Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉTUDES CHRÉTIENNES

LA MÉDISANCE CHEZ LES PERSONNES PIEUSES.

***

Il y a deux vices qui exercent un déplorable empire sur beaucoup de chrétiens parce qu’ils ne compromettent pas leur caractère aux yeux de leurs frères en Christ, comme le feraient des péchés criants et scandaleux.

Ces deux vices sont l’avarice et la médisance.

***

Un homme qui professe d’être pieux ne s’abandonnera pas aux excès de l'ivrognerie ni à de grossiers blasphèmes; il sentirait aussitôt, lui et ceux qui l'entourent, que de telles transgressions de la loi sont incompatibles avec la foi chrétienne.

Mais l’avarice, mais la médisance, pour peu qu’on y garde quelque mesure, n’entraînent pas les mêmes conséquences.

Il est possible d'être avare, d’être médisant, tout en conservant une bonne renommée parmi les chrétiens.

Et c’est pour cela que le vieil homme, chassé de la plupart de ses anciennes positions, se réfugie dans ces deux vices, comme dans une forteresse cachée; il s’y dédommage en quelque manière de tout ce qu’il a perdu à d’autres égards.


LA MÉDISANCE, en particulier, est l'une des plus dangereuses tentations qui rodent autour du chrétien, PARCE QU’ELLE SE PRÉSENTE À SES YEUX SOUS LE MASQUE DU ZÈLE ET DE L’AMOUR DE LA VÉRITÉ.

On croit encore servir le Seigneur, en se mettant au service d’une passion ignoble et malfaisante!

C’est l’une des formes de Satan, lorsqu’il se déguise en ange de lumière.

Il faut avertir les personnes pieuses du péril auquel, sous ce rapport, elles sont chaque jour exposées, et nous pensons qu’elles ne liront pas sans profit le résumé de quelques excellentes pages écrites par Mme Caroline Fry sur ce grave sujet.

Vous prétendez que c’est la vérité, la vérité pure et avérée! s'écrie cette dame; mais est-ce là une justification solide?

Vous-même, n’avez-vous jamais rien fait; rien dit, rien pensé que vous voudriez ensevelir dans le plus profond oubli, loin du regard de Dieu et de la vue des hommes?

Eh bien! mesurez les autres avec la même mesure dont vous voulez être mesuré. Allez donc mettre au jour la vérité sur votre prochain avec un zèle infatigable; arrachez les voiles qui couvrent ses actions; le moment viendra où le voile qui couvre les vôtres sera aussi arraché, et vous direz alors, mais en vain, aux rochers et aux montagnes de tomber sur vous et de vous couvrir!


Ce n’est pas tout.

Dieu prend garde aux motifs; il pèse les intentions dans la balance de sa justice.

Or, quel motif aviez-vous, ce matin, pour raconter cette vérité qui compromet si cruellement la réputation de votre frère?

Il n’y avait pas de mauvaise intention, répondez-vous.

Mais y avez-vous bien réfléchi, avant de parler?

Avez-vous soigneusement examiné la nature de vos motifs?

Si vous l’aviez fait, il est probable que vous auriez tenu votre langue en bride.

Il convient, dites-vous, de montrer les caractères des hommes dans leur vrai jour, et de détromper les autres sur ce qui n’est qu’apparence.

Soit, mais il convient aussi, et il importe beaucoup plus de n’être ni querelleur, ni jaloux, ni vindicatif, ni téméraire dans ses jugements. Vous en êtes-vous souvenu?


Poursuivons.

Vous faites profession de connaître la grandeur et l’étendue de notre corruption naturelle; vous déclarez souvent qu’il ne se trouve aucun bien en vous.

Comment donc osez-vous élever un tribunal devant lequel vous citez vos compagnons de misère?

Ne savez-vous pas combien il est difficile de combattre et de vaincre un seul péché profondément enraciné dans le cœur?

Ne savez-vous pas quelle est la violence des tentations?

Et vous iriez de porte en porte censurer, critiquer, blâmer votre prochain!

Ah! si votre cœur ne sent pas qu’il a quelque chose de mieux à faire, il n'a pas encore appris à se connaître lui-même!

Si vous pensez avoir plus de droits qu’un autre aux bénédictions de Dieu, c’est en cela même que vous avez un grand pas à faire en avant, pour trouver un lieu de sûreté aux pieds de votre Sauveur; et quand vous y serez parvenu, quel que soit le jugement du Dieu qui sonde les cœurs, vous qui pouvez sonder le vôtre, vous reconnaîtrez qu’il est le plus mauvais de tous.

Si vous éprouvez réellement, comme vous professez de le faire, le trouble et l’agonie d’une conscience angoissée, comment pouvez-vous, par vos impitoyables discours, ajouter le poids d’un seul grain à cet intolérable fardeau?

Quand Pierre pleurait amèrement, après avoir renié son Maître, l’auriez-vous poursuivi de cruels reproches?

Quand Paul cherchait à être délivré des soufflets de Satan, et que cette grâce ne lui fut pas accordée, l’auriez-vous déchiré dans vos discours?

Oui, vous l’auriez fait, mais...

SOUVENEZ-VOUS QUE LE SAUVEUR NE LE FIT POINT.

Voilà le mal; où est le remède?

Veillez sur votre penchant à la médisance.

Que les jeunes gens prennent garde qu’elle ne devienne en eux une habitude; qu’ils résistent avec courage au mauvais exemple.

Efforçons-nous d’avoir des autres une aussi bonne opinion que possible. Quand on ne pense pas de mal, on n’en dit pas.

On vous rapporte un fait qui vous paraît blâmable; mais le narrateur l’exagère ou le défigure peut-être sans le savoir; ou bien vous avez soupçonné ce qui n’est pas dans son récit; ou encore, il y a d’autres faits louables qui doivent balancer celui-là. D’ailleurs, connaissez-vous toutes les raisons qui ont fait agir votre prochain de telle manière plutôt que de telle autre?

N’était-il pas sous l’influence d’une illusion qui explique sa faute, ou d’une tentation qui en diminue la gravité?

Accoutumez-vous à faire des réflexions de ce genre, avant de juger votre prochain.

Vous êtes choqué de certains défauts, de certains vices de caractère chez les autres. Mais pensez en vous-même, avant de les condamner, que la cause en est peut-être dans un manque d’éducation, ou un mauvais exemple, ou une infirmité physique, ou une faiblesse d'esprit; et pendant que vous vous efforcez de voir les choses du côté le plus favorable, vous n’aurez aucune hâte à les montrer sous le pire côté dans vos conversations.

Accoutumez-vous aussi à veiller sur les mouvements secrets de votre cœur, et à interroger votre vie passée avec une entière bonne foi.

Alors, quand vous serez sur le point de censurer les autres, vous vous direz en vous-même:

J’ai également éprouvé cette mauvaise passion; je suis tombé dans la même faute ou si je n’ai pas commis ce péché, j’en ai commis d’autres non moins odieux.

Cette habitude vous rendra humble, et tout ce qui rend le cœur plus humble, le fait plus doux envers le prochain.

Tâchez encore d’avoir de meilleures choses pour nourrir vos entretiens. C'est souvent parce que l’esprit est vide qu’il s’occupe des affaires d’autrui, et parce qu’il ne sait que dire qu’il dit du mal.


Enfin, accoutumez-vous à prier le Seigneur pour vos semblables, et à implorer ses miséricordes pour leurs transgressions.

Dès lors, croyez-moi, vous serez moins ardent à publier ces transgressions, et moins prompt à les condamner.

Faites tout cela dès votre jeunesse, et la médisance ne régnera point en vous!

Archives du christianisme 1836 02 13


 

- Table des matières -