.

En d’autres termes, il semble que toute l’obligation des auditeurs consiste à se rendre dans la maison de Dieu; puis on demande au ministre de l’Évangile d'intéresser, d’émouvoir, d’attendrir les âmes, sans avoir fait soi-même aucune préparation avant de venir au temple, et sans se donner aucune peine, lorsqu’on y est venu.

Examinez la physionomie de la plupart de nos assemblées religieuses.

Quand le service commence, CHACUN EST DISTRAIT, INATTENTIF, et la prière liturgique est prononcée au milieu d’un bruit continuel.

Quand le pasteur lit les versets du psaume, ON N’ÉCOUTE PAS DAVANTAGE, ET L’ON CHANTE LES MOTS SANS PRENDRE GARDE AUX CHOSES QU’ILS EXPRIMENT.

C’est seulement lorsque le pasteur ouvre la Bible et dit son texte, que l’on consent à prêter quelque attention au culte. Alors, on fait tout dépendre de la manière du prédicateur.

S’il est éloquent, original, pressant, incisif, on le suit avec intérêt; s'il admire la nouveauté du sujet, la force des arguments, l’élégance du style. Mais si le prédicateur est simple, s’il parle sans art, s’il délivre son message avec des formes peu attrayantes, on ne l'écoute pas; l'intérêt tombe. L'ATTENTION SC DÉTOURNE, ET L’ON EN ACCUSE L'ORATEUR!

Ces plaintes sont-elles justes? et la faute doit-elle peser entièrement sur le ministre de l’Évangile?

Nous ne le croyons pas!

La charge est tout au moins partagée; il est non seulement injuste, mais insensé de ne rien tirer de soi et d’attendre tout du sermon.

L’orateur est vulgaire, soit; diffus, je l’accorde; sans chaleur et sans verve, je le veux bien; peu élégant dans ses expressions, j’y souscris; ennuyeux, c’est possible.

Je dois vous répondre que la faute, au contraire, en retombe sur vous plus encore que sur le prédicateur, et que CETTE EXCUSE EST UN PÉCHÉ DE PLUS, bien loin d’être une justification.

J’explique ma pensée par un exemple.

Un père de famille envoie ses fils dans un champ pour y travailler, et leur dit qu’il chargera quelqu’un de leur expliquer la manière dont ce travail doit être fait. Les jeunes gens portent, et le messager les accompagne. Il se met à leur dire comment le champ doit être cultivé, quelle espèce de semence le père veut qu'on y répande, et quel est le moyen de rendre le sol plus fertile.

Les jeunes gens l’écoutent une minute ou deux. Mais l’un, apercevant quelque bizarrerie dans le langage de cet homme, se prend d'un éclat de rire; l'autre s’étend sur l’herbe, et tombe peu à peu dans un état de sommeil; un troisième promène ses regards à gauche et à droite sur les plaines et les montagnes dont il est entoure.

Aucun d’eux ne s’instruit par conséquent de la volonté de son père, et ne la connaissant pas, il ne la fait pas.

La nuit vient, et le père de famille invite ses fils à lui rendre compte du travail de la journée. Alors ils essaient de se justifier par les excuses suivantes:

Pourquoi, répond l'un, nous avez-vous envoyé un homme qui n’a pas le talent de se faire écouter? II ne sait pas choisir ses termes; il parle mal; il n’a rien de frappant ni de nouveau.

Je n’ai pas pu fixer mon attention, ajoute un autre; si votre messager eut été plus éloquent, il m’aurait tiré de mon apathie.

C’est un orateur qui ne connaît que l’art d’endormir, poursuit un troisième.

Il était habillé de telle sorte et avait un son de voix si singulier que je n’ai pu m'empêcher de rire, continue un quatrième.

Pensez-vous de bonne foi que le père de famille acceptera de semblables excuses? N’y verra-t-il pas plutôt une indigne moquerie?

Et voilà, cependant, les excuses, dirai-je folles? dirai-je impies que des centaines et des milliers d’auditeurs allèguent pour se justifier de n’avoir pas écouté l'instruction religieuse du dimanche!

C’est le messager de Dieu, l’orateur qui porte toute la responsabilité.

Manque-t-il d’éloquence?

On le blâme, et on ne se blâme pas soi-même de son défaut d’attention.

Voici à quoi se réduit cet indigne prétexte:

Dieu nous envoie des ambassadeurs pour nous offrir le pardon de nos péchés et nous apprendre à faire ce qu’il attend de nous;

mais à moins que ces ambassadeurs ne soient des hommes d’esprit, de talents, de beaux discoureurs, nous ne les écouterons pas!

Et cette prétention est si générale qu’il y a, je le répète, des personnes sincèrement pieuses, des chrétiens qui tombent dans la même faute, sans y prendre garde. Ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils font, mais ils le font. Ils obéissent à leur insu aux mauvais exemples du monde et à l’instinct dépravé du vieil homme.

Sans doute, le pasteur doit délivrer son message aussi clairement et aussi bien qu’il le peut. Voilà son devoir.

Mais votre devoir, à vous, est d’apporter tous vos soins à entendre convenablement ce message.


VOUS AVEZ, VOUS, QUELQUE CHOSE À FAIRE, avant d’aller au temple,

ET QUELQUE CHOSE À FAIRE, quand vous y êtes.


Vous devez préparer votre cœur par la lecture de la Parole et par la prière;

vous devez vous représenter sérieusement qu’il s’agit des intérêts éternels de votre âme;

vous devez vous dire que vous êtes responsable de votre inattention, quel que soit celui qui vous parle,

et que vous en rendrez compte au jour du jugement.

Moins l’orateur est intéressant par la forme de son discours, plus vous devez faire d’efforts pour demeurer attentif.


Prenez garde comment, vous écoutez, a dit le Seigneur.

Archives du christianisme 1836 03 26


 

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