Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SITUATION RELIGIEUSE EXTÉRIEURE.

Hollande. (8)

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Extrait du journal la Réformation.

(Février 1858.)


Bois-le-Duc. — L'un de nos frères, M. Van der Goessen, de la commune d'Almkerk, enfermé dans la prison de cette ville depuis environ six mois, pour avoir servi Dieu dans sa demeure avec plus de vingt personnes, s’y est endormi dans le Seigneur après une maladie de trois mois, éloigné de sa femme et de ses enfants. Son divin Roi l’a ainsi délivré, non seulement d’une prison terrestre, mais surtout d’un corps de péché et de mort, et l’a mis au-dessus de toute persécution.


Notre frère G. Pellikaan est en prison depuis dix mois, ainsi que le frère J. de Jong, dont l’emprisonnement vient d’être prolongé encore de six mois. Le frère J. de Kok a été mis en liberté après six mois de détention.


Emmichoven. — Le jour de l’an les garnisaires que nous avions à loger ont été remplacés par d’autres. Il en est de même à Bunschoten et à Oudloosdrecht; on continue d’y loger des garnisaires.


À Utrecht, le 9 janvier, le tribunal de première instance a condamné, pour célébrations de culte public, M. le pasteur A. Brummelkamp et cinq frères de la commune de Wellige Lawgerak c. s., à 10 fr. d’amende chacun. Le 16 dudit mois, M. le pasteur H. de Cock et quelques frères de la commune de Kockenge ont été condamnés à la même amende, ainsi que le pasteur M. H.-P. Scholte et une veuve de la commune d'Utrecht. On a appelé de toutes ces sentences au tribunal d’Amsterdam.


Fiel. — Le tribunal de cette ville vient de condamner à 200 fr. d’amende M. le pasteur H.-P. Scholte , pour avoir célébré plusieurs fois le culte à Zuilichem. Le propriétaire de la maison où se sont tenues les réunions a été absous.

Dans notre numéro de janvier nous avons dit comment la demeure de notre pasteur, M. H-P. Scholte, à Utrecht, était gardée devant et derrière par des sentinelles qui se permettaient toutes sortes d’actes arbitraires envers ceux qui voulaient entrer, et comment, malgré les plaintes adressées à ce sujet, tant au commandant de la ville qu’à l'officier de la grande garde, les militaires continuaient leurs insolences.

Mais voici quelques détails d’un blocus à domicile, dont assurément on ne trouvera aucun exemple dans l’histoire des Pays-Bas, renommés par la liberté religieuse dont ils ont joui:

La maison de M.Scholte fut tellement bloquée par les sentinelles depuis le mardi soir 16 janvier, jusqu’au samedi matin, 20, que l’entrée en fut entièrement interdite à qui que ce fut. Quand M. H.-G. Klyn, qui habite la même maison, arriva mardi soir avec sa femme pour rentrer chez lui, il fut repoussé par la sentinelle et forcé de s’éloigner de la porte. Un peu plus tard, la domestique dut aller chercher du pain pour la famille; la sentinelle la menaça de ne pas la laisser rentrer si elle sortait. Comme les sentinelles étaient obligées d’aller et de venir à cause de la violence du froid, M. Klyn et sa femme réussirent à tromper leur vigilance et à entrer dans la maison, dont on tenait à dessein la porte ouverte, la domestique réussit de la même manière à introduire son pain.

Le lendemain matin, une autre domestique, qui voulait entrer, fut également repoussée avec violence. Puis M. Scholte, étant sorti, revint accompagné de deux frères venus de la campagne pour s’entretenir avec lui sur des choses nécessaires; la sentinelle voulut interdire l’entrée à tous trois, mais ils l’effectuèrent de force. Le charpentier arriva un peu plus tard pour prendre mesure de quelque chose, mais il ne put entrer. Le tonnelier qui rapportait une futaille fut obligé de la laisser près de l’entrée et de s’en aller. C’était le moment où l’on relevait la garde, et M. Scholte entendit que le caporal menaçait de la prison le nouveau poste s’il laissait entrer quelqu’un. Le même jour, le barbier vint trois fois sans pouvoir entrer.

Jeudi de bon matin, M. Scholte envoya au bourguemestre et aux magistats de la ville d’Ulrecht, qui étaient réunis ce jour-là, une requête pour les informer de ce qui s’était passé; néanmoins il n'en résulta aucun changement. Le boulanger fut repoussé avec violence, et la sentinelle voulut même empêcher le facteur de la poste de tirer la sonnette. Le soir, M. Scholte envoya une requête à Sa Majesté, avec une copie de celle qu’il avait envoyée au bourguemestre et aux magistrats.

Vendredi, la sentinelle ne permit pas de sonner à Mme W, Horst, et la força de s’éloigner par ses affreuses imprécations. Comme les pompes de la maison étaient gelées, il fallait apporter l’eau du dehors; le plus souvent la domestique échappait à la sentinelle, mais vendredi matin, étant à la porte avec un seau d’eau, M. Scholte dut presque agir de force pour la faire entrer. Ajoutez à tout cela qu’une partie de la famille était indisposée et que Mme Scholte n’était guérie que depuis peu d’une maladie très dangereuse. Ce même jour, M. Klyn, étant sorti, essaya vainement quatre fois de rentrer, et quatre fois il fit ses plaintes aux autorités; enfin, la cinquième fois, il réussit à échapper à la vigilance de la sentinelle, et à entrer par une porte qu’on tint toujours ouverte ces jours-là.

Depuis samedi matin le passage est libre, mais seulement d’un côté de la maison; personne ne peut entrer par l’autre porte.


Les Voix Néerlandaises (Nederlandsche Stemmen), journal évangélique publié à Amsterdam par des membres laïques de l’église nationale, après avoir communiqué dans leur numéro de février la lettre synodale en réponse à celle de MM. les pasteurs et ministres du canton de Vaud, ajoutent:

«Voilà donc comment cette réponse renferme une nouvelle preuve de l’indifférence complète qui anime les membres du synode à l’égard de la justice, de la vérité et même de la vraie liberté; ils n'ont en vue que le maintien de leur propre autorité, de leurs règlements, de leurs dispositions.

Non, l’indifférence n’est pas la charité chrétienne; la licence à l’égard de la vérité n’est pas la liberté de la professer; et quand on veut se placer entre le règne des ténèbres et CELUI DE LA LUMIÈRE SANS PRENDRE PARTI, ALORS ON EST EN EFFET PARTIAL POUR CEUX QUI AIMENT MIEUX LES TÉNÈBRES QUE LA LUMIÈRE.»

On lit encore dans le même journal:...

«Notre pays! nous le trouvons encore, au renouvellement de cette année, sous la garde du Seigneur; les orages de l’automne ne l’ont point ravagé; il a subsisté au milieu de ses adversaires; mais les yeux n’ont pas encore été ouverts sur ces mesures qui oppriment une partie de nos compatriotes réformés dans ce qui concerne le libre exercice de leur religion. On a même troublé une réunion religieuse de l’Église réformée non séparée, réunion qui existe depuis longtemps dans cette ville. À quoi tout cela nous conduira-t-il?...

Que la charité mutuelle anime seulement de plus en plus ceux qui reconnaissent le même Seigneur!

La réponse faite par la commission synodale à la lettre signée par un si grand nombre de pasteurs et de ministres en Suisse, est aussi une triste preuve de la manière superficielle et tout à fait partiale avec laquelle on traite cette affaire. On n’y allègue aucun motif, et c’est pourquoi cette réponse, malgré sa forme honnête, a été censurée avec grande raison dans les journaux chrétiens français.»


Note des rédacteurs.

Ces persécutions viennent de donner lieu en Angleterre à une manifestation qui nous paraît très importante. L’association générale des ministres des trois principales dénominations dissidentes s’est réunie extraordinairement à Londres pour s’occuper de cet objet. Elle a pris plusieurs résolutions, dont les premières ont pour but d’adhérer de nouveau solennellement au grand principe de la liberté de conscience et de culte; et la dernière, de déplorer les funestes mesures adoptées par le gouvernement hollandais, et d’exprimer le vœu ardent, «que le jour vienne bientôt, où ni en Hollande, ni sur quelque point que ce soit du continent européen, les droits sacrés de la conscience soient violés, par la prétention de l'autorité civile de s’arroger une juridiction qui n’appartient qu’à Dieu.»

Nous sommes heureux de pouvoir ajouter que le gouvernement hollandais semble vouloir renoncer aux violences qu’il exerçait si despotiquement contre ceux de ses sujets qui avaient établi, en différentes provinces, des réunions religieuses indépendantes de l'État. Nous apprenons par le Journal de La Haye, que les bourguemestres de Hattem et de Wezepe, (province de Gueldre), ont acquitté en janvier 1838 les sommes dues pour les garnisaires qui ont été logés à Wezepe en janvier 1836, et à Hattem en décembre I836 et en février 1837, chez quelques personnes, à fin de punition pour l'exercice du culte, selon l’expression de M. le bourguemestre de Hattem. Mars 1838.

Jusqu'à présent nous avons eu à nous plaindre de ce que le gouvernement n’effectuait pas à Hattem et à Wezepe les paiements pour les garnisaires. Nous pouvons maintenant dire à nos lecteurs que ce grief n’existe plus. Dans le mois de janvier dernier, le gouvernement a eu soin de faire payer aux habitants de Wezepe ce qui leur était dû pour les garnisaires de janvier 1836, et à ceux de Hattem pour les garnisaires de novembre et de décembre 1836 et de février 1837.

Le 23 janvier 1838, le tribunal de police correctionnelle d’Arnhem a condamné par défaut deux femmes, membres de notre église, l’une demeurant à Wezepe , l’autre à Wapenvelde, pour avoir enseigné des enfants. Quant à la dernière, nous pouvons affirmer qu’elle ne s’est jamais occupée d’enseignement.

Notre pasteur, M. van Velzen , a été condamné en décembre 1837, par le tribunal de Sneek, à une amende de 210 fr.; le 6 janvier dernier, par le tribunal de Leeuwarden), à une amende de 210 fr. ; le 21 février, par la haute cour de justice de La Haye (en appel), à une amende de 210 fr. pour avoir célébré le culte à Rotterdam, dont le tribunal l’avait absous; et encore à une amende de 210 fr. pour avoir célébré le culte à Amsterdam, dont le tribunal l’avait également absous.

Notre frère J. Schippers, à Sneek , a été condamné, en décembre 1837, à une amende de 16 fr., parce que le culte a eu lieu dans sa maison.

La haute cour de justice de La Haye a aussi condamné, le 21 février dernier, notre frère J.-D. Brandt, à Amsterdam, à une amende de 210 fr.

Nos dernières requêtes au gouvernement sont encore sans réponse.

Archives du christianisme 1838 06 23


 
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