Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE.

LYDIE S.

- Quand PLUS TARD» devient «TROP TARD» pour l'éternité -

(Récit authentique.)

***


LYDIE S..., c’était le nom d’une jeune personne qui mourut à l’âge de seize ans. Elle appartenait à une respectable et pieuse famille de la Nouvelle-Angleterre. Son éducation morale et intellectuelle avait été dirigée avec le plus grand soin. Lydie était l’orgueil de ses parents, l’ornement de son cercle, et l’admiration de ceux qui la connaissaient.

J’ignore quelles furent les impressions religieuses de son enfance; mais il est certain que Lydie montra, dès ses plus tendres années, du respect pour la religion, et entretint l’espoir de se convertir entièrement à l’Évangile de Christ avant sa mort.

C’est dans l’été de 1824 qu’elle devint particulièrement sérieuse sur les intérêts de son âme.

Elle éprouva, pendant les mois de juillet et d’août de cette année, de solennelles impressions, et il lui parut évident qu’elle ne pouvait sans péril négliger plus longtemps ses devoirs religieux.

Un matin, surtout, le premier sentiment qui lui vint à son réveil, fut qu’elle devait embrasser la foi chrétienne aussitôt, incontinent, et que tout retard exposerait son âme aux plus graves dangers.

Elle se reconnut elle-même, comme elle le raconta, pour être une grande pécheresse entre LES MAINS DU DIEU DE JUSTICE.

Elle découvrit qu’il n’y avait de grâce, d’espérance, de salut, de rédemption parfaite qu'en Jésus-Christ; que Jésus-Christ était prêt à la recevoir et à lui pardonner au moment même, et qu’un délai serait probablement fatal à son âme.

Elle délibéra dans son propre cœur, chercha des arguments pour et contre, se mit à genoux et pria; enfin, elle prit la résolution positive de se repentir et d’accepter l’offre du salut avant la fin de ce jour-là.

Elle ne se repentit donc pas aussitôt, mais elle résolut de se repentir dans le cours de la journée. Cette résolution était, du moins elle le croyait, le dessein arrêté et immuable de son âme, et elle se réjouissait dans la pensée d’être si proche du moment où elle s’accorderait, selon le langage de l’Écriture, avec sa partie adverse.

MAIS ce jour-là eut, comme les autres, ses travaux, ses soins, ses plaisirs, ses conversations mondaines, et le soir la trouva presque aussi indifférente qu’auparavant.

Le lendemain matin, ses impressions religieuses se réveillèrent avec une nouvelle énergie. Elle aperçut encore plus clairement le danger de sa position et la nécessité d’une repentance immédiate; le péché se montra dans toute sa laideur et dans toute sa coulpe à ses yeux; elle s’accusa d’avoir manqué à sa résolution de la veille, et dans une angoisse plus aisée à concevoir qu’à décrire, elle prit une seconde fois la résolution de se réconcilier avec Dieu avant la fin du jour.

Alors son anxiété fit place à un état d’esprit plus paisible. Elle éprouvait, cependant, quelque malaise, en se rappelant qu’elle avait violé son premier vœu; elle n’était plus aussi confiante en elle-même; toutefois elle avait formé une résolution si ferme et si positive, elle était si fortement décidée à l’accomplir, qu’elle ne pouvait avoir aucun doute sur le résultat, et dès lors elle se réjouit de nouveau dans la pensée qu’elle allait devenir véritablement chrétienne.

Elle avait fait un grand pas, se disait-elle; son projet d’amendement et de conversion ne changerait plus; elle s’était engagée solennellement à revenir vers le Seigneur avant la fin du jour.

MAIS, hélas! ce jour passa comme les autres, et sans rien laisser de plus derrière lui. Pendant que les heures s’écoulaient, Lydie pensa souvent à sa résolution; mais elle n'y apportait pas l’intérêt profond qu’elle avait éprouvé le matin, et tout le sérieux de son âme s’était presque dissipé à l’approche de la nuit.

Même sentiment, même angoisse, même résolution, même délai, même négligence à l'accomplir, le lendemain.

Elle passa quelques semaines dans ces alternatives de promesses, de retards et de transgression de ses vœux; puis son anxiété disparut complètement, et elle retomba dans son premier état d’irréflexion.

Elle n’était pas tout à fait indifférente; elle espérait toujours de se convertir une fois;

MAIS elle plaçait l’accomplissement de ses résolutions à des époques beaucoup plus éloignées, et se livrait comme autrefois aux affaires et aux plaisirs du monde.


***

Vers ce temps, elle alla demeurer dans un village voisin, et je ne l'avais pas vue depuis trois mois, lorsque je fus appelé à lui rendre visite sur son lit de mort. Sa dernière maladie fut courte; elle ne dura que cinq jours. Les progrès du mal avaient été si rapides et en même temps si cachés que Lydie ne connut sa véritable situation que huit heures avant sa fin.

Elle n’y était pas préparée; son cœur n’avait pas cherché le repos là où il se trouve. Mais le matin du jour où elle mourut, on l’avertit que les symptômes de sa maladie devenaient alarmants, et que, selon toute probabilité, son dernier moment était proche.

Le coup fut terrible, et son âme parut se réveiller en sursaut du sommeil de mort qui l’accablait. C’était à l'aube du jour, précisément à l’heure où elle avait pris, quelque temps auparavant, ces résolutions si vite oubliées. Le soleil qui commençait à poindre, le morne silence qui régnait autour d’elle, les personnes dont elle était environnée, la vue du pasteur, tout servit à lui rappeler les impressions religieuses qu’elle avait étouffées, et en un instant elle mesura toute l’horreur de sa position.

Elle se voyait maintenant pécheresse endurcie entre les mains de Dieu, sans repentance, sans pardon, sans espérance, aux portes du tombeau, après avoir dédaigné le Sauveur, contristé l’Esprit, et repoussé toutes les offres de miséricorde!


***

SUPPOSEZ-VOUS UN MOMENT À SA PLACE.

Le temps qu'elle avait reçu pour se préparer à la vie éternelle, avait disparu.

Santé, force, illusions mondaines, flatteuses espérances, tout s’était évanoui!

Son sang commençait à s’arrêter dans ses veines; sa respiration était pénible et brisée. Sous le poids de la sentence de mort, atteinte des plus vives douleurs, saisie de désespoir, que pouvait-elle faire pour son âme?

Et cependant elle devait faire quelque chose, alors ou jamais; encore quelques heures, il serait trop tard, éternellement trop tard!

Sa détresse fut si poignante qu’elle s’écria que son âme était perdue, qu’il n’était plus possible de rien faire pour elle; et l’on eût dit que, dans une effroyable préparation, elle ramassait toutes ses forces pour entendre le jugement de condamnation éternelle.

MAIS ce mot, ce mot d’horreur: PERDUE! c’était une épée qui lui perçait l’âme; tout son corps frissonnait d’une affreuse épouvante.

Elle lutta de nouveau pour reprendre un peu de vie; elle éleva les yeux vers le ciel; elle sembla recueillir ce qui lui restait d’énergie pour prier. Oh! quelle angoisse, quelle agonie dans sa prière!

Elle cria, supplia, pour obtenir grâce et merci, jusqu’à ce que, vaincue par la maladie et par la terreur, elle tomba en défaillance. Un délire momentané parut la distraire de ses pensées; elle rêvait qu’elle était rétablie, entourée de ses compagnes, partageant leurs jeux et leurs joies. Mais bientôt la présence d’esprit lui revint, et avec elle toutes les effrayantes réalités de son état, ayant un pied déjà dans la fosse, et sur le point de descendre, comme elle le répéta plusieurs fois, dans les sombres abîmes de l’enfer! Et à cette pensée, elle criait et suppliait encore; et trop faible pour supporter ces angoisses, elle retombait en défaillance!

Nous passâmes une grande partie de la matinée en prières auprès de son lit; nous lui parlâmes du Sauveur et de ce qu’elle pouvait encore attendre de son amour.

MAIS tout parut être en vain; sa force était entièrement abattue; l’action vitale était déjà éteinte aux extrémités; la main de la mort s’appesantissait sur son front, et un sombre désespoir possédait toute son âme.

Elle voyait que l’instant fatal s’approchait, et qu’elle allait devenir la proie d’une irrévocable condamnation. Elle détourna la tête, elle me conjura, elle nous conjura tous de supplier encore en sa faveur le Père des miséricordes. Nous priâmes avec ferveur, avec larmes; mais, hélas! nos prières ne la consolaient point.

Un moment après, elle tourna les yeux vers son père qui était assis auprès d'elle, et avec ce regard qu'un père et une mère peuvent seuls comprendre:

O mon père, lui dit-elle, ne pouvez-vous pas me secourir? Ne pouvez-vous pas prolonger ma vie? Oh! priez pour moi; priez pour moi!

Encore une fois, nous la recommandâmes aux compassions du Seigneur. J’essayai de nouveau de la conduire à Christ, et je me disposais à lui répéter quelques-unes des promesses que je jugeais le plus propres à la soutenir, lorsqu’elle m’interrompit, en disant: Non, je ne dois plus espérer d’être pardonnée! non, il est trop tard, trop tard!

Et elle me rappela ses fatales résolutions, comme elle s’exprimait, qui n’avaient pas été accomplies; et elle me supplia d’avertir tous les jeunes gens de mon troupeau de ne pas suivre son exemple. Qu'ils ne jouent pas avec leurs convictions, s’écriait-elle; qu’ils ne se bornent pas à prendre une simple résolution de se repentir.

Avertissez-les! oh! avertissez-les fortement! Et elle essaya encore de prier, et elle s’évanouit encore.

Ses paroles devinrent inarticulées; l’obscurité de la mort se répandit sur son regard. Elle continuait pourtant à faire un effort pour prier, puis elle retombait en défaillance, jusqu'à ce qu’enfin, devenue de plus en plus faible, elle poussa un dernier gémissement; et son âme retourna vers le Dieu qui est le Juge suprême de tous ceux qu'il a placés ici-bas.


***

Les plus tristes réflexions assiégèrent mon esprit, lorsque je m’éloignai de cette scène d’épouvante. Peu de semaines avaient passé depuis que cette jeune fille était venue jusqu’à L’ENTRÉE DU CHEMIN DE LA PAIX, sous l’influence de graves et profondes convictions.

Le Sauveur l’appelait; l’Esprit la pressait; elle avait écouté, délibéré en elle-même, résolu, oui, résolu de se convertir.

MAIS elle avait remis sa conversion à une autre fois, et quoiqu’il n’y eût que quelques heures d’intervalle, le Malin avait eu le temps d’arracher ce qui avait été semé dans son cœur.

Cette résolution apaisa ses craintes, et fut un obstacle à la repentance même qu’elle se promettait d’accomplir.

Si la jeune fille s’était repentie AUSSITÔT, IMMÉDIATEMENT, au lieu de décider qu’elle se repentirait, sa mort eut été triomphante, sa mémoire bénie, son immortalité bienheureuse.

Reconnaissons ici la tromperie du cœur humain et les ruses de Satan.

L’ennemi des âmes ne dit pas: Il est inutile de se repentir; la conversion est une chose vaine; — ce piège serait trop grossier pour une personne élevée dans des sentiments chrétiens.

Il dit, au contraire: C’est une œuvre bonne et indispensable que la réconciliation avec Dieu par la repentance et par la foi; — mais, en même temps, il fait remettre à un autre moment l’exécution de ce grave dessein. Il apaise ainsi, par une perspective décevante, les alarmes de la conscience: puis il sème autour de sa victime des travaux, des inquiétudes sur les choses de la terre, des amusements, des dissipations, afin de la détourner de son projet. Ô perfidie de Satan! Ô complicité de notre mauvais cœur! Ô sommeil fatal qui ne cesse qu’à l’arrivée de l’ange de la mort!

Combien d'âmes immortelles, au a lieu de le craindre, se précipitent dans l’abîme, égarées par la même déception!


Vous ne pensez pas à votre salut; vous dormez: pourquoi! parce que vous êtes résolus de vous repentir un jour.

Si vous aviez la certitude que la mort vous frappera dans quelques heures, ne sortiriez-vous pas aussitôt de votre sommeil?

Ne chercheriez-vous pas le Seigneur avec un cœur sérieux, avec une conscience angoissée?

MAIS vous ne le cherchez point, mais vous êtes tranquille malgré votre état d’inimitié contre Dieu, parce que le Malin vous a mis au cœur cette funeste illusion qui a perdu des milliers d’âmes, et qui perdra peut-être la vôtre, si vous n’y prenez garde: je me réconcilierai certainement une fois, un jour, avec Dieu.

Votre paix est une fausse paix, votre alliance avec la vie une chimère, votre pacte avec la mort un mensonge. Le Fils de l’Homme viendra le jour que vous ne l’attendrez pas et à l’heure que vous ne savez pas.

Malheur à qui se livre aujourd’hui à l’insensibilité,

sous l’espoir frivole qu’il se repentira plus tard!

Votre résolution est ferme, dites-vous.

Plus est ferme votre résolution, plus est grand votre danger; car elle vous inspire une sécurité plus profonde, et votre conscience n’en est que mieux endormie.

Votre résolution doit s’accomplir dans peu de jours, dans peu d’heures, dites-vous.

Déplorable et cruelle illusion!

N’y eût-il que l’intervalle d’aller ensevelir votre père ou de faire vos adieux à ceux qui sont restés dans votre maison; n’y eût-il qu’un délai d’une demi-heure, il implique un hasard que tous les trésors du monde ne rachèteraient point.

Quand Dieu nous presse de nous repentir IMMÉDIATEMENT,

tout retard est la plus énorme des imprudences.

Ce retard peut éloigner l’Esprit; il peut lasser la patience du Seigneur; il peut enfermer la mort, la mort du corps et la mort de l’âme.

Si la religion a jamais quelque valeur pour vous, c’est maintenant qu’elle a cette valeur.

Si l’Éternel a des droits à votre obéissance, c’est maintenant qu’il a ces droits.

Si Jésus-Christ doit obtenir et votre foi et votre amour, c’est maintenant qu’il les doit obtenir.


Il ne faut ni jouer, ni transiger sur l'importante affaire de la religion.

L’Évangile ne vous demande pas simplement des projets, des promesses, des résolutions;


IL DEMANDE QUE VOUS DONNIEZ IMMÉDIATEMENT VOTRE CŒUR À DIEU;

que vous soumettiez IMMÉDIATEMENT votre volonté à sa Parole;

que vous acceptiez IMMÉDIATEMENT le salut qui vous est offert en Christ.


Le vœu le plus solennel ne change rien à votre position devant Dieu; il ne vous rendrait que plus coupable, si vous mouriez avant de l’accomplir.

Nous vous supplions donc...

par la sainte majesté de ce Dieu qui connaît vos plus secrètes pensées,

par ce tribunal suprême devant lequel vous devez comparaître,

par le prix de votre âme qui vaut plus que des milliers de mondes,

et par-dessus tout, nous vous supplions par l'amour infini de Celui qui est mort pour les pécheurs, de vous repentir immédiatement.


«SI VOUS ENTENDEZ AUJOURD’HUI LA VOIX DE DIEU,

N’ENDURCISSEZ POINT VOTRE CŒUR.»


Archive du christianisme 1834 10 11


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