Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

BIOGRAPHIE RELIGIEUSE

HELFERICH


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Nous avons annoncé, il y a quelques mois, qu'un prêtre nommé Helferich, qui dirigeait la paroisse de Holzhausen près de Francfort, était entré dans le sein de l'église réformée avec une partie de son troupeau.

Il a paru depuis lors une brochure intitulée: «Profession de foi du pasteur Helferich. de Holzhausen, destinée à justifier sa conversion de l'église catholique-romaine à l'église évangélique-protestante.» Nous emprunterons à cet écrit quelques-uns des faits qui peuvent intéresser nos lecteurs.


Helferich est né en 1806 dans le grand-duché de Hesse. Il fit ses études de philologie et de philosophie à Heidelberg, où il eut l’occasion d’entendre le célèbre Paulus. Il admira la science et l'éloquence de ce professeur, mais il fut scandalisé de la manière dont Paulus interprétait, ou plutôt effaçait les principaux mystères du Christianisme.

D’un autre côté, les excellentes leçons d’Abegg sur la prudence pastorale lui inspirèrent le goût des études théologiques, et il se rendit bientôt après dans l'université de Wurzbourg. Il apprit la dogmatique du catholicisme, comme le professeur la lui enseignait et adopta sincèrement tout ce que lui disaient ses maîtres en théologie; car il ne comprenait pas encore, à cette époque, le vrai sens de la Parole de Dieu.

Quelques doutes s'élevèrent pourtant dans son âme, lorsqu'il lut l’histoire ecclésiastique; il ne pouvait s’empêcher d’y voir que les chrétiens des premiers siècles avaient des croyances et un culte religieux bien différents de ce qui existe aujourd’hui dans l’église romaine.

Mais ces doutes ne faisaient que traverser son esprit, et il reprenait bientôt avec une pleine confiance le joug du Saint-Siège.

Il était rempli de zèle et d’enthousiasme lorsqu'il fut ordonné prêtre, et montrait une ardeur peu commune à pratiquer les formes cérémonielles de l’église catholique. On lui fit même des représentations, au séminaire de Mayence, sur l’excès de ferveur qu’il mettait à s’imposer les plus dures mortifications.

Devenu chapelain, il prêcha avec une infatigable activité dans toutes les paroisses du voisinage, et c’est cela même qui lui rendit plus familiers les enseignements des Saintes Écritures.

Dès lors son aveugle adhésion aux doctrines romaines fut ébranlée, et les expériences qu’il fit au confessionnal augmentèrent encore ses incertitudes.


En 1832 y il fut appelé comme vicaire à Holzhausen et Kloppenheim.

Ses fonctions étaient fort pénibles à remplir, surtout à cause de l’annexe qu’il desservait; mais il résolut de s’acquitter de tous les devoirs de sa charge avec la plus scrupuleuse fidélité, sans regarder à ses fatigues personnelles.

Il s’appliqua spécialement à la prédication, et prit l’apôtre Paul pour modèle de ses discours.

Il avait l'habitude de citer un grand nombre de passages de la bible, et invitait ses paroissiens à les vérifier eux-mêmes dans le volume sacré, il expliqua successivement, dans ses prédications de l’après-midi, les Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Éphésiens et aux Philippiens.

Les jeunes gens du troupeau avaient été invités à mettre par écrit l’analyse de ses sermons, et il leur indiquait toujours la Parole de Dieu comme le meilleur moyen d’instruction et d’édification.

Tandis qu’il annonçait ainsi l’Évangile comme la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui croient, il sentit qu’il devait s’appliquer davantage à sonder la Bible et à obtenir la conversion du cœur par le Saint-Esprit, de peur qu’en évangélisant les autres il ne fût lui-même condamné.

S’il avait éprouvé auparavant des craintes de plus d’un genre; s’il avait fermé ses lèvres par un coupable respect humain, lorsqu’il rencontrait, en expliquant la Bible, des vérités contraires aux dogmes de Rome, il donnait maintenant un libre cours à la Parole sainte, ne considérant pas s’il attirerait ou non sur lui les persécutions de ses supérieurs.

- Sa volonté ferme et inébranlable était de LAISSER PRÊCHER LA BIBLE ELLE-MÊME, sans se préoccuper des conséquences personnelles qui pourraient en résulter.

L’attention de ses paroissiens devenait plus vive de semaine en semaine, et beaucoup de protestants des environs accouraient pour entendre ce prêtre catholique, dont les discours se rapprochaient bien plus des doctrines de la réforme que ceux de la plupart de leurs propres pasteurs.


Au mois de septembre 1834, le vicariat de Holzhausen prit fin, et il fut question de nommer un curé pour ce poste. Helferich se mit sur les rangs, mais sans espoir d’obtenir la place.

Comme il pensait qu’il serait bientôt remplacé, il redoubla de zèle dans l'explication de la Parole de Dieu, et tint plusieurs conférences dans une maison protestante, où les catholiques pieux avaient déjà coutume de se rassembler pour s’entretenir sur des questions religieuses. Mais comme le nombre des auditeurs s’était augmenté d’une manière considérable, il se vit forcé de transporter à l’église ces exhortations familières, et il le fit avec d'autant plus d’empressement que c’était le meilleur moyen de confondre ses calomniateurs.

Helferich se trouvait, pour ainsi dire, placé entre deux feux; les catholiques disaient, d'un côté, qu’il voulait les convertir au luthéranisme, et les luthériens disaient, de l’autre, qu’il voulait les convertir au catholicisme.

Pendant que toutes ces choses se passaient, Helferich fut nommé, contre son attente, curé de Holzhausen. Les personnes pieuses parmi les catholiques et les luthériens s’en réjouirent, mais quelques paroissiens qui avaient juste assez de religion pour montrer un zèle pharisaïste en faveur des superstitions de l’église romaine, furent extrêmement irrités de cette nomination. Ils allèrent porter plainte devant le chapitre épiscopal de Mayence, et demandèrent à grands cris sa destitution.


Helferich fut alors en proie à une violente lutte intérieure.

Son désir d’être curé de Holzhausen était rempli, mais il ne pouvait conserver cette charge qu'autant qu’il accepterait devant l’autel, et avec serment, une confession de foi bien différente en plusieurs points de ses nouvelles convictions.

- Il devait jurer d’obéir à tous les canons de l’église romaine, et comment faire une telle promesse lorsqu’il désapprouvait plusieurs de ces règles canoniques?

La victoire de la foi sur les considérations humaines ne resta pas longtemps indécise. Il fut puissamment soutenu par la grâce de Dieu, et le 19 mars 1835, jour où il comparut devant l’ordinaire de Mayence, il exposa franchement, hautement, avec beaucoup de calme et de dignité, ses croyances religieuses.

Le chapitre épiscopal, qui désirait éviter l’éclat de la conversion d’un prêtre à l’église réformée, lui accorda du temps pour réfléchir; il invita Helferich à examiner mûrement la démarche qu’il était sur le point de faire, et lui laissa le choix entre une entière obéissance et la destitution.

Le curé de Holzhausen revint chez lui, bien décidé à suivre jusqu’au bout l'appel de Dieu. Mais il lui restait une grande épreuve à subir, la plus difficile peut-être; car il devait annoncer à sa mère, âgée de 70 ans, et qui avait pour lui la plus tendre affection, qu’il cesserait bientôt d’habiter le presbytère de Holzhausen.

Elle supporta cependant cette nouvelle avec plus de résignation et de tranquillité qu’il ne pouvait le prévoir, il communiqua ensuite sa résolution aux membres du troupeau, et quitta immédiatement la cure pour se rendre à Francfort.

Mais le chapitre de Mayence ne voulut pas lui permettre de rester dans cette ville, parce qu’il y entretenait des relations trop fréquentes avec son ancienne paroisse. Helferich alla s’établir alors dans le grand-duché de Hesse.

Quelque temps après, deux catholiques vinrent lui dire que quarante-huit personnes du village avaient résolu d’entrer dans l’église réformée, qu’elles comptaient sur lui pour faire ce pas important, et qu’il ne devait pas tarder à leur donner les instructions dont elles avaient encore besoin.

Helferich les exhorta à examiner attentivement leurs nouvelles convictions, à prier beaucoup, pour savoir si cette pensée leur venait réellement de Dieu; puis, il leur conseilla d’informer officiellement le prêtre catholique de la démarche qu’ils allaient faire.

Lui-même, il annonça au chapitre de Mayence, le 4 avril 1835, que sa détermination était invariable et qu’il s'adresserait au consistoire évangélique pour entrer dans la communion protestante.


Le consistoire chargea le doyen Gebhard d’interroger les nouveaux convertis, et de les admettre dans l’église réformée, s’il les jugeait suffisamment éclairés. C’est ce qui eut lieu le 24 mai.

Plus de 4000 spectateurs accoururent pour être témoins de cette solennelle et édifiante cérémonie. On célébra le service en plein air, sur une vaste plaine à l'entrée du village.

Le pasteur Knabe prêcha sur Jean 8 , 12 «Je suis la lumière du monde.»

Le doyen Gebhard invita ensuite les nouveaux convertis à faire leur profession de foi. Helferich parla au nom de tous, et sa parole fut confirmée par leur assentiment donné à haute voix. Ils se mirent alors à genoux et reçurent la bénédiction.


L’un des huit pasteurs présents les exhorta à demeurer fermes dans la foi et dans la vie chrétienne. Puis, ils participèrent à la communion sous les deux espèces, et le chant d’un cantique termina cette fête qui laissera de longs et précieux souvenirs dans la mémoire de tous les assistants.

Après ce récit, Helferich expose sa profession de foi, qui s’accorde sur tous les points fondamentaux avec les doctrines des réformateurs. Puisse l’exemple de piété et de courage qu'il a donné, trouver de nombreux imitateurs dans les pays où le catholicisme est encore dominant.

Archives du christianisme 1836 12 10


 
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