Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EXPÉRIENCES PASTORALES.

(témoignages)

Comment un prédicateur de l’Évangile augmentait le nombre de ses auditeurs.

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On raconte le fait suivant du vénérable docteur Hyde. Il avait pris pour habitude, peu de temps après son entrée dans le ministère évangélique, d'observer quels étaient les membres de son troupeau qui s’absentaient des services religieux du dimanche; et s’ils restaient à la distance d’un mille de sa maison, le pasteur se rendait chez eux, dans la saison d’été, dès le soir du dimanche; s’ils demeuraient plus loin, sa visite était remise au lundi, mais pas plus tard, et il allait s’informer des motifs qui avaient empêché tel ou tel paroissien de participer au culte public.

Le pieux pasteur raisonnait de cette manière:

Ou ces membres du troupeau se sont absentes pour cause de maladie, et alors ils ont besoin de mes consolations; ou ils se sont absentes par négligence, et alors je dois leur donner des avertissements et des conseils.

«Cette résolution, dit le narrateur auquel nous empruntons ce fait, montre l'esprit et le caractère de l'homme, la piété et le zèle du pasteur.

C'était un homme d’une intelligence élevée et d’un caractère énergique; c’était un pasteur actif, et qui avait un ardent amour pour les âmes. Lorsqu’il fut placé comme sentinelle sur cette partie de Sion, sous la direction du Saint-Esprit, il se demanda comment il pourrait servir le plus fidèlement son Maître et faire du bien à son troupeau.

Ayant adopté la règle précédente, il était nécessairement conduit à vivre conformément à ce qu’il attendait de ses paroissiens. Il devait avoir beaucoup de gravité, d’activité dans ses rapports avec eux, et adopter d’autres résolutions en harmonie avec celle-là.

Il devait aussi éprouver le besoin de faire une préparation solide, avant de monter en chaire, et de n’apporter dans le temple que de l’huile bien battue, puisqu’il réclamait une si grande assiduité de la part de ses auditeurs.


L’effet de cette résolution sur le troupeau fut immédiat et admirable. Il amena promptement une fréquentation stricte et persévérante des assemblées religieuses. Nulle part, je crois, il n’y a eu un auditoire proportionnellement aussi nombreux, et cet auditoire était constamment le même, quel que fût le mauvais état des chemins ou de la température.»


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Nous avons pensé que ce fait mérite d’être cité dans notre feuille, et peut fournir à quelques-uns de nos lecteurs un sujet d’utiles réflexions.

Ce n’est pas que la méthode du docteur Hyde nous semble praticable dans tous les cas et dans tous les troupeaux, il s’en faut même de beaucoup; mais sans l’imiter dans toute sa rigueur, nous croyons qu’il serait souvent possible d’en adopter quelque chose.

On conçoit que, pour aller régulièrement interroger les absents sur les motifs qui les ont fait manquer au service divin, il est nécessaire, d’abord, de n’avoir qu’une petite congrégation; car, dans une assemblée fort nombreuse, le pasteur ne pourrait guère observer nominativement les absences, et puis elles seraient trop multipliées pour lui permettre de visiter chacun de ceux qui n'auraient pas assisté au culte.

Il est nécessaire, de plus, que l’esprit de piété soit très répandu dans le troupeau; car on s’étonnerait beaucoup en France, au moins dans neuf églises sur dix, de voir le pasteur s’enquérir régulièrement, de maison en maison, pourquoi on s’est tenu éloigné du temple. Cela donnerait lieu, près de certaines personnes, à des récriminations fâcheuses, et les mondains se plaindraient d’un zèle qui ressemblerait à une inquisition domestique.

Le docteur Hyde lui-même, s'il eut été à la tête d’une des églises de nos grandes villes, aurait bientôt reconnu que sa méthode y est impraticable.

Mais en faisant la part des tristes circonstances de notre position, il faut avouer pourtant que l’on pourrait suivre la régle du docteur Hyde avec plus de zèle qu’on ne la pratique d’ordinaire.

Il y a bien des cas où une visite pour cause d’absence du service divin serait possible, et dès qu’elle est possible, elle serait utile.

En général, si les membres du troupeau voient que le pasteur attache une grande importance au culte public, ils y accordent eux même plus d’attention, et qu’est-ce qui leur prouverait mieux cette importance que la visite prompte et régulière du pasteur, chaque fois qu’ils ne sont pas venus au temple?

Sans doute, on ne doit pas appliquer cette règle aux paroissiens notoirement incrédules ou indifférents, qui ne feraient que s’en moquer ou en murmurer; mais auprès des personnes qui ont conservé du respect pour la religion, de pareilles visites, dirigées avec une prudente réserve, ne produiraient-elles pas un bon effet?

Nous engageons les pasteurs qui nous lisent à y réfléchir.

On est porté souvent à donner le nom de prudence aux inspirations de la crainte des hommes et aux suggestions de la paresse.

On accuse le manque de zèle du troupeau, tandis qu'il faudrait s’accuser soi-même.

Quand l’auditoire est presque vide, le pasteur doit se demander s’il n’y entre pas beaucoup de sa faute, et il reconnaîtra presque toujours que la règle de l’excellent docteur Hyde ne lui serait pas inutile pour repeupler le temple désert.

L’apôtre Saint Paul allait de maison en maison avertir avec larmes ceux qui s’écartaient de la voie étroite, ou qui n’y étaient pas encore entrés, et son exemple doit être d’un grand poids pour les serviteurs auxquels Jésus-Christ a daigné confier la direction de ses héritages.

Un véritable zèle, accompagné d'un esprit de prière n’est jamais perdu devant Dieu, et il est rarement perdu devant les hommes.

Archives du christianisme 1836 03 12


 

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