Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SITUATION RELIGIEUSE EXTÉRIEURE.

Hollande.(5)

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Nous avons publié, dans notre numéro 20, les adresses des pasteurs du canton de Vaud au Roi et au clergé des Pays-Bas, au sujet des persécutions religieuses qui affligent ce pays. La réponse faite par le secrétaire du synode général à la lettre d’envoi, signée par M. le doyen de la classe de Lausanne et Vevey, est trop curieuse pour que nous ne la mettions pas textuellement sous les yeux de nos lecteurs:


À Monsieur Victor Mollet, (pasteur à Aigle), doyen de la classe de Lausanne.

Monsieur et très honoré frère en Jésus-Christ notre Seigneur!

La lettre datée de Lausanne, août 1837, à laquelle la vôtre du 4 octobre dernier servait d’introduction, a pleinement convaincu la Commission synodale de l’Église réformée du royaume des Pays-Bas du haut intérêt que nos frères du canton de Vaud prennent à la prospérité et à la paix de nos églises. Aussi cette démarche fraternelle nous a causé moins de surprise que de satisfaction. Nous l’avons attribuée à cet esprit éminemment chrétien qui porte tous les disciples du pur Évangile à se considérer comme membres d’un même corps, dont Christ, notre Maître et Sauveur, est le divin Chef.

Un témoignage aussi touchant d’affection ne pouvait nous venir d'aucune part plus respectable que de la part de nos frères de Suisse, liés comme nous le sommes avec eux par l’unité de foi et par des relations dont nos annales attestent l’ancienneté et l’intimité.

Rien n’aurait donc été plus agréable à la Commission synodale que de manifester les sentiments réciproques qui l’animent: mais d’autant plus vivement a-t-elle à regretter de ne pouvoir déférer en cette occasion à ce qu’on demande d’elle.

Permettez-moi de vous exposer avec franchise le motif, le vrai, l’unique motif, qui nous empêche d’en faire même un objet de délibération.

Nos frères à l’étranger ne paraissent pas avoir été bien instruits du véritable état des choses. S’ils avaient obtenu des informations exactes et impartiales sur les circonstances relatives aux dissensions et à la séparation que nous déplorons de concert, ils auraient reconnu qu’il n’y avait pas lieu à nous adresser leur invitation actuelle.

Voilà, Monsieur et très honoré frère, ce que j’ai été autorisé à vous communiquer fraternellement et officieusement. La Commission n’en rend pas moins hommage au principe et aux intentions qui ont dicté la démarche de nos frères du canton de Vaud.

Veuille le Dieu de vérité et de charité inspirer, par sa grâce, à tous ceux qui recherchent sincèrement la vérité, cet esprit de charité, sans lequel tous les vœux et tous les efforts pour le maintien ou le rétablissement de la paix et de la concorde, l’édification de l’église et l’affermissement de cette foi indispensable au salut de nos âmes, resteront toujours inefficaces.

Agréez, Monsieur et très honoré frère, les assurances de la haute considération et de l’affection fraternelle avec lesquelles je suis,

Monsieur et très honorés frères,

Votre affectionné serviteur et frère en Jésus-Christ.

La Haye, 15 novembre 1837. Signé, J.-J. Dernont,

Secrétaire du synode général de l’Église réformée dans le royaume des Pays-Bas.


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Ce qui résulte de cette lettre, au milieu des phrases de convention destinées à encadrer le refus, c’est que la Commission synodale n’a pas même cru devoir mettre en délibération une lettre signée par cent soixante-quatre pasteurs d’une église avec laquelle elle se dit liée «par l’unité de foi et par des relations anciennes et intimes,»

Vous êtes mal informés, et vous auriez mieux fait de vous taire, voilà, au fond, ce que le secrétaire «a été autorisé à communiquer fraternellement et officieusement» aux cent soixante-quatre signataires de la lettre, mais sans un mot d’information plus exacte. La chose en valait cependant la peine, n’eut-ce été que par procédé.

Les vœux de charité par lesquels se termine cette pièce caractéristique nous toucheront davantage, lorsque ceux au nom de qui ils sont exprimés cesseront d’être approbateurs de persécutions.

Archives du christianisme 1837 12 23a


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