Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SITUATION RELIGIEUSE EXTÉRIEURE

Hollande. (7)

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Extrait du journal la Réformation.

(Janvier 1838.)


Les persécutions sont toujours sur le même pied. C’est pour des amendes non payées, dont le montant s’élève déjà à quelques milliers de francs, que nos frères se trouvent encore dans les prisons. Ils jouissent de la paix en l’Éternel leur Dieu.

Les persécutions judiciaires continuent aussi; dans le mois dernier, la haute cour de justice à La Haye a de nouveau annulé quelques arrêts du tribunal de première instance d’Amsterdam, qui avait absous nos frères.


Le 14 décembre le tribunal de Fiel a dû prononcer de nouveau une sentence au sujet du culte célébré, le 28 octobre, à Zuilichen, où notre pasteur, M.H.-P. Scholte, a prêché deux fois, baptisé trente-et-un enfants et consacré sept anciens et diacres. Comme les accusés n’ont pas pu comparaître, nous ne connaissons pas encore le montant des amendes auxquelles ils ont été condamnés.


Le tribunal d’Amsterdam demeure ferme dans le vrai principe du droit, savoir que les articles du code pénal ne peuvent pas être appliqués, et que selon la loi fondamentale la liberté religieuse doit s’appliquer aux réunions religieuses, en conséquence, il absout ceux qui sont accusés pour avoir célébré un culte public. Néanmoins l’autorité administrative continue à s’opposer avec violence aux conséquences de ces arrêts et de ces sentences.


À Ouldoosdrecht et à Bunseholen on continue d’avoir des garnisaires. La police d’Utrecht ne cesse point de disperser violemment les réunions qu’elle peut découvrir. La demeure de notre pasteur, M. H.-P. Scholte , y est gardée devant et derrière par des sentinelles, qui se permettent toutes sortes d’actes arbitraires envers ceux qui veulent entrer, les empêchant de le faire lorsqu’il y a deux étrangers dans la maison, et souvent même lorsqu’il n’y en a aucun. Les plaintes adressées à ce sujet, tant au commandant de la ville qu’à l’officier de la grande garde, n'empêchent pas que les militaires ne réitèrent ces insolences en sorte que la liberté domestique des citoyens ne paraît plus être respectée. Néanmoins dans la plupart des provinces la prédication de l’Évangile poursuit son cours et ne demeure pas sans bénédiction.


Dans notre dernier numéro nous avons communiqué les lettres et les adresses de l’église de Suisse; et, puisqu’elles ont été publiées aussi par les Voix néerlandaises (Nederlaudsche Stemmen), et par le Rameau d’olivier (Olyftak), et que le Journal de La Haye en a fait aussi mention, nous pouvons supposer qu’elles sont parvenues à la connaissance de plusieurs pasteurs de la Société ecclésiastique réformée. Il est peut-être moins notoire que c’est le Synode de ladite Société qui a excité le premier (en 1834) les persécutions contre nos réunions religieuses, comme on peut le voir dans le rapport de la commission synodale, parmi ses actes, pages 38 et 39, où nous lisons ce qui suit:

La commission a jugé: 1° concernant l’existence des réunions religieuses illégales, qui donnent lieu au désordre et au schisme aussi dans les provinces voisines, qu’elle devait solliciter avec instance Son Excellence le Ministre chargé de la direction générale de l’Église réformée, d’employer son intervention et ses puissants efforts auprès de Son Excellence le Ministre de la Justice, afin qu’il envoie un mandement vigoureux aux officiers et employés qui sont sous son département, nommément dans les provinces de Groningue et de Drenthe, afin qu’ils travaillent de tout leur pouvoir au maintien des articles 291 à 294 du code pénal du royaume, aussi sans qu’on dénonce quelque contravention des lois (2). Une copie de la présente sollicitation, accompagnée d’une dépêche de Son Excellence, a été envoyée à Son Excellence le Ministre de la Justice.

«Signé: H.-H. Doxker Curtius, président.

J.-J. Dermout, secrétaire.»


Dimanche, le 10 décembre, l’église d’Utrecht s’était réunie dans le galetas d’une sœur indigente, membre de l’église, pour entendre la prédication de l’Évangile par le ministère de notre pasteur, M. H.-P. Scholte. (On s’assemblait autrefois dans un lieu fort convenable, avec la permission de l’autorité qui délivrait des billets d’entrée, auxquels l’église a renoncé, parce qu’on lui interdisait la prédication et l’administration des sacrements; depuis lors des militaires en défendent l’approche.)

M. Scholte prêchait donc dans le galetas, sur Hébr. X, 23, 24, quand M. Van Loenen, commissaire de police, vint troubler le culte et disperser avec ses agents les personnes qui y assistaient. Il ne restait plus que M. Scholte et M. Fakke, ancien de l’église: le commissaire voulant qu'ils s’éloignassent aussi, M. Scholte lui dit que comme commissaire les devoirs de sa charge étaient remplis; que l’assemblée s’était retirée, qu’en conséquence il ne se croyait point obligé de quitter un lieu où il était évident qu’il n’y avait plus possibilité de commettre aucun acte qu’il trouvait bon d’appeler illégal; qu’en outre, son juge compétent l’avait déclaré exempt de délit et de peine, et que pour cette raison il priait la police de respecter la sentence d’un juge, et surtout la liberté individuelle.

Tout cela fut inutile; personne ne devait rester dans le galetas: on fit monter les militaires, et notre pasteur fut tiré avec violence en bas de l’escalier. Un catholique romain qui demeure au-dessous a reçu M. Scholte dans sa chambre, et le commissaire, après avoir compté s’il y avait là plus de vingt personnes, partit avec ses agents et ses soldats. La multitude qui s’était attroupée devant la maison se contenta de crier quelques injures. Notre pasteur s’en alla sans aucun obstacle, et il continua librement le soir, dans une autre maison, la prédication qui avait été troublée pendant le jour. — Le dimanche suivant l’on administra dans la même église le sacrement du baptême.


Le 19 décembre, M. H.-G. Klyn , ancien de l’église d’Utrecht, et la femme de M. Van der Horst ont été condamnés par le tribunal à une amende de 16 francs chacun, à cause d’une réunion religieuse qui s’est tenue dans la maison de cette dame.


Le 27 décembre, trois de nos frères, habitants de la commune de Zalk, ont été mis en liberté après avoir passé six mois dans la prison de Zwolle. Le frère Van Unen, mis aussi en prison quelques semaines plus lard, y est encore; cependant le Seigneur ne se laisse pas sans témoignage envers lui.

Ce que nous avons communiqué dans notre numéro de décembre dernier relativement à la condamnation du pasteur Van Velzen et de Mme Visser à Rotterdam est inexact. Le pasteur Van Velzen a été absous, et Mme Visser condamnée à une amende de 16 francs; mais on a appelé de cette sentence assez favorable, en sorte que la haute cour de justice à La Haye en devra juger de nouveau.

Archives du christianisme 1838 02 24


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